Economie

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SYNTHESE TRES INTERRESSANTE

Dani Rodrik dans "La Tribune " du 15 décembre 2015 Article intitulé : Quel avenir pour le travail, à travers le monde ?


" Le travail a subi et connaît encore de grandes transformations dans les vieux pays industriels. Les pays pauvres n'emprunteront sans doute pas le même chemin. Par Dani Rodrik, Harvard
 A la mi-décembre, l'ONU publiera le nouveau numéro de sa série de référence de Rapports sur le développement humain annuels. Le rapport de cette année met l'accent sur la nature du travail : comment la façon dont nous gagnons notre vie est transformée par la mondialisation économique, les nouvelles technologies et les innovations d'organisation sociale. Les perspectives pour les pays en développement, en particulier, sont décidément mitigées.
Pour la plupart des gens, la plupart du temps, le travail est généralement désagréable. Historiquement, c'est grâce à de grandes quantités de travail éreintant que les pays sont devenus riches. Et c'est la richesse qui permet à certaines personnes d'avoir la chance de faire un travail plus agréable.
 Pendant la révolution industrielle, une baisse du niveau de vie
Grâce à la révolution industrielle, de nouvelles technologies dans les textiles en coton, dans le fer et l'acier, ainsi que dans le transport ont permis une hausse constante des niveaux de productivité du travail pour la première fois dans l'histoire. D'abord en Grande-Bretagne au milieu du XVIIIe siècle, puis en Europe occidentale et en Amérique du Nord, des hommes et des femmes affluèrent de la campagne vers les villes pour satisfaire la demande croissante de main-d'œuvre des usines.
Cependant, pendant plusieurs décennies, les travailleurs n'ont que peu profité des avantages de la hausse de la productivité. Ils travaillèrent de longues heures dans des conditions étouffantes, habitèrent dans des logements surpeuplés et insalubres, et leurs revenus ne progressèrent que très peu. Certains indicateurs, tels que la taille moyenne des travailleurs, suggèrent que les niveaux de vie ont peut-être même diminué pendant un certain temps.
Un partage des gains
Avec le temps, le capitalisme s'est transformé et ses gains ont commencé à être plus largement partagés. Cela s'est produit en partie parce que les salaires ont commencé à augmenter naturellement lorsque le surplus des travailleurs ruraux s'est tari. Mais, de manière tout aussi importante, les travailleurs se sont organisés pour défendre leurs intérêts. Craignant la révolution, les industriels acceptèrent des compromis. Les droits civils et politiques furent étendus à la classe ouvrière.
La démocratie, à son tour, dompta encore un peu plus le capitalisme. Les conditions de travail s'améliorèrent grâce à des arrangements négociés ou prescrits par l'Etat qui conduisirent à une réduction des heures de travail, une plus grande sécurité, ainsi que des allocations de famille, de santé et d'autres avantages. Les investissements publics dans l'éducation et la formation des travailleurs les rendirent à la fois plus productifs et plus libres d'exercer des choix.
En conséquence, la part du travail dans l'excédent des entreprises s'est mise à augmenter. Bien que les emplois en usine ne soient jamais devenus agréables, les métiers d'ouvriers permettaient dorénavant d'accéder à un niveau de vie de la classe moyenne, avec toutes ses possibilités de consommation et ses opportunités de style de vie.
Naissance de l'économie post-industrielle
Finalement, le progrès technologique a amoindri le capitalisme industriel. La productivité du travail dans les industries manufacturières a augmenté beaucoup plus vite que dans le reste de l'économie: une quantité identique (voire supérieure) d'acier, de voitures et de matériel électronique pouvait être réalisée avec beaucoup moins de travailleurs. Ainsi, les travailleurs « excédentaires » furent déplacés vers les industries de services - l'éducation, la santé, la finance, le divertissement et l'administration publique, par exemple. Ainsi est née l'économie post-industrielle.
Le travail devint plus agréable pour certains, mais pas pour tous. A ceux qui avaient les compétences, le capital et le bon sens pour prospérer dans l'ère post-industrielle, les services ont offert des possibilités démesurées. Des banquiers, des consultants et des ingénieurs gagnèrent des salaires beaucoup plus élevés que leurs ancêtres de l'ère industrielle.
De manière toute aussi importante, le travail de bureau permit un degré de liberté et d'autonomie personnelle que le travail en usine n'avait jamais fourni. Malgré de longues heures (peut-être plus que dans les emplois en usine), les professionnels des services bénéficièrent d'un contrôle beaucoup plus grand sur leur vie quotidienne et les décisions en milieu de travail. Les enseignants, les infirmières et les serveurs étaient loin d'être aussi bien payés mais ont, eux aussi, été libérés de la monotonie de la corvée mécanique de l'atelier.
Renoncer aux avantages négociés du capitalisme industriel
Pour les travailleurs les moins qualifiés, cependant, les emplois du secteur des services ont impliqué de renoncer aux avantages négociés du capitalisme industriel. La transition vers une économie de services a souvent été de pair avec le déclin des syndicats, de la protection de l'emploi et des normes d'équité salariale, ce qui a affaiblit grandement le pouvoir de négociation et la sécurité d'emploi des travailleurs.
Ainsi, l'économie post-industrielle a-t-elle ouvert un nouvel abîme au sein du marché du travail, entre les personnes disposant d'emplois dans les services stables, à salaire élevé et épanouissants, et celles devant se contenter d'emplois éphémères, peu rémunérés et peu satisfaisants. Deux facteurs ont déterminé la part de chaque type d'emploi - et donc l'ampleur des inégalités produites par la transition post-industrielle : le niveau d'éducation et de compétences de la main-d'œuvre, et le degré d'institutionnalisation des marchés du travail dans les services (outre l'industrie manufacturière).
Quand la réalité se rapproche de "l'idéal" des marchés selon la science économique libérale
L'inégalité, l'exclusion et la dualité se sont accrues dans les pays où les compétences étaient mal réparties et de nombreux services se sont approchés de « l'idéal » des marchés au comptant des manuels d'économie. Les États-Unis, où de nombreux travailleurs sont obligés de de combiner plusieurs emplois afin de s'assurer un niveau de vie adéquat, demeurent l'exemple canonique de ce modèle.
Quel avenir pour le travail dans les pays à faible revenu?
La grande majorité des travailleurs vivent encore dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire et doivent encore passer par ces transformations. Il y a deux raisons de penser que leur trajectoire future ne se déroulera pas (nécessairement) tout à fait de la même façon.
Tout d'abord, il n'y a aucune raison pour laquelle des conditions de travail sécurisées, la liberté d'association et la négociation collective ne pourraient pas être introduites à des stades de développement plus précoces que ce qui n'a eu lieu historiquement. Tout comme la démocratie politique n'a pas besoin d'attendre que les revenus augmentent, des normes de travail solides ne doivent pas nécessairement arriver après le développement économique. Les travailleurs des pays à faibles revenus ne devraient pas être privés des droits fondamentaux pour des raisons de développement industriel et de performance à l'exportation.
Deuxièmement, les forces de la mondialisation et du progrès technologique ont concouru à modifier la nature du travail manufacturier d'une manière qui rend très difficile, voire impossible, pour les nouveaux arrivants d'imiter l'expérience industrielle des quatre Tigres asiatiques, ou celle des économies européenne et nord-américaine avant eux. Beaucoup (sinon la plupart) des pays en développement sont en train de devenir des économies de services sans avoir développé un grand secteur manufacturier - un processus que j'ai baptisé « désindustrialisation prématurée ».
Désindustrialisation prématurée
La désindustrialisation prématurée pourrait-elle être une bénédiction déguisée, permettant aux travailleurs dans le monde en développement de contourner la corvée du travail en usine ?
Si c'est le cas, comment un tel avenir pourrait-il être construit? Ce n'est pas clair. Une société dans laquelle la plupart des travailleurs sont auto-propriétaires - commerçants, professionnels indépendants ou artistes - et fixent leurs propres conditions d'emploi tout en bénéficiant d'un niveau vie adéquat est possible uniquement lorsque la productivité globale de l'économie est déjà très élevée. Les services de haute productivité - tels que l'informatique ou la finance - ont besoin de travailleurs bien formés, et non pas le genre non qualifié que les pays pauvres ont en abondance.
Il y a à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles pour l'avenir du travail dans les pays en développement. Grâce à la politique sociale et le droit du travail, les travailleurs peuvent devenir des acteurs à part entière de l'économie beaucoup plus tôt dans le processus de développement. En même temps, le moteur traditionnel de développement économique - l'industrialisation - est susceptible de fonctionner à capacité beaucoup plus faible. La combinaison résultante des attentes élevées du public et de la faible capacité de production de revenus sera un défi majeur pour les économies en développement partout dans le monde.
Traduit de l'anglais par Timothée Demont
Dani Rodrik, professeur d'économie politique internationale à la John F. Kennedy School of Government de Harvard University, est l'auteur de: The Rights and Wrongs of the Dismal Science.
© Project Syndicate 1995-2015

 

Souvenez-vous, il y a quelques jours :

Mathias Thépot dans "La Tribune " du 11 décembre 2015 Article intitulé : Pourquoi l'Europe ne peut plus vivre en dessous de ses moyens Savourez cet article comme j'ai pu le savourer. Enfin, les dogmes tombent et la presse accepte de parler et d'écrire les réalités et non le consensus "imposé".

" Il est temps que l'Europe réinvestisse dans la croissance, et mette un terme à sa tendance à l'accumulation des excédents, selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il est temps que la zone euro arrête de vivre en dessous de ses moyens et investisse ! C'est en substance le message délivré jeudi 10 décembre par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans une étude intitulée « donner une chance à la reprise » en Europe, élaborée conjointement avec ses homologues de l'AK Wien (Autriche), l'ECLM (Danemark) et l'IMK (Allemagne). Ce groupe d'instituts -nommée IAGS - vise en particulier le couple germano-bruxellois, responsable des politiques de restriction budgétaire au sein de la zone euro, et qui sont source d'échec.
Reprise molle
Car après l'austérité des années 2011-2013, la reprise en zone euro peine à se matérialiser concrètement comment s'étonner de ce fait ? Qui connait une austérité profitable dans cette configuration, hormis pour les promoteurs de l'austérité qui ont adapté leur économie à percevoir les fruits de cette dernière au détriment d'autres pays ? Souvenez-vous des commentaires sur la trahison de l'allemagne de Merkel. : la croissance n'y sera que de 1,6 % pour 2015 et la Commission européenne table sur + 1,8 % en 2016 et + 1,9 % en 2017. De faibles taux, alors même que  les facteurs externes sont plutôt favorables à la croissance  : la baisse des prix du pétrole, un euro faible, une pause globale dans le processus de consolidation budgétaire, et surtout une politique monétaire impulsée par la Banque centrale européenne qui se veut expansionniste, au moins jusqu'en mars 2017.
Le chômage en zone euro reste par ailleurs proche des 11 %, avec de fortes divergences entre les pays, tout particulièrement entre les pays du nord et les pays du sud. L'avenir de certains pays importants, comme l'Italie, inquiète tout particulièrement les économistes de l'OFCE. Plus globalement, « il faudra attendre entre sept et huit ans avant de retrouver le taux de chômage d'avant crise en Europe », s'inquiète Xavier Timbeau, directeur principal à l'OFCE. Bref, le climat est morose.
Épargner ailleurs plutôt qu'investir chez soi
Mais il y a pire. En effet, l'un des grand maux de la zone euro, et tout particulièrement de l'Allemagne, c'est son obsession  pour l'accumulation des excédents courants. La politique allemande cherche à mettre tout en œuvre en interne pour être compétitif et conquérir des marchés mondiaux. Ainsi, l'Allemagne et, dans une moindre mesure, les autres pays de la zone euro préfèrent épargner leurs rentrées d'argent ailleurs qu'en Europe, plutôt que de les consommer ou de les investir sur le marché domestique. L'excédent courant de la zone euro atteint ainsi 3,8 % de son PIB en 2015, selon l'OCDE. Du jamais vu. A titre de comparaison, le solde positif de la balance courante de la zone euro n'atteignait que 0,5 % du PIB en 2010. Alors, ai-je été trop dur dans mes commentaires passés ?
Ainsi, à l'inverse de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, l'investissement productif dans la zone euro est en constante baisse depuis 2011. Cette situation coïncide avec les politiques de restriction budgétaire mises en œuvre dans la zone, et qui ont contribué à minorer les dépenses de tous les acteurs économiques. Clairement, l'Allemagne impulse cette politique : son excédent courant atteint désormais 280 milliards de dollars soit 8,3 % de son PIB, selon l'OCDE, sur un excédent total de 436 milliards de dollars pour la zone euro.
Respecter les règles européennes
Obnubilé par sa conquête des marchés extérieurs, l'Allemagne joue depuis plus de 10 ans sur la modération salariale, la précarisation du travail et la maîtrise des comptes publics pour limiter la demande interne et renforcer sa compétitivité externe. Une politique qui, couplée avec une monnaie unique, mène la zone toute entière dans le mur, affirme l'OFCE.
Au cours des cinq dernières années, l'Allemagne a même affiché un excédent supérieur à 6 % du PIB, limite au-delà de laquelle la Commission européenne repère un « déséquilibre macroéconomique. ». Pour que les excédents dégagés soient réinvestis dans l'économie européenne, il faudrait donc déjà « que la Commission européenne demande à l'Allemagne de respecter les règles européennes et cet engagement de 6 % », estime Xavier Ragot, le président de l'OFCE. Il faut sortir de cette europe allemande pour mieux recréer l'Europe de la Paix avec une Allemagne non conquérante et non prédominatrice. Si ce n'est pas possible, il faut créer l'Europe de la Paix sans l'Allemagne tout en la controlant car, ne l'oublions pas, l'Europe de la Paix doit être créée pour se protéger du retour à une histoire "boche".  Pour celles et ceux qui pourraient penser que j'y ai été "fort", comment justifier une politique de paupérisation qui a mené des millions d'européens à la pauvreté voire à la pauvreté absolue ? Comment justifier les insultes employées par certains "politiques" allemands envers des peuples Européens ? Insultes identiques à celles employées par l'allemagne nazie ? Je répète que mes propos ne s'adressent pas au Peuple Allemand ni à l'ensemble des politiques allemands mais bien à la descendance politique nazie qu'elle soit allemande, belge, française ou autres. Etant Belge, nous avons eu et avons encore, nous aussi, notre lot de nazis.

Si je comprends que ces mots puissent géner, je pense qu'il nous faut toujours être des plus vigilants et des plus intolérants avec ces faits.

N'oubliez pas que nous entrons dans une pahse de "révolution SOCIOECOPOFI" comme déjà connue dans l'histoire comme fin des années 20. L'influence des innovations informatiques et autres, si elles créeront un "nouveau monde" à terme, vont déstabiliser totalement les paradigmes actuels. C'est bien dans cette prériode qu'il faut A TOUT PRIX maintenir un niveau de vie des Peuples afin que ces derniers ne soient pas tentés par les extrêmes qui ne vivent que de la paupérisation et des peurs. L'économie est avant tout humaine, l'oublier en faveur d'une économie financière a toujours mené aux guerres. C'est pourquoi nous devons maintenir, entre le moment de la mise place des révolutions industrielles et les effets positifs de leur généralisation et de leur "maturité", le pouvoir d'achat de la majorité. Paradoxalement, cette réalité est assez simple à mettre en place et à valoriser si l'on accepte de revoir certains dogmes passés et actuels concernant le temps de travail, la rente universelle (quelle différence entre une rente universelle et le principe de multiples défiscalisations chargées de maintenir les ressources de quelques uns au détriment de l'ensemble et autres "stupidités SOCIOECOPOFI" mises à la charge de tous pour favoriser la minorité qui corrompt ?) etc.. pendant la période de déstabilisation économique.

C'est pourquoi, il nous faut "foutre en l'air" cette europe.

Cette europe n'est pas l'Europe de la Paix.

Cette europe est l'europe des lobbies et l'histoire a montré et démontré que cela se terminait toujours très mal.

Il nous faut "casser" cette europe pour mieux imposer sa reconstruction Humaine et Humaniste.

"Si les vivants ferment les yeux des morts, le temps n’est-il pas venu que les morts ouvrent les yeux des vivants"

Vaclav Havel : « La sauvegarde de notre monde humain n’est nulle part ailleurs que dans le cœur humain, la pensée humaine, l’humilité humaine, la responsabilité humaine. Sans révolution globale dans la sphère de la conscience humaine, rien ne peut changer positivement, même dans la sphère de l’existence humaine, et la marche de notre monde vers la catastrophe écologique, sociale, démographique ou culturelle, est irréversible"


Aymeric Jung : "Comme l’écrivait justement l’auteur de Big Brother “à une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire”."


Une hausse de l'euro nuirait à l'Allemagne
Il serait donc (enfin) temps d'investir dans la zone euro afin de faire repartir l'activité, invective les économistes de l'OFCE. Et pour convaincre l'Allemagne, en plus d'avancer le risque d'explosion de la zone euro tant la situation devient intenable pour certains pays, l'IAGS avance un second argument : celui de voir les excédents allemands perdre de leur valeur une fois que les politiques d'assouplissement monétaire de la BCE seront épuisées, car l'euro s'appréciera. Ainsi, au plus tard en 2017, l'OFCE prévoit « une appréciation du taux de change de 25 % de 1,30 à 1,40 dollar l'euro ». Ce qui aura un effet négatif sur la valeur des actifs accumulés hors zone euro par l'Allemagne ces dernières années.
De quoi, espère l'OFCE, persuader Berlin de réinvestir ses excédents dans la zone euro, et plus globalement de « remédier au problème de gestion macroéconomique de la zone euro », explique Xavier Timbeau.
Relancer (vraiment) l'investissement
L'OFCE milite surtout pour aller plus loin que le seul « Plan Juncker » en Europe, que Xavier Timbeau apparente à une recapitalisation à hauteur de 21 milliards d'euros de la Banque européenne d'investissement (BEI), laquelle l'a déjà été en 2012 de 60 milliards d'euros, ainsi qu'en 2005 de 67 milliards d'euros, « sans que cela n'ait un impact significatif sur l'investissement », constate-t-il. Il prône plutôt « une gestion active de la demande » par l'investissement afin d'enclencher un cercle vertueux à l'intérieur de la zone euro, et qui n'oublierait pas le risque de hausse des inégalités.
Car l'addition des individus au chômage, de ceux voulant un travail mais n'en cherchant plus, et des personnes en situation de sous-emploi, atteint environ 23 % de la population active de la zone euro, selon les chiffres recoupés par l'OFCE. L'investissement social, notamment dans l'éducation, ne pourra donc être délaissé. Sous peine de laisser aux générations futures un héritage bien médiocre. ou la guerre."

Commentaire : Si parfois mes commentaires vous choquent, je tiens à vous présenter mes excuses . Cela est du au fait que mes analyses se basant à la fois sur les enseignements du passé et sur la prospective me font toucher (peut-être à tort) des évidences qui parfois sont des plus négatives. Pour celles et ceux que je choque, j'espère qu'elles et qu'ils ne retiennent que la pertinence de mes propos. Pertinence qui ne se juge que dans le temps et non dans l'instant moutonnier de la publication. Si pendant des années, j'ai opté volontairement pour être et rester dans le système du "bien penser" et de l'anonymat, je pense que les dérives de l'europe allemande, du monde financier etc... implique de dire, au risque de se tromper, nos réalités. Dans tous les cas, le temps est notre seul juge. Avec le temps, comment jugez-vous le bien fondé (ou non) de mes propos ? Excellent week-end. A ce stade, j'ose écrire "avec toute mon amitié".

Dans "Trends Tendances" Belgique du 8 décembre 2015 Article intitulé : Le dangereux point commun entre Volkswagen, la Commission et... Staline

" La rédaction du Monde diplomatique (1) a osé établir une comparaison plutôt lourde de sens. Elle a osé comparer la Commission européenne, basée à Bruxelles, avec Joseph Staline !
La comparaison n'est pas très flatteuse. Staline est connu pour ses méfaits bien entendu, mais également pour son art de mettre en place une économie totalement fictive, sans même parler de statistiques truquées. comme dans le monde financier
Toute la rhétorique de Staline a consisté à montrer son pays sous un meilleur jour qu'il ne l'était en réalité. C'est pourquoi il avait besoin de créer des héros fictifs, comme Alexis Stakhanov dont les exploits au travail sont tellement connus qu'ils ont donné lieu à l'expression 'stakhanoviste' pour désigner quelqu'un qui se tue au travail ! Comme le rappelle Le Monde diplomatique, toute cette histoire était fausse, ce n'était qu'une pure invention de la machine de propagande stalinienne.
A l'époque, tout le monde avait peur de Staline et de son régime répressif, par conséquent l'économie soviétique était un vaste mensonge. De l'ouvrier jusqu'au directeur d'usine, tout le monde mentait sur la qualité, la quantité, la fiabilité, le rendement, etc. comme le monde financier actuellement et le monde de la fictivité boursière C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui en 2015, personne ne prendrait pour exemple un système économique basé sur la peur et les mensonges statistiques. hormis dans le monde financier ou le mensonge, la délation et le copinage reste la règle.
Chez nous, ce qui guide nos économies, ce sont en principe les règles de la science économique et non pas la peur d'un méchant Staline. Or, c'est là que la comparaison du Monde diplomatique devient intéressante et fait réfléchir. La situation de Volkswagen n'est pas comparable, direz-vous. Pourtant des témoignages recueillis par le journal Le Monde auprès des cadres du siège allemand de VW montrent que l'irrationalité managériale peut aussi exister dans d'autres pays que l'URSS.
Le dangereux point commun entre Volkswagen, la Commission et... Staline
En effet, selon ces témoignages, "on donnait dans ce groupe des instructions sur des objectifs et personne n'osait dire que ce n'était tout simplement pas possible, pas faisable techniquement". Tout comme en Bourse actuellement Un patron allemand affirme même que "les porteurs de mauvaises nouvelles sont guillotinés, même s'ils ne sont pas responsables". Autrement dit, cette habitude du déni de la réalité serait en partie à l'origine du dérapage que tout le monde connaît aujourd'hui.
La Commission européenne joue hélas également la carte du déni. En effet, elle supprime les problèmes qu'elle ne peut pas résoudre. Elle devait imposer en 2017 des tests de pollution sur la route, plutôt qu'en laboratoire. Le problème, c'est qu'aucun constructeur européen n'aurait réussi ces nouveaux tests. Tout comme les performances boursières présentées aux clients et les commentaires quotidiens boursiers qui relèvent du "foutage de gueule" comme dirait Corinne LEPAGE Donc, sous l'influence des lobbys européens, la Commission a décidé en plein mois d'octobre de relever le seuil d'émission des oxydes d'azote de 110%. et la commission est honnête...en fait ce n'est qu'une commission de guignols qui se vendent au plus offrant. Même un journal économique très libéral comme le Financial Times a rappelé que "ces polluants tuent - le nombre de décès imputés aux émissions de moteur diesel dépasse largement celui des tués sur la route." Selon le Financial Times, "on peut interpréter cette nouvelle réglementation technique de l'Union européenne comme la décision de tuer plusieurs milliers de personnes."
Voilà pourquoi certains n'hésitent pas à comparer Bruxelles et ses rouages technocratiques à Staline. C'est choquant et exagéré, mais cela a le mérite de faire réfléchir ! Pourquoi choquant et exagéré puisque c'est la réalité ? Cette Europe qui aurait du être l'Europe de la Paix est devenue une europe de la magouille et de la corruption. Il faut y mettre fin, virer les politicards verreux actuels pour mieux bâtir l'Europe de la Paix.

Souvenez-vous : (1)Stakhanov chez Volkswagen, Le Monde diplomatique, Décembre 2015

Souvenez-vous :

Sébastien Buron dans "Trends Tendances" Belgique du 25 février 2015 Article intitulé : "Les inégalités entre riches et pauvres ne font pas partie du mandat de la BCE"

" Rue de la Loi, numéro 223, à Bruxelles. C'est là, au cinquième d'un immeuble situé à deux pas du rond-point Schuman, dans une petite salle de réunion d'un bureau de représentation de la BCE, que Peter Praet, économiste en chef de l'institution de Francfort, nous a reçus pour un de ses rares entretiens avec la presse belge. En exclusivité pour les lecteurs de Trends-Tendances, il parle de l'avenir de la zone euro et revient sur la décision de la gardienne de l'euro de lancer un quantitative easing (QE) à l'européenne, en français un assouplissement monétaire.
TRENDS-TENDANCES:. Ce QE, était-ce la seule option valable pour lutter contre les menaces déflationnistes ?
PETER PRAET: Il faut non seulement replacer la décision dans le contexte des mesures non conventionnelles prises au cours des dernières années mais aussi au regard de la situation économique qui prévalait depuis le printemps 2014, en avril-mai. La croissance dans la zone euro commençait alors à ralentir. J'ai d'ailleurs dit publiquement la chose suivante : the economy is losing momentum at an early stage of a weak and fragile recovery (l'économie s'essouffle au commencement d'une reprise faible et fragile, Ndlr). C'est à ce moment-là que nous avons décidé de venir avec de nouvelles mesures, dont le premier TLTRO (targeted longer-term refinancing operations, Ndlr). Mais nous nous sommes rendu compte que le crédit via le canal des banques ne redémarrait pas vraiment. Or, quand les taux sont négatifs, que vous avez mis en oeuvre un certain nombre de mesures de politique monétaire sans l'effet escompté, il est alors logique d'acheter directement des obligations sur le marché. C'était en octobre dernier, nous avons alors commencé à songer à aller plus loin.
La mesure n'arrive-t-elle pas trop tard ?
Certains disent effectivement que nous arrivons un peu tard. D'autres pensent le contraire. Mais il faut bien comprendre une chose : la discussion autour du QE n'a pas été simple, en raison notamment de la dimension politique liée à la mutualisation des risques, le loss sharing. Certains membres du conseil se sont montrés réticents, considérant que le moment n'était pas venu d'utiliser cet instrument de politique monétaire non-conventionnelle. Cela a été très difficile pour eux d'accepter le QE. Nous avons essayé d'évacuer ce problème politique de loss sharing, qui assume les pertes en cas de défaut d'un pays, en nous concentrant uniquement sur les questions d'ordre monétaire, c'est-à-dire tout faire pour stimuler l'inflation et relancer l'économie. Ne polluons pas le débat monétaire par ces questions de loss sharing : finalement, c'est comme cela que nous avons pris la décision. Et les marchés ont bien réagi.

La politique monétaire accommodante creuse les inégalités entre riches et pauvres. Tenez-vous compte de cet aspect des choses dans vos décisions ?

Non. Pour la simple raison que cela ne fait pas partie du mandat de la BCE. Cela peut paraître bureaucratique comme réponse, mais c'est une réponse très importante.

 

Oui, effectivement, cette réponse est très importante car elle et totalement délirante, édifiante et révoltante.

 

En clair, il dit moi je m'occupe de mes chiffres et les conséquences humaines ne relèvent pas de mon mandat...par contre il est payé comme tous les fonctionnaires européens des salaires de dingues avec des avantages hors toutes normes connues, le tout à la charge des Humains qui l'ont à charge, c'est à dire des Peuples Européens qu'il paupérise volontairement. Il flingue et il touche. Cool non ?

 

Je propose aux paupérisés des Peuples Belges de s'inviter chez lui pour manger et boire une bonne bière. Il vous doit bien cela et vu le nombre vous aurez droit à des billet SNCB à prix réduit "Spéciale groupe". En fait de groupe, ce seront des trains spéciaux.

 

Qui est encore pour l'europe allemande ?

 

A vous entendre, vous êtes partisan d'un impôt sur la fortune...
Non, je n'ai pas dit cela. Je dis simplement que je reconnais le problème. Mais taxer la fortune ou pas est un choix politique. Toute politique monétaire à un impact sur l'épargnant. Lorsque vous achetez des obligations d'Etat, ce que nous faisons avec le QE, ce n'est pas à l'avantage de ceux qui ont des dépôts d'épargne. D'un autre côté, si nous tombons en récession, ces inégalités vont empirer. Bref, il revient au monde politique de se pencher sur cette question des inégalités. C'est sa responsabilité. Ce n'est pas du ressort d'une banque centrale. Il appartient aux gouvernements de prendre les mesures pour corriger ces inégalités s'ils estiment nécessaire de le faire.
Retrouvez l'intégralité de cette interview exclusive dans le Trends-Tendances à paraître ce jeudi 26 février 2015.

 

Souvenez-vous :

Romaric Godin dans "la Tribune" du 22 décembre 2014 Article intitulé : Quand la BCE dictait à l'Espagne sa politique économique...

" La BCE évolue progressivement vers un peu plus de transparence. On sait qu'à partir du 22 janvier, elle publiera désormais, comme la plupart des grandes banques centrales, un résumé des débats au sein du conseil des gouverneurs. Mais un des points sur laquelle l'institution était attendue, c'était son rôle exact dans l'imposition des politiques d'austérité en 2010-2011 à plusieurs pays de la zone euro. Même si la BCE refuse toujours de collaborer avec la commission d'enquête parlementaire irlandaise sur la crise, la BCE semble aussi avancer très doucement sur ce point. Comment est-ce possible ? Comment est-ce acceptable ?
Une lettre de la BCE rendue publique
Le mois dernier, la banque centrale avait ainsi publié l'échange de lettres de novembre 2010 entre son président d'alors, Jean-Claude Trichet et le ministre des Finances irlandais à la même période, Brian Lenihan. On y apprenait officiellement que l'institution de Francfort avait soumis le maintien de l'aide à la liquidité d'urgence du système bancaire irlandais à l'acceptation des conditions du « sauvetage » du pays par l'UE et le FMI. Chantage or not ? Est-ce cela l'Europe de la Paix ? Vendredi, la BCE a fait un pas supplémentaire. L'institution a déclassifié l'échange de lettres datant d'août 2011 entre la BCE et le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero. Depuis trois ans et demi, un avocat espagnol, Isaac Ibañez, cherchait à obtenir cette publication. La BCE demeure cependant très mal à l'aise vis-à-vis de ces lettres qu'il est fort difficile de trouver sur son site. La lettre de la BCE du 5 août, signée de Jean-Claude Trichet, alors en fin de mandat à Francfort, et du président de la banque d'Espagne, Miguel Fernandez Ordoñez, avait déjà été rendue publique voici un an par l'ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, en annexe dans son livre "Le Dilemme". Mais la BCE avait toujours refusé de confirmer l'existence de cette lettre. C'est finalement chose faite. BCE qui magouille...
Août 2011 : les marchés attaquent l'Espagne
Rappelons le contexte. Un an après le début de la crise grecque et le « sauvetage » de l'Irlande et du Portugal, l'été 2011 connaît une nouvelle flambée de panique sur les marchés. Cette fois, c'est l'Italie, la France et surtout l'Espagne qui sont dans le viseur des marchés. La BCE envoie alors cette lettre au chef du gouvernement de Madrid pour lui demander de prendre des mesures capables de « restaurer la crédibilité de la signature espagnole sur les marchés des capitaux. » La BCE détaille alors ces mesures sur trois pages. On est surpris du détail des demandes contenues dans cette missive.
Le « programme économique » de la BCE
La BCE réclame notamment une réforme en profondeur du marché du travail, comprenant une priorité aux accords salariaux au niveau de l'entreprise et non plus de la branche, la fin des clauses d'ajustement des salaires sur l'inflation, la « revue » des autres régulations sur le marché du travail et, pour finir, la BCE estime que le gouvernement « devrait prendre des actions exceptionnelles pour encourager la modération salariale. » Sur le plan budgétaire, la BCE « exhorte le gouvernement d'annoncer dès ce mois-ci des mesures de consolidation budgétaires structurelles additionnelles. » Enfin, la BCE demande de mettre en place plus de concurrence dans l'énergie et dans le secteur des services.
La réaction de José Luis Zapatero
Clairement, la BCE a donc demandé une austérité plus sévère encore que celle qu'a alors commencé à mettre en place José Luis Zapatero. Ce dernier a refusé et s'en est ensuite vanté dans son ouvrage. De son côté, Jean-Claude Trichet, dans une interview à El Pais, a toujours souligné qu'il n'avait rien ordonné au gouvernement de Madrid, ni rien négocié avec lui. Décidemment, encore un mensonge d'un fonctionnaire français. Mais les choses ne sont pas si simples. D'abord, dans sa lettre du 6 août, José Luis Zapatero répond à la BCE qu'il entend « convoquer deux conseils des ministres extraordinaires pour prendre des mesures supplémentaires. » Ces mesures ne seront pas celles réclamées par la BCE, cependant. Mais durant le mois d'août, les deux grands partis espagnols de l'époque, les Socialistes du PSOE et les Conservateurs du PP se mettent d'accord pour intégrer la règle d'or budgétaire dans la constitution. Ce sera chose faite le 23 août.
La BCE agit, mais pas à la demande de Madrid
Dans sa réponse du 6 août, José Luis Zapatero réclame l'action de la BCE pour réduire la prime de risque sur les taux espagnols. Le 7, la BCE décide de relancer son programme « SMP » (Securities Market Programme) qui lui permet d'intervenir sur les marchés souverains. Faut-il y voir un effet de la bienveillance de la BCE vis-à-vis de l'Espagne, d'une « chance » qui a été donnée par Francfort au Royaume ? Pas vraiment. Compte tenu de la situation en ce début août 2011, la BCE n'avait pas le choix. L'Espagne n'est pas l'Irlande : il est impossible d'exercer la même pression sur ce pays que celle que l'on avait exercé sur l'île verte en novembre 2010. Si les écarts de taux (« spreads ») continuaient à se creuser, l'existence de la zone euro serait devenue problématique. La BCE a donc relancé le programme SMP parce que les événements la contraignaient à agir sans attendre la réponse de Madrid. Déjà, la France menaçait alors d'être attaquée.
A la différence du cas irlandais, et plus tard, du cas chypriote, il n'y a donc pas eu de « chantage » de la BCE donc la BCE a pratiqué le chantage....Europe de la Paix ou europe allemande ? Qui vote pour le maintien de ce type d'europe ?  envers Madrid, mais seulement ce que l'on pourrait appeler une « tentative d'intimidation. » Il n'y a pas, comme en Irlande, de « condition » à l'action de la BCE qui, du reste, n'est pas évoqué. C'est simplement des recommandations insistantes. Il n'empêche, les recommandations de cette lettre apparaissent comme une annonce de la politique qui sera menée par Mariano Rajoy à partir de sa victoire du 20 novembre 2011 et qui conduira le pays dans une cure d'austérité particulièrement sévère et dans une récession longue et profonde.
L'aveuglement de la BCE
Le principal enseignement de cette lettre, c'est l'aveuglement de la BCE à cette époque. La Banque centrale a alors profondément sous-estimé les conséquences de l'austérité et des « réformes » sur l'économie de la zone euro. Comment pourrait-elle avoir "sous-estimé" ? Ce n'est pas crédible. Et si les fonctionnaires avaient tout simplement été "lobbyisés" ? Il convient de ne pas oublier, du reste, que la BCE n'était pas, à l'époque, exempte de tout reproche sur les événements de cet été 2011. Le 7 juillet 2011, Jean-Claude Trichet annonçait ainsi une hausse de son taux directeur de 0,25 point à 1,5 % et une hausse du taux de la facilité de dépôt d'autant à 0,75%. La crise de l'été 2011 ne fera pas bouger la BCE et il faudra attendre le 3 novembre 2011 et l'arrivée de Mario Draghi pour que le taux directeur revienne à 1,25 %. Ce durcissement monétaire en pleine crise a été un signal très négatif envoyé aux marchés et à l'économie européenne déjà soumise à une vague d'austérité. La demande de Francfort de renforcer cette austérité relève une incompréhension incompréhension...MDR  complète de la situation et des conséquences à moyen terme de cette politique.
Un programme SMP peu efficace
Certes, la BCE a réagi avec le programme SMP. Mais là encore, il s'agissait d'une mesure de peu d'envergure, capable de calmer une poussée de fièvre, mais pas la crise en soi. D'ailleurs, ce programme devait être « stérilisé », autrement dit, ne devait pas donner lieu à de la création monétaire. Plus que la crise, la BCE restait alors obsédée par l'inflation, ne comprenant pas les effets déflationnistes des politiques menées. La crise ne s'est donc pas réellement apaisée, faute de vraie action de la BCE et d'une politique récessive de la part des Etats « à l'invitation » de la BCE.  Mario Draghi a donc dû réorienter la politique de la BCE. En rebaissant les taux, puis en lançant une première opération de prêt à long terme (LTRO) avant de devoir, à l'été 2012, après le fameux « quoi qu'il en coûte » ( « Whatever it takes ! »), sortir le programme OMT, ce programme de rachat illimité jamais utilisé, mais qui a été assez dissuasif pour apaiser les marchés. Mais si la crise financière a été réglée, la crise économique et ses conséquences politiques restent vivaces.
L'ignorance des conséquences politiques
En voulant imposer un programme « standard » à José Luis Zapatero, Jean-Claude Trichet a aussi montré qu'il n'a pas su mesurer ces conséquences politiques. Mettre d'accord les deux grands partis sur une politique d'austérité « sans alternatives » conduit à une exaspération démocratique et à la recherche de « solutions » par les électeurs. Pourquoi voter en 2015 pour le PSOE qui a défendu la même politique que Mariano Rajoy auparavant ? En Espagne, c'est le mouvement issu du mouvement des Indignés, Podemos, qui profite de cette erreur et est actuellement en tête dans les sondages. L'an prochain, l'Espagne pourrait être ingouvernable. Ce sera le fruit des politiques proposées en 2011 par la BCE...

L’Expansion.com/Laurent Martinet  dans "Trends Tendances" du 10 janvier 2014 Article intitulé : Faut-il brûler la BCE?

"Jean-François Bouchard, cadre dirigeant de la Banque de France chargé de préparer l'Union bancaire avec la Banque centrale européenne, fait le procès d'une institution aussi puissante que méconnue. En mal de leadership, l'Europe? Elle a pourtant un maître, qu'elle connaît bien mal, selon Jean-François Bouchard, cadre dirigeant de la Banque de France, actuellement chargé de préparer l'Union bancaire européenne. Dans L'Empereur illicite de l'Europe - Enquête sur les dessous de la BCE (Max Milo), il fait le procès d'une institution méconnue, qui concentre de plus en plus de pouvoirs sans en répondre à quiconque. Comment est-ce possible en démocratie ? La Banque centrale européenne (BCE), prévue par le traité de Maastricht en 1992, a été instituée en 1998. Elle est chargée d'émettre l'euro comme monnaie commune et unique, de lutter contre l'inflation et de veiller sur la stabilité des prix dans les 18 pays de la zone euro. Les traités européens garantissent son indépendance vis-à-vis des Etats, qui n'ont pas le droit d'intervenir sur ses orientations. A quoi servent encore les Etats nationaux ? Son siège est à Francfort, en Allemagne. Ou les liens avec l'état allemand... Elle va devenir responsable à l'automne 2014 de la tutelle des banques européennes dans le cadre de l'Union bancaire. L'italien Goldman Sachs Mario Draghi, son directeur depuis 2011, joue à l'oracle oracle ou vérole ? économique de l'Europe dans ses points de presse mensuels, dans lesquels il donne l'avis de la BCE avis de la BCE ou son avis de "Golman sachs" ? sur la conjoncture et fait part des décisions du Conseil des gouverneurs des banques centrales sur les taux auxquels la BCE prête de l'argent aux banques européennes. La BCE a baissé son taux directeur de 0,5% à 0,25% en novembre dernier, plus bas historique pour soutenir une activité qui peine à reprendre en zone euro. Ne savait-il pas que cet argent risquait d'être "détourné" par les banques. Aurait-il fait un cadeau aux banques ? Le point presse prévu aujourd'hui devrait confirmer la tendance à fournir de l'argent bon marché, car l'inflation n'a atteint en décembre que 0,8%. Alors que la BCE vise un taux légèrement inférieur à 2%, normal pour une économie en croissance. Jean-François Bouchard reconnaît à la BCE une grande réussite. Sous la direction de Jean-Claude Trichet (2003 - 2011), elle est parvenue à mettre un terme à la spéculation financière contre les Etats européens mis en difficulté par la crise des subprimes. Dès 2008, elle prête aux banques privées des montants illimités pour des durées de plus en longues avec ses programmes LTRO (Long Term Refinancing Operations). Mais elle se permet aussi d'agir contrairement à ses statuts. L'article 123 du Traité européen lui interdit en effet "d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres". La BCE s'est pourtant permise, au grand dam de l'Allemagne, de lancer en mai 2010 le programme SMP (Securities Market Program) pour racheter au total 210 milliards de titres souverains pourris à la Grèce, à l'Italie, à l'Espagne, au Portugal et à l'Irlande. L'Allemagne, 28% du PIB de la zone euro, désapprouve ce financement d'Etats au bord de la faillite, mais elle n'a théoriquement pas plus de pouvoir au sein de la BCE que les autres membres. En septembre 2012, sous la présidence Draghi, la BCE annonce la mise en oeuvre du programme OMT (Outright monetary transactions) pour racheter sans limite de montant tous les titres souverains des Etats en difficulté, s'ils ont moins de trois ans. Permettant ainsi le financement illimité des Etats. Seul le représentant allemand vote contre. Mais l'annonce de ce nouveau programme suffit à décourager les spéculateurs. Chapeau bas de l'auteur à Mario Draghi, malgré son passé pourquoi passé ? sulfureux de banquier d'affaires chez Goldman Sachs. "Il a agi en banquier et non en juriste". Comment est-ce possible de ne pas respecter le droit ? Effectivement, il a agi en banquier... Il a submergé les marchés de liquidités (comme Greenspan que peu de personnes osaient "toucher") et provoqué la prochaine crise qui va encore plus mettre à mal les Etats et les Peuples en état de dépendance. Les Etats et les Peuples sont désormais les manoeuvres (mis au pas et fliqués) de la réalisation de chiffres comptables (sans aucune valeur) à un instant donné. Chiffres qui, bien que n'ayant aucune valeur, sont les objectifs qui sont assignés aux Etats et aux Peuples par des autorités supra-étatiques qui ne respectent aucune règle de droit quand cela les arrange.  Voilà le temps du procès. Pour prix de l'argent prêté, la BCE, au sein de la troïka qu'elle compose avec la Commission européenne et le FMI, a pris le pourvoir sur l'économie des pays qu'elle avait sauvé. Elle n'a sauvé personne, elle a asservi volontairement les pays qu'elle a mis à mal tout aussi volontairement. Pourquoi ne pas mettre les Fonds de Stabilisation Boursier nationaux en place alors que nous allons entre en cycle de bulle ?  Combien de personnes ont réellement eu les 18% de hausse du CAC annoncé par les médias à grand renfort de "unes" ?  Comment expliquer les silences de l'AMF sur cette désinformation qui sert à la pratique de l'abus de confiance et à l'escroquerie des porteurs de parts ? Elle leur a imposé une austérité mortifère, qui n'a fait que les engluer dans leur crise. Oubliant la leçon de l'économiste Irving Fisher, spécialiste de la crise de 1929, qui a démontré que la réduction des salaires faisait se contracter les revenus d'un pays: "Malgré son austérité de meurt-de-faim, la Grèce en est à la quatrième restructuration de sa dette et ne s'est pas desendettée d'un seul euro. Même chose pour le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne." En effet, en visant la compétitivité, la BCE a parié sur le chômage pour faire baisser les prix et les salaires. Sans que l'économie redémarre pour autant. Avec, pour conséquence en Grèce un taux de suicide qui a bondi de 26% en 2011, et si les suicidés faisaient acte d'utilité publique en venant faire un petit tour à Bruxelles pour faire un petit nettoyage avant de se suicider eux ?  un record historique. Circonstance aggravante, la BCE n'a jamais reconnu son erreur, contrairement au FMI.
Pourquoi la BCE a-t-elle choisi cette méthode, qui avait la faveur de l'Allemagne la BCE qui est en allemagne serait-elle allemande ?, pour laquelle l'inflation reste le plus grand risque économique Selon Jean-François Bouchard, c'est parce qu'elle a été fondée sur le principe de la Bundesbank, et que ses statuts lui fixent comme but principal la lutte contre l'inflation. En fait, Herr Draghi de Goldman Sach est un .... Relancer la croissance et l'emploi, la BCE ne sait pas faire faux, elle ne veut pas le faire, contrairement à la Fed américaine. Il y a plus grave. Le peuple n'a jamais eu voix au chapitre dans les choix économiques qui ont été faits. Dans l'europe allemande, le peuple ferme sa gueule ou est déporté en chômeur sans ressource. Dans l'europe allemande, il est normal que le peuple vive avec le moins possible pour assurer la compétitivité de l'imbécilité financière et des lobbies qui "conseillent" les politiques dans la mise au pas des Peuples et des Etats. Dans l'europe allemande.... Qui veut de cette europe "boche" financière ? Je rappelle que mes propos ne touche pas le Peuple allemand mais les politiques allemands et les collabos dans la mise en place de ce système où les peuples ne sont plus que des pantins à disposition. Comme l'on dit certains politiques allemands il y a quelques mois, des sous hommes.   Mais qui pourrait contrôler la BCE? Les gouvernements? Discrédités par leur manque d'engagement européen, ils ont leur part de responsabilité dans les crises qui ont frappé leurs pays. La Commission? Jean-François Bouchard la juge incompétente. Le Parlement européen? Il n'a pas de pouvoir. Il ne reste que la BCE, qui "est devenue le seul réceptable possible des espoirs des Européens pour extraire leur prospérité de la voie de garage sur laquelle elle stationne depuis 2008". A condition de mettre fin à son irresponsabilité en "soumettant périodiquement son bilan au jugement des citoyens." Impossible, pour l'instant.  Jean-François Bouchard propose même "d'élire au suffrage universel son président et ses principaux responsables". Plus sérieusement, il remet en cause le dogme selon lequel "une banque centrale doit être une banque centrale, c'est à dire une institution indépendante des Etats, qui ne subit pas l'influence du peuple". La BCE "responsable" de Jean-François Bouchard se verrait ainsi fixer "des objectifs citoyens en termes de croissance et de chômage", et pourrait même devenir officiellement "un centre de financement des dettes souveraines", rôle qu'elle n'a fait que jouer en corsaire jusqu'a présent. Elle confisquerait aussi à la Commission le contrôle du budget des Etats.
Sinon? L'Europe peut trembler. A grand renfort de parallèles historiques avec la Grande-Bretagne du 13e siècle ou l'Allemagne des années 30, Jean-François Bouchard prévoit une grande révolte populaire contre les institutions européennes, dont elles ne sortiraient pas indemnes. Des scénarios de sortie de l'euro sont échafaudés pour différents pays, la France ne s'en tirant pas si mal. L'empereur, qu'il faut rendre démocratique, serait donc le seul recours de la construction européenne. On voit mal pourtant comment il pourrait rendre compte directement au peuple sans passer par une de ces institutions décriées: Commission ou Parlement."

 

Michel Santi, économiste, dans  « La Tribune  » du 13 mars 2013
Article intitulé : "L'indépendance de la BCE n'est qu'allégeance au système bancaire"
« Michel Santi est l'auteur de "Splendeurs et misères du libéralisme", ouvrage dans lequel il s'interroge sur les raisons de la crise qui secoue l'Europe. Dans cette chronique, il considère que l'indépendance de la Banque centrale européenne a eu pour conséquence de retirer aux États la pleine maîtrise de leurs finances publiques en les obligeant à se financer auprès des banques. Selon lui, la "sacro-sainte" stabilité des prix est assurée au détriment de la stabilité macro-économique.  Quand comprendra-t-on enfin que les déboires européens actuels ne sont en rien dus aux endettements publics ? Pourquoi l'orthodoxie, la pensée dominante, l'écrasante majorité des économistes, comme les dirigeants politiques (qui n'y comprennent pas grand-chose), s'obstinent-ils à considérer cette crise comme celle des « dettes souveraines » européennes ? Un petit rappel historique serait à cet égard éclairant. D'Histoire de France en l'occurrence, car c'est une loi française du début des années 70 qui devait consacrer cette orthodoxie financière - et figer dans le marbre la sacro-saint indépendance des banques centrales -, responsable des ravages actuels de l'Union européenne. »

Dans "La Tribune" du 8 décembre 2015 Article intitulé : Grèce : Alexis Tsipras ne veut plus de l'argent du FMI ah s'il n'avait pas collaboré..... La Grèce aurait pu être l'exemple à suivre pour les pays européens mis à mal par les décisions politiques achetées par les lobbies. Tsipras est tombé sous le bleuf allemand comme l'on signalé en rigolant les politiques allemands. A ce niveau, allemands ou boches ? Se taire jusqu'à où, jusqu'à quand ?

" Pour le premier ministre grec, le soutien du FMI n'est ni constructif ni nécessaire... Le Premier ministre grec s'interroge sur la nécessité d'un financement en provenance du Fonds monétaire international. Il juge que les besoins en financement de la Grèce sont désormais moindres. Il s'inquiète également des exigences de réformes particulièrement élevées de l'institution.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a jugé lundi qu'il n'était "pas nécessaire" que le Fonds monétaire international participe au plan de sauvetage financier du pays au côté de l'UE, vu les besoins réduits de financement et sa position "non constructive".
"J'ai l'impression que le financement du FMI n'est pas nécessaire" à ce plan de sauvetage, conclu le 13 juillet dernier mais auquel le FMI a réservé jusque là sa participation, a affirmé M. Tsipras lors d'une interview sur la télé publique Et1.
Les banques grecques ont demandé moins que prévu
Ce plan a été conclu pour une enveloppe totale de 86 milliards d'euros sur trois ans, mais il incluait une enveloppe de 25 milliards pour la recapitalisation du système bancaire grec, qui n'a finalement requis que 5,7 milliards, et "il y a donc besoin de moins d'argent", a affirmé M. Tsipras.
En outre, "la position du FMI n'est pas constructive", a ajouté le dirigeant de gauche, reprochant à l'institution financière de demander l'inacceptable à la fois aux Grecs et à l'UE, aux uns les "réformes les plus dures" et à l'autre des garanties pour la viabilité de la dette grecque.
En vue d'une participation, "le FMI doit décider s'il veut un compromis et s'il ne le veut pas il doit le dire officiellement", a ajouté le Premier ministre.
Le Fonds avait annoncé qu'il pourrait décider en janvier de sa participation aux prêts à la Grèce, actuellement entièrement financés par les Européens. Le Fonds a participé aux deux précédents plans de sauvetage financier de la Grèce mais réclame cette fois des engagements suffisants d'Athènes sur les réformes et de Bruxelles sur un allégement de la dette du pays.
Le quartet de retour à Athènes
M. Tsipras a fait cette déclaration à la veille du retour à Athènes du "quartet" représentant les créanciers, Declan Costello, de la Commission européenne, Rasmus Rüffer, de la Banque centrale européenne (BCE), Nicola Giammarioli, du Mécanisme européen de stabilité (MES), et Delia Velculescu, du FMI.
Cette mission doit superviser le lancement d'un nouveau train de mesures, notamment d'accélération des privatisations et de règlements des dettes des entreprises, que le gouvernement s'est engagé à faire voter vers la mi-décembre pour décrocher une nouvelle tranche de prêts d'un montant de 1 milliard d'euros.
(Avec AFP)

Dans "Trends tendances" Belgique du 25 novembre 2015 Article intitulé : Japon: + 3 % chaque année pour le salaire minimum afin de relancer l'économie

" Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré mardi soir qu'une augmentation annuelle de 3% des salaires de base était nécessaire pour relancer une économie essoufflée, selon les propos rapportés par les médias.
 "Il faut faire en sorte que le salaire minimum progresse de 3% chaque année", a déclaré M. Abe au cours d'une réunion sur l'économie nationale.
Le salaire minimum n'est pas uniformisé à l'échelle nationale au Japon, mais il est en moyenne de 798 yens (6,10 euros) par heure, un montant que le Premier ministre veut voir grimper à 1.000 yens à moyen terme, soit dans une dizaine d'années selon le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari.

Cette volonté est un élément de la stratégie de M. Abe pour que soit réalisée l'ambition affichée dernièrement d'élever le produit intérieur brut du Japon à 600.000 milliards de yens à l'horizon 2020, ce qui signifie qu'une croissance nominale de 3% par an est nécessaire.
Le Premier ministre souhaite que soit améliorée la compétitivité des petites et moyennes entreprises qu'il a promis d'aider en ce sens, mais ces dernières jugent en l'état difficile d'élever davantage les rémunérations puisqu'elles subissent aussi la pression de leurs clients qui réclament des baisses de prix.
M. Abe promet en échange aux entreprises d'accentuer la réduction des impôts déjà amorcée pour placer les sociétés japonaises sur un pied d'égalité avec des rivales à l'étranger dont l'imposition est souvent moins élevée.
Le Japon est retombé en récession au troisième trimestre, à cause notamment d'une baisse des investissements des entreprises.
Leur rôle est crucial pour redonner du tonus à l'économie par l'amplification de leur activité mais aussi à travers les rétributions de leurs salariés puisque la consommation des ménages représente en gros 60% du PIB.

Dans "Trends Tenadances" Belgique du 24 novembre 2015  Article intitulé : "Pour les économistes, il n'existe pas d'apparences trompeuses qui pourraient masquer la réalité"

" Ce qui me frappe quand je parle à des économistes membres d'organes de décision économique, c'est une absence de questionnement chez eux sur la nature même du savoir et sur la fiabilité de ce qui nous semble à première vue évident. Par qui ils sont payés ? Très peu de gens osent risquer la remise en cause de leur situation, qu'ils soient universitaires ou non. On le voit bien dans le domaine financier où les professionnels et leurs associations sont aussi promptes à se féliciter qu'à fermer les yeux sont les réalités non conceptuelles et non normées. La normalisation de l'imbécilité et de l'abus de confiance contre la réalité et le respect des investisseurs non qualifiés. Qui gagne le match avec les invitations qui vont bien.....
Ces analystes traitent le monde tel qu'il nous apparaît, comme une donnée non problématique : le monde est exactement tel qu'il se présente spontanément à eux. Il n'existe pas pour eux d'apparences qui pourraient être trompeuses et qui masqueraient alors la réalité. Ils n'envisagent pas ce que Karl Marx appelait un "fétichisme" et que l'on a appelé plus tard "réification", c'est-à-dire cette tendance naturelle que nous ressentons dans les choses, de nous induire en erreur en apparaissant autrement qu'elles ne sont.
Le capital nous semble une chose qui grossit d'elle-même en fait c'est le cas avec les norme comptables lobbyisées et généreuses de commissions diverses et variées , cachant le fait qu'il pourrait y avoir dans les coulisses de cette croissance la combinaison de la générosité de la nature et le travail d'êtres humains ayant éventuellement été insuffisamment Ainsi, le capital nous semble une chose qui grossit d'elle-même, cachant le fait qu'il pourrait y avoir là, dans les coulisses de cette croissance apparemment naturelle, la combinaison de la générosité de la nature nous ayant offert les rayons du soleil, le vent, la pluie bienfaisante, les richesses enfouies dans le sol, etc. et le travail d'êtres humains ayant éventuellement été insuffisamment rémunérés pour celui-ci et dont les gains se retrouvent entre les mains de personnes ne méritant peut-être pas d'en bénéficier.
Il y a chez nos décideurs économiques une compréhension du monde à partir de "catégories spontanées", pour reprendre l'expression du sociologue Pierre Bourdieu. Ces "catégories spontanées", ce sont le plus souvent les mots de la langue usuelle qui nous les offrent. Ainsi, s'il y a un mot "âme" dans la langue, c'est certainement que les hommes ont une âme, s'il existe un mot "volonté", c'est à coup sûr que nous disposons d'une faculté appelée volonté, et ainsi de suite.
Le caractère d'évidence des mots de la langue nous décourage d'aller voir s'il n'existerait pas des coulisses à ce monde de bon sens qu'ils nous font supposer, s'il n'existerait pas des mécanismes opérant en arrière-plan, par exemple, à ce capital qui grossit tout seul, mécanismes qui révéleraient peut-être l'existence de classes sociales, et peut-être aussi que ces classes sociales sont animées par les intérêts des personnes qui les composent, et que le monde n'est pas constitué d'une simple collection de choses telles qu'elles nous apparaissent à première vue, et qu'il y aurait un bénéfice pour notre compréhension de mettre en évidence les mécanismes sous-jacents et les éléments mis en jeu.
La science économique est tout particulièrement encline à un tel aveuglement. Elle s'est offerte comme un principe, comme un présupposé, un "individualisme méthodologique" dont l'implication est que les phénomènes d'ordre collectif présents dans les sociétés humaines ne doivent jamais être considérés comme sui generis : ils n'auraient aucune spécificité et il ne serait nécessaire pour en offrir une explication complète que de décrire le comportement des individus qui les composent. Il n'y a pas dans cette perspective de dimension collective à ce que nous faisons quand nous sommes ensemble : aucune structure n'émergerait de nos comportements collectifs qui ne sont qu'un simple rassemblement de comportements individuels. Il n'y aurait ainsi aucun bond qualitatif quand on passe de l'individuel au collectif : il s'agirait dans une foule, du comportement d'un individu unique démultiplié X fois jusqu'à la constituer, et il n'y aurait rien de plus dans le comportement d'une foule que la somme des comportements d'individus, en interaction bien entendu, mais agissant comme ils le feraient s'ils étaient isolés.
Or nous savons intuitivement que le monde ne fonctionne pas de cette manière-là, qu'il y a dans le comportement d'une foule une dimension qui ne peut être déduite simplement du comportement des individus envisagés un par un. C'est le propre d'ailleurs de toute approche de type sociologique que de supposer une spécificité au collectif par rapport à l'individuel. L' "individualisme méthodologique" de la science économique fait donc d'elle, automatiquement, une "anti-sociologie".

Je vous propose d'écouter ce lien : http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vertigo/7231646-audrey-vernon-comedienne-20-11-2015.htm

Vincent MIGNOT dans "CBanques" du 19 novembre 2015  Article intitulé : Epargne : le président de l'AMF s'inquiète d'un « capitalisme comptable sans capitaux financiers »

" Dans un discours introduisant les Entretiens organisés lundi 16 novembre par l’Autorité des marchés financiers (AMF), son président Gérard Rameix s’est inquiété des conséquences, pour la place de Paris, de la mise en place de la taxe sur les transactions financières, affirmant la nécessité de « repenser notre politique de l’épargne pour faire en sorte que l’épargne contribue effectivement au financement de l’économie réelle ».
« Un capitalisme sans capitaux peut-il exister ? (…) Peut-on faire sans réserve le choix de l’économie de marché sans se préoccuper réellement du bon fonctionnement du marché des instruments financiers ni de l’allocation de l’épargne ? », s’est interrogé Gérard Rameix. « La réponse est clairement non. Et c’est pourtant ce que nous faisons en France depuis des années où la méfiance à l’égard de la finance est largement partagée tant sur l’échiquier politique que dans l’opinion. »
Le président du régulateur français du secteur financier appelle ainsi de ses vœux un « discours mobilisateur sur l’environnement boursier » : « La fonction première des marchés financiers est de financer l’économie, de faire en sorte que des projets innovants se développent. Ils participent à la création de valeur et d’emplois. » Mais au-delà de la nécessité « de redonner confiance aux épargnants individuels », Gérard Rameix a aussi appelé à « repenser notre politique de l’épargne ». Il a relevé ces derniers mois « quelques initiatives intéressantes » comme le relèvement du plafond du PEA, la mise en place du PEA-PME ou la création des assurances-vie euro-croissance. Mais il les pense insuffisantes, sans toutefois proposer dans ce discours d’autres pistes.
Il s’y inquiète par contre de l’impact de la Taxe sur les transactions financières (TTF), une initiative « [portée] par des intentions louables », mais qui risque selon lui de nuire à « l’activité économique de la place de Paris » et de « décevoir ceux qui croient à la promesse d’une nouvelle ressource » : « Selon moi, une TTF ne peut s’entendre qu’à une échelle internationale beaucoup plus large que celle de onze pays de l’Union qui naturellement n’incluent pas la Place financière la plus active [la City de Londres, NDLR]. »

Commentaire : De plus en plus d'articles commencent à paraître sur les effets pervers du capitalisme comptable sans valeur ni prix financier qui est à l'origine de quantité de situations négatives voire perverses. Ce "capitalisme" comptable fabriqué ex-nihilo par des normes comptables présentées à tous comme ayant une valeur financière va entrer en zone délicate. En effet, si nous restons sur le leurre de chiffres comptables qui servent, bien qu'ils n'aient aucune crédibilité financière, de référence SOCIOlogique, ECOnomique, POlitique et FInancière le cycle des krachs se répétera au rythme passé. Quel plus beau créneau de développement pour les professionnels de la gestion de patrimoine que d'être les précurseurs de ce renouveau en travaillant avec les Agences d'Information FInancière Humainement Responsable régionales ? Sur ce sujet, je vous propose de lire ci-dessous les articles parus il y a quelques jours précurseurs de cet article et d'articles parus dans le dernier Agefi Hebdo d'hier.

