Etats-Unis

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Charles Sannat dans "Economie matin" du 22 octobre 2015 : Qui détient la dette américaine ? Voici le classement !

" On se demande régulièrement qui détient la dette américaine. Cette question peut sembler anodine, ou presque sans intérêt, pourtant c’est une question essentielle pour comprendre le fonctionnement de l’économie mondiale et les flux quotidiens qui parcourent le village global. Le marché obligataire américain est le premier marché au monde et il impacte directement la force ou la faiblesse du dollar et ces fluctuations monétaires viennent à leur tour modifier l’économie mondiale.
Grands premiers, les Chinois avec 1 270.5 milliards de dollars détenus. Lorsque l’on regarde les chiffres globalement cela reste stable pour tous les pays et nous ne visualisons officiellement aucun bouleversement ni contrairement à ce que les rumeurs peuvent avancer ventes massives ou délestages importants.
Il règne même plutôt un grand calme sur le marché de la dette obligataire américaine.
Le Japon conserve la deuxième place qu’est la sienne avec 1 197 milliards de dollars. A noter que régulièrement le Japon vend quelques milliards de bons du trésor mais il n’y a là rien de significatif ni de nature à remettre en cause l’équilibre financier mondial.
Une place de choix pour les paradis fiscaux !!!
En troisième position les « Carib Bkg Ctrs » ce qui signifie la chose suivante selon la définition du département du trésor : « Caribbean Banking Centers include Bonaire, St. Eustatius, and Saba; Bahamas; Bermuda; Cayman Islands; Curacao; Sint Maarten; and Panama ».
En gros les paradis fiscaux des îles des Caraïbes détiennent pour plus de 300 milliards de bons du trésor américains, de quoi donc relativiser la lutte contre l’évasion fiscale ou la fraude fiscale dont on nous vante tant la progression.
Enfin les « Oil Exporters » avec 293.2 milliards de dollars en baisse d’un petit 5 milliards sur fonds de baisse du pétrole. Rien d’alarmant donc.
Voici le reste du classement.


Brazil 255.3

United Kingdom  222.8

Switzerland 222.7

Ireland 216.4

Hong Kong 193.2

Luxembourg 184.8

Taiwan 172.5

Singapore 116.0

India 115.6

Belgium 110.7

Russia 89.9

Germany 80.2
Vous trouverez la totalité du tableau sur le site du département du Trésor dont je vous donne le lien.
En termes géostratégiques point de rupture !
On disait que les Russes vendaient massivement leur Tbonds… ils en rachètent même en réalité (allez voir l’historique sur le lien en annexe.
On disait la même chose des Chinois. Il n’en est rien.
On disait la même chose pour le Japon en faillite… rien. Il conserve ses Bonds du Trésor.

N’en déduisez pas que tout va bien.
Nous pouvons simplement pour le moment en déduire factuellement que l’arme monétaire ultime n’a pas été utilisée y compris par la Russie de Poutine.
Deux façons de voir sont possibles. Soit cela plaide pour une accalmie sur le front de l’affrontement sino-russo-occidental… soit au contraire cela montre qu’il y a encore de la marge de manoeuvre pour que la situation empire…
Alors, en attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard, parce que quoi qu’il arrive les États-Unis d’Amérique ne rembourseront jamais leurs dettes !
Article écrit par charles Sannat pour son blog Insolentiae"

Ivan Best dans "La Tribune" du 3 septembre 2015 : Stiglitz : « L'économie américaine est malade des inégalités »

