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Romaric Godin dans "La Tribune " du 31 décembre 2015 Article intitulé : Les Suisses voteront pour ôter aux banques leur pouvoir de création monétaire

" La Banque nationale suisse aura-t-elle le monopole de la création monétaire dans la Confédération ? Il faudra voter.
Une initiative populaire visant à donner à la banque centrale suisse le monopole de la création monétaire a obtenu assez de signatures pour organiser une votation. Son adoption serait une révolution dans la Confédération.
Avec la crise qui a débuté en 2007, l'idée d'ôter aux banques le pouvoir de créer de la monnaie commence à faire son chemin, progressivement, dans l'opinion. L'an passé, un rapport parlementaire islandais a clairement proposé d'en finir avec ce pouvoir. Mais - et ce n'est pas le moindre des paradoxes - le débat pourrait s'accélérer à partir de la Suisse, pays connu pour son système bancaire démesuré.
Vers une votation
Jeudi 24 décembre, en effet, la chancellerie fédérale helvétique a enregistré officiellement l'initiative populaire « monnaie pleine » qui vise à donner à la Banque nationale suisse (BNS) le monopole absolu de la création monétaire. Cette initiative, lancée en juin 2014 par un groupe dirigé par un instituteur alémanique, Hansruedi Weber, a recueilli 111.824 signatures, soit davantage que les 100.000 nécessaires pour provoquer une votation, autrement dit un référendum.
C'est une étape importante pour cette initiative. Désormais, le conseil fédéral (gouvernement) et le parlement suisses vont devoir se prononcer sur le projet qui prévoit la modification de l'article 99 de la constitution helvétique. Puis, à une date qui reste à définir, le peuple suisse sera amené à se prononcer dans une votation. Pour être acceptée, cette initiative devra alors obtenir non seulement la majorité populaire au niveau fédéral, mais aussi dans au moins 12 des 23 cantons de la Confédération.
Les problèmes de la situation actuelle.
Le chemin est donc encore long. Mais une chose semble certaine : le débat aura bien lieu. Que propose concrètement cette initiative ? Pour ses promoteurs, la constitution helvétique est aujourd'hui inadaptée. Cette dernière reconnaît dans son article 99-1 à la « Confédération » seule le droit de battre monnaie et donne dans son article 99-2 à la BNS reconnue « indépendante », le droit de mener « une politique monétaire servant les intérêts généraux du pays. » Rien de plus.
Concrètement, ceci donne de fait à la BNS le monopole de l'émission des pièces et billets, les seules formes monétaires qu'elle maîtrise. Mais elle ne maîtrise pas l'essentiel de la monnaie créée qui, en Suisse, comme ailleurs, est de la monnaie « scripturale », faisant l'objet d'un jeu d'écriture et non d'échanges physiques. Cette monnaie est, pour l'essentiel, créée par les banques lors de l'attribution de crédits à l'économie physique ou à d'autres banques.
Pour les auteurs de l'initiative, cette situation pose deux problèmes. D'abord, en « privatisant » via les banques la création monétaire, l'Etat perd là un revenu. Ensuite, contrairement à ce que prévoit la constitution, la BNS ne maîtrise que difficilement la création monétaire. Certes, la politique de taux joue en théorie sur le prix du crédit et donc sa distribution, mais cette transmission est imparfaite, on le constate encore en zone euro. La capacité de création monétaire donnée aux banques encourage la formation de bulles spéculatives ou, au contraire, freine la production de crédit lorsque celle-ci serait nécessaire. La financiarisation de l'économie a été le corollaire de ce pouvoir monétaire des banques.
Transmettre à la BNS le pouvoir de création monétaire
Pour disposer d'une économie plus stable et mieux maîtrisée et d'une création monétaire plus centrée sur l'économie réelle, les auteurs de l'initiative proposent donc de préciser que la BNS « émet désormais seule » non seulement la monnaie physique, mais aussi la « monnaie scripturale. » Conséquence : les banques perdront leur capacité de créer de l'argent ex nihilo. Tout prêt accordé par une banque devra ainsi être couvert par de la monnaie de la banque centrale au bilan de l'établissement. Dès lors, la BNS maîtrisera entièrement la création monétaire.
Le rôle des pouvoirs publics
L'initiative prévoit trois modes de distribution de l'argent créé par la BNS. D'abord via un transfert de cet argent aux pouvoirs publics pour alimenter l'économie. Ce transfert ne se fera pas sous forme de prêt, mais de « don. » La BNS alimentera donc directement les caisses publiques de la Confédération et des Cantons à la hauteur qu'elle aura déterminée. Certains s'émeuvent de la perte d'indépendance de la BNS, mais Reinhold Harringer, le porte-parole du groupe à l'origine de ce projet contacté par La Tribune, estime qu'une « complète indépendance n'existe jamais. » Il compare cette indépendance à celle de la justice fédérale : ses tribunaux sont « sous la pression de l'opinion publique, mais ses décisions sont acceptées par tous. » La BNS aura un « mandat légal clair » et « pourra agir en toute indépendance », tout en devant « rendre des compte à l'opinion publique. » Concrètement, la BNS ne fournira pas tout l'argent dont aura besoin les budgets publics, elle alimentera ce budget à la hauteur qu'elle jugera juste. Quitte, du reste, à utiliser ceci comme un moyen de pression sur les autorités pour les contraindre à réduire leurs dépenses qui, par ailleurs, en Suisse, sont déjà encadrées par une « règle d'or. »
Un « QE pour le peuple » ?
Deuxième moyen de transmission de l'argent de la BNS : les ménages eux-mêmes. Le nouvel article 99-a-3 de la constitution fédérale proposée par l'initiative prévoit l'attribution directe d'argent de la BNS aux particuliers. L'initiative émet donc la possibilité d'un « QE pour les gens », idée qui circule actuellement en Europe. Mais il est possible d'imaginer que cet argent soit aussi celui d'un revenu de base qui est actuellement en discussion en Suisse, comme en Finlande.
L'importance du circuit bancaire demeure
Dernier mode d'alimentation de l'économie en argent de la banque centrale : les banques elles-mêmes. Mais cette fois, à la différence d'aujourd'hui, les banques ne pourront prêter que l'argent qu'elles auront auparavant emprunté à la BNS selon les moyens traditionnels déjà existant de refinancement. « Il est important de conserver cette possibilité », explique Reinhold Harringer pour qui c'est un moyen important d'une gestion « fine et adaptée » des besoins de l'économie. Avec cette proposition, la distinction entre l'argent de banque centrale et la masse monétaire disponible pour l'économie disparaît. La capacité des banques d'alimenter des bulles est alors réduite, car elle doit rembourser l'argent qu'elle prête. Or, en zone euro, par exemple, c'est un des problèmes de la BCE : son bilan enfle avec l'assouplissement quantitatif, mais le crédit aux entreprises reste en faible croissance.
Gestion plus efficace pour la croissance ?
Cette gestion directe de la masse monétaire par la banque centrale sera-t-elle alors plus « efficace » que le système actuel pour générer de la croissance ? Reinhold Harringer le croit. « La banque centrale dispose d'une vision globale de l'économie de meilleure qualité que chacune des banques qui agissent avec une vision commerciale propre », souligne-t-il. Il estime aussi que la banque centrale disposera également des moyens de mieux réagir aux évolutions conjoncturelles, que ce soit un risque de ralentissement ou de surchauffe. Mais le but de l'initiative est clairement de disposer d'une croissance de « meilleure qualité », plus centrée sur l'économie réelle et plus stable.
Changement de modèle pour la finance helvétique
Cette initiative dispose du soutien de plusieurs économistes, suisses et européens. Mais elle fait, on s'en doute, l'objet de vives critiques de la part du secteur bancaire helvétique, qui est, avec près de 12 % du PIB suisse, un des piliers de l'économie nationale. Mais Reinhold Harringer estime que l'initiative va permettre au secteur de revenir à une activité « plus traditionnelle et plus solide. » Il cite le cas de banques comme la banque postale suisse, qui, sans avoir la possibilité de créer de la monnaie, réalisent de bons bénéfices. Reste que, pour les géants bancaires comme Credit Suisse ou UBS, qui vivent sur les activités de marché, le coup pourrait être rude et ils pourraient ainsi décider de quitter le pays. Mais l'initiative semble viser un changement de système : mieux vaut des banques plus modestes, mais plus utiles, que des géants bancaires instables et qui font peser un risque continuel sur les comptes publics. Une vraie révolution, donc.
Le risque de la transition
Egalement critique, le think tank libéral Avenir Suisse, financé par les grandes sociétés du pays, prône plutôt une politique de « petits pas mesurés » dans la réforme de la finance plutôt que la révolution prônée par l'initiative « monnaie pleine. » Selon Avenir Suisse, ce système de « monnaie pleine » conduirait à un « état transitoire permanent » dangereux. Reinhold Harringer, lui, répond qu'une phase de transition est prévue. Le premier jour, les engagements vis-à-vis des clients des banques vont devenir des engagements vis-à-vis de la banque centrale et seront sortis du bilan des banques. Mais rien ne sera changé. Les remboursements des crédits contractés par les clients viendront alimenter les remboursements à la banque centrale. Le tout, affirme-t-il, pourra être corrigé en cas de besoin.
Une idée ancienne
L'initiative n'est, il est vrai, pas fondée sur du sable. Elle s'inscrit dans une longue histoire. C'est, dans les années 1930, l'économiste Irving Fisher, qui avait lancé la proposition dans le cadre du « plan de Chicago » proposé au président Franklin Delano Roosevelt. Ce dernier a rejeté cette proposition, mais elle a été reprise par plusieurs économistes, dont le monétariste Milton Friedman. Cette idée a cependant été progressivement oubliée sous le triomphe de la financiarisation de l'économie. C'est la crise de 2007-2008 qui la fait revivre avec notamment une étude de deux économistes du FMI, Jaromir Benes et Michael Kumhof, qui reprennent et valident les thèses d'Irving Fisher, voyant dans le retrait aux banques de la création monétaire, un moyen de dynamiser la croissance en réduisant les risques de crise.
L'Islande a ouvert le bal
L'idée a alors retrouvé des défenseurs. Fin mars 2015, un parlementaire islandais Frosti Sigurdjonsson a remis au premier ministre de l'île nordique un rapport très complet sur le sujet en recommandant d'ôter aux banques la capacité de création monétaire. Ce rapport n'a pas débouché sur une proposition concrète pour le moment, mais il a amplifié le débat autour de cette idée entre économistes. Plusieurs autres initiatives visent à renforcer le pouvoir des banques centrales vis-à-vis des banques commerciales. En Irlande, le parti conservateur Fianna Fàil propose ainsi dans son programme des élections de 2016 de donner à la banque centrale irlandaise le moyen de limiter la capacité des banques à émettre des emprunts immobiliers.
Révolution dans la finance ?
Une adoption par la Suisse de cette initiative serait indéniablement une révolution dans le monde de la finance et ses conséquences dépasseraient largement les frontières de la Confédération. Car la Suisse n'est pas la petite Islande, c'est un des centres financiers les plus importants de la mondialisation. Or, les rares sondages sur la question ont donné une large majorité au « oui » à l'initiative. Le plus récent, datant d'août, donnait 57 % pour l'initiative, mais il doit être pris avec beaucoup de précaution, car il n'a pas été réalisé par un institut de sondage reconnu. Reinhold Harringer estime que les sondages montrent, au moins, que les citoyens helvétiques rejettent majoritairement le système actuel et se dit donc « confiant. »
Rien ne dit cependant que cela débouchera sur une majorité pour l'initiative. Le secteur bancaire va sans doute peser de tout son poids dans la campagne, emportant une partie des partis de droite, traditionnellement favorables à ce secteur. D'autant que, dans le cas qui nous occupe, il faudra aussi obtenir une majorité dans la moitié des cantons (et il existe en Suisse six demi-cantons comptant pour une demie voix). Mais les votations helvétique ont des résultats parfois surprenants.
Au-delà des divisions traditionnelles
Une chose est certaine : le sujet dépasse les divisions politiques traditionnelles. Les porteurs de ce projet sont plutôt des conservateurs et des libéraux alémaniques, inspirés par les idées monétaristes de stabilité. Mais l'idée de réduire l'influence des banques et de placer la BNS face à sa responsabilité économique en termes de croissance peut séduire plus d'un électeur de gauche, plus nombreux en Suisse romande. Si les partis politiques suisses n'ont pas encore pris position dans ce débat, il n'est pas certain que leurs consignes de vote soient ici réellement suivies. La Suisse pourrait donc donner le ton à un changement notable dans la finance internationale.

Dans "Bilan" du 30 novembre 2015 Article intitulé : Le salaire médian a atteint 6189 francs en 2014

" Les salaires nominaux ont augmenté en Suisse de 1,2% en moyenne entre 2012 et 2014, selon une enquête de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Ce taux apparaît bien plus modeste que lors de la période précédente de 2010 à 2012, où ils avaient progressé de 3,2%.
Les 10% des salariés les moins bien rémunérés ont gagné moins de 4178 francs par mois, alors que les 10% les mieux payés gagnent plus que 10'935 francs, a indiqué lundi l'OFS devant la presse à Berne. Les écarts salariaux entre les hauts et les bas salaires ont diminué par ailleurs.
Le salaire médian, calculé l'an dernier pour l'ensemble de l'économie privée, s'est situé à 6189 francs bruts par mois pour un emploi à plein temps. Le montant signifie qu'une moitié des salariés a gagné davantage et que l'autre a gagné moins que les 6189 francs mentionnés.

Le paysage salarial présente des différences importantes selon les branches économiques. Les niveaux de rémunération sont clairement supérieurs au salaire médian dans les activités à forte valeur ajoutée telles que les assurances (8769 francs), la recherche et le développement (9004 francs), les services financiers (9549 francs) ou encore l'industrie pharmaceutique (9694 francs).
Au bas de l'échelle des salaires, on trouve notamment l'industrie alimentaire (5303 francs), le commerce de détail (4761 francs), l'hébergement et la restauration (4333 francs) et les services personnels (3910 francs), selon l'OFS.
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Dans "Bilan" Suisse du 9 novembre 2015  Article intitulé : L'automatisation menace 48% des emplois suisses

" Près de la moitié des emplois en Suisse seront remplacés par des machines d'ici vingt ans. Telle est la conclusion d'une étude du cabinet de conseil Deloitte pour le compte de l'émission "Eco" de la télévision alémanique SRF.
A en croire cette étude, 48% des postes de travail actuels vont être automatisés dans vingt ans. L'industrie figure évidemment en première ligne, mais des emplois dans le secteur des services et de l'administration seront aussi de plus en plus concernés.
L'étude de Deloitte cite les emplois dont les tâches sont les plus répétitives et uniformisées. Cela concerne des métiers comme celui de téléphoniste ou caissier, mais aussi des postes plus qualifiés comme celui de conseiller fiscal, opticien ou agent immobilier.
Pour effectuer son étude, Deloitte s'est basé sur les calculs des économistes américains Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne, qui ont évalué la part automatisable de chaque métier. Plus celle-ci est élevée et plus le travail est susceptible d'être effectué par une machine.
Deloitte a néanmoins précisé qu'il y avait eu davantage de postes créés que détruits au cours des 25 dernières années, les avantages de l'automatisation (gains de productivité, prix plus bas, salaires plus élevés) ayant permis d'engendrer de nouveaux emplois.
Deloitte ne sait pas si ce processus de remplacement des emplois va se poursuivre à l'avenir. Selon le cabinet de conseil, la donne est différente aujourd'hui: quasiment tous les secteurs sont touchés par l'automatisation et les changements technologiques s'effectuent à un rythme bien plus élevé qu'auparavant.

Blandine La Cain dans "Le Figaro" du 19 octobre 2015 : En Suisse, la crise des réfugiés offre un score record aux populistes

" Le provoquant UDC, parti de la droite nationale suisse, a misé sur la peur des citoyens face aux afflux de migrants en Europe pour mener sa campagne jusqu'à une victoire attendue. Son score historique, le plus haut jamais atteint par un parti, lui permet de confirmer sa première place aux législatives, comme lors des précédents scrutins.

Une «démonstration de force», titre Le Temps. «Un dimanche qui fait pencher la balance à droite», résume La Tribune de Genève. «Le raz-de-marée de l'UDC brouille les cartes», estime La Liberté. À l'image de ces trois quotidiens suisses, la quasi-totalité de la presse helvétique souligne, lundi, la victoire sans appel du parti populiste UDC aux législatives. Attendue, elle n'en est pas moins marquante. Avec 29,4% dans un scrutin proportionnel, le parti anti-immigration et anti-Union européenne signe son meilleur score et atteint un niveau jamais vu pour un parti en Suisse.

L'enjeu du scrutin de dimanche n'était pas tant la question du vainqueur, mais l'étendue de sa victoire. L'Union démocratique du centre, déjà premier parti au Conseil national (l'équivalent suisse de l'Assemblée nationale) depuis 2003, a conforté sa place en tête. La formation obtient 65 sièges sur 200 et signe son recors historique en score et en élus: en 2007, le parti avait totalisé 28,9 % des voix et 62 sièges. Un décalage entre le résultat et le nombre de sièges attribué existe en raison du système permettant de rayer des noms sur les listes et des alliances locales.

Dans ce virage à droite, le Parti socialiste, deuxième formation du pays, perd 3 sièges avec 43 élus et l'autre parti de droite, le Parti des libéraux radicaux (PLR) obtient 3 élus de plus avec 33 représentants. Le résultat coûte surtout cher aux écologistes. Les deux principales formations perdent 9 sièges au total.