Souvenez-vous : "On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps."  Abraham Lincoln

 

ET SI VOUS FAISIEZ DU JUSTE ET DE LA "VERITE" VOTRE OUTIL DE DIFFERENCIATION ET DE CROISSANCE ?

DANS L'INVERSE QU'ARRIVERA T-IL LORSQUE LES EPARGNANTS ET INVESTISSEURS VONT COMPRENDRE ?

ET JE NE PARLE PAS ICI DES AVOCATS.

ET LES EXPERTS-COMPTABLES QUI VONT DE PLUS EN PLUS S'INTERESSER A LA GESTION DE PATRIMOINE ?

QU'EN PENSE VOS ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES ?

QUELLE ATTITUDE AURA VOTRE ASSUREUR RCP ET VOTRE ASSOCIATION PROFESSIONNELLE ?

DORENAVANT, QUELLE VALEUR JURIDIQUE AU "QUE VOUS NE SAVIEZ PAS ET QUE TOUT LE MONDE FAISAIT PAREILLE" ?

 

 

Dans "Trends Tendances" Belgique du 17 novembre 2015  Article intitulé : Trois conditions pour survivre dans le monde de demain

" Si vous voulez mieux comprendre l'évolution de notre monde et vous créer des opportunités professionnelles, vous devez lire un seul livre: L'homme aux deux cerveaux - Apprendre à penser différemment dans un monde nouveau. En effet, l'avenir appartiendra aux personnes qui sauront utiliser les ressources de l'hémisphère droit de leur cerveau. Selon cet auteur et consultant américain, Daniel Pink (1), notre économie et notre société se sont construites à partir d'une forme de pensée privilégiant les capacités logiques, linéaires et analytiques, c'est-à-dire des qualités attribuées à l'hémisphère gauche du cerveau. Mais face aux bouleversements de notre époque (globalisation, omniprésence des technologies de pointe, etc.) cette forme de pensée logique est aujourd'hui dépassée. Autrement dit, l'avenir n'appartient plus à ceux qui ont des aptitudes logiques, l'avenir appartiendra à ceux qui ont des aptitudes liées à l'empathie et à l'inventivité !
Soyons clairs, aujourd'hui, avec Internet et le coût de la communication qui est tombé quasi à 0 euro, notre monde économique a changé: si vous vous promenez dans certains quartiers en Inde, vous verrez des experts comptables en train de préparer des déclarations fiscales américaines, des avocats faisant des recherches sur de la jurisprudence européenne et des radiologues indiens interprétant des scanners pour le compte d'hôpitaux américains.
Ce qu'il faut retenir de ce phénomène, c'est qu'à mesure que les coûts de communication seront de moins en moins chers, que l'Inde deviendra le pays comptant le plus d'anglophones au monde, et que d'autres pays émergents continueront à produire des étudiants aux capacités intellectuelles de plus en plus élevées, c'est simple: la vie professionnelle des Occidentaux va être chamboulée ! Toutes les tâches relatives à l'hémisphère gauche du genre programmation, comptabilité, recherche juridique ou analyse financière vont migrer en Asie. Après les cols bleus, ce sont les cols blancs qui sont et seront mis sous pression.
Trois conditions pour survivre dans le monde de demain
Mais si c'est une menace, c'est aussi une source d'opportunité. Pour qui ? Tous ceux qui sauront mieux utiliser l'hémisphère droit de leur cerveau, c'est-à-dire ceux qui sauront se dégager des tâches routinières. Les comptables par exemple devront faire du conseil et pas de l'encodage.
En fait, dans le monde de demain, il faudra se distinguer pour survivre. Il faudra faire quelque chose que les Asiatiques ne pourront pas réaliser pour moins cher que nous.
Et avec la révolution numérique, il faudra également faire quelque chose que les ordinateurs ne pourront pas faire plus rapidement que nous.
Et troisième condition pour survivre dans ce monde de demain, un monde d'abondance, il faudra combler un désir non pas matériel, mais transcendant. Autrement dit, dans une période où les consommateurs recherchent du sens et non plus de l'accumulation de biens, ce qui va être surtout valorisé, c'est la beauté, la spiritualité et l'émotion. Bref, des services, des aptitudes que seul l'hémisphère droit de notre cerveau pourra offrir.
Nous allons donc aller vers une société où les créateurs et les individus doués d'empathie auront davantage de place dans le monde du business, et c'est tant mieux !
(1) Lire aussi, Libre d'agir, l'excellent résumé de Chris Campbell

Commentaire : Cela donne quoi dans le monde boursier où l'on vend des performances comptables sans valeur financière ? L'avenir au retour du réel, de l'honnêteté, à la fin des raisonnements moutonniers dûment rémunérés etc.. ? Et si l'avenir était à l'information financière Juste et à Humanity Invest ? A quand la fin des performances boursières faussées à plus de 95%, des frais gonflés à hauteur de ces 95%, des prélèvements de frais pris sur des surperformances irréalisées et irréalisables, des commentaires de gestion relevant de l'ubueque, des comparatifs relevant de l'hystérie collective etc...  A l'heure où les vidéos AIFIHR sont réalisées sur ces sujets, je ne peux que constater qu'elles sont dans l'ère du temps. Et dire que si les associations et les regroupements avaient été un minimum ouvert, la "révolution" de l'évolution qui arrive aurait été un outil de développement, de prise de parts de marché définitive etc.. A l'inverse, que restera-il de leur crédibilité quand les épargnants et investisseurs non avertis vont s'apercevoir que les compétences de leurs intervenants n'ont pas empêché quantité d'entre-eux de rester dans l'irréel. Si ces mots sont durs n'en sont-ils pas Justes ? Quand aux associations et regroupements qui ont couvert, touchés, voire parfois organisés cela .... De nouveau, si je me décide à faire cela après plusieurs années d'appel du pied aux associations et à certains regroupements, c'est parce qu'il en va du bien de tous. Voir mon écrit : DE LA PERENNITE DES CYCLES SOCIOECOPOFI A L’AVENIR FINANCIER HUMAIN ET HUMANISTE, HUMANITY INVEST

JE PROPOSE TRES VIVEMENT AUX PROFESSIONNELS D'ENVOYER UN RECOMMANDE AVEC AR A LEURS ASSOCIATIONS ET COMPAGNIE D'ASSURANCE EN LEUR DEMANDANT SI ELLES COUVRENT LES REALITES ET LES RISQUES SIGNALES DANS MES PROPOS.

COMME L'A SIGNALE MAITRE LECOQ VALLON LORS DU COLLOQUE FIDROIT CONCERNANT LE DOSSIER ARISTOPHIL, LES PROFESSIONNELS QUI SONT INATTAQUABLES SONT CEUX QUI ONT FAIT VALIDER ET MENTIONNER DANS LEUR CONTRAT D'ASSURANCE LE NOM DU PRODUIT.

DANS NOTRE CAS, IL NE S'AGIT PAS DE PRODUIT MAIS DE REALITES ENGAGEANT L'ENSEMBLE DES ACTEURS ET DES PRODUITS.

QUEL MEILLEUR MOYEN DE SAVOIR SI LES PROPOS QUE JE TIENS DEPUIS PLUSIEURS ANNEES SONT FAUX OU "HYSTERIQUES" ?

ET SI VOUS DEMANDIEZ CLAIREMENT A VOTRE ASSUREUR SI VOTRE CONTRAT COUVRE LES EFFETS ET ABSENCE DE REALITE DE L'INFORMATION BOURSIERE ACTUELLE ?

CELA DIT JOUER L'AUTRUCHE EST TOUJOURS POSSIBLE, MAIS AVOUEZ QUE SI VOUS SUIVEZ MES PROPOS ET L'EVOLUTION DES REALITES.....

LA ROULETTE RUSSE OU L'ACTION JUSTE ET REFLECHIE COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT, DE DIFFERENCIATION, DE PRISE DE PARTS DE MARCHE ET DE RETOUR A LA LIBERTE D'AGIR ET D'ENTREPRENDRE DANS LE REEL ?

Sébastien Buron dans "Trends Tendances" Belgique du 16 novembre 2015  Article intitulé : Colmant: "2008 n'était pas un choc bancaire, mais le point de départ de la vraie mondialisation"

 «  Devenu récemment responsable de la recherche économique chez Degroof Petercam, l'économiste parle de son nouveau changement de cap professionnel et se dit inquiet des conséquences sociétales de la digitalisation de l'économie.
Infatigable Bruno Colmant. Après la Bourse de Bruxelles, le groupe d'assurance Ageas et le consultant Roland Berger, le voici maintenant chez Degroof Petercam. Depuis le 1er octobre, il y est responsable de la recherche économique. Un poste où il remplace le tout aussi médiatique Etienne de Callataÿ, qui a quitté la maison juste avant le rapprochement de Degroof avec Petercam, pour donner naissance à la première banque privée et d'affaires indépendante du pays, avec une masse d'actifs sous gestion dépassant les 500 milliards d'euros. L'occasion d'en savoir un peu plus sur cette nouvelle trajectoire professionnelle de l'économiste, à l'heure du tout numérique et où de nombreux défis se présentent aux spécialistes de la gestion de patrimoine.
TRENDS-TENDANCES. Je n'ai pas hésité lorsqu'il m'a proposé de rejoindre Degroof Petercam. Avec le départ d'Etienne de Callataÿ, l'idée était d'avoir un économiste avec une vision différente : quelqu'un de plus neutre et de moins marqué politiquement, avec des compétences académiques et doctorales avérées, des publications scientifiques et une vision d'économiste de marché que m'a donné la présidence de la Bourse. Mes domaines de prédilection sont aujourd'hui les dettes publiques, la monnaie, l'inflation, les taux d'intérêt, la compréhension des crises, etc. Moins des questions liées aux matières fiscales, par exemple.
L'affaire François Parisis (débarqué de chez Puilaetco Dewaay pour un avis trop tranché sur la FSMA) a suscité la polémique. Selon lui, le conseil en investissement est trop réglementé. Un avis que vous partagez ?

Honnêtement, je ne pense pas qu'il soit devenu impossible pour un banquier privé de faire son métier. Nous avons vécu un choc terrible en 2008, quelque chose qui se produit une fois par siècle. En ce qui me concerne, je pense que ce n’est que le prémice de la prochaine crise de surchauffe à l’approche de 2020. Si la crise de 2008 a été des plus importante, je pense que cette importance a été décuplée par la bétise lobbyisée et intéressée des décisions politiques aussi inadmissibles qu’inacceptables. L'épargne publique a frôlé l'implosion. Non, elle a implosé simplement on a étouffé cette implosion par l’explosion financière sans valeur réelle car basée uniquement sur des chiffres comptables comme on « travaille », « équilibre », dans certains cas, un bilan de société selon les objectifs recherchés Que les autorités se chargent maintenant de protéger les investisseurs contre eux-mêmes ah bon, j’ai du mal lire "protéger les investisseurs contre eux-mêmes"… à moins que les banques soient considérées comme des investisseurs qu’il faut protéger contre elles-mêmes…. et guident les banques dans leur offre de services me semble être cohérent. Il y a eu un tel manque de conscience des risques pris avant la crise, qu'il faut réduire l'écart entre les profils d'investissement et les produits offerts.  Là, je suis out. Réduire l’écart entre les profits et les produits….
La FSMA et son patron Jean-Paul Servais ne font donc pas de l'excès de zèle.
Dans un monde de taux bas, voire négatifs comme c'est le cas aujourd'hui, les investisseurs, particuliers et professionnels, sont tentés de se tourner vers des placements plus risqués pour compenser le manque de rendement sur les actifs plus sûrs (dépôts d'épargne, etc.). Cela demande une réglementation forte. C'est donc maintenant qu'il faut être particulièrement attentif. Quand va-t-on intégrer la différence entre valorisation comptable et prix financier réalisable ?
Que pensez-vous de la nouvelle taxe sur les plus-values boursières ?
C'est une erreur complète. Cela va créer une friction dans le secteur financier qui n'était pas nécessaire. Tout cela pour un impact budgétaire homéopathique. Le gouvernement dit d'ailleurs lui-même que la mesure est symbolique. Les banques vont devoir adapter leurs systèmes informatiques pour prélever la taxe à la source. Cela va coûter beaucoup d'argent. Or, il sera facile de la contourner. Pour ceux qui peuvent se permettre d'attendre, il suffira de reporter ses opérations. Bref, le coût sociétal de la mesure sera énorme par rapport à ses bénéfices.
La fin des rétrocessions inscrite dans la deuxième mouture de la directive MiFID risque aussi de poser pas mal de problèmes ?
C'est la fin du manque de transparence des rétrocessions. Là aussi, cela me semble normal. Il faut qu'un client sache ce pour quoi il paie. Les distributeurs de fonds de tiers qui n'ont pas de capacité autonome vont souffrir. Leur business model est fragile. Certaines petites banques en ligne qui ont été créées sur un effet d'aubaine vont disparaître. Cela se voit aux Pays-Bas. Mais la gestion privée pure et dure ne va aucunement souffrir de cette transparence.
A vous entendre, le métier de banquier privé a encore de beaux jours devant lui, malgré la stagnation actuelle et le poids réglementaire...
Le poids réglementaire est énorme et la taille compte, c'est vrai. Mais je suis convaincu que c'est un métier qui va perdurer. Il a traversé toutes les phases d'automatisation. La banque privée est d'abord fondée sur un nom, un bilan, des compétences, des qualités opérationnelles. Dans un monde qui devient de plus en plus compliqué en termes fiscal, patrimonial, comptable, et avec des vies de plus en plus fragmentées pour les individus, le banquier privé a une belle carte à jouer en tant qu'interface entre ces différents univers. Surtout à l'heure du numérique. La valeur d'un banquier privé, c'est son service. Les grands réseaux bancaires traditionnels vont avoir du mal à le concurrencer. Ils font du processing, du consultatif, mais pas de la gestion à proprement parler.
Pourquoi cette digitalisation de l'économie vous inquiète-t-elle autant ?
Parce que nos sociétés ne sont pas préparés à ce choc technologique. Toutes les tâches répétitives vont être remplacées par des processus. Cela va poser d'immenses questions en termes de redistribution des richesses. C'est un choc d'une envergure comparable à ce que nous avons vécu dans les années 1970. A l'époque, nous sommes passés d'une économie industrielle à une économie de services. L'Etat est intervenu via une politique d'endettement colossal pour absorber le chômage. Aujourd'hui, la population vieillit, avec un endettement latent, la quantité de travail pour les jeunes est réduite, on observe des difficultés dans la transmission des richesses créées vers ceux qui en ont besoin, tout cela pose une énorme question sociétale. C'est majeur et sous-estimé comme phénomène. On ne voit pas encore clairement quels sont les métiers qui vont remplacer ceux qui disparaissent.
D'accord, certains jobs disparaissent, mais d'autres se créent...
Oui, mais, rien ne dit que les emplois qui disparaissent créent des emplois dans le même pays. C'est le danger : la mondialisation permet une désynchronisation géographique entre les tâches qui disparaissent chez nous et celles qui sont créées à 6.000 kilomètres d'ici. Aujourd'hui, nos emplois sont remplacés par les robots d'Apple ou d'Amazon en Californie. Les Etats sont écartelés entre une population qui bénéficie du progrès mais dont les gains de productivité sont capturés par des entreprises situées à l'étranger, et en plus de nature monopolistique. Apple, Google et autres Amazon sont aujourd'hui des groupes qui sont plus puissants que les Etats. Ils aspirent les gains de productivité. Or, ce sont ces gains de productivité qui assurent la croissance. Ce que nous vivons est absolument incroyable.
Rien de bien réjouissant...
La véritable question est que va devenir la classe moyenne dans le secteur tertiaire. C'est ce secteur-là, basé sur l'intermédiation, qui va être délocalisé. Cela veut dire par exemple que le secteur tertiaire bruxellois est menacé. Cela m'inquiète beaucoup. Individuellement nous bénéficions du choc technologique mais collectivement nous en payons le prix : 2008 n'était pas un choc bancaire mais le point de départ de la vraie mondialisation. En ce qui me concerne, je pense que le départ sera à l’approche de 2020

Le problème en plus, c'est que cette révolution digitale qui est synonyme de produits moins chers entretient aussi les tendances déflationnistes, la stagnation.

C'est une raison de plus pour créer de l'inflation, solution que je préconise depuis 2008 ! Heureusement, depuis quelques semaines, tout devient enfin plus lisible. Les grandes banques centrales de la planète font maintenant tourner la planche à billets de façon quasiment synchrone. Le Japon amplifie son offre de monnaie. La Chine le fait aussi : dépréciation du yuan, impression monétaire, relâchement de certains ratios bancaires. La BCE va sans doute elle aussi amplifier son quantitative easing (assouplissement monétaire). Quant à la Fed, elle repousse tant que faire se peut une petite remontée de ses taux d'intérêt. Le rythme de la création monétaire est maintenant bien adapté pour ne pas créer une guerre des monnaies. Il n'y a plus de disruption dans la gestion des politiques monétaires. Cela veut dire que le monde entier se dit que, devant l'excédent de dette et le manque de croissance, il faut absolument créer de l'inflation. C'est salutaire pour éviter la récession. Et contredit tout ce qui a été fait jusqu’ici par les autorités.

Dans "Bilan" Suisse du 9 novembre 2015  Article intitulé : L'automatisation menace 48% des emplois suisses

" Près de la moitié des emplois en Suisse seront remplacés par des machines d'ici vingt ans. Telle est la conclusion d'une étude du cabinet de conseil Deloitte pour le compte de l'émission "Eco" de la télévision alémanique SRF.
A en croire cette étude, 48% des postes de travail actuels vont être automatisés dans vingt ans. L'industrie figure évidemment en première ligne, mais des emplois dans le secteur des services et de l'administration seront aussi de plus en plus concernés.
L'étude de Deloitte cite les emplois dont les tâches sont les plus répétitives et uniformisées. Cela concerne des métiers comme celui de téléphoniste ou caissier, mais aussi des postes plus qualifiés comme celui de conseiller fiscal, opticien ou agent immobilier.
Pour effectuer son étude, Deloitte s'est basé sur les calculs des économistes américains Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne, qui ont évalué la part automatisable de chaque métier. Plus celle-ci est élevée et plus le travail est susceptible d'être effectué par une machine.
Deloitte a néanmoins précisé qu'il y avait eu davantage de postes créés que détruits au cours des 25 dernières années, les avantages de l'automatisation (gains de productivité, prix plus bas, salaires plus élevés) ayant permis d'engendrer de nouveaux emplois.
Deloitte ne sait pas si ce processus de remplacement des emplois va se poursuivre à l'avenir. Selon le cabinet de conseil, la donne est différente aujourd'hui: quasiment tous les secteurs sont touchés par l'automatisation et les changements technologiques s'effectuent à un rythme bien plus élevé qu'auparavant.

Dans "Boursorama" du 9 novembre 2015  Article intitulé : Que nous dit le "Volkswagate" sur l'efficience des marchés ? (Cercle des économistes)

" L'affaire Volkswagen illustre le fait que l'efficience informationelle des marchés financiers reste avant tout théorique. En l'occurence, l'efficience du marché aurait du se traduire par quoi ? Une vente massive des titres qui aurait provoqué une très forte baisse lésant ainsi les investisseurs eux-même ? Nous avons dans cet exemple une des limites du principe d'évaluation mark-to-market. Les titres étant évalués à la valorisation spéculative du jour, les possesseurs de titres n'ont quasiment d'autre choix que de ne peu bouger. Quant aux gérants...
La révélation des scandales écologiques comme l'affaire Volkswagen, et leur fort impact sur les cours de bourse des entreprises concernées, laisse penser que les marchés financiers sont loin de l'efficience informationnelle qu'on leur attribue généralement, explique l’économiste Gunther Capelle-Blancard.
Certaines affaires font date, comme les scandales Exxon Valdez, Enron ou Arthur Andersen, les mensonges du groupe Volkswagen marqueront un avant et un après. Depuis mi-septembre, la capitalisation boursière basé sur la variation spéculative du jour, elle-même faussée à plus de 90 % du groupe a chuté de 30%[1], 30% de baisse alors que les évaluations sont faussées à plus de 90% quotidiennement...exemple pour aujourd'hui : VSJ (Variation Spéculative du Jour) -1,21% et en prenant en compte la faiblesse des volumes échangés en parfait respect du principe juridique d'égalité des porteurs de parts avec la VHR (valorisation Humainement Responsable) cette baisse devient -0,0128% soit un effet de levier de destruction de plus de 98% du au simple principe comptable mark-to-market. Qui dit mieux!

Voir ici pour détail

VOLKSWAGEN VZ 29.55 28.25 96.00 -1.21 1 775 912 168 446 689 -0.0128

soit une perte pour les actionnaires de l’ordre de 15 milliards d’euros. Cette perte est une perte comptable sur une évaluation comptable qui en soi n'avait aucune crédibilité financière, sauf en tant que base de prélèvement de commissions et frais divers et variés relevant de l'abus de confiance et de l'escroquerie. Cette évaluation tient compte du coût lié au rappel de dizaines de millions de véhicules et des probables amendes, mais aussi, et surtout, d’une perte de réputation pour le constructeur allemand. Et quand le scandale de l'efficience des marchés boursiers va toucher les évalutions boursières faussées, les cours de Bourse et autres domaines boursiers ? Et quand ce scandale de l'efficience va toucher les métiers du conseil financier ? Les acheteurs de Volkswagen achetaient une mauvaise information sur la pollution, les épargnants et investisseurs non avertis achètent des valeurs boursières faussées, paient des impôts sur des estimations faussées, des commissions de surperformance sur du vent comptable etc....
Rien que le mois dernier, au Royaume-Uni, les ventes d’automobiles Volkswagen ont chuté de 10% (alors que les autres constructeurs n’enregistraient qu’une baisse de 1% de leurs ventes). L’affaire est en outre loin d’être finie et il faut s’attendre à des dizaines d’années de procédures.
Que nous apprend cette affaire ? Que les grandes firmes résistent plutôt mal à la tentation du mensonge. C’est le cas de tout un chacun direz-vous. Certes, mais les mensonges de monsieur tout le monde n’impliquent pas des dizaines de milliards de pertes ni la santé (parce qu’au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit) de tous. Et les mensonges boursiers ? Combien ?
Alors que la théorie financière sacralise « l’efficience informationnelle des marchés », on s’aperçoit année après année que de nombreuses firmes dissimulent des informations cruciales aux actionnaires, que les cabinets comptables et d’audit sont parfois toujours complices, que les firmes mentent sur le respect des normes du travail, des normes environnementales, qu’elles « optimisent » par tous les moyens leurs obligations fiscales, etc. Et en Bourse ?
Avant l’explosion de sa plateforme Deepwater horizon, BP vantait ses mérites écologiques (un joli logo vert et jaune en forme de soleil accompagné d’un slogan des plus cocasses, Beyond Petroleum…). De même Volkswagen se targuait d’être un bon élève : une semaine avant de passer aux aveux, le groupe publiait un communiqué de presse dans lequel il se félicitait d’être en tête des constructeurs automobiles mondiaux pour ses performances environnementales, sociales et de gouvernance d’après le Dow Jones Sustainability Index.
Volkswagen était également classé premier par la société de gestion, spécialisée en Investissement Socialement Responsable, RobecoSAM. Il est clair que cette affaire porte un coup dur à l’idée même de Responsabilité Sociale des Entreprises. L’évaluation de la performance extra-financière reste une véritable gageure.[2] Les Fonds ESG, ISR et IRD pratiquent les mêmes abus de confiance et escroqueries que les autres....

Le pire au fond dans cette affaire, c’est que tout cela se savait. Tout comme dans le domaine boursier n'importe quel intervenant conseil financier et autres savent qu'ils abusent leurs clients en respectant les us et coutumes actuels. Il est vrai à leur décharge qu'il n'existe pas de solutions aujourd'hui et que l'AMF attaque les "rebelles" à la réputation et au portefeuille. Cela dit, l'AMF a priori change. Désolé de le dire mais cela est vrai et ce n'est pas une nouveauté. Il y a quatre ans déjà, Greenpeace dénonçait The Dark Side of Volkswagen. Un représentant de la Commission européenne, Joanna Szychowska, a même admis que l’exécutif européen était conscient du problème depuis 2010. Preuve que les marchés ne sont pas si efficients…
Gunther Capelle-Blancard
Gunther Capelle-Blancard est Professeur d’économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au Labex Réfi (Régulation financière). Ses recherches portent essentiellement sur l'organisation des marchés financiers, la divulgation d'information, la finance éthique et la régulation financière. Auteur de plus d'une trentaine d'articles académiques dans des revues internationales, il a également rédigé plusieurs ouvrages universitaires.
Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site.

[1] Si l’on tient compte de l’évolution du DAX sur la même période et du bêta du titre, la rentabilité anormale cumulée, estimée par la technique des études d’évènements, s’élève à 40%.
[2] Pour une analyse plus approfondie, voir G. Capelle-Blancard et A. Petit, Le véritable défi de l’ISR : Mesurer les performances extra-financières, Revue Française de Gestion, n°236, 2013/7.

Michel Santi dans "La Tribune" du 9 novembre 2015  Article intitulé : Apple, ou le capitalisme à pleines dents

" Apple est une devenue une gigantesque machine à sous, pour le plus grand profit de ses actionnaires, mais au détriment des finances publiques des Etats-Unis. P
Apple gagne de l'argent - beaucoup d'argent! En fait, Apple fait plus d'argent qu'aucune société n'en a jamais gagné et se retrouve, logiquement, avec des montagnes de cash. Soit avec quelques 200 milliards de dollars, plus que la Trésorerie fédérale US! Certes, c'est les actionnaires qui sont les propriétaires ultimes de ces liquidités monumentales car Apple est une société cotée en bourse. Actionnariat qui délègue à la direction exécutive d'Apple la gestion de cette trésorerie.
Durant la première moitié du XXème siècle, c'est sous forme de dividendes distribués par les sociétés à leurs actionnaires que s'opérait la plupart du temps le paiement de ces surplus en trésorerie. C'est précisément pour les dividendes escomptés que les investisseurs sélectionnaient puis achetaient leur portefeuille titres, comme c'est le montant de ces dividendes qui servait souvent de base pour déterminer la valorisation d'une action cotée en bourse. Les directions des entreprises cotées étaient pertinemment au fait que c'est les distributions de dividendes qui attiraient les investisseurs qui ne les boudaient pas. Du reste, deux-tiers des sociétés listées sur les différentes bourses de New York s'acquittaient de dividendes en 1978.
 Moins de sociétés distribuant des dividendes, mais...
Pourtant, la proportion de sociétés qui en distribue s'est effondrée à environ 20 % aujourd'hui avec néanmoins une autre différence fondamentale qui est que celles qui continuent à payer des dividendes à leurs actionnaires le font en quantités bien plus impressionnantes. Apple -qui a renoué avec cette tradition du dividende en 2012- en fait partie, et ses règlements en faveur de ses porteurs de parts sont même les plus importants au monde.
D'autres artifices
Mais il y a également d'autres artifices permettant de redonner de l'argent à son actionnariat qui consistent tout bonnement pour une entreprise à racheter en bourse ses propres actions, avec pour conséquence mécanique de faire monter le cours de cette même action par le simple jeu de l'offre et de la demande. De fait, c'est cette méthode qui est très largement plébiscitée depuis une trentaine d'années, sachant que -là aussi- Apple caracole en tête des plus importants « buybacks » de l'histoire financière mondiale puisque c'est elle qui a opéré trois des cinq plus importants rachats d'actions de l'histoire de l'indice Standard & Poor's américain.
Une gigantesque machine à sous
La boucle est donc bouclée et le cas entendu: Apple est une gigantesque machine à sous, un monstrueux instrument à générer du profit, qui redistribue à ses propriétaires une partie des fastueuses liquidités inondant ses caisses et comptes bancaires. Pas si vite! Car, en réalité, Apple ne retourne pas à ses actionnaires son propre cash mais -très étrangement- de l'argent qu'elle sollicite aux marchés! Les dividendes payés, comme les sommes permettant ses propres rachats d'actions, ne sont effectivement pas puisés par Apple sur ses bénéfices engrangés mondialement.
Et pour cause car elle devrait payer des impôts considérables aux Etats-Unis si elle devait rapatrier une partie de ses profits pour les restituer à ses actionnaires. Les patrons d'Apple préfèrent donc emprunter ces sommes aux taux actuels du marché notoirement favorables et économiser ainsi le différentiel l'autorisant à majorer davantage son profit pour cause d'impôts US non payés car non dus.
Par ailleurs, et au cas où vous vous interrogeriez sur le motif pour lequel les entreprises préfèrent aujourd'hui procéder à des rachats de leurs propres actions en lieu et place de distribuer des dividendes, ils sont bien faciles à comprendre. Les actionnaires sont en effet imposés nettement moins dans le cadre de rachats d'actions de la part d'une société qui, pour eux ne sont que des plus values latentes du fait de l'appréciation de leur titre, que de paiement de dividendes qui sont en fait des revenus et qui sont taxés en tant que tels. Autre manière fort attentionnée pour Apple (et pour bien d'autres) de caresser et de favoriser son actionnariat.

Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.
Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.
Sa page Facebook et Twitter.

Agnès Rousseaux, Rachel Knaebel dans "Les crises.fr" du 8 novembre 2015 Article intitulé : David Graeber : « Le néolibéralisme nous a fait entrer dans l’ère de la bureaucratie totale »

" Paperasse et formulaires ont envahi nos vies, et de plus en plus de gens pensent que leur travail est inutile, n’apportant aucune contribution au monde. Malgré ce que martèlent les ultralibéraux, ce n’est pas la faute de l’Etat et de ses fonctionnaires, mais celle des marchés et de leur financiarisation. « Toute réforme pour réduire l’ingérence de l’État aura pour effet ultime d’accroître le nombre de règlementations et le volume total de paperasse », explique ainsi David Graeber, anthropologue états-unien et tête de file du mouvement Occupy Wall Street, dans son nouvel ouvrage Bureaucratie. Il appelle la gauche à renouveler sa critique de cette « bureaucratie totale » avec laquelle nous nous débattons au quotidien.
Basta ! : Vous dites que nous sommes désormais immergés dans une ère de « bureaucratie totale ». Quels en sont les signes ?
David Graeber  [1] : Il suffit de mesurer le temps que nous consacrons à remplir des formulaires. Quelqu’un a calculé que les citoyens états-uniens passent en moyenne six mois de leur vie à attendre que le feu passe au vert. Personne n’a calculé combien de temps nous passons à remplir des formulaires ! Peut-être une année entière… C’est la première fois dans l’histoire que nous atteignons ce niveau de bureaucratie.
Le nombre d’occurrences du mot « bureaucratie » augmente dans les livres jusqu’en 1974, puis diminue. Mais les mots que l’on associe généralement aux procédures bureaucratiques, comme « paperasse », « documents à fournir », ou « évaluation de rendement », augmentent de manière continue et dramatique. Nous sommes donc encerclés par des procédures bureaucratiques, mais nous ne les identifions plus comme telles. C’est ce que j’ai essayé d’analyser dans mon livre.
Le sociologue Max Weber affirmait déjà que le 19e siècle avait inauguré l’ère bureaucratique. En quoi la situation est-elle nouvelle ?
La différence, c’est que la bureaucratie est si totale que nous ne la voyons plus. Dans les années 1940 et 1950, les gens se plaignaient de son absurdité. Aujourd’hui, nous n’imaginons même plus une manière d’organiser nos vies qui ne soit pas bureaucratique ! Ce qui également nouveau, c’est la création de la première bureaucratie planétaire. Un système d’administration que personne n’identifie pourtant comme une bureaucratie, car il est surtout question de libre-échange. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? La création de traités internationaux et d’une classe entière d’administrateurs internationaux qui régulent les choses, tout en appelant ce processus « dérégulation ».
La bureaucratie n’est plus seulement une manière de gérer le capitalisme. Traditionnellement, le rôle de l’État est de garantir les rapports de propriété, de réguler pour éviter l’explosion sociale. Mais la bureaucratie est désormais devenue un moyen au service des structures d’extraction de profits : les profits sont extraits directement par des moyens bureaucratiques. Aujourd’hui, la majorité des profits n’ont rien à voir avec la production, mais avec la finance. Finance qui après avoir retravaillé, par des normes comptables avec effets de lévier, déstabilise tous les systèmes et tous les critères de base de viabilité SOCIOECOPOFI (SOCIOlogie, ECOnomie, POlitique, FInance), sans parler des critères de vie humanity Invest.  Même une compagnie comme General Motors fait plus de profits en finançant l’achat de voitures par le crédit, que par la production de voitures. La finance n’est pas un monde irréel complètement déconnecté de l’économie réelle, où des gens spéculent et font des paris, gagnent de l’argent à partir de rien. La finance est un processus qui extrait des rentes pour certains, en se nourrissant de la dette des autres. J’ai essayé de calculer la part des revenus des familles états-uniennes directement extraite pour alimenter le secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier. Impossible d’obtenir ces chiffres !
Tout cela est permis par la fusion progressive de la bureaucratie publique et privée, depuis les années 1970 et 1980. Cela s’opère par une collusion bureaucratique entre le gouvernement et la finance privée. Les 1% (les plus riches) dont parle le mouvement Occupy Wall Street, sont des gens qui accaparent les profits tout en finançant également les campagnes électorales, influençant ainsi les responsables politiques. Le contrôle du politique est aujourd’hui essentiel dans cette dynamique d’accaparement des profits. Et la bureaucratie est devenue un moyen au service de ce processus, avec la fusion de la bureaucratie publique et privée, saturée de règles et de règlements, dont l’objectif ultime est d’extraire du profit. C’est ce que j’appelle l’ère de la « bureaucratie totale ».
Les gens opposent souvent bureaucratie étatique et libéralisme économique. Mais « il faut mille fois plus de paperasse pour entretenir une économie de marché libre que la monarchie absolue de Louis XIV », écrivez-vous. Le libéralisme augmente donc la bureaucratie ?
C’est objectivement vrai. Regardez ce qui se passe ! La statistique la plus impressionnante concerne la Russie après la chute de l’Union soviétique. D’après la Banque mondiale, entre 1992 et 2002, le nombre de fonctionnaires a augmenté de 25 % en Russie [2]. Alors que la taille de l’économie a substantiellement diminué, et qu’il y avait donc moins à gérer. Les marchés ne s’auto-régulent pas : pour les maintenir en fonctionnement, il faut une armée d’administrateurs. Dans le monde néolibéral actuel, vous avez donc davantage d’administrateurs. Pas seulement dans le gouvernement, mais aussi dans les compagnies privées.
Ce qu’on entend souvent par bureaucratie, ce sont aussi des structures sociales fiables et pérennes, qui font que le société fonctionne, comme la Sécurité sociale…
Beaucoup d’institutions sociales que l’on associe aujourd’hui à l’Etat-Providence ont été créées « par le bas ». Je l’ai découvert en discutant avec des Suédois : aucun des services sociaux suédois n’a été créé par le gouvernement. Toutes les cliniques, bibliothèques publiques, assurances sociales, ont été créées par des syndicats, des communautés de travailleurs. Le gouvernement a ensuite voulu les gérer à un niveau centralisé, bureaucratique, expliquant que ce serait plus efficace. Évidemment, une fois que l’État en a pris le contrôle, il peut privatiser ces services. C’est ce qui arrive.
Vous faites aussi le lien entre le développement de la bureaucratie et celui des bullshits jobs (« job à la con » ) [3] que vous avez analysés dans un précédent travail. Tous les « bureaucrates » font-ils des « jobs à la con » ?
Pas tous ! Mon idée sur les bullshit jobs est de demander aux gens quelle est la valeur de leur travail. Je ne veux absolument pas dire à quelqu’un : « Ce que vous faites n’est pas utile ». Mais si une personne me dit que son travail n’apporte rien d’utile, je la crois. Qui peut mieux le savoir qu’elle-même ? Suite à mon travail sur les bullshit jobs, l’agence anglaise de statistique YouGov a fait un sondage. Résultat : 37 % des gens interrogés pensent que leur travail est inutile et n’apporte aucune contribution au monde [4].
J’ai été étonné d’un tel résultat ! Le plus grand nombre de personnes qui pensent que leur travail est inutile se trouve dans le secteur administratif. Peu de chauffeurs de bus, de plombiers ou d’infirmières pensent que leur travail est inutile. Beaucoup de bullshits jobs sont « bureaucratiques », autant dans le secteur privé que public. Un exemple ? Ces gens qui vont à des réunions et écrivent des compte-rendus pour d’autres gens qui vont à des réunions et écrivent des compte-rendus. Quand mon article a été publié sur le web, je n’imaginais pas que les gens feraient de telles confessions sur leur travail : « Je donne des ordres pour déplacer les photocopieuses d’un côté à l’autre », ou « Mon job est de reformater des formulaires allemands dans des formulaires anglais et tout un bâtiment fait ça »… C’est incroyable. Presque tous ces jobs se trouvaient dans le secteur privé.
Comment expliquez-vous alors que nous soyons si attachés à la bureaucratie, que nous n’arrivons pas à remettre en question ce processus et que nous continuons même à alimenter son développement ?
J’ai analysé cela avec l’analogie de « la peur du jeu ». Il y a quelque chose de très attirant dans le jeu, qui est une expression de la liberté de chacun, mais aussi quelque chose d’effrayant. Si les gens aiment tant les jeux, c’est parce que c’est la seule situation où vous savez exactement quelles sont les règles. Dans la vie, nous sommes constamment investis dans des jeux, dans des intrigues, au travail ou entre amis. C’est comme un jeu, mais vous n’êtes jamais sûr de savoir qui sont les joueurs, quand cela commence ou s’arrête, quelles sont les règles, qui gagne. Dans une conversation avec votre belle-mère, vous savez bien qu’il y a des règles, mais vous ne savez pas trop lesquelles, ce que vous pouvez dire ou non. Cela rend la vie difficile. Nous sommes effrayés par l’arbitraire.
On ne veut pas du pouvoir qu’il soit arbitraire. Une école de pensée aux États-Unis, le républicanisme civique, dit que la liberté signifie savoir quelles sont les règles : quand l’État peut vous contraindre et quand il ne peut pas. Partant de là, il faut créer toujours plus de régulations pour être plus libre. Paradoxalement, dans les sociétés qui se considèrent comme libres, beaucoup d’aspects sont régulés par la coercition, par la violence.
La bureaucratie est-elle le symptôme d’une société violente ?
La bureaucratie n’est pas stupide en elle-même. Elle est le symptôme de la violence sociale, qui elle est stupide. La violence structurelle – qui inclut toutes les formes d’inégalités structurelles : patriarcat, relations de genres, relations de classes…– est stupide. Là où il y a une inégalité de pouvoir, il y a aussi une forme d’ignorance et d’aveuglement. La bureaucratie semble stupide en elle-même, mais elle ne cause pas la stupidité, elle la gère ! Même quand la bureaucratie est bienveillante, sous la forme de l’État social, elle reste basée sur une forme d’aveuglement structurel, sur des catégories qui n’ont pas grand chose à voir avec ce dont les gens font l’expérience. Quand les bureaucrates essaient de vous aider, ils ne vous comprennent pas, ils ne veulent pas vous comprendre, et ne sont pas même autorisés à vous comprendre.
Vous écrivez que la critique de la bureaucratie aujourd’hui vient de la droite et pas de la gauche. Et que les populistes ont bien compris que la critique de la bureaucratie était rentable d’un point vue électoral…
C’est un des problèmes qui a inspiré mon livre. Pourquoi est-ce la droite qui tire tous les avantages de l’indignation populaire contre la bureaucratie, alors que c’est la droite qui est à l’origine d’une grande partie de cette bureaucratie ? C’est ridicule ! Aux États-Unis, la droite a découvert que si vous taxez les gens d’une manière injuste, et qu’ensuite vous leur dites que vous allez baisser les impôts, ils vont voter pour vous. Il y a quelque chose de similaire avec la bureaucratie en général. La gauche est tombée dans ce piège, avec la manière dont elle défend l’idée d’un État social tout en faisant des compromis avec le néolibéralisme. Elle finit par embrasser cette combinaison des forces du marché et de la bureaucratie. Et la droite en tire tout l’avantage avec ses deux ailes – d’un côté les libertariens, qui aiment le marché mais critiquent la bureaucratie, de l’autre, l’aile fasciste, qui a une critique du marché. La droite concentre toute la rage populiste sur ce sujet. Et la gauche finit par se retrouver à défendre les deux, marché et bureaucratie. C’est un désastre politique.
Comment le mouvement altermondialiste a-t-il renouvelé cette critique de gauche de la bureaucratie ?
Le mouvement altermondialiste cherche à identifier les structures bureaucratiques qui n’étaient pas censées être visibles. Mais pas seulement pour les dévoiler, également pour montrer à quel point ces structures ne sont pas nécessaires, qu’il est possible de faire les choses autrement d’une manière non-bureaucratique. Pourquoi les procédures démocratiques sont-elles aussi importantes dans le mouvement altermondialiste ? Parce qu’il essaie de créer des formes de décision non-bureaucratiques. Dans ce mouvement, il n’y a pas de règle, il y a des principes. C’est une négation pure de la bureaucratie. Bien sûr, ces processus ont aussi tendance à se bureaucratiser si l’on n’y fait pas attention, mais tout est fait pour l’éviter. Mon travail sur la bureaucratie vient de mon expérience d’activiste dans le mouvement altermondialiste.
 Mais le mouvement altermondialiste se bat aussi pour plus de régulation, par exemple dans le secteur financier…Le mouvement altermondialiste se bat pour des régulations différentes ! Et nous ne devrions pas tomber dans le piège de croire que nos adversaires sont favorables aux dérégulations. Vous ne pouvez pas avoir une banque non-régulée, c’est absurde : les banques sont entièrement basées sur des régulations. Mais des régulations en faveur des banques ! Quand on parle de re-régulation, cela signifie mettre les consommateurs au centre plutôt que les banques. Nous devons sortir de ce langage « plus ou moins de régulation ». Le néolibéralisme crée plus de régulations que les systèmes économiques précédents.Voyez-vous la même critique de la bureaucratie dans l’expérience de démocratie directe en cours au Rojava, au Kurdistan syrien ?L’exemple syrien est vraiment intéressant. J’ai fait partie d’une délégation d’universitaires en décembre dernier, qui a observé sur place leur processus démocratique. Ils sont vraiment en train de créer une société non-bureaucratique (lire notre article). C’est le seul endroit que je connaisse où il y a une situation de pouvoir « dual » où les deux côtés ont été créés par les mêmes personnes. Avec, d’un côté, des assemblées populaires de base, et de l’autre des structures qui ressemblent à un gouvernement et à un Parlement. Des structures nécessaires, car pour coopérer avec les institutions internationales, il faut une sorte de gouvernement bureaucratique institutionnel effectif, sinon elles ne vous prennent pas au sérieux. Mais au Rojava, quiconque porte une arme doit en répondre face à la base avant d’en répondre au structures du « haut ». C’est pourquoi ils disent que ce n’est pas un État, car ils ne réclament pas le monopole de la violence coercitive.

Peut-on imaginer un État sans bureaucratie ?

L’État est une combinaison de trois principes aux origines historiques totalement différentes : premièrement, la souveraineté, le monopole de la force dans un territoire donné. Deuxièmement, l’administration, la bureaucratie, le management rationnel des ressources. Et troisièmement, l’organisation du champ politique, avec des personnages en compétition parmi lesquels la population choisit ses dirigeants. En Mésopotamie, il y avait beaucoup de bureaucratie mais aucun principe de souveraineté. L’idée de responsables politiques en compétition vient de sociétés aristocratiques. Et le principe de souveraineté vient des Empires. Ces trois principes ont fusionné ensemble dans l’État moderne. Nous avons aujourd’hui une administration planétaire, mais elle n’a pas de principe de souveraineté et pas de champ politique. Ces principes n’ont rien à faire ensemble a priori, nous sommes juste habitués à ce qu’ils le soient.
Comment expliquez-vous que, dans l’imaginaire social, les marchés, le libéralisme, apparaissent comme les seuls antidotes à la bureaucratie ?
C’est le grand piège du 20e siècle : cette idée qu’il n’y a qu’une alternative – les marchés ou l’État – et qu’il faut opposer les deux. Pourtant historiquement, les marchés et les États ont grandi ensemble. Ils sont bien plus similaires qu’ils ne sont différents : les deux ont l’ambition de traiter les choses de la manière la plus rationnelle et efficace possible.
Je me souviens d’une interview d’un général sud-africain au moment où Nelson Mandela est arrivé à la présidence du pays. On lui demandait : « Vous ne trouvez pas un peu étrange de recevoir des ordres de quelqu’un que vous avez combattu pendant 20 ans ? ». Il a répondu : « C’est un honneur en tant que militaire de recevoir des ordres, quelle que soit la personne qui les donne. » En fait, ce n’est pas un comportement spécialement militaire, mais bureaucratique. Parce que ça ne se passerait pas comme ça dans une armée médiévale. Être un bureaucrate, cela signifie faire ce qu’on vous demande, et séparer les moyens et les fins. Cette séparation est devenue une base de la conscience moderne. Seules deux institutions – marché et État – opèrent de cette manière.
Propos recueillis par Rachel Knaebel et Agnès Rousseaux

Bruno Colmant dans "Trends Tendances" Belgique du 2 novembre 2015 Article intitulé : 'Un taux d'intérêt négatif, c'est une inflation imposée !'

Professeur à la Vlerick Management School, l'ULB et à l'UCL, membre de l'Académie Royale de Belgique et responsable de la recherche économique auprès de la Banque Degroof Petercam

" Il faut désormais penser l'impensable: nous nous engluons dans une période de taux d'intérêt négatifs. Cette ahurissante situation a été amorcée l'an passé, lorsque la BCE a appliqué des taux d'intérêt négatifs sur les dépôts qui lui étaient confiés.
    Un taux de dépôt négatif revient à faire payer les banques privées pour placer leurs liquidités auprès de la BCE. Tout se passe comme si cette dernière protégeait tellement ces dépôts qu'il faudrait payer cette garantie au-delà de la rémunération de l'argent. La BCE pousse donc indirectement les banques à prêter leurs liquidités excédentaires aux Etats ou à des débiteurs privés. Au reste, la BCE a annoncé que ses taux d'intérêt négatifs pourraient le devenir encore plus : on parle d'une baisse jusqu'à moins 30 centimes de pourcent (c'est-à-dire un taux négatif d'un tiers de pourcent).
Cette réalité relève de la répression financière et d'une situation déflationniste. La répression financière est un contexte caractérisé par des taux maintenus artificiellement bas afin d'alléger le poids de la charge de la dette publique. La récession exerce aussi une pression sur les taux d'intérêt : les besoins d'investissement étant faibles, la quantité de monnaie empruntée chute en dévalorisant son prix, c'est-à-dire le taux d'intérêt. L'économie est stagnante et ses circuits monétaires sont grippés. Elle est empêtrée dans un "piège de la liquidité" qui caractérise les périodes pendant lesquelles la consommation et l'investissement sont indifférents à l'offre de monnaie et à des taux d'intérêt minuscules.
Depuis quelques semaines, les taux négatifs se généralisent à de nombreuses dettes souveraines. La BCE a, en effet, lancé un gigantesque programme d'assouplissement quantitatif, qui consiste à escompter, c'est-à-dire à émettre de la monnaie, en contrepartie d'obligations souveraines qu'elle acquière auprès des institutions financières. Cette démarche de la BCE entraîne une augmentation du prix de ces obligations souveraines, qu'elle doit "surpayer", entraînant mécaniquement une chute des taux d''intérêt. C'est un changement majeur de politique monétaire : alors que la BCE poussait les banques privées à ne pas effectuer de dépôts auprès d'elle-même mais à les prêter à l'économie réelle, cette même BCE rachète désormais ces mêmes prêts en créant de la monnaie.
Un taux d'intérêt négatif, c'est une inflation imposée !
S'ils étaient transposés à l'ensemble de l'économie, des taux d'intérêt négatifs stimuleraient l'emprunt et la consommation et décourageraient l'épargne, puisqu'un dépôt d'argent est pénalisé. En imposant des taux d'intérêt négatifs, c'est comme si on imposait, à l'instar de l'inflation, une perte de pouvoir d'achat à la monnaie. Un taux d'intérêt négatif est une inflation imposée destinée à stimuler...l'inflation.
Au reste, des taux d'intérêt négatifs correspondent à une situation étrange. En effet, le taux d'intérêt est le prix du temps, puisqu'il s'agit d'appliquer à un segment de temps (un jour, un mois, un an, ...) un pourcentage de valeur conventionnel. L'intérêt représente donc le prix de la dépossession du temps. Le taux d'intérêt rend mécaniquement l'avenir "nominalement" plus cher : dans un contexte de taux d'intérêt de 1 %, il est équivalent de posséder 1.000 ¤ aujourd'hui ou 1.010 ¤ dans un an. Lorsque le taux d'intérêt devient nul, l'avenir se rapproche, puisque le passage du temps n'est plus récompensé par l'intérêt. Lorsque le taux d'intérêt devient négatif, c'est comme si le temps devenait lui-même négatif.
Cette situation ne présente pas que des avantages: l'endettement des Etats est conforté par des taux faibles, voire négatifs. Les taux ne disciplinent plus les Etats qui peuvent consolider leur endettement à coût réduit. Ils incitent aussi l'investisseur à prendre des risques additionnels tout en contribuant à la formation de bulles d'actifs, c'est-à-dire à une inflation des actions et de l'immobilier.
Les institutions financières qui tirent leur substance de la transformation d'échéances (banques, compagnies d'assurance-vie) sont, quant à elles, confrontées à une inversion de la chaîne de création de valeur. Les banques, par exemple, possèdent des placements qui sont traditionnellement de plus longue échéance que leurs passifs, c'est-à-dire les dépôts qui leur sont confiés. Une baisse des taux d'intérêt a, tout d'abord, un effet favorable sur le bilan au travers de plus-values latentes, mais cet avantage se dissout dans le temps. Des taux d'intérêt trop bas entraînent alors un reflux de la rentabilité, comme une pompe qui refoule.
En conclusion, avec des taux d'intérêt négatifs, nous entrons dans un nouveau monde inconnu. Et finalement, la difficulté n'est pas d'entrer en territoire de taux d'intérêt négatifs, mais de s'en extraire. Au moment d'une brusque remontée des taux, il y a un risque de contraction sévère de l'économie.

Hervé Juvin dans "l'Agefi Hebdo" du 29 octobre 2015 : Extrait  "Le temps de la confusion"

" Est-ce vraiment le temps où les petites différences ont de grandes conséquences ? Ou bien celui où des détails changent le panorama ? Et, pour le dire autrement, le temps où rien ne va plus entre les grands principes, les leçons de l’histoire chèrement acquises, etc., et les petits arrangements dont les grands intérêts décident ?
Trois exemples suggèrent que le temps de la confusion règne, et rend illisibles les analyses, les choix et les décisions.
Les administrateurs de banques à travers l’Europe, tous, y compris les administrateurs de banques coopératives et mutualistes, quelques dizaines de
milliers à travers toute l’Europe, ont reçu un courrier les informant de leurs responsabilités, de leurs devoirs, de leur coopération attendue pour la sécurité du système bancaire européen.
Le courrier était signé de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE). La BCE prétend désormais s’immiscer dans la gouvernance des banques, définir qui peut et qui ne peut pas devenir administrateur, décider des compétences et des responsabilités. D’ici à ce que le vieux combat pour la disparition des systèmes coopératifs et mutualiste aboutisse à la victoire de la conformité, des élites autoproclamées et des prédateurs déterritorialisés, il n’y a pas loin. En matière bancaire, au moins, l’Europe de Francfort ne veut voir qu’une seule tête, et la diversité n’est pas à l’ordre du jour.
La titrisation est le facteur multiplicateur de la crise des crédits subprime en 2007. Les opérations de titrisation représentent en 2015 de l’ordre de trois fois ce qu’elles représentaient en 2008.  les banques européennes sont de plus en plus incitées à transférer les risques sur les marchés, moyen commode d’éviter le coût en capital, moyen plus commode encore pour noyer le risque, surtout dans un moment d’écrasement des taux. 

Les climatologues nous apprennent que nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène l’ère où les comportements humains ont des conséquences et, même, déterminent les âges géologiques ; la planète désormais sera rythmée et mouvementée par les effets de l’activité humaine. C’est toute la nouveauté de la finance moderne. Elle détermine pour une part sans cesse croissante le mouvement du monde. Il n’est rien dans le monde qu’elle ne puisse acheter, il n’est rien dans le monde qu’elle ne mette en mouvement, ce qui signifie qu’il n’est rien qu’elle ne puisse détruire. Le monde est appelé à livrer son prix, en argent. Cette rançon n’est pas le prix du péché originel, c’est le prix de l’existence."

Commentaire  : Cet article de l'Agefi Hebdo est très intéressant car il fait la synthèse de la situation actuelle, qui est : tous les pouvoirs sont passés au lobby politique (lui-même lobbyisé) et tous les risques (beaucoup plus élevés que lors de la dernière crise) reposent dorénavant uniquement sur les Peuples et leur épargne. En fait, les Etats ont été totalement privatisés sous la garantie Humaine et financière des Peuples paupérisés à qui l'on veut retirer la liberté de leur "cash". MDR

Jozef Vangelder, propos de Eric De Keuleneer (Solvay Brussels School), dans "Trends Tendances" Belgique du 29 octobre 2015 : "Pour les politiciens, la croissance et l'inégalité sont pratiques"

" Peut-on vivre sans croissance? "Si nous veillons à instaurer davantage de justice, il y aura un moindre besoin de redistribution, même en croissance basse", répond Eric De Keuleneer (Solvay Brussels School). Interview.
Comment réinjecterons-nous à nouveau de la croissance dans l'économie ? Et si la croissance ne revient pas, pouvons-nous nous en passer ? Les économistes francophones de Belgique tiendront un congrès sur ces thèmes à Liège, le 26 novembre. Ils ne se facilitent certes pas la vie avec de tels sujets. Mais Eric De Keuleneer, professeur à la Solvay Brussels School (ULB) et président du congrès, regarde de l'avant.
La croissance est aujourd'hui presque une question de survie. Vous choisissez un mauvais moment pour remettre en cause son utilité...
Eric De Keuleneer. Nous regardons tout autant comment nous pouvons encourager la croissance. Une grande partie du congrès y est consacrée. Il traite également des possibles conséquences d'un manque de croissance, et de la question de savoir si la croissance est vraiment indispensable. Davantage de production et de consommation ne signifient pas pour autant plus de qualité de vie. Il est tout de même remarquable que le gouvernement chinois soit attentif aux problèmes environnementaux, alors que le pays doit lutter contre une croissance affaiblie. Au cours des vingt dernières années, la croissance - en Occident aussi - était surtout orientée "dettes". Combien de dette supplémentaire pouvons-nous encore constituer ? Là aussi, on atteint les limites. Nous devrons quoi qu'il arrive étudier la viabilité de notre modèle de croissance.
Pour les politiciens, la croissance et l'injustice sont pratiques. Ils peuvent alors redistribuer, ce qu'ils font volontiers...
Notre structure sociale entière se base sur la croissance. Comment pourrait-elle un jour réussir sans elle ?
Eric De Keuleneer. La croissance rapide est un phénomène relativement récent, survenu au cours des dernières 250 années. Pendant les 10.000 années précédentes, l'humanité avait déjà connu, dans certains endroits, quelques périodes de développement, mais il y avait eu très peu de croissance globale. La situation matérielle de l'Égypte d'il y a 5.000 ans est comparable à celle de l'Angleterre autour de 1750, juste avant la révolution industrielle. L'Empire romain pouvait aussi rivaliser avec les conditions de vie de l'Angleterre du 18e siècle.
Encore une fois, tout dépend de la manière dont vous regardez la croissance. Peut-être qu'une meilleure qualité de vie est également possible sans croissance du produit intérieur brut. Dans ce cas, les attentes des personnes, ainsi que le financement de la sécurité sociale, devront changer. Ce sont ces questions auxquelles le congrès tentera de trouver une réponse.
Sans croissance, la création de prospérité s'arrête. La redistribution de la richesse risque dans ce cas de provoquer de graves conflits : ce que l'un gagne, l'autre le perd !
Eric De Keuleneer. "Si nous veillons à instaurer davantage de justice, il y aura un moindre besoin de redistribution, même en croissance basse. Durant la période 1995-2010, le revenu de la classe moyenne n'a presque pas augmenté dans de nombreux pays, les États-Unis en tête. Or, chez le 1% des plus riches, on a constaté une progression spectaculaire des revenus, surtout dans le secteur financier. Dans le secteur financier américain et européen, des dizaines de milliers de personnes gagnent plusieurs millions d'euros par an. Voire des dizaines de millions pour un certain nombre d'entre elles. Ce n'est plus normal. Le secteur financier produisant lui-même peu, tous les autres secteurs de l'économie doivent payer ces rémunérations ; on a ainsi besoin de redistribution pour compenser l'inégalité. Mais il n'est pas obligatoire d'agir de cette manière. Vous pouvez aussi commencer à lutter contre l'inégalité elle-même. Ce qui rendrait la compensation inutile.
Pour les politiciens, la croissance et l'injustice sont pratiques. Ils peuvent alors redistribuer, ce qu'ils font volontiers. Les électeurs ont ainsi l'impression qu'ils reçoivent de l'argent des politiciens... L'alternative - une égalité accrue - pourrait générer un tollé. Voici 20 ans, le secteur financier représentait 3% de l'économie ; aujourd'hui, aux États-Unis et dans quelques pays européens, la proportion est de 10 à 12%. Le secteur a connu une grande concentration au cours des dix dernières années. Il y a beaucoup moins de concurrence internationale qu'auparavant. Le secteur financier aspire les moyens hors de l'économie productive, mais ne crée rien, si ce n'est beaucoup de volatilité. C'est pourquoi chacun paie pour les excès du secteur financier. Si le monde financier absorbait moins d'argent pour les rémunérations, des moyens se libèreraient pour l'emploi dans d'autres services, par exemple dans l'enseignement ou dans le secteur des soins. Ou dans la cybersécurité, domaine dans lequel nous investissons encore beaucoup trop peu, ce qui rend notre économie très vulnérable.
Entre-temps, la croissance s'assèche à la source. La productivité stagne. Ne vous faites-vous pas de soucis à ce sujet ?
Eric De Keuleneer. La productivité est très importante, du moins si vous parlez de croissance dans des termes classiques. Grâce à une plus haute productivité, le revenu par tête s'accroît, par exemple. Il est possible que d'autres obstacles à la croissance se cachent dans l'économie. Je pense à la position dominante de certaines entreprises et certains secteurs, et pas seulement dans le secteur financier. Dans le secteur technologique aussi, vous observez des positions dominantes, grâce à la protection de leurs brevets. Ensuite, un certain nombre d'entreprises pharmaceutiques tentent à nouveau, et par tous les moyens, d'allonger les brevets sur les médicaments. Un autre exemple est la position dominante de Google et de Facebook : aujourd'hui, les revenus de ces monopoles sont plus grands que jamais, et cela peut difficilement être favorable à la croissance.

