Japon

JAPON

 

Dans "Trends tendances" Belgique du 25 novembre 2015 Article intitulé : Japon: + 3 % chaque année pour le salaire minimum afin de relancer l'économie

" Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré mardi soir qu'une augmentation annuelle de 3% des salaires de base était nécessaire pour relancer une économie essoufflée, selon les propos rapportés par les médias.
 "Il faut faire en sorte que le salaire minimum progresse de 3% chaque année", a déclaré M. Abe au cours d'une réunion sur l'économie nationale.
Le salaire minimum n'est pas uniformisé à l'échelle nationale au Japon, mais il est en moyenne de 798 yens (6,10 euros) par heure, un montant que le Premier ministre veut voir grimper à 1.000 yens à moyen terme, soit dans une dizaine d'années selon le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari.

Cette volonté est un élément de la stratégie de M. Abe pour que soit réalisée l'ambition affichée dernièrement d'élever le produit intérieur brut du Japon à 600.000 milliards de yens à l'horizon 2020, ce qui signifie qu'une croissance nominale de 3% par an est nécessaire.
Le Premier ministre souhaite que soit améliorée la compétitivité des petites et moyennes entreprises qu'il a promis d'aider en ce sens, mais ces dernières jugent en l'état difficile d'élever davantage les rémunérations puisqu'elles subissent aussi la pression de leurs clients qui réclament des baisses de prix.
M. Abe promet en échange aux entreprises d'accentuer la réduction des impôts déjà amorcée pour placer les sociétés japonaises sur un pied d'égalité avec des rivales à l'étranger dont l'imposition est souvent moins élevée.
Le Japon est retombé en récession au troisième trimestre, à cause notamment d'une baisse des investissements des entreprises.
Leur rôle est crucial pour redonner du tonus à l'économie par l'amplification de leur activité mais aussi à travers les rétributions de leurs salariés puisque la consommation des ménages représente en gros 60% du PIB.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 17 novembre 2015  Article intitulé : Le Japon entre en récession, trois ans après l'avènement des "abenomics"