Une campagne sur le thème des réfugiés

Contrairement à ce que laisse penser son nom, l'UDC (en allemand SVP pour Parti du peuple suisse) constitue le parti le plus à droite de ceux au pouvoir en Suisse, dont certains mots d'ordre sont proches de ceux de l'extrême-droite française. Avec, en premier lieu, un discours très ferme à l'égard des migrants. Une posture décisive dans ce scrutin selon beaucoup de commentateurs suisses, sur fond de crise des réfugiés en Europe.

Le parti, dont le slogan était «Rester libres», a profité d'une inquiétude forte des Suisses sur le sujet des réfugiés. Il constitue la «première priorité» pour la moitié d'entre eux (48%) selon un sondage de l'institut gfs.bern.

L'UDC a également misé sur des figures nouvelles et une campagne utilisant dérision et sketches, comme le rappelle Le Temps. La méthode lui a valu des critiques de ses concurrents mais semble avoir permis d'attirer une majorité des électeurs, dont plus d'un sur deux ne se sont pas déplacés (48% d'abstention, un taux similaire à celui de 2011). La campagne a été particulièrement critiquée pour sa morosité et le peu d'enthousiasme qu'elle a suscité au sein des citoyens suisses. Habitué aux visuels provoquants, le parti a une nouvelle fois été critiqué après la diffusion d'une caricature de djihadiste portant un brassard européen, avec en fond le drapeau étoilé de l'UE, qui s'apprête à décapiter une jeune blonde bâillonnée vêtue d'un drapeau suisse. La scène s'accompagne du slogan: «Gardez la tête sur les épaules, votez pour la liste UDC». Au fil des campagnes, l'UDC a fait de ce genre de mots d'ordre provoquants une marque de fabrique. Le parti est à l'origine du référendum organisé en 2009 contre la construction de minarets, qui avait entraîné des remous bien au-delà de la Suisse et notamment en France. Les affiches diffusées à l'époque par le parti avaient été dénoncées et avaient même donné lieu à une action en justice, avant d'être copiées l'année suivante par le FN en France. Plus récemment, en février, 2014, la formation populiste a surpris avec le succès de son référendum contre «l'immigration de masse», pour imposer des quotas aux ressortissants de l'UE de plus en plus nombreux à venir travailler en Suisse. Là encore, des affiches présentant des pieds envahissant le drapeau suisse ou un requin avalant la carte du pays avaient entouré la campagne.

Le gouvernement suisse (Conseil fédéral) est composé de sept membres élus par l'Assemblée fédérale (chambre haute et chambre basse parlementaires). Dans un but de représentation proportionnelle, une règle tacite fixe l'attribution de ces postes à quatre partis, qui obtenaient chacun deux postes à l'exception de l'UDC. Ce dernier n'est pas majoritaire dans la chambre haute. En 2003, cette tradition a été modifiée pour attribuer deux postes au parti populiste, avant que l'effectif revienne à un seul ministre en 2009. À l'issue du scrutin de dimanche, l'UDC en a demandé un supplémentaire. Le nouveau gouvernement sera élu le 9 décembre par le parlement.

En France, Marine Le Pen a salué cette victoire. «Partout en Europe les peuples disent non à la submersion migratoire», a affirmé la présidente du Front national."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 24 août 2015 : Des milliers de personnes "politiquement exposées" ont des comptes en Suisse

" Des milliers de personnes "politiquement exposées", appelées des "PEP's" dans le jargon bancaire, ont des comptes ouverts auprès de banques suisses, a estimé lundi à Berne l'ambassadeur Valentin Zellweger, du ministère suisse des Affaires étrangères. Les PEP's sont soit des chefs d'État ou de très hauts fonctionnaires, et certains d'entre eux ont profité de leurs fonctions pour détourner de l'argent public et le placer sur des comptes offshore, notamment en Suisse.
Lors d'une rencontre avec la presse étrangère, M. Zellweger a estimé que les banques ont "sûrement" une liste de ces clients, et que les autorités estiment leur nombre à "plusieurs milliers, plutôt que plusieurs centaines".
La Suisse a régulièrement maille à partir avec ces PEP's lorsqu'un scandale de corruption éclate ou que leur gouvernement est subitement renversé et que leurs fonds sont bloqués. D'ici la fin de l'année, la Suisse aura finalisé une loi sur le traitement des fonds bloqués, "un résumé de la pratique" en cours depuis 1987, avec le blocage des fonds du leader philippin Ferdinand Marcos.
La Suisse a rendu plus de 1,8 milliard de dollars bloqués sur ces comptes à leurs pays d'origine, ce qui "est plus que n'importe quel autre centre financier au monde", selon les autorités. Ainsi, en 2003, la Suisse a rendu 684 millions de dollars aux Philippines.
"Nos relations bilatérales avec ce pays se sont considérablement améliorées à partir de ce moment-là" a estimé l'ambassadeur Zellweger. De même en 2005, 700 millions de dollars bloqués sur des comptes de l'ancien directeur nigérian Sani Abacha, ont été rendus à Lagos.
En 2014, la Suisse a aussi accepté de rendre 5,7 millions de dollars des fonds Duvalier à Haïti, mais attend de recevoir un projet concret pour leur utilisation.

Myret Zaki dans "Bilan" Suisse du 2 juillet 2015 Article intitulé : L’Europe, de gré ou de force ?

" A nos compatriotes helvétiques, nous posons ici la question des options réalistes - je dis bien réalistes - qui se présentent à la Suisse, dans ses relations futures avec l’UE. A la question «de gré ou de force?» les pro-européens répondront: «L’Europe de gré oui, mais sûrement pas de force!
Car l’Europe est une expérience inédite de libre adhésion et ceux qui l’ont rejointe l’ont choisie librement.» A l’opposé, les anti-européens diront: «De gré ou de force? Vous plaisantez! Ni l’un ni l’autre.
Si le peuple votait sur l’Europe, la réponse serait un non cinglant.»  
Et puis, il y a la réalité. Celle de l’engrenage européen. Celle des nécessités suisses. Celle que l’on ne peut évacuer d’un revers de la main. Celle de notre intégration inexorable dans cet ensemble. De gré ou de force. La Suisse a rendez-vous, dans ce numéro de Bilan, avec la fatalité de l’Europe. Avec la vision lucide des négociateurs suisses qui se rendent régulièrement à Bruxelles.
Plus eurocompatible que certains membres
Leur constat est sans appel: à ce jour, si l’on prend l’ensemble des dossiers, la Suisse est même plus intégrée dans l’UE que certains pays membres, qui ont formellement adopté le droit communautaire, mais qui sont moins avancés que nous dans la mise en œuvre. Certes, nous ne reprenons pas le droit communautaire, mais notre degré d’équivalence, soit de compatibilité du droit suisse avec les différentes normes et directives, fait de nous des champions de la transposition du droit européen. Sur des accords comme Schengen et Dublin, la Suisse reprend le droit européen de manière automatique, sans l’appeler ainsi.
Il existe une telle interdépendance entre l’économie suisse et celles de l’UE, que nous n’avons pas le choix. La coopération a été, et restera, affaire de survie.
La Suisse politique est, quant à elle, lucide et pragmatique. Mais elle est bien seule. Pour respecter la votation du 9 février sans sacrifier la libre circulation, le texte sur l’immigration sera élimé à coup d’initiatives parlementaires. Le compromis sera tel, que l’esprit d’origine s’y sera perdu. Les intérêts avec l’UE sont en train de primer. Il ne faut juste pas le dire trop fort.
Alors, quand on observe l’écart entre cet état de fait et l’idéologie dominante en Suisse, celle d’un îlot indépendant et préservé, on réalise le décalage qui se creuse, et le «déni d’Europe» qu’on cultive. Pour la classe politique suisse, c’est le grand écart. Elle sait que l’impasse n’est pas une option, ni la rupture. Les bilatérales I et II devront être sauvées et adaptées; les discussions devront s’intensifier. Et toute nouvelle percée se fera au prix d’une reprise toujours plus grande du droit européen. Une convergence à marche forcée.
Dans La dynamique de l’Occident (1939), Norbert Elias démontre que les Etats-nations se sont toujours redéfinis, dès le Moyen-Age, à des échelles sans cesse plus larges. L’histoire de la France, c’est cinq siècles de luttes entre seigneurs, le vainqueur absorbant le territoire du vaincu. La centralisation du pouvoir et la rationalisation des tâches se sont étendues sur un territoire toujours plus vaste, jusqu’à l’imposition de la langue française à 43 régions linguistiques différentes.
La centralisation européenne résulte de l’interdépendance entre les unités. Comme celle qui lie les destins de la Suisse et de l’Europe. Elias écrit que «l’heure d’un pouvoir central fort approche […] quand les entités se répartissent si également qu’il ne peut y avoir ni alliances, ni combats, ni victoire décisive». Nous y sommes. Tout le monde se tient. Même la Grèce tient l’Europe: sans elle, impossible de préserver l’idée même d’Europe.

  Matthieu Hoffstetter dans "Bilan" Suisse du 3 juin 2015 Article intitulé : L'UE salue la Suisse comme le pays le plus innovant d'Europe

" La Commission européenne vient de publier son classement de l'innovation en Europe, et la Suisse se retrouve une nouvelle fois saluée comme étant le pays le plus en pointe dans ce domaine. Au sein de l'Union européenne, il y a l'Allemagne et la Scandinavie loin devant, puis les îles britanniques, le Benelux, la France, l'Autriche et la Slovénie, enfin la masse des autres pays d'Europe méditerranéenne et centrale, et en queue de peloton Bulgarie, Roumanie et Lettonie. Mais un pays fait encore mieux que tous les membres de l'Union européenne: la Suisse. Dans son enquête annuelle Innovation Union Scoreboard, la Commission européenne place notre pays au sommet.
Alors que la Suède arrive en tête pour les pays membres de l'UE, la Suisse la surclasse, ainsi que tous les autres états, dans six des huit domaines définis par les auteurs de l'index. Le système de recherche, qualifié d'ouvert, d'un excellent niveau et attractif, ainsi que les liens formation/monde du travail et l'entrepreneuriat sont deux des secteurs où notre pays performe le plus. Les revenus tirés des licences et brevets sont aussi les plus élevés sur le continent. A contrario, les faiblesses de la Suisse se situent au niveau des coopérations entre PME, moins importantes que la moyenne européenne (9,4% contre 10,3% de moyenne UE), le design communautaire (0,93 contre 1,13 de moyenne UE) et les exportations de services nécessitant un haut niveau de qualification (25% contre 49,5% de moyenne UE). Une baisse inquiétante apparaît également dans le domaine des investissements de type venture capitalism.
Cependant, la Suisse reste en tête au niveau général. Elle accentue même son avance sur les autres pays du continent. La baisse de la performance dans l'innovation, constatée entre 2009 et 2012 est révolue: depuis deux ans, notre pays sur-performe à nouveau, s'approchant de ses performances d'avant la crise économique.
Ce faisant, notre pays se classe dans la catégorie des Innovation Leaders, qui comprend également, outre la Suède, le Danemark, la Finlande et l'Allemagne. Ces dernières années ont vu des situations contrastées à travers l'Europe: 13 des 28 pays ont vu leur performance dans ce domaine reculer tandis qu'elle a augmenté dans 15 autres. Mais au niveau global, la performance européenne en matière d'innovation est restée stable, n'augmentant que d'1% entre 2007 et 2014."

Valère Gogniat dans "Le Temps" Suisse du 3 juin 2015 Article intitulé : Les traders saluent une approche «pragmatique et prudente»
      
" Le lobby des négociants en matières premières salue la mise en place de la Loi sur les infrastructures des marchés financiers. Mais dans les faits, cette mesure ne va rien changer dans la vie des traders
   Le but de l’article 116a, débattu mardi au Conseil des Etats, est de surveiller les plateformes de négoce pour éviter que des traders ne puissent mettre la main sur de larges quantités d’une même matière première. Et en manipulent le prix. A l’image des frères américains Bunk qui, à la fin des années 1970, avaient réussi à acheter presque un tiers des réserves mondiales d’argent pour en faire bondir le cours. Mais si de très nombreux traders en matières premières sont installés en Suisse, ce n’est pas le cas des plateformes de négoces, plutôt basées à Singapour, Londres ou Chicago. Dès lors, pourquoi mettre cet outil en place? «La Suisse se dote d’un instrument qui peut être activé si nécessaire», commente Stéphane Graber. Le secrétaire général du lobby des négociants en matières premières salue une approche jugée «pragmatique et prudente». Car cette anticipation du cadre réglementaire international devrait éviter que la Suisse ne se retrouve en situation d’urgence. Par exemple si Bruxelles ou Washington venaient à exiger que la Suisse s’adapte aux règles internationales. Ou si des plateformes de négoces étrangères développent des activités particulières en Suisse. Mais dans les faits, cette mesure ne va rien changer dans la vie des traders. «Ils doivent déjà respecter les réglementations américaines et européennes. A ce stade, il s’agit d’un outil dissuasif», conclut Stéphane Graber."

Willy Boder dans "Le Temps" Suisse du 3 juin 2015 Article intitulé : Berne prévient les ennuis dans le négoce des matières premières

" Mieux vaut prévenir que guérir. Comme l’a rappelé le conseiller aux Etats vaudois Luc Recordon, mardi à Berne, il a fallu des années au monde politique suisse pour admettre qu’il fallait vivre avec les nouvelles réglementations financières internationales et renoncer au secret bancaire et fiscal.
La leçon de la perte de réputation de la place financière suisse subie ces dernières années, avant la course-poursuite, sur pression européenne et américaine, de mise à niveau réglementaire, a manifestement été comprise. La proposition d’anticipation de l’évolution du droit international faite par le Conseil fédéral en cours d’examen de la loi sur l’infrastructure des marchés financiers (LIMF) a passé la rampe mardi à Berne. La majorité du Conseil des Etats, par 32 voix contre 11, a donné le pouvoir au gouvernement de légiférer par voie d’ordonnance sur le marché des dérivés sur matières premières. Le gouvernement pourra, si le Conseil national, qui a déjà approuvé la LIMF en première lecture, accepte cette divergence, fixer des limites de position. La taille maximum de la position nette pourra être réglementée sur la base du volume engagé. Le Conseil fédéral veillera à ce que les prix opérés sur le marché des dérivés sur matières premières, agricoles et d’extraction notamment, soient convergents avec ceux du marché physique au comptant.
 En acceptant cet article 116 a – le seul point vraiment débattu dans le cadre de l’acceptation de la LIMF –, le Conseil des Etats ne limite pas le droit à une couverture commerciale normale des risques directement liés au commerce physique. Cette décision intervient alors que les jeunes socialistes (JUSO) ont fait aboutir, en mars 2014, une initiative populaire en faveur de la lutte contre la spéculation sur les matières premières agricoles et les denrées alimentaires. «Vous avez décidé de ne pas rédiger de contre-projet direct à cette initiative et vous en créez un indirect ici», a protesté Karin Keller-Sutter (PLR/SG), qui accepte également mal que cet article 116a n’ait pas été soumis à une procédure ordinaire de consultation. La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf a promis, le cas échéant, d’ouvrir une brève consultation si le Conseil fédéral est appelé à légiférer par voie d’ordonnance à ce sujet. Elle a fait comprendre aux parlementaires qu’il y a nécessité de légiférer par anticipation. «L’Union européenne (UE) prévoit une entrée en vigueur en 2017 des règles sur le commerce dérivé des matières premières. Or en Suisse, et ce n’est pas une critique, la mise en place de lois prend beaucoup de temps.» Luc Recordon (Verts/VD) applaudit: «Pour une fois que la Suisse n’est pas à la remorque en matière de réglementation financière et peut avoir un peu d’avance sur les places boursières concurrentes, il faut saisir l’occasion». Karin Keller-Sutter ne comprend pas cette démarche: «Il n’y a aucune raison de légiférer en urgence. De toute manière, ce commerce de dérivés n’a pas de place boursière en Suisse et il est impossible de déplacer ces affaires du jour au lendemain».
Eveline Widmer-Schlumpf a rappelé l’importance de la convergence de la réglementation suisse avec celle de l’UE, notamment pour ne pas entraver l’ouverture du marché des services des pays voisins. La LIMF a été approuvée mardi par le Conseil des Etats par 41 voix sans opposition. Elle instaure un contrôle du marché des dérivés et empêche les opérations non transparentes et réalisées hors des marchés boursiers ou des plateformes financières agréées. Le régime d’autorisation et de surveillance dépendra de la BNS et de l’Autorité de contrôle des marchés financiers (Finma).
«Je vous rappelle que chaque seconde, des millions de francs peuvent être échangés, souvent automatiquement, sur le marché des dérivés et menacer le système financier dans son ensemble. Ce commerce doit être réglementé», a souligné Anita Fetz (PS/BS). Le dossier retourne au Conseil national pour l’élimination des divergences entre les deux Conseils.    