Thierry Afschrift, professeur à l'Université libre de Bruxelles, dans "Trends Tendances" Belgique du 28 octobre 2015 : 'Pourquoi l'allocation universelle est un mirage'

" L'idée de l'allocation universelle, proposée initialement par le philosophe belge Philippe Van Parijs, fait son chemin en Europe. Revendiquée d'abord par les partis d'extrême gauche, comme Podemos en Espagne, elle trouve actuellement des adeptes au sein même du MR belge. L'idée de l'allocation universelle, parfois également dénommée "rente de base" est que les pouvoirs publics devraient attribuer, de manière périodique, un montant fixe de revenus à chacun, sans aucune distinction et sans condition.
Cette rente serait attribuée aux riches comme aux pauvres, à ceux qui travaillent et à ceux qui ne travaillent pas, y compris à ceux qui ne travaillent volontairement pas, et sans distinction suivant leur situation familiale et leur origine.
Les défenseurs de l'idée font valoir que le système pourrait remplacer de nombreuses allocations de sécurité sociale, supprimerait nombre de législations et d'administrations, qui n'ont actuellement comme seul objet que de vérifier les conditions de respect des conditions d'attribution des revenus. Enfin et surtout, l'allocation rendrait à chacun une "vraie liberté" d'organiser sa vie comme il veut, y compris en ne faisant rien.
Toutefois, concrètement, cette rente, que certains veulent fixer à 25 % du PIB par habitant -- soit en Belgique environ 1.000 euros par mois -- deviendrait sans doute pour une très longue période transitoire un complément aux systèmes existants, parce que tous ceux qui reçoivent actuellement des pouvoirs publics des allocations supérieures à ce montant ne se contenteront jamais de celui-ci. Il en serait a fortiori ainsi si le montant de la rente est plus raisonnable encore. Le gain réel au niveau des coûts d'administration serait par conséquent dérisoire par rapport au colossal montant du budget que représenterait le système, que l'on pourrait évaluer en Belgique à au moins 75 milliards d'euros.
On peut aussi s'interroger sur la légitimité d'un système qui a pour fondement d'attribuer un revenu même à ceux qui ne produisent rien, tout en ayant la capacité de le faire. On donne de manière classique l'exemple du surfeur, qui, ayant librement choisi de passer son temps à faire du surf, aurait néanmoins droit à son allocation universelle. Le choix de consacrer sa vie à une telle activité récréative est parfaitement légitime, mais il est douteux qu'il doive être financé par le travail de ceux qui produisent des richesses. A contrario, l'allocation de chômage est fondée sur un système d'assurance qui implique des cotisations passées et/ou futures de celui qui en bénéficie, et est assorti de conditions telles que la recherche active d'un emploi.
Le juste slogan "à travail égal, salaire égal" a comme corollaire tout aussi juste "à travail différent, salaire différent"
C'est sans doute là que, sur le plan des principes, le système de l'allocation universelle trouve sa principale faiblesse. Le capitalisme, avec ses qualités et ses défauts, a comme caractéristique essentielle que le revenu de chacun est la contrepartie de son travail, fixée en fonction de l'utilité que les autres y trouvent ou croient y trouver.
L'octroi d'une allocation universelle casserait le lien nécessaire qui existe actuellement entre le revenu perçu et les richesses créées. Pour une part substantielle, le revenu de tout le monde, et non seulement de ceux qui ont le cas échéant des besoins réels à satisfaire, serait fonction de décisions politiques, dont celle de fixer le montant de la rente, et plus du fait de créer des richesses dont profitent les autres. Ce serait le triomphe des "moyens politiques" sur les "moyens économiques" de bénéficier de revenus.
Rapidement, les gouvernants comprendraient qu'ils ont toutes les chances d'augmenter leur force électorale en proposant des augmentations de la rente, censées profiter à tout le monde, au détriment de ceux qui travaillent ou qui investissent.
Déjà, dans notre système de "solidarité contrainte", il est aisé, pour des gouvernants avec un peu de démagogie, d'acheter des voix en proposant des allocations, des subsides ou tout autre type de dépenses, qui satisfont certaines catégories. Qu'en serait-il s'il suffisait d'augmenter une allocation universelle pour contenter prétendument tout le monde ?
Poussée à l'extrême, la méthode aboutirait à un égalitarisme de plus en plus forcené. Or, il est bon de rappeler que le juste slogan "à travail égal, salaire égal" a comme corollaire tout aussi juste "à travail différent, salaire différent"."

Christine Lejoux dans "Trends Tendances" Belgique du 19 octobre 2015 : De plus en plus de retraités exercent un "mini-job" en Allemagne

" De plus en plus de retraités allemands se tournent vers les "mini-jobs", ces emplois à temps partiel payés maximum 450 euros par mois outre-Rhin. Le nombre d'Allemands de plus de 65 ans exerçant un mini-job est ainsi passé de 533.000 en 2003 à 904.000 en mars dernier, selon les chiffres de l'agence allemande de l'Emploi.
Le nombre de plus de 65 ans ayant un mini-job augmente d'année en année en Allemagne. C'est dans le secteur du commerce que ces travailleurs âgés sont les plus nombreux.
Selon la parlementaire Sabine Zimmermann, du parti de gauche radicale Die Linke, la plupart des plus de 65 ans exerçant un mini-job le font pour des raisons financières et non pour passer le temps, ce qui rend impérieux, selon elle, une hausse des pensions. Et impérieux, un refus de ce modèle de paupérisation par les pays européens."

Christophe De Caevel dans "Trends Tendances" Belgique du 15 octobre 2015 : Allocation universelle : "Rendre à chacun la liberté d'organiser sa vie"

" Parmi les défenseurs de l'allocation universelle, on trouve Peter De Keyzer, chief economist chez BNP Paribas Fortis. Son engagement est surtout dicté par le souci de la liberté de chaque individu. Il répond à nos questions.
Pourquoi êtes-vous partisan de l'allocation universelle ?
Peter De Keyzer. D'abord, les allocations sociales actuelles sont soumises à une condition : ne pas travailler. Il s'agit d'un incitant à l'inactivité, ce qui est quand même particulier... Ensuite, l'administration de ces allocations implique un coût énorme : avez-vous droit à cette aide ? Cohabitez-vous ? Les administrations concernées vérifient ces éléments et en viennent à contrôler la vie privée des gens. Je supprime tout cela, y compris les allocations familiales, les subsides aux panneaux solaires et ce type d'aides. Ce n'est pas l'Etat qui doit guider notre vie en subventionnant ceci et pas cela. Chacun doit opérer ses propres choix. Enfin,

ce revenu universel, versé sans contrepartie, donne aux gens la liberté d'organiser eux-mêmes leur propre vie. Elle permet à celui qui a envie d'arrêter de travailler, d'accomplir un pas de côté professionnellement ou d'interrompre sa carrière pour reprendre une formation, ou encore à celui qui désire se lancer comme indépendant de recevoir de quoi survivre.

Nous n'avons pas tous les mêmes capacités pour utiliser cette liberté. Votre formule est-elle équitable ?
Une partie de la population mérite toujours d'être aidée, par exemple parce qu'elle souffre d'un handicap ou de problèmes psychiatriques. La plupart des gens peuvent néanmoins poser leurs propres choix et en assumer la responsabilité. Dans le monde d'aujourd'hui, avec les Uber et autres Airbnb, le premier pas pour devenir entrepreneur est devenu beaucoup plus facile. Les opportunités se multiplient... et ce ne sont pas forcément les plus riches qui les exploiteront le mieux.Les dépenses publiques dépassent 200 milliards d'euros. Cela me semble suffisant pour être solidaire avec tout le monde, sans devoir vérifier si l'on travaille ou pas.

Vous citez Uber et Airbnb : ne s'agit-il pas d'un "royaume de la débrouille", comme l'affirment les syndicats, plutôt que de vrais emplois stables ?
Qu'est-ce qu'un véritable emploi au 21e siècle ? Exercer le même boulot toute sa vie ? Cela devient très rare. L'allocation universelle vous assure la liberté d'organiser votre propre vie, elle vous permet de bouger plus facilement, de vous former si vous voulez évoluer, etc. La vraie question est : voulons-nous, oui ou non, davantage de liberté ? Quand une personne peu qualifiée passe du chômage au travail, elle doit payer les transports en commun et éventuellement la crèche, alors qu'elle ne gagnera quasiment rien de plus. Ce sont les pièges à l'emploi. Est-ce cela la liberté de mener sa propre vie ? Beaucoup de gens sont prisonniers de leur allocation. En la rendant inconditionnelle, on leur fournit un incitant à avancer dans la vie. Cela rend l'ensemble de la société plus dynamique et plus créative.
L'allocation universelle est-elle finançable ?
Les dépenses publiques représentent aujourd'hui 54% du PIB, soit plus de 200 milliards d'euros. Cela me semble suffisant pour pouvoir être solidaire avec tout le monde, sans devoir vérifier si l'on travaille ou pas. L'allocation remplace les aides existantes et sa simplicité permet d'alléger l'appareil de l'Etat.
Mon schéma se base sur une allocation de 800 ou 900 euros pour chacun à partir de 18 ans. Pas pour les enfants. Le couple qui décide d'avoir cinq enfants, c'est son choix, ce n'est pas à l'Etat d'en assumer les conséquences. Celui qui se contente de l'allocation, peut le faire. Et si son voisin choisit de travailler 70 heures par semaine pour s'acheter une voiture ou partir en vacances, il le peut aussi. C'est transparent. Exact mais c'est beaucoup trop peu. Pourquoi ne pas l'augmenter significativement avec obligation de le dépenser pour faire tourner l'activité économique locale et en cas d'épargne d'être très fortement taxé. Le travail "humain" va se raréfier, et si nous devions commencer à réfléchir....

Christopher Dembik  dans "Le Temps" Suisse du 13 octobre 2015 : L’irrésistible ascension du yuan chinois

" Les dévaluations successives du yuan chinois survenues en août dernier n’ont pas entravé son internationalisation. La semaine dernière, il est devenu officiellement la quatrième monnaie la plus échangée au monde, derrière le dollar américain, l’euro et la livre sterling. Le yuan représente désormais 2,79% des transactions internationales, dépassant pour la première fois les volumes d’échanges en yen japonais. Depuis la crise financière de 2007, la Chine ne cache pas son ambition de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Pour y parvenir, elle doit élever le yuan au statut de monnaie de réserve, ce qui aura deux avantages principaux: sa devise sera plus stable et elle n’aura plus besoin de détenir des réserves de change aussi importantes, qui s’élevaient à 3560 milliards de dollars fin août. Le gouvernement ne sera plus obligé de restreindre la consommation intérieure afin de maintenir un niveau de réserves élevé, la consommation pourra progressivement remplacer les investissements dans les actifs fixes, ce qui favorisera un développement économique plus soutenable et durable. Cela s'appelle un Avenir SOCIOECOPOFI (SOCIOlogique, ECOnomique, POlitique, FInance). Quel est l'Avenir avec la paupérisation en europe allemande  ?
Pour prétendre au statut de monnaie de réserve, le yuan doit être complètement convertible et suffisamment liquide afin d’éviter une volatilité importante du taux de change. La première étape de ce processus a consisté à conclure des accords de swap entre la Chine et ses principaux partenaires commerciaux, ce qui autorise les parties prenantes à effectuer des règlements internationaux en monnaie locale, sans passer par le dollar américain. Ces accords ont été signés avec 32 pays, pour un montant total avoisinant 483 milliards de dollars. Dans les années à venir, ce type d’accord a vocation à se multiplier à la faveur de la mise en place par la Chine de sa stratégie de développement économique: la «nouvelle route de la soie», qui vise à réorienter l’économie chinoise vers l’Asie centrale et l’Europe plutôt que vers l’Est et le Pacifique.
La deuxième étape pour la Chine implique d’intégrer le yuan aux Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, ce qui pourrait être effectif dès la fin d’année 2016. Les DTS ne représentent que 2% des réserves totales des banques centrales et ne sont pas utilisés par le secteur privé mais ils ont une valeur symbolique dans le système monétaire international. Les DTS, voilà un sujet qui est des plus intéressant car il offre une issue (volontairement tue) aux problèmes économiques et financiers actuels. J'y reviendrai ultérieurement.
La dernière étape suppose d’atteindre une convertibilité complète, ce qui ne sera certainement pas possible avant la fin de la décennie en cours. Pour y parvenir, la Chine devra surmonter plusieurs obstacles. Elle devra poursuivre ses efforts pour renforcer la réglementation financière et développer son marché de la dette privée, particulièrement pour les PME. Elle devra, également, mieux faire respecter l’État de droit et établir des règles de non-discrimination des investisseurs étrangers. Les défis auxquels fait face le pays sont immenses mais la capacité de rebond de son économie est plus grande qu’on ne le croit."

 

Dans "La Tribune" du 7 octobre 2015 : L'économie du futur sera-t-elle un retour vers le passé ?

" Vous souvenez-vous de ce film de 1955 d'Elian Kazan 'Sur les quais' ? On y voit notamment des dockers assis sur un banc, attendant qu'un éventuel employeur leur propose du boulot. Qui pour quelques heures, qui pour une journée, voire, pour les plus chanceux, une semaine... Ce film, qui a déjà quelques décennies au compteur, pourrait représenter en quelque sorte l'économie de demain, avec un travail à la demande et non plus avec des horaires et des salaires fixes. C'est ce qu'essaient d'imposer indirectement les acteurs de l'économie numérique comme la société Uber avec ses taxis ou plus récemment encore Amazon.
En effet, Amazon vient de lancer un nouveau service: le livreur payé à la tâche. Appelé Flex, comme flexible, ce nouveau service vous permet de devenir livreur pour Amazon sur des créneaux de 2, 4 ou 8 heures par jour. Quant aux conditions, elles sont simples: vous devez être âgé d'au moins 21 ans, détenir un permis de conduire, disposer d'une voiture et avoir un smartphone équipé d'Android. Pour ce qui est des honoraires, on parle de 16 à 22 euros par heure. Mais bien entendu, comme pour Uber, l'employeur, c'est-à-dire Amazon, ne vous assure aucune couverture chômage ou maladie, sans oublier que l'assurance de la voiture sera à votre charge, ainsi que l'essence.
"L'économie du futur sera-t-elle un retour vers le passé ?"
Le principe, évidemment, c'est que vous soyez considéré comme un indépendant, ce qui permet à Amazon de limiter ses coûts. L'idée est d'encore améliorer le délai de livraison de ses colis. La firme pourra le faire grâce à ces indépendants qui iront prendre les paquets dans de mini-entrepôts et iront les livrer aux clients dans un périmètre limité, ce qui permet à ces indépendants de travailler sur période également limitée. Pour l'instant, le service est uniquement proposé aux États-Unis. Mais soyons clairs: il montre à quoi ressemblera l'économie de demain. Sauf si les Peuples disent NON. Jusqu'à présent, l'économie reposait sur le principe traditionnel d'une entreprise dont l'organisation interne coûtait moins cher que l'achat de biens ou de services à l'extérieur. Mais comme le faisait remarquer The Economist, "avec des smartphones d'une puissance considérable dans les poches de tout un chacun, il devient de plus en plus simple de trouver des personnes hors de l'entreprise pour réaliser une variété de tâches de plus en plus grande." En clair, les entreprises de demain, grâce aux smartphones, n'auront plus besoin de locaux et plus besoin de salariés. La plupart des jobs seront réservés à des indépendants. Sauf si la justice requalifie ces travailleurs indépendants en salariés, comme elle l'a fait pour un conducteur d'Uber en Californie.
Mais l'ironie de toute cette histoire, c'est qu'au moment même où Amazon lançait ses nouveaux jobs de livreurs indépendants à 16 euros de l'heure, le magazine américain Forbes annonçait que Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, n'avait jamais été aussi riche, avec une fortune évaluée à 42 milliards d'euros..."

Geneviève Brunet dans "Bilan" Suisse du 28 septembre 2015 : Banques centrales: le piège de la déflation

" Depuis 2008, les banquiers centraux ont créé d’énormes quantités de liquidités pour relancer l’activité. Réussiront-ils à accompagner en douceur la baisse des prix des actifs financiers? Le 3 septembre dernier, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a apporté une nouvelle preuve de la totale addiction des marchés financiers aux politiques monétaires expansionnistes des banques centrales. Pour rappel, ces politiques sont basées pour une très grande partie sur des chiffres comptables n'ayant dans les faits aucune pertinence financière et encore moins en terme de liquidité Ce jour-là, le banquier a annoncé que les économistes de l’institution avaient revu à la baisse les perspectives d’inflation et de croissance dans la zone euro pour les années  2015 et 2016, ce qui ne laisse guère augurer une joyeuse progression des bénéfices des entreprises.
Puis il a évoqué la possibilité d’étendre au-delà de septembre 2016 le programme en cours de rachat mensuel de quelque 60 milliards d’euros de dettes. Cela a suffit à provoquer un solide rebond des marchés boursiers. Le "marché boursier" continue, malgré les enseignements passés, de   choisir de ne pas de coter la réalité mais d'opter délibérément pour le maintien de la virtualité comptabilo/financère dont il est dépendant pour faire son esbrouf mais Les corbeilles de Francfort et Paris ont terminé la séance du jour en hausse de près de 3% chacune. Bel exemple d'esbrouf et d'abus de confiance et d'escroquerie Une clôture résolument dans le vert partagée par les autres bourses européennes, dont suisse, puis américaines. En fait, si l'on tient compte de la faiblesse des volumes échangés en parfait respect du principe juridique "d'égalité des porteurs de parts", le cac 40 annoncé en hausse de 3,07% progresse de 0,019%, le Dax allemand passe de 2,77% à 0,0198% et le SMI Suisse de 2,75% à 0,0083% voir www.agencedecotationihr.com Et pour cause: «La confiance dans les banquiers centraux est toujours là» ah bon!, constate Andreas Höfert, chef économiste chez UBS Wealth Management. Reste que ces banquiers centraux peinent pour l’heure à atteindre leur objectif, affiché pour les Japonais et implicite pour les Américains et Européens: créer de l’inflation. De l’inflation classique s’entend; soit la hausse des prix à la consommation. Et ils ont confiance....
L’inflation n’est pas là où on l’espérait ça c'est ballot
Les assouplissements menés de part et d’autre de l’Atlantique n’y ont pas suffi: les prix courants se traînent. Quand ils ne virent pas – comme en Suisse – à «l’inflation négative». Un charmant oxymore voilant le mot «déflation» et son cortège d’anticipations négatives. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de doper l’inflation et de mettre en place la «répression financière» ce n'est pas la répression financière qu'il faut faire mais de la répression comptable avant tout, pour après ne pas faire de répression financière qui ne sert à rien (sauf pour ses promoteurs) mais cibler les actions pour éviter les déstabilisations financières , explique Andreas Höfert: «Les dettes des Etats ont explosé depuis le plus fort de la crise financière. Une hausse des prix supérieure aux taux d’intérêt que les Etats doivent acquitter allégerait mécaniquement ces dettes.» Un espoir pour l’heure en grande partie déçu.
En revanche, il y a bel et bien eu une inflation dans le monde entier depuis 2009: sur les prix des actions, des obligations, mais aussi des matières premières jusqu’à l’an dernier, de l’art, des grands crus ou encore de l’immobilier dans certains pays. Un effondrement brutal des prix de tous ces actifs – surtout financiers – fragiliserait le système financier mondial que banques centrales et Etats se sont évertués à solidifier depuis la faillite de Lehman Brothers.
Il reste donc à espérer que les banques centrales seront en mesure d’accompagner en douceur la décrue de valorisations comptables que l'on transforme mécaniquement en prix financier qui pourraient s’avérer excessives si les attentes de rendement baissent. D’ailleurs, les bourses du 24 août dernier ont connu une chute brutale. La raison? La crainte que les dividendes escomptés pour les entreprises du monde entier ne puissent pas être versés à cause d’un ralentissement plus fort que prévu de l’économie chinoise. On est là dans le domaine des anticipations virant au pessimisme, plus que dans le froid calcul de la réelle consommation chinoise de matières premières qui reste élevée.
La crise financière en cours est exceptionnelle à plus d’un titre. Théoriquement, les énormes injections de liquidités pratiquées par les banques centrales auraient dû relancer le crédit et la consommation. Cette dernière, dans certains pays comme les Etats-Unis, pèse pour quelque 70% de la croissance du PIB. Mais «les banques commerciales n’ont pas utilisé cet argent pour faire du crédit», constate Andreas Höfert. D’une part, parce que particuliers et entreprises, soucieux de se désendetter, n’étaient guère enclins à demander de nouveaux crédits. D’autre part, parce que les instituts financiers avaient besoin d’assainir leur bilan.
Reste que les courroies de transmission classiques de la politique monétaire se sont plus que détendues: «Avant la crise, le multiplicateur monétaire était de 4: toute augmentation de la monnaie de base entraînait une augmentation quatre fois plus importante des crédits distribués. Au plus fort de la crise, il est passé en dessous de 1. En clair, pour 1 dollar créé par la Fed, les banques distribuaient 80 cents de crédit», explique cet économiste.
En Europe, ce peu d’efficacité de la politique monétaire a été renforcé par «des politiques budgétaires procycliques», soit de l’austérité budgétaire pratiquée en pleine récession… Ce que certains économistes ont qualifié d’énorme erreur. Résultat: seules les personnes vraiment aisées ont augmenté leurs dépenses, contribuant à alimenter les hausses de prix sur les actifs financiers et les biens de luxe. Alors qu’une meilleure répartition des revenus, surtout aux Etats-Unis, aurait mieux soutenu la consommation courante et, partant, la hausse de l’indice des prix à la consommation.
A ce stade, on peut même se demander, en fausse boutade, si la Fed ne va pas monter les taux – même de manière infinitésimale – dès sa réunion de septembre pour… provoquer des anticipations inflationnistes. Et éviter l’émergence d’anticipations déflationnistes sur le mode: si la Fed n’osait pas monter ses taux comme annoncé de longue date, c’est que l’économie américaine ne va pas si bien que ça, malgré la progression du PIB américain de 3,7% en rythme annualisé au deuxième trimestre.
Dégonflement du prix des actifs
Christine Lagarde, directrice générale du FMI, vient déjà de réviser à la baisse les prévisions de croissance pour l’économie mondiale cette année à 3,3%. Pour la fragile reprise planétaire – et pour la solidité du système financier global – le scénario du pire serait un krach boursier contagieux affectant les corbeilles du monde entier. Andreas Höfert relève que les prix des actions sont, certes, plus hauts qu’en 2009, mais que «les valorisations n’ont pas atteint les niveaux de 2000 et 2007». D’autant que la correction qui sévit depuis fin août a déjà un peu refroidi les prix des titres.
Un éventuel pilotage par les banques centrales de ce qu’on pourrait appeler – pour paraphraser le discours courant sur l’économie de l’Empire du Milieu – un «atterrissage en douceur» des marchés boursiers, n’est pas non plus son scénario de base. Les banques centrales, «si elles parviennent à stimuler l’inflation», vont certes provoquer une baisse des prix des actifs financiers, mais par simple effet mécanique.
Et le chef économiste d’UBS de dérouler l’enchaînement logique: «Si les taux d’intérêt remontent, les prix des obligations baissent dans un premier temps. Et lorsque les taux d’intérêt ont suffisamment augmenté pour devenir attractifs pour les investisseurs, ces derniers délaissent les actions et les cours des actions diminuent à leur tour.»
En attendant un éventuel cercle positif de ce type sur fond de solide reprise économique, Mario Draghi a réussi à faire «bondir» les marchés. De quoi faire oublier que certaines corbeilles, qui avaient plongé fin août de 10% depuis leur plus haut de l’année, devraient progresser de 20% à partir de leur plus bas niveau pour retrouver la valeur perdue. Si ce n’est pas de l’accompagnement d’une décrue des prix des actifs financiers, ça y ressemble.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 24 septembre 2015 : 1.000 milliards d'euros de créances douteuses

" Le Fonds Monétaire International a fait part jeudi de ses inquiétudes concernant l'explosion des créances douteuses en Europe, qui ont plus que doublé depuis 2009 pour atteindre 1.000 milliards d'euros et menacent la solidité des banques du continent. "La crise financière mondiale et la récession euh... la très grande partie de la récession est due à des décisions politiques lobbyisées dans le plus mauvais des cas ou, dans l'autre, relevant d'un incompétence. A ce niveau là, je pense que la solution de la lobbyisation est la plus probable. qui s'en est suivie ont laissé en héritage des niveaux élevés de créances douteuses" particulièrement dans le sud de la zone euro, assure le Fonds monétaire international dans un rapport. Selon le FMI, ces prêts à risque pèsent sur le bilan des banques européennes et "immobilisent" des fonds qui pourraient pourtant être notamment utilisés pour "augmenter les prêts" et soutenir l'activité économique. Comment soutenir une activité économique pérenne par des prêts alors que l'on paupérise volontairement les Peuples ...Je devais dormir lors de mes cours d'économie à moins que le futur soit de mettre les Peuples sous perfusion des crédits, de maîtriser leur cash etc.. et donc de mettre en place un système économique et financier aussi aliénant que promoteur de crises et guerres futures.  "La réduction urgente du volume des créances douteuses est, par conséquent, cruciale pour soutenir la progression des crédits, spécialement pour les petites et moyennes entreprises qui sont davantage tributaires des banques pour leur financement", en fait tout et tous devenons tributaire des banques et non plus des Etats. Etats qui dans les faits ne sont plus que les employés des banques, banques qui ont monopolisé (car les états leur ont donné le monopole) l'argent. "Argent" qui dans les faits n'est qu'une invention comptable tout comme les valorisations boursières qui ne sont que des chiffres comptables qui, bien que n'aucune aucune réalité financière, sont présentées et utilisées (manipulées) par et pour quantité de décisions SOCIOECOPOFI (SOCIOLogie, ECOnomie, POlitique FInance). Décisions SOCIOECOPOFI qui sont favorables, non aux Peuples ni aux Etats, mais au lobbyisateur et donc aux plus grandes banques qui dans les faits sont une, voire la mafia (voir ci-dessous "Souvenez-vous") pendant que l'ensemble de la liquidité mondiale est totalement monopolisé ou monopolisable par les banques. Cherchez l'erreur. écrit l'institution internationale. Le FMI pointe toutefois les "obstacles structurels" qui dissuaderaient les banques européennes de s'attaquer à ce problème en effaçant ces créances et en essuyant des pertes. Problèmes structurels... Le FMI, institution internationale ayant quasiment tous les pouvoirs parle "d'obstacles structurels qui dissuaderaient les banques", on va où ? Pourquoi, comment ou combien ? Dans les faits, n'est-ce pas plutot combien ?, "Les effacements de créances dans les banques européennes sont bien plus faibles qu'aux Etats-Unis", affirme le rapport. Le Fonds met notamment en cause "une supervision insuffisamment poussée ou trop "lobbyisée" ?" qui permettrait aux banques d'éviter de s'attaquer à leurs créances douteuses et à les laisser à leur bilan "pour une période bien plus longue que nécessaire". L'institution appelle donc à "améliorer" la supervision bancaire en Europe pour inverser cette tendance et place ses espoirs dans les mécanismes récemment mis en place dans la zone euro pour y parvenir." MDR

Souvenez-vous : Jérôme Monod dans « Les Echos » du 29 août 2009 :
« Une fois, je demandais à un éminent acteur de la régulation financière pourquoi le scandale du Crédit Lyonnais avait changé si peu de chose dans la surveillance des institutions financières. Il a  commencé par m’expliquer que la Commission des opérations de Bourse, l’un des organismes qui s’est fondu dans l’Autorité des marchés financiers, était une émanation du Trésor. Et qu’au-dessus du Trésor il y avait le ministre des Finances. Et qu’il ne fallait pas non plus oublier le rôle des patrons précédents du Crédit Lyonnais. Je lui fais alors remarquer que cette dilution à l’infini des responsabilités est l’une des caractéristiques de la mafia. Il m’a simplement répondu : « oui » » ; « Il faut des institutions financières mais aussi économiques, sociales, morales pour édicter des règles claires et les faire respecter, sur un socle solide, fondé par le pouvoir politique sur les principes du bien commun »

Jérôme Monod ?

•    1955-1957 : ancien élève de l'ENA (promotion « France-Afrique »), celle d'Édouard Balladur
    •    1957-1959 : auditeur à la Cour des comptes
    •    1959-1962 : membre du cabinet de Michel Debré, Premier ministre
    •    1962 : conseiller technique et adjoint au directeur de cabinet de Maurice Schumann, ministre chargé de l'aménagement du territoire
    •    1962-1966 : conseiller référendaire à la Cour des comptes
    •    1966-1968 : délégué adjoint à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, à la DATAR.
    •    1968-1975 : délégué (à la DATAR).
    •    1975-1976 : directeur de cabinet de Jacques Chirac, Premier ministre
    •    1976-1978 : secrétaire général du RPR
    •    1979 : membre de la direction de la Lyonnaise des eaux
    •    1980-2000 : président-directeur général, puis président du conseil de surveillance, de la Lyonnaise des eaux, fusionnée en (1990) avec Dumez, puis avec Suez en 1997 (et rebaptisée de ce seul nom en 2001)
    •    2000-2007 : conseiller (politique) du président de la République Jacques Chirac. À ce titre, il dispose d'un bureau à l'Élysée, dans le salon d'Argent

Simone Wapler dans "Economie matin" du 24 septembre 2015 : Sacrée Janet !

" Au fond, elle a la logique de sa folie ou la folie de la doctrine qu’elle a embrassée. Les taux n’ont jamais été relevés depuis 2006, mais toujours baissés ; ils sont à zéro depuis 2008.
Janet Yellen admet que le système financier (banques commerciales, banques centrales, shadow banking, marchés financiers) est devenu incapable de supporter la plus infime hausse d’intérêt. Elle reconnaît implicitement que l’influence de la Fed sur le chômage, l’inflation et la croissance est bidon. Ou alors, elle admet que les chiffres présentés sont faux ou pas fiables.
L’or a déjà été réduit à l’état de relique barbare ; Des taux positifs vont rejoindre l’or dans le placard des reliques barbares. L’équation est simple : il faut ronger les dettes pour éviter la faillite. Pour cela, il existe deux façons de dépouiller les créditeurs : l’inflation ou les taux négatifs. Autrefois, on dépouillait les créditeurs par l’inflation mais ils pouvaient trouver refuge dans l’or. D’où la suppression de l’or du système monétaire. Maintenant, on envisage de les dépouiller par des taux négatifs… mais ils pourraient trouver refuge dans le cash. Oui mais le cash va devenir interdit car monopolisé par les Etats et les lobbies qui les payent (les états : payés ou achetés ?)
Donc, il va falloir un petit peu de temps pour organiser la disparition du cash du système monétaire. Nous allons à grand pas vers une société sans espèce. Société qui nous liera pieds et poings aux banques. Cantona avait raison, tôt ou tard les Peuples devront montrer aux banques qu'elles ne peuvent en aucun cas être maître du jeu. La maîtrise du cash est pire que les armes.
Encore une fois, c’est ce que nous expliquons ici, sur le site de la Pétition Non à la société sans cash et la raison pour laquelle nous refusons cette privation de liberté. La pétition compte déjà plus de 10 000 signatures. C’est bien… mais il faut faire plus. Plus vous serez nombreux à signer, à faire voir cette pétition, plus nous aurons de poids lorsque nous irons revendiquer nos droits auprès des Institutions.
Mais Janet Yellen nous rassure : dormez tranquille, braves gens, les taux négatifs ne sont pas encore d’actualité — mais ça viendra, n’en doutez pas. Voici quelques-uns de ses propos :
"Je serai claire, les taux négatifs n’ont, à ce jour, pas été envisagés de façon sérieuse. Cela ne faisait pas partie de nos principales options".
Un petit coup de tranquillisant, puis un admirable exercice de langue de bois de grand planificateur couvrant ses arrières…
"Je ne m’attends pas à ce que nous nous engagions dans de nouveaux assouplissements. Mais si les perspectives venaient à changer d’une façon inattendue par mes collègues et moi-même et que nous nous trouvions confrontés à une économie faible qui nécessiterait des mesures de relance additionnelles, nous regarderions tous les outils disponibles. Et cela [les taux négatifs] pourrait être quelque chose que nous considérerions dans ce contexte".
Pas de QE4 donc (la BCE et la Bank of Japan s’en chargent), mais plutôt des taux négatifs la prochaine fois que la Fed devra "faire quelque chose". J’avoue que je me suis lourdement trompée. Je partais du principe qu’en matière financière toutes les bêtises avaient déjà été faites par le passé. Il suffisait de fouiller dans l’histoire. Eh bien, non. Les taux négatifs sont une bêtise nouvelle, jamais encore expérimentée. Conclusion ? Nous allons être des cobayes — bienvenue dans le laboratoire financier !"

Bruno Colmant, professeur à la Vlerick Management School et à l'UCL, membre de l'Académie royale de Belgique dans "Trends Tendances" Belgique du 20 septembre 2015 : L'économie va-t-elle pulvériser les Etats?

" Après les deux premières révolutions industrielles, celle des années 1780 qui a porté sur les sciences et techniques du textile, de la métallurgie et du transport ferroviaire, et celle qui a débuté dans les années 1880 avec l'apparition du moteur à explosion, de l'électricité, de l'automobile et de l'aviation, nous pénétrons dans une troisième révolution économique, celle de la mobilité du capital et de l'information. C'est la révolution digitale.
Cette troisième révolution modifie la typologie du progrès. Le développement des sciences et des techniques se propage désormais au rythme de la transmission de l'information et de la fluidité des capitaux. Cette mondialisation économique altère les espaces-temps. Elle est globale et dissocie la géographie de la formation du savoir des lieux de leur commercialisation.
La synchronisation des temps sociaux devient planétaire. Désormais, la plupart des hommes peuvent, individuellement ou collectivement, être en contact de manière synchrone. La révolution de la transmission de l'information induit elle-même un sens de l'histoire instantané, c'est-à-dire un rapport au temps différent. Elle crée des communautés éphémères, transitoires, promptes à stimuler l'échange, la créativité et l'échange commercial. Cette nouvelle relation de l'homme à l'information engendre des associations humaines élastiques, mobiles et donc multiloculaires.
En même temps, depuis près de cinq ans, l'économie mondiale se refroidit. Après une période de croissance liée aux gigantesques développements de l'économie numérique et aux gains de productivité qui l'ont accompagnée, la croissance se tasse. Nous traversons une crise de la demande. Les causes de cette atténuation économique sont nombreuses : vieillissement de la population, digitalisation de l'économie de services, déplacement des centres de croissance vers d'autres continents, manque de politique industrielle visionnaire, incapacité à moderniser nos économies européennes au travers d'un dialogue social non confrontationnel, maintien d'un Etat providence partiellement inefficace, état d'esprit insuffisamment entrepreneurial, etc. Cette liste est "sympa" mais elle oublie le principal, à savoir : le rôle de la comptabilité dans les déviations financières vers quelqu'uns au détriment de toute cohérence SOCIOECOPOFI (SOCIOLogie, ECOnomie, POlitique, FInance) et en mettant les Peuples et les Etats en situation de précarité. Les Etats sont devenus des pièces "faibles" et dépendantes d'un système de copinage et de corruptions comptables, financières et intellectuelles.  Sans la consommation de la masse, point d'économie viable. Sans prise en compte que dans le futur la consommation sera plus importante que le travail, nous ferons que de l'"à peu près" et non du "pro-actif". Point positif, c'est dans ces situations que les véritables Hommes ou Femmes politiques peuvent percer.
Mais c'est peut-être même plus grave: nous serions dans une tendance structurellement déflationniste, c'est-à-dire une stagnation de l'économie. Cette situation est normale vu l'importance prise par la paupérisation dans la réalisation des objectifs comptables et financiers des lobbies. Lobbies qui dans les faits ne font que gérer les "politiques". L'exemple des positions aberrantes du l'europe allemande sont en très bon exemple.  Ce courant froid pourrait être lié au remplacement structurel de nombreuses tâches humaines par des processus digitaux, découlant de cette troisième révolution industrielle. La quantité de travail, à tout le moins dans les métiers d'intermédiation (ou plutôt répétitifs), serait en contraction profonde. Concrètement, de nombreuses entreprises de service vont simplifier leurs procédures internes et leurs rapports avec leurs clients au travers d'applications informatiques, de robotisation, de connections qui vont remplacer le rôle qu'entretenaient des travailleurs. Internet est devenu un substitut à l'allocation géographique des facteurs de production en permettant la délocalisation et la désynchronisation des circuits de production.
Plusieurs études, menées transversalement dans différents pays européens, indiquent que près de 40% des métiers pourraient être aspirés dans ce développement technologique. Bien sûr, d'autres métiers vont apparaître, mais la nature de leur contenu intellectuel ou manuel est indécise. Un monde technologique exigera une élévation des sciences exactes, mais il permettra aussi une fragmentation des activités humaines, dans une logique décentralisée de déstructuration des monopoles d'exercice (il s'agit de l'"Uber"-isation de nos économies). A cet égard, il serait erroné de croire que la digitalisation va uniquement affecter les tâches manuelles : de plus en plus de métiers intellectuels (dont l'éducation) vont être déstructurés par la digitalisation. Bien sûr, on pourrait imaginer que la pénétration dans l'économie digitale induise de tels gains de productivité que la quantité de travail nécessaire en soit réduite. Il n'empêche : il y a un risque que cette révolution "industrielle" pulvérise les rapports sociaux, d'autant que l'économie digitale est, par essence, spontanée, décentralisée et individuelle, alors que nos modes d'organisation socio-économiques sont planiques, centralisés et collectifs.
Les acteurs de cette révolution sont connus: il s'agit des grandes entreprises de télécommunications et d'informatique. Outre une position quasi monopolistique entretenue par leurs moyens financiers et leur capacité d'innovation, les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) sont des entreprises caractérisées par un fort contenu capitalistique et une faible création d'emploi. Ces entreprises vont aspirer les gains de productivité qui correspondent normalement au taux de croissance de l'économie.
Déjà maintenant, des entreprises dominent les Etats (qui sont- pas nécessaire) écartelés entre leurs populations de citoyens-consommateurs et ces mêmes entreprises dont les consommateurs-citoyens utilisent les services. La digitalisation risque donc de déstabiliser les agrégats sociaux au travers d'une déliquescence de la classe moyenne et d'un accroissement des inégalités socio-économiques.
En particulier, les Etats européens sont écartelés entre la nécessité d'assurer l'ordre social dans un contexte de dettes publiques impayables et des entreprises étrangères géographiquement mobiles qui accaparent une grande partie des gains de productivité. Si cette intuition (simpliste et pessimiste) se confirme, alors la gestion domestique des économies européennes devrait s'étatiser tandis qu'une sphère marchande serait dominée par quelques acteurs internationaux sur lesquels le contrôle étatique deviendrait caduc. On pourrait même imaginer que ces entreprises internationales fassent et défassent les classes moyennes de pays désignés selon leurs intérêts commerciaux et que les Etats en soient réduits à devoir négocier des concordats fiscaux afin de conserver assez d'emplois et d'activités localement.
En résumé, nous sommes entrés dans une révolution industrielle inouïe, aux frontières de l'intelligence artificielle, des processus infaillibles qui dépassent les fatigues et impuissances des hommes, des processus qui remplacent les tâches répétitives. C'est un monde inversé, où les entreprises informatiques dominent les Etats alors que ces derniers sont confinés à assurer l'ordre social et la confrontation avec les promesses qu'ils n'ils n'arriveront pas à tenir. Nous sommes aux confins d'un nouveau monde où l'innovation et l'inventivité prévaudront.
C'est un monde très éloigné des années industrielles et - j'ose l'écrire - des Etats-nations, lointains héritiers des révolutions industrielles du 19ème siècle. C'est un monde plastique et versatile dont le fondement, c'est-à-dire le dialogue entre l'Etat et les marchés, est imprécis. L'Europe doit son modèle dans deux directions opposées et pourtant conciliables : la flexibilisation du travail et la solidarité sociale.
Tout pourrait se passer comme si Adam Smith animait la mondialisation digitalisée tandis que Karl Marx (ou Hegel) était convoqué pour assurer la solidarité sociale. Ce serait bien sûr une version "orweliène" de nos sociétés et il est peu probable que l'avenir s'assimile à cette sordide science-fiction. Encore qu'il faut parfois se faire peur pour s'éviter des cauchemars ultérieurs.

Ivan Best dans "La Tribune" du 3 septembre 2015 : Stiglitz : « L'économie américaine est malade des inégalités »

" La croissance américaine n'est qu'un feu de paille, estime le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, dans une interview à La Tribune. L'immense majorité des américains, dont les revenus stagnent, ne peuvent éternellement consommer à crédit. Le risque existe de tensions sociales grandissantes. Contre les inégalités, il faudrait limiter le pouvoir de la finance et redonner une capacité de négociation aux syndicats. Tout en revoyant un système fiscal qui encourage la spéculation
L'économie américaine se porte bien, comme on l'a vu au deuxième trimestre (3,7% de croissance en rythme annuel), alors que l'Europe peine à sortir de la crise. Peut-on voir là l'effet d'un trade-off entre inégalités et croissance, les Américains acceptant plus d'inégalités, mais bénéficiant en retour d'une croissance économique supérieure Oui, mais à quel prix humain et pour une durabilité qui est plutôt une succession de "moments" économiques et financiers.
D'abord, on ne devrait jamais s'attarder sur la croissance trimestrielle. Au premier trimestre, la croissance américaine a été négative, le PIB a reculé. Cette économie est très volatile. Les chiffres peuvent être positifs un trimestre, puis négatifs un autre. La vérité, c'est que la croissance américaine est faible, très faible, même si elle dépasse les niveaux européens. On s'attend à 2,2% de hausse du PIB cette année, ce qui est bien inférieur aux niveaux d'avant crise. 
Deuxième chose : si tous les fruits de la croissance vont dans la poche de... Bill Gates, cette expansion n'a pas grand sens pour l'immense majorité des citoyens. De 2009 2012, 91% de la hausse des revenus est allé dans la poche de 1% des Américains. 99% des gens n'ont pas vu la couleur de cette croissance. Le revenu median est aujourd'hui inférieur à son niveau d'il y a 25 ans. En bas de l'échelle, les salaires sont à peu près identiques à leur niveau d'il y a 50 ans !
Voilà pourquoi, quand je porte un jugement sur la santé de l'économie américaine, je dis qu'elle est vraiment malade, que c'est un échec. La hausse du PIB, la croissance, ne nous dit rien du bien-être de l'immense majorité des citoyens. L'économie doit être au service de la société, elle ne doit pas tourner au profit de 1% des gens. On voit les conséquences de cette situation quand on se penche sur la réalité de la vie de l'immense majorité. L'insécurité est en forte hausse, les gens ont peur de perdre leur maison, leur job... La réforme de la santé voulue par Obama va dans le bons sens, mais cela n'empêche pas le sentiment d'une grande insécurité.
Pourtant, les entreprises américaines vont mieux, la consommation est en hausse....
Les entreprises peuvent se moquer de la situation des Américains, si elles font du business ailleurs, dans une Chine en croissance, par exemple. Mais la Chine ne va plus si bien ! C'est donc un pari risqué. Quant à la consommation, si elle ne se porte pas trop mal, c'est grâce au crédit ! Avant la crise de 2008, les 80% d'Américains les moins riches consommaient 110% de leur revenu. Cette « désépargne » a pris fin un certain temps, mais la majorité des consommateurs dépense à nouveau plus de 100% de son revenu. Cela ne peut pas durer ! On ne peut pas éternellement acheter des voitures à crédit. Il se forme alors des bulles de crédit.
Ces bulles vont-elles éclater ?
Peut être pas éclater, mais, tôt ou tard, la consommation va être contrainte par la faiblesse du revenu. Les 20% les plus riches épargnent à hauteur de 15% de leurs revenus, cela représente 6% du PIB. Or l'épargne globale est inférieure à ce niveau. Cela prouve bien que 80% des gens consomment plus que leurs revenus. La consommation va donc retomber. Et la croissance s'en ressentira.
Vous soulignez le rôle de la finance dans la montée des inégalités. Quel est-il?
La finance sort gagnante de ce système où les gens vivent à crédit, grâce aux intérêts perçus, aux commissions. L'argent va de la poche des Américains dans celles de banquiers. Le secteur financier est passé de 2,5% du PIB à 8% du PIB aux Etats-Unis. Sans apporter aucune amélioration à l'économie. Payer pour un meilleur moteur, cela peut-être intéressant. Mais payer toujours plus pour un système financier qui est de moins en moins efficace, voilà qui pose question. Un exemple : pour une épicerie de quartier, les seules commissions sur cartes bancaires représentent la moitié du bénéfice de l'épicier ! On comprend pourquoi les esprits les plus brillants se tournent vers les banques.
Comment en est-on arrivé là ?
Reagan a dérégulé le secteur financier, ce qui a été une erreur majeure. Cette dérégulation a été étendue à toutes les entreprises, qui sont tombées sous la dictature du court terme. Les banques sont censées prendre de l'argent aux particuliers pour les reverser aux entreprises. Aujourd'hui, l'argent part des entreprises vers les riches particuliers. Et tous les risques sont titrisés et mis à charge des Etats. Effectivement, il faut rendre le cash illégal tout comme les armes car tôt ou tard ..... Gardez votre cash et n'oubliez pas que les états n'ont jamais été garant de liberté retrouvée. Votre Liberté est le fruit de combat et doit être défendue avec une vigilance permanente. La Liberté est bien l'acte citoyen qui fait l'Etat.
Pourtant, Barack Obama avait bien l'intention de réguler la finance ? A-t-il échoué?
Oui, sur ce plan, il a échoué. Le problème, c'est qu'il a laissé beaucoup trop d'influence à la finance, au sein de l'administration. Tim Geitner, de la Réserve fédérale, a été appelé comme l'un des principaux conseillers pour réformer les banques : cela revient à demander à ceux qui avaient échoué dans la supervision de la finance, qui en étaient très proches, de venir la réformer. Cela ne pouvait pas fonctionner ! D'autant que Tim Geitner est retourné, comme prévu, vers le secteur financier. Il n'allait tout de même pas rudoyer ses futurs employeurs !
Les patrons qui financent les campagnes électorales n'ont-ils pas une influence prépondérante ?
C'est vrai, mais le problème est plus vaste. Obama a été intimidé par les banquiers. Ils lui ont dit : si vous ne nous traitez pas bien, l'économie va aller encore plus mal. Il a donc eu peur d'eux. Plutôt que d'écouter les économistes, qui voulaient réguler la finance, il a donc donné la priorité aux banquiers. Les banquiers achètent ce que les économistes ne peuvent faire. Ce n'est plus comment, pourquoi ou combien ? C'est tout simplement dans trop de cas : Combien ou quel poste "parachute" ?
Qu'aurait-il fallu faire ? Qu'auriez-vous préconisé, si Obama vous avait demandé conseil?
J'aurais posé deux questions qu'il a omis de poser. La première, c'est celle du poids dans des banques dans notre société. La seconde, c'est : les banques font-elles vraiment leur métier ? Huit ans après le début de la récession, les prêts aux entreprises sont inférieurs à leur niveau d'avant crise. Les prêts servant à la spéculation se sont envolés. J'aurais rendu leur système bancaire plus concurrentiel, j'aurais imposé des limites aux commissions sur les cartes de crédit et de débit, j'aurais restreint l'utilisation des CDS et autres produits spéculatifs. J'aurais dit aux banquiers : votre métier, c'est de prêter ! J'aurais accru la transparence du système, combattu le shadow banking.
Tout cela n'a pas été fait, même si la loi Dodd Frank était un début. Mais bien insuffisant.
Que faut-il faire contre les inégalités, aujourd'hui ? Seulement augmenter l'impôt sur le revenu ?
Je pense qu'il faut plutôt s'attaquer à la question des revenus avant redistribution, avant intervention de l'impôt. Et pas seulement se concentrer sur la redistribution par l'impôt, Notamment aux Etats-Unis. Nul doute que les autres pays occidentaux suivraient peu ou prou.
La vérité, c'est que la productivité a augmenté ces 30 dernières années, aux Etats-Unis, mais que les salaires n'ont pas du tout suivi cette hausse. C'est totalement inhabituel. D'ordinaire, les salaires suivent la productivité. Pour rompre avec ce blocage salarial, il faut redonner aux salariés du pouvoir de négociation, limiter la capacité d'action des PDG. Je rappelle que la rémunération des patrons américains est passée de 20 fois le salaire ouvrier à 300 fois ce salaire... Et ce n'est pas une productivité en hausse qui aurait justifié cela. Les patrons de banques, qui sont les mieux rémunérés, ont une productivité négative, sur les dernières années ! Voilà le problème central, s'agissant des inégalités, sur lequel on devrait se concentrer.
Comment  infléchir cette tendance ?
Il faut accroître le pouvoir des syndicats, améliorer la gouvernance des entreprises, en augmentant les contraintes pesant sur les dirigeants, développer la transparence sur les rémunérations et le pouvoir des actionnaires à cet égard... Et la fiscalité peut jouer un rôle incitatif dans la répartition primaire des revenus (avant intervention de la redistribution par le système fiscal). Aujourd'hui, aux Etats-Unis, et dans beaucoup d'autres pays, les revenus issus de la spéculation sont beaucoup moins taxés que les salaires. Ces revenus (dividendes, stock-options...) sont l'apanage des plus riches, qui bénéficient donc d'une fiscalité allégée. D'où un système fiscal régressif : on est d'autant moins taxé que l'on est riche. Il faut en sortir.
En alignant l'imposition des revenus du patrimoine sur les salaires, on découragerait la distribution de dividendes, stock-options, etc... On encouragerait au contraire les activités productives. D'un point de vue plus général, nombre de changements législatifs et réglementaires de ces 30 dernières années ont contribué à l'accroissement des inégalités. Il faut revenir sur ces règles. Ce qu'on a un peu oublié, c'est que le marché ne fonctionne pas sans un minimum de règles. Et ce minimum de règles est achété ou lobbyisé. Comment justifier avec les enseignements de la dernière crise et les déclarations des autorités comptables internationales le maintien du mark-to-market comme seule information et seule valorisation des OPCVM ? Toutes les statistiques boursières sont fausses, toutes les bases d'information des épargnants et investisseurs sont fausses, la quasi totalité des frais prélevés aux clients est fausse et relève de l'abus de confiance et de l'escroquerie. Abus de confiance et escroquerie mis en place sous les diktats et le contrôle des autorités type AMF en France (Autorité qui se rémunère sur cette escroquerie. Eh oui... Il faut que je fasse attention parce que cette autorité emploie même la technique nazie de la collabo française  de l'attaque à la réputation et au portefeuille), sous la certification des commissaires aux comptes qui touchent (type Sellam, commissaire aux comptes délateur sur une erreur de calcul de sa part (qui a dit MDR) dans le dossier Edeweiss Gestion) etc.. Et que dire des analyses quotidiennes, des commentaires des mouvements des marchés, des prospectives boursières réalisés sur des cours de Bourse faussés quotidiennement à plus de 97% (voir quotidiennement www.agencedecotationihr.com),  etc... Et quand  les clients investisseurs et leurs avocats vont comprendre comment ils se sont fait abusés et "volés".....
Comment, par exemple, redonner du pouvoir aux salariés ?
Aux Etats-Unis, on a tout fait pour affaiblir les syndicats en rendant leur organisation, leur vie, plus difficile. On a encouragé les salariés à ne pas payer de cotisation syndicale, ce qui a évidemment affaibli les syndicats. C'est ainsi que la protection des salariés a été petit à petit diminuée.
Que pensez-vous de la proposition de Piketty, d'instaurer une taxation mondiale des capitaux, une sorte d'ISF mondial ?
Je ne suis pas sûr ce que ce soit la meilleure approche. La montée des inégalités est liée aux changements de la règlementation que j'ai évoqués, au système fiscal régressif. La hausse du stock global de capital mise en avant par Piketty est liée à l'augmentation des prix du foncier et de l'immobilier. Cette valeur du capital peut être déconnectée de la richesse croissante des plus riches, qui est beaucoup plus certainement liée à des plus-values sur actions ou stock options. Il faut distinguer aujourd'hui la richesse et le capital. Pour résumer, on ne peut plus assimiler aujourd'hui la richesse d'une nation à la valeur de son stock de capital. Voilà pourquoi la suggestion de Piketty n'est pas forcément la plus opérante.
Jusqu'où peuvent aller les inégalités ? N'y-a-t-il pas une limite ?
On peut parvenir à une situation semblable à celle des pays sous développés, où les inégalités deviennent si élevées que les riches sont contraints de vivre dans des résidences fermées, surveillées, doivent envoyer leurs enfants aux Etats-Unis car, sans cela, ils risquent d'être kidnappés.... 
On n'en est pas encore là. Mais si le mouvement actuel continue, le risque existe d'aboutir à une telle situation.

Joseph Stiglitz vient de publier "La Grande Fracture, les sociétés inégalitaires et ce que nous devons faire pour les changer", éditions Les Liens qui Libèrent
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Nicolas Barré dans "Les Echos"du 2 septembre 2015 : Henri de Castries : « Un monde nouveau surgit au coeur de l'économie classique »

" Le numérique accélère la transformation de toutes les économies, mûres et émergentes. Sommes-nous en train de changer totalement de modèle ?
L'économie d'aujourd'hui est un paysage fascinant et qui bouge très vite. Nous voyons, d'une part, des économies classiques qui butent sur les limites de leur modèle de fin du XXe siècle parce qu'elles n'ont pas fait les réformes nécessaires. D'autre part, une économie nouvelle qui surgit partout avec des potentialités phénoménales. Mais, comme tout surgissement, il s'accompagne de bouleversements et de déchirements remettant en cause une partie de l'économie ancienne. Enfin, nous voyons des pays émergents qui ont accès à tout - capital, technologie, talents - qui sont désormais totalement connectés au monde, mais qui eux-mêmes ne peuvent pas échapper aux contraintes classiques des économies : qualité de la gouvernance, fondamentaux démographiques, etc.
C'est le cas en particulier de la Chine
La Chine est l'illustration parfaite. Contrainte classique : la population active chinoise est stable cette année ! Comment peut-on penser que ce pays peut entretenir une croissance de 7 % à 10 % avec une population active qui stagne ? La croissance à 10 % était possible quand il y avait à la fois accélération des investissements, croissance de la population active et migration des populations rurales vers les villes. Aujourd'hui, il y a moins d'investissement (on constate une saturation dans certains secteurs), la population active stagne et il ne reste que l'urbanisation. Mais parallèlement à ces contraintes classiques, et c'est ce qui rend toute analyse du monde actuel plus complexe, on assiste en Chine à l'émergence extraordinairement rapide d'une nouvelle économie au moins aussi sophistiquée qu'aux Etats-Unis. L'application WeChat, par exemple, mélange de Facebook et d'Amazon, compte 550 millions d'utilisateurs actifs… Or, on mesure très mal l'impact de ce surgissement sur l'économie.
Les indicateurs classiques sont obsolètes ?
Il me semble qu'ils mesurent mal, voire pas du tout les changements à l'oeuvre. Je ne crois pas un instant à la thèse des économistes qui disent que la productivité ne progresse presque plus. C'est juste qu'elle n'est pas correctement mesurée ! Nous assistons à une amélioration phénoménale de la qualité de certains services pour des coûts décroissants. Une recherche Google qui coûte zéro aurait été facturée très cher il y a vingt-cinq ou trente ans. Si ce n'est pas de la productivité, qu'est-ce que la productivité ?
Non seulement il est très difficile de mesurer la valeur de ces produits, mais il est aussi très difficile d'évaluer l'obsolescence ou la valeur du capital accumulé. Beaucoup de gens pensent par exemple que la principale entreprise hôtelière du monde est Marriott : 125.000 employés, 700.000 chambres d'hôtel. Mais c'est en fait Airbnb : presque 1,5 million de logements disponibles dans 34.000 villes pour 1.600 employés. Du coup, que valent les investissements classiques du secteur ? Quelle est la valeur du stock de capital accumulé par les modèles d'entreprise classiques ? Ce n'est plus la valeur historique, ce n'est pas forcément la valeur de rendement aujourd'hui et il est devenu très difficile de projeter la rentabilité future. C'est ce qui explique que Tesla vaille quasiment autant que GM en ne représentant que 2 % de son chiffre d'affaires ! D'un côté, on a un modèle ultraclassique avec des investissements physiques mesurés de manière classique au moyen d'instruments que l'on utilise depuis cent cinquante ans et cela nous rassure. D'un autre côté, nous avons un modèle complètement nouveau, avec des investissements beaucoup plus faibles, une utilisation des facteurs de production et des savoirs différente mais qui aboutit à fournir un service qui, dans beaucoup de cas, est sensiblement meilleur. Donc, cela brouille (comme en Bourse) toute mesure mais nous montre aussi que de nouveaux modes de développement sont possibles. Comme en Bourse avec la Variation Humainement Responsable voir site www.agencedecotationihr.com
Pourquoi le ralentissement chinois inquiète-t-il tant ?
D'abord pour une bonne raison : c'est un pays de 1,4 milliard d'habitants, contre 10 millions en Grèce… Mais aussi pour une mauvaise : beaucoup de pays comptaient sur la demande chinoise pour tirer leur économie. Ils comptaient sur la tante chinoise comme jadis sur l'oncle d'Amérique... Or ce ne sont pas les Chinois, par une croissance artificiellement soutenue, qui vont permettre à l'Europe de différer les réformes de structure ou de s'en exonérer.
Va-t-on assister à la fin de la croissance en Europe ? Le monde développé est-il entré dans une ère de croissance ralentie ?
On n'échappe pas à certains fondamentaux comme la démographie. Quand elle stagne, il est logique que les taux de croissance potentiels baissent. La productivité ne peut pas compenser indéfiniment le déclin démographique. Ce qui compte alors, c'est le revenu par tête. Il augmente en Allemagne, il stagne ou baisse chez nous. Mais si nous nous trouvons effectivement dans un cycle de croissance faible du PIB, la qualité des services offerts n'a jamais autant progressé et cette réalité est mal appréhendée par l'appareil statistique classique. En outre, à l'intérieur de l'Europe, il y a des secteurs, des pays, des entreprises qui s'en sortent extraordinairement bien et d'autres qui sont des morts-vivants. La France est le reflet de cela : des modèles de réussite exceptionnelle d'un côté avec l'émergence d'entreprises nouvelles dans les services et les technologies (Iliad, BlaBlaCar…) et des pans entiers du vieux monde qui sont en train de s'écrouler. Ce qui se passe en ce moment dans l'agriculture où nous payons plusieurs décennies de refus de la modernisation, du progrès, de la concentration (sauf dans certaines branches comme les céréales) en est l'illustration typique.
La nouvelle économie va-t-elle faire disparaître plus d'emplois qu'elle n'en créera ?
Il va y avoir des destructions très importantes de capital et de travail à une vitesse accélérée et en même temps un surgissement d'activités nouvelles. Mais je suis convaincu que la recréation sera à la fin plus importante que la destruction car les besoins sont toujours illimités. La grande question pour l'Europe, qui a profité de la révolution industrielle au XIXe siècle, est de savoir si cette recréation va se passer sur notre continent ou ailleurs. Nous devons créer un terreau favorable. C'est tout à fait possible car notre modèle économique et politique est le meilleur. Le monde de demain passe par la valorisation de l'initiative individuelle, la capacité à mutualiser le savoir et les talents, la capacité à travailler en équipe dans le respect de l'autre, etc. Ces valeurs sont celles de la démocratie politique, ce sont les valeurs fondamentales de l'Europe. A 500 millions d'habitants, nous avons à la fois la taille critique et les atouts pour réussir.
Et la France ?
La France a même plus d'atouts que d'autres pour réussir dans le nouveau jeu. Notre sujet, ce ne sont pas les atouts mais la manière de les jouer. Il faut accepter le monde tel qu'il est. Les discours modernisateurs de Valls et de Macron sont utiles et positifs mais il faut qu'ils s'inscrivent dans une politique cohérente. Il faut du courage pour passer du discours aux actes et de la persistance pour ne pas faire des choses contradictoires : le Cice d'un côté et la pénibilité de l'autre par exemple.
François Hollande peut-il encore réformer dans les dix-huit mois qui viennent ?
Il faudrait mener deux ou trois réformes fondamentales pour dire qu'il a débloqué la société française. Nous ne pourrons pas nous en tenir à des symboles sympathiques : la libéralisation des autocars, qui ne nous font pas basculer dans le monde moderne. Le directeur du Trésor anglais disait récemment que pour juger de la santé réelle d'un pays, il faut regarder deux indicateurs : le dynamisme des recettes fiscales et le volume des inscriptions au chômage. Au Royaume-Uni, les recettes fiscales progressent avec une fiscalité qui a baissé et les inscriptions au chômage ont fortement diminué. C'est le contraire de la France : la fiscalité a fortement augmenté, mais les recettes fiscales reculent et les inscriptions au chômage ont explosé. Il y a trois ou quatre ans, beaucoup en France regardaient George Osborne et David Cameron comme de jeunes libéraux un peu dangereux. Leur exemple montre que dans les démocraties européennes, il est possible de faire des réformes courageuses et de gagner des élections ! En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20150831/lec2_l_entretien_du_lundi/021287896971-henri-de-castries-un-monde-nouveau-surgit-au-coeur-de-leconomie-classique-1149056.php?bzrc6dUDOGYEpLGE.99#xtor=CS1-33

Dans "Trends Tendances" Belgique du 24 août 2015 :  Verra-t-on bientôt fleurir les pancartes 'Des humains travaillent ici' ?