" Le Japon est retombé en récession, un an tout juste après un épisode similaire, nouveau revers pour le Premier ministre Shinzo Abe dont la stratégie "abenomics" lancée fin 2012 a échoué pour l'heure à stimuler l'économie. Le produit intérieur brut a reculé de 0,2% sur la période de juillet à septembre, après une contraction d'autant au deuxième trimestre, selon une estimation préliminaire publiée lundi par le gouvernement.
Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg misaient sur un repli de 0,1%.
Principale cause de cette rechute, les entreprises ont continué à freiner leurs investissements non résidentiels (-1,3%), signe de leur prudence face au ralentissement en Asie, en particulier en Chine, partenaire commercial majeur du Japon.
"L'économie réelle est à l'arrêt", a expliqué à l'AFP Taro Saito, économiste à l'institut de recherche NLI. "Les sociétés sont réticentes à investir malgré des bénéfices solides. Elles étaient déjà frileuses, mais les incertitudes sur la conjoncture internationale ont renforcé cette tendance négative".
Dans ce contexte, elles ont choisi d'écouler leurs stocks accumulés ces derniers mois, un déclin qui a apporté une contribution négative de 0,5 point à l'évolution du PIB.
M. Saito note cependant des éléments semblant augurer d'un rebond: la consommation des ménages, en berne depuis un douloureux relèvement de TVA en avril 2014, s'est légèrement redressée (+0,5% sur un trimestre, contre -0,6% au deuxième trimestre).
Le commerce extérieur a influé positivement: bien qu'affectées par les turbulences dans les marchés émergents, les exportations, aidées par la dépréciation du yen vis-à-vis du dollar, ont affiché une hausse de 2,6%.
Prenant acte de ce tableau en demi-teinte, la Bourse de Tokyo a réagi avec mesure: le Nikkei a fini en repli de 1,04%.
De son côté, le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, a aussitôt relativisé ces statistiques, jugeant l'économie "sur la voie d'une reprise modérée" malgré "quelques faiblesses".
Au coeur du problème, le déclin de la population
Mais il n'a pas caché son agacement à l'égard du monde des affaires: "Quelle genre de décision est-ce donc de renoncer encore à investir, alors que les profits atteignent des niveaux record et que l'équipement vieillit?", a lancé M. Amari. Le gouvernement va désormais s'atteler à préparer "des mesures d'urgence", a-t-il dit, sans toutefois confirmer la rallonge budgétaire de 3.500 milliards de yens (26 milliards d'euros) évoquée dans la presse.
La pression va par ailleurs s'accroître sur la Banque du Japon (BoJ), qui se réunit mercredi et jeudi pour décider d'étendre ou non son programme de rachats d'actifs.
L'économiste Taro Saito juge pour sa part que les chiffres du PIB, globalement en ligne avec les attentes du marché, "auront peu d'impact sur la décision de la BoJ" qui devrait attendre un peu avant d'agir.
Le chômage est au plus bas et la tendance des prix positive, même si l'inflation est proche de zéro du fait de la chute des cours du pétrole, argue régulièrement son gouverneur Haruhiko Kuroda pour justifier le statu quo.
Pour les analystes, la priorité devrait être aux réformes structurelles, une des pièces maîtresses des "abenomics", qui font du surplace, fustigent d'aucuns, alors qu'il est impératif d'accroître la productivité des salariés et surtout la main-d'oeuvre.
"Si la croissance au Japon est si faible, c'est en raison du déclin de la population", souligne Paul Sheard, économiste en chef de l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's. De fait, de l'avis des experts, les grandes entreprises japonaises préfèrent se tourner vers l'étranger plutôt que d'investir dans un archipel grisonnant.
M. Sheard préconise trois pistes de travail: "Attirer plus de femmes et plus de seniors, élever l'indice de fécondité (1,4 enfant par femme en 2013), et recourir à l'immigration".
Si le Premier ministre nationaliste Shinzo Abe reste hostile à une large ouverture de l'archipel aux étrangers, il a ces dernières semaines davantage mis l'accent sur cette problématique démographique, un tournant salué par les économistes qui attendent dorénavant des actes concrets.
Faute de quoi le rebond qui se profile en 2016 ne sera qu'un feu de paille, avertit M. Sheard, alors qu'est programmée une seconde hausse de taxe au printemps 2017.
La Bourse de Tokyo dans le rouge
A l'issue des échanges, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes, qui avait déjà fini en repli vendredi après sept séances de hausse d'affilée, a cédé 1,04% (-203,22 points) à 19.393,69 points.
L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu pour sa part 0,90% (-14,30 points) à 1.571,53 points.
L'activité a été peu intense, avec seulement 1,7 milliard de titres échangés sur le premier marché.
Sur le volet des changes, le yen, considéré comme une valeur refuge, s'est renforcé après les attentats en France: le dollar s'affichait autour de 122,45 yens, en retrait par rapport à son cours de clôture vendredi, tout comme l'euro, qui valait 131,32 yens."

Dans "Le Temps" Suisse du 3 novembre 2015 Article intitulé : L’avenir du monde dépend des relations entre le Japon et la Chine