  Simone Wapler dans "Economie matin" du 2 juin 2015 Article intitulé : La Banque nationale suisse se moque des Suisses

" La Banque nationale suisse prétend oeuvrer pour l'économie suisse mais achète des obligations étrangères douteuses, des actions américaines et affiche des pertes historiques en ce premier trimestre 2015. Encore une preuve de l'ineptie des "politiques monétaires".
Les keynésiens ne supportent pas la démocratie en matière d'économie. Taux d'intérêt, parités monétaires ne sauraient être déterminés par la rencontre de multiples acheteurs et vendeurs, la loi de l'offre et de la demande, sur un marché libre et ouvert. Monnaie et change sont l'apanage d'une banque centrale pilotée par des technocrates omniscients qui ont pour mission d'œuvrer pour le bien du peuple. Le peuple, lui, est bien trop borné, limité, mal éduqué pour avoir quelque discernement dans des domaines aussi importants. Ces derniers sont l'apanage de Wall Street, de Harvard ou des énarques, de l'élite de Davos.
Les keynésiens sont d'ardents défenseurs de la monnaie faible. Il fut un temps où la Suisse faisait partie des rares pays qui n'étaient pas administrés par des keynésiens ; il était alors écrit dans la constitution helvétique que la Banque nationale suisse se devait d'avoir 40% de ses réserves monétaires en or. Les Suisses ont donc énormément pâti durant des décennies d'avoir une monnaie forte.
En 1958, lorsque le nouveau franc fut promulgué en France, il fut décidé qu'il serait à parité avec le franc suisse : 1 CHF= 1 FF. La France keynésienne et dirigiste pratiqua la politique de la monnaie faible, politique consistant à brader le travail de ses concitoyens. En effet, selon les keynésiens, si un pays baisse la valeur de sa monnaie, il vend mieux ses exportations. Au contraire, la Suisse ne faisait pas grand'chose et le franc suisse se renchérissait face au franc français. Les deux francs dérivèrent donc. Pour fixer les idées, lorsque le franc français fut dissout dans l'euro, un franc suisse achetait 4,5 francs français (1 CHF = 4,5 FF).
Puisque leur monnaie était forte, les entrepreneurs suisses et leurs salariés devaient réaliser des gains de productivité pour vendre leurs produits à l'étranger. La production de richesse par habitant a été multiplié par trois en France comme en Suisse mais avec une petite différence : la France fait partie des pays développés dont la dette publique par habitant est l'une des plus importante au monde et le taux de chômage le plus fort. Inversement, la Suisse fait partie des pays développés les moins endettés et où le chômage est le plus faible. Le franc fort n'empêche pas Novartis, Nestlé, etc. de vendre et des entreprises comme Swatch furent les pionnières du low cost fabriqué dans un pays à monnaie forte.
Les Helvètes se mettent au keynésianisme

Puis la Suisse s'est convertie à la religion keynésienne. Elle a intégré le FMI en 1992 ce qui l'a contrainte à renoncer à avoir 40% de ses réserves monétaires en or. Ses banquiers centraux ont estimé qu'il était bon que le franc suisse s'accroche à l'euro contre vents et marées. La BNS a donc acheté beaucoup d'obligations d'Etat françaises pour soutenir l'euro et empêcher le franc suisse de monter. Nous, Français, avons ainsi pu continuer à vivre à crédit à bon compte, grâce aux Suisses.
Soudain, en début d'année 2015, la BNS a décidé de décrocher le franc de l'euro et le franc s'est envolé face à la monnaie unique. Avec plus d'un trimestre de recul, que constatons-nous ? L'économie réelle suisse poursuit son petit bonhomme de chemin, comme avant. La BNS, de son côté, a acheté beaucoup d'actions de multinationales américaines en créant autant de francs suisses : 497 millions de francs suisses dans Apple, 200 millions dans Google, 200 millions dans Exxon Mobil, par exemple. Elle a aussi acheté des obligations américaines ce qui a contribué à affaiblir l'euro face au dollar. Sur le premier trimestre 2015, la BNS affiche une perte de 29,3 milliards de francs suisses, la plus forte de son histoire. La blogosphère avertie (Zerohedge, le blog de Lilian Held-Khawam, le blog à Lupus) s'interroge : quel jeu joue la Banque nationale suisse ?
La BNS est une société anonyme régie par une loi spéciale qui stipule que :
- elle approvisionne en liquidités le marché monétaire en francs suisses ;
- elle assure l'approvisionnement en numéraire ;
- elle facilite et assure le bon fonctionnement de systèmes de paiement sans numéraire ;
- elle gère les réserves monétaires ;
- elle contribue à la stabilité du système financier.
Ses actionnaires sont les cantons (à 52%) et les banques cantonales, ses éventuels profits sont reversés aux cantons (pour les deux tiers) et à la Confédération (pour un tiers).
En pratique, la BNS, comme toutes les autres banques centrales, essaye de faire tenir debout un système financier mondial corrompu, ivre de surendettement finançant de la surconsommation, un système reposant sur le mensonge et confondant richesse réelle et création de crédit et qui profite exclusivement à l'establishment politico-financier.
Margaret Thatcher a dit en son temps, "le problème avec le socialisme, c'est qu'on arrive très vite à court d'argent des autres". Mais le keynésianisme n'a pas ce problème : lorsqu'il n'y a plus d'argent, il le fabrique. Tant que personne ne découvre la supercherie, tout va bien. Lorsqu'elle est découverte, les contribuables paient. Ainsi, la BNS fait le bonheur de Wall Street, pas des Suisses."

  Servan Peca dans "Le Temps" Suisse du 22 avril 2015 Article intitulé : L’immobilier baisse dans toute la Suisse romande

" Dans la région lémanique, où les prix de l’immobilier avaient grimpé de 53% en dix ans, le prix des villas a déjà reculé de 4,5% l’an dernier. En 2015, il devrait encore s’affaisser de 3%, selon Wüest & Partner. (Keystone) Appartement, villas, PPE. Au sortir d’une décennie de hausse continue, les prix vacillent sous l’effet d’une hausse de l’offre, observe le cabinet d’analyse Wüest & Partner. La région lémanique corrige les excès C’est désormais une certitude: «Le boom des quinze dernières années n’est plus d’actualité.» Dans la dernière édition de son «Monitoring Immobilier», présenté mardi soir, Wüest & Partner est on ne peut plus catégorique. Le marché suisse du logement est en phase de stabilisation. Et le terme choisi par le bureau d’analyse immobilière ne concerne que la moyenne nationale. Car en Suisse romande, les prix baissent déjà clairement. Et cette tendance va se poursuivre cette année.
Dans la région lémanique, le prix des villas a déjà reculé de 4,5% l’an dernier. En 2015, il devrait encore s’affaisser de 3%, selon Wüest & Partner. Dans les autres cantons romands, les reculs s’établiront entre – 0,5% et – 1,5%. Partout ailleurs en Suisse, des hausses sont encore attendues. Seul Zurich fait exception (– 0,3%). Pourquoi ces différences, de chaque côté de la Sarine? Rien à voir avec la langue, la correction touche «les régions qui ont connu la plus forte dynamique, ces dernières années», répond Hervé Froidevaux, associé de Wüest & Partner. Premier visé, le bord du Léman et ses +53% en dix ans. Là, les prix sont trop élevés pour que les ménages puissent suivre le rythme. L’effet de frein sur la demande est d’autant plus manifeste que les conditions d’octroi de crédits se sont passablement durcies, depuis 2012. Les acheteurs doivent trouver la moitié des fonds propres ailleurs que dans leur 2e pilier. Soit 100 000 francs, pour un logement à 1 million. En plus, la vitesse exigée de remboursement des emprunts s’est désormais accélérée. En bref, ils sont de moins en moins nombreux à entrer dans le cadre des conditions imposées par les banques. Le retournement de tendance concerne donc aussi les propriétés par étages (PPE). Elles qui, en une décennie, ont augmenté de 44% au niveau national, de 46% en Suisse romande et de 60% dans la région lémanique. Cette euphorie est bel et bien finie, insiste Wüest & Partner. Une conséquence logique de l’explosion de l’offre. Dans les régions dites périphériques, le nombre d’appartements à la vente a triplé, depuis 2004 (voir graphique).
Mais parce que les prix sont tout de même plus abordables que ceux d’une villa, la demande est un peu plus solide dans ce segment. Ceux qui n’ont plus les moyens d’acheter dans les centres se reportent sur un appartement locatif. Et/ou se dirigent vers des régions où les prix correspondent encore à leur budget. «Les prix des appartements, dans les villes de taille moyenne se maintiennent, alors que l’offre continue d’augmenter», confirme Hervé Froidevaux. C’est notamment le cas à Neuchâtel, à Sion ou à Fribourg. Par contre, d’autres communes périphériques sont plus exposées à une déconvenue. Notamment celles qui ne disposent pas d’infrastructures de transports suffisamment développées. Une partie de la Broye, du Chablais ou de la Gruyère se trouve parmi ces régions qui pourraient finir par véritablement souffrir d’avoir trop construit. En Valais par exemple, les PPE devraient perdre un petit pour cent de valeur, cette année. En moyenne suisse, une légère hausse de 0,2% est attendue cette année pour les appartements. Dans la région lémanique, le tableau est plus homogène, le verdict sans équivoque. Une évolution négative de – 2% des prix des PPE est prévue en 2015. A Genève, de – 3,3%. «La forte liquidité du marché fait pression sur les prix», expose le bureau d’analyse. A tel point que «de plus en plus d’investisseurs sont tentés de transformer leurs PPE en immeubles avec des logements locatifs».
Dans la location, pourtant, les perspectives sont à peine meilleures pour les propriétaires d’immeubles. «Une part croissante de nouveaux logements présente un loyer trop élevé par rapport à la disposition des locataires à payer», écrit Wüest & Partner. Un constat qui concerne moins les grands centres que les régions qui les entourent. «Dans les agglomérations, la durée d’insertion a déjà augmenté. Elle est de presque 40 jours, contre 30 jours en moyenne suisse», observent les analystes de la société immobilière.
Au final, cette année, les nouveaux locataires devraient payer des loyers légèrement inférieurs à ceux de 2014. Partout en Suisse romande.

 Isabelle Couet dans "Les Echos" du 8 avril 2015 Article intitulé : La Suisse, premier pays à emprunter à 10 ans à taux négatif

" La Suisse a émis des obligations à 10 ans au taux de -0,05 %. Une première. Les taux négatifs gagnent du terrain sous l’impulsion des banques centrales.
Jamais un Etat n’avait emprunté à si long terme à un taux aussi bas : la Suisse vient d’entrer dans l’histoire en émettant de la dette à 10 ans au taux négatif de -0,05 %.
Les craintes de déflation prolongée augmentent alors que l’indice des prix helvétique a connu sa plus forte chute en trois ans au mois de mars. Le bond du franc suisse, après la décision surprise de la Banque nationale suisse de mettre fin à l’arrimage à l’euro , a fait baisser les coûts des importations en provenance de la zone euro, principal partenaire commercial du pays. Malgré le taux d’inflation négatif, le président de la banque centrale, Thomas Jordan, a indiqué qu’il n’assouplirait pas davantage la politique monétaire. Le taux de dépôt est de -0,75 %.
Taux négatifs dans la zone euro
La Suisse ne restera pas forcément le seul pays à emprunter à des taux si bas sur 10 ans. Peu à peu, sous l’impulsion de la politique de rachats de dette publique de la Banque centrale européenne (BCE), les rendements des obligations de la zone euro chutent. Celui des obligations à 10 ans de l’Allemagne est de 0,16% seulement, celui de la France de 0,44%. L’Etat allemand emprunte à taux négatif jusqu’à 7 ans (inclus), l’Hexagone jusqu’à 4 ans. L’encours de dette publique affichant des taux inférieurs à 0% dans la zone euro atteint déjà environ 2500 milliards d’euros. En achetant des obligations d’Etat, la BCE fait monter leur prix, ce qui mécaniquement diminue leur rendement. Une aubaine pour les gouvernements, qui se financent à des conditions inédites. Les entreprises capables de se financer sur les marchés en profitent aussi : les conditions d’emprunt n’ont jamais été aussi favorables pour elles dans la zone euro.
L’ère des taux bas et négatifs , partie pour durer, fait aussi des victimes. Les perdants sont les investisseurs de long terme, obligés d’acheter des titres qui n’offrent pas de rendement mais sont considérés comme sûrs. L’assurance-vie et les fonds de pension, sont sous pression. Notamment lorsqu’ils offrent un taux garanti, comme en Allemagne, où plusieurs assureurs ont un engagement de rendement de 3%. Les institutionnels français sont aussi gênés par les effets de la politique de la BCE .
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0204286902933-la-suisse-premier-pays-a-emprunter-a-10-ans-a-taux-negatif-1109375.php?omOjcJJZYFqRfKSc.99

  Dans "La Tribune" du 21 mars 2015 Article intitulé : La Suisse et le Luxembourg également intéressés par l'AIIB, les Etats-Unis enragent

" Après Rome, Paris, Berlin et Londres, c'est deux autres pays européens qui pourraient rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB). Les Etats-Unis sont réticents à cette institution qu'ils considèrent comme une concurrente de la Banque Mondiale et de la Banque asiatique de développement... La Suisse et le Luxembourg veulent rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) initiée par Pékin, a indiqué samedi dans un communiqué le ministère des Finances chinois, après le ralliement de plusieurs autres pays européens. Emboîtant le pas au Royaume-Uni, Paris, Berlin et Rome ont annoncé de concert mardi leur intention de devenir "des membres fondateurs potentiels" de l'AIIB, dont l'objectif sera de financer des travaux d'infrastructures en Asie.
Un anti-Bretton Woods
Le projet, dévoilé en octobre par la Chine, se heurte aux réticences des Etats-Unis qui redoutent la concurrence portée à la Banque mondiale -- une des deux institutions de Bretton Woods (avec le FMI) basée à Washington -- ainsi qu'à la Banque asiatique de développement (BAD), dominée par les Etats-Unis et le Japon. Les Américains craignent également que les standards de gouvernance soient insuffisants en matière sociale ou écologique. Selon le ministère chinois des Finances, la Suisse deviendra officiellement un membre fondateur de l'AIIB si cette candidature est approuvée par les autres membres, ce qui pourrait intervenir d'ici la fin du mois. Pékin a précisé ans un communiqué séparé que le Luxembourg avait également manifesté sa volonté de rejoindre la nouvelle institution bancaire asiatique.
Un budget de 50 milliards de dollars
Le ministre des Finances chinois Lou Jiwei a relevé vendredi que l'AIIB comptait 27 membres fondateurs potentiels, selon l'agence officielle de presse Xinhua. La date limite pour présenter sa candidature est fixée au 31 mars et la banque devrait être mise en place d'ici la fin de l'année avec un capital initial de 50 milliards de dollars. En visite vendredi à Pékin, Angel Gurria, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), s'est voulu conciliant. "Le fait que certains pays européens s'associent désormais à ce projet me convainc encore davantage que (l'AIIB) sera dirigée de façon très professionnelle et transparente", avait-il déclaré, lors d'une conférence de presse."

  Myret Zaki dans "Bilan" Suisse du 20 mars 2015 Article intitulé : Pourquoi tant de pauvres
       

" Monnaie forte, délocalisations, automatisation, pression actionnariale, optimisation fiscale: tels sont les cinq ingrédients de la pauvreté en Suisse, s’il faut les nommer. Alors que près de 10% de la population romande vit sous le seuil de pauvreté, ces cinq facteurs sont riches d’enseignement. Le premier, le franc fort, qui ne date pas de l’abandon du taux plancher, entraîne une perte de compétitivité qui force les entreprises à se recentrer sur la production à très haute valeur ajoutée et à délaisser l’emploi industriel peu qualifié.
Le deuxième, les délocalisations, est lié au premier, mais aussi à la libre circulation et à la globalisation. Les délocalisations, elles aussi, réduisent les places de travail disponibles en Suisse pour les salariés moins qualifiés, emplois qui sont les premiers à migrer.
Le troisième, l’automatisation, est une tendance encore plus lourde, couplée à la digitalisation d’innombrables secteurs d’activité. La technologie est sans doute le facteur le plus profondément transformateur de l’économie aujourd’hui, et elle gagne très vite du terrain, laissant beaucoup de mains sur le carreau.
Le quatrième, la pression actionnariale, me semble un facteur explicatif essentiel dans ce débat: tout ce qui pousse aux deux facteurs précédents est l’exigence de rentabilité qu’ont les entreprises, surtout les plus grandes, sous la pression de leur actionnariat
boursier.
Témoin de cette tendance, l’essentiel des bénéfices des entreprises mondiales ces dernières années a servi au rachat de leurs propres actions (afin de les faire monter encore en bourse) plutôt qu’à l’investissement dans l’emploi ou dans l’appareil productif. Cette exigence est reconnaissable à son lexique omniprésent qui va de «l’efficience» à la «rationalisation» en passant par la «productivité», la « performance» et la «compétitivité».
Avec les standards élevés de profitabilité qu’imposent les multinationales dans nombre d’industries, et jusqu’aux petits sous-traitants et fournisseurs, les contingents de travailleurs moins «performants» sont soit sous-payés, soit au chômage, soit sortis des statistiques de la population active.
La Suisse n’est d’ailleurs qu’un cas très modéré à cet égard, par rapport à des pays comme les Etats-Unis. Là-bas, si l’on prend par exemple les statistiques de créations d’emplois de février, qui s’élevaient à 295 000, on voit que l’essentiel de ces postes n’ont pas été pris par des chômeurs, mais par des personnes travaillant déjà, qui ont dû cumuler un deuxième, voire un troisième emploi. La prévalence d’emplois partiels sous-payés témoigne de la mauvaise qualité de ces nouveaux jobs, venus embellir les statistiques, mais sans teneur réelle.
Ces indices de paupérisation n’ont pour l’heure pas la même ampleur en Suisse. Mais il s’agit de s’en préoccuper. D’autant que ces quatre facteurs trouvent moins leurs causes en Suisse qu’à l’international. Il ne s’agit pas de sécheresses ou d’épidémies locales ou de régions économiquement sinistrées, mais de tendances internationales contre lesquelles il est difficile de lutter.
C’est encore plus vrai pour le cinquième facteurla minimisation fiscale des plus grandes fortunes et entreprises, qui délocalisent le domicile de leurs avoirs. Cela rejette le fardeau fiscal sur les classes moyennes, paupérisées par cette contrainte, qui ne fera que s’accentuer à mesure que des Etats ruinés augmentent leurs aides sociales. Ces mêmes Etats devraient réfléchir à ce qui les a ruinés, initialement: les mêmes cinq facteurs qui ont ruiné leurs récipiendaires.