" L'information n'a pas fait grand bruit, pourtant elle exprime bien l'état d'esprit des grandes entreprises et en particulier de certaines multinationales à l'affût de toute forme de réduction des coûts. Au départ, il s'agissait plutôt d'une bonne nouvelle. Aux États-Unis, les salariés des fast-foods américains viennent de remporter une belle victoire après des années de mobilisation: le salaire minimum va enfin passer de 7,25 dollars de l'heure à 15 dollars. Mais si cette hausse de salaire est un départ, l'arrivée risque d'être moins amusante, dans le sens où le journal Washington Post croit savoir que cette hausse des salaires va inciter les employeurs du secteur à essayer de remplacer les humains par des robots. Selon le Washington Post, plutôt que de doubler les salaires de leurs employés, ces fast-foods pourraient se tourner vers des technologies susceptibles de les remplacer.
À Phoenix, en Arizona, un Mc Donald's a fait le choix d'opter pour un restaurant entièrement géré par des robots dans le but de diminuer le déclin de ses bénéfices. Certes, il y a encore des salariés, mais leur rôle se limite à s'assurer que tout fonctionne bien, à réceptionner les produits de base, à collecter l'argent récolté par les robots. Résultat: ces robots vont 50 fois plus vite que des humains, et sans se tromper. En cas de succès de cet essai, d'aucuns pensent qu'on pourrait imaginer une généralisation de ce phénomène.
Verra-t-on bientôt fleurir les pancartes 'Des humains travaillent ici' ?
C'est d'autant plus probable que, comme le font remarquer pas mal d'économistes, le fait que les taux d'intérêt soient très bas depuis des années incite les entreprises à robotiser et automatiser un maximum leur activité, vu que ces entreprises peuvent emprunter des capitaux à un très faible prix. Certains pensent même que si le chômage ne diminue pas, c'est à cause des fonctionnaires de la Banque centrale européenne (BCE) qui maintiennent les taux d'intérêt artificiellement bas. En voulant relancer, grâce à cela, la machine économique, ces fonctionnaires non élus renforcent en réalité le taux de chômage.
Mais comme le fait aussi remarquer le Washington Post à propos des fast-foods américains, l'humain ne sera pas totalement remplacé dans ce genre de job, notamment pour des raisons de sécurité. Et puis qui sait, dans certains cas, la présence d'êtres humains pourrait s'avérer être même un avantage concurrentiel. Dans pas mal de restaurants aujourd'hui, on voit des petites pancartes sur la vitrine indiquant qu'il y a une terrasse ou un jardin à l'arrière du restaurant. Qui sait, demain verra-t-on sans doute la même pancarte indiquant qu'il y a des êtres humains qui travaillent dans le restaurant.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 14 août 2015 Article intitulé : 'Le progrès technologique tend à rendre les hommes indispensables pour ce qu'ils sont'

" Il n'aura pas fallu attendre que la Finlande décide de ne plus rendre obligatoire l'enseignement de l'écriture cursive (à la main) pour se poser cette question, mais certains auront sans doute été particulièrement émus par cette décision hautement symbolique : jusqu'où nos tâches quotidiennes, que l'on pensait immuables, seront-elles remplacées par les ordinateurs ? La peur est souvent mauvaise conseillère et c'est pourtant elle qui est à l'oeuvre lorsque nous constatons que l'automatisation gagne du terrain. Ainsi, pour nous rassurer, nous avons tenté, des décennies durant, de déterminer ce qu'une machine ne serait jamais capable de faire... en nous fourrant désespérément le doigt dans l'oeil. Même la conduite d'une voiture, considérée comme une tâche éminemment complexe car résultant d'une succession de décisions prises en une fraction de seconde, basées sur notre appréciation parfois très intuitive du risque, est aujourd'hui automatisable. Bill Joy, un informaticien américain rendu populaire par son article "Pourquoi le futur n'a pas besoin de nous", paru en 2000 dans la revue Wired, explique d'ailleurs par le biais d'une comparaison très simple qu'il est vain de chercher la limite de la technologie : si l'aviation, qui est 100 fois plus rapide que la marche, a révolutionné le monde, le potentiel des ordinateurs dont la puissance de calcul augmente d'un facteur 1 million en 40 ans est tout simplement inimaginable.
Comment dès lors les humains pourront-ils continuer à ajouter de la valeur dans ce bas monde ? Précisément en étant des humains. Alors que sur le siècle écoulé, ils ont surtout cherché à se comporter comme des machines, en espérant même être meilleurs qu'elles. Ainsi, certains commencent déjà à remettre en question l'importance de l'apprentissage du code informatique, présenté comme le sésame pour un futur (professionnel) digne de ce nom. La matière, comme toutes les autres matières scientifiques d'ailleurs, reste évidemment d'une importance cruciale... mais sa valeur tend à diminuer au fur et à mesure que la puissance informatique augmente. A l'inverse, les compétences interpersonnelles, la capacité à bâtir des relations, à collaborer, à créer ensemble, le leadership -- des compétences typiquement humaines qui ont d'ailleurs permis la survie de l'espèce -- sont et seront plus valorisables que jamais.
Le progrès tend à rendre les hommes indispensables pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils savent
Même si l'on peut regretter que l'apprentissage de l'écriture soit relégué au rang d'archaïsme, et même si la technologie n'a pas fini de détruire des emplois, il y a toutefois lieu de se réjouir : le progrès tend à rendre les hommes indispensables pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils savent. Reste qu'il faudra pour en tirer parti réussir à appréhender la technologie de façon à ce qu'elle nous permette justement d'être plus humains, ce qui n'est pas gagné d'avance. Car outre de fameux gains de productivité, la technologie, informatique en particulier, a également contribué à nous isoler les uns des autres. A force de confondre connexion et conversation, de passer du temps à élaborer un profil de soi toujours plus désirable, broadcasté vers un réseau souvent beaucoup trop large pour être véritablement exploitable, nous nous replions sur nous-mêmes alors que les enjeux économiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés nécessitent que nous nous comportions comme l'animal social que nous avons toujours été... et qu'une machine ne sera jamais."

Mégane Chiecchi  dans "La Tribune" du 10 août 2015 Article intitulé : Le revenu de base (3/3) : une utopie réaliste ?

" Le revenu de base a des limites, des barrières qui l'empêchent d'être mis en place effectivement, alors même que le concept existe depuis plusieurs siècles. Si l'idée est révolutionnaire, elle doit d'abord convaincre les foules pour exister. Un défi qui ne parvient pas à être relevé, notamment parce qu'il porte en lui de nombreuses incertitudes.
Le modèle du revenu de base est souvent moqué par ses détracteurs pour son manque de réalisme. Comment justifier, par exemple, que certains profitent du revenu de base pendant que d'autres travaillent pour le financer ? La métaphore du surfeur de Malibu, inventée par le philosophe John Rawls n'est jamais très loin pour créer le débat. Pour Guillaume Allègre, économiste à l'OFCE (l'Observatoire français des conjonctures économiques), le blocage est évident : "Il n'y aura pas de consentement des travailleurs à payer pour des surfeurs qui passent leur journée sur la plage." Un argument qui sonne juste, et qui est régulièrement soulevé par l'ensemble des opposants au revenu de base. Ainsi, Jean-Marie Harribey, un économiste marxiste, doute tout simplement de la légitimité philosophique d'un tel concept, dans la mesure où il révolutionne la place du travail dans nos sociétés. En dissociant les notions de travail, activité et revenus, il est donc question d'accepter de rémunérer des activités auparavant jugées gratuites, telles que les tâches effectuées par les femmes au foyer. Vecteur d'émancipation pour l'économiste Philippe Van Parijs, le concept est très critiqué par Harribey qui y voit une dérive philosophique :
"Toute peine mérite salaire et tout salaire mérite peine", résume Jean-Marie Harribey.
Une projection avant-gardiste
Défenseur du revenu de base, Jean-Eric Hyafil l'admet, ce mouvement est largement irrigué par l'idéologie décroissante. Selon lui, le concept suggère une nouvelle société, éloignée de la consommation : Voir mon commentaire.
"Il est question de changer de paradigme, l'idée c'est de diminuer le poids de la sphère marchande, au profit de la sphère autonome, c'est à dire celle où le travail est libre, bénévole ou gratuit. La sphère étatique, de son côté, conserve son rôle de régulateur et gère les impôts" explique l'économiste.
Efficace en théorie, le concept est loin de convaincre tous les économistes. Pour Guillaume Allègre, cette vision est prématurée. Selon l'économiste, l'automatisation de certaines tâches et le remplacement du capital humain par les robots n'est pas encore assez avancé pour que les individus puissent se libérer totalement de l'obligation de travail. Qui remplacera les femmes de ménage ? Les restaurateurs ? Trop de professions restent encore dépendantes du capital humain pour fonctionner.
"Ce sera pour le 22ème siècle", espère Guillaume Allègre.
Par ailleurs, la réaction ou le comportement des individus face au revenu de base reste difficilement prévisible. Difficile d'imaginer une telle révolution sociétale sans certitude. L'économiste Marc de Basquiat le confirme  :
"En réalité on n'en sait rien. L'hypothèse que le revenu de base va fonctionner est un peu dans le vide. Mais dans tous les tests menés, aucune expérience ne prouve pas que les gens s'arrêtent de travailler." Des expérimentations biaisées
Pourtant, le revenu de base a bien été mis en place dans certaines régions du monde, mais avec des spécificités qui portent à croire que le concept n'est pas universellement viable. En Namibie par exemple, une allocation universelle de 100 dollars namibiens (10 euros) a été versée à l'ensemble du village d'Otjivero pendant deux ans.
Souvent donné en exemple par les partisans du revenu de base, cet essai a permis aux villageois de sortir en partie de la pauvreté, mais il est loin de correspondre aux problèmes rencontrés par les pays développés.

D'autant que la mise en place du revenu de base s'accompagne rarement d'une révolution fiscale digne de garantir sa faisabilité à une échelle mondiale. Jean-Eric Hyafil le rappelle, ce concept provoque par exemple automatiquement des risques d'inflation. A l'heure actuelle, aucune expérience n'est jamais allée assez loin pour étudier cette possibilité.
La rhétorique des défenseurs du revenu de base s'appuie aussi sur l'Alaska et l'Iran pour convaincre les réticents. Mais bien souvent, c'est la dotation en ressources naturelles de ces pays qui leur permet de faire une distribution novatrice des richesses, et non pas un projet politique révolutionnaire. En Alaska par exemple, chaque année depuis 1983, les habitants touchent une allocation, indexée directement sur les revenus issus de la rente pétrolière. En 2014, il s'élevait à 1.884 dollars (1.733 euros), contre 878 dollars (678 euros) en 2012. De son côté, l'Iran, lorsqu'il a arrêté de subventionner le pétrole en 2008, a cherché à compenser la perte occasionnée chez les ménages par une nouvelle allocation, similaire au revenu de base.
Similaire, mais pas équivalent. Le mouvement pour le revenu de base souffre décidément d'un manque de crédibilité, à défaut d'avoir de nombreux partisans. Si l'idée est séduisante sur le papier, à l'heure actuelle aucun exemple ne peut réellement appuyer la viabilité du concept. Les tests à venir dans l'Union Européenne apporteront sûrement leur lot de réflexions sur l'idée, qui ne pourrait que se perfectionner dans les années à venir.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 10 août 2015 Article intitulé : Maître ou esclave, le paradoxe du travailleur de l'économie partagée

" Ces nouveaux emplois offrent une grande liberté pour ceux qui les occupent mais, en contrepartie, aucune sécurité ni prestations sociales.
Près de 18 millions de personnes aux Etats-Unis tirent désormais une part significative de leurs revenus d'emplois non-traditionnels et ils sont 12,5 millions à avoir ce genre d'emploi à temps partiel, selon MBO Partners, une entreprise qui apporte ses services à des sous-traitants.

Une autre étude, réalisée par le groupe de logiciels financiers Intuit, indique que de 25% à 30% de la population active américaine est précaire et que 80% des grandes entreprises ont l'intention de développer leur utilisation de la "main d'oeuvre flexible". Selon cette étude, 40% de la population active américaine pourrait être en situation de précarité en 2020.
Mais des fissures apparaissent dans ce nouveau modèle. Plusieurs procès sont en cours opposant des travailleurs estimant qu'une partie des coûts liés à l'exercice de leur fonction doit être assumée par les entreprises qui les emploient et qu'ils ont droit à une certaine forme de protection sociale.
"Ces entreprises ont choisi d'ignorer le problème car elles se considèrent comme un marché et non comme un employeur mais cela revient maintenant les hanter", estime le fondateur et PDG de MBO, Gene Zaino.
Les hommes politiques en sont conscients, comme la candidate démocrate à l'élection présidentielle Hillary Clinton qui a affirmé récemment qu'elle "prendrait des mesures contre les patrons qui exploitent les travailleurs en les désignant comme des sous-traitants".
"Cette économie à la demande, que l'on appelle aussi la +gig+ économie, favorise l'innovation", a déclaré Mme Clinton en juin "mais elle soulève aussi des questions difficiles sur la protection des travailleurs et sur ce à quoi ressemblera un bon emploi à l'avenir".
Mais sans la flexibilité des emplois, "l'économie partagée pourrait être stoppée net", affirme Christopher Koopman, chercheur au centre Mercatus de l'université George Mason en Virginie.

'Travailler quand on veut, comme on veut'
Selon lui, ceux qui choisissent ces emplois obtiennent en échange une grande flexibilité et se voient offrir la possibilité de "travailler quand on veut, comme on veut". Il faut néanmoins, selon lui, des règles claires pour éviter les conflits et l'incertitude.
Homejoy, un site en ligne de services de nettoyage, a dû fermer en juillet après avoir été poursuivi par des travailleurs qui demandaient à être considérés comme des employés.
Selon Simon Rothman de la firme de capital-risque Greylock Partners, il faut dissocier certaines prestations comme la couverture-santé, la retraite et l'assurance de l'emploi lui-même.

"Le temps n'existe plus où l'on signait un contrat avec un employeur pour la vie. Il y a un changement en profondeur qui va toucher tout le monde", affirme-t-il sur un blog.
Progrès ou régression ?
Mais Robert Reich, un ancien ministre du Travail sous l'administration Clinton aujourd'hui professeur à l'université de Californie, affirme que c'est en fait un retour à l'époque où il n'y avait pas de normes sociales.
"Le nouveau modèle transfère complètement le risque sur le travailleur et élimine les normes minimum", affirme-t-il dans un blog intitulé "l'économie partage-miettes".

"Le travail à la demande est un retour au XIXe siècle quand les travailleurs n'avaient pas de pouvoir, prenaient tous les risques et travaillaient des heures interminables pour pratiquement rien."
Mais Gene Zaino souligne que les études de MBO montrent que plus les travailleurs sont indépendants, plus ils sont heureux.
"Ce n'est pas tant pour l'argent mais le segment qui croit le plus vite est celui des gens gagnant plus de 100.000 dollars (90.000 euros) par an", indique-t-il. Il représenterait aujourd'hui 2,9 millions de personnes, selon MBO.
'Découpler' les avantages
Arun Sundararajan, qui dirige un département de recherches sociales à la New York University, estime que les responsables politiques devraient "découpler" les avantages traditionnels liés à un emploi pour favoriser les "gig workers", ainsi appelés car ils travaillent comme un musicien va sur scène et fait un "gig".
"Ils ne cherchent pas à devenir des employés à plein temps", dit-il à l'AFP, "mais seulement à en avoir certains des avantages comme la stabilité des revenus et les prestations sociales qui y sont attachées".
L'une des solutions aux Etats-Unis est le "401k" qui permet au travailleur de "transporter" son plan épargne-retraite d'un emploi à un autre avec une cotisation partagée entre lui et l'employeur. "Il faudrait penser à des structures similaires pour d'autres aspects de la protection sociale", souligne Arun Sundararajan.

Souvenez-vous :

Lea Pfeiffer  dans "Economie matin" du 30 juillet 2015 Article intitulé : Le revenu universel de base, une idée qui émerge en Europe

" Juha Sipilä, le Premier ministre finlandais, a annoncé lors de son discours de politique générale sa volonté d'expérimenter dans son pays le revenu de base. Une allocation universelle sans conditions ni contreparties qui remplacerait tous les autres aides .
La fin du chômage ?
A vrai dire, on ne peut pas parler de chômage si travailler est un choix. Et c'est ce que le revenu de base implique. Il s'agit d'un dispositif qui permet à chacun de disposer d'un revenu minimal, quels que soient les aléas de la vie professionnelle. Ainsi, la Finlande souhaite prodiguer ce revenu universel tous les mois pour tous et pour chacun, sans contrepartie. Libre ensuite à tout le monde de compléter en travaillant. Cette aide supprime toutes les autres. Fini les allocations chômage, aides au logements, pensions de retraite. â€¨ â€¨La Finlande veut être le précurseur du revenu de base en Europe. Le Premier ministre souhaite voir la concrétisation de cette idée économique ancienne et qui bouscule les clivages politiques. Les écologistes militent pour 440 €, l'alliance de gauche pour 620 € et les libéraux pour une fourchette entre 850 et 1 000 €.
Une idée qui émerge timidement
Ailleurs en Europe, l'idée fait aussi son chemin. La ville d'Utrecht, en Hollande, va tenter l'expérience à une petite échelle en janvier 2016. La Suisse va lancer un référendum d'initiative populaire sur le sujet l'année prochaine, comme cela est inscrit dans le programme du parti d'extrême-gauche Podemos.

En France, c'est l'Aquitaine qui se penche sur la question. La région prévoit de financer une étude de faisabilité de la mise en place d'un « RSA inconditionnel » d'un montant de 514 € pour un adulte seul dans ses départements les plus pauvres ; la Gironde, la Dordogne et le Lot-et-Garonne. â€¨â€¨En début d'année, un sondage Ifop révélait que 16 % des personnes interrogées se disent "tout à fait favorables" à la mesure, tandis que 44 % se prononcent "plutôt favorables". C'est 15 % de plus que lors du sondage à ce même sujet effectué en 2012. Les sympathisants de gauche réservent au revenu de base l'accueil le plus favorable (75 %). À droite, le projet est soutenu par plus de 50 % des personnes interrogées."

Souvenez-vous :

Commentaire du 13 octobre 2011 : L’histoire montrera que c’est bien la reprise économique, donc la consommation, qui doit dégager les ressources pour assainir la situation des Etats et des bilans. L’inverse, à savoir, favoriser en premier lieu les bilans ne fonctionne pas. Les politiques en cédant aux dogmatismes comptables et financiers se sont trompés. Et pour cause, ce n’est pas en diminuant le pouvoir d’achat, carburant de la consommation donc de la répartition des richesses et de la perception des impôts, que l’on va assainir la situation. Bien au contraire, de beaux bilans comptables, s’ils sont créés en défaveur de l’économie ne seront que l’instigateur de grèves, de révoltes qui finiront pas des Etats et des bilans encore plus déstructurés qu’auparavant. La dernière crise est là pour nous rappeler cette évidence. La seule réalité opérationnelle est la réalité humaine. L’Humain est à la fois le moteur (production) et le carburant (consommation) de l’économie. La comptabilité et le financier ne sont que des résultantes de l’économie Humaine c’est-à-dire la Socio-Economie. Comme nous le rappelaient nos professeurs Hollandais : « Ce n’est pas le port qui fait le commerce mais le commerce qui fait le port » La notion de « travail » doit évoluer. Hier, n’était considéré comme travail que la production. Quelle différence y a-t-il entre conduire une voiture pendant mon temps dit « libre » et fabriquer une voiture pendant mon temps dit « de travail » ? Dans les deux cas mes membres bougent. La grande différence est que dans un cas j’utilise mes membres pour consommer (temps de consommation) donc maintenir du travail à autrui (temps de production) et dans l’autre, j’utilise mes membres pour produire (temps de production) en réponse à une consommation d’autrui (temps de consommation). Le temps de consommation tout comme le temps production doit être considéré comme un temps économique à part entière. Dorénavant, ce facteur de temps de consommation doit être pris en compte comme un facteur économique essentiel. Accepter qu’il y ait une monopolisation du temps de production sur une partie de la population obère le temps de consommation, tant de ceux qui ont du « temps de travail » que de ceux qui n’en n’ont pas. Cette réalité déstabilise l’économie, la comptabilité et le financier. Nous connaissons la masse de biens et services à fournir et le nombre de personnes sur le marché de la production, pourquoi ne pas répartir le temps de production et de consommation sur le plus grand nombre pour que ce plus grand nombre puisse assurer la pérennité du circuit économique et une situation comptable et financière stable ?

Commentaire 9 mai 2014 : Pour compléter ce sujet, je vous propose de réfléchir au "schéma" comportemental qui, trop souvent, nous "façonne". Ce dernier commence par notre mental (travaillé quotidiennement par les médias) qui façonne notre imaginaire des choses (ce qui devrait être ou non, du bien du mal, de la réputation, de ce que l'on peut ou ne peut pas dire pour ne pas être rejeté par les autres, des hausses ou baisses boursières etc...) De cet imaginaire, nous fabriquons nos propres concepts qui en fait sont les concepts "imposés" que nous acceptons de suivre. Concepts qui prennent force par le fait qu'ils deviennent, pour rester dans la norme, des  "réalités". Ces "Réalités" qui ne sont nos vérités Humaines et Humanistes s'imposent petit à petit et créent nos insatisfactions et nos désaccords. Cette situation heurte notre sensibilité et nous met mal à l'aise face à nous-mêmes en nous faisant entrer dans la réalité d'actions en désaccord avec nous-mêmes ...mais que nous suivons pour rester dans la "norme" du moment. Appliquer cela au monde financier devient le n'importe quoi actuel.  Des performances sans réelle valeur ni prix, des ratios que nous savons tous inadaptés mais qui restent suivis etc...

Dans "La Tribune" du 10 juillet 2015 Article intitulé : L'austérité, un "nouveau colonialisme"pour le pape François

" Lors d'un discours à Santa Cruz, en Bolivie, le pape a demandé à ce que les pauvres aient accès au "droit sacré" d'avoir du travail, un logement et une propriété. Lors d'un discours tenu en Bolivie, le pape François a dénoncé le pouvoir des institutions à l'origine des programmes d'austérité comme "un nouveau colonialisme", et appelé à "un changement structurel" de l'économie mondiale.
"Un nouveau colonialisme": voilà les mots utilisés par le pape François, jeudi 9 juillet, à l'occasion de son voyage à Santa Cruz en Bolivie, pour dénoncer les institutions qui imposent des programmes d'austérité aux pays en difficulté.
" Aucun pouvoir établi n'a le droit de priver les populations du plein exercice de leur souveraineté. A chaque fois qu'ils le font, nous voyons la montée d'une nouvelle forme de capitalisme qui porte un sérieux préjudice à la paix et à la justice", a déclaré le pape.
"Le nouveau colonialisme a plusieurs visages", s'est-il inquiété: "Parfois, il a l'influence anonyme des veaux d'or que sont les entreprises, les organismes de crédit, certains traités de libre échange et l'imposition de mesures d'austérité qui obligent toujours les travailleurs et les pauvres à se serrer la ceinture."
Ces propos font suite à un appel du pontificat qui a demandé  la semaine dernière aux autorités européennes de rester dignes et humaines dans le débat pour résoudre la crise grecque.
Une mentalité du profit au mépris de l'exclusion sociale
La poursuite sans fin du profit est "le fumier du diable", a ajouté le Pape lors de son discours devant  le deuxième rassemblement international des mouvements populaires, qui réunissait les organisations représentant les pauvres, les chômeurs et les paysans sans terre. Les pays pauvres ne devraient pas être réduits à des fournisseurs de matière brute et de main d'oeuvre pour les pays développés, a-t-il renchéri, en appelant finalement les opprimés à changer l'ordre économique mondial.
"N'ayons pas peur de l'affirmer: nous voulons du changement, un véritable changement, un changement structurel", a-t-il martelé, décrivant un système qui " a imposé la mentalité du profit à n'importe quel prix, sans se préoccuper de l'exclusion social ou de la destruction de la nature que cela entraîne"."

Commentaire :  "Le XXI siècle sera celui du courage. Courage dans la douleur ou courage dans l'attitude et l'affirmation des seules valeurs d'Avenir que sont les valeurs Humaines et Humanistes. Réapprenons à dire NON."©

Marie D'Otreppe dans "Trends Le Vif" Belgique du 6 août 2015 Article intitulé : L'économie circulaire, la symbiose du business et de l'écologie prépare son boom

" L'économie circulaire, on ne l'a pas découverte aujourd'hui. Mais les crises que l'on traverse offrent des opportunités de changement que de nombreux entrepreneurs ont choisi de saisir. Encore un concept fourre-tout servi à grands coups de sauce verte et de greenwashing ? Si les contours de la notion d'économie circulaire paraissent flous, c'est parce qu'ils sont multiples. L'économie circulaire se définit en effet à travers des concepts aussi divers que l'éco-conception, la réparation, la réutilisation, le recyclage, la valorisation des déchets, le partage, l'économie de la fonctionnalité, etc. Si ces concepts ne sont pas nouveaux, l'économie circulaire fait apparaître des business models inédits, qui bousculent les modes de pensées traditionnels.
De plus en plus d'entrepreneurs souhaitent dès lors sortir du schéma classique d'économie linéaire take-make-dispose et prennent cette volonté comme point de départ. Parce qu'ils ne peuvent plus concevoir la création d'une entreprise sans envisager sa durabilité et son inscription dans le cycle de la nature, ils ont choisi de se lancer en suivant le modèle de l'économie circulaire. Les préoccupations de ces entrepreneurs idéalistes sont à la fois écologiques et économiques : comment valoriser mes déchets ? Comment me procurer des matières premières à moindre coût ?, etc.
"Nous remarquons clairement une tendance de fond qui se traduit par des préoccupations écologiques et économiques, commente Loïc van Cutsem, manager de l'incubateur Oksigen lab. Tant les entrepreneurs que les investisseurs cherchent des manières de créer à la fois du sens et de la valeur." "Il y a quelque temps, on ne parlait pas encore de l'économie de la fonctionnalité. Depuis quelques années, le nombre de projets a explosé", explique Patricia Foscolo, responsable du pôle GreenTech à l'Agence bruxelloise pour l'emploi, qui participe à différents projets bruxellois dans le domaine de l'environnement.
Si ces initiatives restent assez isolées en Belgique, cela devrait changer, avec l'aide des pouvoirs publics. A Bruxelles par exemple : les ministres bruxellois de l'Economie, Didier Gosuin, et de l'Environnement, Céline Fremault, veulent booster les échanges entre les entreprises. Un plan régional d'économie circulaire baptisé Prec va être lancé d'ici la fin de l'année. Il se verra attribuer une enveloppe de 11,6 millions d'euros (provenant entre autres de fonds européens) et consistera en une plateforme d'échange mettant en contact des entreprises en quête de synergies.

Lea Pfeiffer  dans "Economie matin" du 30 juillet 2015 Article intitulé : Le revenu universel de base, une idée qui émerge en Europe

" Juha Sipilä, le Premier ministre finlandais, a annoncé lors de son discours de politique générale sa volonté d'expérimenter dans son pays le revenu de base. Une allocation universelle sans conditions ni contreparties qui remplacerait tous les autres aides .
La fin du chômage ?
A vrai dire, on ne peut pas parler de chômage si travailler est un choix. Et c'est ce que le revenu de base implique. Il s'agit d'un dispositif qui permet à chacun de disposer d'un revenu minimal, quels que soient les aléas de la vie professionnelle. Ainsi, la Finlande souhaite prodiguer ce revenu universel tous les mois pour tous et pour chacun, sans contrepartie. Libre ensuite à tout le monde de compléter en travaillant. Cette aide supprime toutes les autres. Fini les allocations chômage, aides au logements, pensions de retraite. â€¨ â€¨La Finlande veut être le précurseur du revenu de base en Europe. Le Premier ministre souhaite voir la concrétisation de cette idée économique ancienne et qui bouscule les clivages politiques. Les écologistes militent pour 440 €, l'alliance de gauche pour 620 € et les libéraux pour une fourchette entre 850 et 1 000 €.
Une idée qui émerge timidement
Ailleurs en Europe, l'idée fait aussi son chemin. La ville d'Utrecht, en Hollande, va tenter l'expérience à une petite échelle en janvier 2016. La Suisse va lancer un référendum d'initiative populaire sur le sujet l'année prochaine, comme cela est inscrit dans le programme du parti d'extrême-gauche Podemos.

En France, c'est l'Aquitaine qui se penche sur la question. La région prévoit de financer une étude de faisabilité de la mise en place d'un « RSA inconditionnel » d'un montant de 514 € pour un adulte seul dans ses départements les plus pauvres ; la Gironde, la Dordogne et le Lot-et-Garonne. â€¨â€¨En début d'année, un sondage Ifop révélait que 16 % des personnes interrogées se disent "tout à fait favorables" à la mesure, tandis que 44 % se prononcent "plutôt favorables". C'est 15 % de plus que lors du sondage à ce même sujet effectué en 2012. Les sympathisants de gauche réservent au revenu de base l'accueil le plus favorable (75 %). À droite, le projet est soutenu par plus de 50 % des personnes interrogées."

Souvenez-vous :

Commentaire du 13 octobre 2011 : L’histoire montrera que c’est bien la reprise économique, donc la consommation, qui doit dégager les ressources pour assainir la situation des Etats et des bilans. L’inverse, à savoir, favoriser en premier lieu les bilans ne fonctionne pas. Les politiques en cédant aux dogmatismes comptables et financiers se sont trompés. Et pour cause, ce n’est pas en diminuant le pouvoir d’achat, carburant de la consommation donc de la répartition des richesses et de la perception des impôts, que l’on va assainir la situation. Bien au contraire, de beaux bilans comptables, s’ils sont créés en défaveur de l’économie ne seront que l’instigateur de grèves, de révoltes qui finiront pas des Etats et des bilans encore plus déstructurés qu’auparavant. La dernière crise est là pour nous rappeler cette évidence. La seule réalité opérationnelle est la réalité humaine. L’Humain est à la fois le moteur (production) et le carburant (consommation) de l’économie. La comptabilité et le financier ne sont que des résultantes de l’économie Humaine c’est-à-dire la Socio-Economie. Comme nous le rappelaient nos professeurs Hollandais : « Ce n’est pas le port qui fait le commerce mais le commerce qui fait le port » La notion de « travail » doit évoluer. Hier, n’était considéré comme travail que la production. Quelle différence y a-t-il entre conduire une voiture pendant mon temps dit « libre » et fabriquer une voiture pendant mon temps dit « de travail » ? Dans les deux cas mes membres bougent. La grande différence est que dans un cas j’utilise mes membres pour consommer (temps de consommation) donc maintenir du travail à autrui (temps de production) et dans l’autre, j’utilise mes membres pour produire (temps de production) en réponse à une consommation d’autrui (temps de consommation). Le temps de consommation tout comme le temps production doit être considéré comme un temps économique à part entière. Dorénavant, ce facteur de temps de consommation doit être pris en compte comme un facteur économique essentiel. Accepter qu’il y ait une monopolisation du temps de production sur une partie de la population obère le temps de consommation, tant de ceux qui ont du « temps de travail » que de ceux qui n’en n’ont pas. Cette réalité déstabilise l’économie, la comptabilité et le financier. Nous connaissons la masse de biens et services à fournir et le nombre de personnes sur le marché de la production, pourquoi ne pas répartir le temps de production et de consommation sur le plus grand nombre pour que ce plus grand nombre puisse assurer la pérennité du circuit économique et une situation comptable et financière stable ?

Commentaire 9 mai 2014 : Pour compléter ce sujet, je vous propose de réfléchir au "schéma" comportemental qui, trop souvent, nous "façonne". Ce dernier commence par notre mental (travaillé quotidiennement par les médias) qui façonne notre imaginaire des choses (ce qui devrait être ou non, du bien du mal, de la réputation, de ce que l'on peut ou ne peut pas dire pour ne pas être rejeté par les autres, des hausses ou baisses boursières etc...) De cet imaginaire, nous fabriquons nos propres concepts qui en fait sont les concepts "imposés" que nous acceptons de suivre. Concepts qui prennent force par le fait qu'ils deviennent, pour rester dans la norme, des  "réalités". Ces "Réalités" qui ne sont nos vérités Humaines et Humanistes s'imposent petit à petit et créent nos insatisfactions et nos désaccords. Cette situation heurte notre sensibilité et nous met mal à l'aise face à nous-mêmes en nous faisant entrer dans la réalité d'actions en désaccord avec nous-mêmes ...mais que nous suivons pour rester dans la "norme" du moment. Appliquer cela au monde financier devient le n'importe quoi actuel.  Des performances sans réelle valeur ni prix, des ratios que nous savons tous inadaptés mais qui restent suivis etc...

Dans "La Tribune" du 10 juillet 2015 Article intitulé : L'austérité, un "nouveau colonialisme"pour le pape François

" Lors d'un discours à Santa Cruz, en Bolivie, le pape a demandé à ce que les pauvres aient accès au "droit sacré" d'avoir du travail, un logement et une propriété. Lors d'un discours tenu en Bolivie, le pape François a dénoncé le pouvoir des institutions à l'origine des programmes d'austérité comme "un nouveau colonialisme", et appelé à "un changement structurel" de l'économie mondiale.
"Un nouveau colonialisme": voilà les mots utilisés par le pape François, jeudi 9 juillet, à l'occasion de son voyage à Santa Cruz en Bolivie, pour dénoncer les institutions qui imposent des programmes d'austérité aux pays en difficulté.
" Aucun pouvoir établi n'a le droit de priver les populations du plein exercice de leur souveraineté. A chaque fois qu'ils le font, nous voyons la montée d'une nouvelle forme de capitalisme qui porte un sérieux préjudice à la paix et à la justice", a déclaré le pape.
"Le nouveau colonialisme a plusieurs visages", s'est-il inquiété: "Parfois, il a l'influence anonyme des veaux d'or que sont les entreprises, les organismes de crédit, certains traités de libre échange et l'imposition de mesures d'austérité qui obligent toujours les travailleurs et les pauvres à se serrer la ceinture."
Ces propos font suite à un appel du pontificat qui a demandé  la semaine dernière aux autorités européennes de rester dignes et humaines dans le débat pour résoudre la crise grecque.
Une mentalité du profit au mépris de l'exclusion sociale
La poursuite sans fin du profit est "le fumier du diable", a ajouté le Pape lors de son discours devant  le deuxième rassemblement international des mouvements populaires, qui réunissait les organisations représentant les pauvres, les chômeurs et les paysans sans terre. Les pays pauvres ne devraient pas être réduits à des fournisseurs de matière brute et de main d'oeuvre pour les pays développés, a-t-il renchéri, en appelant finalement les opprimés à changer l'ordre économique mondial.
"N'ayons pas peur de l'affirmer: nous voulons du changement, un véritable changement, un changement structurel", a-t-il martelé, décrivant un système qui " a imposé la mentalité du profit à n'importe quel prix, sans se préoccuper de l'exclusion social ou de la destruction de la nature que cela entraîne"."

Commentaire :  "Le XXI siècle sera celui du courage. Courage dans la douleur ou courage dans l'attitude et l'affirmation des seules valeurs d'Avenir que sont les valeurs Humaines et Humanistes. Réapprenons à dire NON."©

Romaric Godin dans "La Tribune" du 5 juillet 2015 Article intitulé : Grèce : le "non" grec place Angela Merkel au pied du mur

" Le "non" grec est un camouflet qui place Angela Merkel face à un choix historique En votant "non", les Grecs ont montré une nouvelle fois leur refus de l'impasse à laquelle a conduit l'austérité. Angela Merkel doit désormais choisir entre la prise en compte de ce vote et l'inflexibilité de son ministre des Finances. Désormais, le bluff n'est plus possible pour Angela Merkel. Après une semaine de campagne réalisée dans des conditions inimaginables de banques fermées, d'argent rationné, de retraités angoissés et de matraquage médiatique angoissant, les Grecs ont dit une nouvelle fois « non. » On pourra certes relativiser la portée de ce non par le taux d'abstention. Mais il n'empêche. Dans les conditions décrites ci-dessus, il s'est trouvé plus d'électeurs grecs pour refuser l'ultimatum posé par les créanciers à leur pays que pour l'accepter.
Prêts à prendre le risque du Grexit plutôt que de subir l'austérité stérile
Entre le rejet d'une nouvelle cure d'austérité stérile et le risque du Grexit, les Grecs ont choisi la deuxième solution. Certes, nul en Grèce ne souhaite la sortie de la zone euro, mais le message envoyé ce dimanche 5 juillet à ceux qui, comme Jean-Claude Juncker, Benoît Cœuré ou Jeroen Dijsselbloem, les ont menacés durant une semaine d'une expulsion de l'Union économique et monétaire s'ils votaient « mal », est bien celui-ci : les Grecs sont prêts à prendre ce risque pour ne pas s'engluer à nouveau dans la spirale infernale de l'austérité sans fin.
Le rejet de la logique européenne Non, de l'europe allemande
Une nouvelle fois donc - la deuxième en moins de six mois -, les créanciers peuvent donc mesurer l'ampleur du rejet des politiques qu'ils ont imposées au pays depuis 2010. Une nouvelle fois, ils peuvent prendre conscience que leur stratégie de la peur ne fonctionne plus en Grèce. Si Angela Merkel a déclaré ce dimanche qu'Alexis Tsipras « lance son pays vers un mur à pleine vitesse », elle doit ce soir reconnaître que, pour la première fois depuis 2010, sa stratégie du pourrissement a échoué. Elle qui déteste trancher se retrouve ce soir face à la nécessité d'un choix. Les autorités grecques sont désormais prêtes à reprendre les négociations : elles n'ont jamais vu le « non » comme un vote de rupture, mais comme un moyen de reprendre la main dans les négociations. Le camp grec est ce soir plus fort de son soutien populaire, mais il tend une main vers les créanciers. Et Angela Merkel doit simplement décider si elle accepte cette main tendue ou si elle la refuse. Où est l'Europe ?
Ne rien faire : ouvrir la porte au Grexit
Si elle la refuse, si elle laisse l'affaire, comme elle l'a fait depuis des mois, entre les mains de la BCE et de l'Eurogroupe, donc si elle continue à ne considérer la crise grecque que comme une affaire de technique financière, la Grèce n'aura guère d'autre choix que de sortir de la zone euro. Les banques grecques sont à l'agonie. Les distributeurs sont vides. La BCE doit, lundi 6 juillet, décider de l'accès du système financier grec à la liquidité d'urgence. Si elle n'a aucun signe de la possibilité d'un accord, il est certain qu'au mieux, elle durcira les conditions en abaissant la valeur des collatéraux (garanties) déposés par les banques grecques pour obtenir cette liquidité d'urgence. Alors, le gouvernement grec sera soumis à une économie à l'arrêt complet. Une situation qui peut durer quelques jours peut-être, le temps de rouvrir des négociations et d'envoyer un message à la BCE pour normaliser l'accès à la liquidité. Mais pas plus. Si aucun message d'ouverture ne vient de Berlin, la Grèce devra commencer à émettre une monnaie propre pour permettre le fonctionnement de son économie. La glissade vers le Grexit sera alors inévitable.
Stopper la machine infernale
Angela Merkel peut donc encore décider de stopper la machine infernale. Elle peut accepter le résultat de ce soir et la décision du peuple grec et engager des négociations sur la base de la dernière proposition grecque. Cette dernière, rappelons-le, reprenait l'essentiel du plan du 25 juin rejeté ce soir par les électeurs grecs à quelques exceptions près (maintien du rabais de 30 % de la TVA dans les îles de la mer Egée, suppression plus tardive de la retraite complémentaire pour les plus fragiles, par exemple). Elles sont donc acceptables par les créanciers. Mais Athènes n'acceptait ces sacrifices que dans le cadre d'une restructuration de cette dette insoutenable comme l'a encore reconnu le FMI vendredi 3 juillet. il faudra donc aussi que la chancelière accepte d'en parler.
Les "promesses intenables" d'Angela Merkel
On a beaucoup glosé sur les « promesses intenables » d'Alexis Tsipras. Mais on a oublié une autre promesse intenable : celle d'Angela Merkel faite à ses électeurs de récupérer les sommes versées à partir de 2010 à la Grèce dans le cadre d'une cavalerie financière intenable. La démagogie n'est pas toujours là où on l'attend et Angela Merkel arrive ce soir au bout de ses « promesses intenables. » Elle doit donc accepter de discuter - Athènes ne demande pas davantage - de l'avenir de la dette grecque.
La responsabilité de la chancelière face à l'avenir de l'Europe
C'est donc un choix difficile pour la chancelière. Si elle refuse d'emprunter cette voie, si elle continue de laisser décider la BCE, l'Eurogroupe et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble - qui estime que le Grexit pourrait n'être que « temporaire »  et était sans effet pour l'Europe -, alors elle pourrait devoir aussi en assumer les terribles conséquences. D'abord, pour la Grèce elle-même. Si le Grexit tourne mal, elle devra répondre de l'aggravation d'une situation humanitaire déjà bien dégradée. Ensuite, elle devra savoir qu'elle entrera dans l'Histoire comme celle qui aura défait tout ce que la génération précédente avait construit. L'Union économique et monétaire deviendra un système de taux de change fixe. A tout moment, il sera possible d'en sortir ou de s'en faire expulser. Ce sera une construction dénuée de sens politique. Par ailleurs, pour refuser d'accepter la réalité de l'insoutenabilité de la dette grecque, la chancelière risque de devoir faire face à un défaut unilatéral de la Grèce, et elle et son ministre des Finances devront expliquer aux contribuables allemands que leur rigidité leur a fait perdre des montants bien plus importants que ce qu'ils avaient voulu sauvegarder. Enfin, elle devra assumer les risques qui sont aujourd'hui minimisés peut-être à tort d'un Grexit sur la conjoncture alors qu'un krach boursier se profile en Chine...
Au pied du mur
Ce soir donc, les Grecs placent clairement Angela Merkel face à ses responsabilités. La journée de lundi sera décisive. La chancelière rencontrera François Hollande en soirée. Mais elle devra auparavant faire savoir si elle accepte ou non la réouverture des négociations. Sans son accord, le Bundestag refusera toute discussion. Or, sans feu vert du Bundestag, le MES ne peut pas engager de discussions sur un nouveau programme. La chancelière est donc ce soir au pied du mur."

Commentaire : Vive la Grèce, vive les Grecs !

Jeremy Rifkin, économiste, prospectiviste président de la Fondation sur les tendances économiques, dans "La Tribune" du 3 juillet 2015 Article intitulé : La troisième révolution industrielle donnera du travail à tous !

" [Rencontres économiques d'Aix] Pour le prospectiviste américain Jérémy Rifkin, la troisième révolution industrielle, qui va aboutir à la constitution d'un véritable « Internet de l'énergie », nécessitera la création de nombreux emplois pendant plusieurs dizaines d'années. Aussi bien pour les salariés non qualifiés que fortement diplômés. À condition de ne pas manquer la troisième révolution industrielle, la question de l'emploi n'en est plus vraiment une aujourd'hui. Transformer les bâtiments pour les mettre aux nouvelles normes énergétiques, constituer des réseaux électriques intelligents, revoir nos réseaux de transport... voilà qui va donner du travail, pour trente-cinq ans au moins, à de nombreux salariés. La relance de la construction, notamment, constitue la clé de l'emploi. Pour des travailleurs non qualifiés comme qualifiés : cela va des simples ouvriers aux architectes en passant par les techniciens...
Chaque immeuble aux nouvelles normes devra être à « énergie positive », autrement dit, producteur d'électricité. La question du contrôle des flux d'énergie au niveau de chacun d'entre eux devient donc cruciale. Cela va induire de profonds changements dans les réseaux électriques. Ils avaient été conçus comme extrêmement centralisés, avec de grosses installations nucléaires fournissant toute une région. Ils vont devoir être repensés, pour connecter une multitude de producteurs d'électricité, sur un mode décentralisé. En France, EDF et GRDF (réseaux) commencent à en prendre conscience. Pour l'État français c'est une vraie révolution. L'État jacobin doit faire sa mue, il doit en finir avec la centralisation de l'action publique. C'est vrai tout aussi bien pour les réseaux électriques que pour ceux de transport, qui doivent être totalement revus et modernisés, dans une optique de réseaux numériques et intelligents. Les Allemands, qui ont beaucoup plus que les Français une culture de la décentralisation, ont déjà entamé cette troisième révolution industrielle, qui joue sur les synergies entre énergies renouvelables et Internet, constituant un « Internet de l'énergie ».
Les Français pas encore. Ségolène Royal, que j'ai rencontrée, pour lui remettre le rapport qu'elle m'avait commandé - et que j'ai corédigé avec Corinne Lepage - sur cette troisième révolution industrielle, en comprend les enjeux. François Hollande, aussi. Mais, à ce stade, nous n'en sommes qu'aux mots.
Comment financer cette révolution ? Les besoins sont immenses. Mais les investissements, au niveau européen, sont chaque année très importants. Même en période de récession. Il s'agit de les réorienter. À cette condition, la question de l'emploi pourra être résolue, et toutes les théories actuelles sur la polarisation du marché du travail et la disparition de la classe moyenne n'auront plus aucune valeur : il y aura du travail pour tout le monde, largement !"

Paolo Garoscio   dans "Economie matin" du 3 juillet 2015 Article intitulé : Si rien n'est fait le monde va s'écrouler dans 25 ans

" Encore une prophétie apocalyptique digne de Nostradamus, vous allez dire. Mais malheureusement c'est bien plus inquiétant que ça puisque c'est l'université Anglia Ruskin qui estime qu'il ne reste plus que 25 ans à vivre pour notre civilisation. Bon, si rien n'est fait d'ici là, bien entendu, mais il semblerait que les inquiétudes des politiciens soient plutôt tournées vers des sujets plus économiques comme la dette grecque plutôt que vers la survie de l'espèce humaine.
La fin des temps en 2040 ?
Les projections de l'université Anglia Ruskin réalisées au sein du programme "Global Resources Observatory" sont complexes et se basent surtout sur les comportements actuels de notre société de consommation... et sur les risques de catastrophes naturelles qui y sont liées, à commencer par le réchauffement climatique. De quoi inquiéter, entre autres, l'assureur Lloyd's qui a publié un rapport en ce mois de juin 2015.
Au programme de la fin de la civilisation humaine, que nous n'allons malheureusement pas regarder au cinéma avec du popcorn dans les mains ? Manque de nourriture, effondrement de la monnaie, révoltes et tout ce qui ferait un bon film hollywoodien. Sauf que ça ne va pas se dérouler sur un écran.

Trois catastrophes climatiques avant la fin...
Selon l'Université Anglia Ruskin qui a développé de nouvelles projections en se basant entre autres sur des composantes du gouvernement britannique, si rien ne change il suffira de trois catastrophes climatiques d'envergure pour mettre un terme au monde tel que nous le connaissons.
Ces trois catastrophes, non mieux définies, entraîneraient une réaction en chaîne au sein de notre civilisation impactant notamment la population et surtout les stocks de nourriture. Et comme tout amateur de films catastrophes le sait, le manque de nourriture est la première cause des rébellions, surtout dans les populations pauvres.

En effet, selon Lloyd's qui reprend les données, les prix de la nourriture de base devraient atteindre des niveaux jamais vus : quatre fois plus chers que le niveau de 2000. Le riz, de son côté, pourrait quintupler de prix sur le marché. Les populations pauvres, dont l'accès à la nourriture devient impossible, commenceraient alors des rébellions en Afrique, en Amérique du sud et au Moyen-Orient.
La Bourse en souffrirait également, ce qui est logique. Selon Lloyd's, dans ce scénario catastrophe prévu pour "un futur proche" estime possible une chute boursière de 10% en Europe et de 5% aux Etats-Unis entraînant un nouveau krach boursier avec les conséquences que l'on connait tous...
Mais il reste encore du temps pour changer. Pas beaucoup, mais encore un peu...


GRECE/EUROPE/FMI

Charles Sannat dans "Economie matin" du 1 juillet 2015 Article intitulé : La crise grecque, la théorie des jeux, et la passionnante analyse de Piketty, prix Nobel d'économie Piketty n'a jamais été prix Nobel

" Le titre de cet article peut vous inquiéter par sa complexité mais vous allez voir, il n’en est rien car au bout du compte, beaucoup de choses même compliquées peuvent s’exprimer clairement.
Écoutez Thomas Piketty… sur la Grèce. Et dire que je le trouve « trop » libéral !!
Tout d’abord, je vous invite à écouter Thomas Piketty, notre dernier prix Nobel d’économie qui était l’invité de Jean-Jacques Bourdin.
Pour ceux qui ne pourront pas voir la vidéo immédiatement, il raconte sans ambiguïté qu’il avait été expliquer aux Grecs que s’ils se serraient suffisamment la ceinture et qu’ils atteignaient « un excédent primaire », c’est-à-dire le fait de payer plus d’impôts que d’occasionner de dépenses (ce qui n’est même pas le cas en France depuis 1974, dernière année budgétaire excédentaire), alors les Européens renégocieraient la dette grecque. L’engagement fut tenu par les Grecs (quoi que l’on vous raconte actuellement) mais l’Europe refusa de renégocier la dette et proposait aux Grecs d’attendre encore et de continuer à faire encore plus d’efforts alors que nous ne parlons plus de crise économique en Grèce mais de crise humanitaire.
Piketty y explique aussi que l’Allemagne, oui l’Allemagne, le parangon de vertu, est le pays qui n’a jamais payé ses dettes au 20e siècle. Non, l’Allemagne n’a pas été vertueuse après la guerre de 14/18 et elle n’a pas payé ses dettes, de la même façon qu’elle ne les paiera pas non plus après la Seconde Guerre mondiale. Piketty explique très justement, et je peux vous assurer que Piketty n’est pas vraiment un « communiste » dans l’âme, que vouloir faire payer la Grèce, passez-moi l’expression, c’est aussi con que d’avoir voulu faire payer l’Allemagne en 1920. Au bout du compte, en ruinant l’Allemagne de l’époque, nous avons fait le lit du nazisme et nous avons nous-mêmes créé les conditions de notre débâcle de 1940, de notre occupation et de notre humiliation.
Une grande conférence sur la dette… pour annuler les dettes qui ne seront jamais remboursées… En réalité, Piketty évoque là ni plus ni moins que la mise en place d’un grand effacement. Christine Lagarde du FMI parle, elle, d’un « global reset ». N’oubliez pas les conséquences éventuelles d’une telle conférence. Les dettes SONT l’épargne.
La France doit mettre son veto à une expulsion de la Grèce de la zone euro et s’opposer frontalement à l’Allemagne…
Ce n’est pas rien non plus cette sortie de notre prix Nobel d’économie qui dénonce l’amateurisme gouvernemental et présidentiel ainsi que les erreurs multiples d’un François Hollande totalement dépassé.
Pour Piketty, rien ne peut se faire si la France s’oppose de façon frontale. Car si on ouvre la boîte de Pandore de la sortie de la zone euro, alors à chaque élection dans chaque pays ce sera la spéculation jusqu’à la destruction totale de l’euro.
D’ailleurs, il explique également que cela pousse la Grèce dans les bras de la Russie, sans oublier que la politique d’austérité imposée par l’Europe fait le jeu des mouvements nationalistes de droite qu’il considère plus dangereux que les gens d’extrême gauche de type Syriza.
Le gâchis collectif
Enfin, pour lui, il ne faut pas asphyxier davantage la Grèce puisqu’elle n’a pas le niveau d’activité suffisant pour s’en sortir et ce n’est pas en faisant fermer ses banques, en lui refusant de l’aide que l’on va l’aider à s’en sortir et, in fine, à retrouver de la solvabilité. C’est donc un gâchis pour tout le monde y compris pour les créanciers.
Voici donc en résumé la position de notre dernier prix Nobel d’économie et cela vaut le coup de l’entendre et remet quelques pendules à la bonne heure !

Mais ce n’est pas tout. Vous ne le savez peut-être pas mais le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, que j’avais eu le plaisir d’interroger il y a quelques mois à peine en exclusivité pour le Contrarien Matin, est un expert de la théorie des jeux. La théorie des jeux, c’est un peu l’art de la stratégie poussé à son paroxysme. Je reproduis ci-dessous la définition de Wikipédia.
Théorie des jeux
« La théorie des jeux est un ensemble d’outils pour analyser les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. Cet agent peut être aussi bien une personne physique, une entreprise ou un animal. L’objectif de la théorie des jeux est de modéliser ces situations, de déterminer une stratégie optimale pour chacun des agents, de prédire l’équilibre du jeu et de trouver comment aboutir à une situation optimale. La théorie des jeux est très souvent utilisée en économie, en sciences politiques, en biologie ou encore en philosophie.
Les fondements de la théorie moderne des jeux sont décrits pour la première fois en 1928 dans une publication de John von Neumann. Les idées de la théorie des jeux sont ensuite développées par Oskar Morgenstern et le même John von Neumann en 1944 dans leur ouvrage Theory of Games and Economic Behavior ».

La Grèce négocie pour son avenir, n’a pas grand-chose à perdre et ses dirigeants appliquent la théorie des jeux dans le cadre de la « raison d’état ».
Une question que personne ne pose est « quel est l’objectif de la Grèce ? ». Une autre devrait être « quel est l’objectif de l’Europe, du FMI et de la BCE ? ».
Maintenant, croisez ces deux questions. Essayons de jouer ensemble à la théorie des jeux !
Vous êtes Grecs, quel est votre objectif ? Idéalement, la situation optimale pour vous, Grec, serait de pouvoir :
1/ Rester dans l’euro.
2/ Assouplir l’austérité et répondre à la crise humanitaire qui épuise votre peuple.
3/ Obtenir une renégociation de votre dette pour que vos efforts ne soient pas effectués en vain.
4/ Que l’accord s’inscrive dans la durée et pas sur une période de trois mois encore une fois qui ne donne aucune visibilité au peuple et qui ne correspond à aucun projet crédible à part celui de faire gagner du temps aux créancier.
Il est donc assez facile, avec du bon sens, de lister les objectifs de la Grèce dans cette négociation. La Grèce sait donc ce qu’elle veut et ce qu’elle peut ou ne peut plus.

Maintenant, faisons la même chose pour l’Europe. Quels sont les objectifs de l’Europe ? Sauver et préserver l’euro ? Dans ce cas, il faudrait être plus constructif avec les Grecs…
Se faire rembourser les dettes par la Grèce ? Dans ce cas, comme le dit très justement Piketty, il est nécessaire de ne pas plus enfoncer la Grèce mais au contraire de lui donner de l’air pour qu’elle puisse améliorer son niveau d’activité. Il faut donc favoriser la stabilité, la visibilité… et accessoirement éviter de faire fermer les banques…
Alors je repose la question parce que là, je ne comprends pas. Quels sont les objectifs de l’Europe ? Et vous savez pourquoi les objectifs de l’Europe ne sont pas clairs ?

Les objectifs de l’Europe ne sont pas clairs parce qu’ils sont inavouables !
Et Piketty le sait tout aussi bien que moi, mais lui étant prix Nobel, il a une parole légèrement moins libre que la mienne !! Au moment où j’écris ces lignes (et nous sommes mardi soir), la Grèce a proposé à l’Europe un nouveau projet d’accord.
« La Grèce a proposé mardi à ses créanciers de conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers tout en restructurant sa dette, a indiqué le bureau du Premier ministre Alexis Tsipras. »
« La chancelière allemande a fait savoir qu’elle attendait le référendum de dimanche avant toute négociation. Athènes a aussi annoncé qu’il ne rembourserait pas le FMI ce soir… »
Quels sont donc les objectifs de l’Europe car pour le moment, tout ce que fait l’Europe pointe dans une seule direction. L’Allemagne veut forcer la Grèce à sortir de l’euro et de l’Europe. L’Allemagne y gagnerait et préserverait ses finances, son argent et sa puissance au détriment de tous les autres pays européens. L’Allemagne prendrait dès lors la tête de l’Europe et exercerait un pouvoir sans partage et nous devrions tous suivre.
Et c’est exactement ce risque que Thomas Piketty a dénoncé dans son intervention et la raison pour laquelle il a demandé à François Hollande de taper du poing sur la table.
Nous sommes dans une situation infiniment plus grave que ce que l’immense majorité des gens pense ou perçoit.