" La croissance américaine n'est qu'un feu de paille, estime le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, dans une interview à La Tribune. L'immense majorité des américains, dont les revenus stagnent, ne peuvent éternellement consommer à crédit. Le risque existe de tensions sociales grandissantes. Contre les inégalités, il faudrait limiter le pouvoir de la finance et redonner une capacité de négociation aux syndicats. Tout en revoyant un système fiscal qui encourage la spéculation
L'économie américaine se porte bien, comme on l'a vu au deuxième trimestre (3,7% de croissance en rythme annuel), alors que l'Europe peine à sortir de la crise. Peut-on voir là l'effet d'un trade-off entre inégalités et croissance, les Américains acceptant plus d'inégalités, mais bénéficiant en retour d'une croissance économique supérieure Oui, mais à quel prix humain et pour une durabilité qui est plutôt une succession de "moments" économiques et financiers.
D'abord, on ne devrait jamais s'attarder sur la croissance trimestrielle. Au premier trimestre, la croissance américaine a été négative, le PIB a reculé. Cette économie est très volatile. Les chiffres peuvent être positifs un trimestre, puis négatifs un autre. La vérité, c'est que la croissance américaine est faible, très faible, même si elle dépasse les niveaux européens. On s'attend à 2,2% de hausse du PIB cette année, ce qui est bien inférieur aux niveaux d'avant crise. 
Deuxième chose : si tous les fruits de la croissance vont dans la poche de... Bill Gates, cette expansion n'a pas grand sens pour l'immense majorité des citoyens. De 2009 2012, 91% de la hausse des revenus est allé dans la poche de 1% des Américains. 99% des gens n'ont pas vu la couleur de cette croissance. Le revenu median est aujourd'hui inférieur à son niveau d'il y a 25 ans. En bas de l'échelle, les salaires sont à peu près identiques à leur niveau d'il y a 50 ans !
Voilà pourquoi, quand je porte un jugement sur la santé de l'économie américaine, je dis qu'elle est vraiment malade, que c'est un échec. La hausse du PIB, la croissance, ne nous dit rien du bien-être de l'immense majorité des citoyens. L'économie doit être au service de la société, elle ne doit pas tourner au profit de 1% des gens. On voit les conséquences de cette situation quand on se penche sur la réalité de la vie de l'immense majorité. L'insécurité est en forte hausse, les gens ont peur de perdre leur maison, leur job... La réforme de la santé voulue par Obama va dans le bons sens, mais cela n'empêche pas le sentiment d'une grande insécurité.
Pourtant, les entreprises américaines vont mieux, la consommation est en hausse....
Les entreprises peuvent se moquer de la situation des Américains, si elles font du business ailleurs, dans une Chine en croissance, par exemple. Mais la Chine ne va plus si bien ! C'est donc un pari risqué. Quant à la consommation, si elle ne se porte pas trop mal, c'est grâce au crédit ! Avant la crise de 2008, les 80% d'Américains les moins riches consommaient 110% de leur revenu. Cette « désépargne » a pris fin un certain temps, mais la majorité des consommateurs dépense à nouveau plus de 100% de son revenu. Cela ne peut pas durer ! On ne peut pas éternellement acheter des voitures à crédit. Il se forme alors des bulles de crédit.
Ces bulles vont-elles éclater ?
Peut être pas éclater, mais, tôt ou tard, la consommation va être contrainte par la faiblesse du revenu. Les 20% les plus riches épargnent à hauteur de 15% de leurs revenus, cela représente 6% du PIB. Or l'épargne globale est inférieure à ce niveau. Cela prouve bien que 80% des gens consomment plus que leurs revenus. La consommation va donc retomber. Et la croissance s'en ressentira.
Vous soulignez le rôle de la finance dans la montée des inégalités. Quel est-il?
La finance sort gagnante de ce système où les gens vivent à crédit, grâce aux intérêts perçus, aux commissions. L'argent va de la poche des Américains dans celles de banquiers. Le secteur financier est passé de 2,5% du PIB à 8% du PIB aux Etats-Unis. Sans apporter aucune amélioration à l'économie. Payer pour un meilleur moteur, cela peut-être intéressant. Mais payer toujours plus pour un système financier qui est de moins en moins efficace, voilà qui pose question. Un exemple : pour une épicerie de quartier, les seules commissions sur cartes bancaires représentent la moitié du bénéfice de l'épicier ! On comprend pourquoi les esprits les plus brillants se tournent vers les banques.
Comment en est-on arrivé là ?
Reagan a dérégulé le secteur financier, ce qui a été une erreur majeure. Cette dérégulation a été étendue à toutes les entreprises, qui sont tombées sous la dictature du court terme. Les banques sont censées prendre de l'argent aux particuliers pour les reverser aux entreprises. Aujourd'hui, l'argent part des entreprises vers les riches particuliers. Et tous les risques sont titrisés et mis à charge des Etats. Effectivement, il faut rendre le cash illégal tout comme les armes car tôt ou tard ..... Gardez votre cash et n'oubliez pas que les états n'ont jamais été garant de liberté retrouvée. Votre Liberté est le fruit de combat et doit être défendue avec une vigilance permanente. La Liberté est bien l'acte citoyen qui fait l'Etat.
Pourtant, Barack Obama avait bien l'intention de réguler la finance ? A-t-il échoué?
Oui, sur ce plan, il a échoué. Le problème, c'est qu'il a laissé beaucoup trop d'influence à la finance, au sein de l'administration. Tim Geitner, de la Réserve fédérale, a été appelé comme l'un des principaux conseillers pour réformer les banques : cela revient à demander à ceux qui avaient échoué dans la supervision de la finance, qui en étaient très proches, de venir la réformer. Cela ne pouvait pas fonctionner ! D'autant que Tim Geitner est retourné, comme prévu, vers le secteur financier. Il n'allait tout de même pas rudoyer ses futurs employeurs !
Les patrons qui financent les campagnes électorales n'ont-ils pas une influence prépondérante ?
C'est vrai, mais le problème est plus vaste. Obama a été intimidé par les banquiers. Ils lui ont dit : si vous ne nous traitez pas bien, l'économie va aller encore plus mal. Il a donc eu peur d'eux. Plutôt que d'écouter les économistes, qui voulaient réguler la finance, il a donc donné la priorité aux banquiers. Les banquiers achètent ce que les économistes ne peuvent faire. Ce n'est plus comment, pourquoi ou combien ? C'est tout simplement dans trop de cas : Combien ou quel poste "parachute" ?
Qu'aurait-il fallu faire ? Qu'auriez-vous préconisé, si Obama vous avait demandé conseil?
J'aurais posé deux questions qu'il a omis de poser. La première, c'est celle du poids dans des banques dans notre société. La seconde, c'est : les banques font-elles vraiment leur métier ? Huit ans après le début de la récession, les prêts aux entreprises sont inférieurs à leur niveau d'avant crise. Les prêts servant à la spéculation se sont envolés. J'aurais rendu leur système bancaire plus concurrentiel, j'aurais imposé des limites aux commissions sur les cartes de crédit et de débit, j'aurais restreint l'utilisation des CDS et autres produits spéculatifs. J'aurais dit aux banquiers : votre métier, c'est de prêter ! J'aurais accru la transparence du système, combattu le shadow banking.
Tout cela n'a pas été fait, même si la loi Dodd Frank était un début. Mais bien insuffisant.
Que faut-il faire contre les inégalités, aujourd'hui ? Seulement augmenter l'impôt sur le revenu ?
Je pense qu'il faut plutôt s'attaquer à la question des revenus avant redistribution, avant intervention de l'impôt. Et pas seulement se concentrer sur la redistribution par l'impôt, Notamment aux Etats-Unis. Nul doute que les autres pays occidentaux suivraient peu ou prou.
La vérité, c'est que la productivité a augmenté ces 30 dernières années, aux Etats-Unis, mais que les salaires n'ont pas du tout suivi cette hausse. C'est totalement inhabituel. D'ordinaire, les salaires suivent la productivité. Pour rompre avec ce blocage salarial, il faut redonner aux salariés du pouvoir de négociation, limiter la capacité d'action des PDG. Je rappelle que la rémunération des patrons américains est passée de 20 fois le salaire ouvrier à 300 fois ce salaire... Et ce n'est pas une productivité en hausse qui aurait justifié cela. Les patrons de banques, qui sont les mieux rémunérés, ont une productivité négative, sur les dernières années ! Voilà le problème central, s'agissant des inégalités, sur lequel on devrait se concentrer.
Comment  infléchir cette tendance ?
Il faut accroître le pouvoir des syndicats, améliorer la gouvernance des entreprises, en augmentant les contraintes pesant sur les dirigeants, développer la transparence sur les rémunérations et le pouvoir des actionnaires à cet égard... Et la fiscalité peut jouer un rôle incitatif dans la répartition primaire des revenus (avant intervention de la redistribution par le système fiscal). Aujourd'hui, aux Etats-Unis, et dans beaucoup d'autres pays, les revenus issus de la spéculation sont beaucoup moins taxés que les salaires. Ces revenus (dividendes, stock-options...) sont l'apanage des plus riches, qui bénéficient donc d'une fiscalité allégée. D'où un système fiscal régressif : on est d'autant moins taxé que l'on est riche. Il faut en sortir.
En alignant l'imposition des revenus du patrimoine sur les salaires, on découragerait la distribution de dividendes, stock-options, etc... On encouragerait au contraire les activités productives. D'un point de vue plus général, nombre de changements législatifs et réglementaires de ces 30 dernières années ont contribué à l'accroissement des inégalités. Il faut revenir sur ces règles. Ce qu'on a un peu oublié, c'est que le marché ne fonctionne pas sans un minimum de règles. Et ce minimum de règles est achété ou lobbyisé. Comment justifier avec les enseignements de la dernière crise et les déclarations des autorités comptables internationales le maintien du mark-to-market comme seule information et seule valorisation des OPCVM ? Toutes les statistiques boursières sont fausses, toutes les bases d'information des épargnants et investisseurs sont fausses, la quasi totalité des frais prélevés aux clients est fausse et relève de l'abus de confiance et de l'escroquerie. Abus de confiance et escroquerie mis en place sous les diktats et le contrôle des autorités type AMF en France (Autorité qui se rémunère sur cette escroquerie. Eh oui... Il faut que je fasse attention parce que cette autorité emploie même la technique nazie de la collabo française  de l'attaque à la réputation et au portefeuille), sous la certification des commissaires aux comptes qui touchent (type Sellam, commissaire aux comptes délateur sur une erreur de calcul de sa part (qui a dit MDR) dans le dossier Edeweiss Gestion) etc.. Et que dire des analyses quotidiennes, des commentaires des mouvements des marchés, des prospectives boursières réalisés sur des cours de Bourse faussés quotidiennement à plus de 97% (voir quotidiennement www.agencedecotationihr.com),  etc... Et quand  les clients investisseurs et leurs avocats vont comprendre comment ils se sont fait abusés et "volés".....
Comment, par exemple, redonner du pouvoir aux salariés ?
Aux Etats-Unis, on a tout fait pour affaiblir les syndicats en rendant leur organisation, leur vie, plus difficile. On a encouragé les salariés à ne pas payer de cotisation syndicale, ce qui a évidemment affaibli les syndicats. C'est ainsi que la protection des salariés a été petit à petit diminuée.
Que pensez-vous de la proposition de Piketty, d'instaurer une taxation mondiale des capitaux, une sorte d'ISF mondial ?
Je ne suis pas sûr ce que ce soit la meilleure approche. La montée des inégalités est liée aux changements de la règlementation que j'ai évoqués, au système fiscal régressif. La hausse du stock global de capital mise en avant par Piketty est liée à l'augmentation des prix du foncier et de l'immobilier. Cette valeur du capital peut être déconnectée de la richesse croissante des plus riches, qui est beaucoup plus certainement liée à des plus-values sur actions ou stock options. Il faut distinguer aujourd'hui la richesse et le capital. Pour résumer, on ne peut plus assimiler aujourd'hui la richesse d'une nation à la valeur de son stock de capital. Voilà pourquoi la suggestion de Piketty n'est pas forcément la plus opérante.
Jusqu'où peuvent aller les inégalités ? N'y-a-t-il pas une limite ?
On peut parvenir à une situation semblable à celle des pays sous développés, où les inégalités deviennent si élevées que les riches sont contraints de vivre dans des résidences fermées, surveillées, doivent envoyer leurs enfants aux Etats-Unis car, sans cela, ils risquent d'être kidnappés.... 
On n'en est pas encore là. Mais si le mouvement actuel continue, le risque existe d'aboutir à une telle situation.