Dans "Bilan" Suisse du 16 mars 2015 Article intitulé : La Suisse signera jeudi l'accord sur l'échange automatique d'infos

" Conflit fiscal L'accord entre la Suisse et l'Union européenne (UE) sur l'échange automatique d'informations en matière fiscale sera paraphé jeudi. Cet accord signe officiellement la fin des négociations.
Une porte-parole du commissaire européen Pierre Moscovici a confirmé l'annonce et la date lundi à Bruxelles. Avant une signature définitive, l'accord devra être approuvé par chacun des 28 membres de l'UE et par le parlement suisse.
Au départ, la Suisse voulait négocier avec la Commission européenne un élargissement de l'accord en vigueur sur la fiscalité de l'épargne. Elle rechignait à faire le pas vers l'échange automatique d'informations, alors que l'UE pressait dans ce sens.
Rattrapée par les développements au niveau international, Berne a fini par accepter l'introduction d'un standard global d'échange automatique d'informations. Le Conseil fédéral avait avalisé un mandat de négociation en ce sens en octobre dernier."

  Dans "Bilan" Suisse du 5 mars 2015 Article intitulé : Taux d'intéret négatif: des cantons gagnent de l'argent en s'endettant

" Par AWP Au moins sept cantons, dont Genève, ont conclu des prêts avec des taux d'intérêt négatifs auprès de banques étrangères. "Nous nous procurons l'argent là où il est le plus avantageux", a expliqué le porte-parole de la direction des finances zurichoises.
Politique monétaire
Gagner de l'argent en s'endettant, c'est désormais possible. En raison de l'intérêt négatif de la Banque nationale suisse (BNS), des banques étrangères proposent de payer aux cantons des intérêts, lorsqu'ils font des emprunts à court terme. Au moins sept cantons (GE, AG, BE, GR, BS, BL, OW) se sont laissés séduire par ces prêts à des taux d'intérêt négatifs, a révélé une enquête de l'ats. Parmi ceux qui ont accepté de divulguer les taux reçus, Genève a obtenu l'offre la plus intéressante. Le canton du bout du lac a conclu depuis décembre plusieurs emprunts à court terme, a indiqué Henri Roth, porte-parole du département des finances, sans préciser les montants. Avantage de la transaction: plutôt que de payer des intérêts, Genève en recevra à hauteur de 1,25%. De son côté le canton d'Argovie a fait un emprunt de 50 millions de francs d'une durée supérieure à trois mois auprès d'une banque étrangère à un taux de -0,9%. Une information de la "SonntagsZeitung", confirmée par Roland Hofer, porte-parole du Département des finances et des ressources du canton.
Berne a également emprunté plus de 100 millions de francs à un taux de -0,5%. Et Obwald a eu recours à un prêt de plus de 20 millions. Les Grisons et les deux Bâle n'ont pas communiqué les montants de leurs emprunts à taux négatifs.

LE CHOIX DE LA MEILLEURE OFFRE
Le canton d'Obwald a toutefois précisé qu'il n'avait pas emprunté pour gagner de l'argent. Les prêts à court terme sont toujours très demandés et le canton choisit simplement les meilleures offres, a-t-il insisté.
"Nous nous procurons l'argent là où il est le plus avantageux", a expliqué Roger Keller, porte-parole de la direction des finances du canton de Zurich. Selon lui, que les prêts soient faits par des banques étrangères ou nationales, est un aspect secondaire.
PAS D'EMPRUNT POUR VAUD
Pour sa part, le canton de Vaud n'en a pas fait usage, car cela ne concerne que les emprunts à court terme et pour l'instant, le canton n'a pas eu d'opportunité pour ce genre d'emprunt, a expliqué Olivier Dessimoz, porte-parole du Département cantonal des finances. Toutefois, ceux à long terme se concluent actuellement à des taux d'intérêt proches de zéro. Pour preuve, le dernier d'un montant de 200 millions de francs a été réalisé à fin 2014 à un taux d'environ 0,5%, a précisé le porte-parole.
D'autres cantons relèvent avoir suffisamment d'argent liquide à disposition sans avoir besoin d'emprunter à court terme. Saint-Gall remarque aussi qu'une fois en possession de l'argent, le canton doit l'entreposer quelque part, et il est donc alors sujet à ce même intérêt négatif. L'offre perd ainsi de son charme.
Zoug, Soleure, Lucerne n'ont pas non plus utilisé cette possibilité. Quant au canton du Tessin, il n'a pas souhaité donner d'indications.
CONDITIONS RESTRICTIVES
La BNS a introduit le 22 janvier le taux d'intérêt négatif pour contrebalancer le franc fort. Ce taux avoisine les -0,75%. Mais pour les banques étrangères cela peut coûter encore plus cher, car la BNS n'accorde aux banques sises à l'étranger un compte de virement que selon certaines conditions très restrictives.
Les banques étrangères qui ne possèdent pas de tels comptes auprès de la BNS ne peuvent alors entreposer de l'argent qu'indirectement en passant par une tierce banque. Et elles sont donc susceptibles de passer d'autant plus à la caisse. Prêter avec un taux négatif à des créanciers sûrs, comme les cantons, devient alors séduisant. De son côté la BNS n'a pas souhaité commenter la démarche des banques étrangères."

Bruno Patusi* et Pascal Grange** dans "Le Temps" Suisse du 3 mars 2015 Article intitulé : Les banques doivent fortement augmenter la part des honoraires
 
" La spirale de la baisse des recettes et des marges doit cesser. Parmi tous les actifs actuellement sous gestion, seule une petite partie est détenue sous forme de mandats discrétionnaires ou de conseil en placement Le conseil en investissement est confronté à de nouveaux défis. L’incertitude s’est accrue. Les marchés sont plus volatils, les taux d’intérêt très bas et les tensions géopolitiques très fortes. Les banques doivent trouver de nouvelles idées pour regagner la confiance des clients. Le secteur est confronté à un vrai changement de paradigme – et le conseil en investissement ne fait pas exception. Pour comprendre la nouvelle réalité, il faut comprendre les clients. Beaucoup préfèrent garder leurs liquidités sur leurs comptes bancaires. Depuis la crise financière, en moyenne 20 à 25% des actifs ont été détenus en actifs liquides – soit trois fois plus qu’avant la crise. La situation est également caractérisée par la chute brutale des volumes de transactions d’actions, de produits structurés et de placements alternatifs, auxquels s’ajoute un accroissement de la demande d’ETF. Les investisseurs se tournent vers des produits à bas coût, liquides et à gestion passive, comme s’ils n’avaient plus confiance en la capacité des banques à faire mieux que les marchés. La technologie et la numérisation accélèrent également le changement. Les clients s’attendent maintenant à une expérience de conseil complètement différente, quel que soit le canal utilisé. Le cadre légal et réglementaire plus strict est également un facteur majeur qui conditionne la nouvelle réalité. La vague de réglementations issue de la crise financière continue sans relâche et inonde le secteur bancaire de questions complexes à traiter au fur et à mesure. Ce qui est particulièrement pertinent du point de vue du conseil en investissement, ce sont les réglementations conçues pour renforcer la protection des investisseurs et améliorer la transparence. De nombreux débats réglementaires actuels tournent autour du thème des rétrocessions. Peu importe le résultat, le marché est en pleine mutation. Tous les changements décrits ont un impact direct sur les revenus des banques. Les courtages et les honoraires sont en baisse; les recettes liées aux transactions, à elles seules, ont chuté de 20 à 30% depuis la crise financière. Avec la fin annoncée des rétrocessions, les banques sont confrontées à un vrai défi. Du point de vue des banques, la réponse est claire: la spirale de la baisse des recettes et des marges doit cesser. Parmi tous les actifs actuellement sous gestion, seule une petite partie est détenue sous forme de mandats discrétionnaires ou de conseil en placement: la très grande majorité (environ 80%) est gérée sans contrat. Ces clients ont tout de même accès aux conseils, mais ne les paient pas directement. Ceci doit changer. Si les banques veulent mettre un terme à la tendance négative, elles doivent considérablement augmenter les mandats reposant sur des honoraires. L’objectif à long terme devrait être de 60% – un chiffre ambitieux. Ce n’est qu’en ajustant la proposition de valeur ajoutée que les banques y parviendront.
Les recommandations de placement sur mesure continueront à constituer la base de l’activité. Les services après-vente commencent à faire partie des conseils en placement, dans le sens où les clients font leurs choix en fonction de leurs préférences. Ils définissent le degré d’interaction qu’ils souhaitent et optent pour leur mode de contact privilégié – direct ou électronique.
Dans la période actuelle de changement, la technologie est le facteur décisif en ce qui concerne la concurrence. L’ère numérique crée également de nouvelles demandes. Utilisée correctement, la technologie innovante aidera les banques à faire participer les clients davantage au processus d’investissement. Les banques doivent repenser la manière dont elles interagissent avec la clientèle en général. Les clients doivent avoir accès aux mêmes informations que les conseillers à la clientèle, dans la mesure du possible, afin que les discussions soient menées sur un pied d’égalité. Si les banques souhaitent faire ce lien avec le monde numérique, c’est là le seul moyen d’y parvenir.
Cette nouvelle priorité du conseil en placement impliquera des changements radicaux également pour les conseillers à la clientèle. Les conseils sur mesure perdront en importance. Il en ira de même pour la capacité à influencer personnellement les décisions de placement. Plutôt que de rechercher des sujets ou des opportunités de marchés intéressants pour obtenir des performances supérieures à la moyenne, le conseiller de demain comptera sur le soutien de spécialistes.
Les banques n’auront pas d’autre choix que de créer et de fournir une expérience client améliorée. La majorité des clients souhaitent des conseils en placement de haute qualité et sont prêts à payer pour les obtenir. Cela aidera non seulement les banques à maintenir leur base de revenus, mais les clients en tireront également parti car ils bénéficieront ainsi d’une offre plus complète, d’une transparence accrue et de solutions sur mesure.
* Partner responsable «Wealth & Asset Management» chez EY Suisse
** Partner responsable du pôle de compétences Banque Privée de EY à Genève

Ignace Jeannerat  dans "Le Temps" du 25 février 2015 Article intitulé : La Banque Cantonale de Genève choisit de sortir du programme américain de régularisation

Extrait

" La Banque Cantonale de Genève (BCGE) se retire du programme américain. Et, pour le dire, tous les mots sont pesés, «validés avec les avocats», précise Blaise Goetschin, président de la direction générale, face à la presse mardi, à l’occasion de la présentation des résultats annuels 2014. «A l’issue d’intenses travaux d’audit de sa clientèle américaine conduits avec l’appui d’experts externes qualifiés et après examen approfondi de sa situation avec ses avocats externes, la Banque Cantonale de Genève est arrivée à la conclusion que sa participation au programme n’était pas justifiée et a décidé de se retirer dudit programme dans lequel elle s’était annoncée en catégorie 2.» Fin de citation. Le patron de la banque ne souhaite pas en dire plus. Dans le cas présent, la BCGE dit «avoir fait une analyse d’intérêts, pour les actionnaires, pour les collaborateurs, dont les noms ne seront pas transmis». La BCGE ne commente pas l’option de se ranger à présent dans la catégorie 3. La banque a tenu informé son actionnaire majoritaire, l’Etat de Genève, de ses conclusions, sans qu’il soit nécessaire que le gouvernement genevois ait à apporter une validation sur cette décision. Pour rappel, la catégorie 2 du programme s’adresse aux banques qui ont des raisons de penser qu’elles ont – elles ou leurs clients – peut-être violé la loi fiscale américaine. En principe, ces banques devront payer une amende pour les éléments de dossier qui ne montrent pas une parfaite régularité. Elles pourront ensuite demander à bénéficier d’une protection juridique.
Sur les frais engagés dans ces imposants travaux d’audit, Blaise Goetschin ne souhaite pas avancer de chiffres, sauf pour dire que les résultats de
La BCGE rejoint dans la liste des banques qui sortent de la catégorie 2 la VP Bank (annonce en août 2014), la Banque Cantonale de Fribourg (septembre 2014) et Barclays Bank (Suisse) (novembre 2014). Selon Finanz und Wirtschaft, cinq banques cantonales se seraient également retirées du programme américain, mais sans l’annoncer publiquement, soit les banques de Bâle-Campagne, Uri, Schwyz, Glaris et Obwald."

Commentaire : Je rappelle que le journal Suisse "Le Temps" édite un spécial finance tous les lundis. Je ne peux que vous conseiller de prendre un peu de hauteur en le lisant ainsi que "l'Agefi Suisse" pour un bon bol d'oxygène.

 

Chantal Mathez de Senger dans "Bilan" Suisse du 18 février 2015 Article intitulé : Et si on supprimait le statut de fonctionnaire?
  
" Comme le suggérait récemment un lecteur de la Tribune de Genève (27 janvier 2015), l’Etat devrait réduire ses activités dans des domaines tels que la mobilité, la formation et la santé et laisser plus de place à l’économie privée. Il devrait alléger ses charges, disproportionnées par rapport à sa taille, et surtout diluer les risques de revendications salariales, de débrayages et autres grèves initiés par les nombreux syndicats.
Favoriser l’économie privée et diminuer la puissance de l’Etat est certes une très bonne idée. Mais pour avoir un Etat moderne et efficient, ne faudrait-il pas aussi supprimer, ou en tout cas alléger drastiquement le statut de fonctionnaire? Veyrier est la première ville genevoise à avoir franchi le pas l’an dernier, alors pourquoi pas tout le canton? L’administration moderne, c’est l’abolition des privilèges, avec des contrats de travail résiliables, une augmentation du salaire en fonction de l’ancienneté et du mérite tout en gardant une égalité de traitement.
La performance et la motivation des collaborateurs de l’Etat seraient stimulées par un règlement sans les avantages qui leur sont accordés aujourd’hui. Il s’agit aussi de créer une égalité de traitement avec le secteur privé. Comme celle de pouvoir prendre des mesures rapides lorsqu’un employé dysfonctionne ou que son travail ne répond plus aux besoins du service. Ou encore, d’avoir une période d’essai de trois mois, conformément au Code des obligations. Malheureusement, même si Genève est le canton le plus endetté de Suisse, aucun parti ne prendra le risque de se lancer dans cette bataille, de peur de perdre une grande partie de son électorat. Pourtant, à l’heure des mauvaises prévisions conjoncturelles, le débat sur ce statut archaïque mériterait d’être relancé."

Bud Fox dans "Bilan" Suisse du 17 février 2015 Article intitulé : HSBC, l’hypocrisie des gouvernements
   
" On l’aura compris: SwissLeaks, c’est le nom donné à la transmission de données volées par Falciani orchestrée par la France à destination du journal Le Monde. On passera sur le fait que certains des comptes mentionnés appartenaient à des gens connus déclarant leur argent, mais malgré tout donnés en pâture par la presse (quel est l’intérêt public, à part le voyeurisme ?). Dès lors, pourquoi ne pas publier toute la liste? Il est affligeant de constater que des criminels bénéficient de l'anonymat et d’une protection auxquels le "sale" riche, coupable d’aucune faute, ne peut prétendre. Il faut lire l’excellent article de Me Tripet dans l’Agefi du 11 février «Le désolant triomphe des justiciers autoproclamés». On ne commentera pas non plus le fait que le magistrat français Eric de Montgolfier ne cesse de clamer que « des noms ont été retirés des listings de HSBC ». On ne se demandera pas non plus pourquoi avoir attendu plus de 6 ans pour dévoiler ces noms dans la presse.  À lire les journaux, et à regarder les reportages des télévisions étrangères, je découvre que le monde bancaire suisse est peu connu. L’image reflétée dénote une profonde méconnaissance. L’idée que les banques suisses ne s’adressent qu’aux fortunés est loin de la réalité. Monsieur Tout-le-monde peut, avec quelques milliers de francs, ouvrir un compte en Suisse et ils sont bien plus nombreux que ces fameux « très riches ».  Certes, la banque a mis à disposition des clients des outils afin d’éviter les différents fiscs, mais quelle différence avec les multinationales comme Amazon, Starbucks, Apple ou d’autres « optimisant » agressivement leurs impôts sur le revenu? Cela n’excuse en rien ces pratiques bancaires, bien entendu. La plupart des pays de l’UE ne prélèvent pas d’impôt sur la fortune, et ceux qui prélèvent cet impôt se comptent sur les doigts de la main et dans des proportions telles que la taxation des clients fraudeurs de HSBC ne changerait pas grand-chose en regard de la dette abyssale qu’ils entretiennent. Je ne peux que vous recommander d’écouter Jean-Charles Simon à propos de cette affaire HSBC et des pertes pour l’Etat français. Alors que les médias s’offusquent que HSBC hébergeait des comptes de personnes peu recommandables, est-il utile de rappeler que certains gouvernements recevaient certaines parmi ces mêmes personnes, sous la promesse de juteux contrats pour la construction d’usines nucléaires ou des ventes d’armes? La vente de 24 Rafales à l’Egypte, potentiellement au Qatar, aux Emirats arabes unis ou à l’Inde, est l’exemple de cette hypocrisie de la part d’un gouvernement du « Faites ce que je dis, pas ce que je fais »… Oui, la banque aurait dû éviter d’ouvrir ces comptes, mais on est toujours plus intelligent après.
HSBC informe qu’entre 2007 et 2014 le nombre de comptes a baissé de 30’412 à 10’313 et que les avoirs sont passés de 118.4 milliards à 68 milliards. Où sont allés ces comptes et ces avoirs ? Vers d’autres banques, certainement, et sont investis dans des activités moins visibles peut-être, mais je doute qu’ils soient restés en Suisse.
Nettement moins médiatisées: les aides publiques qui sont versées à ces médias prêts à crier aux scandales sur les banques et qui se montent en milliards d’euros chaque année. Il y a clairement un conflit d’intérêt. Je comprends néanmoins que sous prétexte de rendre le monde plus juste, on arrive à justifier un vol, et que cela n’a rien de mercantile. Enfin, la naïveté d’imaginer que HSBC soit la seule à pratiquer ce type de transactions est désolante. Au fait, comment va une certaine banque française et ses dix ans de transactions avec l’Iran entre autres? Les politiciens et la presse devraient dévoiler les montants et les différents intervenants...