Joseph Stiglitz dans "Les Crises" du 1 juillet 2015 Article intitulé : L’Europe contre la démocratie grecque, par Joseph Stiglitz

" NEW YORK – La dispute et l’acrimonie qui vont croissantes au sein de l’Europe pourraient passer aux yeux d’un observateur extérieur pour le résultat inévitable de la fin de partie peu amène entre la Grèce et ses créanciers. Les dirigeants européens finissent par exposer au grand jour la véritable nature du conflit autour de la dette grecque, et cela n’a rien de plaisant : il s’agit bien plus une question de pouvoir et de démocratie que d’argent et d’économie.
Le programme économique que la troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI) a imposé à la Grèce il y a cinq ans était une aberration. Il a conduit à une baisse de 25% du PIB du pays. Je ne connais aucune dépression qui ait été provoquée aussi délibérément et ait eu des conséquences aussi catastrophiques. Ainsi le taux de chômage parmi les jeunes Grecs dépasse maintenant 60%.
Il est incroyable que la troïka nie toute responsabilité et refuse d’admettre à quel point ses prévisions et ses modèles étaient erronés. Mais il est encore plus surprenant que les dirigeants européens n’aient retenu aucun enseignement de tout cela. La troïka continue à exiger de la Grèce qu’elle parvienne à un budget primaire en excédent (hors paiement des intérêts de la dette) de 3,5% du PIB en 2018.
Partout dans le monde les économistes condamnent cet objectif comme punitif, car il ne peut que ralentir encore l’économie. Même si la dette de la Grèce était restructurée au-delà de tout ce que l’on peut imaginer, elle resterait en dépression si les électeurs acceptent les propositions de la troïka lors du référendum surprise qui aura lieu dimanche.
Peu de pays ont réussi à transformer un important déficit primaire en un excédent budgétaire comme l’ont fait les Grecs au cours des cinq dernières années. Et bien que le prix à payer en matière de souffrance humaine ait été extrêmement élevé, les dernières propositions du gouvernement grec constituent un grand pas en avant pour répondre aux exigences de ses créanciers.
Soyons clair : seule une très faible partie des énormes sommes d’argent prêtées à la Grèce lui étaient réellement destinées. Elles ont servi à rembourser les créanciers privés, notamment des banques en Allemagne et en France. La Grèce n’a reçu que des miettes, mais  elle a payé le prix fort pour préserver les systèmes bancaires de ces pays. Le FMI et les autres créanciers “officiels” n’ont pas besoin de l’argent qu’ils réclament. Dans une situation classique, ils se contenteraient de l’utiliser pour faire un nouveau prêt à la Grèce.
Mais ce n’est pas une question d’argent. Il s’agit en réalité d’utiliser les dates limites pour contraindre la Grèce à lever le pouce et à accepter l’inacceptable : non seulement l’austérité, mais d’autres mesures régressives et punitives.
Pourquoi l’Europe fait-elle cela ? Pourquoi les dirigeants de l’UE s’opposent-ils à la tenue du référendum et refusent-ils même de reculer de quelques jours la date limite du 30 juin fixée pour le prochain remboursement de la Grèce au FMI ? L’Europe n’est-elle pas avant tout une affaire de démocratie ?
En janvier, les citoyens grecs ont élu un gouvernement qui s’est engagé à mettre fin à l’austérité. Si ce gouvernement voulait simplement tenir ses engagements de campagne, il aurait déjà rejeté la proposition des créanciers. Mais il veut donner aux Grecs l’occasion d’intervenir sur cette question cruciale pour l’avenir de leur pays.
Ce souci de légitimité est incompatible avec la politique de la zone euro qui n’a jamais été un projet très démocratique. La plupart des Etats membres n’ont pas cherché l’approbation de leurs citoyens pour remettre la souveraineté monétaire de la zone entres les mains de la BCE. Quand la Suède l’a fait, les Suédois ont dit Non. Ils ont compris que le chômage augmenterait si une banque centrale concernée uniquement par le taux d’inflation (et qui ne porterait pas l’attention voulue à la stabilité financière) décide de la politique monétaire du pays. L’économie souffrirait parce que le modèle économique sur lequel repose la zone euro est basé sur des relations de pouvoir qui désavantagent les travailleurs.
Il n’est donc pas surprenant que 16 ans après que la zone euro ait institutionnalisé ces relations, c’est l’antithèse de la démocratie qui est à l’oeuvre. Beaucoup de dirigeants européens veulent la fin du gouvernement de gauche du Premier ministre Alexis Tsipras. A leurs yeux il est inacceptable d’avoir en Grèce un gouvernement qui refuse une politique qui a tant fait pour augmenter les inégalités dans nombre de pays avancés et qui veut limiter le pouvoir de l’argent. Ils pensent qu’ils pourront se débarrasser du gouvernement de Tsipras en l’obligeant à accepter un accord en contradiction avec son mandat.
Il est difficile de donner un conseil aux Grecs  pour le vote de dimanche. Dire Oui ou Non aux exigences de la troïka n’est pas chose facile, et tant l’approbation que le rejet sont porteurs d’énormes risques. Le Oui signifierait une dépression presque sans fin. Peut-être un pays dépouillé de tout (un pays qui a vendu tous ses actifs et dont la jeunesse prometteuse émigre) obtiendra-t-il finalement l’annulation de sa dette ; peut-être étant devenu un pays à revenu moyen, la Grèce va-t-elle finalement obtenir l’aide de la Banque mondiale. Cela pourrait se produire au cours de la décennie prochaine, ou de la suivante.
Par contre un Non permettrait au moins à la Grèce, avec sa forte tradition démocratique, de prendre son destin en main. Les Grecs pourraient alors dessiner leur avenir, qui même s’il n’était pas aussi prospère que le passé, sera bien plus porteur d’espoir que la torture invraisemblable qui leurs est imposée aujourd’hui.
Je sais comment je voterais…

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz"

Dans "La Tribune" du 29 juin 2015 Article intitulé : La BRI et la menace des "taux d'intérêt ultra-faibles"

" "Les rendements négatifs, sans précédent, qu'on observe sur certains marchés de la dette souveraine repoussent les frontières de l'impensable", a jugé Claudio Borio, un responsable de la BRI. La mise en garde est sérieuse. Dans son rapport annuel publié dimanche, la Banque des règlements internationaux (BRI) s'inquiète de la spirale des taux d'intérêt trop bas, qui alimente un endettement excessif et une croissance insuffisante. Au cours de l'année écoulée, la chute des prix du pétrole a stimulé la croissance mondiale mais la charge de la dette et les risques financiers demeurent trop élevés et la croissance de la productivité trop modeste, pointent les économistes de l'institution suisse, considérée comme la banque centrale des banques centrales et dont le siège est à Bâle.
Plusieurs pays se financent à des taux négatifs
Pour le chef du département monétaire et économique de la BRI, Claudio Borio, "le symptôme le plus visible de ces difficultés est la persistance de taux d'intérêt ultra-faibles". "De plus, les rendements négatifs, sans précédent, qu'on observe sur certains marchés de la dette souveraine repoussent les frontières de l'impensable", a-t-il insisté lors d'une téléconférence de presse.
Plusieurs pays - dont la Suisse, l'Allemagne, la France et même l'Espagne et le Portugal - ont annoncé ces derniers mois se financer à des taux négatifs, ce qui signifie que l'investisseur paie pour prêter à ces Etats, qui du coup gagnent de l'argent en empruntant sur les marchés.
Des taux directeurs plus faibles qu'au pic de la crise de 2007
Selon la BRI, en moyenne, entre décembre 2014 et fin mai 2015, quelque 2.000 milliards de dollars de titres de dette souveraine à long terme - pour la plupart émis par des Etats de la zone euro - se sont échangés dans le monde à des taux négatifs.
Les taux directeurs, nominaux et réels, sont encore plus faibles qu'au pic de la crise financière de 2007. Qui plus est, en termes réels, ils sont négatifs depuis plus longtemps qu'ils ne l'étaient restés durant la période de grande inflation des années 1970. La BRI ne cache pas son inquiétude: "une situation qui était auparavant inimaginable menace de devenir la nouvelle norme".
(avec AFP)

Amid Faljaoui dans "Trends Tendances" Belgique du 26 juin 2015 Article intitulé : Quand les banquiers centraux deviennent des communistes adorateurs du Dieu 'keynésianisme'

" Il y a un économiste français que j'ai toujours plaisir à écouter, car il est décapant dans ses raisonnements, sans oublier son humour fou: c'est Charles Gave. Son raisonnement est très simple. Si nous avons autant d'ennuis aujourd'hui, c'est à cause des banques centrales. Que font les banques centrales ? Elles s'arrangent pour que les taux d'intérêt restent le plus bas possible, à la fois pour redresser l'économie, mais également, et surtout dit-il, pour empêcher les marchés financiers de baisser. Point barre. Mais pour Charles Gave (1), en manipulant les taux d'intérêt pour qu'ils restent très bas, voire proche de 0%, les banques centrales ne font que repousser le risque, car tôt ou tard, ces taux d'intérêt devront remonter. Et au lieu d'accepter d'avoir quelques petites baffes sur les marchés, nous risquons - à force de reculer l'échéance - d'avoir une immense, une gigantesque claque d'ici peu.
Pour Charles Gave, nous nous leurrons sur la sortie de crise. Selon les derniers chiffres dont il dispose sur les Etats-Unis, il se demande même si ce pays n'est pas en train de rentrer en récession. Et si c'est le cas, les Européens ne doivent pas trop se leurrer sur leur sortie de crise, elle n'aura pas lieu si la première économie du monde ralentit !
Quand les banquiers centraux deviennent des communistes adorateurs du Dieu 'keynésianisme'
En fait, Charles Gave tempête contre les banquiers centraux, car leur politique de taux d'intérêt à quasi 0% ne marche pas. C'est même un échec, car elle n'a donné aucun résultat tangible. Pour lui, tenez-vous bien, c'est du... communisme. La Banque centrale européenne joue en effet un peu le rôle d'un organisme central qui veut tout contrôler: les prix, le taux de change et les taux d'intérêt. C'est impossible, selon Charles Gave, l'Union soviétique a essayé de faire ce genre de chose et son empire s'est fracassé en mille morceaux !
Pour Gave, l'économie mondiale est entre les mains de deux sortes d'économistes. Il y a d'un côté ce qu'il appelle les créationnistes. En fait, les keynésiens, qui pensent qu'il y a une sorte de Dieu compatissant qui va remettre l'économie en ordre par un coup de baguette magique, la baguette magique étant la manipulation des taux d'intérêt. Et puis, il y a de l'autre côté, dit-il, les économistes darwiniens qui pensent que les seuls créateurs de richesse sont les entrepreneurs et qu'à force de manipuler les taux, on perturbe les projets d'investissement de ceux-ci.
Charles Gave, qui est libéral, vous l'avez compris, estime donc qu'aujourd'hui, les banquiers centraux sont des personnes dangereuses, car ce sont des... religieux, des créationnistes qui croient au Dieu "keynésianisme" dont la magie sur les taux d'intérêt n'a pourtant pas marché! On peut ne pas être d'accord avec son analyse, mais avouez que voir un économiste libéral traiter tour à tour nos banquiers centraux de communistes et puis de religieux créationnistes, c'est réjouissant d'impertinence. Il faut oser le faire."
(1)Voir sa déclaration à ce sujet sur BFM TV.

Bill Bonner dans "Economie matin" du 25 juin 2015 Article intitulé : Est-ce la fin de la déconnexion entre marchés boursiers et économie réelle ?

" Le Dow a gagné 180 points en fin de semaine. L’or a perdu deux dollars. Le premier chiffre mesure la valeur des entreprises américaines. Le deuxième mesure la mesure.
Nous suivons les deux chiffres, mais pas de près. La plupart du temps, il ne se passe rien d’important. Il n’y a pas plus de contenu informatif dans les chiffres. lorsqu'ils sont issus d'une formule mathématique conceptualisée Juste du "bruit". Et puis, à l’occasion, ils disent quelque chose. De nombreux investisseurs et analystes passent leur temps à essayer de trouver ce que les données diront ensuite. Pour vous, ça revient à tenter de deviner ce qui sortira de la bouche d’un aliéné en plein délire. Nous préférons essayer de trouver ce que M. le Marché devrait dire… s’il avait un peu de bon sens.
Devrait-il dire que "tout va bien" et que les entreprises américaines prennent de la valeur ? Pourquoi donc ? Les entreprises se font concurrence pour les ventes disponibles. Certaines gagnent des parts de marché, d’autres en perdent. Dans l’ensemble, la valeur des entreprises devrait grimper avec le reste de l’économie — c’est-à-dire avec le PIB.
Mais ces 30 dernières années, la valeur des actions a grimpé bien plus rapidement que le PIB. En chiffres bruts, le Dow lui-même a été multiplié par 18. Le PIB US n’est que 3,5 fois plus élevé que ce qu’il était au début des années 80. Comment est-ce possible ? C’est bien entendu l’histoire de notre époque… l’histoire de nos vies. La majeure partie de nos vies d’adulte s’est déroulée dans ce monde, où des choses étranges se sont produites… et ont été considérées comme normales.
Nous vivons à présent avec des cours boursiers — mais aussi des obligations, de l’immobilier et d’autres actifs — bien plus élevés que ce que la performance économique réelle indiquerait.
Que se passe-t-il ? Et que devrait en dire M. le Marché ? ?
Des cours si éloignés de l’économie qui les soutient n’ont aucun sens. Il n’y a qu’un nombre donné de ventes à faire… une quantité donnée d’activité économique… et une quantité donnée de profits. Il n’y a aucune raison particulière pour qu’un dollar gagné aujourd’hui vale bien plus qu’un dollar gagné en 1980.
"Oui, mais les taux d’intérêt sont plus bas !"
Certes, mais ce n’est pas une condition permanente. Ce n’est qu’une situation temporaire — et profondément cyclique. M. le Marché aura aussi son mot à dire sur ce sujet.
Et pendant qu’il ronchonnait et marmottait, une chose intéressante lui a échappé. "Les obligations ont atteint leur sommet". C’est du moins ce qu’il nous a semblé entendre. Il y a environ deux mois, les rendements obligataires ont chuté à de si étranges niveaux — négatifs dans de nombreux cas ! — que ça a dû attirer l’attention de M. le Marché et offenser sa délicate sensibilité. Depuis, les obligations ont chuté. En France, par exemple, les rendements sur les OAT à 10 ans ont quadruplé en seulement 60 jours. Ce pourrait être plus que du bruit. Ce pourrait être la fin de tout ça…

François Leclerc dans "La Tribune" du 23 juin 2015 Article intitulé : En finir avec la dette ?

" Les créanciers de la Grèce insistent depuis quatre mois sur les réformes et mesures à prendre. Mais quid de la viabilité de la dette grecque? Et comment effacer les montages de dettes accumulées?
Les créanciers européens de la Grèce auront consacré ces quatre derniers mois à escamoter toute discussion sur la viabilité de la dette grecque et à focaliser l'attention sur des mesures présentées comme allant en permettre le remboursement. Seul le FMI a finalement fait entendre sa petite musique, dans le fil des interventions qui avaient aboutit à sa restructuration précédente.
Le Comité pour la vérité sur la dette publique grecque a rendu son rapport
 préliminaire devant le Parlement grec, mais il est prévisible que, dans la même veine, il ne connaitra pas une grande publicité. Car ce document établit qu'il a été poursuivi comme objectif de protéger les banques européennes, puis que seuls 10% des prêts alloués ont été affectés aux dépenses du gouvernement, le reste dédié au remboursement des prêts antérieurs. Il établit aussi les raisons pour lesquelles la dette est « illégale, illégitime et odieuse » et fournit une argumentation juridique justifiant d'unilatéralement en suspendre le remboursement, et même de partiellement l'annuler.
Quoiqu'il en soit, la lancinante question de la dette va revenir sur le tapis, car elle est loin de concerner seulement la Grèce. Des pays comme le Japon, les États-Unis et l'Italie font également face à une dette monstrueuse, et le cas de la Grèce n'est que l'expression particulière du cas général. La dette continue de grossir en dépit des tentatives de la juguler : plafonnements provisoires du déficit budgétaire aux États-Unis ou carcan fiscal en Europe. Au Japon, la moitié du budget de l'État est financé par l'endettement.
Une pléiade de solutions... sur le papier
La dette a la vie dure, et un débat aborde timidement la manière de la supprimer. Sur le papier, une pléiade de solutions sont proposées. 
Certains proposent d'étaler son calendrier de remboursement, ce qui a pour effet de diminuer chaque échéance mais d'accroître le coût global du crédit au profit des rentiers, et d'accroitre les inégalités. 
D'autres, poursuivant cette logique, vont jusqu'à proposer l'émission de dette perpétuelle - dont seuls les intérêts sont payés tant qu'elle n'est pas rachetée pour être éteinte - afin de soulager le service de la dette au prix de la formation d'une énorme bulle obligataire dont on devine le sort.
Le refus allemand de la mutualisation
Dans le cas particulier de l'Europe, les partisans de la mutualisation de la dette se sont manifestés, mais le débat à ce propos a tourné court devant le refus allemand catégorique d'envisager l'émission d'euro-obligations. Celle-ci aurait un effet apaisant sur les taux en aplanissant le risque, mais elle reviendrait à augmenter le montant des intérêts des pays les moins endettés.
Une position de repli a été trouvée par d'autres, en suggérant que les États bénéficient comme les banques commerciales d'un guichet auprès des banques centrales, qui deviendraient également leur prêteur en dernier ressort. Ce qui aboutirait à faire disparaitre le problème au prix d'une hasardeuse innovation en matière monétaire. En plus sophistiqué, enfin, Adair Turner a proposé que les banques centrales puissent acheter des titres de dette perpétuelle qui seraient émis en vue de les échanger avec le stock des titres existants.
Une occasion en or de remettre à plat le système financier
Que reste-t-il afin de boucler ce bref tour d'horizon si ce n'est le défaut ? Avec comme argument contraire, mille fois répété, qu'il ruinerait les petits épargnants, occultant la possibilité de les protéger en procédant à des échanges de titres. Cette option représenterait pourtant une occasion en or de remise à plat du système financier, sa régulation s'épuisant avant même d'avoir atteint le shadow banking. La réforme du système monétaire international qui est en suspens pourrait ainsi voir son domaine considérablement élargi à l'occasion d'une nouvelle grande conférence internationale, qui n'est pas dans l'air du temps il est vrai.
Toucher d'une manière ou d'une autre à la dette, c'est redistribuer la richesse existante. Mais ce ne sont pas les mêmes qui en bénéficieront ou qui en feront les frais selon la manière de procéder. Cette question est donc étroitement liée à celle de l'inégalité, qui pourra soit être résorbée, soit encore s'accentuer. Des organisations comme le FMI - qui n'a jamais cessé de travailler sur le dossier de la dette, comme le montre une étude récente - ou l'OCDE s'inquiètent désormais des effets négatifs des inégalités sur l'activité économique. 
Cette dernière  a innové en associant l'accroissement du crédit avec le ralentissement de l'économie, indiquant la piste à suivre.  Le FMI a constaté que « une période prolongée d'inégalités plus élevées dans les économies avancées a été associée à la crise financière en renforçant l'endettement par effet de levier (...) et en permettant aux groupes de pression de pousser vers plus de dérégulation financière ». Christine Lagarde expliquant « si vous voulez une croissance durable, vous devez générer une croissance plus équitable ». La résorption des inégalités va devenir une question aussi lancinante que celle de la dette ! Combien de temps ces deux questions dérangeantes vont-elles pouvoir être écartées ?

Jean-Luc Ginder dans "Economie matin" du 22 juin 2015 Article intitulé : Pas de vraie reprise économique mais un chômage se transformant en emplois "low cost"

" L’avenir ne laisse pas apparaître une vraie reprise économique mais plutôt une tendance du chômage à transformer les emplois en emplois « low cost ». La consommation des ménages est stable en France depuis 4 ans. Ce sont 4 années de croissance 0. Les Français ont cessé de consommer, ils ont fait le dos rond. L’augmentation de la consommation annoncée s’explique uniquement par l’augmentation du nombre de Français qui consomment (+0.5% par an). Les Français seront donc plus nombreux à consommer mais la consommation individuelle diminue.
Un Français consomme moins aujourd’hui qu’en 2011
Le problème est ainsi posé pour une entreprise qui aspire à voir ses carnets de commande se remplir dans un climat de consommation réduite. D’autant plus qu’entre 2011 et 2014, la consommation de produits français a baissé, et a été remplacée par des produits étrangers importés. Sur cette même période la France a perdu en compétitivité en dehors de la zone Euro malgré la conjoncture favorable, et le phénomène a été accentué par la baisse des salaires dans les pays du sud de la zone Euro.
Ce qui nous est annoncé comme une reprise économique à 1.4% n’est en réalité qu’un effet de rattrapage de la consommation des ménages. La croissance est donc artificiellement tirée vers le haut car les consommateurs ne peuvent plus faire autrement et qu’ils sont eux même en difficulté. Cette consommation sera essentiellement énergétique en raison de la baisse des prix du pétrole (20 milliards de transferts qui représentent 1 point de PIB). Se dessine donc avant tout une nouvelle croissance des inégalités reposant sur une politique de l’offre financée par les ménages français.
En économie, la croissance ne réside en la seule consommation
La croissance dépend de deux autres facteurs : l’investissement des entreprises et le commerce extérieur. On ne note aucune reprise au regard des chiffres pour l’investissement et des résultats désastreux pour le commerce extérieur malgré la baisse de l’Euro. Comment croire en une reprise économique alors que les éléments chiffrés annoncent une dégradation dans un environnement économique pourtant idéal ?…..un Euro à la baisse, un prix du pétrole bas des taux d’intérêts à 0%….Et cependant la machine économique française reste et restera bloquée…..
Les Français ne verront vraiment leur avenir s’améliorer que lorsque le chômage diminuera
Les annonces des chiffres dits de croissance ne sont plus crédibles, ils attendent les chiffres de l’emploi. Malheureusement, ces derniers ne s’inverseront pas sans une augmentation des inégalités sociales. Des jours maigres s’annoncent à nous. L’explication réside dans l’augmentation des salaires plus rapide que les gains de productivité. Ce phénomène entraîne mécaniquement une augmentation du chômage.
En économie théorique cela se contrôle, mais un nouveau modèle commercial est un changement central aux effets humainement dramatiques. La digitalisation de l’économie ne créera pas d’emplois mais elle en détruira en grande quantité. Il devient donc urgent et impératif de réexaminer les fondamentaux sociaux.
La France de demain va vers un monde dans lequel moins d’emplois seront proposés
Le rôle de l’Etat est d’anticiper, d’organiser cet avenir. Les questions posées sont les suivantes : Peut-on produire de la croissance ? Distribuera-t-on moins de travail ? Est-il urgent de revoir la question du temps de travail ? A ces trois questions la réponse est oui.
La problématique de la répartition du temps du travail est fondamentale pour l’emploi
En effet, comment faut-il rétribuer le salarié qui surveille une machine qui s’auto surveille électroniquement ? L’intérêt économique n’est plus là. On peut par contre employer cette même personne à un poste plus valorisé. Le logiciel du temps de travail légal en France est à revoir en profondeur pour préparer la société de demain, la nôtre et celle de nos enfants.
Les projections chiffrées nous permettent déjà d’annoncer que la moitié des emplois intermédiaires seront touchés par l’usage de la digitalisation d’ici 10 à 20 ans. Les emplois les plus touchés par cette transformation seront essentiellement les emplois d’encadrement dit intermédiaires. Les salariés ne peuvent qu’avoir que beaucoup de difficultés à accepter cette évolution. La seule issue pour réduire le chômage sera humainement dramatique et il repose sur une transformation de la société en profondeur. Cette méthode a déjà été mise en place aux Etats-Unis, en Angleterre et en Allemagne. Ces pays ont fortement réduit leur chômage en créant une base d’emplois « low cost » / « prix bas », répondant à la nécessité de répondre à un besoin d’occuper des emplois à petits et très petits salaires. Les emplois intermédiaires sont amenés à disparaître d’ici 10 à 20 ans et dramatiquement ce sont des emplois « prix promotionnels », des emplois à tarifs très bas qui les remplaceront.
Aujourd’hui le taux de chômage réel est à 20% de la population. Les découragés en fin de droit qui ne s’inscrivent plus à Pôle Emploi sont intégrés à ce chiffre. Est-il mieux d’avoir un travail plutôt que d’être au chômage et créer ainsi le plein emploi et produire une vraie croissance ? On sait maintenant que la création d’emplois attendue se fera, ou ne se fera pas, qu’au travers des emplois « petits prix » D’un point de vue social, cet horizon est désarmant. Sommes-nous tous prêts à cela ?

Bruno Colmant, Professeur à la Vlerick Management School et à l'UCL, membre de l'Académie royale de Belgique, dans "Trends Tendances" Belgique du 22 juin 2015 Article intitulé : 'Le problème de la dette grecque est une fiction'

" S'il existe une fantaisie, en économie, c'est de parler du remboursement de la dette publique. Même quand elle baisse en termes relatifs, elle augmente. Le cas belge est, à cet égard, révélateur. En 1993, la dette publique belge atteignait près de 138 % du PIB. Aujourd'hui, le pourcentage est tombé à 107 %. Mais la dette exprimée en euros a presque doublé depuis 1993, passant de 224 à 432 milliards d'euros.
Une dette publique ne se rembourse donc jamais. Au mieux, elle se stabilise en termes relatifs, c'est-à-dire en pourcentage du PIB qui correspond à la richesse crée annuellement dans un pays. Par contre, une dette se refinance, au rythme des échéances des obligations émises. Pour assurer ce refinancement, un pays doit assurer une crédibilité suffisante et s'acquitter d'un taux d'intérêt correspondant au risque du pays.
Sous cet angle, le problème de la Grèce n'est pas sa dette, qui ne sera jamais remboursée, mais son refinancement, c'est-à-dire les échéances régulières qui imposent un remboursement... avant d'emprunter à nouveau la même somme. C'est pour cette raison qu'il faudra transformer formellement cette dette en dette perpétuelle (le cas échéant, avec une clause de retour à meilleure fortune ou une indexation sur le PIB, à l'image de l'Ukraine), ce qu'elle est déjà, puisque financée par un Fond européen et des Etats qui se financent eux-mêmes... grâce à leurs propres dettes publiques qui ne se remboursent jamais.
Le problème de la dette grecque est une fiction: elle ne coûte plus rien, et nous ne perdons rien
En d'autres termes, le problème de la dette grecque est une complète fiction. Cette dette ne coûte plus rien, et nous ne perdons rien, puisqu'elle est déjà diluée dans notre endettement qui se dilue lui-même dans le temps. Les échéances de la dette grecque sont donc les échéances de notre propre dette publique. Incidemment, ce n'est pas maintenant qu'il faut s'émouvoir des dettes publiques grecques. Nous aurions dû le faire au moment du refinancement de la Grèce par notre propre dette ce qui passa complètement inaperçu et non débattu politiquement.
Donc, à un certain moment, il faudra "perpétualiser" formellement la dette grecque. Tout se passera comme si les différentes maturités (qui correspondent à autant d'échéances de refinancement) étaient agrégées afin de les consolider en un emprunt sans maturité. La dette grecque restera donc intacte, mais sa morphologie en sera modifiée. Cette technique s'appelle "reprofilage" dans le jargon financier.
Une consolidation de la dette grecque permettrait de lui conserver sa valeur nominale. De manière apparente, elle garderait la même valeur en euros. Par contre, la valeur de négociation de cette dette chuterait dans une proportion que je situe de 50 % à 70 %.
Comment suis-je arrivé à ce pourcentage ? Une approche consiste à appliquer à la dette grecque le pourcentage de dépréciation théorique de la Drachme si la Grèce avait conservé sa monnaie domestique depuis 2001, année de son entrée dans la zone euro. Cette dépréciation serait de l'ordre de 50-60 %.
Un autre angle d'approche consiste à calculer la "valeur de marché" d'une dette qui assure un taux d'intérêt de l'ordre de 2,5 % (ce qui semble être la moyenne du coût de la dette grecque, malgré l'imprécision des données) dans un contexte de taux d'intérêt à long terme grecs de 11 %. La décote de marché atteint alors environ 80 %.
Mais pour constater cette perte, il faut évidemment que cette dette grecque soit vendue à un tiers, ce qui semble improbable puisque la dette grecque est désormais détenue par les Etats européens de la zone Euro, le FMI et la BCE qui pourraient la conserver à l'infini. Une perpétualisation de la dette grecque permettrait de garder l'apparence des chiffres pour autant que cette dette soit conservée jusqu'à la nuit des temps.
L'infini est donc dans l'infini. Le reste n'est qu'expressions de sentiments moraux ou d'images populistes, bref des distractions à l'aune de l'Histoire.
Ne l'oublions jamais : la monnaie et la dette publique ne sont que des fictions et des symboles auxquels nous accordons naïvement une quelconque valeur puisque cette dernière dépend de la conviction collective. Et nous sommes assez crédules pour avoir inventé le taux d'intérêt, qui est le prix du temps et de la dette, alors que le temps nous est compté et, de surcroît, selon les physiciens, en expansion. La dette publique, c'est comme l'éternité : c'est long, surtout vers la fin."

Alexia Kefalas dans "Le Figaro" du 19 juin 2015 Article intitulé : Menacés de faillite, les Grecs retirent leurs économies

  " La panique n'est pas perceptible. Les files d'attente aux distributeurs de billets d'Athènes ne sont pas démesurées. Mais à trois jours du sommet européen présenté par tous les protagonistes du drame grec comme celui de la dernière chance, les comptes bancaires se vident comme jamais. Les retraits aux guichets et aux distributeurs ont battu des records cette semaine, en commençant par 600 millions d'euros lundi, puis allant crescendo pour finir vendredi avec des retraits de l'ordre de 1,5 milliard d'euros. Les Grecs ont sans doute retiré de leurs comptes autant d'argent en une semaine qu'au cours de tout le mois d'avril, soit 4,7 milliards d'euros, le dernier mois pour lequel des chiffres officiels sont disponibles.
Les Grecs ont sans doute retiré de leurs comptes autant d'argent en une semaine qu'au cours de tout le mois d'avril
L'impasse dans laquelle se trouvent les négociations entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers, à onze jours de la date butoir du 30 juin, inquiète sérieusement le public. Le 30 juin, la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d'euros au Fonds monétaire international (FMI), somme qu'elle n'est a priori pas capable d'honorer. Et le même jour, le plan d'aide expire. Faute d'accord et d'argent frais, la Grèce peut basculer le 1er juillet dans le défaut de paiement.
Nul étonnement à ce que les petits épargnants prennent les devants. La majorité des Grecs craint la fermeture des banques à partir de lundi assortie d'un contrôle des capitaux. «Ils ont vécu de près la situation à Chypre en mars 2013, où les banques avaient dû fermer pendant plusieurs jours, pour calmer la panique, et les retraits aux distributeurs étaient plafonnés à 300 euros par jour et par personne», confie un banquier sous couvert d'anonymat. Le financier l'assure: contrairement aux établissements chypriotes en 2013, les banques grecques sont prêtes à mettre en place un contrôle des capitaux. «Au train effréné ou vont les retraits, il faut qu'on s'organise. Ainsi les banques pourront rouvrir au bout de soixante-douze heures», ajoute-t-il tout en conseillant de ne pas céder à la panique ambiante.
Transferts en Allemagne
Pour rassurer l'opinion publique, la Banque de Grèce a publié deux communiqués de presse en l'espace de quelques heures. Mais rien n'y fait, le dialogue de sourds entre Athènes et Bruxelles fait trembler les Grecs.
Selon plusieurs sources bancaires, l'épineuse question du contrôle des capitaux serait déjà à l'étude pour les créanciers. En échange de la fermeture des banques, la Banque centrale européenne continuerait à les approvisionner en liquidités. Mais il faut pour cela que la demande provienne du gouvernement grec et, pour limiter les mouvements de capitaux, qu'une loi soit adoptée car de telles mesures se heurtent à la liberté de circulation des capitaux en Europe. «Le contrôle des capitaux en Grèce pourrait restreindre le droit d'ouvrir un compte et interdire les virements électroniques vers l'étranger», conclut le banquier.
«Le contrôle des capitaux en Grèce pourrait restreindre le droit d'ouvrir un compte et interdire les virements électroniques vers l'étranger»
Un banquier, sous couvert d'anonymat
Les particuliers ne sont pas les seuls à s'organiser en vue du scénario catastrophe. Selon l'économiste Takis Bratsos, la fuite importante des capitaux est due aux entreprises. «Les PME comme les grandes sociétés n'hésitent pas à transférer l'argent dans des comptes en Allemagne, au Luxembourg ou en Grande-Bretagne pour payer les salaires de leur personnel. C'est un moyen légal de se protéger tout en continuant à travailler. Mais une fois la solution employée, l'argent doit être rapatrié pour verser les payes», précise-t-il.
Des précautions ont par ailleurs été prises sur le front pétrolier. Si la Grèce sort de la zone euro et voit les prix du pétrole et du gaz grimper d'un coup à la suite d'une dévaluation, elle ne manquera pas d'essence. L'organisation regroupant les distributeurs pétroliers a assuré que les raffineries, sur ordre de Panagiotis Lafazanis, le ministre de l'Énergie et fer de lance des frondeurs du gouvernement, a mis en place un plan d'urgence pour l'approvisionnement de la Grèce pour les neuf prochains mois. Révélé par le quotidien Ta Nea, cette opération se ferait en trois étapes et commencerait dès le 1er juillet.
Dans cette ambiance de veillée d'armes, certains prévoient déjà de profiter d'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro. Des voyagistes étrangers auraient ainsi inclus dans leurs contrats avec les hôteliers grecs une «clause drachme», pour ne pas être pris de court si la devise nationale réapparaissait. Dans cette hypothèse, les professionnels étrangers paieraient en drachme dévaluée mais encaisseraient des euros de leurs clients, empochant au passage un profit conséquent.
La BCE injecte une perfusion d'urgence
Quelle que soit l'issue des négociations à venir, le système bancaire est le talon d'Achille de l'économie grecque. Son effondrement précipiterait la faillite du pays, enclenchant une réaction en chaîne qui pourrait aboutir en quelques semaines à la sortie de facto de la Grèce de l'euro selon un scénario largement partagé par les économistes. Voilà l'arme de chantage de l'europe allemande. C'est bien pour parer en urgence à l'asphyxie des banques grecques quela Banque centrale européenne (BCE) a réuni ses gouverneurs, vendredi, par conférence téléphonique. Cette réunion de dernière minute s'est organisée à la demande de la Banque centrale de Grèce. La BCE a décidé, pour la deuxième fois de la semaine, de relever le montant de l'ELA, cette ligne de financement d'urgence, seul robinet à liquidités pour les banques grecques. La BCE maitrisant le "robinet", elle tient le chantage. Mercredi, la Banque centrale avait relevé ce plafond de 1,1 milliard d'euros pour le porter à 84,1 milliards. Le montant du relèvement décidé vendredi n'a, selon l'habitude de la BCE, pas été communiqué, ni confirmé de source sûre. Avec cette ligne de crédit ELA, la BCE détient l'arme fatale. Si la Grèce devait faire défaut, en particulier en ne remboursant pas la BCE le 20 juillet, d'une échéance de 3,5 milliards d'euros, l'institution dirigée par Mario Draghi n'aurait vraisemblablement d'autre choix que d'interrompre ce financement. Le système bancaire grec dans son ensemble s'effondrerait."

Commentaire : Les Grecs sont notre dernier rempart démocratique.

 Niels Saelens, rédacteur Moneytalk.be, dans "Le Vif/L'Express" Belgique du 18 juin 2015 Article intitulé : 'Plus les riches deviennent riches, moins il y a de croissance'

" Lorsque les 20% les plus aisés de la population deviennent plus riches, la croissance de l'économie ralentit. En revanche, lorsque les 20% les plus pauvres deviennent plus riches, la croissance économique est plus forte, ressort-il d'une étude du FMI. Les inégalités croissantes au niveau des revenus grignotent la croissance économique. Selon une étude du Fonds Monétaire International, MDR et c'est eux qui prônent la paupérisation en Grèce.... qui est à la base de l'expression "Ah, les cons..." qui porte sur un échantillon de 156 pays, le produit intérieur brut (PIB) progresse moins (- 0,08 point) dans les cinq ans qui suivent une augmentation de 1 % de la part des revenus des 20 % les plus aisés. Par contre, une augmentation de 1 % de la part des revenus détenue par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 point. Lorsque l'inégalité des revenus augmente, les familles les plus pauvres ont plus de mal à vivre en bonne santé et à investir dans l'éducation de leurs enfants. Ce qui joue des tours à la croissance économique d'un pays. Au contraire, lorsque ces familles peuvent investir dans le développement de leurs enfants, cela met la future productivité et la croissance économique d'un pays à l'abri. Lorsque la part la plus riche de la population accroît sa fortune, la croissance économique ralentit du fait que les plus nantis dépensent une plus petite partie de leurs revenus.
Une bonne éducation est cruciale
D'après le FMI, une bonne éducation est la solution pour bloquer l'inégalité croissante des revenus. L'étude souligne que les personnes bien instruites sont mieux payées que leurs collègues moins instruits. Selon l'organisation, c'est une des principales explications à la croissance des inégalités dans les pays avancés.
Les experts du FMI plaident pour un enseignement de qualité et pour l'élimination des barrières financières pour les étudiants qui veulent faire des études supérieures. "Les travailleurs dotés d'une formation supérieure peuvent mieux faire face aux changements technologiques qui augmentent la productivité", écrit le FMI dans l'étude.
Une politique fiscale plus redistributive serait également une solution pour réduire les inégalités et donc pour augmenter la croissance économique. D'après l'étude, plus de pays devraient implémenter une fiscalité des revenus progressive, des mesures contre la fraude fiscale et une sécurité sociale ciblée. Et les régimes fiscaux qui ne peuvent bénéficier qu'aux super-riches - tels que les options sur actions - devraient disparaître si les pays veulent éliminer les inégalités."

Commentaire : FMI, Fonds Monétaire International ou Fonds Monétaire des Idiots ? Pourquoi y mettre Lagarde à la tête ?

Mathias Thépot dans "La Tribune" du 19 juin 2015 Article intitulé : Immobilier : faut-il encore favoriser l'accession à la propriété ?

" D'un point de vue macroéconomique et d'un point de vue Humain ? Quel type de macroéconomie ? Celle qui induite que l'Etre Humain n'est qu'un outil de réalisation ?, la France a -t-elle intérêt à entretenir sa culture de l'accession à la propriété ? Cette obsession d'une grande partie des ménages français de devenir dès que possible propriétaire de son logement a participé à tirer les prix de l'immobilier vers le haut durant les années 2000, et à les maintenir à un niveau élevé depuis. Faux, ce qui a maintenu les prix à la hausse sont : les défiscalisations, les schémas urbanistiques favorisant la concentration au détriment des Peuples en faveur du business court terme, la corruption etc...  Aujourd'hui; 58 % des ménages français sont propriétaires de leur résidence principale selon l'Insee, contre 55 % en 1994 et 52 % en 1984. Pour quel endettement et quelle sécurité d'emploi ?
Cette hausse de la part des propriétaires dans le temps s'est faite par l'endettement à des taux de crédits immobiliers qui ont continuellement baissé, atteignant à peine plus de 2 % en moyenne cette année. La dette immobilière des ménages français rapportée à leurs revenus a ainsi doublé depuis le début des années 2000, note l'économiste Jacques Friggit. Autant d'argent phagocyté par l'immobilier - il y a 840 milliards d'euros d'encours de crédits immobiliers aux ménages en France - qui ne va ni « dans la consommation, ni dans une épargne qui serait réinjectée dans l'économie », regrette l'économiste Michel Baroin. « Si l'on arrivait à réinjecter, ne serait-ce qu'une petite partie de cette masse d'argent dans l'économie, ce serait considérable ! », ajoute-t-il. En partie exact, pourquoi ne pas revoir les scémas urbanistiques, interdire les programme de défisclaisation etc.. En fait, le problème n'est-il pas de savoir qui payer "acheter" pour agir de façon nettement plus réfléchie et Humaine dans la chaise musicale droite/gauche.
Plus de propriétaires en France, c'est possible.
La plupart des ménages français, dès qu'ils peuvent entrevoir la possibilité d'acheter, se penchent sur la question de l'accession à la propriété. Et si la baisse des taux d'intérêt de crédits y a grandement participé faux, c'est le matraquage publicitaire et les défiscalisations venduent par des vendeurs de merde. Trop souvent taux d'intérêt bas/prix élevés etc..., l'Etat a aussi joué un rôle de soutien exact, soutien de déstabilisation par le biais de prêts à taux bonifiés (Prêts à taux zéro, prêt d'accession sociale) ou d'aides directes (APL Accession) de fait principalement destinés aux jeunes qui ont des ressources en moyenne plus faibles que leurs ainés. Et selon l'avis de tous les experts du logement, il y a encore un fort potentiel de croissance en France pour la propriété immobilière, notamment au regard des taux de propriétaires plus élevés de pays voisins ( Royaume-Uni, Italie, Espagne...) Exact, sauf que dans ces pays les prix sont nettement plus bas hormis spécificités d'immobilier à destination des touristes potentiellement acheteurs. Comment expliquer qu'un pavillon (de très bonne facture) à 20 kms de Bruxelles, en zone non surpeuplée, avec un terrain et la gare à proximité, se vende à un prix de 240 000 euros ? Combien pour un même pavillon à 20 kms de Paris dans des conditions de vie minables ?
Des effets secondaires pervers
Cependant, cette culture de la propriété, notamment chez les jeunes, a des effets secondaires pervers sur l'économie française. Car la propriété immobilière implique des coûts de mobilité élevés qui entraveraient l'efficacité de l'appariement sur le marché du travail. Tout à fait exact dans une logique où l'Etre Humain n'est plus qu'un outil d'adaptation à la politique de recherche de l'objectif financier et comptable des sociétés.  Les travaux de l'économiste Andrew Oswald ont notamment démontré le pouvoir de nuisance d'un taux de propriété immobilière trop élevé sur le fonctionnement du marché du travail. Que donne ces travaux en terme de paupérisation et de taux d'emploi de la population au global,? Pour quelle qualité de vie et de rapport à la pollution, à la délinquance fabriquée etc.. par des choix politiques de société immorale ?
Selon lui, « associée à des coûts de mobilité élevés, la propriété restreint la zone de prospection d'un demandeur d'emploi qui peut renoncer à une offre située loin de son domicile si le gain associé à la reprise d'emploi est inférieur au coût engendré par son déménagement ». Sauf erreur, l'Etre Humain n'est pas un outil. Il faudrait qu'il déménage, qu'il perde l'ensemble de ses rapports Humains pour, comme aux Etats-Unis être un itinérant du travail au moindre coût. Je suis pour la capitalisme car lui seul est un moteur libérateur de dynamiques et créateur d'énergies. Cela dit le moteur doit être contrôlé en adaptant la vitesse à la longeur du trajet et à la réglementation qui est là pour protéger autrui. Le capitalisme est basé sur des chiffres financiers réels. Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans un système capitaliste mais dans un système économique "comptabiliste financier©"« Le coût de mobilité engendré par la propriété peut également rendre les propriétaires qui ont un emploi moins enclins à chercher des opportunités plus intéressantes ou plus adaptées à leurs compétences qui pourraient améliorer la qualité de leur appariement et donc la productivité de l'économie », ajoute-t-il. Tout est dit, l'Etre Humain doit s'adapter à la productivité, c-à-d à des chiffres comptables triturés qui deviennent par la magie de la connerie déshumaine achetée, des chiffres financiers de référence. Chiffres qui serviront de bases à des raisonnements moutonniers stupides. Voir les cours de Bourse www.agencedecotationihr.com
Confirmant les propos de l'économiste, une fameuse étude de 2011 du Credoc en partenariat avec le Medef disant que les problèmes de logement des salariés affectaient 40 % des entreprises.
Le coût de transaction en France est élevé
Or en France le coût de la transaction immobilière est un des plus élevés des pays de l'OCDE. En effet, aux prix des biens immobiliers en moyenne élevés dans les zones urbaines, viennent s'ajouter pour l'acheteur les droits de mutation à titre onéreux, la rémunération et les frais de notaires, ainsi que les commissions pour les intermédiaires. Alors que le vendeur doit pour sa part prendre en charge un diagnostic technique avant la vente.
Toujours selon Oswald, la propriété immobilière peut aussi induire des effets pervers sur la productivité au travail des propriétaires. En effet, celle-ci est affectée par la baisse de leur bien-être au travail car dans les zones tendues où les prix de l'immobilier sont trop élevés, ils « ont tendance à accepter des temps de trajets domicile travail plus importants, ce qui accentue la congestion sur les réseaux de transport » et la pollution et l'énervement etc... Rien de nouveau, simplement l'ensemble des ces facteurs n'est pas pris en compte dans les chiffres et analyses faussant totalement ceux-ci au profit des lobbyisateurs d'imbécilités Humaines en faveur de chiffres n'ayant dans les faits aucune réelle valeur... si ce n'est d'être une chaîne de Ponzi de l'imbécilité en référence à laquelle sont prises nombre de décisions lobbyisées.
Faire comme en Allemagne
Autre argument avancé par Oswald : le pouvoir de nuisance d'un surplus de propriétaires. « Les propriétaires ont davantage tendance à recourir à des actions collectives que les locataires. Ils peuvent donc plus facilement empêcher l'installation ou l'extension d'une entreprise dans une zone résidentielle », juge l'économiste.
D'un point de vue macro-économique, il vaudrait donc mieux pour les ménages français, à l'instar de ce qui se passe en Allemagne, viser l'achat immobilier après avoir accumulé suffisamment d'épargne dans le temps comment réaliser cela avec les salaires et les prix immobiliers gonflés actuels ? Si ce n'est en revoyant la compréhension et le prix du travail ?, plutôt que de s'endetter dès l'entrée sur le marché du travail. Car il n'est du reste pas contestable que la propriété immobilière apporte une sécurité supplémentaire pour la retraite. Un argument fondamental pour les ménages français."

 

 Amid Faljaoui dans "Trends Tendances" Belgique du 17 juin 2015 Article intitulé : Voici la seule manière de gagner la guerre contre le chômage... et les robots

" Il y a 5 ans, presque jour pour jour, le 10 juin 2010 pour être précis, le monde entier a franchi un pas important sans s'en rendre compte. Sans le savoir, nous avons franchi le "point Lewis". Et ce "point Lewis" (1), nommé ainsi en l'honneur du prix Nobel d'économie Arthur Lewis, désigne le moment critique où la main d'oeuvre d'une économie émergente n'est plus considérée comme illimitée, ce qui provoque des hausses de salaire ! Et ce point critique a donc été atteint le 10 juin 2010. Autrement dit, depuis cette date-là, et cela s'est vérifié, les salaires en Chine sont en croissance régulière, notamment suite à des milliers de grèves qui éclatent chaque jour un peu partout dans le pays.
Les plus pessimistes diront que ce n'est pas parce que la Chine voit ses salaires augmenter, qu'il n'est pas possible de délocaliser ailleurs, au Vietnam par exemple. Bref, là où les salaires sont encore plus bas. C'est vrai, mais cela n'enlève rien à la pertinence du "point Lewis", car s'il est possible de trouver des salaires plus bas qu'en Chine, il est impossible d'en trouver autant ! Donc, a priori, c'est une bonne nouvelle pour les salariés occidentaux qui après presque 30 ans de délocalisation peuvent espérer respirer.
Mais ce ne sera pas aussi simple. Car si la Chine augmente ses salaires, la révolution numérique, et ce qu'on appelle la "robolution" (2) - contraction des mots révolution et robotisation - risque de faire disparaître 47% des emplois américains. En Belgique, une étude similaire de la banque ING arrivait quasi à la même conclusion. Donc, on pourrait se dire que nous n'avons pas de bol: alors que les Chinois commencent enfin à avoir des salaires décents et qu'ils ne pourront plus mettre la pression sur nos propres salaires, voilà que la robotisation ne nous laissera pas le temps de souffler, la plupart de nos emplois routiniers, y compris ceux des cadres, risquant de passer à la trappe !
Voici la seule manière de gagner la guerre contre le chômage... et les robots
En réalité, personne n'en sait rien, et le pire n'est pas toujours certain. L'histoire montre que le progrès technique supprime des emplois, mais en crée d'autres auxquels personne n'avait pensé. Pensez par exemple à l'industrie automobile: la voiture a remplacé les chevaux, ce qui veut dire que des milliers d'emplois de maréchaux-ferrants, de palefreniers, de cochers ont disparu progressivement, mais il n'y avait pas non plus de régleurs de moteur pour un cheval et des concepteurs-désigner non plus ! Et lorsque l'électricité a fait son apparition, les vendeurs de bougies n'ont pas été contents, mais globalement, la société s'en est trouvée mieux et d'autres jobs ont vu le jour. À condition que la population soit formée, éduquée aux métiers du futur. Et ça, c'est la responsabilité des pouvoirs publics et des entreprises. C'est la seule manière de gagner cette guerre contre ce cancer économique qu'est le chômage.
(1) C'est Sylvain Guyton (EcoVadis) qui a rappelé ce point dans le journal Le Monde.
(2) Selon l'expression de Bruno Bonnell, fondateur de Robolution Capital"

 Amid Faljaoui dans "Trends Tendances" Belgique du 17 juin 2015 Article intitulé : Pourquoi les dirigeants d'Apple, Google, etc. ont bien raison d'être paranos

" Aujourd'hui, je vais vous donner quelques chiffres pour vous montrer l'importance du nouveau monde, un monde que les experts appellent le GAFA. Le G.A.F.A, c'est l'acronyme de quatre sociétés qui en quelque sorte dirigeront le monde de demain: G pour Google, A pour Apple, F pour Facebook et le dernier A pour Amazon. Google a gagné la guerre des moteurs de recherche sur Internet en 4 ans à peine. Apple a inventé le marché des tablettes en à peine 80 jours. Facebook a capturé 16% de votre temps quotidien en à peine 10 ans. Quant à Amazon, ce géant de la distribution a remplacé pas mal de détaillants en à peine 7 ans !
A eux 4, ces GAFA sont devenus des géants de l'économie: la croissance des revenus de Google, Apple, Facebook et Amazon est plus importante que celle de la Chine. Et ces 4 géants de l'Internet génèrent autant de revenus qu'un pays comme le Danemark, mais avec 10 fois moins de personnes.
Mais malgré ces chiffres, malgré l'importance prise au quotidien par ces sociétés technologiques, les dirigeants du GAFA se sentent très vulnérables. Je dirais même plus: ils sont paranos ! Vraiment paranos ! Prenez le cas du fondateur de Google, Sergueï Brin. Alors que Google maîtrise 80% du marché des moteurs de recherche sur Internet, il n'a pas hésité à déclarer: "pour l'extérieur, nous sommes Goliath et les autres David. Vu de l'intérieur, nous sommes David et les autres Goliath."
Pourquoi les dirigeants d'Apple, Google, etc. ont bien raison d'être paranos
Le pire, c'est que ce sentiment paradoxal de fragilité n'est pas unique. Les autres dirigeants de Facebook ou d'Amazon vivent également avec ce sentiment de précarité ! Pourquoi ? Mais parce qu'ils se souviennent tous du livre écrit il y a 20 ans par Andy Grove, l'ancien PDG d'Intel, le fabricant de puces pour ordinateurs. Son livre avait pour titre: "Seuls les paranoïaques survivent". Le titre était d'actualité, car si Intel avait quasi le monopole des puces intégrées dans nos PC, ses dirigeants avaient raté, en revanche, le virage des smartphones et aujourd'hui encore, ils courent après ce marché devenu capital !
En résumé, si les patrons de Google, Apple, Facebook ou Amazon sont paranos, c'est parce qu'ils savent qu'à tout moment, quelque part sur cette planète, quelqu'un peut inventer quelque chose auquel ils n'ont pas pensé et détruire d'une certaine manière leur business. Cette parano est formidable, car elle n'est pas négative. Cette peur est même le moteur principal de la vitalité des sociétés de high-tech en Californie.
Au fond, on pourrait presque dire que pour viser l'immortalité, il faut d'abord être convaincu de sa propre précarité de sa propre mort. Et si vous vous demandez pourquoi ces sociétés, comme Google ou Facebook, sont sans pitié pour leurs concurrents aujourd'hui, vous avez là un élément de réponse: la peur. Autrement dit, Goliath est un grand parano qui se prend pour David.

  Robert J. Shiller dans "La Tribune" du 11 juin 2015 Article intitulé : Un besoin d'idées révolutionnaires pour relancer les économies

"Pour soutenir les économies occidentales, de petites mesures de relance ne sont pas à la hauteur des problèmes. L'économie américaine comme les autres a besoin de programmes publics d'envergure innovants, à l'image de la construction des autoroutes dans les années 50. par Robert J. Shiller, professeur à Yale, prix Nobel d'économie Lors de son premier discours inaugural, au plus profond de la Grande Dépression, le président américain Franklin Delano Roosevelt avait adressé cette phrase célèbre aux Américains : « La seule chose que nous devons craindre est la peur elle-même ». Invoquant le livre de l'Exode, il avait ajouté « nous ne sommes frappés par aucune invasion de sauterelles ». Rien de tangible ne causait la dépression ; le problème, en mars 1933, était dans la tête des gens.
La même chose pourrait être dite aujourd'hui, sept ans après la crise financière mondiale de 2008, à propos des nombreux points faibles qui demeurent dans l'économie mondiale. La peur pousse les individus à restreindre leurs dépenses et les entreprises à différer leurs  investissements ; en conséquence, l'économie faiblit, confirmant leur peur et les conduisant à restreindre davantage les dépenses. Le ralentissement s'approfondit et un cercle vicieux de désespoir se met en place. Bien que la crise financière de 2008 soit derrière nous, nous restons coincés dans le cycle émotionnel qu'elle a initié.
Le cycle anxiété-perte de performance
C'est un peu comme le trac des comédiens. Ressasser l'anxiété de la performance peut entraîner une hésitation ou une perte d'inspiration. Lorsque la peur se transforme en fait, l'anxiété s'aggrave - et il en va de même de la performance. Une fois qu'un tel cycle commence, il peut être très difficile de l'arrêter.
Selon Google Ngrams, c'est pendant la Grande Dépression - autour de la fin des années 1930 - que le terme « boucle de rétroaction » a commencé à apparaître fréquemment dans les livres, souvent en relation à l'électronique. Si un microphone est placé en face d'un haut-parleur, une perturbation finira par provoquer un hurlement douloureux à cause d'une boucle sonore entre le haut-parleur et le microphone et inversement, qui continue indéfiniment. Puis, en 1948, le grand sociologue Robert K. Merton a popularisé l'expression « prophétie auto-réalisatrice » dans un essai du même titre. Le premier exemple de Merton était la Grande Dépression.
Pas d'investissement malgré des taux d'intérêt très faibles
Or, le souvenir de la Grande Dépression disparait progressivement aujourd'hui et beaucoup de monde ne s'imaginent sans doute pas qu'une telle chose pourrait se produire à l'heure actuelle. Sûrement, pensent-ils, la faiblesse économique doit être due à quelque chose de plus tangible qu'une boucle de rétroaction. Ce n'est pourtant pas le cas ; la preuve la plus directe en est que, en dépit de taux d'intérêt au plus bas, l'investissement ne connait pas de forte croissance.
En fait, les taux d'intérêt réels (corrigés de l'inflation) tournent autour de zéro dans la majeure partie du monde, et ce depuis plus de cinq ans. Cela est surtout vrai pour les emprunts du gouvernement, mais les taux d'intérêt pour les entreprises sont eux aussi au plus bas.
Dans de telles circonstances, les gouvernements qui envisagent un projet de construction, par exemple, d'une nouvelle autoroute devraient considérer ce moment comme idéal. Si l'autoroute coûte un milliard de dollars, dure indéfiniment avec des coûts d'entretien et de réparation réguliers et procure un bénéfice net annuel prévu pour la société de 20 millions de dollars, elle ne serait pas viable à un taux d'intérêt réel de long terme de 3% : le coût d'intérêts dépasserait le bénéfice. Par contre, si le taux d'intérêt réel à long terme est de 1%, le gouvernement devrait emprunter l'argent nécessaire et la construire. Il s'agit tout simplement d'un bon investissement.
En fait, le rendement des obligations du gouvernement américain sur 30 ans indexées sur l'inflation était de seulement 0,86% en date du 4 mai, contre plus de 4% en 2000. Ces taux sont aussi faibles aujourd'hui dans de nombreux autres pays.
Notre besoin de meilleures routes ne peut pas avoir diminué ; au contraire, au vu de la croissance de la population, le besoin d'investissement ne peut qu'être devenu plus prononcé. Alors, pourquoi ne sommes-nous pas au beau milieu d'un boom de construction d'autoroutes ?
la croissance par la construction d'autoroutes
Le faible appétit des agents économiques pour le risque économique n'est probablement pas le résultat de la peur seule, du moins pas dans le sens d'une angoisse semblable au trac des acteurs. Il pourrait provenir de la perception que les autres agents ont peur ou que l'environnement des affaires s'est détérioré de manière inexplicable, ou encore provenir d'un manque d'inspiration (qui peut aider à surmonter les craintes latentes).
Il est intéressant de noter que les États-Unis ont connu leur plus forte croissance économique depuis 1929 dans les années 1950 et 1960, une période de dépenses publiques élevées destinées à financer le Interstate Highway System, qui a été lancé en 1956. Lorsque le système a été achevé, on a pu traverser le pays et atteindre ses pôles commerciaux en empruntant des autoroutes rapides à 75 miles (120 km) à l'heure.
Peut-être le système routier national était-il plus inspirant que le genre de choses que Roosevelt a essayé pour faire sortir les Etats-Unis de la Grande Dépression. Au travers de son Civilian Conservation Corps, par exemple, les jeunes hommes ont été enrôlés pour nettoyer la nature et planter des arbres. Cela semblait une expérience agréable - peut-être même une expérience d'apprentissage - pour des jeunes hommes qui auraient été par ailleurs non occupés et au chômage. Néanmoins, ce n'a pas été une grande source d'inspiration pour l'avenir, ce qui peut expliquer en partie pourquoi le New Deal de Roosevelt a été incapable de mettre fin au malaise économique de l'Amérique.
La hausse de la dépense publique pourrait stimuler l'économie
En revanche, la force relative apparente de l'économie américaine aujourd'hui pourrait refléter certaines inspirations très visibles apparues récemment. La révolution de la fracturation hydraulique, largement considérée comme étant originaire des États-Unis, a contribué à la baisse des prix de l'énergie et a éliminé la dépendance américaine au pétrole étranger. De même, une grande partie de l'avance rapide des communications au cours des dernières années reflète des innovations - comme par exemple les smartphones et tablettes, ainsi que leurs logiciels - qui sont nées aux États-Unis.
Une hausse des dépenses publiques pourrait stimuler davantage l'économie, en supposant qu'elles génèrent un niveau d'inspiration comme dans le cas de l'Interstate Highway System. Il est faux de prétendre que les gouvernements sont intrinsèquement incapables de stimuler l'imagination des gens. Ce qui est nécessaire n'est pas de rapiécer l'économie au moyen de petites réformes éparses, mais bien quelque chose de grand et révolutionnaire.
Les programmes d'exploration spatiale financés par les gouvernements du monde entier ont été de profondes sources d'inspiration. Bien sûr, c'était les scientifiques, pas les bureaucrates des gouvernements, qui ont mené la charge. Mais ces programmes, qu'ils soient financés publiquement ou non, ont généré des transformations psychologiques. Les gens voient en ceux-ci une vision pour un avenir meilleur. Or, avec l'inspiration vient un déclin de la peur, qui, aujourd'hui comme à l'époque de Roosevelt, est le principal obstacle au progrès économique.

