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COTATION BOURSIERE,
Cotation socio-économique ou Cotation socio-financière ?
Ecrit et mis en ligne le 24 décembre 2008
Dans un article daté du 2 octobre 2008 sur les cotations boursières, j’insistais sur la nécessité de modifier le système de cotation en cas de fort volume échangé en bourse.
Aujourd’hui, nous sommes dans une situation inverse.
Ce sont des faibles volumes qui donnent une impression générale négative de la valeur des entreprises.
Exemple : Le titre THOMSON qui perdait 5,11 % lors de la séance boursière du vendredi 19 décembre
Dans la réalité, il n’y a eu que 4 427 241 actions échangées ce jour-là en bourse sur un total de 230 486 083 titres soit 1,92 % (source EURONEXT)
Pour votre information, sur les 4 427 241 seuls les derniers échanges d’un total de 22 156 titres ont décidé, aux yeux du public, de la valeur boursière des 230 486 083 titres.
Dans ce cas, 22 156 actions au cours de 0,854 soit 12 939 € ont décidé aux yeux du public de la valeur du jour du groupe Thomson. Groupe qui vaut plusieurs centaines de millions d’€.
Étendez ce raisonnement au CAC et vous aurez une idée de l’ampleur de l’irrationalité du système de cotation.
Pour votre information, si j’appliquais au cours de Thomson un simple ratio sur le volume, d’une baisse de 5,11 % nous obtiendrions une baisse de 0,0 98 %**.
Par comparaison
Est-ce parce que 1,92 % des Français ont la grippe qu’on en conclut que la totalité des Français l’ont ? En bourse, oui.
A ce oui, il faut rajouter l’impact sociologique de la nouvelle.
Impact sociologique qui conclura que l’économie sera en peine pendant plusieurs jours, que l’on manquera de médicaments et donc qu’il y aura des morts, que pour enterrer ces morts il n’y aura pas assez de monde, donc qu’il y aura d’autres maladies etc…
Vous ajoutez à cela l’impact de la presse et de la télévision et vous aurez la situation actuelle.
Le manque de confiance se transforme en crainte et la crainte en peur.
Lorsque l’on est dans cette situation, il faut absolument éviter que les particuliers par lassitude n’écoutent plus leur conseiller financier et décident de vendre leurs titres transformant ainsi leur peur en panique.
La phase de panique (ventes massives) intervient quand le Seuil Sociologique d’Acceptation des Baisses (dit seuil 2SAB) est atteint.
Dans ce cas, le marché sombre du fait de la loi des grands nombres (sociologie) et non de sa réalité économique, politique ou financière
Ce n’est pas l’économie ni la finance qui mène directement aux catastrophes mais le franchissement du Seuil Sociologique d’Acceptation des Baisses.
Actuellement la seule crise rémanente est une crise financière qui résulte du système de cotation.
Pour rappel : Avant la révolution économique du milieu des années 80 (fin de l’inflation ‘non maîtrisée’) , les cotations boursières étaient sous contrôle étatique.
Dès qu’une cotation à la hausse ou à la baisse devenait trop importante, on arrêtait la cotation en attendant que le calme soit revenu.
Cette régulation du système s’expliquait dans le contexte de la politique pratiquée à cette époque. Elle avait comme mérite d’être efficace.
Cette « maîtrise » des cours protégeait du risque de panique et, de ce fait, du seuil sociologique d’acceptation des baisses.
Depuis le milieu des années 80, le principe des cotations boursières est le laisser faire, laisser aller (j’exagère à peine).
Un titre peut varier dans la journée de plusieurs pourcents sans qu’il n’y ait de réelle sécurité.
Fin des protections contre l’évolution des cours trop importante. Par extension, aucune protection contre le manque de liquidité en cas de fort volume et donc exposition totale au seuil sociologique d’acceptation à la baisse. La libéralisation des cours a favorisé les effets négatifs du manque de liquidité du marché.
Si nous n’adaptons pas de façon urgente le système de cotation à la libéralisation des marchés, nous arriverons à ce que la cotation d’entreprises, qui fonctionnent tous les jours et ont une véritable valeur, soit réduite à néant en bourse et sème une panique boursière internationale.