Matthieu Hoffstetter dans "Bilan" Suisse du 16 février 2015 Article intitulé : Des fichiers Falciani aux révélations SwissLeaks
   
" Depuis le 8 février, c'est un déferlement: le Consortium International des Journalistes d'Investigation (ICIJ), qui a déjà diffusé les dossiers Offshore Leaks en 2013 et Luxleaks en 2014, a publié, dans les pages et sur les sites des médias des 160 journalistes membres de cette organisation, une vaste quantité d'informations sur les comptes détenus au sein de la filiale suisse de HSBC. La lumière est faite sur des agissements douteux, des trafics, des actes de fraude fiscale, voire des filières de financement du terrorisme: la vérité triomphe! Oui, mais... Car il y a un «mais». Derrière l'habile marketing et le nom «SwissLeaks» se trouvent en fait des données volées en 2008 par l'informaticien Hervé Falciani alors employé par HSBC. Ce qui était jusqu'à récemment «le fichier Falciani» ou «le fichier HSBC» est soudainement devenu «SwissLeaks». Mais il n'y a pas que le nom qui ait changé, le fichier aussi. Ce sont nos confrères du quotidien français Le Monde qui ont récupéré le fichier. Or, il semble que le nombre de noms soit passé de 127'000 à 106'000.
Car entre la saisie du fichier détenu par Hervé Falciani le 20 janvier 2009 et son obtention par les médias, les données ont été modifiées: notre confrère du magazine français Le Point, Ian Hamel, détaillait voici quelques semaines le parcours du fichier Falciani, notamment dans les mois compris entre la saisie par la gendarmerie française et les listings remis aux autorités suisses le 21 janvier 2010. Il établit clairement que la version remise à la justice suisse est une version modifiée. Il ne s'agit absolument pas de remettre en cause le travail remarquable effectué par les journalistes associés au sein du Consortium: ils ont épluché pendant des mois les données contenues sur les fichiers et ont sans le moindre doute raison de dénoncer les malversations et actes délictueux qui ont été commis.
Mais ne serait-il pas plus honnête de préciser que ces fichiers sont partiels, issus d'une source qui a pu les modifier pendant plusieurs années avant de laisser les médias en avoir connaissance? La réponse de nos confrères du quotidien Le Monde est étonnante: «L'authenticité des document a été certifiée par les contrôles effectués par l'administration fiscale, et de leur côté les enquêteurs ont confirmé l'exactitude des informations», affirme notre consoeur Anne Michel dans un chat proposé par le média français aux internautes lundi 9 février. La même administration fiscale française qui, lors de l'affaire Cahuzac, s'était contentée de questions extrêmement vagues à son homologue suisse et avait alors blanchi celui qui était encore ministre délégué chargé du Budget?
Or, à l'exception du sénateur UDI du Gers Aymeri de Montesquiou, dont le nom «est associé, dans les fichiers de la banque à un compte numéroté ouvert dans les années 1990 et fermé en 1994» (et qui a rapidement démenti «avoir un compte à l'étranger»), presque aucun nom d'homme politique français n'apparaît.
Pourtant, nombre de leurs proches sont cités, comme Jean-Charles Marchiani, ancien préfet et député européen entre 1999 et 2004. Troublant alors que plusieurs affaires politico-financières ont surgi ces dernières années.
Où sont donc passés les 21'000 noms manquants? Peut-être s'agit-il de personnes ayant détenu tout à fait légalement un compte dans cet établissement bancaire. Mais les incohérences sur les chiffres et les différences entre les fichiers saisis par les enquêteurs français et ceux que les journalistes ont pu consulter jettent un doute sur les données. Il apparait donc clairement que les données SwissLeaks et les fichiers Falciani ne sont pas identiques. On attend de nos confrères membres du Consortium qu'ils finissent donc de sortir les affaires troubles du fichier dont ils disposent. Mais s'ils veulent que leur travail soit complet et unaninement loué, il faudra alors admettre que les données sont incomplètes. Ou se lancer dans la recherche des 21'000 noms manquants...

Annick Noirfalisse dans "Bilan" Suisse du 16 février 2015 Article intitulé : Le franc fort présente aussi de bons côtés

" La date du jeudi  15 janvier 2015 restera ancrée dans les mémoires. L’abolition du taux plancher de 1,20  franc pour 1  euro, décidé par la Banque nationale suisse, s’est traduite par un renforcement violent du franc suisse. Avant de clore la journée sur une hausse de 20% par rapport à la monnaie unique, proche de la parité. Cette flambée du franc suisse, que certains attribuent à la spéculation, s’explique aussi par le statut de valeur refuge de la monnaie. Un statut dont la Suisse profite depuis très longtemps, grâce à la stabilité de son système politique, la solidité de son économie, son modèle d’affaires orienté vers le service et son système bancaire de première classe, relève Arturo Bris, directeur du World Competitiveness Center à l’IMD à Lausanne. La preuve se trouve entre autres dans les coffres-forts de ses banques, qui abritaient fin novembre 2014 pas moins de 672  milliards de francs de liquidités en mains étrangères (+13% par rapport à 2010 d’après la BNS), avec des rendements dérisoires. Une manne d’argent pour ainsi dire «gratuite», dont les banquiers suisses ont su tirer profit en la réinvestissant ailleurs à des taux plus élevés, et dont l’économie a au passage également bénéficié puisque le secteur bancaire représente 10% du PIB suisse. Autre côté positif: les taux d’intérêt faibles, aujourd’hui même négatifs, pour pallier la monnaie forte et prévenir les risques de déflation importée, ont permis au gouvernement de faire des économies sur la rémunération des obligations d’Etat et d’investir cet argent ailleurs dans le secteur public. Enfin, chaque envolée du franc se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat du consommateur suisse moyen, sur les produits importés ou quand celui-ci se rend à l’étranger.
Un observateur averti, basé à Lausanne, constate que, depuis la fin des accords de Bretton Woods, trois pays ont vu leur devise fortement augmenter: l’Allemagne, la Suisse et le Japon. Au contraire du dollar et de la livre sterling. Or, à chaque flambée d’une devise, on craint pour les exportateurs et la base industrielle d’un pays. Mais paradoxalement, alors que l’industrie s’est érodée en Angleterre et aux Etats-Unis avec des devises faibles, cela n’a pas été le cas pour les trois autres pays. Pourquoi? Alors qu’un pays avec une devise faible a un avantage compétitif dans ses exports et peut avoir tendance à dormir sur ses lauriers, une devise forte force l’industrie d’un pays à se réinventer sur le long terme pour rester compétitive. Même si, dans le court terme, l’ajustement est pénible. C’est ce qui s’est passé et se passera encore une fois très probablement en Suisse, d’après lui. L’attrait d’emprunter des francs suisses en masse à des taux négligeables comporte toutefois des dangers, à en voir le nombre de courtiers en devises dans le monde entier qui se sont brûlé les doigts en ayant parié contre le franc suisse et en se voyant subitement contraints de rembourser des montants astronomiques quand celui-ci est monté en flèche. Certes, il existe aujourd’hui un vrai risque de récession. Jan-Willem Ackett, économiste chez Julius Baer, pense que le taux de change se redressera vers 1,05 - 1,10 franc contre 1  euro. «Si ce n’est pas le cas, la Suisse subira une récession.» L’économiste a révisé ses estimations de croissance du PIB pour 2015 de 1,7 à 0,4%, avec une perte probable de 60 000 postes. Mais il reste confiant pour 2016, citant lui aussi la capacité prouvée de la Suisse à innover en matière de productivité lors de périodes d’appréciation de sa devise et la flexibilité de son marché du travail. «La devise conservera, surtout en raison du manque de concurrents forts, son statut de valeur refuge». pense Arturo Bris. Un statut qui comporte certains désavantages, mais beaucoup d’avantages aussi. On ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre.
 

Dans "Bilan" Suisse du 13 février 2015 Article intitulé : BNS: les caisses de pension auraient perdu 30 milliards de francs

" Les caisses de pension suisses auraient perdu 30 mrd CHF après les récentes décisions de la Banque nationale suisse (BNS), avant de compenser leurs pertes. Il leur resterait aujourd'hui 2 à 3% de fortune à récupérer, selon des estimations publiées vendredi par le cabinet Towers Watson.
Les difficultés persistent toutefois pour les institutions helvétiques, qui doivent trouver des placements plus rentables en raison de l'environnement de taux négatifs.
La fortune totale des caisses de pension suisses représentait 823 mrd CHF à fin 2014. Le marché helvétique figure au 7e rang mondial, selon l'étude réalisée par Towers Watson. Le marché suisse a enregistré en 2014 un recul de moins de 3%, en raison de la composition du portefeuille des institutions.
Une caisse suisse détient en moyenne 30% d'actions dans son portefeuille, contre 50% pour le marché global, lit-on dans un communiqué publié vendredi. Cette statistique démontre que les actions sont restées "l'élément moteur" de la croissance sur les dix dernières années, affirme Towers Watson.
La fortune globale des institutions helvétiques équivaut à 121% du Produit intérieur brut (PIB). La Suisse se place ainsi au troisième rang mondial, derrière les Pays-Bas (166%) et les Etats-Unis (127%).
Une tendance globale se dessine pour les caisses de pension, qui investissent de moins en moins dans les actions et obligations domestiques. Une inclination encore plus forte en Suisse qu'ailleurs où les obligations suisses sont passées en moyenne à 63% de 80% du portefeuille depuis 1998. La part d'actions indigènes s'est réduite à 34% de 56%. Les caisses suisses se diversifient à l'étranger davantage que les autres marchés.
Les actifs des régimes de retraite des 16 principaux marchés se sont élevés en 2014 à 36'000 mrd USD, une fortune en progression de 6%.

 Dans "Boursorama" du 10 février 2015 Article intitulé : Pictet introduit à son tour des taux négatifs

" Le groupe bancaire Pictet appliquera dès le mois de mars un taux d'intérêt négatif de 0,75% pour ses gros clients, dans le sillage des récentes décisions de la Banque nationale suisse (BNS). Cette nouvelle règle concerne les clients institutionnels importants, a indiqué mardi à AWP une porte-parole de la banque genevoise, confirmant une information de l'agence Reuters.
Les taux négatifs s'appliqueront à partir d'un montant de 1 mio CHF. Pictet précise avoir adapté ses taux d'intérêt "aux conditions du marché". L'entrée en vigueur au 1er mars doit permettre aux clients concernés de "considérer les options s'offrant à eux pour optimiser la détention de leurs actifs" et de "prendre des dispositions". Pictet est le troisième gestionnaire de fortune de Suisse, derrière UBS et Credit Suisse. Les deux grandes banques ont introduit également des taux négatifs, au même titre que la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Lombard Odier et Safra Sarasin."

Mathilde Golla dans "Le Figaro" du 10 février 2015 Article intitulé : Évasion fiscale: la France encore accusée d'avoir falsifié la liste HSBC
   
" Un journal suisse affirme que «le contenu de la célèbre liste HSBC ou liste Falciani a bien été modifié». Le ministre du Budget a toutefois remis en cause ces affirmations. La Suisse réaffirme que la célèbre liste Falciani contenant les noms de potentiels évadés fiscaux français en Suisse a bien été falsifiée en 2009 par les autorités françaises. L'Office fédéral de la police suisse aurait publié un rapport à charge contre la France, croit savoir le journal suisse l'Agefi (distinct de son homonyme français). Le quotidien financier, qui dit avoir consulté le rapport, est affirmatif: «L'Agefi est aujourd'hui en mesure d'affirmer sans conditionnel que le contenu des listes a bien été modifié».
Au micro de France Info, Bernard Cazeneuve a toutefois remis en cause ces affirmations. «Tous les éléments d'investigation dont nous disposons montrent que L'Agefi à tort», a déclaré le ministre du Budget. Ce dernier a cité un rapport parlementaire de juillet 2013, qui démentait déjà ces accusations. Le rapporteur général de la commission des Finances, Christian Eckert, avait en effet mené une enquête sur la célèbre «liste HSBC» ou «liste Falciani». A l'issue de ses investigations, le député PS a publié un rapport cet été où il avançait notamment que le fisc français «n'a pas ménagé ses efforts» et a fait ce qu'il a pu avec les moyens à sa disposition. Eric Woerth, implicitement mis en cause puisqu'il était ministre du Budget lors de l'apparition de la liste, avait en outre qualifié ces accusations de «procès stupide»: «Comment peut-on croire qu'un ministre se munirait de sa gomme et examinerait s'il efface ou non tel ou tel patronyme? Il faudrait cesser de considérer que nous avons une administration bananière!». Doutes récurrents sur un filtrage des listes De son côté, le quotidien suisse cite le rapport de l'Office fédéral de la police daté 25 août 2010 qui «énumère les ‘incohérences' découvertes sur les copies remises» par la France à la Suisse. Bercy avait en effet remis en janvier 2010 à la Suisse des copies des listings sensibles obtenus un an plus tôt sur les ordinateurs de l'ex-informaticien de la banque HSBC.
Des doutes sur un possible filtrage des fichiers ont déjà été évoqués. Les documents contenaient des données sur 8.993 comptes de Français domiciliés en France or au final, le fisc a traité 3000 dossiers environ. Une différence que les autorités avaient expliquée par l'élimination des doublons puis celle des dossiers, près de la moitié, car «les encours des comptes étaient nuls ou négatifs». Un argument qui fait polémique. Des soupçons sur le retrait de noms de personnalités pèsent, notamment, le nom de Patrice de Maistre, à l'époque gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et employeur de Florence Woerth, épouse du ministre du Budget Eric Woerth.

Mathilde Golla dans "Le Figaro" du 11 février 2015 Article intitulé : Évasion fiscale : un rapport livre les secrets de la «liste HSBC»
 
" Le rapporteur général de la commission des Finances, Christian Eckert, a mené une enquête sur la célèbre «liste HSBC» ou «liste Falciani». Il lève pour partie les soupçons qui planaient sur le fisc. Après quatre ans d'existence, la célèbre liste Falciani devient plus lisible. L'enquête du rapporteur général de la commission des Finances Christian Eckert permet en effet de mieux comprendre le fichier contenant les noms de potentiels évadés fiscaux, transmis par l'ex-employé de la banque suisse HSBC.
Le député PS a enquêté sur «l'opération chocolat», nom donné fin 2008 par la direction générale des finances publiques (DGFiP) pour qualifier le traitement des fichiers informatiques dérobés par Hervé Falciani. Alors que les critiques à l'encontre des services de Bercy se sont multipliés sur cette opération, le rapporteur estime que le fisc «n'a pas ménagé ses efforts» et a fait ce qu'il a pu avec les moyens à sa disposition.
le fisc «n'a pas ménagé ses efforts»
Christian Eckert, rapporteur général de la commission des Finances.
Des soupçons de manipulation de ces listes transmises par l'ancien employé de la banque HSBC planent. Les doutes se sont accentués en 2012 lorsque la justice suisse, qui n'a jamais accepté la manière dont la justice et le fisc français se sont appropriés les données HSBC en 2008, a accusé les autorités françaises d'avoir modifié les listings initiaux.
Le fichier HSBC dérobé par l'ex informaticien de la banque suisse contenait en effet des données sur 8.993 comptes de Français domiciliés en France. Au final, le fisc a traité 3000 dossiers. Une sélection que défend Christian Eckert. En effet, une fois les doublons éliminés, il restait 6.313 noms. Par ailleurs, le fisc avait écarté de nombreux dossiers, près de la moitié, car «les encours des comptes étaient nuls ou négatifs».
Cette décision d'écarter les comptes affichant un solde nul ou négatif avait alors suscité de vives critiques. Un compte non approvisionné ne signifie pas qu'il est inactif: il peut, par exemple, servir à faire transiter de l'argent non déclaré... Mais Christian Eckert assure que ces noms n'ont pas été oubliés mais simplement «mis à part». Ils sont «sous surveillance, dans le cadre d'un fichier constitué en novembre 2009», le fichier Evafisc. Contrairement à la Grèce, la France n'aurait donc effacé aucun nom gênant.

30% des dosisers poursuivis contestent la fraude
Et sur ces dossiers traités, 70% sont entrés dans une procédure de régularisation. Mais près de 30% des contribuables épinglés nient posséder des biens non déclarés, sur les conseils de leur banque... Or la liste HSBC ayant été constituée à partir de données volées, elle n'est pas opposable comme «preuve fiscale». Un «obstacle juridique qui a fortement limité les capacités d'action de la DGFiP», note Christian Eckert.
Pour les récalcitrants qui présentent des avoirs élevés, le fisc a engagé des poursuites judiciaires. La police fiscale a été saisie de 86 plaintes portant sur 310 millions d'euros d'avoirs. «Un premier bilan quantitatif permet de faire état de 124 perquisitions et de 100 gardes à vue ; 27 personnes ont été mises en examen», rapporte Christian Eckert.
Le rapporteur général de la commission des Finances déplore toutefois que les personnes morales, dont les comptes affichaient 1,4 milliard de dollars, «n'ont pas été toujours très bien investiguées» et les contrôles fiscaux «n'ont pas été concluants».
Si l'élu lève pour partie les soupçons qui planaient sur le fisc, il déplore toutefois la lenteur de la justice qui «peut légitimement susciter des interrogations. Ce n'est que fin avril 2013 qu'une information judiciaire a été ouverte (...). Pendant tout le temps où la DGFiP a travaillé, la justice n'a pas fait grand chose». Le dépaysement du dossier judiciaire de Nice, traité alors par le procureur Eric de Montgolfier, vers Paris fin 2010 pose également question. Le rapporteur remarque aussi que si des noms ont disparu, c'est dans la liste transmise au procureur Eric de Montgolfier, pas dans celle traitée par le fisc.
Des doutes portent également sur des «employés HSBC». «Au vu du montant des avoirs rattachés à certains noms, il est plus que probable que ces employés aient porté des comptes au profit de clients et jouent le rôle de prête-noms ou de ‘rabatteurs'», souligne le rapport, qui relève le cas de quelques employés dont les avoirs se comptent en centaines de millions d'euros...
Et entre 2008 et janvier 2012, l'un des principaux dirigeants de la banques HSBC Private Bank France n'était autre que le frère de l'ex-ministre du Budget, Antoine Cahuzac. En sa qualité de président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac est alors chargé d'enquêter sur les activités illicites de la banque HSBC. Mais il ne l'a pas fait, en dépit de l'alerte donnée par Arnaud Montebourg, a confié ce dernier lors de l'émission télévisée Cash Investigation.