Traduit de l'anglais par Timothée Demont

Robert J. Shiller, lauréat du prix Nobel d'économie 2013, est professeur d'économie à l'Université de Yale et le co-créateur de l'indice Case-Shiller du prix des maisons aux États-Unis. La troisième édition de son livre Exubérance irrationnelle vient d'être publiée, avec un nouveau chapitre sur le marché obligataire.
© Project Syndicate 1995-2015

Mathilde Farine dans "Le temps" Suisse du 4 juin 2015 Article intitulé : Des pays peuvent vivre avec leur dette, selon une étude du FMI


" L’austérité n’est pas toujours la politique la plus judicieuse. Elle peut même provoquer davantage de dégâts que les déficits, selon une étude L’attitude stricte du Fonds monétaire international (FMI) face à la dette et aux cures d’austérité qu’elle a recommandées ces dernières décennies ne cesse de se fissurer. Il y a eu la reconnaissance en 2012 qu’une trop violente discipline budgétaire peut avoir un effet plus néfaste qu’anticipé sur une économie, alors que plusieurs pays d’Europe mettaient en œuvre des plans de réduction drastique des déficits publics. Et ces jours, des chercheurs de l’institution basée à Washington ont admis que certains pays peuvent vivre avec leur dette. Pire, ils ont tout intérêt à la garder plutôt qu’à la réduire. Malheureusemnet, cette réalité est connue depuis la première de fac. Ce qui n'est pas prévu est l'influence des lobbies qui dans les faits gouvernent les instances internationales et les Etats....avec la Suisse en retrait de cette réalité.
Dans une étude publiée mardi soir, Jonathan Ostry, Atish Ghosh et Raphael Espinoza rappellent qu’une ardoise élevée tend à freiner la croissance. Un Etat trop endetté doit payer le service de sa dette, ce qui l’empêche d’investir. A l’inverse, remettre les compteurs à zéro produit aussi des effets indésirables. Tout dépend de la «limite de la dette». Or celle-ci n’est pas évidente à déterminer. Les chercheurs ne citent pas de pays en particulier. Mais ils se réfèrent à un classement mis au point par l’agence de notation Moody’s en mai 2014, où les pays sont rangés par couleurs (vert, jaune ou rouge) en fonction de la précarité de leur situation financière.
La Grèce figure, aux côtés de Chypre, de l’Italie et du Japon, parmi les Etats qui n’ont plus de marge de manœuvre et où la dette pose de «graves risques» car leur «espace budgétaire» a fondu. Lorsque c’est le cas, «les contraires de la soutenabilité de la dette ne laissent plus guère d’options», selon les chercheurs. Il faut alors couper.
Pour d’autres pays, il vaut mieux vivre avec cette dette. C’est le cas de la Suisse, de l’Allemagne ou des Etats-Unis, tous trois dans la catégorie verte, dont le ratio de la dette sur le PIB est plus raisonnable. Car ces derniers peuvent se financer plus facilement sur les marchés. D’où l’idée qu’il vaut mieux profiter des taux d’intérêt très bas pour emprunter que couper dans les dépenses publiques ou d’augmenter les impôts. On est loin de la doctrine de l’austérité, portée comme un étendard pendant des décennies par les experts du FMI.
«La dette nuit à la croissance. Mais cela ne veut pas dire que la réduire est forcément une bonne chose. Dans certains cas, le remède est pire que la maladie, parce que cela peut créer des distorsions dans l’économie, avec un effet sur l’investissement et la croissance», expliquent les auteurs. Il est donc suffisant d’attendre pour certains Etats que l’ardoise fonde naturellement avec une accélération de la dynamique économique.
Les auteurs précisent que leur étude ne présente pas forcément le point de vue officiel de l’institution. Mais cela ne l’empêchera pas d’influencer éventuellement les débats au sein du FMI. L’étude ne dit en revanche pas s’il faut prendre des mesures plus radicales comme une restructuration de la dette de certains pays."

Pierre-Henri Thomas dans "Trends Tendances" Belgique du 3 juin 2015 Article intitulé : "Nous n'aurons pas d'autre moyen que taxer les dépôts"


" Comment réagiraient les autorités si un nouveau krach devait survenir ? Nous avons posé la question à l'économiste français Marc Touati, fondateur du cabinet de conseil ACDEFI, et qui a publié récemment "Guérir la France, la thérapie de choc" (éditions du Moment).
 Dans son ouvrage, Marc Touati présente une cinquantaine de propositions (réduire les dépenses publiques, doper les investissements innovants, améliorer la culture financière de la population, etc.) pour résoudre les problèmes de nos pays.
La crainte de Marc Touati est que si une nouvelle crise devait surgir ces prochains mois, nos pays ne s'attaquent à l'épargne. "Dans une de ses recommandations de 2013, le FMI a déjà annoncé la couleur : taxer les dépôts bancaires et l'épargne sur livret au sens large, à hauteur de 10 % au-delà d'un certain seuil, par exemple 100.000 euros", rappelle-t-il.
Trends-Tendances: Cette crise, vous la voyez venir. Pourrait-elle éclater en raison de la fragilité du système bancaire ? Certaines études estiment qu'il subsiste en Europe 900 milliards de crédits toxiques.
Marc Touati: Oui. Pour moi, toutefois, les crédits les plus toxiques sont les obligations d'Etat ! Si les taux continuent à augmenter comme ils le font ces derniers jours, cela risque d'être dramatique. Nous vivons une situation qui est l'inverse des subprimes. Les titres qui étaient adossés aux crédits immobiliers américains comportaient des risques mais ils offraient au moins des rendements. En revanche, aujourd'hui, en achetant des obligations d'Etat, vous prenez un risque important (de retournement des taux) et de plus vous n'avez pas de rendement ! Vous n'avez ni le beurre, ni l'argent du beurre !
Si les dépôts sont en danger, est-ce à dire que vous conseillez, comme d'autres, de débancariser l'épargne ?
Je ne prône pas la débancarisation. Je conseille cependant de ne pas laisser trop sur ses comptes. J'indique le seuil de 100.000 euros parce que c'est celui qui a été fixé par l'Europe pour couvrir les dépôts. J'espère que l'on n'oserait pas ponctionner en deçà. Mais rien ne le dit. En ce qui me concerne, je prône de garder du cash car les premiers textes parlaient, sauf erreur de ma part, de "saisir" les montants supérieurs à 100 000 euros pour Chypre. D'autre part, non seulement aucune correction n'a réellement été prise depuis le dernier krach mais pire les conditions globales se sont toutes empirées sous l'effet de la financiarisation de chiffres comptables ubuesques car ne reflétant plus aucune réalité SOCIOECOPOFI (SOCIOlogique ECOnomique POlitique FInance). N'est-ce pas pas pour cela d'ailleurs que les Etats traquent le cash ? Je pense que les Etats savent que l'ampleur de la prochaine crise doit être anticipée dès maintenant en évitant que les particuliers aient du cash. Le cash ne se saisit pas et l'absence de cash rend dépendant des banques.
Vous croyez réellement qu'en cas de crise, les gouvernements pourraient taxer les gros dépôts ?
J'espère que nous n'en arriverons pas là, mais s'il y a une prochaine crise, nous n'avons plus aucun autre moyen de réaction. En 2008 nous avons pu faire une relance de 5.000 milliards de dollars, faire tourner la planche à billets, abaisser les taux. Mais aujourd'hui nous avons tout utilisé. Comment faire pour relancer la machine, si un krach survenait ? Et puis j'entends dans mon pays depuis quelque temps des raisonnements qui me le font penser. J'entends dire que les ménages français ont 12.000 milliards de patrimoine, et que si l'on taxait les dépôts à 10 %, cela ramènerait plus de 700 milliards dans les caisses de l'Etat. C'est d'autant plus tentant que, parallèlement, on assiste à une sorte de chasse aux riches. On dit qu'il y a de plus en plus d'inégalité, qu'un petit groupe de plus en plus restreint accumule toujours plus...
Dans ce contexte, que doit faire un particulier qui possède une fortune moyenne ?
D'abord diversifier ses placements, ne pas laisser plus de 100.000 euros sur ses comptes, quitte à les multiplier. Il faut diversifier géographiquement aussi, car tous les pays ne pratiqueront pas la même politique dont on peut d'ailleurs douter de l'efficacité : taxer les gros dépôts à 10 %, c'est utiliser un fusil à un coup. Dès que vous l'avez utilisé, pour éviter la fuite des capitaux, vous devez instaurer une série de mesures, telles un contrôle des changes.
On peut revenir aussi un peu sur l'immobilier. Cela dépend cependant des pays.
Je conseille aussi à ceux qui ont des entreprises d'investir dans ce secteur, et même à ceux qui n'en ont pas ! Les grandes entreprises ont des activités internationales, et bénéficieront donc d'une croissance mondiale qui sera plus tonique que celles de nos pays. Et puis carpe diem. Profitez de la vie. Faites les voyages que vous avez envie de faire : ce qui est pris n'est plus à prendre. J'aime beaucoup cette phrase !

Dans "Trends Tendances" Belgique du 2 juin 2015 Article intitulé : Comment les États se renflouent sur le dos des épargnants
    

" La plupart des économistes nous ont dit pendant des années, et notamment quand la crise de 2007-2008 a éclaté, que la meilleure manière de nous débarrasser de notre dette publique, c'était le retour de l'inflation. En effet, l'inflation efface en quelque sorte les dettes, qu'elles soient privées ou publiques. Donc l'Etat s'en sort généralement plutôt bien, alors que les épargnants, et ceux qui vivent de leur rente (les retraités par exemple) sont malheureusement laminés par cette inflation. Bref, l'Etat y gagne, mais les épargnants y perdent en cas de forte inflation. Ce scénario-là est connu des économistes et porte même un nom: "l'euthanasie des rentiers", une expression utilisée par Keynes, l'un des plus grands économistes de tous les temps et qui y voyait une manière radicale de résoudre le problème de la dette publique.
    •    Seulement aujourd'hui, il n'y a pas plus d'inflation que de trapéziste au Vatican. Mais malgré cette absence d'inflation, les Etats ont trouvé une autre solution. Avec l'aide des autorités monétaires de la Banque centrale européenne, ils sont arrivés à faire en sorte que les taux d'intérêt restent extrêmement bas aujourd'hui - quasi à 0%, quand ils ne sont pas négatifs dans certains cas. C'est tout bon pour les Etats endettés comme la Belgique ou la France, car avec un taux d'intérêt à quasi 0%, le remboursement de la dette publique est indolore. Prenez le cas de la deuxième économie de la zone euro après l'Allemagne, à savoir la France: la durée moyenne de la dette publique en France est de 7 ans (1), ce qui veut dire qu'après 7 ans, la moitié du stock de dette publique aura été refinancé avec de nouveaux emprunts à 0%. Donc, le poids de cette dette, c'est -à-dire les intérêts, aura été divisé par deux. C'est magique !
      Les taux aussi bas ne sont pas un hasard, mais une volonté politique délibérée en défaveur de l'épargnant, comme durant les guerres... Et puis, d'ici quelques années, ces mêmes gouvernements feront en sorte que l'inflation reparte un peu, de l'ordre de 3% par exemple. Et là, grâce à cette inflation, ils arriveront à diminuer le poids du capital de cette dette publique.
    •    Mais pendant ce temps-là, l'épargnant, lui, aura été le dindon de la farce. Les plus prudents seront restés scotchés avec des obligations d'Etat sans risque, mais qui ne rapportent rien, et leur capital aura fondu au fil du temps s'ils n'ont rien fait. Donc, si les taux d'intérêt sont aujourd'hui à presque 0%, c'est officiellement pour relancer nos économies, mais dans les faits, c'est aussi un choix qui a été fait en défaveur de l'épargnant. Ce n'est pas un hasard, mais une volonté politique délibérée, comme durant les guerres: l'épargnant est une victime collatérale. C'est la raison pour laquelle investir en actions est aujourd'hui surtout un choix par défaut. En fait, c'est la seule manière de ne pas se faire tondre en silence.
    •    (1)Thèse des commentateurs de Contrepoints
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  Pierre-Henri Thomas dans "Trends Tendances" Belgique du 29 mai 2015 Article intitulé : C'est le moment idéal pour soigner définitivement notre addiction à la dette

" Cette dette qui gonfle sans cesse nous tue. C'était le message de The Economist voici quelques jours. Un message bienvenu en ces temps où, comme le soulignait la patronne de l'Open Vld Gwendolyn Rutten à nos collègues du Vif, il est nécessaire de mettre en place un nouveau modèle économique. L'ancien modèle s'est en effet gavé de dette jusqu'à exploser. Selon McKinsey, la dette mondiale qui pesait 87.000 milliards de dollars en 2000 atteignait quasiment 200.000 milliards en 2014. Ce doublement en moins de 15 ans s'explique en partie par la crise de 2007, qui a obligé les pouvoirs publics à mobiliser leurs lignes de crédit pour sauver le système financier. Mais le phénomène remonte à bien avant. Ce sont les pauvres gains de productivité de nos pays développés et la stagnation des salaires réels depuis deux décennies qui ont poussé tant les Etats que les ménages à s'endetter au-delà du raisonnable. Le phénomène a été encouragé par la politique d'argent abondant et pas cher menée par les banques centrales. Mais il a été exacerbé, comme le souligne The Economist, par le fait que la plupart des systèmes fiscaux poussent à l'endettement en permettant de déduire le coût des intérêts. Un énorme cadeau fiscal, qui pesait en 2007 un montant équivalent à 4,9 % du PIB aux Etats-Unis et à 2,4 % dans la zone euro. Et malgré la baisse des taux qui a eu lieu depuis, le cadeau reste substantiel. En 2013, il représentait encore 2,2 % du PIB aux Etats-Unis et 1,3 % dans la zone euro, soit donc, pour cette dernière, 130 milliards d'euros... par an.
Est-ce de l'argent bien employé ? Souvent, non. Cet incitant est en effet très déstabilisant. En permettant aux ménages de s'endetter davantage, il a provoqué une flambée de l'immobilier un peu partout. Le taux d'endettement des ménages s'est accru, leur pouvoir d'achat réel s'est amenuisé. Et quand l'économie s'est retournée en 2008, les défaillances ont germé. Non seulement la croissance en a pâti, mais aussi la stabilité du système bancaire, puisque de grosses masses de crédits potentiellement toxiques sont apparues et menacent d'ailleurs toujours en Grèce, au Portugal, en Italie, en Espagne...
Pourquoi encourager les Belges à s'endetter alors qu'ils disposent de 250 milliards sur leur livret ?
Certes, chez nous, l'immobilier est relativement sain, et la santé financière des ménages relativement bonne. Mais pourquoi encourager les Belges à s'endetter alors qu'ils disposent de 250 milliards d'euros sur leur livret ? Mobiliser cette épargne, plutôt que l'endettement, réduirait les bilans des banques, et donc les risques, et permettrait à celles-ci d'affecter des crédits à des secteurs réellement productifs et innovants.
En outre, ce cadeau fiscal n'est pas particulièrement équitable. Ce sont ceux qui procèdent aux plus grosses acquisitions, donc généralement les ménages les plus aisés, qui en profitent le plus.

On pourrait avancer que l'endettement permet aux entreprises de bénéficier d'un effet de levier et donc de favoriser le rendement du capital et la prise de risque. Mais en réalité, ce n'est pas vraiment le cas. Comme pour les ménages, nous avons aujourd'hui en Belgique un système aberrant. D'un côté, les entreprises disposent de latences fiscales (dues en grande partie à la déductibilité des intérêts et des pertes reportées) de 150 milliards d'euros et d'énormes liquidités (240 milliards d'euros). De l'autre, nous continuons à perdre des parts du marché mondial et notre compétitivité (qui ne se résume pas seulement à la hauteur des salaires, mais également à la qualité des produits et à l'innovation) laisse à désirer.
La refonte nécessaire de notre modèle passe donc par la case dette. Il ne faut plus encourager l'endettement, mais le capital et la prise de risque. Ce sont eux les vrais moteurs de l'économie. Ayons le courage de soigner définitivement notre addiction à la dette. Le moment est idéal : les taux sont au plancher, et le tax shift sur lequel planche le gouvernement est une occasion rêvée."

  Barry Eichengreen dans "Le Monde" du 27 mai 2015 Article intitulé : Pour un renouvellement de la science économique


" La profession d’économiste est peut-être la première victime de la crise financière mondiale de 2008-2009. Les praticiens de l’économie n’ont pas su anticiper la catastrophe et beaucoup ont été incapables de formuler quoi que ce soit d’utile lorsqu’il s’est agi d’élaborer une réponse. Il existe néanmoins des raisons d’espérer une guérison prochaine de la discipline économique, ainsi que de l’économie mondiale.
Les modèles économiques dominants ont été discrédités par la crise, pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient pas admis la possibilité d’une telle catastrophe. Par ailleurs, la priorité accordée à la technique au détriment des institutions, ainsi qu’à l’élégance théorique aux dépens de la réalité du monde, n’a pas préparé les économistes à formuler les recommandations politiques concrètes qu’exigeait un contexte exceptionnel.
Certains considèrent que la solution consisterait à retourner aux modèles économiques du passé, plus simples, qui instauraient certaines interdictions de politiques et suffisaient par là à éviter des crises comparables. D’autres pensent au contraire que l’efficacité des politiques d’aujourd’hui exigerait la mise en place de modèles de plus en plus complexes.
Trop stylisés et abstraits
Mais aucun de ces modèles n’est utile lorsqu’il s’agit de formuler des recommandations concrètes auprès des dirigeants politiques en temps de crise. Ils sont tous trop stylisés et abstraits pour pouvoir être utilisés sans que des données concrètes n’apportent la preuve de leur efficacité.
Or une révolution s’opère d’ores et déjà dans ce...


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/27/pour-un-renouvellement-de-la-science-economique_4641879_3232.html#iDLCHrYBVEWRkJkr.99

Dans "La Tribune" du 18 mai 2015 Article intitulé : Seul un travailleur sur quatre dans le monde a un emploi stable

" Il s'agit d'un véritable changement de paradigme. Désormais, dans le monde, seulement un quart des travailleurs ont un emploi stable, révèle l'étude annuelle sur l'emploi publiée mardi 19 mai par l'Organisation internationale du travail (OIT) à Genève.
Ce rapport, qui couvre 180 pays totalisant 84% de la main-d'œuvre mondiale, relève que les trois quarts de ces travailleurs ont des contrats temporaires ou de courte durée, des emplois informels souvent sans contrat ou dans des emplois familiaux non rémunérés.
Un écart de revenus croissant
Plus de six travailleurs sur dix sont privés de tout contrat de travail, la plupart d'entre eux étant établis à leur compte ou contribuant au travail familial dans les pays en développement, note l'OIT. Parmi les travailleurs salariés, moins de la moitié (42%) travaillent dans le cadre d'un contrat à durée indéterminée.
Les disparités selon les régions sont néanmoins fortes. Dans les économies développées et en Europe centrale et du Sud-Est, environ huit travailleurs sur dix sont des employés, alors qu'en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne le chiffre est plutôt de deux sur dix. En France, en 2012, les travailleurs sans contrat permanent étaient 27,92%.
L'écart de revenus entre travailleurs permanents et travailleurs temporaires s'est par ailleurs accentué au cours de la dernière décade. Par exemple, il s'élève à 65% en Uruguay et à 43% aux Philippines.
Les travailleurs de moins en moins protégés
Selon Guy Ryder, directeur général de l'OIT, "ces tendances nouvelles sont le reflet de l'insécurité qui touche les travailleurs dans le monde aujourd'hui". Mais elles ont de lourds coûts:
"Ce passage que nous constations des formes classiques d'emploi à ces formes inhabituelles est dans de nombreux cas associé à la montée des inégalités et de la pauvreté dans de nombreux pays", souligne-t-il.
Le rapport demande donc aux Etats de renforcer leur législation pour mieux protéger les travailleurs contre des traitements arbitraires et non équitables. En effet, "en Europe, la protection des travailleurs a généralement diminué depuis 2008, quand la crise financière globale a commencé", affirme le rapport. La mauvaise conjoncture a conduit à une forte augmentation du travail à temps partiel, notamment pour les femmes entre 2008 et 2013.
Un travailleurs sur dix gagnait moins de 1,25 dollar par jour en 2014
Le rapport note néanmoins une amélioration quant au nombre de travailleurs sous le seuil de pauvreté. Il y a vingt ans, la moitié des travailleurs dans le monde gagnaient moins de deux dollars par jour. Ce chiffre est de 25% en 2014.
Toutefois, 10% des travailleurs dans le monde ont encore dû se contenter d'un revenu quotidien inférieur à 1,25 dollar en 2014.
(Avec AFP)

Cédric Boitte dans "Trends Tendances Source : Moneytalk" Belgique du 7 mai 2015 Article intitulé : Un cataclysme financier prévu pour...2016?

" Selon Morgan Stanley, les marchés financiers sont peut-être déjà en train de se préparer au cataclysme qui nous attend en 2016 quand les trois grandes banques centrales mondiales durciront leur politique monétaire.
Début de normalisation pour la Fed
Même si la Réserve fédérale américaine (Fed) a stoppé ses rachats de titres, la politique des banques centrales demeure extrêmement laxiste mais cela risque d'évoluer fortement en 2016 pointent les spécialistes de Morgan Stanley. La Fed devrait ainsi commencer à relever son taux directeur cet automne, un premier pas dans la normalisation de sa politique avant la réduction de son bilan. Jusqu'à présent, la Fed continue en effet de réinvestir les montants arrivant à échéance afin de maintenir son assouplissement quantitatif à plein régime. Ce qu'elle cessera de faire au moins partiellement à partir du premier semestre 2016 selon Morgan Stanley. Les retraits de la Fed du système financier devraient s'avérer importants, les analystes évaluant les échéances 2016 à environ 500 milliards de dollars.
Arrêt des stimulants en zone euro et au Japon
Par ailleurs, le programme d'assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne est prévu jusqu'en septembre 2016, ce qui pourrait priver les marchés de 60 milliards d'argent frais par mois. La Banque du Japon doit pour sa part cesser ses rachats (70 milliards de dollars par mois) fin 2016.
Un impact anticipé sur les marchés
Même si les événements n'auront lieu qu'en 2016, les marchés peuvent y réagir bien avant qu'ils se produisent. Les analystes américains expliquent en effet qu'ils évoluent davantage en fonction des attentes, des perspectives. La récente chute des obligations et des actions peut ainsi s'expliquer par un début de prise en compte d'un durcissement de la politique monétaire mondiale l'année prochaine."

Commentaire : Nous retrouvons les cycles SOCIOECOPOFI dans ce raisonnement et cette prévision.

  Michel Santi dans "La Tribune" du 4 mai 2015 Article intitulé : Le travail est une valeur périmée !

" L'Homme a bien-sûr toujours dû travailler pour assurer sa subsistance. Cependant, sous sa forme actuelle, le travail est un concept très récent dans l'histoire humaine. Jusqu'à la fin de la Renaissance ayant vu en 1602 l'avènement de la société par action, l'Homme avait en effet travaillé pour lui même. Artisans créateurs d'objets ou agriculteurs et éleveurs, les hommes échangeaient leurs marchandises contre d'autres biens ou services. C'est à l'avènement de l'ère industrielle que l'on doit l'apparition du travailleur peu qualifié et facilement remplaçable. Les percées techniques fulgurantes inaugurèrent donc un monde nouveau dominé par une production plus rapide, mais surtout moins chère.
Vers des tâches plus nobles et intellectuelles?
Aujourd'hui à l'ère digitale, l'histoire se répète car les objectifs poursuivis sont toujours identiques, à savoir tirer parti des toutes dernières technologies pour augmenter l'efficience et la productivité avec toujours moins de capital humain, dans le but d'optimiser le capital matériel. Nous faisons, par exemple, 25% moins appel aujourd'hui à la poste qu'il y a seulement quatre ans, optant de plus en plus pour les envois et pour les paiements électroniques. Si l'ordinateur remplace aisément l'Homme en 2015, il accomplit en outre bien plus rapidement et de manière autrement plus fiable les tâches ordinairement confiées à l'humain. Sans charges sociales ni assurance maladie... Depuis l'apparition de la machine, depuis l'avènement de l'ordinateur et - aujourd'hui - à la faveur de l'émergence du robot, l'Homme pense naïvement qu'il sera logiquement conduit à accomplir des tâches plus nobles et plus intellectuelles. En tout état de cause, qu'il assumera en définitive un travail consistant à contrôler et à réparer ces machines.
De moins en moins de capital humain
La réalité est pourtant fort différente car la sophistication de la technologie démontre sans équivoque que l'économie a besoin de moins en moins de capital humain pour gérer un parc robotique toujours plus important. Bref, les progrès - le progrès - tue le travail...précisément à l'heure où l'emploi est la préoccupation majeure de l'Occident. En effet, les économistes keynésiens (dont je fais partie) appellent de leurs vœux des politiques publiques de grands travaux afin de résorber le chômage. Les responsables politiques - qui fondent tous leurs espoirs de ré élection sur la baisse du chômage - font de l'emploi leur priorité absolue. Par ailleurs, les entreprises du secteur privé sont stigmatisées pour ne pas jouer le jeu et ne pas privilégier l'embauche. Mais en fait: à quoi sert la technologie, et pourquoi se réjouir des avancées fulgurantes si nous n'en profitons même pas ?
 Comment procurer du travail à chacun?
Nous avons en effet totalement oublié le but premier de ces percées technologiques qui fut de remplacer l'Homme par la machine. Aujourd'hui, nos sociétés occidentales sont devenues tellement productives, et nous croulons sous tant d'abondance que nous pourrions loger, nourrir, éduquer et soigner toute notre population avec le travail d'une petite quantité d'hommes et de femmes. Parallèlement, l'organisation de nos sociétés s'avère de nos jours caduque car la question cruciale qui nous tourmente n'est pas tant de savoir si nous disposons d'assez de biens et de produits. Elle consiste à savoir comment va-t-on bien pouvoir procurer du travail à chacun afin qu'il mérite une partie des immenses quantités des biens dont dispose la société. Selon cet ordre établi qui relève d'un autre temps, celui qui ne bénéficie pas d'un travail est condamné à toutes les privations, et à toutes les brimades.
Eh quoi: est-ce tout ce dont nos sociétés modernes sont capables à l'heure digitale et de la robotisation massive, alors que nous n'avons plus besoin comme au Moyen-Age de fabriquer des marchandises pour vivre ? Ne devient-il pas impératif de restructurer nos sociétés autour d'une autre valeur que l'emploi rendu progressivement - mais inéluctablement - obsolète par la fulgurance de la technologie ?

 Michel Santi est macro économiste et spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience" et "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique".

 Dans "Trends Tendances" du 2 mai 2015 Article intitulé : Voici la mécanique débile qui fait que le capitalisme tourne fou

" Les sociétés cotées, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, sont assises sur une montagne de cash. Et généralement, quand une entreprise se trouve dans ce cas-là, elle a trois possibilités: garder ce cash, faire de nouveaux investissements, ou rémunérer un peu plus ses actionnaires. Devinez ce qu'elles choisissent ? Je vous le donne en mille: ces sociétés redonnent le cash à leurs actionnaires, soit en distribuant de gros dividendes, soit en rachetant les actions de la société, ce qui dope le cours, et constitue donc une autre manière de remercier les actionnaires. Pour faire court, agir de la sorte signifie en quelque sorte que ces entreprises n'ont pas confiance en l'avenir. Sinon, plutôt que d'enrichir les actionnaires, elles investiraient tout cet argent dans de nouveaux projets. C'est la raison pour laquelle certains économistes pensent que le capitalisme tourne à l'envers.
En réalité, les PDG des grandes firmes cotées en Bourse ne sont pas toujours heureux de ne pas pouvoir investir leur trésorerie dans de nouveaux projets, mais même s'ils veulent le faire, il y a de plus en plus d'actionnaires minoritaires - on les appelle des activistes - qui mettent la pression sur la direction de la société pour qu'elle distribue son cash et ne l'investisse pas dans des investissements qu'ils jugent hasardeux. Hasardeux, parce que pas assez rentables à leurs yeux bien entendu. Et si les activistes étaient un véritable frein pour le futur des marchés boursiers ?
Voici la mécanique débile qui fait que le capitalisme tourne fou
Donc c'est vrai, aujourd'hui, le capitalisme tourne fou. Les entreprises qui gagnent de l'argent le redonnent aussitôt aux actionnaires. Et une bonne partie de cet argent ne revient pas dans l'économie réelle, mais sert uniquement à alimenter l'économie casino. Pour vous donner une idée, en 2015 aux États unis, le montant reversé aux actionnaires devrait s'élever à... 1000 milliards de dollars, d'après les experts ! Et comme les modes américaines finissent toujours par nous contaminer, les sociétés cotées européennes font également de même avec leur cash.
Au fond, quand je dis que le capitalisme ne tourne plus rond, c'est à cause de cette mécanique folle, pour ne pas dire débile: nous avons d'un côté, des sociétés cotées qui gagnent de l'argent, mais qui n'investissent pas dans de nouveaux projets, car elles ont peur de l'avenir et préfèrent donc redonner ce cash à leurs actionnaires. Et puis de l'autre côté, les actionnaires qui sont ravis, car ils gagnent de l'argent en Bourse depuis 2009. Mais quand on regarde la hausse des cours de ces dernières années, la majorité de ces hausses a été alimentée par les rachats d'actions. C'est une mécanique de fou qui n'augure rien de bon pour l'avenir. Le PDG de BlackRock, l'un des plus grands fonds de gestion au monde l'a dit. Il a même envoyé une lettre aux 500 dirigeants des plus importantes sociétés aux États-Unis pour le leur rappeler. Il vient même de le faire avec les 200 plus grandes sociétés cotées européennes. Mais à chaque fois, il n'a pas été écouté: la Bourse n'aime pas les messages de modération, et c'est normal, son moteur principal, c'est la gourmandise."

Commentaire : Ce "juste" article ne prend pas en compte l'influence de la comptabilité qui dans trop de cas fabrique les chiffres qu'il faut pour que le cash réel soit "pompé" en défaveur de l'entreprise. Sans les dérives de la comptabilité "lobbyisée" les crises actuelles n'exiteraient pas.

  Fabien Pirollo dans "Economie matin" du 28 avril 2015 Article intitulé : La règle des 3 % de déficit est absurde
 
" La récente publication des chiffres 2014 d’Eurostat confirme la stabilisation du déficit public de la zone euro sous le seuil réglementaire fixé à 3 % du PIB (2,9 % en 2013 et 2,4 % en 2014), ce qui est a priori une bonne nouvelle.
En effet, ce ratio a une importance particulière en Europe : il fait parti des critères de convergence que durent respecter les pays membres de l’Union Européenne désireux d’intégrer l’Union Economique et Monétaire (UEM) et il détermine si un pays peut ou non relancer son économie par du déficit public (via une politique keynésienne). Il est également à l’origine des politiques d’austérité mises en place dans certains pays de la zone euro après la crise, et ayant eu des répercussions plus ou moins néfastes pour les populations. Et pourtant, ce taux de 3 % de déficit public en fonction du PIB ne repose sur aucun fondement économique solide.
Une règle française mise en place dans les années 80 pour maîtriser les finances publiques
Deux versions existent sur la création de ce ratio :
1ère version : elle est relatée par Guy Abeille qui, chargé de mission à la Direction du Budget du Ministère des Finances de 1977 à 1982, affirme l’avoir conçu sur un coin de table un soir de juin 1981.
Pierre Bilger, devenu n°2 de la Direction du Budget, lui aurait demandé de créer pour le nouveau Président François Mitterand « une règle, simple, utilitaire, mais marquée du chrême de l’expert, et par là sans appel, vitrifiante, qu’il aura beau jeu de brandir à la face des plus coriaces de ses visiteurs budgétivores ». En moins d’une heure, Guy Abeille construisit son tout nouvel indice : comme il le justifie, « la bouée tous usages pour sauvetage du macro-économiste en mal de référence, c’est le PIB : tout commence et tout s’achève avec le PIB, tout ce qui est un peu gros semble pouvoir lui être raisonnablement rapporté. Donc ce sera le ratio déficit sur PIB ». En effet, il est plus facile de dire à sa population une phrase du type « le déficit public s’établit à 4 % du PIB » que de lui dire « l’Etat s’est endetté cette année de 82 milliards d’euros » (chiffres 2014 pour la France). Une fois ce ratio trouvé, il fallut lui donner une valeur. Pour se faire, Guy Abeille utilisa simplement pour l’année 1982 les prévisions de PIB de l’INSEE (3 500 milliards de francs) et le déficit public anticipé (100 milliards de francs). Après un rapide calcul, il tomba sur ces fameux 3 %.
Ce ratio n’aurait donc pas d’autre fondement que celui des circonstances et il aurait de plus été fabriqué à l’envers (la valeur du ratio à respecter a été fixée ex post). Pour plus d’informations sur cette version, voir cet article.
2ème version : une autre version moins surprenante existe aussi. Elle se fonde sur des calculs liés au taux de croissance g et au taux d’intérêt i. Pour la comprendre, il faut toutefois faire un peu de mathématiques.
Soit D le stock de dette publique et Y le PIB.
Le ratio D / Y % détermine donc la dette publique en pourcentage du PIB. Ce ratio est stable dans le temps si sa dérivée par rapport au temps est nulle, c’est-à-dire si (D’Y – DY’) / Y² = 0, ce qui implique D’Y = DY’ et finalement l’équation : D’ / D = Y’ / Y, notée (1).
Par définition d’une dérivée, Y’ / Y correspond au taux de croissance du PIB. De même, D’ est la variation du stock de dette, c’est-à-dire le déficit. Ce déficit est composé de 2 éléments : 1.le taux d’intérêt payé sur la dette D égal à iD et 2.l’écart pour l’Etat entre ses recettes et ses dépenses, appelé solde primaire et noté s. On a donc D’ = iD + s. En revenant à (1), on a (iD + s) / D = g, donc i – g = s / D. C’est cette dernière équation qui est importante pour déterminer les 3 % de déficit.
On suppose qu’à terme l’Etat équilibre son solde primaire (la dette de l’Etat aujourd’hui est mise en regard de sa capacité future à dégager des excédents primaires), donc s = 0. A terme, on a donc i = g (égalité du taux d’intérêt et du taux de croissance).
 Une règle théorique et dépassée
Voila pour la partie mathématique. Maintenant, pour trouver ces fameux 3 %, il faut reprendre les données économiques des années 80. Si on calcule sur les 5 années qui ont précédé l’élection de François Mitterrand en 1981 le taux de croissance annuel moyen du PIB en volume, le résultat est légèrement au-dessus de 3 % (3,38 %). Combiné à un objectif d’inflation de la Banque Centrale de 2 %, on obtient une croissance du PIB nominal de 5 % (= 3 % + 2 %). D’après l’égalité i = g établie plus haut, le taux d’intérêt vaut alors 5 %. Avec un ratio dette publique/PIB fixé à 60 % (on peut aussi se demander d’où sortent ces 60 %…), on trouve comme intérêt sur la dette publique en pourcentage du PIB garantissant la stabilisation de la dette publique (ou de manière équivalente comme déficit public en pourcentage du PIB garantissant la stabilisation de la dette, car le solde primaire s est nul) : 60 %*5 % = 3 %.
On le voit, ce ratio de 3 % est non seulement théorique (égalité sur le long terme entre le taux d’intérêt et le taux de croissance) mais également lié à des données interdépendantes (le ratio dette publique / PIB étant fixé, pour avoir le déficit à 3 %, si l’inflation vaut N % alors le taux de croissance doit valoir XN %…).

Voici un exemple afin d’illustrer l’incohérence de ce ratio : le cas de l’Italie en 2003 et 2008.
En 2003, le déficit public de l’Italie était supérieur à 3 % (3,4 %) mais la dette publique en pourcentage du PIB diminua par rapport à 2002 (101,9 % => 100,4 %). Fallait-il contraindre l’Italie à réduire ses dépenses afin d’abaisser le déficit à 3 % alors que le poids de sa dette diminuait ?
De même, en 2008, le déficit italien était inférieur à 3 % (2,7 %) mais la dette en pourcentage du PIB augmenta par rapport à 2007 (99,7 % => 102,3 %). Dans ce cas, même si sa dette augmente,  ne faut-il rien exiger de l’Italie puisque son déficit est inférieur à 3 % ?
Dans une union monétaire, la mise en place de règles de politiques économiques simples est dangereuse car elle peut contraindre les pays à mettre en place des politiques d’austérité plus ou moins brutales pour se conformer à une certaine norme qui n’est pas justifiée (ou au contraire laisser les pays mener des politiques laxistes). Faut-il condamner un pays dont le déficit se creuse parce qu’il réalise des investissements publics qui lui permettront par exemple dans le futur d’améliorer sa productivité et sa croissance potentielle (éducation, santé, développement durable…) ? Il conviendrait ici d’analyser précisément les causes d’une hausse des dépenses publiques et de moduler le niveau des déficits en fonction de la nature de ces dernières. Les enjeux sont trop importants pour laisser des règles macro-prudentielles aussi élémentaires régir la vie économique des pays membres de la zone euro.

Commentaire : En fait, dans quantité de cas la conceptualisation de l'imbécilité est l'arme principale des lobbies pour influencer (lobbyiser) les décisions politiques. "Au plus c'est gros au plus ça passe" car personne n'ose relever les énormités en risquant de se mettre ses confrères à dos et voir sa place dans le jeu professionnel et personnel en cause. Un parfait exemple de ce type d'imbécilité coupable qui sortira tôt ou tard est le silence des associations professionnelles sur l'information des OPCVM. Mais demain.... voir article suivant : Que diriez-vous du BourseLeaks après HSBCLeaks et SwissLeaks ?

Charles Sannat dans "Economie matin" du 27 avril 2015 Article intitulé : La démocratie en Europe, une vaste plaisanterie...

" Je vous dis régulièrement que nous faisons face à un mouvement mondial de réduction des libertés individuelles, que nous assistons à un recul sans précédent de la démocratie.
Vous le voyez en France où, sous couvert de lutte légitime contre le terrorisme, on cherche en réalité à encadrer et à terroriser le citoyen un peu pétochard qui « n’a rien à se reprocher ou si peu » plus qu’à nous protéger des méchants vilains. Pourquoi peut-on affirmer cela ? Pour une raison très simple. Si les paiements en espèces sont prohibés au-delà de 1 000 euros pour un résident fiscal français, ils restent autorisés jusqu’à 10 000 euros par transaction pour un non-résident fiscal. On se fiche donc ostensiblement aussi bien du financement des filières terroristes que de notre protection. Non, ce qui compte c’est bien évidemment la répression financière, la répression fiscale. Le fait que personne ne puisse échapper à l’État.
Ne soyons pas naïfs, c’est évidemment pour notre bien. Aucune politique de réduction des libertés ne saurait être acceptée par les populations si c’était pour réduire leur liberté. Alors on vous explique que c’est pour votre bien, que c’est pour lutter contre les vilains terroristes ou encore contre les très vilains fraudeurs fiscaux sans doute comme Thévenoud – dont plus personne ne parle mais qui siège toujours sur les bancs bien socialos et bien-pensants de notre gôche moralisatrice pour les autres et nettement moins pour elle-même.
Une justification idéologique évidente : construire l’Europe, augmenter la productivité, globaliser l’économie
Vous devez comprendre, mes chers amis, que lorsque l’on veut construire une Europe des multinationales qui n’a rien à voir avec l’Europe de la paix et de l’amour universel entre les peuples, la démocratie comme l’a si bien dit le ministre allemand de l’Économie c’est assez pénible.
Lorsque l’on veut avancer dans une mondialisation qui n’arrange que les multinationales et les méga-riches et dont personne ne veut, les libertés individuelles ce n’est pas très pratique.
Lorsque l’on veut vous réduire vos « acquis sociaux », vos 35 heures, vos machins formation, ou encore votre sécu ou augmenter le prix des soins, vous laisser protester c’est assez difficile à supporter.
Lorsque l’on veut vous rendre compétitif face à un petit Chinois des champs ou même des villes payé au mieux 500 euros par mois pour les plus chers mais généralement 90 dollars et 10 bols de riz pour la grande masse, enrégimenté et qui n’a pas le droit de grève mais le droit de crève, ce qui n’est pas du tout pareil, les syndicats européens, le droit du travail ou le code du même travail sera toujours trop épais pour un capitaliste exploiteur ne voulant au mieux que vous donner ce que Marx appelait déjà un salaire de « subsistance ».
L’excellence du modèle chinois
Alors face à tout cela, face à cette compétition mondiale, c’est la Chine qui a prouvé l’excellence de son modèle. D’ailleurs, la conclusion intellectuelle c’est qu’il n’y a aucune façon de lutter contre l’efficacité du modèle chinois dans une économie mondiale globale et ouverte sans adopter les mêmes techniques ou sans changer les règles, c’est-à-dire sans fermer l’économie.
Le modèle chinois c’est une dictature politique, avec un parti unique qui n’a rien d’une démocratie, avec la peine de mort pour les vilains y compris ceux qui sont juste pas d’accord avec les mamamouchis de là-bas. C’est l’absence presque totale de droit social ou de droit de grève ou même de droit tout court puisque l’une des plus jeunes professions en Chine c’est… avocat !
Bon, le temps de travail on s’en fiche, le salaire minimum aussi, les normes de sécurité… itou, bref, un paradis pour capitaliste la dictature communiste et c’est ainsi que la boucle fut bouclée et que de l’affrontement entre le capitalisme et le communisme sortit vainqueur non pas le capitalisme, comme tout le monde le pense depuis la chute de l’URSS et l’effondrement du mur de Berlin, mais un nouveau système à l’efficience redoutable, l’hybride mis au point par la Chine que j’appelle le « Co-capitalisme ». Tous les attributs de la dictature communiste mis à la disposition du capital pour produire au meilleur coût et avec la plus grande des efficacités. La seule liberté laissée au peuple étant la liberté de consommer, qui était d’ailleurs absente du monde communiste et qui fut l’une des principales causes de l’échec du système communiste.
Les peuples se fichent pas mal de leur propre liberté. Il leur faut simplement, depuis l’antiquité, du pain et des jeux. La version moderne c’est la télé-réalité et la consommation. L’hyper-consommation. Celle qui abrutit et lobotomise les masses laborieuses.
Alors pour nous adapter à ce nouveau monde, nous devons non pas refuser ce nouveau monde, protéger nos valeurs ou encore nos libertés, nous n’avons pas le droit de penser ou d’imaginer d’autres chemins (sans être taxés de tous les termes euthanasiant la pensée).
Non il n’y a « pas d’alternative », vous dira Macron. « Il faut bien accepter de réduire vos libertés », a ainsi déclaré il y a quelques jours Nicolas Sarkozy dans une confession d’une rare honnêteté et laissant apparaître au grand jour le grand mobile des « réformes » en cours qui, loin d’être uniquement économiques, concernent également chaque jour vos libertés futures et celles que vous laisserez à vos enfants.
Comme je vous le disais, ce mouvement est mondial, il est aussi européen.
Tollé au Portugal face au retour de la censure
Ainsi cet article d’Euronews, qui est loin d’être un organe de presse fasciste, explique que c’est la « bronca des médias au Portugal face au spectre du retour de la censure ».
Un nouveau texte de loi est en discussion pour que les médias soumettent leur plan de couverture du scrutin à la commission électorale et à l’entité de régulation des médias portugais.
Il est également demandé aux journalistes de s’abstenir « de tout commentaire ou jugement de valeur »… ce qui revient à dire qu’en période électorale, le droit à la liberté d’expression – qui est l’un des attributs d’un régime dit démocratique – serait suspendu le temps de la campagne puisqu’il ne pourrait plus y avoir aussi bien commentaires que jugements de valeur…
Vous imaginez à quel point les peuples honnissent désormais leurs dirigeants pour que ces derniers passent ce type de lois, ou encore à quel point ils veulent vous faire avaler de futures couleuvres pour vous empêcher ainsi tout droit de protestation ?
Inutile de vous dire qu’avec une telle loi, il serait impossible d’écrire ce simple billet, oui ce simple article que vous êtes en train de lire. Il est rempli de commentaires et de jugements de valeurs que vous avez d’ailleurs parfaitement le droit de rejeter, de combattre ou d’approuver. D’ailleurs, cela porte le nom d’édito.
Uniquement le droit de dire oui, uniquement le droit de dépenser, uniquement le droit d’acheter des actions…
Je ne sais pas combien de temps durera le crépuscule de ce monde. Ce que je sais c’est qu’il est condamné comme l’était l’URSS car ces systèmes sont devenus fous.
Si vous regardez avec objectivité, la politique des banques centrales n’amène qu’à une obligation d’acheter des actions… puisque cela ne baisse jamais.
Cela est une obligation à utiliser votre épargne et donc à consommer puisque les taux d’intérêt sont à zéro et seront bientôt négatifs, ce qui est la négation de la définition d’une monnaie qui doit être capable de conserver de la valeur dans le temps.
Politiquement, vous n’aurez prochainement que le droit de dire oui. Pour le reste, si vous dites non, vous serez au choix un terroriste, un fasciste, un anarchiste, un criminel, un délinquant ou un individu relevant de la psychiatrie. C’est génial la psychiatrie. Un simple préfet peut vous enfermer sans procès directement en institution sans recours, sans tambour ni trompette. D’ailleurs, l’ex-URSS affectionnait particulièrement ses psychiatres.

  Dejan Nikolic dans "Le Temps" Suisse du 22 avril 2015 Article intitulé : Comment l’économie traditionnelle se retrouve brisée par les géants de la tech
 
" Les superpuissances digitales ne s’en cachent pas: elles agissent comme des «pirates». Pour survivre et dompter la vague numérique, les entreprises classiques doivent repenser leur modèle d’affaires
D’un côté, les entreprises traditionnelles, axées sur l’indice Wall Street, terrain de jeu des fonds de pension. De l’autre, Google, Apple, Facebook et Amazon (GAFA), orientées Nasdaq, bastion des capital-risqueurs. Entre les deux, un gouffre cognitif. «C’est la dernière chance pour les acteurs de l’économie classique, qui se sont fait «disrupter», de réagir, sous peine d’être définitivement enterrés», résume Georges-Edouard Dias, intervenant lors du Salon eCom qui se tient jusqu’à ce mercredi à Genève.
Selon cet enseignant à la HEC de Paris et fondateur de la start-up technologique QuantStreams hébergée par l’EPFL, les entreprises du «vieux monde» doivent repenser leur modèle économique pour survivre à l’ère des superpuissances digitales. «Les GAFA bousculent notre manière habituelle de faire des affaires. Ils agissent comme des pirates et ne s’en cachent pas», estime Georges-Edouard Dias.
Exemple: Google, Apple, Facebook et Amazon ne réfléchissent pas en termes de profits à court terme. «Au risque d’aller à l’encontre des intérêts de leurs actionnaires, ils préfèrent valoriser davantage leur entreprise que de verser des dividendes», indique Georges-Edouard Dias. Autre exemple: les GAFA cassent les modèles hiérarchiques traditionnels. «Google ne compte que 3% de dirigeants en son sein», relève encore le spécialiste.
Pouvoir des volumes d’affaires
Aujourd’hui, chaque internaute passe 55% de son temps digital avec les superpuissances numériques, dont l’objectif, à terme, est de toucher l’ensemble des 7 milliards de clients potentiels que compte la planète. Leur seule limite à cette ambition est la connectivité dans le monde. Raison pour laquelle Facebook et Google, notamment, ont lancé des projets de développement de la Toile à travers le globe.
«Il existe deux manières de réaliser un milliard de francs de chiffre d’affaires, poursuit Georges-Edouard Dias. La façon traditionnelle consiste à vendre par exemple une voiture à 33 000 francs à plus de 3000 automobilistes. L’approche des GAFA, elle, est de faire en sorte que 250 millions d’internautes dépensent 4 francs pour un livre.»

La vente reste secondaire
Selon lui, la force principale de ces acteurs en ligne est d’avoir compris avant les autres que l’engagement du consommateur – nom, adresse, date de naissance, etc. – primait sur le fait de lui demander d’acheter un produit donné. Conséquence: le taux de fidélité aux GAFA oscille autour des 90%. «Google a le pouvoir de tuer L’Oréal, car la somme des informations dont il dispose sur les acheteurs de cosmétiques, comme leurs préférences ou leur état de vieillissement, est largement supérieure à ce qu’aucune entreprise classique a pu récolter en plusieurs décennies d’activité», ajoute Georges-Edouard Dias
Pour le spécialiste des données de consommateurs, les GAFA ont carrément inventé un nouveau modèle économique: le capitalisme social. «C’est un marché de la conversation avec des acheteurs, à présent au centre du modèle et sachant tout ce qui se passe en coulisses. Le monde actuel est fait de distributeurs qui sont devenus des curateurs et où les producteurs doivent réaliser des biens sur mesure», explique-t-il.
Changer de métier d’origine
Actuellement, la valeur de la clientèle d’Amazon, de Facebook et de Google est estimée respectivement à 89,37 et 218 milliards de dollars. «La vocation d’Apple n’est pas que de vendre des smartphones, mais de devenir aussi un opérateur de paiement en ligne grâce à la base de cartes de crédit que la multinationale s’est constituée», indique Georges-Edouard Dias.
Idem pour Facebook, qui, de réseau social, vise à se frayer, grâce à la réalité augmentée, une place de choix dans les jeux vidéo. «Amazon se voit en Uber des services. La multinationale a lancé il y a 15 jours son offre de jardinier ou de plombier à domicile», rappelle Georges-Edouard Dias. Traduction: pour évoluer, Peugeot ne doit plus se considérer comme un vendeur de voitures, mais plutôt comme un pourvoyeur de mobilité. «Lancôme devient ainsi un fournisseur de confiance en soi, pas un marchand de cosmétiques», conclut-il.

 Bruno Colmant, Professeur à la Vlerick Management School et à l'UCL, membre de l'Académie royale de Belgique, dans "Trends Tendances" du 20 avril 2015 Article intitulé : Une terrifiante crise financière devant nous, vraiment ?

" Récemment, le CEO de JP Morgan, Jamie Dimon, a prédit qu'une terrible crise financière se préparait. Ce serait alors, après le choc des subprimes de 2008 et la crise souveraine européenne de 2011, l'aboutissement final d'un dérèglement généralisé du système, conduisant à pulvériser le dernier élément de la mécanique financière, à savoir la monnaie elle-même. Quelle est la logique du propos de Jamie Dimon ? Les institutions financières (banques et entreprises d'assurances) voient la rentabilité de leurs actifs baisser, jusqu'à en devenir marginalement négatifs, puisque les taux d'intérêt atteignent des planchers inconnus dans l'histoire humaine. Cette chute de rentabilité est elle-même combinée à des obligations de limitations de risques, des exigences de liquidité, de capitalisation et de réglementation accrue, qui obère inutilement leur marge bénéficiaire.
Par ailleurs, un contexte de taux d'intérêt bas reflète une économie en grande souffrance. Ce qui apparaît favorable aux Etats pouvant se financer à coût réduit, est malheureusement peut-être un indice de difficulté à rembourser les dettes publiques. Ces dernières augmentent en proportion du PIB jusqu'à dépasser les niveaux d'après-guerre, malgré les taux d'intérêt bas, puisque le taux de croissance de l'économie est insuffisant. Comme ces dettes publiques sont redomestiquées (c'est-à-dire ont migré vers l'actif des banques des pays qui les émettent), les banques restent porteuses de risques de défauts souverains. Cette prospective est un véritable risque pour leur rentabilité.
Cette réalité est aggravée par un tassement de la demande de crédits privés, qui est elle-même une des conséquences de la chute de la croissance économique. Pour recycler l'épargne, les banques achètent donc des obligations d'Etats, c'est-à-dire font crédit à l'Etat. Mais, contrairement à des crédits ordinaires, les banques ne doivent (presque) pas disposer de capitaux propres en proportion de ces obligations d'Etat. Les Etats ont donc octroyé des avantages aux banques afin de favoriser leur propre financement. C'est donc une situation circulaire puisque les banques ont dilué leurs déséquilibres dans ceux des Etats, et réciproquement.
De surcroît, le rôle des banques centrales s'est métamorphosé. En temps normaux, ces institutions jouent un rôle passif dans le circuit monétaire, se limitant à calibrer le taux d'intérêt à court terme pour baliser le taux d'inflation. Elles agissent aussi au titre de prêteur en dernier ressort, afin de refinancer des institutions financières sur une base exceptionnelle. La déflation modifie cette configuration puisque les banques centrales animent désormais tout le circuit monétaire à la place des banques commerciales dont les circuits de crédit sont devenus plus visqueux. Elles procèdent à une colossale création monétaire.
Pourquoi le CEO de JP Morgan anticipe-t-il une terrible crise financière ?
Mais alors, pourquoi le CEO de JP Morgan anticipe-t-il une terrible crise financière ? C'est simple: à un certain moment, les taux d'intérêt vont remonter, et peut-être brusquement, parce que les banques centrales tenteront de s'extraire de cette création monétaire permanente ou parce que les taux d'intérêt refléteront une perspective d'inflation. A ce moment, les actifs des banques et compagnies d'assurances subiraient mécaniquement une chute de valeur supérieure à leurs capitaux propres, qui constituent la garantie ultime des déposants et titulaires de polices d'assurance. Les Etats et les banques centrales devront immédiatement intervenir pour éviter une implosion du secteur financier et une contraction de l'économie. Les banques centrales devront donc créer encore plus de monnaie qui se déprécierait immédiatement.
Voilà le message de Jamie Dimon : les banques centrales se sont engouffrées dans une gigantesque et nécessaire création monétaire dont elles n'arriveront plus jamais à s'extraire, sauf si la monnaie perd graduellement son pouvoir d'achat, c'est-à-dire sa base, au travers de l'inflation. Cela pourrait conduire à une nationalisation larvée de tout le secteur financier, comme ce fut constaté au début de la déflation japonaise. Tout le flux monétaire deviendrait étatisé. A ce moment, une autre configuration financière s'imposerait, très proche de celle des années cinquante, au cours desquelles les banques centrales et commerciales étaient sous contrôle gouvernemental étroit, quand elles n'étaient pas des banques d'Etat, au détriment des actionnaires privés.

  Jean-Christophe Chanut dans "La Tribune" du 17 avril 2015 Article intitulé : La reprise est au coin de la rue, selon l'OFCE

" Le PIB pourrait croître de 1,4% cette année puis de 2,1% en 2016, estiment les experts de l'Observatoire. « La reprise enfin ! ». Les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ne cachent pas leur optimisme : 2016 sera l'année de la vraie reprise en France avec un PIB qui devrait progresser de 1,4% en 2015 puis de... 2,1% en 2016. Du jamais vu depuis 2011. L'Observatoire est ainsi plus optimiste que... le gouvernement qui a présenté hier, mercredi 15 avril, ses propres hypothèses, certes qualifiées de "planchers" par le ministre des Finances Michel Sapin.
Les freins à la croissance progressivement levés
Selon l'Observatoire, tous les éléments sont là pour favoriser la croissance : la chute des prix du pétrole, la politique volontariste de la BCE, via le quantitative easing, le ralentissement de la consolidation budgétaire en France - qui a refusé de faire davantage d'économies budgétaires comme le souhaiterait la Commission européenne - , la montée en charge du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et la mise en place du pacte de responsabilité. 
En bons keynésiens, les économistes de l'OFCE estiment que ces facteurs vont permettre de favoriser la demande et ainsi de relancer l'économie. Ils considèrent même que « les principaux freins qui ont pesé sur l'activité française ces quatre dernières années (austérité budgétaire sur-calibrée, euro fort, prix du pétrole élevés, etc.) devraient être levés en 2015 et 2016, libérant ainsi une croissance jusque-là étouffée ».
De fait, pour l'OFCE, le « choc budgétaire » a fait perdre 5,2 points de PIB à la France entre 2011 et 2014. Et les prélèvements obligatoires ont augmenté de 70 milliards d'euros entre 2011 et 2013, soit 932 euros par ménage.
La baisse du pétrole: "un effet d'aubaine" à 20 milliards d'euros
Mais 2015 et surtout 2016 devraient donc être nettement plus favorables. La seule baisse du pétrole devrait représenter un « effet d'aubaine » de 20 milliards d'euros, soit environ un point de PIB, qui profitera aux ménages et aux entreprises. Mais attention, pour qu'il en soit ainsi, l'OFCE s'est basé sur l'hypothèse d'un baril à 55 dollars en 2015 et à 62 dollars en 2016. Si cette hypothèse se vérifie, la baisse constatée de 20 dollars du coût du baril aurait un impact significatif sur le PIB estimé à 0,3 point en 2015 et à 0,4 point en 2016.
Sur le taux de change euro/dollar, l'hypothèse retenue par l'OFCE est basée sur un euro à 1,05 dollar en 2015, puis à 0,95 dollar en 2016.
Si le prix du pétrole remontait à 100 dollars le baril alors le PIB progresserait de 1,1% en 2015 puis de 2% en 2016. Et si, autre scénario encore plus noir, parallèlement, l'euro remontait à 1,25 dollar, alors le PIB ne progressait plus que de 0,9% cette année et de 1,6% en 2016.
Mais si l'on revient aux hypothèses favorables retenues par l'OFCE, la France devait connaître une progression du PIB de 1,4% en 2015 (après 0,4% en 2014) avec une accélération du rythme de croissance au cours de l'année, on arriverait alors à un rythme de progression du PIB égal à 2% en glissement annuel. Le second semestre 2015 marquerait alors le tournant de la reprise avec la hausse du taux d'investissement des entreprises et, enfin, le début (très timide) de la décrue du taux de chômage qui s'établirait à 9,8% à la fin de l'année contre 10% fin 2014. L'OFCE estime que 205.000 emplois pourraient être créés cette année, dont 178.000 dans le secteur marchand. Alors qu'en 2014, ce même secteur avait perdu 37.000 postes. In fine, le nombre des demandeurs d'emploi diminuerait de... 54.000.
En 2016, le taux de chômage pourrait redescendre à 9,5%
Pour l'OFCE, 2016 sera la vraie année de la reprise avec une croissance de 2,1%, une hausse de l'investissement productif de 4% et la création de près de 220.000 postes dans le secteur marchand permettant une nouvelle diminution du nombre des chômeurs de 70.000. Le taux de chômage redescendrait à 9,5%. Dans un tel contexte porteur, le déficit public baisserait significativement pour s'établir à 3,1% en 2016. Soit très proche de l'objectif de 3% que la France doit atteindre en 2017.
Mais l'OFCE estime que cette reprise demeure fragile et insiste beaucoup sur le fait que tout ce cercle vertueux ne s'enclenchera pas si le pétrole augmente et/ou si l'euro repart à la hausse face au dollar. Et, surtout, l'Observatoire espère que le gouvernement va se limiter aux économies budgétaires annoncées pour ne pas tuer la reprise avec de nouvelles mesures restrictives.

  Jean-Yves Paillé dans "La Tribune" du 17 avril 2015 Article intitulé : "On a transformé la crise américaine en crise européenne de la dette publique" (Piketty)

" Thomas Piketty a appelé à "un examen de conscience" pour rompre avec les "règles automatiques sur le déficit qui sont beaucoup trop rigides" en Europe.
Thomas Piketty a reçu une énième récompense pour son livre "Le capital au XXIe siècle". vendu à plus de 1,5 million d'exemplaires. Jeudi 16 avril, lors d'une matinale de l"économie organisée à l"Assemblée nationale, il s'est vu remettre une édition originale de "L'homme qui valait 40 écus", un conte de Voltaire critiquant de la pression fiscale sur les pauvres dans le royaume français au XVIIIe siècle.
Un cadeau de circonstance donc pour Thomas Piketty. Celui-ci a profité de sa remise de prix pour dénoncer les choix fait par les pays européens entre 2011 et 2013 et notamment "ceux de l'ancien et du nouveau gouvernement français". En particulier:  l'acharnement à "réduire les déficit trop vite en augmentant les impôts très lourdement".
Et l'économiste de déplorer le "désastre" qui en résulte: le chômage, "notamment celui des jeunes", "insupportable en France et encore plus au Sud de l'Europe".
Souplesse aux Etats-Unis, barrières en Europe

Lors du premier débat de la matinale portant sur le thème "des inégalités pesant sur la croissance", Thomas Piketty a renchéri sous les yeux des autres participants, dont Frédéric Lefebvre, député UMP des français établis hors de France:
"Le taux de chômage était le même qu'en zone euro il y a.5 ans, maintenant il baisse aux Etats-Unis et continue d'augmenter en Europe [...] Du fait d'une mauvaise politique, on a transformé une crise qui venait du secteur financier américain en une crise de la dette publique en Europe."
Il en a appelé à "un examen de conscience" pour rompre avec les "règles automatiques sur le déficit qui sont beaucoup trop rigides "tandis que "les Etats-Unis ont renoué on renouvelé avec la croissance grâce à une poltiique de souplesse économique".