Joseph Stiglitz vient de publier "La Grande Fracture, les sociétés inégalitaires et ce que nous devons faire pour les changer", éditions Les Liens qui Libèrent
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Michel Cabirol dans "La Tribune" du 5 août 2015 Article intitulé : Comment les Etats-Unis espionnent en France... légalement

" Les États-Unis utilisent le droit comme une arme pour espionner les entreprises étrangères, estime le député PS, Jean-Jacques Urvoas. Aujourd'hui c'est au tour du Crédit agricole d'être dans les mailles du filet de la justice américaine.
BNP Paris, Alstom... et maintenant Crédit Agricole. Des litiges qui permettent  Washington d'espionner légalement de grands groupes français et étrangers, "un espionnage paré des vertus de la légalités", comme l'explique dans son rapport sur le renseignement le député Jean-Jacques Urvoas. Pour le député PS du Finistère, la ficelle est un peu grosse. "La législation américaine, notamment en raison de son caractère extraterritorial, apporte une illustration particulièrement éloquente de cette ambivalence par le biais de la procédure de discovery ainsi que l'existence du deal of justice", explique-t-il dans son rapport publié en décembre 2014.
"La procédure de discovery repose sur un principe fondamental de la common law selon lequel les parties dirigent l'instruction en lieu et place du juge, précise Jean-Jacques Urvoas. Dans cette configuration, le plaignant adresse des demandes de pièces au défendeur afin de cibler son action en justice. Le juge intervient alors uniquement pour valider le refus de communication ou, dans le cas contraire, prononcer des sanctions très lourdes lorsqu'il estime le refus infondé. Or, les demandes s'avèrent bien souvent extraordinairement vastes (d'où leur surnom de fishing expeditions ou parties de pêche) et peuvent procéder d'une volonté de profiter de cette procédure pour se livrer légalement à de l'espionnage économique".
En vertu de ce cadre législatif, les États-Unis s'arrogent le droit d'enquêter sur des agissements à l'étranger lorsque une entreprise est cotée sur une place boursière américaine. Jusqu'en 2004, Alstom était coté à Wall Street. S'agissant de BNP Paribas et de Crédit Agricole, ce sont des litiges portant sur des paiements en dollars impliquant des pays faisant l'objet de programmes américains de sanctions (Cuba, Iran, Libye, Soudan, Syrie...). Les États-Unis utilisent ainsi le droit comme une arme "d'une redoutable efficacité, qu'il soit détourné afin par exemple de voler des savoir-faire (notamment à l'occasion de contentieux déclenchés à cette fin) ou qu'il soit au contraire pensé comme un puissant instrument de prédation", assure le député PS du Finistère.
De lourdes amendes pour inciter à coopérer
Dans la plupart des cas de figure, les contentieux débouchent fréquemment sur des transactions dans le cadre de la pratique du "deal of justice", qui découle aussi directement du caractère extraterritorial de la législation états-unienne, notamment dans sa dimension anticorruption. Elle s'appuie principalement sur le Foreign corrupt Act de 1977 et sur les lois de sanctions économiques contre des pays. Dans les faits, une entreprise se voit incriminée par le Department of justice (DOJ) pour infraction à la loi états-unienne. Ce qui permet à l'administration d'agiter le spectre de lourdes amendes et de condamnations pénales pour les membres dirigeants de l'entreprise.
"Pour autant, en dépit de la lourdeur des fautes reprochées, elle propose opportunément une transaction avec les autorités administratives compétentes", explique Jean-Jacques Urvoas. L'entreprise doit alors reconnaître sa culpabilité et négocie le montant de l'amende infligée. En contrepartie, le DOJ renonce aux poursuites pour une période de trois ans, période pendant laquelle l'entreprise doit faire preuve d'un comportement exemplaire.
Un cheval de Troie imparable
"Pour prouver sa bonne foi, et là réside le principal problème", l'entreprise "doit accepter la mise en place d'un moniteur en son sein, moniteur qu'elle choisit mais dont la désignation définitive est soumise à l'approbation des États-Unis", souligne le député du Finistère. Ce moniteur a accès à l'intégralité des informations de l'entreprise afin de rédiger un rapport annuel extrêmement détaillé. Une aubaine pour les services de renseignement américain pour connaitre tous les marchés et les transactions d'une entreprise étrangère et de ses clients.
"Grâce au "Foreign intelligence surveillance act", les services de renseignement américains peuvent solliciter toute information nécessaire, y compris les rapports de monitorat. De telle sorte que la communauté du renseignement états-unienne, fort impliquée dans la vie économique du pays (à titre d'exemple, la CIA a créé et gère le fonds d'investissement IN-Q-Tel), dispose potentiellement d'informations concurrentielles précieuses", résume Jean-Jacques Urvoas.
Comment se prémunir contre ces ingérences légales? Pour le député du Finistère, "il est devenu impératif de disposer d'une législation nationale protégeant le secret des affaires conformément aux préconisations de l'article 39 du traité ADPIC issu la convention de Marrakech de 1994 qui a institué l'Organisation mondiale du commerce".