   Dans "Boursorama" du 11 février 2015 Article intitulé : La fraude "SwissLeaks" pourrait être plus importante, dit Eckert

" Le système d'évasion fiscale qui aurait été mis en place dans les années 2000 par la filiale suisse de la banque britannique HSBC au bénéfice de ses riches clients pourrait être encore plus important que celui révélé par Le Monde, a déclaré mardi le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert. Selon le quotidien français, la "gigantesque fraude à l'échelle internationale" a porté pendant la seule période de novembre 2006 à mars 2007 sur la somme de "180,6 milliards d'euros". Plus de 106.000 clients seraient concernés.
Cent six mille clients "au moins car, comme tout ce qui est dissimulé, c'est toujours difficile de le quantifier", a estimé Christian Eckert sur Europe 1. "Ce sont des sommes importantes, elles peuvent concerner des particuliers mais aussi des entreprises, je crois qu'en la matière on a changé de braquet, c'est ce qui justement est en train de se passer et de remonter au grand jour".
Un avis partagé par Hervé Falciani, ancien employé de HSBC Private Bank et lanceur d'alerte à l'origine du dossier, inculpé en Suisse pour espionnage économique et violation du secret bancaire.
"Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg", déclare-t-il dans le Parisien-Aujourd'hui en France. "Il y en a encore plus que ce qu'ont les journalistes. Plusieurs millions de transactions (NDLR : entre banques) sont également répertoriées dans les documents que j'ai transmis. Ces chiffres peuvent donner une idée de ce que peut être le dessous de l'iceberg."
A la suite des révélations, la banque britannique HSBC a admis dimanche des "défaillances" de sa filiale suisse.
Sur Europe 1, Christian Eckert a salué les informations relayées par la presse, estimant qu'elles "mettaient la pression sur tout le monde, sur les banques, sur un certain nombre d'Etats dont la complaisance est connue".
"L'administration fiscale ne cesse de lutter contre la fraude, elle a utilisé les fichiers de M. Falciani, sur cette liste de contribuables elle a mené plus de 2.300 enquêtes fiscales et a transmis plus de 100 dossiers à la justice", a-t-il souligné.

Dans "Bilan" Suisse du 9 février 2015 Article intitulé : La Belgique est prête à émettre des mandats d'arrêt internationaux

" Un juge d'instruction belge "envisage d'émettre des mandats d'arrêt internationaux" contre les dirigeants de HSBC Private Bank, la banque suisse au cœur du "SwissLeaks", la gigantesque affaire de fraude fiscale présumée révélée lundi, a indiqué le parquet de Bruxelles. Le juge d'instruction spécialisé dans la criminalité financière Michel Claise avait inculpé HSBC PB en novembre pour "fraude fiscale grave et blanchiment", la soupçonnant d'avoir "sciemment" aidé des centaines de clients, en particulier des diamantaires anversois, à frauder le fisc.
La banque avait réagi en assurant "coopérer au maximum" avec les autorités judiciaires, mais "cela ne donne pas grand chose, a dit lundi la porte-parole du parquet, Ine Van Wymeersch. "Le juge estime qu'il est à présent temps pour la banque de collaborer, sinon il juge qu'il sera obligé de délivrer des mandats d'arrêt internationaux envers les dirigeants actuels et anciens" de l'établissement, a-t-elle ajouté. De plus, la justice suisse n'a pas encore répondu à la demande de coopération du juge bruxellois, sollicitée par commission rogatoire. "Il ne faudrait plus trop traîner de ce côté-là non plus pour que l'enquête puisse progresser", selon Van Wymeersch.
Un consortium de médias internationaux a levé lundi un nouveau voile sur la face cachée du secret bancaire suisse en révélant les noms de personnalités de la politique, du spectacle et des affaires du monde entier soupçonnés d'avoir eu recours à HSBC Private Bank pour frauder le fisc. Cette mise en cause est liée à l'exploitation des fameux fichiers Falciani, du nom de l'ancien informaticien de la banque qui les a fournis à la justice et sur lesquels se sont fondés les médias à l'origine du "SwissLeaks". Le parquet de Bruxelles avait estimé que "plus d'un millier de contribuables belges pourraient être concernés pour des montants qui porteraient sur plusieurs milliards de dollars qui ont été placés, gérés et/ou transférés entre 2003 et nos jours". Le journal belge Le Soir, membre du consortium, assure que, sur une fraude évaluée au niveau planétaire à quelque 180 milliards de dollars, "quelque 6,26 milliards de dollars" concernent la Belgique. Ces fonds étaient répartis entre 2006 et 2007 "dans 4.612 comptes bancaires ouverts aux noms de 3.002 Belges --dont au moins 916 diamantaires anversois-- ou sociétés appartenant à des Belges", selon Le Soir, qui précise que le fisc belge espère recouvrer quelque 434 millions d'euros."

Sébastien Buron dans "Trends-Tendances" Belgique du 4 février 2015 Article intitulé : Pourquoi les banquiers suisses et luxembourgeois lâchent leurs clients belges

" Sale temps pour les évadés fiscaux venus de Belgique. Même les banquiers suisses et luxembourgeois ne veulent plus de leur argent. En témoignent les révélations de Michel Maus, avocat et professeur de droit fiscal à la VUB, dans les colonnes du Standaard de ce matin, qui dit voir se multiplier les demandes de régularisation de capitaux en provenance de la Suisse et du Luxembourg. "Je reçois chaque semaine plusieurs personnes qui sont dans le cas, nous confirme-t-il. La majorité d'entre elles se demandent ce qu'elles doivent faire. Leur banquier suisse ou luxembourgeois leur pose des questions sur l'origine des capitaux. Il les incite vivement à régulariser leur situation fiscale, sans quoi il menace de les mettre à la porte."
Transparence totale
Michel Maus n'est pas le seul à constater ce nouvel afflux. D'autres avocats spécialisés et professionnels du patrimoine que lui observent cette tendance à la dénonciation des banquiers suisses et luxembourgeois. Rien d'étonnant à cela, situe pour sa part François Parisis, directeur de la structuration patrimoniale auprès de la banque Puilaetco Dewaay. "Les banques suisses et luxembourgeoises anticipent clairement l'échange d'informations généralisé à l'horizon 2017. A mesure que l'échéance se rapproche, les choses se précisent. Cet échange d'information portera non seulement sur les intérêts mais aussi sur les dividendes ainsi que sur le solde des comptes. Il faut bien deux ou trois ans pour se préparer à ce nouveau bouleversement. Raison pour laquelle les banquiers suisses et luxembourgeois poussent aujourd'hui leurs clients à régulariser leur situation."
Cadastre des fortunes étrangères
Année après année, crise aidant, les mesures visant à accroître la transparence fiscale se multiplient depuis l'entrée en vigueur de la directive-épargne en 2005, qui obligent les pays membres de l'Union européenne à s'échanger des informations fiscales. Même le Luxembourg, qui préférait prélever une retenue à la source de 35 % plutôt que renseigner les fiscs étrangers, est passé à l'échange automatique d'information depuis ce 1er janvier 2015 (intérêts perçus à l'étranger). Idem pour les banquiers suisses. Sous la pression des Etats-Unis qui ne ménagent pas leurs efforts dans la chasse aux fraudeurs, ils jouent également la carte de l'"argent propre".
Après les avoir accueillis à bras ouverts pendant des décennies, les banques suisses et luxembourgeoises organisent donc désormais elles-mêmes la traque aux évadés fiscaux. "Si bien qu'avec ce vaste système d'échange d'informations fiscales, le fisc belge disposera dès 2017 d'un cadastre des fortunes étrangères détenues par ses contribuables, complète François Parisis. D'ici deux ans, il ne sera plus possible de cacher l'existence d'un compte, d'une assurance-épargne ou d'un immeuble détenu à l'étranger. Même le solde de vos comptes ouverts à l'étranger sera communiqué au fisc. De quoi donner un avantage concurrentiel aux banques belges qui ne sont pas tenues de transmettre au fisc une telle information."

  Captain Economics dans "Economie matin" du 27 janvier 2015 Article intitulé : 40 % des actionnaires de la Banque Nationale Suisse sont des investisseurs privés


Mais en fait Captain', qui sont les actionnaires d'une Banque Centrale ? Et bien en voilà une bonne question ! En effet, une Banque Centrale ayant un capital, il doit bien y avoir quelque part des actionnaires ayant apporté ce capital initial, un peu comme dans une entreprise...
En ce qui concerne la Banque Centrale Européenne, le capital de notre chère Banque Centrale adorée s'élève à environ 11.000 milliards d'euros et les actionnaires sont... tout simplement les Banques Nationales de chaque pays. Par exemple, la Bundesbank (Allemagne) détient 18% du capital, la Banque de France 14,2%, la Banque d'Italie 12,3%... et la Banque de Malte 0,06% ; la répartition se faisant en fonction "d'une clé reflétant la part des différents pays dans la population totale et le produit intérieur brut de l'Union européenne" (source : "BCE - La souscription au capital"). Ok, mais qui est actionnaire de la Banque de France alors ? Et bien là c'est simple, il s'agit de l'Etat français ! Donc si la BCE réalise un profit et décide de verser un dividende à ses actionnaires (plutôt que de garder cela en réserve en cas de pertes futures), cela termine dans la poche de l'Etat ! Mais ce n'est pas la même chose dans tous les pays du monde, comme par exemple chez nos amis suisses ... Mais attention avant de passer en mode "théorie du complot" ! Il est vrai que le capital de la Banque Nationale Suisse (BNS) est détenu à 40,3% par 2.219 investisseurs privés, dont le plus important est un certain Theo Siegert qui détient à lui tout seul tout de même 6% du capital de la BNS (beau gosse !). Le reste du capital de la BNS est détenu par les différents cantons suisses : le Canton de Berne (6,6% du capital), le Canton de Zurich (5,20%), le Canton de Vaud (3,4%)... Toutes les informations sur la répartition du capital sont disponibles sur le site de la Banque Nationale Suisse (BNS), dans la section "Share Capital and Dividend" (source: "SNB - Share Capital") Et là vous vous dites : "mais si plus de 40% du capital de la BNS est détenu par des investisseurs privés, alors la BNS n'est pas indépendante et essaye peut-être de maximiser le profit de ses actionnaires privés au dépend de la population" ! C'est une belle théorie, mais honnêtement le Captain' n'est pas convaincu, principalement pour la raison suivante.
Le capital de la BNS s'élève à seulement 25 millions de francs suisses (soit 25 millions d'euros au taux de change actuel, avec 100.000 actions d'une valeur de 250 francs). Le dividende maximal prévu par la loi est fixé à 6% (source: "BNS - Capital-actions et dividende"), et la part du bénéfice dépassant le dividende est reversée uniquement aux Cantons (et donc rien pour les investisseurs privés). Cela signifie qu'au plus, la BNS distribue 25*0,06 = 1,5 million de francs suisses à l'ensemble de ses actionnaires.
Même pour l'investisseur privé le plus important (Theo Siegert), cela ne représente "que" 90.000 euros par an. Bien sûr, le Captain' veut bien qu'on lui donne 90.000 euros chaque année, mais cette somme reste une broutille à l'échelle d'une Banque Centrale, dont le bilan se compte en centaines de milliards de francs. Et selon Bloomberg, la BNS aurait réalisé en 2014 un bénéfice de 38 milliards de francs, après une perte en 2013 à cause de l'effondrement du cours de l'or ! (source : "SNB Sees 2014 Profit of 38 Billion Francs, Resumes Dividend")
"La Banque nationale est une société anonyme régie par une loi spéciale et chargée d'un mandat public. En vertu de ce mandat, elle détient le monopole d'émission des billets de banque, qui lui permet de générer des bénéfices sur le long terme. Conformément aux dispositions légales et constitutionnelles, si ces bénéfices ne sont pas utilisés pour constituer des provisions pour réserves monétaires, ils sont en priorité distribués à des entités de droit public, et non pas aux actionnaires. C'est pourquoi la loi limite le dividende à 6%. La part du bénéfice porté au bilan qui dépasse le dividende est normalement versée à la Confédération et aux cantons" - Source : BNS
De plus, les droits de vote sont limités à 100 voix pour les actionnaires privés . Cette limite implique que les actionnaires privés n'ont finalement que 21,7% des droits de vote (pour 40,3% du capital). Même en imaginant un complot interplanétaire, ces droits de votes ne permettent d'élire que 5 des 11 membres du conseil de direction de la Banque ; les 6 autres membres, dont le président et le vice-président, étant élus par le Conseil Fédéral Suisse.
Bref, le Captain' n'achète pas la rumeur expliquant que l'action de la Banque Nationale Suisse de supprimer le plancher entre l'euro et le franc suisse à 1 euro = 1,20 CHF est lié à la peur de perte en capital/dividende de la part des actionnaires privés. Le capital de la BNS aurait été de quelques milliards d'euros, honnêtement des questions auraient pu être posées... Là, je ne suis pas du tout convaincu !
Par contre, le rôle de la Confédération et des cantons est sûrement beaucoup plus intéressant ! En effet, ces entités de droit public reçoivent non pas uniquement les dividendes (comme les actionnaires privés), mais aussi une partie du bénéfice... Et là on ne parle plus en quelques dizaines de milliers de francs, mais en milliards de francs suisses (et les cantons sont actionnaires majoritaires).
"Le Département fédéral des finances (DFF) et la Banque nationale conviennent pour une période donnée du montant annuel du bénéfice versé à la Confédération et aux cantons, dans le but d'assurer une répartition constante à moyen terme. La convention conclue en 2011 sur la distribution du bénéfice de la Banque nationale prévoit le versement d'un montant annuel de 1 milliard de francs à la Confédération et aux cantons au titre des exercices 2011 à 2015, si la réserve pour distributions futures ne devient pas négative après affectation du bénéfice." - Source : "Banque Nationale Suisse, Bénéfice et répartition du bénéfice"
Selon un article du Financial Times, cité par Business Insider (source: "The Swiss National Bank Is Different From Most Central Banks In One Critical Way") les cantons se seraient plaint récemment d'un trop faible versement de la part de la Banque Nationale Suisse... Il y a peut-être un bout d'explication à aller chercher de ce côté là donc (bon la théorie du complot des investisseurs privés sionistes qui contrôlent le monde semblaient plus cool, mais tant pis pour cette fois...)
Selon Paul Krugman, la Banque Nationale Suisse a commis une grosse erreur la semaine en supprimant le taux plancher entre l'euro et le franc suisse pour assurer sa profitabilité (et éviter d'avoir à essuyer des pertes en cas de défaut en zone euro) (source : "Switzerland: QE Too"). Et Krugman évoque aussi rapidement cette répartition du capital et du bénéfice un peu étrange, spécifique à la BNS...
"But unlike the Fed, the SNB lacked the intellectual self-confidence (and perhaps the institutional strength, seeing as how it's partially privately owned) to stand up to that pressure. The irony is that having been bullied into worrying about its own profitability, which is not what central banks should do, the SNB ended up imposing huge losses on itself." - Paul Krugman
Conclusion : La question "pourquoi la BNS a t-elle supprimé le taux plancher la semaine dernière" reste totalement ouverte. Mais en partant sur une idée "c'est peut-être à cause des pressions des investisseurs privés" et en allant chercher des infos à gauche à droite, ma conclusion est finalement bien différente : "et si c'était (en partie) à cause de la pression des cantons / pressions politiques" ! Bref, rien de vraiment très précis, mais maintenant que le Quantitative Easing de la BCE est passé, le Captain' ne serait pas contre une explication un peu plus détaillée de la BNS sur le "pourquoi du comment". Allez Jordan (nom du président de la BNS), soit cool, balance de l'info ! (Et merci à Eric Dor (@ericdor_econo) pour la discussion à ce sujet hier m'ayant donné l'inspiration pour écrire cet article)
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  Emmanuel Garessus dans "Le Temps" Suisse du 27 janvier 2015 Article intitulé : Les assureurs se rapprochent des associations de consommateurs

" L’association faîtière privilégie le dialogue à la réglementation. L’assurance représente dorénavant 40% de la place financière, contre 30% il y a dix ans «La réglementation est notre principale source d’inquiétude», a déclaré lundi à Zurich Urs Berger, président de l’Association suisse d’assurances (ASA), lors de sa conférence de presse annuelle. Les taux d’intérêt négatifs n’arrivent donc pas au premier rang. Pourtant, la branche, qui représente maintenant 40% de la place financière suisse en termes de valeur ajoutée (30% il y a une décennie) doit offrir un taux d’intérêt minimum LPP de 1,75% en 2015. Et ce, alors que les taux sans risque sont inférieurs à zéro.
A la suite de l’abolition du taux plancher et afin de rester concurrentiels, «nous devons déclarer énergiquement la guerre aux réglementations handicapantes», a poursuivi Urs Berger. La Suisse a en effet perdu du terrain en termes de qualité de la réglementation. Elle n’est plus que 29e au monde, selon la Banque mondiale, après avoir été 11e il y a dix ans.
Les soucis réglementaires sont de deux ordres, la prévoyance professionnelle et la protection des consommateurs. Sur le deuxième point, les assureurs changent leur fusil d’épaule. L’ASA soutient l’idée de réformes «à travers un dialogue constructif avec les associations de protection des consommateurs», a déclaré Luzius Dürr, directeur de l’ASA. Les représentants des assureurs et des consommateurs se mettront plus fréquemment autour d’une table afin de développer ensemble des solutions adéquates plutôt que d’intervenir par de nouvelles réglementations. «Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous voulons œuvrer ensemble dans la quête de solutions», a précisé le directeur de l’ASA. Parallèlement, une étude de l’Université de Saint-Gall sera chargée de mieux comprendre le besoin de protection et d’établir dans quelle mesure la réglementation peut répondre à ce besoin. Les assureurs ont également démontré pourquoi le projet de réforme Berset sur la prévoyance professionnelle pénaliserait non seulement les assureurs, mais aussi les assurés et les PME si elle relevait la quote-part minimale de 90 à 92% (qui définit la répartition du bénéfice entre assureurs et assurés). On obligerait les assureurs à appliquer une stratégie de placement encore plus défensive, donc à réduire les produits des placements et les bénéfices. «Les assurés toucheront des excédents moins élevés, car le gâteau des excédents sera plus petit», a regretté Antimo Perretta, vice-président de l’ASA. Ce dernier s’appuie sur le rapport d’expertise mandaté par le Département fédéral des finances au professeur Hato Schmeiser, de l’Université de Saint-Gall. «Le Conseil fédéral n’a pas tenu compte des faits», observe l’ASA. Les assureurs ont rejeté les reproches formulés par la gauche de performances médiocres ainsi que de primes de coûts et de risque trop élevés, montrant qu’elles s’inscrivaient dans la moyenne. Un employeur sur deux s’en remet à l’assurance complète en matière de prévoyance professionnelle."