Charles Sannat dans "Economie matin" du 14 avril 2015 Article intitulé : Pour le patron d'une banque allemande, nous sommes dans la mère de toutes les bulles

" C’est une déclaration que j’avais conservée précieusement et sur laquelle je souhaitais revenir car force est de constater que ces derniers temps, les langues se délient un peu et l’optimisme de façade qu’il convient d’afficher se lézarde alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent.
Voici ce que vient de déclarer le patron de la plus grosse banque régionale allemande
Pour Hans-Jörg Vetter, le président de la banque allemande LBBW (Landesbank Baden-Württemberg), tenez-vous bien :
« Les risques ne sont plus pris en compte dans les cotations. Et ces investisseurs ne sont pas payés pour les risques qu’ils prennent. Cela s’applique à toutes les classes d’investissements. Les marchés boursiers et obligataires se trouvent maintenant dans la mère des bulles. Cela ne durera pas toujours. Et pas pendant très longtemps. Je ne peux pas dire quand cela va commencer à se déliter, mais à un moment donné, cela va se déliter à nouveau. »
Une banque déjà sauvée… il sait de quoi il parle !!
Avec 266 milliards d’euros d’actifs en gestion et 11 000 employés, c’est la plus grande « Landesbank » d’Allemagne dont le siège est à Stuttgart. Vetter a été nommé en 2009 pour ni plus ni moins sauver cette banque qui était en faillite virtuelle et bénéficiera de fonds publics pour assurer son redémarrage dans le cadre d’une nationalisation pure et simple.
Alors le Vetter, il sait de quoi il parle quand on parle de risque et de faillite bancaires.
Un environnement de taux zéro ne peut que conduire à des prises de risques excessives !
Nous devons toujours garder en tête l’un des principaux péchés capitaux… le lucre ! Non, rassurez-vous, il ne s’agit pas de faire de la théologie mais de l’histoire humaine. Si le lucre est un péché capital, c’est que depuis la nuit des temps l’homme n’a plus à démontrer sa vénalité et son intérêt pour le gain.
Beaucoup sont prêts à aller très loin pour un peu plus d’argent, ou d’or. Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Lorsque l’argent ne rapporte plus rien, voire même que votre épargne vous coûte, ce qui est le cas avec les taux d’intérêt négatifs, alors nous serons tous tentés d’aller chercher encore plus de rendement en prenant encore plus de risques, car ce que nous voulons c’est gagner de l’argent !
C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne cesse de dire aux épargnants : ne pas perdre, dans le contexte actuel, c’est déjà gagner !! Mais ne prenez pas de risques inconsidérés. Dans un environnement où les taux sont à zéro… l’argent ne rapporte plus rien par définition. Tout gain est donc générateur d’un risque élevé et dans cet environnement de taux à zéro, les risques ne sont plus convenablement rémunérés…
Résultat logique : lorsque les taux rapportent zéro, alors on se dit qu’une action à 100 € qui rapporte du 4 % de dividende c’est génial… On se dit même que si cette action double vaut 200 euros et qu’elle verse encore 4 euros c’est génial car on fait du 2 % et c’est mieux que 0 hein !!!
Et puis si l’année prochaine cette même entreprise vaut 400 euros, que ses bénéfices n’ont pas augmenté mais qu’elle verse encore 4 euros de dividendes… cela fait quand même du 1 % et c’est génial (surtout que, en plus, le cours de bourse monte et double tous les ans de façon exponentielle).

Et comme les taux deviennent négatifs et que cette entreprise verse encore et toujours 4 euros de dividendes, le jour où l’action vaut 800 euros eh bien 4 euros représentent encore à 0,5 % de rendement positif, ce qui est nettement mieux qu’un placement à taux négatifs, ce dont vous conviendrez aisément.
Eh bien sous vos yeux c’est exactement ce qui arrive.
C’est ce qui arrive pour les actions.
C’est ce qui arrive pour les obligations.
C’est ce qui arrive pour l’immobilier (bien qu’en France, les prix baissent enfin légèrement).
Bref, c’est ce qui arrive pour toutes les classes d’actifs.
Tous les rendements sont tirés vers le bas, tous les risques augmentent et les espérances de gains futurs fondent comme neige au soleil.
Vous avez donc sous les yeux, comme le dit Vetter, la mère de toutes les bulles, qui gonfle, qui gonfle, qui enfle, et… qui va nous péter à la gueule. La seule question c’est « quand ? », mais ça fera très mal.

  Frédéric Caymaris-Moulin dans "Economie matin" du 14 avril 2015 Article intitulé : Consommation : l'usage plus que la possession
 
" La société française traverse depuis le début de ce siècle de nombreux bouleversements qui aboutissent indirectement à la remise en cause d’une des notions fondatrices de la société de consommation : la propriété.
D’une part, la crise économique met à mal, depuis 2008, la trésorerie des ménages. A tel point que le « dogme de la possession » devient même un fardeau pour 58% des Français, qui se déclarent prêts à faire des sacrifices pour assouvir leur désir de consommation : rogner sur les loisirs, revendre d’autres biens, travailler le week-end, voire renoncer à ses vacances, selon un sondage d’OpinionWay dévoilé début 2015.
Les dangers de l'hyperconsommation
D’autre part, les citoyens ont pris conscience des dangers auxquels la planète est exposée du fait du développement de ce modèle d’hyperconsommation mondialisée et qui pourraient mettre en cause leurs modes de vie : pollution directe et indirecte, changement climatique, problématiques de recyclage, maladies, gaspillage, épuisement ou raréfaction des ressources – pétrole, eau, etc.
La conjonction de ces deux facteurs nous pousse aujourd’hui à remettre en cause certaines habitudes de consommation. Un grand nombre d’entre nous est aujourd’hui tiraillé entre l’envie de consommer (et de se faire plaisir) et la prise de conscience de l’impact de nos comportements sur le collectif. Soyons francs, dans la pratique, une grande majorité reste toujours animée par la volonté d’assouvir en priorité ses besoins personnels, et si possible à moindre prix. Néanmoins, depuis quelques années, le modèle de consommation traditionnel fondé sur l’achat et la possession est progressivement remis en question. Chaque dernier samedi de novembre, est désormais célébrée « la journée sans achat » qui symbolise la lutte contre le gaspillage. Cette évolution est confirmée par une récente enquête de l’IFOP : « Plus d’un Français sur deux en rupture avec les modes de consommation traditionnels ».
L’usage plutôt que la possession
Forts de cette prise de conscience qui englobe d’autres problématiques comme l’obsolescence rapide des biens, le coût des pannes, le désir de renouvellement responsable, etc., les consommateurs adoptent de nouveaux comportements. Echange de services, location entre particuliers, trocs… autant de formes de consommations alternatives qui trouvent de plus en plus de résonnance chez les consommateurs. Aux succès d’AutoLib ou de Vélib’ sont venus s’ajouter ceux de Blablacar et d’Airbnb.
L’avènement de ces nouvelles façons de consommer a été rendu possible par la multiplication des échanges d’informations sur Internet et notamment grâce à l’essor du commerce en ligne entres particuliers (leboncoin.fr et ebay.fr par exemple). Bien évidemment, les systèmes de trocs et d’échanges ne datent pas d’hier, mais le web a multiplié leur ampleur.
Et, comme l’explique Jeremy Rifkin, avec le développement de l’économie en réseau, notre rapport à la consommation évolue : la propriété est remplacée par l’usage, et les marchés par des réseaux. A l’heure du partage, consommer ne rime donc plus avec posséder. Petit à petit, l’usage se substitue à la possession et les modèles reposant sur la location ou l’abonnement deviennent des alternatives crédibles. Ce qui explique le succès de Deezer et de Netflix, après que les opérateurs télécoms et Internet aient bien défriché le terrain.
Gilles Berhault, président du Comité 21 (Comité français pour l’environnement et le développement durable), enfonce le clou : « Il n’est plus viable aujourd’hui de fonder notre économie sur une logique de la possession (…) mais il faut désormais migrer vers une économie de la fonction et de l’usage ».
Mieux consommer : privilégier l’usage
L’heure n’est donc plus à l’hyperconsommation, ni à la possession. L’économie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’est plus envisageable. Déjà en février 2009, une enquête d’Ipsos Marketing pour Marketing Magazine invitait les français à répondre à la question : « Que signifie au juste ‘’consommer mieux’’ ? ». Leur réponse tient en trois points, « consommer mieux » signifie : 
- ‘’acheter des produits respectueux de l’environnement’’ (51%)
- ‘’acheter des articles bons pour la santé’’ (46%)
- ‘’n’acheter que des produits utiles’’ (40%)
La notion de « consommer mieux » semble donc englober trois responsabilités : sociale, économique et environnementale. Elle signifierait donc tendre vers cette nouvelle économie, celle de la fonctionnalité et de l’usage. D’après une étude de l’Observatoire des Sociétés et de la Consommation (ObSoCo), 83% des Français considèrent que « l’important est de pouvoir utiliser un produit plus que de le posséder ». L’usage prend donc progressivement le dessus sur la propriété.
Le marché de l’usage, notamment celui de la location longue durée, répond, comme l'indique cette analyse, aux problématiques de près d’un Français sur deux. Ce modèle de consommation, bien qu'il ne résolve pas intégralement les problématiques environnementales, est amené à se développer et à se différencier grâce aux services. Ce marché, traditionnellement cantonné à la location de véhicules, devrait continuer de s’ouvrir à tout type de produits afin de réconcilier la notion de bien-être individuel avec celle du bien-être collectif.

Dans "Boursorama" du 9 avril 2015 Article intitulé : Christine Lagarde veut éviter "la nouvelle médiocrité" économique

" La directrice générale du FMI, Christine Lagarde s'est inquiétée jeudi d'une croissance mondiale "tout simplement insuffisante" et de la possibilité d'un "parcours mouvementé" pour les pays émergents quand les taux d'intérêt américains vont remonter.
En demeurant "modérée", la croissance mondiale, qui sera proche de celle de l'année passée qui était de 3,4%, "n'est tout simplement pas suffisante", a déclaré la responsable du Fonds Monétaire International dans un discours à Washington, tenu avant les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale la semaine prochaine.
"Il y a six mois, j'avais mis en garde contre le risque d'une nouvelle médiocrité, c'est-à-dire une faible croissance pendant longtemps. Aujourd'hui, on doit empêcher que cette nouvelle médiocrité ne devienne une nouvelle réalité", a lancé Mme Lagarde.
Autre point sombre à l'horizon: la possibilité d'un "parcours mouvementé", notamment sur les marchés émergents lorsque la Réserve fédérale américaine (Fed) va relever ses taux d'intérêt à court terme. Cette première hausse interviendra "probablement à la fin de l'année", a-t-elle suggéré en répondant à une question.
L'appréciation du dollar (12% en six mois) gonfle la dette de certains pays émergents qui se retrouvent "coincés entre un dollar fort, des prix des matières premières plus bas et des taux d'emprunts plus hauts", a encore signalé Mme Lagarde. La liquidité des marchés financiers "peut s'évaporer rapidement si tout le monde se bouscule vers la sortie au même moment", a-t-elle averti.

La patronne du FMI a par ailleurs confirmé que la Grèce venait de payer jeudi une échéance due au FMI (459 millions d'euros) alors que des rumeurs avait précédemment fait craindre qu'Athènes ne puisse faire face à cette échéance. La Grèce a besoin de "restaurer son économie, de la stabiliser (...) ce qui renforcera la souveraineté" du pays, a-t-elle affirmé en réponse à une question.
-Des réformes structurelles, antidote au vieillissement-
Globalement si la reprise s'est affirmée aux Etats-Unis et au Royaume Uni et que les perspectives se sont améliorées dans la zone euro, les projections pour la plupart des pays émergents sont moins bonnes que l'année passée, a indiqué Mme Lagarde avant la publication des nouvelles prévisions économiques du FMI la semaine prochaine.
La Chine ralentit, la Russie est en but à des difficultés économiques, le Brésil stagne et le Moyen Orient est en proie à des troubles politiques et économiques, a résumé Mme Lagarde signalant toutefois l'Inde comme un "élément brillant".
Aux yeux du FMI, pour les économies avancées comme pour les pays émergents, les séquelles de la crise financière ne sont pas l'unique explication de ces médiocres perspectives économiques: ce sont aussi le résultat "des changements démographiques et la plus faible productivité", a estimé Mme Lagarde appelant à nouveau à entreprendre "des réformes structurelles".
"Franchement, dans bien trop de pays, ces réformes ont calé", a-t-elle affirmé.
Pour renverser le déclin de productivité dans les pays avancés, elle préconise des dépenses d'infrastructures, un assainissement des finances des petites et moyennes entreprises qui créent les emplois en Europe, des efforts pour encourager la participation au marché du travail notamment au Japon.
La coopération commerciale doit être relancée, ajoute Mme Lagarde, signalant que pour la quatrième année consécutive, la croissance des échanges mondiaux se situe en dessous de la moyenne sur les trente dernières années.
Selon elle, ces réformes du marché du travail ainsi que des marchés des produits et des services sont "de puissantes antidotes à l'impact du vieillissement de la population".

Une nouvelle fois, la responsable du FMI a appelé les Etats-Unis à approuver la réforme de financement du Fonds qui vise à donner plus de poids aux pays émergents et en développement. "Nous n'attendons plus maintenant que la ratification du Congrès américain", a-t-elle rappelé indiquant que des mesures "temporaires" vont être prises en attendant ce feu vert du premier actionnaire du Fonds.
Mme Lagarde a aussi souhaité une coopération renforcée avec les institutions régionales de développement dont la nouvelle banque asiatique d'investissements dans les infrastructures (AIIB), créée à l'initiative de la Chine."

Jean-Philippe Buchs dans "Bilan" Suisse du 8 avril 2015 Article intitulé : Entreprises: le boom des cessions d’actifs

" Les fusions-acquisitions ont le vent en poupe! Au premier trimestre, elles ont atteint un niveau record depuis 2007 avec une somme de plus de 800 milliards de dollars.
Sur l’ensemble de l’année, ces opérations pourraient dépasser 3500 milliards de dollars. Elles battraient alors les pics de 2007 et de 2014. En fusionnant, de nombreuses entreprises doivent procéder à des ventes d’actifs pour répondre aux exigences des gendarmes de la concurrence. Dans ce dernier registre, la dernière étude d’EY (ex-Ernst & Young) intitulée Global Corporate Divestment, est révélatrice des tendances actuelles.
Le cabinet de conseil et d’audit a interrogé environ 800 dirigeants présents dans neuf secteurs d’activités et répartis entre les Etats-Unis, l’Asie-Pacifique, l’Europe, le Moyen-Orient, l’Inde et l’Afrique. Cette enquête permet de tirer les enseignements suivants sur les perspectives de cessions:
1.54% des dirigeants anticipent une hausse des désinvestissements en 2015.
2.Un tiers prévoit une opération de ce type dans les deux prochaines années.
3.80% sont d’accord d’étudier une offre de reprise.
4.42% des chefs d’entreprises sont d’avis que les offres non sollicités augmenteront cette année.
5.46% d’entre eux s’attendent à devoir procéder à des cessions forcées.
6.Selon 66% des patrons, les cessions auxquelles ils ont procédé se sont révélées positives sur la valorisation de l’entité vendue.
7.Les gains obtenus ont été réinvestis comme suit: 34% dans le métier de base, 23% dans le développement de nouveaux produits ou de nouvelles implantations, 17%  dans de nouvelles acquisitions.
8.Pour 45% des dirigeants, les cessions découlent de la pression des actionnaires. Pour 16% d’entre eux, c’est même le motif principal.
9.C’est dans la branche des sciences de la vie et dans celle de la technologie que les patrons escomptent le plus d’opérations de cessions d’actifs.

Myret Zaki dans "Bilan" Suisse du 6 avril 2015 Article intitulé : Capitaliste et juste à la fois?
  
" L’idée ne vient pas cette fois d’un candidat à la présidentielle française, mais de l’élite financière. Huit ans après la crise, qu’on croyait oubliée, des milliardaires de la finance veulent réformer le capitalisme. Un discours émerge sur une «morale de marché», où l’Etat ne semble pas jouer de rôle significatif. Cela peut-il marcher?
Une morale pour éviter le pire
Mi-mars, l’un des papes des hedge funds londoniens, plus connu pour la virtuosité de ses ventes à découvert que pour ses discours humanistes, a fait fort. Paul Tudor Jones II s’est interrogé lors d’une conférence si le capital pouvait être «juste».
Sa réponse a été oui – tout va bien, il n’a pas tourné marxiste -  mais la définition selon lui doit s’élargir et inclure moralité et responsabilité, faute de quoi cela se terminera par des «révolutions, des impôts très élevés, ou des guerres». Son objectif? Que le marché récompense les entreprises au comportement le plus «juste», et qu’un standard de justice se propage dans les affaires, à travers les acteurs privés du secteur.
Quand le capitalisme se repense, c’est pour pouvoir se sauver lui-même, exactement comme les repositionnements stratégiques d’entreprises. A l’heure où l’écart entre les 1% et le reste augmente aux Etats-Unis, où l’image des traders multimillionnaires souffre depuis 2008, où des sénateurs américains parlent d’un gouvernement «de, par et pour la classe des milliardaires», il n’est pas anodin que Tim Cook, le patron d’Apple, annonce ces jours-ci qu’il donnera l’essentiel de sa fortune à des associations caritatives, à l’instar de Bill Gates et Warren Buffett.
A y regarder de plus près, ces derniers jouissent au quotidien de la réputation d’hommes qui ont donné 95 à 99% de leur fortune, action inscrite en bonne place sur leur profil Wikipédia. Mais dans les faits, ils possèdent à ce jour les 1re et 2e fortunes mondiales, selon Forbes.
S’ils avaient donné autant, ils ne seraient même pas dans les 100 premières fortunes; le don sera donc effectif, au mieux, à leur décès. Buffett a aussi maintes fois répété qu’il serait prêt à payer plus d’impôts; mais il minimise agressivement ses impôts, et n’en fait pas secret.

Schizophrénie? Non, simplement la démonstration que ces beaux discours font la part belle au marketing. Si les Etats ne créent pas un cadre contraignant afin que les idées généreuses ou responsables puissent forger un nouveau standard de business, ces idées auront valeur de promesse, et non de contrat. Vouloir se moraliser via l’autorégulation restera illusoire.
Mais il faut dire que les Etats sont encore moins à la hauteur de la tâche. Si Tudor Jones parle de «récompenser le comportement juste», les Etats, au travers de leurs sauvetages de 2008, en sont venus à récompenser des comportements injustes, et peinent toujours autant à les réprimer (manipulations de cours, délits d’initié, ventes à découvert agressives, bonus excessifs, fraude fiscale, blanchiment...). Ils sont quasi hors jeu.
Le capitalisme dispose d’une grande marge pour se réformer. Sa longévité atteste de cette capacité. Mais les partisans de ces réformes éthiques sont avant tout rationnels: s’ils peuvent se contenter de retirer de ces discours une bonne publicité, et une légitimité, sans supporter le coût réel de l’éthique, ils le feront, un peu à l’exemple du marketing vert d’un McDonald’s.
La morale individuelle peut-elle être la seule forme de régulation? Non. Mais comme les Etats ne saisiront pas la perche qui leur est tendue, la contrainte viendra du marché, à la prochaine crise. La sanction sera excessive pour tout le monde, temporaire, et vite oubliée. 

Time To Sign Off dans "Economie matin" du 25 mars 2015 Article intitulé : Oubliez la croissance : Internet nous condamne à la stagnation
 
" Cet article de TechCrunch sur la nouvelle révolution que l'internet fait subir à l'économie nous a absolument passionnés. On vous raconte.
Le constat de départ : "En 2015, Uber, la plus grande boite de taxi au monde, ne possède aucun taxi. Facebook, le media le plus populaire, ne crée aucun contenu. Alibaba, le distributeur le plus valorisé en Bourse, n'a pas de stocks. Airbnb, le plus grand "hôtelier" du monde, ne possède pas d'immobilier. Quelque chose d'intéressant est en train de se passer." Indeed.
Ce qui se passe, c'est que la valeur s'est déplacée de la production/propriété (là où se concentrent les coûts) à la maîtrise de l'interface avec les clients (là où se concentre le profit). Et toutes les nouvelles boites qui triomphent (celles citées plus haut et d'autres, à commencer par Google) sont celles qui ont réussi à capter cette "couche très fine" et totalement immatérielle entre producteur et consommateur.
Le problème, c'est qu'une croissance reposant sur des micro-boites staffées de quelques développeurs, est une croissance sans jobs et sans investissements. Au point qu'une étude récente de l'université d'Oxford prévient que la domination de l'éco par l'internet nous condamne à la stagnation. Fascinant, mais flippant.
On estime que 50% des emplois américains sont menacés par l'informatisation/robotisation, alors que la part de la population active travaillant dans l'internet est de 0,5%"

Dans "Trends tendances" Belgique du 24 mars 2015 Article intitulé : Les craintes du FMI vis-à-vis de l'accord de libre-échange UE-USA

"Les nouveaux accords de libéralisation (du commerce, ndlr) doivent être ouverts, transparents et complets", indique un rapport du FMI, citant spécifiquement le TTIP (ou Tafta) en discussion depuis juillet 2013 de part et d'autre de l'Atlantique.
Les discussions sur cet accord qui vise à supprimer les barrières douanières et règlementaires entre les Etats-Unis et l'Europe ont été lancées en juillet 2013 en réponse aux blocages sur la libéralisation des échanges à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Si ce futur traité suscite en Europe des craintes de déréglementation généralisée, le Fonds s'inquiète, lui, que ce texte, comme celui négocié entre les Etats-Unis et la région Asie-Pacifique (le TPP), n'aboutisse "à une fragmentation" du commerce mondial.
Afin d'éviter une telle issue, le FMI assure que ces deux accords doivent "minimiser la discrimination" vis-à-vis des pays qui n'en sont pas signataires et éviter ainsi "l'impression que le commerce ne progresse que pour un 'club' privilégié de pays".
Dans ce rapport quinquennal sur sa contribution au commerce mondial, le Fonds suggère ainsi que ces accords soient "ouverts" à d'autres pays qui ne sont actuellement pas associés aux discussions mais qui en accepteraient les termes.
Le Fonds salue, certes, le fait que des accords régionaux comme le TTIP cherchent à "couvrir de nouveaux secteurs" comme les services ou les investissements mais pointe que leur succès est loin d'être garanti.
"Le dénouement de ces négociations est (...) encore incertain", note l'institution.
Vendredi, le Conseil européen a réaffirmé l'objectif de conclure "d'ici à la fin de l'année" les négociations transatlantiques qui bloquent notamment sur un mécanisme controversé de protection des investisseurs privés."

Amid Faljaoui dans "Trends Tendances" Belgique du 12 mars 2015 Article intitulé : Pourquoi nos manuels d'économie sont obsolètes face à l'envolée des Bourses

" Les marchés boursiers volent de record en record depuis le début de l'année. Et quand il y a une pause dans la hausse, c'est uniquement pour mieux repartir ensuite. Ceux qui cherchent une explication à la bonne tenue de la Bourse pourraient se dire que c'est grâce à la baisse brutale du pétrole, qui donne du pouvoir d'achat aux ménages et qui baisse les coûts des entreprises. Ou alors, ils pourraient se dire que c'est grâce aussi à la baisse de l'euro, qui évidemment dope le carnet de commandes des entreprises européennes exportatrices. Tout cela est en partie vrai, mais la véritable raison qui explique l'envolée des Bourses européennes, elle est ailleurs. Elle est à Francfort, là où se trouve le siège de la Banque centrale européenne. Le 22 janvier dernier, la BCE a pris des mesures qui ont pour conséquence mécanique de faire baisser les taux à quasi du 0%. Le résultat, c'est qu'effectivement les taux d'intérêt, à court terme et à long terme jusqu'à 10 ans, sont proches de zéro. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que les banquiers, les assureurs ou n'importe quel investisseur, quand ils veulent chercher un peu de rendement, ils n'ont pas le choix, ils n'ont plus le choix: ils doivent acheter des actions. Donc, le résultat de la décision de la BCE, c'est que presque toutes les actions sont condamnées à augmenter, certaines plus que d'autres sans doute.
Pourquoi nos manuels d'économie sont obsolètes face à l'envolée des Bourses
En jetant l'argent par le fenêtre, la BCE a en quelque sorte manipulé les taux d'intérêt pour les rendre artificiellement bas.
Et les investisseurs en profitent, car c'est exactement la même mécanique qui a eu lieu aux États-Unis. Là-bas, la Banque centrale américaine a agi avant nous, et a aussi baissé drastiquement les taux d'intérêt vers 0%. Le résultat, c'est que la Bourse de New York n'a pas arrêté de grimper depuis 6 ans d'affilée. Et aujourd'hui, devinez quoi ? Comme les chiffres du chômage américain sont en train de s'améliorer, la Bourse américaine commence à baisser ! Vous avez bien entendu, baisser ! C'est fou, dans nos manuels d'économie, on nous a enseigné que si l'économie s'améliore, et donc si les emplois augmentent et le chômage diminue, c'est en principe bon pour la Bourse.
Et bien, ce raisonnement n'est plus vrai aujourd'hui. La Bourse américaine a interprété cette amélioration du taux de chômage comme le signe que la Banque centrale américaine va pouvoir enfin augmenter ses taux d'intérêt, ce qui en principe est mauvais pour les actions. C'est incroyable, au lieu de se réjouir de la hausse des créations d'emplois, la Bourse a peur de voir la Banque centrale américaine arrêter de distribuer des boissons gratuites. La Bourse ne répond plus à aucune logique en ce moment. En 2015, et à vrai dire depuis quelques années, ce qui compte en Bourse, ce ne sont plus les fondamentaux des entreprises ou la croissance, non, la seule chose qui compte, ce sont les taux d'intérêt. Tant qu'ils restent bas, la Bourse a de beaux jours devant elle. Comprenne qui pourra !"

Commentaire : Un article qui prouve encore que quantité de bons et excellents professionnels n'ont pas encore intégrés les dégats du mark-to-market. Que deviennent les hausses boursières en Variation Humainement Responsable ? Seule la dissociation de la Variation Spéculative du Jour de la Variation Humainement Responsable permettra la fin des dogmes  financiers et économiques actuels. Amusez-vous à lire les commentaires boursiers, les analyses explicatives de la hausse ou de la baisse du jour et autres commentaires quotidiens pour constater les dérives actuelles. Il est vrai que ceux qui touchent sur ces dérives seraient certainement mis demain au chômage pour incompétence et, à cette occasion, défrayeraient la chronique non plus pour la qualité de leurs analyses mais la débilité profonde de ces dernières.

Jean-Marc Vittori dans "Les Echos" du 3 mars 2015 Article intitulé : Quand le capitalisme en vient à se mordre la queue
 
" Aux Etats-Unis, les grandes entreprises rachètent leurs actions en masse. Elles ont pourtant été créées pour collecter de l'argent afin de mener à bien leurs projets. Mais alors, d'où viendra la croissance de demain ? Non, désolé, j'ai vraiment trop d'argent. Je ne sais pas quoi en faire. Je préfère vous le rendre. Ce message sidérant ne vient pas d'un Etat confetti brusquement enrichi ou d'un milliardaire illuminé d'un coup par la lutte contre la pauvreté prônée par le pape François, mais… des grandes entreprises américaines. L'an dernier, elles ont gagné de l'argent comme jamais. Leurs bénéfices dépassent 12 % du PIB, un record historique, deux fois plus que la moyenne de long terme. Celles qui font partie de l'indice boursier S&P 500 ont rentré plus de 1.000 milliards de dollars de profits. Elles en ont versé un tiers (350 milliards) à leurs actionnaires sous forme de dividendes, une proportion assez classique. Mais elles leur ont aussi racheté des actions... pour plus de 550 milliards, le plus souvent pour les détruire. Trois quarts d'entre elles sont des adeptes de ce « buyback », comme on dit aux Etats-Unis. C'est le coeur du capitalisme qui est touché.
Le mouvement est enclenché depuis longtemps. Depuis que le gendarme de la Bourse américaine - la Securities and Exchange Commission, plus connue sous son acronyme SEC - a assoupli la réglementation sur les rachats d'actions en 1982, les firmes américaines n'ont cessé d'absorber plus de capital qu'elles n'en émettent. Depuis 2004, elles auraient consacré aux rachats… 7.000 milliards de dollars, plus de la moitié de leurs profits. On retrouve les cycles SOCIOECOPOFI Beaucoup d'entre elles se sont même endettées pour racheter les titres. Cette mode américaine a comme souvent gagné le monde. Au Japon, où il a été autorisé en 1994, des géants comme Toyota ou Mitsubishi y ont succombé. En Corée du Sud, Samsung s'y est mis, tout comme, en Chine, le prestataire de services sur Internet Tencent. En Europe, le rachat d'actions, autorisé un peu plus tard (1998 pour la France et l'Allemagne), se pratique aussi, mais à moindre échelle. Les entreprises du CAC 40 y ont consacré l'an dernier 10 milliards d'euros, pratiquement cinq fois moins que pour les dividendes. Rien à voir avec la tendance américaine, qui touche à la frénésie.
D'où vient ce véritable emballement ? Le fisc y a sa part. Aux Etats-Unis, les intérêts d'emprunt réduisent la base imposable. Une entreprise qui s'endette pour racheter ses actions abaisse donc sa note fiscale. En France, un particulier vendant des actions bénéficie d'un abattement sur la plus-value s'il les détient depuis plus de deux ans, ce qui n'est pas le cas pour les dividendes perçus. Ce n'est qu'une toute petite partie de l'histoire. La vraie raison, c'est bien sûr la pression des actionnaires. Les chefs d'entreprise n'ont pas décidé tout seuls de rendre l'argent ! Depuis que l'économiste de Chicago Milton Friedman a expliqué en 1970 que « la responsabilité sociale des entreprises est d'accroître leurs profits », les détenteurs d'actions ont considérablement renforcé leur emprise sur la gestion des entreprises, en alignant notamment la rémunération des dirigeants sur le cours de Bourse. « J'ai fait des rachats d'actions moi aussi. En cette ère d'investisseurs activistes obsédés par le court terme, c'est pratiquement impossible à éviter », racontait Nick Hanauer, un « serial entrepreneur » américain devenu capital-risqueur, dans un article publié par la revue « The Atlantic » le mois dernier sous le titre « Les rachats d'actions tuent l'économie américaine », qui a provoqué plus de 1.000 commentaires sur Internet en vingt-quatre heures. Les activistes adorent le « buyback », qui leur permet de récupérer de l'argent frais - ou d'avoir des actions rapportant davantage, car les dividendes sont alors répartis sur un nombre d'actions plus faible. Même si ces rachats sont souvent réalisés au mauvais moment, , un ancien de la Société Générale devenu l'un des gérants du fonds américain GMO dans une note très remarquée publiée fin 2014. Ils ont par exemple culminé aux Etats-Unis en 2007, juste avant la grande dégringolade boursière de 2008…
Mais la pression des actionnaires n'explique pas tout. Car si les dirigeants cèdent à leurs exigences, c'est aussi parce qu'ils manquent de projets d'investissement prometteurs. Les entreprises les plus gourmandes de leurs propres actions ne sont pas seulement celles qui travaillent dans des secteurs matures, comme les produits de grande consommation ou le commerce, mais aussi (et surtout) celles qui sont sur le front avancé de la technologie - Apple, Intel, Microsoft, Cisco dans les technologies de l'information, Merck ou Gilead dans la pharmacie. Certaines, comme la firme à la pomme, ont su se forger une rente impressionnante… dont elles ne savent que faire.
C'est ici que le capitalisme se mord la queue. Le projet, l'investissement et le partage des risques ont été la raison d'être de la société par actions, pour financer une mine de cuivre en Suède dès le XIIe siècle, les grandes routes maritimes au XVIe siècle, les usines et les machines de la révolution industrielle au XIXe siècle. Aujourd'hui, le projet disparaît peu à peu des grandes entreprises cotées. Leurs actionnaires ne sont plus là pour apporter de l'argent, mais pour en extraire. D'où la montée des questions sur la répartition des revenus (aux Etats-Unis, 1 % des particuliers détiennent 40 % des actions). D'où, aussi, les interrogations majeures sur les grandes innovations à venir. Relèvent-elles de l'illusion, viendront-elles d'autres lieux que les entreprises où elles se sont épanouies depuis un siècle et demi ? Au fond, le « buyback » symbolise le bye-bye au capitalisme du siècle dernier.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0204193714966-quand-le-capitalisme-en-vient-a-se-mordre-la-queue-1098149.php?YUK2hf5lTc5HUVlK.99

Dominique Leglu dans "Sciences et Avenir" de février 2015 Article intitulé :  "Les babyboomers veulent rester actifs jusqu'au bout"

" Sciences et Avenir a assisté à une conférence donnée par Joseph E. Coughlin, patron du projet de recherche AgeLab au MIT, lors de laquelle il a présenté les futures avancées au service des sociétés vieillissantes.

CONFÉRENCE. Joseph E. Coughlin, patron de l'Agelab de l'Institut technologique du Massachussetts (MIT), est l’homme qui veut mettre l’innovation au service des sociétés vieillissantes, au Japon, en Europe, aux États-Unis... Il fut l’un des intervenants stars – non dénué d’humour politiquement incorrect – à la mi-novembre 2014 à Berlin, lors de la 6e conférence internationale "Falling Walls", à laquelle Sciences et Avenir était convié. Inaugurée par la chancelière Angela Merkel, elle avait pour but de mettre en exergue les futures avancées majeures en science. Extraits choisis.
Nous aurons peut-être une, deux, trois, voire quatre pathologies, mais nous ne serons pas hors service"
"La démographie actuelle est une démographie de rupture. Non seulement nous sommes de plus en plus nombreux sur la planète, mais nous avons beaucoup plus de chances de vivre bien plus longtemps et... en bonne santé. La technologie va nous y aider. En 2047, la planète sera à un carrefour : les plus de soixante ans seront plus nombreux que les moins de quinze ans. Environ deux milliards. Jamais l’humanité n’a connu pareille situation ! Tout va être bouleversé : travail, loisirs, habitat... S’il y a une image à retenir, c’est bien celle-ci : au Japon, dont la population est aujourd’hui de 127 millions, et qui pourrait descendre jusqu’à 80-85 millions à la moitié du XXIe siècle, on vend déjà plus de couches pour adultes que pour bébés ! Pourquoi va-t-il y avoir une convergence entre le vieillissement et la technologie ? Parce que nos générations de babyboomers ont de fortes attentes. Nous voulons rester actifs. Aux États-Unis, des sondages ont montré que 40 % des gens au-dessus de 56 ans pensaient continuer à travailler jusqu’à leurs derniers jours. Non seulement pour l’argent, mais aussi pour demeurer insérés dans la société et que leur vie garde un sens.
En clair, nous aurons peut-être une, deux, trois, voire quatre pathologies (diabète, hypertension...), mais nous ne serons pas hors service. On pourra vivre avec, promener le chien, aller voir ses petits-enfants, et travailler (ce qui ne signifie pas forcément continuer à se rendre sur un lieu de travail). Ce sera notre nouveau défi. Et pour cela, nous aurons des implants, des cuillères ou fourchettes qui détectent le nombre de calories que nous ingérons, etc. et toutes ces données seront communiquées via Internet à notre médecin ou notre nutritionniste...
Des équipements intelligents
Dans mon laboratoire, nous travaillons sur le système AGNES (Age Gain Now Empathy System), un équipement qui permet de mimer ce que l’on ressent (motricité, vision, souplesse, dextérité, force) selon sa condition physique, quand on a entre 75 et 80 ans. Nous découvrons ainsi tout ce qu’il faut modifier pour conserver une vie quotidienne agréable : portière de voiture facile à ouvrir, accès aisé aux transports en commun, étagères à hauteur réduite pour les produits de la grande distribution... Peut-être ne déménagerez-vous pas dans une "maison du futur", mais c’est elle qui viendra à vous, avec des équipements plus "intelligents" ! Imaginez par exemple un miroir capable de faire tous les jours un examen de vos capillaires sur le visage. et qui vous dise : "Hé, Joe, ta pression sanguine augmente !" L’idée étant de faire des examens avant qu’il ne soit trop tard...
Connaissez-vous les toilettes "intelligentes" déjà en usage au Japon ? Elles détectent notre température, savent si nous avons pris nos médicaments, ce que nous avons consommé... Des informations qui pourraient être communiquées à un hôpital, à un proche. Mais il y a bien d’autres choses ! Comme penser à s’amuser. Savez-vous qu’on trouve le taux de divorce le plus élevé à travers la planète chez les plus de... 70 ans ? Ce sont les femmes qui le demandent et 90 % d’entre elles vous diront que c’est parce que leur compagnon les ennuie. Il y a de l’avenir pour les rencontres en ligne, et pas seulement pour les jeunes."

  Ram Etwareea dans "Le Temps" Suisse du 19 02 15 : Article intitulé : Plaidoyer pour un plan européen de désendettement

" John Milios, 62 ans, enseigne la politique économique et l’histoire de la pensée économique à la prestigieuse National Technical University of Athens. Formé en Allemagne et titulaire de deux doctorats, il est aussi l’économiste en chef de Syriza, parti de la gauche radicale, majoritaire dans la coalition gouvernementale qui dirige la Grèce à l’issue des législatives du 25 janvier dernier. Il est forcément l’un des plus proches conseillers d’Alexis Tsipras, premier ministre grec. Une telle introduction s’impose dans la mesure où l’économiste de gauche défend une idée inhabituelle mais qui ne laisse pas indifférent. Le contexte: la crise de la dette grecque. Selon lui, la zone euro doit penser à un programme de désendettement non seulement pour son pays, mais aussi pour d’autres Etats, comme la France, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et même l’Allemagne. Pourquoi? Aucun d’entre eux ne respecte le Pacte de stabilité qui limite la dette à 60% du produit intérieur brut (PIB).
La dette n’est pas un problème en soi. Elle l’est encore moins aussi longtemps que les pays débiteurs se refinancent sur le marché à des taux d’intérêt raisonnables. Mais, prévient-il, personne n’est à l’abri d’une force majeure, qui les laisserait à la merci des marchés. C’est ainsi que la dette grecque fluctue au gré d’événements sur lesquels l’Etat n’a aucun contrôle. Il suffit par exemple que le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, fasse une déclaration un brin négative sur la Grèce pour que les cours des emprunts du pays prennent l’ascenseur. Athènes en a fait l’expérience; tous les événements cumulés depuis huit ans ont poussé les cours au-dessus de la barre de 10%. Avec un tel tarif, c’est la faillite garantie.
Pour John Milios, la zone euro est à présent dans une situation de force majeure. Tout a commencé en 2007-2008 avec la crise financière venue des Etats-Unis. Puis, la récession a fortement ébranlé le tissu économique. Les caisses publiques se sont vidées, les déficits se sont accumulés, le commerce s’est ralenti, la production a reculé et l’emploi a régressé. Chaque pays a été amené à adopter des mesures d’économies, voire à s’endetter pour payer les dépenses courantes. Pour certains d’entre eux, comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande, la situation est plus grave. Ils ont été contraints d’appeler l’Europe au secours en échange de réformes et de mesures d’austérité encore plus drastiques. Qu’un pays s’endette n’a rien d’anormal. Et c’est dans l’ordre des choses qu’il rembourse ses créances le moment venu. John Milios constate que ces pays doivent sacrifier d’énormes sommes au paiement des intérêts, ce qui leur laisse peu de ressources pour la santé, l’éducation, la formation et le développement des activités économiques. Dès lors, il devient quasiment impossible de sortir de la spirale de l’endettement. En 2015 et en 2016, alors même que la zone euro renoue avec la croissance, la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande ont une dette de 100% de leur PIB. Le surplus budgétaire est impossible dans un environnement de récession et de contraction de la demande causée par des mesures d’austérité.
Encore l’année dernière, le professeur grec était partisan d’une annulation partielle de la dette des pays incapables de respecter les critères du Pacte de stabilité. Il disait alors que la Grèce devrait profiter d’un programme de désendettement comme l’Allemagne en 1953 lors d’une conférence des bailleurs de fonds à Londres.
Mais depuis que Syriza a été appelé à assumer le pouvoir et à faire face à la réalité des créanciers, il a mis de l’eau dans son vin. Il a surtout compris qu’il n’appartenait pas aux contribuables d’autres pays à prendre en charge la dette des autres. Désormais, il propose que la Banque centrale européenne (BCE) achète les actifs souverains arrivant à échéance sur une durée déterminée. Pendant cette période, les pays concernés consacrent l’argent des intérêts à la relance économique. La croissance revenue, ils rachèteraient leurs actifs même en payant une prime à la BCE. La proposition de John Milios paraît irréaliste d’autant plus que ce n’est pas le rôle de la BCE de financer la relance économique des Etats. Et ce n’est pas certain qu’elle recueillerait une unanimité pour modifier les traités européens afin de lui confier une nouvelle tâche.
Et pourtant, l’institution de Francfort vient d’annoncer un programme de rachat d’actifs qui sera opérationnel entre mars 2015 et septembre 2016, et même au-delà si nécessaire. Son but est certes de mettre fin à la trop faible inflation. Assurer la stabilité des prix fait effectivement partie de son mandat. Mais, in fine, cette mesure donnera un coup de fouet à la croissance.
De passage récemment à Bruxelles, John Milios a défendu sa proposition d’un plan européen de désendettement, regrettant que les approches alternatives à la crise aient été exclues par les courants dominants de la pensée économique. Il a raison. Dans le bras de fer qui oppose l’Eurogroupe et le gouvernement grec, ce dernier finira par céder et accepter de poursuivre une politique d’austérité alors même qu’il a été élu pour emprunter une autre voie afin de remettre la Grèce sur les rails."

Stéphane Lauer dans "Le Monde" du 20 02 15 : Article intitulé : Walmart augmente le salaire d’un demi-million d’employés

" Walmart a pris, jeudi 19 février, une initiative spectaculaire en annonçant l’augmentation des salaires de 500 000 employés. Le leader mondial de la distribution, qui est aussi le premier employeur privé américain avec 1,3 million de salariés, s’est engagé à porter le salaire horaire minimum à 9 dollars (7,9 euros) à partir d’avril contre 7,5 dollars jusqu’à présent, avant de passer à 10 dollars en février 2016, soit une augmentation globale de 34 %.
« Nous essayons toujours de faire pour le mieux et de renforcer notre activité. Souvent nous y parvenons, mais parfois nous échouons. Lorsque c’est le cas nous rectifions le tir », plaide Doug McMillon, le PDG de Walmart, dans une lettre envoyée aux employés, en guise de mea culpa sur la politique de rémunération menée jusqu’à présent par l’entreprise. Image sociale désastreuse Il y a un peu plus d’un an, lorsqu’il a été nommé, le patron a impulsé une nouvelle dynamique, alors que les résultats du groupe étaient en berne. Il a accéléré les investissements dans l’e-commerce, amélioré les rayons frais, modernisé la logistique pour réduire les ruptures de stock, tout en misant sur un nouveau format de magasin de proximité. Mais le PDG a pris conscience que ces efforts ne porteraient leurs fruits que si Walmart parvenait à améliorer son image sociale désastreuse. L’enseigne est régulièrement la cible des syndicats, qui se plaignent des conditions de travail et de la faiblesse des salaires. La comparaison avec Costco, l’un de ses principaux concurrents, est parlante. Les salariés y sont payés 70 % de plus que chez Walmart, 82 % bénéficient d’avantages (mutuelle santé), contre seulement 50 % chez le leader. Résultat : alors que le turn-over n’est que de 17 % chez Costco, il dépasse les 40 % chez Walmart. La méthode fordiste
Jusqu’à présent, le distributeur se rangeait derrière les arguments de la National Retail Federation, qui s’oppose aux appels du gouvernement Obama pour augmenter le salaire minimum, prétextant des conséquences désastreuses sur l’emploi. Mais, le contexte évolue. Ikea vient de relever de 17 % le salaire horaire minimum à 10,76 dollars, tandis que Gap va passer à 10 dollars cette année. Dans un pays où le taux de chômage est passé en cinq ans de 9,8 % à 5,7 %, Walmart ne pouvait plus se permettre de rester spectateur sous peine d’avoir de plus en plus de difficultés à recruter.
Le calcul est aussi macroéconomique.
Il y a un siècle, Henry Ford avait compris que ses salariés pouvaient devenir ses clients à condition d’être correctement payés. Walmart, dont la cible de consommateurs se situe majoritairement parmi les bas salaires, fait certainement le calcul que ce qui est lâché en rémunération, va se retrouver tôt ou tard dans le chiffre d’affaires. Même si l’on reste loin des 15 dollars de l’heure que réclament les syndicats, le groupe a annoncé que la mesure lui coûterait 1 milliard de dollars. Ce qui a entraîné une chute de 3,2 % de l’action jeudi, malgré l’annonce d’un bénéfice trimestriel en hausse de 12 %. L’effort consenti par Walmart doit cependant être relativisé. Comme le fait remarquer Craig Elwell macro-économiste au Congressional Research Service (CRS), « Le pic du salaire minimum fédéral en termes réels [en tenant compte de l’inflation] a été atteint en 1968. Pour égaler le pouvoir d’achat de cette époque, le salaire minimum actuel, qui est de 7,25 dollars, devrait augmenter de 3,44 dollars, soit une hausse de 47 % ». Pour Christine Owens, directrice du National Employment Law Project, une association de défense des salariés, les 10 dollars obtenus sont une « maigre » récompense « comparé aux 16 milliards de profits que le groupe réalise chaque année ». En tout cas, cette annonce intervient alors que l’actuelle faiblesse de la hausse des salaires aux États-Unis, malgré la chute spectaculaire du chômage, inquiète les économistes. Sans une accélération, la consommation, principal moteur de l’économie, pourrait finir par s’enrayer. Et dire que l'europe allemande prône la paupérisation et la pauvreté... qui l'arrange elle pour prendre les parts de marchés et maintenir sa mainmise sur l'europe. Ce n'est pas la Grèce qu'il faut "virer", c'est l'allemande qu'il faut encadrer et laissez à la France le soin d'organiser l'Europe de la Paix. Seule la France à la sensibilité et "l'histoire" pour communiquer aves les pays du Nord et les pays du Sud. Il est vrai que pour l'instant les deux grandes fumisteries de gauche et de droite n'ont pas su se trouver de vrais représentants. La médiocrité du système consanguin français est  et à toujours été une des limites de la France.

 Michel Santi dans "La Tribune" du 16 février 2015 Article intitulé : Trop tard pour lutter contre les inégalités !

" Ne soyez pas dupe de la déflation. C'est la baisse généralisée des salaires orchestrée depuis des décennies qui conduit fatalement au tassement des prix à la consommation.

Commentaire : L'ouverture des frontières a été un des éléments moteurs du "débridage" de toute logique économique pérenne en faveur d'un return financier basé sur une optimisation financière, comptable et fiscale sans aucune limite pour les "GOCF" (Gentils Optimisateurs Comptables et Financiers). Une destruction de toutes les logiques SOCIOlogiques, ECOnomiques, POlitiques et FInancières s'est mise en place avec comme anesthésiants momentanés , les hausses cycliques boursières dues au seul concept comptable mark-to-market et au fait que l'on booste alternativement l'immobilier via des lois de défiscalisation. Comment expliquer que des biens de même qualité, même situation dans d'autres pays européens plus riches que la France soient entre 30 et 50% moins chers ? Ici, nous ne parlons pas de Londres qui est un cas très spécifique ni de la Suisse. Nous passons ainsi de krachs boursiers en parallèle d'une hausse (euphorie) immobilière à la crise immobilière en parallèle d'un hausse (euphorie) bousière. Ce système de Yin et de Yang basé uniquement sur de la "trituration" juridique (ex : loi de défiscalisation pour l'immobilier) comptable et financière au détriment des réalités voit arriver sa fin.

Les krachs en fait, ne sont que le retour à la réalité. Réalité boursière et immobilière qui étant alternée jusqu'à présent, permettait de donner un sentiment ou un espoir de richesse boursier ou immobilier. Quand l'un était mal, l'autre était présenté artificillement comme porteur. Ainsi la réalité de la paupérisation pouvait être maquillée par la hausse artificielle (car uniquement comptable ou informationnelle) de l'un ou de l'autre. "A chacun son tour, comme à confesse"

Par quoi allons-nous remplacer ce cycle régulier de crises ? Par d'autres virtualités ou par la mise en place d'une réalité SOCIOECOPOFI pérenne ?

En définitive, les prix à la consommation ne font effectivement que s'ajuster à la dégradation de notre niveau de vie. La déflation n'est donc que la conséquence naturelle et mécanique du matraquage de nos rémunérations et de l'amputation de notre pouvoir d'achat. Car les prix à la consommation ne s'affaissent-ils que pour une raison évidente: nous n'avons plus les moyens de vivre décemment. Dit autrement: la déflation est l'aboutissement logique de l'intense pression subie par nos salaires et revenus depuis l'ère Reagan-Thatcher. Commentaire : Déflation des prix qui emmène avec elle la"déflation" de la qualité, des conditions de production tant sociales, qu'écologiques et autres. Lorsque nous assistons à une déflation des prix nous entrons en déflation SOCIOECOPOFI (SOCIOlogie, ECOnomie, POlitique, FInance), c'est-à-dire une déflation Humaine et Humaniste. Réalité accentuée par la politique allemande de paupérisation. Paupérisation appliquée au moment de l'ouverture des frontières au plus grand nombre via des Peuples ayant une démographie inverse à la nôtre et des conditions de travail SOCIOECOPOFI dignent de Zola dans quantité de cas. Il est vrai que cela permet d'écouler chez les paupérisés des produits de "merde", fabriqués trop souvent sur l'explotation et la pauvreté, markétisées en produits à la mode. Produits à la "mode" qui deviennent des critères de vie chez quantités de paupérisés, c'est-à-dire NOUS. Cette réalité de bas prix accessible à tous permet de masquer en partie les effets SOCIOECOPOFI de la paupérisation politique lobbyisée.

Voilà quarante ans en effet que nos dirigeants ont choisi clairement leur camp, qui consistait à privilégier ostensiblement et massivement le capital au détriment du travail. Commentaire : En fait, je pense qu'ils n'ont pas choisi le capital (selon l'ancienne notion) mais ils ont créé un capital financier et comptable fictif. Si, hier il y avait bien accumulation du capital par quelques uns, aujourd'hui il y a accumulation de chiffres financiers et comptables aussi artificiels que sont les risques de déstabilisation qu'ils créent. Exemple flagrant avec la seule prise en compte du principe comptable du mark-to-market dans le monde Boursier (voir site www.agencedecotationihr.com). Cette prestidigitation (mensonge) comptable boursière permet d'organiser des paris sur des chiffres, qui ne devraient avoir dans les faits aucune crédibilité, et de monopoliser de plus en plus de capitaux qui devraient être investis dans l'économie réelle. Paris, dont TOUS les risques sont reportés sur les épargnants et investisseurs puisque leurs titres sont "gagés" et les pertes titrisées revendues à ces mêmes épargnants et investisseurs. Nous sommes passés d'un capitalisme à tendance monopolisatrice à un capitalisme spoliateur. Là ne s'arrête pas l'histoire puisque dans ce capitalisme spoliateur la prestidigitation comptable sert de support à toutes les dérives des marchés dérivés. Cela sous la garantie financière des Peuples et des Etats. Je tiens à préciser que je suis un pur capitaliste et en pur capitaliste, je sais que je ne pourrai continuer à l'être que dans un environnement SOCIOECOPOFI stabilisé. Dans l'inverse, il y a accaparation par une miniorité et l'histoire nous démontre que ce cas fini toujours en conflit armé. Sur ce sujet, l'allemagne est un cas d'école et il est plus qu'étonnant qu'elle continue, avec les politiques (je n'ai pas dit les Peuples) des pays historiquemment collabos, les mêmes errements avec la Grèce. Force est de constater que l'allemagne RESTE le problème de la constitution de l'Europe de la Paix. Europe de la Paix qui devait être constituée pour se protéger de .... l'allemagne. Là-aussi, je fais bien une distinction entre les Peuples et les politiques.

Si ce n'est que la créature est sur le point d'échapper à ses géniteurs, voire de se retourner contre eux pour les détruire. Le grand capital se résigne en effet à réduire ses marges bénéficiaires en baissant ses prix, cela a été rendu possible par la mondialisation et la compétition au moins faisant due l'ouverture des frontières sans aucun garde fou faute de quoi il serait dans l'impossibilité d'écouler ses produits à une armée de réserve des citoyens qui n'en a plus les moyens.  Il faut rajouter à cette réalité l'autre réalité qui est que les Peuples ont été endormis avec le cycle des richesses fictives boursières et immobilières organisé de toute pièce . Le jeu étant quand la Bourse va mal (retour cyclique à la réalité contre les chiffres comptables "fabriqués") on fait monter l'immo (via la défiscalisation par exemple) et vice et versa. L'objectif étant de toujours créer un leurre de richesse pour les épargnants afin qu'ils restent dans la course et ne décident de vendre au même moment. Voilà également l'ultime refuge - les Etats-Unis - sur le point d'être contaminé par la déflation à la faveur de la courroie de transmission du marché des changes qui propulse sa monnaie vers des sommets. Aujourd'hui, la question n'est donc plus tant de savoir si mais plutôt quand ils en seront atteints car l'envolée du dollar - hautement nuisible à leurs exportations et donc facteur de ralentissement économique - se conjugue à un autre force dévastatrice, à savoir la chute des prix pétroliers, qui sonne le dernier acte de cette déflation globalisée. Cette industrie du pétrole de schiste - qui s'était développée et qui avait prospéré grâce à l'argent facile mis à disposition par la Fed - se révèle aujourd'hui être une arme de destruction massive pour l'économie US du fait de la spirale déflationniste généralisée qu'elle y induit, par effondrement des prix énergétiques interposé.
La hausse des inégalités provoque la baisse des prix
La boucle est aujourd'hui bien bouclée depuis l'époque des infâmes Reagan-Thatcher, et la créature se retourne bel et bien contre ses géniteurs. On ne peut - impunément - réduire le niveau de vie des citoyens et procéder à des transferts de richesses d'une telle ampleur depuis les classes moyennes en direction des plus riches et des entreprises à taille de mastodonte, sans provoquer des réajustements majeurs des prix à la baisse et sans susciter, à terme, le mal absolu de la déflation. Il fut certes possible de faire un temps illusion en anesthésiant la population avec du crédit facile, mais celle-ci est aujourd'hui de moins en moins dupe.
 La déflation, en outre, ne viendra pas seule: elle sera accompagnée par la dislocation de nos économies, par des faillites en masse et par la banqueroute des créanciers, faisant du même coup passer à la trappe les apprentis-sorciers et autres parasites du système. La fin de l'Histoire approche en effet, et cette histoire ne sera elle même pas dénuée d'une certaine morale.

Effectivement si la fin de l'Histoire approche, il ne tient qu'à nous de transformer les "futurs" guerriers récurrents d'hier, les crises cycliques récurrentes actuelles en la mise en place de L'HISTOIRE ET DE SON AVENIR.

C'est dans ce cadre que je soumets à la plume de Michel Santi et de Romaric Godin du journal "La Tribune" l'analyse de la solution de la mise en place du Fonds de Stabilisation Boursier.

  Dans "La Tribune" du 17 février 2015 Article intitulé : Les dividendes mondiaux devraient frôler les 1.200 milliards de dollars en 2015

" Les dividendes augmenteront en 2015, mais pas de façon vertigineuse. C'est la prédiction de Henderson Global Investors, compagnie britannique de conseil en investissement, dans une étude publiée lundi 16 février. Pour 2015, la société mise ainsi sur une hausse de 0,8% à 1.176 milliards de dollars (1.035 milliards d'euros environ). La forte appréciation du dollar et la baisse des cours du pétrole devraient en effet empêcher toute hausse notable des dividendes. "Les prévisions de croissance mondiale ont été revues à la baisse. Ensuite, le cours du baril de pétrole a atteint son plus bas niveau en six ans et, pour finir, le dollar américain a flambé", précise Alex Crooke, spécialise des dividendes chez Henderson Global Investors, cité dans un communiqué. L'an dernier, le montant des dividendes mondiaux a bondi de 10,5% à 1.167 milliards de dollars (1.027 milliards d'euros), note la société de gestion d'actifs. Cette hausse est due en particulier aux montants des dividendes extraordinaires, comme celui effectué au premier trimestre par l'opérateur télécoms britannique Vodafone pour 26 milliards de dollars (23 milliards d'euros). Ce dernier a été de ce fait le groupe ayant versé le plus de dividendes en 2014, devant le pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, le chinois China Construction Bank, le pétrolier américain Exxon Mobil et le géant américain des technologies Apple. La première société française est Total, à la 17e place. Les États-Unis ont été "le moteur principal de la croissance des dividendes", selon l'étude, avec une hausse de 17% à 355,3 milliards de dollars (312 milliards d'euros), soit près du tiers du montant à l'échelle mondiale.
L'Europe, hors Royaume-Uni, a également connu une bonne année, avec une progression de 12,3% à 229,4 milliards (201 milliards d'euros), grâce notamment aux performances de l'Espagne et de la Suisse. La France a quant à elle affiché une hausse de 7,3% à 55,9 millions de dollars (49 millions d'euros)."

Michel Santi  dans "La Tribune" du 16 février 2015 Article intitulé : Trop tard pour lutter contre les inégalités !

" Ne soyez pas dupe de la déflation. C'est la baisse généralisée des salaires orchestrée depuis des décennies qui conduit fatalement au tassement des prix à la consommation. En définitive, les prix à la consommation ne font effectivement que s'ajuster à la dégradation de notre niveau de vie. La déflation n'est donc que la conséquence naturelle et mécanique du matraquage de nos rémunérations et de l'amputation de notre pouvoir d'achat. Car les prix à la consommation ne s'affaissent-ils que pour une raison évidente: nous n'avons plus les moyens de vivre décemment. Dit autrement: la déflation est l'aboutissement logique de l'intense pression subie par nos salaires et revenus depuis l'ère Reagan-Thatcher.
Privilégier le capital
Voilà quarante ans en effet que nos dirigeants ont choisi clairement leur camp, qui consistait à privilégier ostensiblement et massivement le capital au détriment du travail. Si ce n'est que la créature est sur le point d'échapper à ses géniteurs, voire de se retourner contre eux pour les détruire. Le grand capital se résigne en effet à réduire ses marges bénéficiaires en baissant ses prix, faute de quoi il serait dans l'impossibilité d'écouler ses produits à une armée de réserve des citoyens qui n'en a plus les moyens.
Les Etats-Unis contaminés par la déflation
Voilà également l'ultime refuge - les Etats-Unis - sur le point d'être contaminé par la déflation à la faveur de la courroie de transmission du marché des changes qui propulse sa monnaie vers des sommets. Aujourd'hui, la question n'est donc plus tant de savoir si mais plutôt quand ils en seront atteints car l'envolée du dollar - hautement nuisible à leurs exportations et donc facteur de ralentissement économique - se conjugue à un autre force dévastatrice, à savoir la chute des prix pétroliers, qui sonne le dernier acte de cette déflation globalisée. Cette industrie du pétrole de schiste - qui s'était développée et qui avait prospéré grâce à l'argent facile mis à disposition par la Fed - se révèle aujourd'hui être une arme de destruction massive pour l'économie US du fait de la spirale déflationniste généralisée qu'elle y induit, par effondrement des prix énergétiques interposé.
La hausse des inégalités provoque la baisse des prix
La boucle est aujourd'hui bien bouclée depuis l'époque des infâmes Reagan-Thatcher, et la créature se retourne bel et bien contre ses géniteurs. On ne peut - impunément - réduire le niveau de vie des citoyens et procéder à des transferts de richesses d'une telle ampleur depuis les classes moyennes en direction des plus riches et des entreprises à taille de mastodonte, sans provoquer des réajustements majeurs des prix à la baisse et sans susciter, à terme, le mal absolu de la déflation. Il fut certes possible de faire un temps illusion en anesthésiant la population avec du crédit facile, mais celle-ci est aujourd'hui de moins en moins dupe.
La déflation, en outre, ne viendra pas seule: elle sera accompagnée par la dislocation de nos économies, par des faillites en masse et par la banqueroute des créanciers, faisant du même coup passer à la trappe les apprentis-sorciers et autres parasites du système. La fin de l'Histoire approche en effet, et cette histoire ne sera elle même pas dénuée d'une certaine morale."
*Michel Santi est directeur financier et directeur des marchés financiers chez Cristal Capital S.A. à Genève. Il a conseillé plusieurs banques centrales, après avoir été trader sur les marchés financiers. Il est l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience" et "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique".
Vient de publier "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.