" Dans son histoire moderne le Japon a connu deux grands succès et un grand échec. Aujourd’hui, il fait face à deux grands nouveaux défis
Le premier grand succès eut lieu pendant l’ère Meiji (1868-1912) lorsque le Japon, jadis un empire féodal isolé, en l’espace de quelques décennies est devenu une grande puissance industrielle et impériale; à l’époque, un cas unique d’une nation orientale parmi les puissances occidentales. Pendant longtemps, les spécialistes débattaient de savoir s’il s’agissait principalement de «modernisation» ou «d’occidentalisation». En fait il s’agissait des deux. Le Japon a beaucoup emprunté à l’Occident et s’est allié avec la plus grande puissance du monde, la Grande-Bretagne (1902-1922), tout en gardant certaines de ses traditions issues du shintoïsme, ainsi que du bouddhisme et du confucianisme empruntés des siècles auparavant à la Chine.
Le grand échec était sa défaite dans la Seconde Guerre mondiale – ou, comme on a plutôt tendance à dire en Asie, la guerre du Pacifique. Dans les années trente, la politique japonaise tourna au militarisme, au culte de l’empereur et à l’expansion impérialiste. Le Japon envahit la Chine en 1937 et peu après s’allia avec l’Allemagne nazie et l’Italie de Mussolini. Puis en bombardant Pearl Harbor, il entra en guerre avec les Etats-Unis. Le Japon se battit contre la Chine, contre l’Empire britannique, contre les Etats-Unis et envahit, en dehors de la Chine, Hongkong, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Birmanie et les Philippines; l’Indochine continua à être administrée par l’administration coloniale française mandatée par le gouvernement de Tokyo; la Thaïlande, seul pays non colonisé de l’Asie du Sud-Est, resta neutre. La Corée et Taïwan étaient devenus des colonies japonaises respectivement en 1910 et 1895. En septembre 1945, le Japon dut capituler. C’était le grand échec de l’Empire du Soleil levant.
Le Japon reste «l’homme malade» de l’économie globale
Mais les conséquences de l’échec au niveau des représailles furent de très courte durée. «Grâce» à la Guerre froide, à la victoire de Mao Tsé-toung en Chine, et à la guerre de Corée (1950-1953), le Japon, ex-ennemi des Etats-Unis, devint son protégé. A la suite de l’aide et de la protection américaines et des réformes domestiques, dans l’agriculture comme dans l’industrie, le deuxième grand succès du Japon de l’époque moderne fut la croissance économique fulgurante que connut le pays dans les années cinquante et soixante, dépassant l’Allemagne de l’Ouest en PIB dès 1967. On l’appela le miracle économique japonais. Aujourd’hui le Japon connaît deux grands défis. Comment relancer le dynamisme économique alors que ce dernier quart de siècle s’est traduit par ce qu’on a appelé ses «décennies perdues», et ceci dans un contexte démographique du vieillissement et de la diminution de la population? Le Japon, pour le moment, reste «l’homme malade» de l’économie globale.
Deuxièmement, depuis plus d’un siècle et demi, le monde, y compris l’Asie, a été dominé par les puissances occidentales. Depuis plus d’un siècle et demi le Japon s’est allié aux puissances impérialistes occidentales: la Grande-Bretagne, puis l’Allemagne nazie, puis les Etats Unis. Pendant la Guerre froide, quand on parlait de «l’Occident», on incluait le Japon. Or, depuis une vingtaine d’années, nous sommes témoins d’une renaissance de l’Asie orientale, en particulier de la Chine que le Japon avait envahie à plusieurs reprises à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, laissant des milliers de morts, de torturés, et de femmes violées. Le «succès» du Japon riche contrastait avec la «faillite» de la Chine pauvre.
L'économie japonaise fortement dépendante de la Chine
Depuis le début de ce siècle, la Chine a dépassé le Japon en PIB et est devenue un acteur principal sur la scène globale. Elle a connu une croissance aussi fulgurante, sinon encore plus fulgurante que connut le Japon lors de son miracle économique. Aujourd’hui, l’économie japonaise dépend beaucoup de la Chine, alors que les relations politiques, géopolitiques, et émotionnelles restent tendues, voire hostiles. La relation Chine-Japon est une des plus tendues et potentiellement explosive. La troisième guerre mondiale éclatera-t-elle à la suite d’incidents/accidents survenus autour des îles contestées, Diaoyu en chinois, Senkaku en japonais, dans la mer d’Asie de l’Est?
Comment le Japon va-t-il faire face à ces défis? Le pays saura-t-il prendre les mesures nécessaires d’ajustement pour à la fois redynamiser l’économie et réussir son intégration dans l’ère du Pacifique: de se «dé-occidentaliser» et de se «ré-orientaliser»? Si le Japon n’obtient pas de succès devant ces défis, mais échoue, quelles seront les conséquences? C’est une question primordiale, en fait brûlante, non seulement pour le Japon et ses voisins, mais pour toute l’Asie et même la planète entière.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 13 août 2015 Article intitulé : Comment les économies allemande et japonaise se sont "miraculeusement" relevées après la Guerre