Nabil Bourassi  dans "La Tribune" du 10 juillet 2015 Article intitulé : Les Etats-Unis s'inquiètent de plus en plus de l'évolution de la crise grecque

"Jack Lew s'est personnellement impliqué pour inciter les Européens à trouver un accord avec la Grèce, et faire accepter un plan de restructuration de la dette. Les Américains tentent de faire pression sur les Européens afin de circonscrire une crise qui menace de plus en plus leurs intérêts économiques et stratégiques. Ils tentent de faire accepter aux Européens un plan de restructuration de la dette grecque, une perspective rejetée par l'Allemagne. Quelle allemagne ? L'allemagne nazie économique et financière ? L'Europe de la Paix a été créée pour se protéger de l'allemagne nazie politique, ne l'oublions pas. N'oublions pas non plus les insultes identiques à celles de 39 perpétrées contre certains Peuples lors de cette crise. Je fais bien la distiction entre les politiques allemands nazis "financiers" qui demain seront peut-être des nazis "politiques" et le Peuple Allemand.
La crise grecque aura fait l'effet d'une déflagration mondiale. Si bien que les Etats-Unis se sont largement penchés sur la question grecque, quitte à s'ingérer dans les affaires européennes. Chez certains éditorialistes de la presse anglo-saxonne, l'intervention américaine devenait même urgente au lendemain du non au référendum grec sur le plan d'austérité de la Troïka. Comme je l'écrit souvent "La Grèce est une base de l'OTAN". A ce titre, elle ne peut-être abandonnée vu les enseignements passés.
"Si les choses continuent sur cette pente, la voix de l'Amérique devra se faire plus forte", a ainsi écrit Edward Luce du Financial Times.
Un alignement des planètes néfaste à son économie
Pour Washington, la crise grecque revêt plusieurs dimensions qui touchent à ses intérêts. Le premier est évidemment d'ordre économique. La zone euro ne parvient toujours pas à enclencher un cercle de croissance vertueux en partie en raison des incertitudes liées à la crise grecque. Or, la zone euro correspond à une part non-négligeable du commerce extérieur américain. Et Washington craint un alignement des planètes néfaste à son économie avec le ralentissement de l'économie chinoise, et la perspective de hausse des taux d'intérêts américains.
De plus, Washington n'ignore pas que le dossier du traité transatlantique de libre-échange est en partie plombé par la défiance d'une opinion publique européenne échaudée par la levée des frontières économiques.
L'ombre de Poutine...
L'économie n'est pas le seul dossier qui titille l'administration Obama. Depuis l'élection d'Alexis Tsipras en janvier, la Grèce semble se rapprocher de Moscou. Vladimir Poutine affiche un malin plaisir à mettre Athènes dans de bonnes dispositions qui, en retour, lui rend la pareille, dénonçant les "sanctions insensées" du camp occidental consécutives à la crise ukrainienne. Une prise de position qui avait provoqué l'ire des Européens et sérieusement fâché Washington.
La Grèce d'Alexis Tsipras a ainsi été une première brèche dans la stratégie d'endiguement de la Russie. En outre, Washington considère qu'une sortie de la Grèce de la zone euro, c'est déjà un premier pas vers la sortie de l'Union européenne et déjà un pas de trop vers Moscou... Barack Obama peut au moins se consoler en se disant que Vladimir Poutine n'a jamais promis le moindre rouble (et encore moins d'euro) pour sortir Athènes de l'ornière, et pour cause, il est lui-même confronté à une grave crise économique : sanctions économiques, contre-choc pétrolier...
Un dossier devenu trop sensible pour Bruxelles?
Face à l'enlisement de la crise grecque, Washington n'était plus disposé à abandonner ce dossier devenu sensible, aux technocrates bruxellois. Il a ainsi activé plusieurs leviers afin de faire entendre sa voix. Le premier, c'est le FMI dont il est le membre influent. Christine Lagarde qui dirige l'institution a demandé à ce que la dette grecque soit restructurée, prenant soin de rappeler que c'était la position défendue par le FMI depuis longtemps. Ah L'allégeance de Lagarde.....MDR
L'autre action a consisté à activer tous les ressorts diplomatiques possibles sans pour autant froisser ses partenaires. Jack Lew, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, a ainsi discrètement fait pression sur les Européens pour parvenir à un accord avec la Grèce. Cité par le Financial Times, il a exprimé ses craintes qu'un Grexit coûte des "dizaines de milliards de dollars de dommages économiques à travers le monde" tout en ajoutant qu'il n'y avait "pas de menaces directe sur l'économie américaine". Il n'empêche qu'il n'a cessé de s'activer ces dernières semaines, envoyant des émissaires dans les différentes capitales européennes et se déplaçant parfois lui-même. Il a d'ailleurs exprimé son souhait que l'accord avec la Grèce aboutisse à une restructuration de la dette pour la rendre "soutenable". Cette perspective est encore totalement exclue par Berlin. Pour notre liberté future, on parei sur qui ? Les Etats-Unis ou les boches économiques et leurs collabos ?
Obama entre dans l'arène
Il fallait donc agir en plus haut lieu. Barack Obama a fini par décrocher son téléphone pour s'entretenir avec Angela Merkel mardi 7 juillet, deux jours après le référendum grec qui a infligé un camouflet au plan d'austérité voulu par les créanciers.
De plus en plus, l'action des Etats-Unis va au-delà de la simple force de proposition mais ressemble à une véritable ingérence. Pour le Financial Times, les Etats-Unis "sont devenus un avocat important de la restructuration de la dette grecque". Alexis Tsipras pourrait peut-être alors tourner casaque et se rapprocher de Washington..."