 Mathilde Farine dans "Le Temps" Suisse du 27 janvier 2015 Article intitulé : Alexandre Zeller: «Il n’y a jamais eu autant d’échanges à la bourse suisse»

" Le jour de l’annonce de la Banque nationale, la plateforme zurichoise a enregistré 27 milliards de francs de volumes, contre une moyenne quotidienne de 4 milliards Un record absolu pour la bourse suisse. SIX Group, son opérateur, a enregistré 27 milliards de francs de transactions le jour de l’annonce de retrait du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS), le 15 janvier dernier. Rencontré à Davos, au Forum économique mondial la semaine dernière, Alexandre Zeller, président de SIX Group, revient sur cette journée historique.
Le Temps: Quel sera l’impact de la décision de la BNS pour vous?
Alexandre Zeller: Nous n’aurons pas un effet direct majeur comme pour des sociétés d’exportations par exemple, même si une partie de nos affaires est à l’étranger. Les taux d’intérêt bas, voire négatifs dans certains pays, poussent les investisseurs à chercher du rendement ailleurs, notamment sur les bourses. Les actions apparaissant comme la classe d’actifs la plus attractive, c’est donc plutôt favorable pour nous.
– Le jour de l’annonce, la bourse a plongé. Comment cela s’est-il déroulé pour vous?
Pour nous, la volatilité est importante car elle est synonyme de mouvements d’achats et de ventes, et donc d’une hausse des revenus. Nous n’avions jamais vu autant de montants échangés que lorsque la BNS a pris sa décision. Notre volume moyen par jour est d’environ 4 milliards de francs. Le jour de l’annonce, il a atteint 27 milliards, c’est un record absolu pour la bourse suisse. Nous avons compté près d’un million de transactions, alors qu’il y en a habituellement entre 150 000 et 200 000.
– Pour la plateforme de courtage, ce genre d’augmentation de volume est-il soutenable?
Pour l’infrastructure financière suisse, cette journée a représenté un test de résistance gigantesque. Nous l’avons passé, sans même que cela se remarque. Cela montre la solidité de la place.
Pour certaines banques, ce n’était pas le cas…
– Des banques ne savaient pas quel cours appliquer et elles ont donc bloqué les retraits.
Cette décision a déclenché un mouvement inattendu et massif de la population qui s’est précipitée pour changer des euros. On voit que tout le monde se montre rapide pour essayer d’en tirer profit, bien au-delà des spéculateurs. Cela dit, personne n’a pu en profiter au point de pouvoir acheter à 85 centimes pour un euro parce qu’il n’y avait plus de vendeur à ce prix.
– Le franc fort risque de peser sur les banques. Etes-vous inquiet pour la place financière suisse?
Aujourd’hui, le secteur fait face à une conjonction de facteurs défavorables. Les taux d’intérêt bas ou négatifs font qu’il est extrêmement difficile pour les banques de gagner de l’argent avec leur bilan. En outre, les exigences de fonds propres et de liquidités freinent aussi leurs marges de manœuvre. Le volume boursier a été en moyenne plus faible les dernières années, mais est en train de se récupérer depuis deux ans. Dans ce contexte, le franc n’est pas le facteur le plus important. Par contre, si les taux deviennent encore plus négatifs, il existe un risque que les banques perdent encore des clients.

 Stéphane Herzog dans "Le Temps" Suisse du 23 janvier 2015 Article intitulé : Les emplois précaires sont en augmentation en Suisse

" Comment le travail va-t-il évoluer dans les années qui viennent? C’est à cette vaste question que tente de répondre Perspectives pour l’emploi et le social dans le monde 2015 , rapport publié par le bureau de recherche de l’Organisation internationale du travail (OIT). A sa tête: Raymond Torres, qui dirige également la Revue internationale du travail.
Le Temps: Parlant d’emploi, vous mentionnez la baisse du pétrole. Quel peut être son impact sur l’emploi en Suisse?
Raymond Torres: L’une des raisons de la baisse du prix du pétrole est le ralentissement économique. On peut imaginer que dans les pays importateurs, en Suisse notamment, cette baisse aura un impact positif sur les marges. Mais au niveau mondial, ce changement ne sera pas suffisant pour compenser la hausse du chômage. Le monde comptait en 2014 plus de 201 millions de chômeurs, soit 31 millions de plus qu’en 2007.
– Vous évoquez le «taux 
de participation au travail». 
De quoi s’agit-il?
Ce taux compare les personnes qui ont un emploi ou sont au chômage et celles qui sont sans activité. En Suisse, depuis 2009, le taux de participation des hommes a baissé d’un demi-point (il a quelque peu progressé pour les femmes). Il s’est établi à 74,7% en 2014, toujours pour les hommes. Les 25,3% restants sont donc «inactifs»: ils se trouvent par exemple dans l’impossibilité de concilier vie familiale et labeur ou ont renoncé à chercher un travail – jeunes sans emploi, chômeurs en fin de droits. La Suisse enregistre une hausse de cette inactivité en raison de problèmes de santé, notamment mentale, ce qui constitue un problème majeur. Aux Etats-Unis, où le chômage baisse, l’inactivité est à la hausse en raison d’un doublement des personnes découragées ou déclarées invalides.
– Vous soulignez aussi une hausse du chômage de longue durée…
– Oui, et en Europe, l’exemple le plus frappant est celui de la Grèce, où 40% des personnes au chômage le sont depuis plus de deux ans, avec un taux global de 25% de chômage.
– Quelles mutations sont en cours en Suisse et en Europe?
Le modèle employé-employeur mute. Les entreprises sous-traitent le travail de façon croissante et les nouvelles technologies accélèrent cette possibilité en limitant les intermédiaires entre demandeurs et producteurs de services. Ce n’est pas uniquement le coût du travail qui en est la cause: l’entrepreneur choisit le meilleur service. C’est frappant dans le secteur hôtelier, où une grande partie des tâches sont sous-traitées, y compris les plus complexes, comme la comptabilité. Tous les métiers sont touchés.
La Suisse – même si la hausse du franc déstabilise son économie – tire pourtant son épingle du jeu.
Ce pays se défend en intégrant la qualité, la sûreté de ses produits et l’image qui va avec. L’existence d’un réseau d’entreprises de taille moyenne, à même de créer des emplois stables, à forte productivité, constitue un atout majeur qui lui permet de tirer parti de la concurrence mondiale. Et le dialogue entre patronat et syndicats assure une certaine cohésion sociale.
Le salariat est-il en voie 
de disparition?
Le salariat demeure le mode de travail dominant, mais les contrats fixes laissent progressivement place à des contrats à durée déterminée, ainsi qu’à des formes d’emploi hors salariat, comme le travail sur appel. La «salarisation» a accompagné le développement des pays riches, mais elle régresse. C’est net au Royaume-Uni, qui a vu depuis 2009 le salariat baisser de près d’un point. En Suisse, il représentait 82% de l’emploi total en 2000 et a atteint 84,8% en 2009 avant de diminuer un peu. En Europe du Sud, le taux de salariat est aussi plus bas. Au fond, il apparaît qu’on peut produire des biens sans salariés. Ce système apporte de la flexibilité, mais aussi parfois moins de disponibilité. Il est aussi anxiogène.
– Et en Suisse?
– La fragmentation du travail touche aussi la Suisse, mais les perspectives d’emploi y sont meilleures. Prenez Merck Serono, par exemple: la fermeture du site en 2012 a représenté un énorme choc et les employés n’ont pas tous retrouvé du travail, ou alors parfois moins bien payé, ou ont dû partir.
– Qu’en est-il des salaires?
Les salaires augmentent moins que les gains de productivité. C’est clair aux Etats-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et plus récemment en Allemagne.
– Pourquoi ce phénomène?
Parce que la capacité à exiger plus d’argent est moindre. Dans un marché de l’emploi tendu, les gens font attention à ce qu’ils demandent. Par ailleurs, l’affaiblissement du salariat entraîne aussi une baisse de la force des syndicats et donc de la capacité à revendiquer des hausses.
– Dans cet environnement,
comment se préparer?
– Banque, chimie, pharma: 
l’emploi peut évoluer n’importe quand et il s’agit de se former 
en continu pour rendre ses 
compétences transférables et maintenir son employabilité. L’entreprise, mais aussi l’Etat, 
et bien sûr l’individu, doivent 
se mobiliser.

 Matthieu Hoffstetter dans "Bilan" Suisse du 21 janvier 2015 Article intitulé : Les experts de l'économie approuvent le choix de la BNS

" Depuis que la BNS a annoncé la fin de sa politique de taux plancher entre le franc et l'euro, jeudi 15 janvier, de nombreux acteurs de l'économie suisse, CEOs de grands groupes ou patrons de PME, attaquent la décision de la banque centrale, critiquant l'impact de ce choix sur leurs résultats à venir, avec la baisse prévisible de leurs exportations. Depuis près d'une semaine, le président du directoire de la BNS, Thomas Jordan, et ses adjoints, passent une bonne partie de leur temps à justifier et expliquer leur décision. Ces dernières heures, ils ont reçu le soutien de nombreux experts du monde de la finance, réunis à Davos pour le World Economic Forum (WEF).
Premier à dégainer: Axel Weber. Le chairman d'UBS Group a expliqué mercredi matin que la BNS «a fait le bon choix». Il a résumé sa position par une formule imagée: «Mieux vaut la fin avec un choc que des chocs sans fin». Certes, il est conscient que ce choix «aura un impact important sur l'économie suisse cette année», mais il ne s'attend pas à une hausse sans fin de la devise helvétique: «Je pense qu'il y aura un renversement de la tendance observée ces derniers jours sur les marchés (...). Je suis confiant dans le fait qu'une fois l'onde de choc passée, nous reviendrons à un taux de change plus normal pour la Suisse». Même son de cloche du côté d'Anshu Jain, co-CEO de la Deutsche Bank, pour qui le choix de la BNS «prouve que les banques peuvent encore composer avec les marchés importants sans provoquer d'effondrement».
 De l'autre côté de l'Atlantique, le chairman et CEO de Bank of America, Brian T. Moynihan, approuve lui aussi le choix mais s'attarde davantage sur la hausse brutale du franc face à l'euro dans les heures qui ont suivi l'annonce: «Quand on doit soudainement rejoindre l'économie réelle, le mouvement est plus important et brutal que si on l'a suivie et accompagnée».
Globalement, cette approbation domine dans les allées du WEF, auprès de la plupart des experts. Entre «choix courageux mais responsable» et «décision inéluctable», peu de voix s'élèvent pour remettre en cause la décision. La plupart des experts relatent aussi l'annonce et son impact dans leur entourage. Brian T. Moynihan revient ainsi sur les réactions entendues autour de lui quand il a appris à son réveil (avec le décalage horaire), le choix de la BNS: «Tout le monde pensait à une blague». Reste que la Suisse se retrouve dans une situation inhabituelle avec cette décision. Traditionnellement hôte discrète du Forum de Davos, elle est cette année au coeur des discussions. Un cas de figure qui tranche avec les précédentes éditions du WEF.

 Michel Santi dans "La Tribune" du 19 janvier 2015 Article intitulé : La Suisse déclare la guerre !

" La Banque nationale suisse est critiquée pour sa décision d'abandonner le cours plancher du franc suisse. Mais elle ne pouvait continuer d'accumuler des euros. Et il faut souligner l'innovation de taux d'intérêt négatifs, qui contraint le capitalisme à une inversion complète de ses valeurs
Les limites des pouvoirs d'une banque centrale? Une Banque Nationale Suisse (BNS) ayant perdu sa crédibilité? Toujours est-il que la suppression du cours plancher de 1.20 sur la parité euro/franc suisse, ayant propulsé la monnaie helvétique de 40% contre l'euro et de 15% vis-à-vis de 150 autres devises mondiales, a semé la terreur parmi les spéculateurs. Des 25 millions provisionnés chez Swissquote, aux 150 millions perdus par Deutsche Bank, en passant par Global Brokers en Nouvelle Zélande contraints de fermer boutique.
Ou encore FXCM - ayant bénéficié d'un volume record de 1.4 trillions de dollars de transaction changes au trimestre dernier - et qui a subi en fin de semaine dernière une perte de 225 millions de dollars et vu son action en bourse s'effondrer de 85%.
Autant de victimes collatérales de cette BNS ayant désormais décidé de faire chèrement payer les spéculateurs et les investisseurs - en mal de « valeurs refuges » - qui étouffaient littéralement la banque centrale. Au gré de ses interventions répétitives visant à enrayer l'appréciation de sa monnaie, n'avait-elle pas gonflé son bilan qui atteint désormais près de 85% du P.I.B. helvétique ?
Les taux négatifs, un signal fort
Cette spéculation effrénée, cette ruée irrationnelle vers sa monnaie contraignaient donc la banque centrale, du fait de ses ventes massives de francs suisses et de ses achats d'euros, à s'approprier des actifs étrangers considérés comme moins sûrs et moins fiables que ceux de son propre pays. Dans un monde coutumier des taux d'intérêt positifs, où le débiteur rémunère le créancier pour avoir mis ses liquidités à sa disposition, les taux négatifs instaurés par la BNS, susceptibles de descendre jusqu'à - 2% dans un avenir très proche, sont un signal très fort envoyé par les autorités helvétiques au reste du monde.
« Vous paierez désormais le prix de cette sécurité que l'on vous assure ». Dans ce nouveau contexte international de taux négatifs substantiels mis en place par une banque centrale pionnère, c'est le prêteur qui doit donc dorénavant payer l'emprunteur pour bien vouloir lui conserver ses avoirs. Il est temps que la Suisse se fasse enfin rémunérer pour offrir un îlot de quiétude et de stabilité dans un monde dangereux, tant financièrement que politiquement. Et elle ne s'arrêtera pas là!
Une ruée sur les billets...
Comme je l'ai souvent dit et écrit, seule la disparition des espèces autorise les taux négatifs instaurés par une banque centrale de dérouler leurs effets optimaux. En présence de taux d'intérêt négatifs - c'est-à-dire d'une taxe prélevée sur les comptes bancaires - nul n'empêche en effet les investisseurs et spéculateurs, voire le citoyen de base, de se reporter sur les billets de banque ou « monnaie fiduciaire » payant un intérêt de 0%. A moins que la banque centrale ne fasse disparaître le cash ou, prochaine mesure qu'adoptera immanquablement la BNS, qu'elle ne taxe les espèces en circulation. Dans un contexte où la masse des billets de 1000 francs suisses a doublé en 10 ans et où elle représente - pour des motifs évidents - un tiers des 60 milliards d'espèces helvétiques en circulation, il va de soi que cette ruée vers les billets de banques libellés en francs suisses - taxés à 0% - ira en s'amplifiant en présence de taux négatifs sur la « monnaie scripturale », autrement dit sur les comptes bancaires.
...qui va entraîner leur taxation
Voilà pourquoi la prochaine décision spectaculaire et révolutionnaire de la BNS sera de prélever une dîme sur les billets déposés auprès d'elle par le système bancaire, qui répercutera cette taxe sur les clients désireux de retirer des francs suisses au guichet ou au distributeur. Ce n'est en effet qu'à cette condition - que la banque centrale baisse l'ensemble de ses taux d'intérêt- que cette politique monétaire des taux négatifs sera pleinement efficiente. L'abandon du « peg » - c'est-à-dire du plancher des 1.20 sur l'euro/suisse - n'est donc que la première salve émise par la BNS dont le levier principal ne consistera désormais plus en des interventions sur le marché des changes. De même, les taux négatifs de -0.75% sur les dépôts bancaires ne représenteront-ils qu'une étape supplémentaire. Car elle fera prochainement usage de l'arme de destruction massive par excellence : celle de taux d'intérêt négatifs généraux qui lui permettront d'avoir un impact dévastateur à l'encontre de la spéculation et de la flambée de sa monnaie.
La Banque Nationale Suisse mène la charge
Ce n'est qu'à ce prix que l'économie suisse bénéficiera des stimuli dont elle a désespérément besoin, car il devenait urgent pour elle d'une part de cesser d'amasser des euros dans un contexte de grandes incertitudes sur l'avenir de l'Union européenne et de subir d'autre part une ruée vers sa monnaie du fait des boulerversements géopolotiques à l'Est de l'Europe. La Banque Nationale Suisse mène donc la charge et, dans un monde en pleine déflation, lui apprend comment conduire une politique de taux négatifs.
Contraindre le capitalisme à s'adapter à une inversion totale des valeurs
Ce faisant, elle contraint le capitalisme à s'adapter à une inversion totale des valeurs et des critères car c'est désormais l'emprunteur qui impose ses règles. Ne sous estimez donc pas la BNS, et réfléchissez à deux fois avant d'affirmer qu'elle a perdu sa crédibilité, car la Suisse vient en ce 15 janvier 2015 de se départir de sa neutralité séculaire et de déclarer la guerre.
Michel Santi est directeur financier et directeur des marchés financiers chez Cristal Capital S.A. à Genève. Il a conseillé plusieurs banques centrales, après avoir été trader sur les marchés financiers. Il est l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience" et "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique".