" "Miracle": ainsi désigne-t-on la spectaculaire transformation des deux grands vaincus de la Seconde guerre mondiale, l'Allemagne et le Japon. Retour sur les destins parallèles de ces deux puissances économiques mondiales, 70 ans après leur capitulation.
1945, année zéro: les deux pays sont ruinés, ravagés par un conflit d'une violence inouïe.
Au Japon, un quart de la richesse nationale (Produit national brut) d'avant-guerre s'est évaporé. Pourtant, l'Archipel va parvenir à s'ériger en 1968 au rang de deuxième économie planétaire, fort d'une croissance de 9% par an en moyenne de 1955 à 1973.
Au "odorokubeki Nihon" (stupéfiant Japon), selon le titre d'un article de 1962, répond le "Wirtschaftswunder" (miracle économique) de l'Allemagne qui, plus rapide encore, va se hisser derrière les Etats-Unis dès la fin des années 50.
Dans l'immédiat après-guerre, les Alliés jugulent les capacités industrielles allemandes, concentrées dans la Ruhr (ouest), démembrant par exemple la société IG Farben, qui fabriqua le gaz Zyklon-B utilisé dans les camps de la mort. Au Japon, via le général Douglas MacArthur, les occupants américains démantèlent de même de grands conglomérats ("zaibatsu").
Guerre froide
Mais cette politique s'assouplit bientôt dans le contexte de la Guerre froide, et priorité est donnée au renforcement économique pour contrer la "menace communiste".
En 1948, Américains, Britanniques et Français introduisent dans les trois zones allemandes sous leur contrôle le Deutsche Mark et s'attaquent à l'inflation. Idem au Japon sous la houlette du banquier Joseph Dodge qui serre les boulons.
L'aide financière massive des occupants va tenir un rôle décisif sous la forme du plan Marshall en Europe, un gigantesque programme de 13 milliards de dollars, majoritairement des dons.
La toute jeune République fédérale d'Allemagne (RFA, ex-Allemagne de l'Ouest), fondée en 1949, va recevoir environ 1,5 milliard de dollars. La République démocratique d'Allemagne (RDA), satellite de l'URSS fondé la même année, n'en bénéficiera pas, Staline ayant refusé l'aide américaine.
Cette masse "considérable d'argent a déclenché la reconstruction économique" de la RFA, même si elle n'est qu'un "facteur parmi d'autres", explique à l'AFP Arnd Bauerkämper, professeur d'histoire à la Freie-Universität de Berlin.
L'universitaire cite ainsi la puissance industrielle du pays (automobile, chimie, électronique) et le "réservoir de main d'oeuvre" constitué par les 13 millions d'Allemands expulsés après-guerre de territoires d'Europe de l'Est. L'effacement de 60% de la dette allemande en 1953 à Londres a également contribué à sortir le pays du marasme.

Durant les "Trente Glorieuses" (1946-1975), le modèle d'économie sociale de marché impulsé par le chancelier conservateur Konrad Adenauer et son ministre de l'Economie Ludwig Erhard, qui lui succèdera, apportera à la RFA une période quasi ininterrompue d'aisance et prospérité (la croissance tourne autour de 7% par an, le chômage tombe de 11% en 1950 à 0,7% en 1965), jusqu'au choc pétrolier de 1973.
Triomphant
Le rebond japonais est tout autant prodigieux, mais "contrairement à l'Allemagne placée sous la coupe de quatre alliés, le Japon doit orchestrer son redressement sous la tutelle des seuls Etats-Unis", qui "prennent en charge sa sécurité", relate l'universitaire Tag Murphy dans un ouvrage récent, intitulé "Japan and the Shackles of the past" (Oxford University Press, non traduit).
C'est à la force du poignet que le pays se rétablit, même si la guerre de Corée donne entre 1950 et 1953 un coup de pouce salutaire aux entreprises nippones, avec une profusion de commandes américaines.