Dans "La Tribune" du 28 avril 2015 Article intitulé : Obama : "Si nous n'écrivons pas les règles du libre-commerce en Asie, la Chine le fera"

""Nous voulons juste être sûrs que le code de la route permettent à nous et à tout le monde de rivaliser. Nous ne voulons pas que la Chine utilise sa taille pour imposer à d'autres pays de la région des règles qui nous désavantagent", a souligné Barack Obama.
Si les Etats-Unis ne parviennent pas à conclure et adopter un accord multilatéral de libre échange en Asie, alors la Chine n'hésitera pas à s'emparer du vide économique ainsi créé par les Américains. C'est l'essentiel du message formulé par le président américain dans une interview parue lundi 27 avril dans The Wall Street Journal.
A propos de l'accord de partenariat trans-Pacifique (Trans-Pacific Partnership Agreement, TPPA, ou simplement Trans-Pacific Partnership, TPP), en cours de négociation entre les Etats-Unis et 11 pays(*) de la zone, le président américain a affirmé:
"Si nous n'écrivons par les règles, ce sera la Chine qui le fera dans la région".
"Beaucoup d'emplois américains" en danger
"Nous serons exclus - les entreprises, comme l'agriculture américaines. Cela impliquera la perte de beaucoup d'emplois américains", s'est notamment alarmé Barack Obama, avant toutefois de préciser: "Nous voulons que la Chine réussisse, qu'elle continue dans cette ascension pacifique. Je pense que c'est bon pour le monde."
 "Nous voulons juste être sûrs que le code de la route permettent, à nous et à tout le monde, de rivaliser. Nous ne voulons pas que la Chine utilise sa taille pour imposer à d'autres pays de la région des règles qui nous désavantagent", a souligné le président.
Une convergence d'anti-mondialistes de droite comme de gauche
L'interview a été l'occasion pour Obama de déplorer un certain anti-mondialisme croissant à Washington, chez les républicains mais également dans les rangs du parti démocrate, dont une partie s'oppose à la signature du TPP:
"Il y a une convergence anti-mondialiste tant de la part de membres de la gauche que de membres de la droite, ce que je considère comme une grande erreur", affirmé le président.
"Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est de nous retirer", a-t-il insisté.
Un accord bilatéral avec le Japon?
Obama espérerait parvenir à la signature du TPP avant la fin de l'année. Il tente ainsi de faire passer au Congrès une loi lui conférant les pouvoirs nécessaires pour accélérer les négociations.
Le président américain, qui doit rencontrer cette semaine à Washington le Premier ministre japonais Shinzo Abe, a notamment affirmé être proche, malgré des négociations difficiles, de la conclusion d'un accord bilatéral avec le Japon, qui faciliterait la conclusion ensuite d'un accord à douze.
Des clauses fortes en matière d'emploi et d'environnement
Certains démocrates déplorent toutefois les délocalisations jusqu'à présent engendrées par les accords de libre-échange conclus par les Etats-Unis. Hillary Clinton, elle-même, a refusé de soutenir le traité, alors que les négociations ont commencé quand elle était encore secrétaire d'Etat, souligne le WSJ.
Tout en avouant comprendre les préoccupations des démocrates, Obama a souligné que les Etats-Unis n'ont pas le pouvoir de renverser le mouvement de mondialisation. Il a néanmoins affirmé être confiant quant au résultat final: la conclusion d'un traité incluant dans son texte même des clauses fortes de protection des travailleurs et de l'environnement.
Des accusations "irréalistes"
Barack Obama n'a également pas manqué de s'ouvrir sur les sentiments personnels que suscitent en lui certaines réactions de membres de son propre parti, en regrettant:
"Ce que je prends personnellement est cette idée quelque part que, après six ans et demi de travail afin de tirer cette économie d'un fossé - en renforçant la propriété immobilière des classes moyennes, en m'assurant que leurs systèmes d'épargne-retraite se sont redressés, en améliorant le système d'éducation et d'apprentissage, en luttant pour le salaire minimum et pour une industrie automobile prospère -, qu'après tout le travail que j'ai mené et que nous avons mené ensemble pour garantir que les familles de la classe moyenne bénéficient d'une plus grande stabilité, selon certains discours des opposants [au TPP, Ndlr] je serais juste en train de détruire la classe moyenne ou notre démocratie, ce qui est un petit peu irréaliste. Et ils le savent."
(*) L'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, le Vietnam.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 24 avril 2015 Article intitulé : Le Nasdaq atteint un record absolu

" En finissant jeudi au niveau historique de 5.056,06 points, le Nasdaq a dépassé son record atteint il y a quinze ans grâce à la bulle technologique, mais ses bases semblent aujourd'hui bien plus solides, estiment les analystes. L'indice à dominante technologique a simplement grignoté 0,41% en séance, soit 20,89 points, pour dépasser son précédent record de clôture, qui datait du 10 mars 2000 (5.048,62 points). "Nous avons enfin vaincu un seuil de résistance", a commenté Peter Cardillo, chez Rockwell Global Capital.
En 2000, ce record avait marqué l'apogée d'une bulle du secteur technologique. Les cours, du fait de la volonté des investisseurs d'y consacrer de l'argent, avaient atteint un niveau trop élevé par rapport à la capacité des entreprises à générer de la valeur. Face à cette situation déséquilibrée, la bulle avait fini par exploser et l'indice avait fondu de moitié durant les mois suivants, pour finir l'année 2000 sous les 2.500 points et même reculer jusqu'à 1.114,11 points en octobre 2002.
Entretemps, plusieurs emblèmes de cette flambée avaient fait faillite, dont le site Pets.com, spécialiste des produits pour animaux domestiques, ou le revendeur de jouets eToys.com.
Signe que les marchés gardent à l'esprit les excès de cette période, Bob Greifeld, le directeur général de la plate-forme boursière du Nasdaq, avait relativisé la situation actuelle début mars, à l'occasion de la première clôture au-dessus des 5.000 points en quinze ans.
"La +nouvelle économie+ dont on parlait voici quinze ans est vraiment devenue notre économie", déclarait-il à la chaîne d'information financière CNBC. Symbole le plus frappant de cette évolution: le groupe informatique Apple. Il représente à lui seul un dixième du Nasdaq et a fait son entrée en mars dans l'indice vedette Dow Jones, peu après avoir fait état d'un bénéfice trimestriel sans précédent pour une entreprise cotée à 18 milliards de dollars.
"Les différences sont nombreuses par rapport à 2000", a insisté Michael Stiller, spécialiste du Nasdaq. "La révolution des smartphones est passée par là dans la téléphonie, l'accès à internet est devenu plus important en Chine et en Afrique. Ce n'est tout simplement plus le même tableau".
Plusieurs analystes s'accordent à reconnaître que le purgatoire de quinze ans du Nasdaq lui a permis de se normaliser, jusqu'à représenter aujourd'hui un territoire d'investissements aussi stable que le Dow Jones, qui ne compte que 30 valeurs, ou le S&P 500, plus large et jugé très représentatif de l'ensemble du marché.