Dans ce cas, nous nous trouverions dans la situation aberrante d’un krach financier alors que l’économie, bien que passant par une phase de « roue libre » tout à fait normale après plusieurs années de forte consommation, suit une évolution qui verra d’ici quelques mois son rétablissement du fait de la consommation de renouvellement.
Le risque d’un krach financier systémique du fait du franchissement du seuil sociologique d’acceptation des baisses est réel aujourd’hui.
Seul le système de cotation et la peur engendrée par l’information transforment la baisse de la consommation touchant quelques articles en crise systémique.
Il est primordial de rappeler que les cours boursiers sont avant tout sociologiques.
Ils sont la résultante d’une masse sociologique qui agit à la vente et/ou à l’achat.
Pérenniser le système de cotation actuel s’est s’assurer tôt ou tard la dégénérescence d’une crise en krach financier, lui-même suivi d’un krach économique générateur de révoltes sociologiques.
Deux cotations distinctes existent suivant les cycles économiques (il y a quatre cycles de quatre ans) :
- cotation Socio-financière,
Lorsqu’il n’y a que peu de volume du fait d’une phase économique « en roue libre » voire en correction. La bourse ne donne qu’une valeur Socio-financière. Cette valeur est la valeur de transformation d’un titre boursier en cash lorsque l’on ne peut faire autrement que de le vendre « à la casse ».
- cotation Socio-économique.
A contrario, lorsqu’il y a réellement du volume du fait de la dynamique économique et de l’expansion, la valeur boursière est réelle car réalisable dans un environnement sociologique positif générateur de volume dans les échanges. C’est la phase de valeur Socio-économique.
Certes, pour tempérer ce raisonnement, il est vrai qu’il existe un marché de gré à gré entre les gérants d’OPCVM (FCP et SICAV).
En clair, les gérants d’OPCVM s’échangent entre eux des titres sans passer par le marché.
Même si ce système de gré à gré est encadré de façon stricte par les autorités, il n’en demeure pas moins qu’il est urgent de revoir ce système d’échange de gré à gré en faveur d’un environnement beaucoup moins aléatoire en cas de crise.
Car en cas de crise, l’effondrement de ce marché parallèle verra arriver sur le marché boursier un afflux considérable de ventes.
Situation pour laquelle le système de cotation actuel n’a pas été réfléchi et donc ne pourra assumer la liquidité.
Pour les subprimes, nous parlions de risques systémiques ?
Comment qualifierons-nous cet état de fait qui s’étendra immédiatement sur toutes les bourses mondiales par effet de « capillarité » ?
Entourer le marché de règles administratives strictes est nécessaire.
Mais avant le nécessaire, il faut traiter le primordial.
Le marché bousier n’est pas le reflet de la réalité économique.
Il est avant tout le reflet des incohérences des règles de cotation.
Changeons ces règles rapidement,
Formons le client à la compréhension du système de cotation et à l’économie
et la confiance reviendra.
Travaillons le système de cotation qui a permis tous les excès en toute légalité.
Travaillons la source d’erreur au lieu de vouloir la réguler ou la contrôler.
Est-ce parce qu’il y aura de nouvelles règles administratives ou comptables (qui seront rapidement détournées ou infirmées par la réalité économique et financière) que les acteurs d’hier seront moins sujets à suivre des raisonnements « moutonniers », plus compétents, plus clairvoyants et pour certains plus honnêtes ?
Les dogmatismes d’hier qui masquaient un manque de vision ont la vie dure.
Éliminons la source d’erreur, adaptons le système de cotation aux risques du monde financier actuel et nous aurons déjà fait un grand pas vers la résolution des crises.
En souhaitant que l’année 2009 soit l’année qui marque l’histoire par la naissance de la Socio-Economie ou/et de la Socio-Finance.
Christian PIRE
• * Formation qui explique l’économie mondialisée ainsi que les cycles immobiliers et boursiers.
