Birmanie

BIRMANIE


Dans "Le Monde" du 26 juin 2015 Article intitulé : Echec pour Aung San Suu Kyi au Parlement birman

" Aung San Suu Kyi ne sera pas présidente de la République de l’« Union du Myanmar » après les élections générales prévues en fin d’année, et l’armée birmane continuera de jouir de son droit de veto au Parlement : même si 388 des 583 parlementaires birmans présents ont voté, jeudi 25 juin, en faveur de l’amendement de deux articles-clés de la Constitution, la majorité des trois quarts n’a pas été atteinte.
Les propositions d’amendements constitutionnels ont donc été rejetées, assurant la pérennité d’un statu quo législatif permettant aux militaires de bénéficier d’un pouvoir disproportionné dans les deux chambres du Parlement : 25 % des sièges leur sont automatiquement attribués. Tout passage d’un amendement ne peut donc se faire sans leur soutien.
Ironiquement, l’un des deux amendements en question portait précisément sur la clause du seuil obligatoire d’un vote à 75 % des voix, l’article 436, pour qu’un amendement constitutionnel puisse entrer en vigueur. Mais comme ce seuil plancher n’a pu être atteint, il a été rejeté. Quand à l’article 59 (F), qui empêche toute personne ayant épousé un étranger ou dont les enfants ne sont pas de nationalité birmane de se présenter à la présidence de la République, il n’a pu être amendé pour les mêmes raisons. Tout le monde sait qui est visé par cet article :...

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Bruno Philip dans "Le Monde" du 11 juin 2015 Article intitulé : Accueil de chef d’Etat pour Aung San Suu Kyi en Chine

" Le gouvernement chinois a déroulé le tapis rouge pour Aung San Suu Kyi, dont la première visite en Chine y est décrite comme « historique ». Invitée par le département international du Parti communiste chinois (PCC), comme c’est souvent le cas pour les personnalités politiques d’opposition, Aung San Suu Kyi, qui est parlementaire, n’en reste pas moins astreinte à une chorégraphie très contrôlée par le pays hôte : autant dire que s’exprimer devant des journalistes étrangers n’est pas prévu au programme.
Arrivée mercredi 10 juin à Pékin, Aung San Suu Kyi doit se rendre, d’ici à la fin de sa visite dimanche, à Shanghaï et dans le Yunnan, la province avec laquelle le Myanmar (nom officiel de la Birmanie) partage une longue frontière, et où les offensives, jugées aventureuses par Pékin, de l’armée birmane contre la guérilla Kokang, une minorité chinoise de Birmanie, irritent au plus haut point les autorités chinoises.
« Depuis l’indépendance de la Birmanie, la relation avec la Chine a toujours été essentielle pour nous », affirme Aung San Suu Kyi
En soi, la venue à Pékin de celle que l’on avait surnommée l’« icône » de la démocratie birmane n’est pas une surprise : son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a envoyé quatre délégations en 2013 en Chine à l’invitation du PCC. Mais un premier déplacement pressenti en décembre 2014 ne s’était pas concrétisé.
La visite en cours n’a toutefois été annoncée qu’au dernier moment, le 5 juin. Selon le site d’information chinois Duowei, basé à l’étranger et qui bénéficie de fuites en provenance...
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Dans "Boursorama" du 10 juin 2015 Article intitulé : Chine: première et délicate visite d'Aung San Suu Kyi