Matthieu Hoffstetter dans "Bilan" Suisse du 8 avril 2015 Article intitulé : Ces réserves de cash stockées hors des USA par les géants de la tech

" Les multinationales américaines stockent une large partie de leurs réserves de cash à l'étranger, notamment pour éviter une fiscalité jugée excessive: entre 60 et 100% des liquidités pour certaines, selon une récente enquête menée par JPMorgan.
 Le système américain est clair: les bénéfices réalisés par les entreprises US sont soumis à l'impôt dès qu'ils sont rapatriés aux Etats-Unis. Et le taux d'imposition fait peur aux entreprises: jusqu'à 35% pour des bénéfices souvent déjà taxés dans les pays où ils ont été réalisés. Pour éviter de verser une part importante de leurs bénéfices au fisc américain, de nombreuses multinationales conservent donc leurs réserves de cash à l'étranger.
Au palmarès des plus actives dans ce jeu de «cache cash», Apple arrive largement en tête avec un trésor de guerre de 157,8 milliards de dollars entreposé hors des Etats-Unis, selon un récent rapport publié par JP Morgan. Ce qui représente 89% du total des liquidités du groupe dirigé par Tim Cook. La firme de Cupertino devance Microsoft qui plafonne à 82,1 milliards de dollars, mais cette somme dépasse en proportion celle d'Apple, en représentant 91% du cash de l'entreprise créée par Bill Gates.
Un record? Loin de là. Selon les analystes de JP Morgan, hp fait encore mieux avec 100% de ses réserves de cash à l'étranger, soit 15,1 milliards de dollars. Et le fait que ces trois records soient détenus par des sociétés issues de l'univers tech n'est pas un hasard: les géants du web et de la high-tech squattent le classement des sociétés du S&P500 ayant les stocks de cash à l'étranger les plus importants. Dans ce top 10 se retrouvent ainsi Apple, Microsoft et hp, mais aussi Oracle, Google, Qualcomm et eBay, à côté de quelques géants de l'économie traditionnelle comme General Electric, Merck ou Coca-Cola. Même si les sommes records d'Apple et Microsoft sortent du lot, toutes ces multinationales ont au minimum une réserve de cash supérieure à 10 milliards de dollars à l'étranger. Un trésor de guerre qui suscite les convoitises et pousse notamment Barack Obama à envisager des mesures pour tirer un profit fiscal de ces bénéfices mis à l'abri hors des frontières américaines.
Cependant, pour le moment, ces faramineuses réserves de cash profitent aux économies d'autres pays. Notamment en poussant les multinationales à investir ce cash. Une stratégie peut-être observée en 2014 avec l'offre de 17 milliards de dollars de General Electric pour acquérir le français Alstom: le géant américain avait tout intérêt à tenter un rachat d'Alstom, mais certaines hésitations qui auraient pu voir le jour en d'autres temps ont pu être balayées plus facilement avec ce stock de cash à disposition hors des Etats-Unis et qui échappait ainsi à l'imposition US.
Depuis dix ans, les bénéfices réinvestis à l'étranger par les firmes américaines ont très largement augmenté, passant de moins de 500 milliards de dollars en 2005 à plus de 2000 milliards de dollars en 2014, selon une récente étude de Credit Suisse. Et c'est bien le secteur de la tech qui a vécu la hausse la plus importante.
Selon les analystes de Credit Suisse, 230 sociétés du S&P500 ont accepté de lever (au moins partiellement) le voile sur leurs stocks de cash à l'étranger, pour un total de 650 milliards de dollars quand même, soit 64% du total des liquidités de ces 230 compagnies. Et les explications permettent de mieux cerner un phénomène qui fait polémique aux Etats-Unis ces derniers mois.

Emmanuel Garessus dans "Le Temps" Suisse du 3 mars 2015 Article intitulé : Barack Obama mine le droit international
 