 Pierre-Henri Thomas dans "Trends-Tendances" Belgique du 16 janvier 2015 Article intitulé : Quatre questions sur la décision de laisser flotter le franc suisse

" Afin d'éviter que la devise suisse ne s'apprécie trop, la Banque nationale suisse (BNS) avait, voici trois ans, fixé un seuil au-delà duquel elle intervenait : 1,20 franc pour un euro. Autrement dit, si le franc voulait s'apprécier davantage et tendait à s'échanger à 1,19 franc contre 1 euro, la BNS vendait du franc sur le marché et rachetait de l'euro : elle soutenait ainsi l'euro et affaiblissait le franc. Mais ce jeudi, la BNS a décidé d'abandonner cette politique. Elle laisse désormais flotter sa devise face à l'euro (tout en se réservant le droit d'effectuer ponctuellement des interventions). Toutefois, pour tenter d'éviter que le franc ne s'apprécie trop, elle a aussi abaissé ses taux : le taux à trois mois, qui était déjà négatif (-0,25%) a été réduit à -0,75%. Cela n'a pas empêché le franc, une fois la décision connue jeudi matin, de flamber. Il a valu à un moment 0,86 euro, s'appréciant donc de 38%, avant de faiblir un peu et de terminer la journée de jeudi à 1,03 euro.
Pourquoi la BNS voulait empêcher le franc de s'apprécier ?
Tout simplement parce que quand une devise est trop forte, cela met en péril les exportations du pays : les clients étrangers trouvent en effet que les produits d'un pays dont la devise est très forte sont trop chers. Or, la Suisse possède beaucoup d'entreprises exportatrices et pas seulement dans l'horlogerie. C'est pourquoi, en septembre 2011, elle avait décidé de fixer une limite face à l'euro, la zone euro étant son principal partenaire commercial. L'euro ne pouvait pas valoir moins de 1,20 franc.
Pourquoi ce revirement ?
Parce que la BNS n'a plus les moyens de sa politique. Pour défendre la parité du franc à 1,20 contre 1 euro, elle a dû vendre du franc et acheter de l'euro et d'autres devises étrangères. Pour le seul mois de décembre, elle a dû acheter pour l'équivalent de 35 milliards de francs suisses de devises étrangères. La BNS se trouve aujourd'hui avec une énorme réserve de change (de l'euro, des dollars, etc...) de 500 milliards de francs. De plus, l'assouplissement monétaire que la Banque centrale européenne s'apprête à annoncer le 22 janvier ne devrait pas améliorer la situation, car cet assouplissement monétaire européen affaiblira encore un peu plus l'euro face aux autres devises, ce qui aurait contraint la BNS à intervenir à nouveau massivement. La BNS a donc jeté l'éponge.
Quelle sont les conséquences ?
Pour beaucoup, en Suisse mais aussi ailleurs, cette décision est brutale et très éloignée de la tradition suisse de vouloir préserver la stabilité. Certains ont parlé de tsunami monétaire. Les exportateurs suisses sont furieux. Si l'euro et le franc s'échangent désormais à un pour un, les conséquences économiques sont très dommageables : on parle d'une baisse du PIB suisse de 0,7%. A l'annonce de la nouvelle, la Bourse suisse a d'ailleurs plongé de 12% avant de terminer en baisse de plus de 6%.
A l'étranger aussi, c'est une mauvaise nouvelle pour certains, surtout dans des pays comme la Pologne ou la Hongrie où les ménages avaient contracté des prêts en francs suisses parce que les taux étaient beaucoup plus bas que les taux en zloty ou en forint. Désormais, ces ménages voient le montant de leur dette bondir de 20%... C'est en revanche une bonne nouvelle pour les entreprises étrangères concurrentes des Suisses, et pour les travailleurs frontaliers, qui touchent un salaire en franc suisse mais résident en dehors du pays. Ceux-là voient leur pouvoir d'achat bondir de 30% !
Comment va se comporter le franc une fois la surprise passée ?
" Le franc suisse va désormais évoluer davantage en fonction des fondamentaux de l'économie suisse, estiment les économistes de Natexis. Tant qu'elle dégagera un excédent courant de près de 10% du PIB, le franc aura une tendance haussière sauf si les investisseurs domestiques décident de recycler cet excédent courant via des sorties de capitaux, disent-ils." Mais ce n'est pas encore le cas. Les Suisses, malgré les taux négatifs, continuent à faire des dépôts en francs suisses dans les banques suisses. Et les étrangers trouvent toujours que le franc suisse est une devise refuge. Le franc devrait donc rester fort pour longtemps.

  Romaric Godin dans "La Tribune" du 15 janvier 2015 Article intitulé : Suisse : l'illusion insensée de l'indépendance monétaire

" Depuis que, ce jeudi 15 janvier, par surprise, la banque nationale suisse (BNS) a décidé d'abolir le seuil de 1,2 franc suisse pour un euro, déclenchant une envolée de la monnaie de la Confédération et, par ricochet, l'effondrement de la Bourse de Zurich, les analystes se grattent la tête pour comprendre quelle mouche a bien pu piquer les autorités monétaires helvétiques.
Réagir avant le QE ? L'explication la plus fréquemment avancée est que, avec l'arrivée annoncée, peut-être dans une semaine, le 22 janvier, de l'assouplissement quantitatif (QE) de la BCE, autrement dit de l'achat massif de dettes publiques de la zone euro, la BNS a jugé qu'il était impossible de maintenir un tel seuil face à la pression baissière qui allait peser sur l'euro. La BNS aurait donc décidé de gérer le cours du franc de façon plus souple, via une politique de taux négatif. Elle a, d'ailleurs, abaissé son taux directeur de -0,5 % à -0,75 % afin de dissuader les investisseurs d'acheter du franc. Mais cette explication semble bien trop courte. Nous ne sommes plus sous le régime de Bretton Woods où la défense du cours d'une monnaie risquait de mettre en danger les réserves d'or d'une banque centrale. La BNS le sait bien, puisqu'elle l'a elle-même expliqué cet automne aux électeurs suisses qui devaient se prononcer par votation sur le maintien d'une part fixe d'or dans son bilan. Les Suisses lui ont, du reste, donné raison. Rien n'empêchait donc la BNS de maintenir son seuil par de l'émission de francs. Une fois la demande de franc suisse satisfaite, et le seuil défendu, le QE européen, dont, du reste, on ne connaît pas la taille, mais qui sera vraisemblablement limité, aurait été surpassé. Il est plus simple de stopper une hausse que d'arrêter une baisse, comme dans le cas russe, car, dans ce cas, il faut puiser dans ses réserves de devises. Reste évidemment le risque « inflationniste » de cette création monétaire. Et ceci amène à une autre explication du choix de la BNS, complémentaire du premier. Une théorie, le triangle d'incompatibilité ou triangle de Mundell, explique qu'il n'est pas possible d'avoir à la fois la liberté de circulation des capitaux, un taux de change fixe et une politique monétaire indépendante. Il faut renoncer à un de ces trois éléments. La BNS, avec la mise en place du seuil, devait renoncer à l'indépendance de sa politique monétaire. Ce mercredi, elle a préféré reprendre son indépendance et laisser son taux de change s'ajuster. C'est ce qu'a expliqué dans sa conférence de presse le président de la BNS Thomas Jordan en disant que sa banque avait désormais « plus de flexibilité. » La fantomatique lutte contre l'inflation Mais la vraie question est : que va faire la BNS de cette indépendance ? Evidemment, lutter contre l'inflation. Autrement dit, la BNS veut maîtriser la masse monétaire en francs suisses pour éviter une envolée des prix. Une défense du seuil face au QE européen aurait naturellement fait gonfler cette masse monétaire. L'ennui, c'est que cette lutte contre l'inflation est fantomatique. La Suisse n'est pas menacée par l'inflation, mais au contraire par la déflation. Malgré le seuil et les taux bas, les prix ont ainsi reculé en décembre 2014 de 0,33 % sur un an. Il n'y a aucun risque à moyen terme d'inflation en Suisse. Abolir le seuil, c'est, pour la Suisse, se jeter dans la gueule du loup pour éviter de se faire croquer par une souris. Récession possible En réalité, la politique que la BNS a entamée ce mercredi est une politique insensée. Insensée évidemment pour l'économie suisse qui, certes, a montré des capacités de résister à la hausse du franc et à la baisse des prix, mais il y évidemment des limites. Un franc qui se rapproche de la parité face à l'euro va poser de graves problèmes de compétitivité aux exportations helvétiques. Pour faire face, elles devront réaliser des gains de productivité et ce sont les salariés suisses qui paieront le prix de l'indépendance de la BNS. Un gérant de fonds helvétique, Felix Zulauf, interrogé par la Neue Zürcher Zeitung, n'exclut pas une récession en Suisse. La BNS pourra certes s'en féliciter : ceci devrait réduire le risque d'inflation et l'attrait du franc. Mais les Suisses en auront payé le prix fort. Un coût moins élevé ? Pas sûr ! Insensée aussi parce que la BNS, si elle veut éviter une aggravation de la récession et de la déflation, mais aussi si elle ne veut pas voir la valeur des devises détenues dans son bilan fondre comme neige au soleil, va devoir intervenir pour éviter de nouvelles envolées du franc, intervenir. Or, il n'est pas sûr que ces interventions soient moins coûteuses in fine que la défense d'un seuil permanent. Comme il n'est pas sûr que cette politique soit plus « indépendante » que la précédente. Il faudra bien alors réagir aux évolutions de la politique monétaire européenne. Enfin, cette politique est insensée parce qu'elle s'appuie sur une politique de taux négatifs très élevés et que l'on ignore réellement les effets de ce type d'instrument. Insensée enfin parce qu'il a des répercussions ailleurs, notamment dans les pays d'Europe centrale, comme la Hongrie et la Pologne où les prêts en francs suisses sont encore nombreux et vont peser davantage sur les ménages. Refus de voir la réalité En réalité, la BNS a refusé de voir la réalité en face : elle ne peut être indépendante tant que la Confédération est ce qu'elle est, autrement dit, un havre de sécurité pour les investisseurs et une économie fortement dépendante des exportations vers la zone euro. Pour être entièrement indépendante, la BNS doit donc s'affranchir de cette réalité. Elle a décidé de le faire en sacrifiant la croissance et l'emploi afin que le franc finisse par perdre du terrain « naturellement. » Fruit d'une idéologie
Au final, la décision de la BNS est le fruit d'une idéologie, celle qui est fondée sur la peur panique de l'inflation et sur la pensée monétariste qui estime que masse monétaire et inflation sont toujours liées. La réalité actuelle prouve pourtant que l'on est, en Suisse, comme en Europe, dans une situation de trappe à liquidités où les mesures monétaires ne jouent plus guère sur l'inflation. Rien d'autres que cette peur idéologique ne pouvait donc justifier la levée du seuil.
Argument pour Angela Merkel contre les Eurosceptiques ?
Les prochaines semaines ne manqueront pas d'intérêt. Ce qui se passe en Suisse est en effet ce qui se passerait en Allemagne si cette dernière décidait de quitter la zone euro comme le demandent les Eurosceptiques outre-Rhin. La Bundesbank ne manquerait pas alors de jouer le même jeu que la BNS, puisque c'est celui qu'il a sollicité de la BCE. Pour Angela Merkel, l'expérience suisse pourrait être un excellent argument contre les Eurosceptiques. Ce pourrait aussi être un moyen pour Mario Draghi de faire passer la pilule du QE à ses confrères allemands...

Marc Vignaud dans "Le Point" du 15 janvier 2015 Article intitulé : La Banque centrale suisse provoque un "tsunami"

" C'est un coup de tonnerre sur les marchés financiers. Et surtout pour les Suisses. La Banque centrale du pays (BNS) a pris une décision radicale, jeudi, en abandonnant le cours plancher de l'euro face au franc suisse. Depuis le 6 septembre 2011, la BNS protégeait ce cours plancher pour éviter que le franc suisse s'apprécie trop face à l'euro, dans un contexte de crise de la dette en zone euro - et donc de forte aversion des investisseurs pour le risque - dans lequel le franc suisse était devenu une valeur refuge.
"L'introduction du cours plancher a eu lieu dans une période d'extrême surévaluation du franc et de très forte incertitude sur les marchés financiers. Cette mesure exceptionnelle et temporaire a préservé l'économie suisse de graves dommages. Le franc demeure certes à un niveau élevé, mais depuis l'introduction du cours plancher, sa surévaluation s'est dans l'ensemble atténuée. L'économie a pu profiter de cette phase pour s'adapter à la nouvelle situation", s'est justifiée l'institution dans un communiqué.
Une décision totalement inattendue
Pour la Banque centrale suisse, la baisse récente de l'euro face au dollar a entraîné une baisse parallèle du franc suisse face au billet vert, ce qui justifie son retournement de politique de change : "Dans ce contexte, la Banque nationale est parvenue à la conclusion qu'il n'est plus justifié de maintenir le cours plancher", écrit-elle. Très contestée, la décision de la Banque centrale suisse a surpris tous les analystes et les investisseurs, qui ne s'attendaient pas à une telle brutalité et espéraient en tout cas des mesures transitoires. Résultat, le franc suisse a immédiatement explosé face à l'euro. De plus de 1,20 franc suisse, la monnaie unique s'est effondrée jeudi jusqu'à descendre à 0,92 franc, avant de se stabiliser un peu au-dessus de la parité, à 1,05 franc.
La Banque suisse n'a plus les moyens de défendre le taux de change
Comment expliquer le retournement de veste de la Banque centrale de Suisse ? Elle a eu, semble-t-il, de plus en plus de mal à défendre le taux de change du franc suisse au cours des derniers mois. "Le problème s'est accentué depuis la fin du printemps 2014 sous l'effet des assouplissements monétaires successifs de la Banque centrale européenne qui ont un peu plus encore compliqué la capacité de la BNS à défendre le taux de change", écrit ainsi Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque. Selon lui, la Banque centrale de Suisse ne peut rien face au quantitative easing que s'apprête à lancer la BCE, probablement le 22 janvier, pour lutter contre la déflation de l'économie européenne et qui devrait faire baisser encore un peu plus la valeur de l'euro. Elle aurait donc préféré arrêter les frais avant de se retrouver en échec.
En effet, pour empêcher une surévaluation du franc suisse, la Banque centrale ne dispose que de peu de moyens, sinon d'acheter massivement des valeurs européennes, comme de la dette publique française, pour augmenter la demande d'euros sur les marchés et faire monter sa valeur. "Il est fort probable que [la Banque centrale suisse] annonce une forte dégradation de son bilan, ce qui pourrait justifier l'abandon du cours plancher", considère Christopher Dembik. Une analyse corroborée par le président de la Banque centrale suisse lors d'une conférence de presse tenue à 13 h 15. "Nous avons étudié notre bilan et sommes arrivés à la conclusion que le moment de mettre fin au taux plancher était arrivé, et non pas dans six mois ou dans un an", a expliqué Thomas Jordan.
Le patron de Swatch dénonce un "tsunami"
Pour compenser l'abandon du taux plancher, la BNS a certes annoncé qu'elle abaissait de 0,5 point son taux d'intérêt à - 0,75 %, mais cela est loin d'être considéré comme suffisant pour empêcher les investisseurs de se ruer sur le franc suisse.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. À la mi-journée, la Bourse de Zurich perdait plus de 12 %. Le directeur général de Swatch Group, Nick Hayek, a dénoncé rien de moins qu'un "tsunami", "aussi bien pour l'industrie d'exportation que pour le tourisme, mais également pour l'ensemble de la Suisse". Les observateurs et investisseurs craignent que la flambée des cours du franc n'étouffe l'économie en renchérissant le prix des produits suisses à l'étranger et rende le pays inabordable pour les touristes. Mais, pour le président de la Banque centrale suisse, "les exportations suisses pourraient affronter un taux de 90 centimes pour un euro".
Si la panique est palpable jeudi, la situation devrait quelque peu se normaliser. Les positions en francs suisses "vont devenir très cher aux spéculateurs", justifie Thomas Jordan.

Dans "Le Dauphiné Libéré" du 6 janvier 2015 : 5894 francs, salaire mensuel brut médian dans le canton de Vaud

" Les premiers résultats de l’enquête suisse sur le sujet indiquent un salaire mensuel brut médian (autant d’individus gagnent plus que d’individus gagnent moins) de 5894 francs (4911 euros) dans le secteur privé vaudois en 2012, a fait savoir le canton hier. Ce qui est 270 francs plus faible que le salaire médian suisse. Le salaire médian des étrangers est de 5547 francs (4622 euros). Il faut aussi signaler celui des femmes, qui rendent 920 francs (826 euros) en moyenne aux hommes !"