• ** (1,92*0,0511)
Suivi de cet article
Roger Pol-Droit dans « Les Echos » en date du 19 janvier 2011 :
Article intitulé : Quand un peuple se lève
« Moins d’un mois pour que vacille un pouvoir qui passait pour solide. Moins d’un jour pour qu’il s’évanouisse, comme un décor détruit. La Tunisie vient de donner au monde entier une grande leçon. Elle tient, pour l’essentiel, en quelques mots : n’oubliez pas ce que peut le peuple. On le croit assoupi, résigné ou terrorisé. Quand il se lève – résolu, courageux – rien ne semble lui résister. Le vrai mystère, évidemment, c’est le point de révolte, celui où tout bascule soudain, où l’action s’enclenche. Car le propre de l’insurrection est de paraître aussi bien impossible qu’inéluctable. Ce moment où chacun éprouve, par tout son être, que ça ne peut plus durer, Albert Camus l’a mis exemplairement en lumière, en 1951, dans « L’Homme révolté ». A ses yeux, la révolte n’est pas simplement lassitude, exaspération, patience perdue. Elle trace une frontière, restaure la dignité. Elle instaure surtout des valeurs positives, une représentation de la justice, de la liberté politique ou de l’humanité. Voilà ce que dit, sur la scène mondiale, le peuple de Tunisie. Que l’histoire n’est jamais entièrement écrite. Que le désir de servitude peut avoir une fin. Que les dictateurs sont des tigres en papier. Que le peuple existe, parle, pense et agit. Que la liberté, au prix du sang, se conquiert encore. Toutes choses que l’on a de plus en plus tendance à ne plus croire, à tenir pour des fables antiques ou de douces illusions. Les faire vivre de nouveau, avec cet éclat, ne manquera pas d’avoir une cascade de conséquences. Quels que soient les aléas de l’avenir, il faut saluer ceux qui donnent au monde cette leçon. »
Commentaire : Nous avons ici un cas du franchissement « politique » du Seuil sociologique d’acceptation. Tôt ou tard, l’Etre Humain se manifeste. L’oublier est une erreur. Il est vrai que le temps de latence est toujours très important. Car seule une très forte minorité ose dire non avant les autres. Les autres ne se posent pas de question du type :
Acceptation ou soumission ? Acceptation ou corruption par passivité coupable ? Acceptation ou collaboration coupable ? …Mais cela est loin de la finance, quoique … !
G.M dans « Les Echos » en date du 11 janvier 2011 :
Article intitulé : Au Bangladesh, la chute de la Bourse provoque des émeutes
« Alors que les autorités ont pris des mesures pour refréner l’inflation et la spéculation, la Bourse bangladaise a été suspendue après une chute de 9,25 %. La Bourse du Bangladesh avait été l’une des grandes gagnantes de l’année 2010 ; elle commence bien mal 2011. Les échanges ont été suspendus hier alors que le principal indice du Dhaka Stock Exchange (DSE) essuyait une chute de 9,25 % en moins d’une heure. Un plongeon record dans l’histoire de cette petite place financière, extrêmement volatile depuis un mois, après avoir enregistré un plus haut historique en décembre. L’interruption des échanges a provoqué des manifestations de plusieurs milliers d’investisseurs violemment réprimées par la police, selon les agences de presse. »
Commentaire : Depuis plusieurs années (bien avant le krach de 2007), j’attire l’attention sur les failles du système de cotation. Ce dernier, ne prenant pas en compte les volumes échangés donne une fausse valorisation aux actifs. De cette situation naît un risque aggravé du franchissement du seuil sociologique d’acceptation des baisses (seuil de panique). Dans le cas présent, nous en avons un exemple « light ». Exemple qui, sauf erreur de ma part, n’est qu’un prémice de ce qui pourrait arriver en Europe dans les années à venir, si l’on ne réagit pas, Il suffit de regarder la peur des politiques lors des déclarations de Cantona pour s’apercevoir que la principale faille du système est la liquidité et l’information (ou plutôt la désinformation). Faille accentuée à l’extrême par le système de cotation.
Dans « La Tribune » du 13 avril 2010 en page 24 :
Article intitulé : Les banques essayent déjà de contourner la future réglementation.