"L’assaut contre le droit international prend chaque jour davantage d’ampleur. Qui sont ces juristes qui par leurs écrits créent, aux Etats-Unis, un terreau intellectuel hostile au droit international et amènent le gouvernement à ignorer les conventions internationales?"  En Ukraine, Vladimir Poutine s’en moque. En Suisse, l’UDC, au nom de la souveraineté du pays, critique le manque de légitimité démocratique des décisions de l’UE. Les Etats-Unis sont en première ligne à ce propos. Surtout depuis George W. Bush. Mais lorsque Barack Obama s’aventure au Yémen dans une opération armée pour tuer un Américain porte-parole d’Al-Qaida, Anwar al-Awlaki, ou dans d’autres assassinats ciblés au Pakistan et en Afghanistan, il consulte le Département de justice afin d’obtenir une autorisation. Et il s’inspire de ce même état d’esprit. Qui sont ces juristes qui, par leurs écrits, créent, aux Etats-Unis, un terreau intellectuel hostile au droit international et amènent le gouvernement à ignorer les conventions internationales? Quel est leur raisonnement? Jens David Ohlin, professeur de droit à l’Université de Cornell, répond à ces questions dans The Assault on International Law. A travers une théorie originale, selon laquelle un Etat agit de façon rationnelle et défend ses intérêts propres à long terme s’il se soumet aux obligations internationales, il prend le contre-pied de l’opinion majoritaire.
Jens David Ohlin distingue entre les juristes souverainistes, qui informent le gouvernement américain de l’intérieur, et les intellectuels qui, par leurs écrits, alimentent un climat américano-centriste. Les seconds sont au moins aussi importants, à son goût.
Le bureau des affaires juridiques (OLC) est au cœur de ce processus, notamment les membres du «conseil de guerre», un groupe sans statut formel, mais très influent. C’est lui qui définit la stratégie juridique du président, influence le département d’Etat et les services secrets. A sa tête après les attentats du 11-Septembre, John Yoo a ainsi défini les limites juridiques de l’action de George W. Bush, démontré qu’il était légalement et moralement permis aux interrogateurs de pratiquer la torture si les informations recherchées pouvaient sauver des vies américaines. La loi américaine ne définit pas la torture. Il reprit alors une clause de Medicare évoquant «de sévères souffrances capables de conduire à la défaillance d’organe ou à la mort». John Yoo n’a pas fait long feu, mais son impact a pesé sur la politique américaine. Son successeur, Jack Goldsmith, a été offusqué et horrifié par ses arguments unilatéraux et fallacieux. Il contre-attaqua, contredit ses thèses, mais, dégoûté, il démissionna rapidement et revint à Harvard.
Au-delà de l’OLC, c’est l’environnement intellectuel qui a changé ces dernières années aux Etats-Unis. Le droit international n’a cessé d’être dévalué par des avocats conservateurs refusant de mettre en danger la souveraineté américaine et notamment le pouvoir de l’exécutif.
Eric Posner est le leader de ceux que l’on désigne comme les «nouveaux réalistes». Professeur à l’Université de Chicago, il est l’auteur de cinq livres publiés de 2007 à 2013, dont The Limits of International Law avec Jack Goldsmith. Adrian Vermeule, coauteur avec Eric Posner, de Terror in the Balance, fait partie de groupe.
David Barron et Martin Lederman, conseillers de l’OLC, ont également été très influents au début du premier mandat de Barack Obama. Ces juristes plaçant le président au-dessus de tout distinguent trois cas de figure possibles: le président agit en accord avec le Congrès, en l’absence d’indications du Congrès, ou en fonction des contraintes imposées par ce dernier. Dans ce dernier cas, l’autorité présidentielle serait la plus affaiblie. Ils justifièrent l’attaque contre al-Awlaki sous prétexte que le Congrès avait placé très peu de contraintes. Le président se situait dans la deuxième catégorie ci-dessus.Les «nouveaux réalistes» fondent leur argumentation sur la théorie de la rationalité économique, de la maximisation de l’intérêt personnel et de la théorie des jeux. Les origines de ce courant remontent à Hans Morgenthau et à sa politique du pouvoir développée dans les années 1950. Pour eux, le droit international est vague, délaisse l’avis du souverain et n’est que rarement appliqué.
Jens David Ohlin contre-attaque. Les «nouveaux réalistes» emploient la théorie de la rationalité dans une perspective à trop court terme. Il faudrait maximiser les intérêts des Etats-Unis lors de chaque événement. Jens David Ohlin s’insurge, car il est dans l’intérêt à long terme d’un pays de combiner ses priorités et le droit international. «L’assaut contre le droit international est moins d’ordre juridique qu’une affaire de pouvoir», avance-t-il. Il dénonce la volonté d’Eric Posner de placer le pouvoir présidentiel sur un piédestal, au-dessus du droit et du Congrès. L’argument est politique, selon Jens David Ohlin, et s’inspire du philosophe politique nazi Carl Schmitt, pour lequel le parlement opère trop lentement et en fonction d’événements passés, alors que seul le pouvoir exécutif est à même de gérer le présent dans les périodes de crise.
En l’absence du droit international, on assisterait à un retour à l’état sauvage et chaque Etat subit une détérioration de sa position, observe Jens David Ohlin. Contre le terrorisme également, le droit international est un allié et non un ennemi, défend-il. L’auteur prend différents exemples, comme la Cour de justice internationale et les Nations unies, pour démonter la critique souverainiste et souligner les mérites du droit international.
Les Etats-Unis ont tout à gagner à coopérer et à reprendre le chemin des organisations internationales, d’autant plus que les contraintes, même dans le droit de la guerre, laissent une grande liberté d’action, conclut l’essayiste.
The Assault on International Law, Jens David Ohlin, Oxford UP, 290 p., 2015.

Charles Sannat dans "Economie matin" du 24 février 2015 Article intitulé : SCOOP ! 1 américain sur 3 proche du désastre financier !
 
" Aujourd’hui, c’est une étude de Bankrate.com, qui est l’un des principaux fournisseurs de flux et de données économiques aux États-Unis d’Amérique, qui met les pieds dans le plat et nous explique que plus tout va mieux, moins c’est bon… On apprend donc que beaucoup d’Américains n’ont pas suffisamment d’économies pour couvrir leurs dettes de carte de crédit. C’est donc encore une « nouvelle étude qui suggère que l’amélioration officielle de l’économie nationale n’a pas amélioré de façon spectaculaire la situation de nombreux Américains ». L’étude publiée lundi par Bankrate.com suggère que 37 % des Américains ont une dette de carte de crédit supérieure ou égale à leur épargne d’urgence, ce qui signifie une facture médicale un peu conséquente, un accident de voiture ou une autre dépense imprévue pourrait les pousser vers un désastre financier personnel.  Que faut-il retenir de tout cela ?
1/ Il n’y a pas toujours pas aux USA de reprise économique forte, autonome, saine et digne de ce nom, on constate même plutôt un tassement dans les indicateurs avancés.
2/ On ne s’endette pas pour consommer ! On achète cash ou on n’achète pas. Exception pour les soins de santé… Je préfère être en vie et en faillite personnelle plutôt que mort mais bon, chacun sa vision des choses sur ce type de sujet.
3/ Préparez-vous à devenir le plus résilient possible !