" L'opposante birmane et prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi a entamé mercredi une première et délicate visite en Chine, longtemps soutien actif de ses geôliers, mais désormais décidée à courtiser celle dont le parti est aux portes du pouvoir. Qualifiée d'"historique" par la presse officielle chinoise, la visite de l'icône du combat démocratique en Birmanie répond à une invitation du Parti communiste chinois (PCC), visiblement soucieux de ménager l'avenir des relations, passablement malmenées ces dernières années, avec son voisin du sud.
Au cours de cette longue visite --elle durera jusqu'à dimanche-- Aung San Suu Kyi devrait être reçue par le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang, a indiqué son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), dont une délégation l'accompagne. Vêtue d'un haut blanc et d'une écharpe rose, la "Dame de Rangoun", accompagnée de son assistante et de deux députés de la LND, a immédiatement quitté l'aéroport de Pékin, entourée d'une imposante sécurité, dans une limousine noire à destination du Diaoyutai, la résidence officielle réservée aux hôtes de marque du gouvernement chinois.
Aucun détail n'a été fourni du côté chinois sur cette visite, mais le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei, a déclaré mercredi en attendre "un renforcement de la confiance et de la compréhension mutuelle", ainsi qu'une "coopération concrète dans plusieurs domaines" entre les deux pays.
- 'Virage' et 'pragmatisme' -
C'est "un geste d'ouverture de la part de Pékin", a souligné le quotidien officiel Global Times, pour qui ce "virage stratégique" démontre "l'approche pragmatique de la diplomatie" chinoise. La LND est donnée grand gagnant aux législatives prévues fin 2015 et "Suu Kyi cherche à devenir candidate à la présidentielle", relève le journal proche du PCC, bien que la Constitution actuelle l'en empêche, car elle a été mariée à un étranger.
Par cette invitation, Pékin semble prendre d'ores et déjà ses distances d'avec le gouvernement du président Thein Sein et vouloir s'attirer les bonnes grâces d'une figure de premier plan en Birmanie et au niveau international, notent les analystes.
Suu Kyi, qui aura 70 ans le 19 juin, a passé quelque 20 années en résidence surveillée ou en prison sous la junte militaire, un régime qui a reçu le soutien politique et économique de Pékin jusqu'à son auto-dissolution en 2011.
L'invitation de Suu Kyi marque également la volonté chinoise de contrer l’offensive diplomatique américaine pour faire rentrer la Birmanie dans sa sphère. Lors de sa dernière visite dans le pays, en novembre 2014, le président américain Barack Obama avait ostensiblement consacré plus d'attention à l'opposante qu'au président Thein Sein.
Depuis 2011, "le gouvernement a rapidement perdu le contrôle sur la société", estimait un récent éditorial de la presse chinoise, et Pékin doit maintenant partager le marché birman avec les investisseurs occidentaux.
Plusieurs gros projets d'investissement chinois ont ainsi été "entravés par le gouvernement birman", a souligné mercredi un commentateur dans le Global Times.

- Une 'bonne amie de la Chine'? -
L'ancienne prisonnière politique pourrait plaider auprès des dirigeants chinois la cause du Nobel de la Paix 2010, l'écrivain dissident Liu Xiaobo, qui purge une peine de 11 ans de prison depuis 2009.
Cette "première" en Chine du Nobel 1991 intervient alors que cette fervente bouddhiste est questionnée sur la scène internationale --y compris par le Dalai Lama--- sur son silence dans la crise des migrants en Asie du sud-est, membres de la minorité musulmane persécutée des Rohingya de Birmanie pour beaucoup. Mais "Suu Kyi est tout à son combat pour essayer de gagner les élections. Vu l'enjeu, elle sera rigoureusement pragmatique et elle ne peut pas se permettre de céder à des sentiments indus", a estimé Nicholas Farrely, spécialiste de la Birmanie à l'Université nationale d'Australie. "Elle sait que la Chine jouera un rôle déterminant dans l'avenir de la Birmanie", a-t-il ajouté. "Elle deviendra une bonne amie de la Chine", pariait l'éditorial du Global Times, relevant son "attitude pragmatique" à l'égard des contentieux commerciaux bilatéraux.
Sa visite intervient par ailleurs après une série de tensions à la frontière entre les deux pays, dans la région de Kokang, où l'armée birmane combat des rebelles d'une ethnie chinoise. L'armée chinoise a organisé la semaine dernière des exercices de l'autre côté de la frontière."