" Plusieurs d’entre elles étudient la création de nouveaux produits financiers permettant d’éviter la levée de fonds propres additionnels dans le cadre des nouvelles réglementations, selon le « Financial Times ». Goldman Sachs, JPMorgan et Deutsche Bank notamment se concentre sur les crédits d’impôts. Elles pourraient créer des produits dérivés indexés sur ces crédits. "
Georges PAUGEY, Directeur général du Crédit Agricole, dans « Les Echos » du 28 septembre 2009 : « Le risque systémique était totalement sous-estimé avant la crise financière, comme beaucoup d’autres risques, tels que la liquidité »
Discours de Monsieur Le Président de la République, Doha le 29 novembre 2008 : « Face à cette crise, il y a deux attitudes. La première consisterait à continuer comme avant, sans tirer aucune leçon des erreurs du passé. La seconde consiste à faire de cette crise sans précédent, une opportunité pour changer le monde »
Jean-Marc VITTORI dans « Les Echos » du 8 septembre 2009 : « Aucune personne sensée ne nie plus que les modes de rémunération de la finance constituent l’un des maillons de la chaîne qui a provoqué la plus formidable crise financière de l’histoire, aux côtés d’autres maillons comme des agences de notations cupides et des régulateurs irresponsables »
Monsieur Claude BEBEAR, président d’honneur d’Axa, dans La Tribune du 25 août 2009 : « Cela n’a aucun sens de comptabiliser dans l’instant une valeur de marché qui ne reflète pas la valeur des actifs. Cela accélère la formation de bulles ou la production de krachs sans donner une image fidèle des entreprises. Il faut aussi réglementer les agences de notation dont les notes ne sont pas suffisamment transparentes et lisibles. Cela frise parfois la malhonnêteté. »
Dans l’article ci-dessus, je pose la question : « Est-ce parce que 1,92 % des Français ont la grippe qu’on en conclut que la totalité des Français l’ont ? En bourse, oui. »
Le Figaro du 20 08 09 : « Madame la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a exclu hier de porter le niveau d’alerte en France au stade de la pandémie (niveau 6 de l’OMS). Notre pays comptabilise 37 cas pour 100 000 habitants ce qui correspond à 23 000 consultations pour la grippe. Nous serons en pandémie lorsque le seuil de 70 000 consultations hebdomadaire sera franchi »
Paul-Henri de La Porte du Theil nouveau Président de l’Association de la Gestion Financière dans Les Echos du 18 mai 2009 : « Dans cette crise, deux mots sont ressortis, deux préoccupations : la liquidité et la transparence. Et c’est autour d’eux que nous allons travailler. Dans la gestion, nous avons focalisé sur le couple rendement-risque en oubliant la liquidité, qui semblait aller de soi. L’effet de ciseau entre un passif qui décollecte et un actif illiquide peut être très douloureux »
Yves de Kerdrel dans Le Figaro du 31 mars 2009 soulignait suite à l’article d’Alain Minc (ci-dessous) : « On a rarement eu le sentiment d’une telle déconnexion entre l’univers feutré de certains conseils d’administration et le climat de désespérance qui touche nombre de nos compatriotes ».
Alain Minc dans Le Figaro du 23 mars 2009 : Lettre ouverte à mes amis de la classe dirigeante, « Mesurez-vous que le pays à les nerfs à fleur de peau, que les citoyens ont le sentiment, fût-il erroné, de subir une crise dont nous sommes tous à leurs yeux les fautifs ? Ignorez-vous que la quête de boucs émissaires est une constante de notre histoire et que 1789 se joue en 1788 ? » ; « Acceptez-vous de méditer ce mot de la comtesse de Boigne, une habituée des révolutions : ‘Les peuples ont l’instinct de leur approche ; ils éprouvent un malaise général. Mais les personnes haut placées n’aperçoivent le danger que lorsqu’il est devenu irrésistible’ »
Philippe Béchade dans MoneyWeek du 22 janvier 2009 : « Avec la disparition d’un nombre impressionnant d’acteurs, qui assuraient plus de 60 % des volumes quotidiens, l’épaisseur des carnets d’ordres s’est considérablement réduite. Le marché, déserté, trahit jusqu’à sa raison d’être.