Stéphane Lauer dans "Le Monde" du 20 02 15 : Article intitulé : Walmart augmente le salaire d’un demi-million d’employés

" Walmart a pris, jeudi 19 février, une initiative spectaculaire en annonçant l’augmentation des salaires de 500 000 employés. Le leader mondial de la distribution, qui est aussi le premier employeur privé américain avec 1,3 million de salariés, s’est engagé à porter le salaire horaire minimum à 9 dollars (7,9 euros) à partir d’avril contre 7,5 dollars jusqu’à présent, avant de passer à 10 dollars en février 2016, soit une augmentation globale de 34 %.
« Nous essayons toujours de faire pour le mieux et de renforcer notre activité. Souvent nous y parvenons, mais parfois nous échouons. Lorsque c’est le cas nous rectifions le tir », plaide Doug McMillon, le PDG de Walmart, dans une lettre envoyée aux employés, en guise de mea culpa sur la politique de rémunération menée jusqu’à présent par l’entreprise. Image sociale désastreuse Il y a un peu plus d’un an, lorsqu’il a été nommé, le patron a impulsé une nouvelle dynamique, alors que les résultats du groupe étaient en berne. Il a accéléré les investissements dans l’e-commerce, amélioré les rayons frais, modernisé la logistique pour réduire les ruptures de stock, tout en misant sur un nouveau format de magasin de proximité. Mais le PDG a pris conscience que ces efforts ne porteraient leurs fruits que si Walmart parvenait à améliorer son image sociale désastreuse. L’enseigne est régulièrement la cible des syndicats, qui se plaignent des conditions de travail et de la faiblesse des salaires. La comparaison avec Costco, l’un de ses principaux concurrents, est parlante. Les salariés y sont payés 70 % de plus que chez Walmart, 82 % bénéficient d’avantages (mutuelle santé), contre seulement 50 % chez le leader. Résultat : alors que le turn-over n’est que de 17 % chez Costco, il dépasse les 40 % chez Walmart. La méthode fordiste
Jusqu’à présent, le distributeur se rangeait derrière les arguments de la National Retail Federation, qui s’oppose aux appels du gouvernement Obama pour augmenter le salaire minimum, prétextant des conséquences désastreuses sur l’emploi. Mais, le contexte évolue. Ikea vient de relever de 17 % le salaire horaire minimum à 10,76 dollars, tandis que Gap va passer à 10 dollars cette année. Dans un pays où le taux de chômage est passé en cinq ans de 9,8 % à 5,7 %, Walmart ne pouvait plus se permettre de rester spectateur sous peine d’avoir de plus en plus de difficultés à recruter.
Le calcul est aussi macroéconomique.
Il y a un siècle, Henry Ford avait compris que ses salariés pouvaient devenir ses clients à condition d’être correctement payés. Walmart, dont la cible de consommateurs se situe majoritairement parmi les bas salaires, fait certainement le calcul que ce qui est lâché en rémunération, va se retrouver tôt ou tard dans le chiffre d’affaires. Même si l’on reste loin des 15 dollars de l’heure que réclament les syndicats, le groupe a annoncé que la mesure lui coûterait 1 milliard de dollars. Ce qui a entraîné une chute de 3,2 % de l’action jeudi, malgré l’annonce d’un bénéfice trimestriel en hausse de 12 %. L’effort consenti par Walmart doit cependant être relativisé. Comme le fait remarquer Craig Elwell macro-économiste au Congressional Research Service (CRS), « Le pic du salaire minimum fédéral en termes réels [en tenant compte de l’inflation] a été atteint en 1968. Pour égaler le pouvoir d’achat de cette époque, le salaire minimum actuel, qui est de 7,25 dollars, devrait augmenter de 3,44 dollars, soit une hausse de 47 % ». Pour Christine Owens, directrice du National Employment Law Project, une association de défense des salariés, les 10 dollars obtenus sont une « maigre » récompense « comparé aux 16 milliards de profits que le groupe réalise chaque année ». En tout cas, cette annonce intervient alors que l’actuelle faiblesse de la hausse des salaires aux États-Unis, malgré la chute spectaculaire du chômage, inquiète les économistes. Sans une accélération, la consommation, principal moteur de l’économie, pourrait finir par s’enrayer. Et dire que l'europe allemande prône la paupérisation et la pauvreté... qui l'arrange elle pour prendre les parts de marchés et maintenir sa mainmise sur l'europe. Ce n'est pas la Grèce qu'il faut "virer", c'est l'allemande qu'il faut encadrer et laissez à la France le soin d'organiser l'Europe de la Paix. Seule la France à la sensibilité et "l'histoire" pour communiquer aves les pays du Nord et les pays du Sud. Il est vrai que pour l'instant les deux grandes fumisteries de gauche et de droite n'ont pas su se trouver de vrais représentants. La médiocrité du système consanguin français est  et à toujours été une des limites de la France.

  Dans "Trends Tendances" Belgique du 14 janvier 2015 Article intitulé : Une crise des subprimes menace le secteur auto américain

"Ces prêts ont explosé ces dernières années aux Etats-Unis, selon différentes statistiques, et devraient encore augmenter. Plus de 20% des 870 milliards de dollars de crédits auto accordés aux Etats-Unis au troisième trimestre 2014, étaient des "subprime", selon le cabinet spécialisé Experian.
Cela a permis de soutenir les ventes de voitures, revenues à leur meilleur en 2014. "Les consommateurs fragiles qui avaient du mal à trouver un crédit trouvent désormais prêteur", confirme l'agence de notation Standard & Poor's. Comme avec l'immobilier, les prêteurs, souvent des institutions financières et les bras financiers de constructeurs automobile, sont moins regardants sur la situation financière des emprunteurs. Ils vont parfois jusqu'à falsifier les informations personnelles (emploi, revenus) pour refourguer les prêts.
"Les personnes pauvres sont les plus visées. Les prêteurs les poussent à emprunter des sommes importantes qu'ils ne seront pas en mesure de rembourser", s'alarme Chris Kukla de l'association de protection des consommateurs Center for Responsible Lending en Caroline du Nord.
Le taux d'impayés a augmenté sur les trois dernières années pour atteindre en moyenne 13% en septembre, soit la moyenne des années précédant la crise (10-12%), selon la banque Wells Fargo. Ces défauts de paiement se traduisent par de lourdes pertes pour les institutions financières. Comme avec les "subprime" immobiliers, les crédits auto "pourris" essaiment à Wall Street via des produits financiers complexes (ABS).
En quête d'actifs proposant de meilleurs rendements dans le contexte actuel de taux d'intérêt quasi nuls et d'actions chères en Bourse, les investisseurs institutionnels - banques, assureurs, fonds - se jettent sur ces produits dont la rémunération dépasse les 20%. Ils font le pari que les emprunteurs choisiront toujours de rembourser tôt ou tard leur crédit auto car ils ont besoin de leur voiture dans leur quotidien, résume Tom Webb, économiste chez Manheim.
Les principaux émetteurs sont Santander Consumer USA, Americredit Financial (General Motors) et Exeter (fonds Blackstone). Le régulateur boursier américain, la SEC, enquête sur les produits financiers ABS, tandis que la municipalité de New York a ouvert une investigation sur deux filiales de Santander.