Paolo Garoscio dans "Economie matin" du 16 février 2015 Article intitulé : La France emprunte de l'argent à 5 ans à... 0 % d'intérêt
 
" La France, ce n'est pas la Finlande, mais peu s'en faut. Si le pays nordique a réussi le coup exceptionnel d'emprunter un milliard d'euros à taux négatif (ce qui signifie que les investisseurs vont perdre de l'argent en prêtant de l'argent au pays), la France a émis sa première dette à taux 0. Donc elle emprunte et elle rend exactement la même somme. Et pas un centime pour les investisseurs. Une première. Depuis plusieurs mois les taux d'emprunts français sont au plus bas, et c'est plutôt une bonne nouvelle pour l'Etat, un peu moins pour les investisseurs. Car emprunter à taux très bas signifie que les investisseurs vont se détourner de votre dette - ils sont là pour faire de l'argent - et que le pays ne va pas très bien - s'il y avait de la croissance les taux seraient élevés. Alors quand on en arrive aux taux actuels Français (0,65% pour les emprunts à 10 ans en février 2015) on se demande bien comment va le pays. Mal ? Oui, ça c'est sûr. Mais mal à quel point ? Cette donnée est difficile à connaître. Bon, Michel Sapin espère que la croissance atteindra 1% en 2015 et que la France pourrait même créer des emplois dès cette année...
Taux d'intérêt 0% pour la dette à 5 ans
Les taux historiquement bas ne suffisaient décidément pas : la France a donc décidé de faire mieux et de ne pas verser d'intérêts. L'agence France Trésor a annoncé l'émission d'environ 8 milliards d'euros de dette à cinq ans à taux 0. Les investisseurs ne gagneront pas un rond. Entre 1 et 2 milliards d'euros de dette seront en plus émis à 0,10% sur dix ans. De plus en plus bas, donc. Si jamais ça vous intéresse, vous avez jusqu'au 23 février 2015 pour prêter de l'argent à la France et ne pas recevoir un centime en retour.

Bertille Bayart dans "Le Figaro" du 8 février 2015 Article intitulé : Le monde est toujours plus «accro» à la dette, surtout les États
  
" On l'avait presque oubliée, la dette. Après deux ans et demi d'anesthésie, prodiguée en Europe par Mario Draghi et la BCE dont la posologie a considérablement fait baisser le coût de l'argent et favorisé une douce inconscience, il aura fallu la victoire de Syriza en Grèce pour que le sujet revienne, brutalement, sur le devant de la scène.
Et pourtant, la dette reste un problème crucial au cœur de l'économie mondiale, et dans les pays développés en particulier. À l'origine des crises de 2008 (subprimes américains) et de 2011 (crise souveraine en zone euro), la dette a depuis poursuivi sa folle course sans même ralentir le rythme de sa progression.
C'est ce qu'a constaté le cabinet McKinsey, auteur d'une étude exhaustive sur la dette mondiale dont la deuxième édition (la première avait été réalisée en 2009) est publiée ce jeudi. Après 2008, «il était largement attendu que les économies, à l'échelle mondiale, se désendettent. Cela ne s'est pas produit. Au contraire, la dette a continué d'augmenter presque partout, en valeur absolue, et en valeur relative au PIB», écrivent ces experts.
Entre 2007 et 2014, ce sont ainsi 57.000 milliards de dollars de dettes nettes supplémentaires qui ont été contractées à l'échelle globale. Ce qui représente 17 % de PIB! Les pays développés comptent pour la moitié de cette inflation. La seule dette publique a crû de 25 000 milliards sur la période. Désendettement privé aux États-Unis La crise n'aurait-elle donc rien changé? Tout dépend de qui l'on parle. Les ménages américains et britanniques, réputés les plus «accros» au crédit, ne sont plus en tête du palmarès. D'autres ont pris le relais, parfois dans des proportions inquiétantes. Ainsi en Thaïlande et en Malaisie, mais aussi aux Pays-Bas, en Corée, au Canada, en Suède et en Australie. En moyenne mondiale cependant, l'endettement des ménages n'a crû «que» de 2,8 % par an, à un rythme beaucoup plus raisonnable qu'avant la crise (8,5 % par an).
Le secteur financier a lui aussi beaucoup changé avec la crise. Son volume de dette à l'échelle mondiale a certes encore augmenté de 2,9 % chaque année, mais il faut se souvenir que cette progression était de 9,4 % par an jusqu'en 2007. Là encore, le désendettement, le fameux «deleveraging», a été massif aux États-Unis et au Royaume-Uni surtout. Les entreprises non financières n'ont pas eu le même réflexe, et ont profité de l'aubaine de la baisse des taux. Leur dette progresse à un rythme annuel de 5,9 %.
Peu de solutions
Les États, eux, non seulement n'ont pas stabilisé leur dette, mais ils n'en ont même pas ralenti la progression. «En fait la dette publique a explosé depuis 2007, au rythme d'une croissance de 9,3 % par an, contre 5,8 % avant la crise», explique Jean-Christophe Mieszala, le patron de McKinsey en France. Le cabinet a en particulier identifié six grands pays développés dont le stock de dette va, mécaniquement, continuer à enfler à une grande vitesse et en tout cas plus vite que le PIB: l'Espagne, le Japon, le Portugal, la France, l'Italie et le Royaume-Uni.
Au-delà du constat, le plus inquiétant est l'absence de solutions. Certes, par le passé, certains pays sont parvenus à inverser le cycle infernal. La Suède et la Finlande ont ainsi passé le cap de leur crise financière des années 1990 en augmentant massivement la dépense et la dette publiques avant de parvenir à se désendetter. «Mais le contexte de ces crises était très différent. Les leviers sur lesquels ces pays ont pu jouer - inflation et dévaluation notamment - ne sont pas aujourd'hui à la disposition des économies matures, qui évoluent dans un monde où tous les acteurs doivent, au même moment, se désendetter», relève Jean-Christophe Mieszala.
Pour les six pays confrontés à la croissance la plus incontrôlée de leur endettement public, McKinsey estime que les recettes classiques (baisse de la dépense publique et/ou croissance) nécessiteraient des efforts considérables. Exemple: en France, il faudrait, d'ici à 2019, réaliser un effort d'austérité budgétaire de 2,5 % de points de PIB, ou parvenir à engranger une croissance annuelle de… 4 %.
Conclusion du cabinet: «Pour les États les plus endettés, ni la stimulation de la croissance ni l'austérité budgétaire ne sont à elles seules une solution plausible pour se désendetter.» McKinsey passe en revue les moyens éprouvés - parfois au prix de très fortes turbulences - de restructuration de dette souveraine (Argentine en 2002, Grèce en 2010-2011), mais évoque aussi de nouvelles pistes dont certaines ressemblent d'ailleurs à celles mises sur la table par le gouvernement grec. Parmi ces idées: une annulation d'une partie de la dette détenue par les banques centrales - aux conséquences très incertaines sur la stabilité du système financier - ou la transformation de ces obligations souveraines en dette perpétuelle.

Patrick Artus, économiste et membre du comité exécutif Natixis, dans "La Tribune" du 3 février 2015 Article intitulé : Les deux gros points faibles du Quantitative Easing

" Le Quantitative Easing (qui va débuter dans la zone euro) fait apparaître deux problèmes sérieux, liés, mais de nature différente. D'abord l'insuffisance de l'offre d'actifs sans risque (de dette publique essentiellement) qui reste disponible pour les investisseurs ; ceci conduit à des taux d'intérêt absurdement bas sur les dettes sans risque, avec un excès chronique de demande pour ces dettes, qui doivent être suffisamment abondantes, ce qui n'est plus le cas avec le Quantitative Easing, pour qu'il y ait un fonctionnement « harmonieux » des économies ; ceci est d'autant plus vrai que ces dettes sans risque sont déjà détenues comme réserves de change.
Insuffisance de l'offre d'actifs sans risque
Ensuite le niveau trop faible des primes de risque sur les actifs risqués : les investisseurs sont obligés de se reporter des actifs sans risque vers les actifs risqués en raison de l'insuffisance de l'offre d'actifs sans risque. Ceci écrase anormalement les primes de risque, et implique que les investisseurs achètent des actifs risqués sans recevoir les primes de risque correspondantes, ce qui est extrêmement dangereux.

Dans "La Tribune" du 3 février 2015 Article intitulé : Le travail à l'ère des robots

" Selon Guy Ryder, directeur général de l'Organisation internationale du travail, les valeurs inscrites dans les normes du travail de l'OIT n'ont jamais autant été utiles.  La robotisation s'accélère, transformant le travail. Il faut qu'elle soit mise au service de la croissance. Et que la protection sociale soit étendue. Par Guy Ryder, président de l'Organisation internationale du travail (OIT). Les craintes concernant l'impact des technologies sur le marché du travail ne sont pas récentes. Au début du XIXe siècle, un groupe d'ouvriers britanniques du textile, dit groupe des Luddites, craignait déjà que leurs emplois ne disparaissent au profit des nouvelles technologies comme les métiers à tisser et à filer mécaniques. Ils s'y sont opposés en détruisant les machines. Aujourd'hui, le désarroi provoqué par le potentiel destructif, pour des millions d'emplois, des nouvelles technologies n'a jamais été aussi profond. Au cœur d'une crise massive de l'emploi, les technologies ne cessent de réduire les postes de travail nécessaires à la production de masse, tandis que l'automatisation des tâches juridiques et comptables de routine creuse plus encore ce secteur du marché du travail. La robotique révolutionne les modes de fabrication ; 200.000 nouveaux robots industriels voient le jour chaque année. En 2015, ils devraient être 1,5 million.  Adapter le marché du travail à un monde dans lequel le travail est de plus en plus automatisé sera l'un des défis essentiels de notre ère."
Et aucun pays ne peut se permettre d'ignorer cette évolution. Près de 200 millions de personnes sont sans emploi dans le monde, soit 27 millions d'individus de plus qu'en 2008. Il faut impérativement anticiper les évolutions technologiques à venir, et éduquer et former la main d'œuvre mondiale pour la doter de moyens qui lui permettent de participer au marché du travail moderne. Un tiers des employeurs sondés dans le monde se plaignent de ne pouvoir trouver de candidats compétents pour assumer les postes encore vacants.
Quel que soit le degré de développement d'un pays, l'investissement dans l'éducation et les compétences professionnelles permettra à sa main d'œuvre de se renouveler et de s'adapter aux nouvelles technologies. Un tel investissement peut déterminer si sa croissance économique est effectivement inclusive ou si elle abandonne certains segments de sa société. Une ressource abondante de travailleurs formés de manière adaptée et disposés à poursuivre l'acquisition de compétences dynamise la confiance des investisseurs, et donc l'emploi.
En plus de préparer la main d'œuvre à une ère toujours plus automatisée, les économies viables doivent proposer des protections aux travailleurs dans les périodes prospères comme dans les mauvaises. La nature de la relation entre l'employé et l'employeur est en train de changer. Les actuels nouveaux arrivants sur le marché du travail ne trouvent majoritairement que des contrats courts ou temporaires ; souvent, ils sont obligés de travailler de manière non déclarée ou de migrer pour un emploi. Ces tendances renforcent les inégalités.
Plus de la moitié de la population mondiale n'a aucune couverture sociale
 Il faut donc des mesures d'atténuation. En plus d'un solide système d'allocation chômage, des protections sociales comme la Sécurité sociale et les retraites sont essentiels pour la sécurité globale de l'employé et pour garantir une économie saine. Et pourtant, seuls 20% de la population mondiale ont une couverture de sécurité sociale appropriée ; plus de la moitié n'en a aucune.
C'est pourquoi le travail de l'Organisation internationale du travail (OIT), créée en 1919, est toujours pertinent aujourd'hui. Dans un monde où le travail est de plus en plus automatisé et où les relations employés-employeurs se délitent, les valeurs inscrites dans les normes du travail de l'OIT n'ont jamais autant été utiles.
La complexité des défis auxquels les travailleurs partout dans le monde font face implique des solutions complexes. En 2013, l'OIT a lancé son initiative "Avenir du travail" pour identifier et analyser les tendances et constituer un forum de discussion sur ce qui doit être fait pour s'adapter aux évolutions rapides des conditions du marché du travail.
Les machines doivent 
renforcer la croissance, pas l'affaiblir
Notre monde a profondément changé depuis un siècle - et pas uniquement du fait des technologies. D'ici à 2050, la population mondiale dépassera le seuil des neuf milliards d'individus. Le nombre des personnes âgées de soixante ans et plus aura triplé. Trois quarts des personnes âgées vivront dans les pays aujourd'hui en développement, et la majorité d'entre elles seront des femmes. Ces évolutions démographiques viendront, elles aussi, révolutionner le marché du travail, les systèmes de protection sociale, le développement économique et le monde de l'emploi.
En dépit des progrès réalisés par la société des hommes depuis les Luddites, une simple vérité demeure : les machines doivent renforcer, et non affaiblir, nos perspectives pour une croissance inclusive et une prospérité largement partagée. Nous devons faire en sorte que l'économie moderne soit une économie viable, fondée sur les principes de dignité humaine et d'opportunité de travail décent.
Guy Ryder est Directeur général de l'Organisation Internationale du Travail.
© Project Syndicate 1995-2015

Hubert Guillaud, Journaliste, Rédacteur en chef d'InternetActu.net dans "Rue 89" du 3 février 2015 Article intitulé : Cessons de considérer les algorithmes comme des dieux !

" Le concepteur de jeux Ian Bogost signe une nouvelle tribune, sur The Atlantic, qui mérite l’attention : « La cathédrale du calcul ». Il y dénonce à nouveau la culture algorithmique, symbole que la science et la technologie sont devenues une nouvelle théologie. Cette culture algorithmique dont tout le monde parle est une dévotion, une supplication faite aux ordinateurs, un moyen de remplacer Dieu dans nos esprits alors même que nous prétendons simultanément que la science nous a rendu imperméables à la religion. Et dans cette nouvelle théologie, l’ordinateur, le logiciel et les algorithmes tiennent une place particulière, explique-t-il : « La première erreur est de transformer les ordinateurs en dieux. La deuxième, de traiter leurs sorties comme les Ecritures. » Le contre-exemple Netflix Ces technologies sont pourtant loin de fonctionner avec l’efficacité qu’on leur prête. Ian Bogost revient sur le concours lancé par Netflix pour améliorer son moteur de recommandation et comment celui-ci se termina sans vainqueur. La plateforme américaine a fini par minimiser les évaluations des internautes en développant une multitude de sous-genres pour classer et recommander ses films. Nous sommes loin de la magie des algorithmes : Netflix forme des gens pour regarder des films et taguer les contenus ; une foule de mots-clés est ainsi présentée aux clients, en fonction de leurs habitudes de visionnage. La plateforme fonctionne donc selon des méthodes qui ressemblent plus à un procédé de fabrication chinois, avec des process complexes et multiples dont seul un fanatique appellerait le résultat final un algorithme. « Ils sont des caricatures » Que seraient les Big Data sans le raffinage et le nettoyage souvent complexes et manuels de données brutes ? Que serait Google Maps sans satellites, sans ses voitures ? Les algorithmes ne sont pas des dieux. « Ils sont des simplifications, des distorsions. Des caricatures. Ils prennent un système complexe du monde et le rendent abstrait via des processus qui captent une partie de la logique de ce système et jette le reste. Et se couplent à d’autres procédés, machines et matériaux qui réalisent les parties qui ne relèvent pas du calcul de leur travail. Malheureusement, les systèmes informatiques ne veulent pas admettre qu’ils sont burlesques. Ils veulent être innovants, perturbateurs, transformateurs… Et un tel zèle nécessite une cécité sectaire. »
Seuls les jeux admettent volontiers qu’ils sont des caricatures. Ils subissent les conséquences de cet aveu en étant déconsidérés par l’opinion publique. « SimCity » n’est pas un outil de planification urbaine, c’est une caricature.
Comme paralysés Oui, des algorithmes sont impliqués dans Netflix ou Google Maps. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Une version « théologisée » de la diversité utilisée comme processus. Oui, le calcul a pris une place considérable dans la culture contemporaine, mais le concept d’algorithme est devenu un raccourci bâclé. Cette vénération nous empêche d’intervenir dans les changements sociaux que des grandes entreprises comme Google ou Facebook mettent en place, estime Bogost. Voir leurs résultats comme étant au-delà de notre influence, comme étant prédéterminés et inévitables nous paralyse. Cela nous empêche de voir que les systèmes informatiques sont des abstractions, des caricatures, une perspective parmi d’autres. « Nous ne voulons pas d’une culture algorithmique, surtout si ce concept euphémise seulement une théocratie du calcul. » Et son nouveau clergé !

  Amid Faljaoui dans "Trends" Belgique du 27 janvier 2015 Article intitulé Taux d'intérêt: "trappe de liquidités" ou "piège à con" ?

" Eric Van Rompuy a remis Johan Van Overtveldt à sa place en lui disant que lorsqu'il s'exprimait au Parlement ou à l'extérieur de celui-ci, il le faisait en tant que ministre des Finances de la Belgique et non pas comme journaliste ou économiste ! Et c'est vrai que Johan Van Overtveldt est l'ancien rédacteur en chef du magazine Trends, version flamande, et qu'il est aussi docteur en économie. Alors pourquoi s'est-il fait taper sur les doigts ? Mais parce qu'il n'est visiblement pas d'accord avec les mesures prises, il y a quelques jours, par la Banque centrale européenne. Des mesures qui en faisant tourner la "planche à billets" risquent en réalité de faire mal aux épargnants belges. En clair, ce dont a peur notre nouveau ministre des Finances, c'est qu'avec les nouvelles mesures prises par la BCE, les taux d'intérêt vont rester bas, beaucoup trop bas et pendant trop longtemps. En d'autres mots, cela va rogner encore davantage l'épargne des Belges ! Alors, qu'il le pense est évidemment une chose, mais qu'il le dise publiquement en est une autre. Et c'est sur ce dernier point qu'il s'est fait tacler politiquement. Mais notre ministre des Finances se trompe-t-il dans son raisonnement ? D'un point de vue économique, pas nécessairement. C'est vrai que beaucoup d'experts se demandent à quoi vont servir ces mesures prises la semaine dernière par la Banque centrale européenne.
Pour les aspects positifs, c'est vrai qu'en maintenant les taux d'intérêt très bas, cela fait plonger mécaniquement l'euro, ce qui est très bon pour nos exportations et donne un ballon d'oxygène à nos entreprises. De plus, comme l'euro est faible, tous les produits importés seront un peu plus chers, donc nous allons importer de l'inflation, ce qui est nécessaire pour notre bonne vieille zone euro qui lutte avec la baisse des prix. L'épargnant de base est désormais victime d'une forme d'euthanasie programmée par nos dirigeants En revanche, le maintien des taux d'intérêt à quasi 0% est uniquement une aubaine pour les marchés boursiers, ce qui va encore renforcer les inégalités financières entre les citoyens. Pour ce qui est de l'épargnant de base, il est désormais victime d'une forme d'euthanasie programmée par nos dirigeants, car son livret, et tous les produits d'épargne à taux fixe, ne va bientôt plus rien rapporter. Il est même plus que probable que d'ici quelques semaines, la plupart des banques belges baisseront encore le rendement de leurs livrets d'épargne vers pratiquement 0% !
Quant aux assureurs, ils vont encore plus se tirer les cheveux: comment peuvent-ils donner à leurs clients un rendement quand les primes qu'ils encaissent et replacent eux-mêmes à un an ou dix ans donnent des rendements inférieurs à 0,6% ? Tout comme l'eau gèle à 0 degré, il semble donc que la vie économique s'arrête également lorsque les taux d'intérêt sont à 0%. Les économistes parlent de "trappe de liquidités" pour désigner cette situation et l'homme de la rue parle plus simplement de "piège à con". À vous de choisir votre expression.

 Mathilde Golla dans "Le Figaro" du 22 janvier 2015 Article intitulé : Logement,vêtements, baguettes... : comment les prix ont évolué en 30 ans
 
" Il faut travailler au moins 10 ans de plus qu'en 1984 pour s'offrir le même bien immobilier! Les prix de la baguette et plus globalement ceux de l'alimentation sont restés stables, selon une étude de l'UFC Que Choisir. Vous pensez que le prix de votre baguette s'est envolé sur les dernières décennies...en fait, en 1984 comme en 2014, il faut toujours 3 minutes de travail pour se l'offrir! Tous les prix des biens de la vie courante ne sont toutefois pas restés aussi stables. «Depuis 30 ans, la structure des dépenses de consommations a fortement évolué. On dépense nettement moins pour se nourrir, se vêtir ou se déplacer mais davantage pour communiquer, se loger ou se soigner. Nous dépensons également davantage en taxes, impôts, crédits et produits d'assurance», indique l'UFC dans une étude.
L'association a passé au crible les prix de nombreux produits, en prenant comme référence le salaire médian des Français. De fait, un billet de cent francs de 1984 vaut aujourd'hui 15,24 euros si l'on change simplement de devise. En intégrant l'inflation sur les 30 dernières années, le pouvoir d'achat d'un billet de 100 francs de 1984 serait de 27 euros aujourd'hui. Mais, pour faciliter les comparaisons et tenir compte de la hausse du niveau de vie, l'UFC a choisi le temps de travail nécessaire pour acheter un produit comme indice de référence. L'association de consommateurs a opté pour les salaires nets moyens, soit 45,20 francs (ou 6,89 euros) de l'heure en 1984 et 16,18 euros en 2014, ou 12.255 euros annuels en 1984 et 26.267 euros en 2014. Et sans surprise, sur cette période, les prix de l'immobilier ont flambé. Le logement reste ainsi le premier budget des familles englobant 28% des dépenses des Français. En 1984, 5 années et un mois de salaire étaient nécessaires pour se payer une maison en France mais 30 ans plus tard, il faut 9 ans et sept mois pour acquérir le même bien immobilier! Le coût d'un appartement de 76 mètres carrés à Paris a lui aussi littéralement flambé puisqu'il faut travailler plus de 10 ans de plus en 2014 qu'en 1984 pour s'offrir le même bien: 23 ans et demi en 2014 contre 13 ans et 3 mois en 1984. Une flambée des prix qui s'explique notamment par la hausse de la part des ménages propriétaires de leur logement qui est passée de 51% en 1984 à 58% à 2014. En outre, les logements sont aujourd'hui plus vastes qu'il y a 30 ans. Plus globalement, les coûts liés aux logements ont augmenté. Le temps de travail pour régler sa facture d'eau est deux fois plus important en 2014 qu'en 1984. Le prix de l'assurance habitation a également fortement crû: il est passé de 10 heures de travail en 1984 à 17 heures aujourd'hui. Parallèlement, de nouveaux postes de dépenses sont apparus comme celui des abonnements téléphoniques et internet, qui étaient quasiment inexistants en 1984. «Le poste de dépenses lié aux services a progressé fortement sur les 30 dernières années», indique Grégory Caret, directeur de l'Observatoire de la consommation de l'UFC Que Choisir. Plus globalement, le budget consacré aux loisirs a augmenté: il est passé de 7% en 1984 à 11% aujourd'hui.
À l'inverse, le budget alimentation s'inscrit en petite baisse sur le long terme. Ce poste de dépense reste le deuxième mais les Français ne lui consacre plus que 19%, contre 24% en 1984. Si la baguette est inchangée à 3 minutes de travail, les autres produits alimentaires sont plutôt en baisse, comme le litre d'huile d'arachide Lesieur qui demandait 18 minutes de travail et qui en vaut aujourd'hui l'équivalent de 14 minutes. En outre, «le poste de dépense lié à l'habillement s'est effondré. Une chute qui s'explique notamment par le développement des enseignes de vétements à bas coûts et la présence de la grande distribution dans de nombreux domaines», indique Grégory Caret. Ainsi, en 1984, il fallait travailler 2 heures pour se payer une paire de chaussure à bas prix et il ne faut plus qu'une heure pour se payer la même paire de chaussure aujourd'hui. Pour les mêmes raisons, les prix des biens d'équipement ont également baissé. Les prix d'un téléviseur, d'un ordinateur, d'un aspirateur, ou encore d'un réfrigérateur ont chuté. Les dépenses automobiles ont également diminué. «Le budget consacré à l'achat de véhicules a diminué car les Français changent moins souvent de voitures. En revanche, le coût des pièces automobiles est plus élevé tout comme celui dédié aux parking et à l'assurance», indique Grégory Caret. Ainsi, au total, les Français consacrent
«Nous ne devrions plus observer les baisses des prix spectaculaires de ces dernières décennies» UFC Que Choisir 11% de leur budget à l'automobile contre 13% en 1984. «Ces tendances observées depuis 30 ans devraient se poursuivre», indique l'UFC. De fait, les dépenses liées au logement, aux services, aux assurances ou aux multiples abonnements devraient rester élevées. Les prix des produits manufacturés ou dans l'alimentation devraient rester bas, mais «nous ne devrions plus observer les baisses des prix spectaculaires de ces dernières décennies», indique l'association de consommateurs.

 Dans "Trends-Tendances" Belgique du 19 janvier 2015 Article intitulé : En 2016, 1% de la population mondiale sera plus riche que les 99% restants

" L'an dernier, les adultes les plus riches possédaient en moyenne un patrimoine de 2,7 millions de dollars (2,3 millions d'euros) chacun. La part du patrimoine mondial détenue par les 1% les plus riches s'élevait à 48% l'an dernier. La grande majorité des 52% restant est aux mains des 20% les plus fortunés, tandis que les autres 80% de la population mondiale ne se partagent que 5,5% de ce patrimoine.
Aujourd'hui, 80 individus possèdent autant que 3,5 milliards d'autres, contre 85 il y a un an. Ce nombre ne cesse de diminuer, puisqu'ils étaient 388 en 2010, avance l'ONG. En d'autres termes, "le patrimoine des 80 personnes les plus riches du monde a doublé entre 2009 et 2014". Oxfam soulignait en octobre dernier que la fortune de la minorité la plus riche augmente chaque minute, et cela se poursuit. En 2014, la fortune cumulée des 80 êtres les plus fortunés représentait 1.900 milliards de dollars (1.600 milliards d'euros) contre 1.300 milliards (1.100 milliards d'euros) en 2014. "Voulons-nous vraiment vivre dans un monde où 1% possède plus que le reste d'entre nous?", s'interroge Winnie Byanyima, qui co-présidera l'édition 2015 de Davos, en Suisse, du 21 au 23 janvier. C'est pourquoi elle lancera un appel urgent à "enrayer la montée des inégalités", en commençant par prendre "des mesures énergiques contre l'évasion fiscale des multinationales". Ofxam appellera les Etats à adopter sept mesures pour lutter contre les inégalités, comme mettre un frein à l'évasion fiscale des entreprises et grandes fortunes, investir dans la gratuité des services publics, instaurer un salaire minimum pour les travailleurs et répartir de manière équitable le fardeau fiscal pour uniformiser les règles du jeu."

François Gilliéron* dans "Le Temps" du 19 janvier 2015 Article intitulé : «Charlie» riait aussi des experts financiers

"En reprenant les livres de Bernard Maris, l’économiste de «Charlie Hebdo», on découvre quelques perles qui, comme on pouvait s’en douter, ne manquent pas d’égratigner les détenteurs de vérité D’emblée, les titres donnent le ton: Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles comme Des Economistes au-dessus de tout soupçon ou la grande mascarade des prédictions.
On acceptera que certains passages aient vieilli, car ils datent d’il y a plus de 25 ans, ou qu’ils donnent dans le franco-français, mais la plupart des textes – incisifs et sans concession – n’ont pas pris une ride. Le spécialiste y est souvent désigné comme la bête noire, le bouc émissaire facile. Jugez plutôt: «L’expert n’a pas l’honnêteté ou le temps matériel de produire un discours logique. Il se contente d’assertions sur la confiance, les grands équilibres et l’âge du capitaine.» Epinglant plus souvent qu’à son tour ces soi-disant experts, Maris fait mouche sur la durée: dans un de ses livres, daté de 1999, il se dit épaté – le mot est de lui – par une phrase d’une proche de Bill Clinton à la suite de la débâcle de 1998, qui écrivait: «Une des leçons de la crise est que la confiance basée sur un système opaque peut conduire à de mauvaises décisions.» Aujourd’hui, ce passage lénifiant a de quoi faire réfléchir à double titre. D’abord parce que le système n’a pas été rendu plus transparent depuis lors et surtout parce que l’auteur de ces lignes a, entre-temps, accédé à la fonction suprême de la finance. Rien de moins. En effet, cette inconnue d’alors a pour nom… Janet Yellen, aujourd’hui présidente de la Fed, un des personnages les plus puissants du monde. Agrégé d’économie, formé à l’Université de Toulouse, spécialiste de l’histoire économique, Maris avouait son admiration pour Keynes et pour Marx. L’une de ses métaphores favorites du capitalisme se rapporte au naufrage du Titanic: «Ne vous inquiétez surtout pas, tout va bien se terminer, hurlait l’armateur qui venait de sauter dans un canot de sauvetage.» En peu de mots, tout est dit.
En compilant nombre de ses livres, j’ai même retrouvé des lignes, pardon une pique, qui nous étaient plus directement adressées. En 1990, il écrivait dans un chapitre intitulé «Un pauvre vient de naître» et consacré aux déboires du tiers-monde: «Il y a quelques années, Swissair ouvrit une ligne directe Abidjan-Genève pour permettre aux Ivoiriens d’exporter paisiblement leurs devises en évitant les tracasseries de la douane française.»
Au lendemain de la disparition de celui qui signait ses articles Oncle Bernard, une question demeure, plus ouverte que jamais: notre système économique supporte-t-il d’être mis en cause? – Officiellement, oui. Dans la pratique, nettement moins; il se défend alors avec ses armes spécifiques que sont l’ostracisme et l’amnésie. * Consultant indépendant"

  Jérôme Gygax dans "Bilan" Suisse du 14 janvier 2015 Article intitulé : Faut-il craindre l’effondrement du système bancaire mondial?
  
" Depuis la crise des subprimes en 2008 et le renflouement des larges banques par la Réserve fédérale (FED), rien ne permet d’affirmer que la situation économique mondiale a été assainie. Tout au contraire, un ensemble d’indicateurs laissent penser que le monde bancaire est au bord de l’abîme, « the edge of chaos» selon l’expression du spécialiste des systèmes Christopher Langton[1].
Certains se veulent rassurants, cependant que la chute des cours du brut fait craindre un choc pétrolier à l’envers qui mettrait en faillite une section importante du secteur énergétique, celle du « fracking » ainsi que les états américains dépendant de ses revenus[2]. D’autres, Steve Forbes et Elizabeth Ames en tête, mettent en garde contre l’effondrement du système économique mondial et suggèrent un retour au Gold Standard[3]. Y a-t-il des raisons de faire confiance aux uns plutôt qu’aux autres ? La bourse américaine n’a-t-elle pas connu une embellie en cette fin 2014 ?[4] Ceux qui crient au loup, comme Steve Forbes et les autres libertaires, ne sont-ils pas les acteurs d’un capitalisme géré par des trusts, pour le compte de corporations et multinationales dont ils sont les actionnaires ?
Au milieu du 14ème siècle, la République de Sienne avait sombré après que ses magistrats eussent renfloués leurs banques, précipitant la fin de l’expérience démocratique italienne. Au printemps 1933, ce sont les Etats européens, et non les banques, qui ont essuyé des pertes astronomiques causées par son élite financière. Par la suite, cette élite financière avait obtenu, par l’entremise des milieux politiques concernés, l’échec du Glass-Steagall Act (1933), limitant les possibilités de régulation[5]. Or, si les leçons des crises cycliques passées paraissent ne pas avoir été tirées[6], la perte de confiance en ce système pourrait avoir aujourd’hui des conséquences bien plus dramatiques[7]. Les Etats surendettés seront-ils encore les boucs-émissaires de la prochaine faillite financière ? Nul ne s’accorde sur les raisons et les moyens pour pallier à ces maux structurels chroniques.
En écho à 1933, aucun pilote ni aucune instance n’est aujourd’hui capable de conduire à l’adoption de régulations crédibles afin de juguler les « fonds spéculatifs » et le « financial engineering ». La promesse de voir les banques scinder leurs activités commerciales et d’investissement reste un mirage. Après avoir augmenté leur ligne de crédit de manière démesurée, les grandes banques ont accepté le rôle de prêteur de dernier ressort de la FED et ce, non seulement aux Etats-Unis, mais ailleurs dans le monde, y compris en Suisse[8].
Tout en accroissant la masse monétaire de façon disproportionnée, réduisant de cette façon le coût de leur dette abyssale, le trésor américain a renoncé à assainir un système fondé sur des vides et les lacunes juridiques (loopholes) qui favorisent l’évasion fiscale organisée[9]. Le contrepouvoir au cénacle politico-financier n’a pas vu le jour et la concentration du capital n’a jamais été si prononcée: après s’être repus des dépouilles de leurs concurrents, JP Morgan et Goldman Sachs, ainsi que leurs trois concurrents directs, gèrent aujourd’hui près de la moitié des actifs aux Etats-Unis, accumulant profits et bénéfices.
Les capitaux investis pour renflouer les banques depuis six ans n’ont pas permis la croissance de l’économie réelle, traduit par l’élévation de la production industrielle. Au contraire, cette masse monétaire a été détournée au profit d’actifs à fort rendement et haute volatilité, ainsi que vers les bluechips des entreprises dot.com de la Sillicon Valley qui génèrent des marges bénéficiaires grâce à des salariés qualifiés mais peu nombreux[10].
Ainsi l’indice de concentration de la capitalisation boursière indique que les cent premières sociétés boursières représentent plus de 60% du capital total sous gestion ; un autre indicateur est celui de la capitalisation différentielle qui est le ratio de la capitalisation boursière moyenne par société. Celui-ci révèle une tendance aussi marquée à la concentration des capitaux[11]. Avec deux effets : le premier concerne la baisse du taux de renouvellement, qui affecte la mise à disposition des capitaux là où ils sont requis et accroît l’écart entre le taux de productivité et les salaires réels[12]. Cette concentration accroît ainsi l’inégalité entre les plus hauts et plus bas revenus[13].
Un second facteur, conséquence de la désindustrialisation, est la décapitalisation de l’Occident. Les Etats-Unis n’ont de cesse de clamer une croissance supérieure à l’Europe et des résultats de chômage au-dessous de la barre des 6%. Selon de nombreux observateurs, ces chiffres ne reflètent en rien la situation réelle, ces statistiques sont biaisées et ne disent pas les conditions fragiles des fondamentaux de son économie. Ce que Phil Grant appelle « Deceptive Statistics »[14]. Outre l’absence quasi complète d’investissement dans les infrastructures, les Etats-Unis ont précarisé un large segment de ses travailleurs, de plus en plus désyndicalisés[15]. Une part importante de la classe moyenne s’est vue ainsi lentement paupérisée, incapable de payer loyer, crédits et emprunts. La dette des étudiants est estimée à $1 trillion de dollars, l’équivalent de ce que le Congrès vient de voter en rallonge budgétaire afin de permettre au gouvernement de fonctionner jusqu’à la fin du printemps 2015[16].
Le mythe d’une « ré-industrialisation » des Etats-Unis est entretenu, le temps de faire oublier la faillite des états et des villes manufacturières américaines qui, à bout de souffle, ne parviennent plus à payer leurs fonctionnaires[17].  
Le dernier rapport de l’Organisation mondiale du travail (OIT/ILO) confirme que la progression des salaires est en cours dans les pays émergents du G20, et non dans la zone euro-atlantique, conditions d’une récession durable[18]. Selon l’économiste Richard Wolff, ceci s’accompagne d’une fuite inévitable du capital hors des pays industrialisés bientôt criblés de déserts industriels comme Détroit ou Baltimore à l’horizon 2020[19]. L’écart de la balance des comptes courants entre la Chine et les Etats-Unis avoisinera les $1600 milliards en 2015, un écart qui n’était « que » de $600 milliards en 2009[20]. Ces chiffres indiquent sans équivoque où sont les capitaux et qui détient la puissance d’investissement.
Troisième facteur : l’inflation du capital à perte. La crise bancaire de 1932-1933 avait été précédée, tout comme elle l’a été entre 2009-2014, d’un recours artificiel à l’inflation par la Fed créant les conditions d’une bulle spéculative[21]. C’est vers le rôle de la Réserve fédérale U.S. qu’il faut se tourner pour comprendre comment, depuis septembre 2012, celle-ci a été autorisée à augmenter de près de 250% l’impression de dollars en pratiquant le « quantitative easing ». Or, la fin de cette opération, conjuguée à l’abandon de rachat d’actifs, présente le risque d’un tarissement, voire d’une mauvaise répartition des liquidités[22].
La stagnation conjointe de la production industrielle laisse planer le spectre d’une paralysie industrielle générale accompagnée d’un effondrement des prix, qui s’accompagnerait de licenciements massifs. Officiellement l’inflation est en recul mais les indicateurs ne tiennent compte ni des prix des denrées alimentaires, ni de l’énergie. Sans compter que l’indice IPC des prix associés aux dépenses de consommation ne tient lui-même pas compte de l’inflation dans les services et du logement. Bien que différent sur les deux rives de l’Atlantique, le niveau d’endettement peut-il être relevé éternellement ? Personne ne semble reconnaître qu’un nombre de plus en plus important d’Américains ne parvient plus à rembourser ses dettes. On estime qu’entre 2013 et 2017 ce sont $ 4 trillions de dettes supplémentaires qui devraient pourtant venir s’ajouter à celles existantes[23].
La baisse du prix du pétrole a pu agir temporairement sur la croissance de la consommation et le S&P 500, mais ce sursis pourrait n’être que très passager[24]. En Europe, encore plus qu’aux Etats-Unis, les carnets de commande sont aujourd’hui très en-dessous des attentes et rien ne garanti une relance de la croissance à moyen terme[25].  Les récentes crises et embargos contre la Russie auront des conséquences incalculables, et viennent perturber un peu plus le cours normal des échanges commerciaux.
Enfin, le service de la dette des principales puissances industrielles en plus d’affecter la balance des paiements, réduit d’autant le levier fiscal. Les Etats-Unis, avec un montant de $25 milliards mensuels versés pour les intérêts de sa dette et avec des taux d’intérêt au plancher, ont perdu toute marge de manoeuvre[26]. Les membres de l’Euro groupe sont, quant à eux, enlisés dans leurs politiques budgétaires divergentes et n’ont trouvé aucun compromis viable. Les prêts assurés à la Grèce par l’UE seront probablement insuffisants à relever l’économie grecque. L’Italie, l’Espagne et bientôt l’ensemble de la zone euro qui prendrait le même chemin donneraient le coup de grâce de la monnaie unique[27].
Deux incertitudes de tailles: l’instabilité engendrée par le bras-de-fer économique avec Moscou qui a conduit à une ruée sur les bonds du trésor américains évoque une guerre économique à demi-déclarée[28]. Les obligations du secteur énergétique, qui comptent pour 16% du marché américain, sont susceptibles d’essuyer les contrecoups d’une baisse prolongée des cours du pétrole. Le dilemme est posé : soit le cours monte et il tue la croissance, soit il baisse et il créé une vague de faillites pour les entreprises engagées dans l’exploration des gisements de gaz de schiste[29]. Ce dernier scénario équivaudrait à un « choc pétrolier à l’envers »[30].  Quelle que soit la direction prise, le résultat serait sensiblement le même.
Si les origines des maux présents plongent dans les cycles de crises antérieures, dont la plus retentissante fut celle qui conduisit le monde financier et le système capitaliste au bord de l’abîme en 1933, on peut légitimement questionner les interprétations données par ceux-là même qui, comme Warren Buffett ou Steve Forbes, attribuent tous ces troubles à une intervention jugée illégitime des Etats dans l’économie[31]. Sur le long terme les raisons de la « rupture» sont à rechercher dans la faillite du dogmatisme économique. Non seulement les leçons de la dernière crise de 2008 n’ont pas été tirées, mais les théories libre-échangistes qui en sont la cause n’ont pas été révisées, les apôtres du laissez-faire étant encore révérés en tous lieux: Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Ayn Rand, Alan Greenspan pour ne citer que les plus connus parmi ces « Libertaires » pour qui l’intervention humaine doit être exclue des marchés auto-régulés[32].
Une telle idéologie qui néglige les composantes sociale et humaine du marché, apparaît aujourd’hui, au travers des péripéties anciennes et plus récentes, aussi aberrante qu’erronée[33]. Les « mythes » entretenus par la même oligarchie financière, qui nourrit la peur d’une « destruction du dollars » participent à une mauvaise compréhension des maux actuels[34]. C’est bien d’avantage les agissements de ces mêmes oligarques, et la perte de confiance dans un système corrompu qui en serait la cause.  Le Prof. John K. Galbraith avait très tôt su expliquer combien le dogme libéral servait d’alibi à une société « qui abhorre l’existence du pouvoir, conteste sa possession mais honore ceux qui en usent. »[35]
Quant à ceux qui s’intéressent aux raisons profondes de la faillite actuelle, notamment celle de la théorie de la croissance illimitée, comme Kerryn Higgs, ils ont de la peine à se faire entendre[36]. On fera bien de relire les thèses de Domenico Losurdo et de s’interroger sur le mode de gestion du capital afin de comprendre comment il est devenu un test pour nos valeurs démocratiques et le fonctionnement du circus politique[37]. Le constat des Prof. Martin Gilens et Benjamin I. Pages est sans appel : les Etats-Unis ne sont plus selon eux une démocratie mais une oligarchie[38].
Aujourd’hui, une bonne partie des canaux de la finance passent par un réseau de trusts qui constituent une véritable économie parallèle. Les fuites de capitaux vers ces fonds privés non régulés pourraient être le défi du capitalisme en tant que système économique et politique au 21ème siècle. Aucune velléité de réforme de la fiscalité n’a été articulée par les autorités politiques des grandes démocraties, révélant le rôle joué par une oligarchie financière puissante et capable de défendre ses prérogatives et privilèges, fermant les yeux sur les conséquences induites : inégalités et violences sociales[39]. Comme le rappelle Nomi Prins : « By 2013, the major global banks were sitting on nearly $3.3 trillion of excess reserves, refusing to share their governement aid with the citizens of the world. »[40]
Depuis l’échec du Glass-Steagall Act de 1933, les milieux financiers ont réussi à sursoir la mise en application de lois de régulations et de supervisions au nom de la liberté du marché[41]. En décembre 2014, c’est le Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act 2010 qui a été sacrifié par le Congrès[42]. Faut-il s’étonner dans ce contexte d’apprendre que l’agence de notation Standard&Poor’s (S&P) soit placée sous le coup d’une enquête pour fraude par l’U.S. Securities and Exchange Commission (SEC)[43]. Ces mêmes agences de notation avaient fermé les yeux en pleine débâcle des subprimes, en attribuant des notes favorables d’achat (AAA) à des actifs toxiques, guidant des milliers d’actionnaires à leur perte[44]. Ce sont elles encore qui viennent de dégrader la note de l’Union européenne,  répondant autant à des impératifs politiques qu’économiques.
Un délai de treize années s’était écoulé entre les premiers signes et le cataclysme bancaire de 1933. Les carences structurelles n’ont jamais été traitées après que ce traumatisme eut été effacé de la mémoire collective. Ce sont pourtant les mêmes symptômes que l’on connaît aujourd’hui et à une échelle bien plus vaste. On aimerait donner tort à Robert A. Wiedemer, Martin Armstrong et autres cassandres qui annoncent un effondrement imminent du système financier[45]. Sans parler de ceux qui y voient l’avènement d’une nouvelle ère économique dominée par le Bitcoin[46]. Les optimistes, comme Robert Madsen du MIT ont beau continuer à prétendre que l’arsenal fiscal et monétaire à disposition suffira pour éviter à l’économie mondiale le sort du Japon qui, rappelons-le, était entré dans une décennie de récession dans les années 1990[47].
Pour l’heure il semble que se soient la conduite d’une poignée de milliardaires qui nous achemine au bord de l’abîme, eux qui s’empressent de quitter les premiers un édifice qu’ils ont contribué à mettre en flammes[48]. Cependant qu’un relèvement trop précoce des taux par la Fed en 2015 entrainerait un différentiel de taux préjudiciable aux efforts de relance européen et laisserait planer la possibilité d’un Krach obligataire[49].
Le spectre qui guette à l’horizon tient donc autant à des facteurs structurels anciens qu’à la fébrilité des marchés et à leur vulnérabilité face à un choc extérieur qui viendrait faire s’écrouler ce château de cartes[50]. Ainsi, une personne sautant d’un immeuble de dix étages peut croire qu’elle vole pendant neuf étages au moins (à condition bien sûr de ne pas regarder vers le sol), mais l’impact surviendra tôt ou tard. Le « conundrum » financier, avec ses coûts sociaux et humains exorbitants, a fini par nous rattraper alors qu’apparaissent de plus en plus distinctement les raisons de cette faillite, basée sur les intérêts et l’hubris d’une oligarchie et de son appareil idéologique forgeant ses propres instruments censés dire « sa vérité » : les statistiques, algorithmes et autres modèles mathématiques tenus pour infaillibles, à travers le monde du marché globalisé.
Mais l’humain ne répond à aucune de ces règles mathématiques. Isaac Newton avait pour habitude de dire qu’il savait calculer le mouvement des corps pesants mais ne pouvait prédire la folie des foules. Un ou deux tricheurs passeront inaperçus dans un groupe ; doublez ou triplez ce nombre et l’ensemble court à sa perte. Le rapport des forces économico-politique a eu raison de ceux qui souhaitaient rétablir des pratiques éthiques par la réintroduction d’une supervision d’experts indépendants[51].
Dans leur conclusion de 1933, M. Nadler et J. Bogen écrivaient : « The able, conservative banker represents one of the most valuable citizens any community can possess. Perhaps when public opinion honors him more for his ability and his conservatism rather than for his accumulation of and control over wealth, our banking leaders will show a more aggressive desire to contribute their time and efforts to general banking reform and effective central banking management, as well as to the safe conduct of their own individual institutions. »[52]. L’alternative pourrait être ce Big Bang financier que certains appellent de leurs vœux, marquant la fin du système actuel, son remplacement par une monnaie numérique, ouvrant une ère dans laquelle la « confiance » n’aurait plus court au sein de transactions boursières, gérées par des ordinateurs et sans intermédiaire, ni banquier[53]. La victoire finale du marché désincarné sur l’homme faillible et corruptible, une forme de totalitarisme technocratique.
 
[1] Cité par John Mauldin, « Central Banks, Complexity, and Economic Collapse » on http://www.forbes.com/sites/johnmauldin/2014/11/25/on-the-verge-of-chaos/
[2] En Louisiane, Texas, Dakota du Nord, Wyoming, Oklahoma. Voir Manny Fernandez et Jeremy Alford, « Some States See Budgets at Risk as Oil Price Falls » in New York Times, 26 décembre 2014, http://www.nytimes.com/2014/12/27/us/falling-oil-prices-have-ripple-effect-in-texas-louisiana-oklahoma.html?_r=0
[3] Steve Forbes, Forbes magazine, milliardaire et membre d’une vingtaine de conseils d’administration (CATO, Heritage,…), auteur avec Elizabeth Ames de : Money, how the destruction of the Dollar threatens the global economy, and what we can do about it, http://www.forbes.com/books/money-by-steve-forbes/
[4] http://www.nasdaq.com/article/closing-update-dow-ends-shortened-session-at-new-record-but-late-selling-drags-sp-500-to-small-loss-cm426809
[5] On relira Marcus Nadler et Jules I. Bogen, The Banking crisis, the end of an Epoch, New York, Dodd, Mead&Co, 1933.  L’abrogation du « Banking act » surviendra définitivement en 1999.
[6] Lire Steve Keen, « Hindsight on the origins of the global financial crisis ? » in Steve Kates, The Global Financial Crisis, What have we learnt ?, Edward Elgar, Northampton, Mass., 2011.
[7] Scénario du « Big Bang » de Bryan Kelly, véritable coup d’état financier avec le remplacement du dollar par le bitcoin. http://www.briankellycapital.com/bitcoin-big-bang/ 
[8] Leo Panitch and Sam Gindin, The Making of Global Capitalism, the political economy of American Empire, New York, Verso, 2013, p.323.
[9] Lester Henry, One Huge « Minsky Moment : lessons from the financial crisis » in Social and Economic Studies, Vol. 58, No.2, June 2009, pp.77-89
[10] Steve Keen, « Hindsight on the origins of the global financial crisis ? » in op. cit. pp.111-125. Il faut en outre tenir compte des « fonds spéculatifs » et autres « private equity » sociétés de capital d’investissement non-cotées en bourse et qui concentrent une part de plus en plus importante de capitaux et qui échappent encore largement aux réglementations fiscales des Etats.
[11] Voir l’analyse proposée par Jonathan Nitzan et Shimshon Bichler, Le capital comme pouvoir, une étude de l’ordre et du créordre, Paris, Max Milo, 2012.
[12] Selon Prakash Diwan, Head, institutional sales and strategy, Networth Stock Broking.
[13] Voir le rapport du Pew Research Center : « America’s wealth gap between middle-income and upper-income families is widest on record » 17 décembre 2014, http://www.pewresearch.org/fact-tank/2014/12/17/wealth-gap-upper-middle-income/
[14] Phil Grant, « Deceptive Statistics » in The Ellsworth American, 14 novembre 2014. http://www.ellsworthamerican.com/opinions/commentary/deceptive-statistics/
[15] Entre 1966 et 2011, le taux de syndicalisation est passé de 30% à 12%, un déclin unique au sein du groupe des pays les plus industrialisés.
[16] Selon le sociologue David Fasenfest, « The legacy of debt » sur http://crs.sagepub.com/content/40/5/651.full.pdf
[17] Après Détroit, ce sont les principaux état du centre et la Californie qui doivent recourir à la loi sur les faillites. Avec l’effondrement du cour du pétrole les effets se feront sentir sur une dizaine d’autres états, voir note supra no 2.
[18] ILO, « Global Wage Report 2014/2015 » on http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_324645/lang--en/index.htm
[19] http://www.rdwolff.com/content/richard-wolff-real-news-network-employment-upswing-not-here-stay
[20] Sources IMF, tiré de « Global Shift, how the west should respond to the rise of China », Transatlantic Academy, 2011.
[21] Marcus Nadler and Jules I. Bogen, op. cit., p.7
[22] En période d’instabilité, le marché obligataire est considéré comme un refuge, mais ce dernier ne présente pas une forte « liquidité ».
[23] Dimitri Papadimitriou, « The coming tsunami of debt and financial crisis in America », http://www.theguardian.com/money/2014/jun/15/us-economy-bubble-debt-financial-crisis-corporations
[24] La chute du pétrole de $107 à $54, avec 80ct de baisse du prix au gallon représente $100 milliards d’économies pour les ménages. Sachant que cette consommation représente 70% du PIB, cela représente /agit ? encore mieux que le quantitative easing en matière de relance.
[25] L’indice des directeurs d’achat (PMI) après un rebond en octobre ne semble pas répondre aux attentes, se stabilisant un peu au-dessus de 50 qui est la barre de la récession.
[26] La dette représente 110% du PIB. Ce chiffre a doublé ces quatre dernières années. Pour le détail de décembre 2014 voir : http://www.federalreserve.gov/releases/z1/current/coded/coded.pdf
[27] Dès janvier 2015, c’est la banque central européenne qui semble-t-il devra se lancer dans une opération de quantitative easing en achetant des bonds du trésor afin de fournir des liquidités et éviter une déflation catastrophique. http://www.theguardian.com/business/2014/dec/12/eurozone-deflation-looms-quantitative-easing-is-the-answer
[28] La Russie vend aujourd’hui ses dollars pour de l’or, portant ses réserves vers des sommets historiques. Cet or est utilisé pour assurer les transactions avec la Chine et les pays du BRICS, ce qui laisse cour aux prévisions les plus folles, y compris celui d’un « goldtrap » piège dans lequel serait tombé l’Occident qui voit ses réserves fondre. Voir Dimitri Kalinichenko, « Grandmaster Putin’s Golden Trap », Gold-Eagle, 23 novembre 2014, http://www.gold-eagle.com/article/grandmaster-putins-golden-trap
[29] L’annonce du renoncement au forage par fraction hydraulique par le gouverneur de l’Etat de New York donne un indice quand à la faible durée du rêve de l’indépendance énergétique américaine. D’ici peu on peut s’attendre à une prise de conscience des risques environnementaux induits par cette technique.
[30] « De la chute du pétrole pourrait jaillir le prochain krach, selon certains opérateurs » in Les Echos, 15.12.2014 sur http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/analyses-opinions/de-la-chute-du-petrole-pourrait-jaillir-le-prochain-krach-selon-certains-operateurs-1020118.php
[31] On relira Marcus Nadler and Jules I. Bogen, The Banking crisis, the end of an Epoch, New York, Dodd, Mead&Company, 1933. Voir les prédictions de Buffet sur: http://theeconomiccollapseblog.com/archives/tag/warren-buffett
[32] Pour une analyse historique de ces mouvements : Brian Doherty, Radicals for Capitalism, New York, Public Affairs, 2007.
[33] C’est précisément la réflexion de Samuel Michael Natale et Sebastian A. Sora, « Ethics in Strategic Thinking : Business Processes and the Global Market Collapse » in Journal of Business Ethics, Vol. 94, No.3, July 2010, pp.309-316
[34] Steve Forbes et Elizabeth Ames de : Money, how the destruction of the Dollar threatens the global economy, and what we can do about it, http://www.forbes.com/books/money-by-steve-forbes/ ; interview par Caleb O. Brown, CATO institute https://www.youtube.com/watch?v=Pw8zB7QzvT4  ; conférence à la Heritage Foundation (ajoutée le 11 décembre 2014) : https://www.youtube.com/watch?v=1Oh6PTQ8occ .
[35] Son ouvrage : American capitalism. The Concept of Countervailing Power, 1952
[36] Kerryn Higgs, Collision Course, Endless Growth on a Finite Planet, Boston, MIT Press, 2014.
[37] Domenico Losurdo, Liberalism : A counter-History, London, Verso, 2011 ; Dmitry Orlov, Reinventing Collapse The Soviet Experience and American Prospects, Gabriola Island, New Society Publishers, annonce que les Etats-Unis souffre des même maux que ceux qui mena l’URSS à sa chute.
[38] Martin Gilens and Benjamin I. Page, « Testing theories of American Politics : Elite, INterest Groups, and Average Citizens » in Perspectives on Politics, Vol. 12, Issue 3, Septembre 2014, pp.564-581.
[39] L’économiste de Princeton, David Bradford avait été l’un des partisans de cette réforme, malheureusement décédé en 2005 dans l’incendie de sa maison ; on regardera le récent ouvrage de Jean-Michel Naulot, Crise financière, pourquoi les gouvernements ne font rien, Paris, Seuil, 2013 qui parle de démythifier le monde de la finance.
[40] Nomi Prins, All the President’s bankers, the hidden alliances that drive american power, New York, Nation Books, 2014, p. 419
[41] Comme le soulignaient pourtant Marcus Nadler et Jules I. Bogen en 1933, le Glass Act « should constitute only the first step. It will not eradicate those basic structural weaknesses which explained in large measure the feebleness of the American banking system in meeting depression conditions. » in op. cit. p.189.
[42] http://www.usnews.com/news/articles/2014/12/10/budget-deal-may-not-be-an-early-xmas-present-for-wall-street
[43] https://ringoffireradio.com/2014/12/sp-caught-skewing-mortgage-ratings/ ; les cas de fraudes sur le marché des Securities a connu une recrudescence dans le dernier trimestre 2014.
[44] Paul Krugman, « Debt and chutzpah » in The Global Edition of the New York Times, 9 août 2011, p.7
[45] Robert A. Wiedemer, Aftershock : Protect Yourself and Profit in the Next Global Financial Meltdown, John Wiley&Sons, Hoboken N.J., 2014 ; Selwyn Duke, « Prediction : Economic Collapse, Civil Unrest in America by 2016 » in New American, 07.11.2014, http://www.thenewamerican.com/economy/commentary/item/19480-prediction-economic-collapse-civil-unrest-in-america-by-2016
[46] C’est le scénario de Brian Kelly, dont il était question dans l’introduction. Le Bitcoin a été reconnu par le U.S. Internal Revenue Service (IRS) cette année ; cette crypto-devise est sensée remplacer le banquier par un ordinateur.
[47] Robert Madsen, « Comparing Crises : Is the current Economic Collapse Like Japan’s in the 1990s ? » in Foreign Affairs, Vol. 88, No.3, May-June 2009, pp.159-166.
[48] « Billionaires Dumping Stocks, Economist knows why, Newsmax wires, on Moneynews, 27 décembre 2014.
[49] Les analystes s’accordent depuis une année au moins pour dire que cette relevée des taux est le seul moyen de donner lieu à une réelle reprise, cependant qu’il fait courir des risques majeurs de Krach obligataire, Voir en outre : http://criseusa.blog.lemonde.fr/2013/10/12/lendettement-national-des-usa-un-constat-dinsolvabilite-generale/ et Myret Zaki, « Face au risque de krach obligataire, le déni », Bilan, 4 février 2013.
[50] Personne n’a encore pu donner une explication quant à l’achat massif par la Belgique de Bons du trésor américain sur le premier trimestre 2014 qui fait de ce petit pays le troisième détenteur de la dette U.S.
[51] Voir les propositions du prix Nobel Joseph Stilgitz, « Henry Paulson’s Shell Game » in The Nation, 26 septembre 2008. http://www.thenation.com/article/henry-paulsons-shell-game
[52] in op. cit. p.188-189
[53] « Bitcoin set to take over the financial world : Book », CNBC, 01.12.2014, Revue du livre de Brian Kelly, note supra 47, http://www.cnbc.com/id/102227296#.
 Docteur en relations internationales de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID, Genève), Jérôme Gygax est historien, chercheur associé à la fondation Pierre du Bois pour l’histoire du temps présent. Ses travaux portent sur l’histoire des idées, les nouvelles formes de diplomatie, l’utilisation des médias dans la naissance du soft power. Il s’intéresse aux relations entre le secteur public et privé, au rôle des réseaux et leur impact dans la politique internationale.