"Bon sang, ce n'est plus l'après-guerre!": dans son livre blanc sur l'économie, le gouvernement lance en 1956, quatre ans après le départ de l'occupant, le mot d'ordre de la mobilisation. En finir avec les lamentations, se retrousser les manches.
Le visionnaire et planificateur ministère du Commerce et de l'Industrie (Miti) enrôle les banques et entreprises, des "institutions semblables à une famille, tribu ou fondation religieuse", très solidaires. C'est vrai des conglomérats (Mitsubishi, Sumitomo...), de plus petites sociétés créées avant-guerre comme Toyota ou Matsushita (aujourd'hui Panasonic) ou de nouvelles firmes mues par des capitaines d'industries (Sony, Honda).
"Les entrepreneurs avaient à coeur d'investir et innover, ils étaient prêts à prendre des risques avec le sentiment qu'enfin, leur heure était venue après ces longues années de guerre", souligne Ivan Tselichtchev, professeur d'économie à l'Université de gestion de Niigata (nord-ouest du Japon).
Et d'évoquer un contexte propice (la préparation des jeux Olympiques de Tokyo de 1964) et "un environnement humain extrêmement favorable": "des travailleurs motivés, disciplinés et désireux de servir leur compagnie". Le tout "amplifié par un système unique d'emploi à vie, de progression à l'ancienneté et de syndicats coopératifs".
Ce modèle, qui montre ses limites aujourd'hui, fit la richesse d'un Japon triomphant avant qu'il ne soit arrêté dans son élan par l'éclatement des bulles boursière et immobilière au début des années 90.
Depuis, la désormais troisième puissance économique mondiale (derrière la Chine) cherche à retrouver son lustre d'antan, quand l'Allemagne, quatrième, peut se targuer d'être la locomotive en Europe.
Avec l'AFP

Dans "Trends Tendances" Belgique du 12 août 2015 Article intitulé : Pourquoi le Japon assiste, imperturbable, à l'envolée de sa dette colossale

" Depuis l'apparition il y a cinq ans du dossier grec au coeur de l'actualité, on glose sur le danger de la dette abyssale du Japon. Pourtant l'Archipel, ignorant les Cassandre, a persisté à privilégier la relance sur l'austérité. Et la catastrophe annoncée n'a pas eu lieu, même si des voix appellent à la modération.
Plus d'un million de milliards de yens (plus de 7.400 milliards d'euros), soit plus de 200% du produit intérieur brut (PIB): à côté de ce fardeau, Athènes fait presque figure de petit joueur.
Mais ici, point de psychodrame. A la différence de la Grèce, qui vient de boucler des négociations marathon avec ses créanciers, le Japon ne frôle pas, loin de là, le défaut de paiement. Il ne doit pas d'argent à une quelconque organisation mondiale, et est même un des plus importants contributeurs du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
"Un scénario grec est hautement improbable pour le Japon", commente Marcel Thieliant, analyste de Capital Economics.
Principale raison, les autorités peuvent s'appuyer sur une exceptionnelle épargne nippone. La dette est, à plus de 90%, détenue par des investisseurs japonais, en particulier par la Banque du Japon (BoJ) qui a lancé en avril 2014 un vaste programme de rachat d'actifs, au premier rang desquels des obligations d'Etat.
22 années de déficits
"Ne pas appartenir à une union monétaire autorise une marge de manoeuvre beaucoup plus importante", souligne M. Thieliant. "Contrairement à la BoJ, la Banque de Grèce ne peut pas acheter d'obligations sur le marché secondaire tant que la Grèce reste dans la zone euro".
Autre élément de nature à rassurer les investisseurs, les importants placements nippons à l'étranger.
"Le montant net des investissements japonais s'élevait à 367.000 milliards de yens fin 2014 (2.530 milliards d'euros au cours de l'époque), faisant du Japon le premier créancier mondial (devant la Chine) et ce depuis 24 ans", relève Harumi Taguchi, du cabinet IHS.
Malgré la déflation qui le hante, le Japon demeure une économie puissante - la troisième plus importante de la planète -, dotée d'"un secteur bancaire et d'une industrie solides", selon l'économiste.
Doit-il pour autant ignorer l'explosion de sa dette, héritage des plans de soutien massifs lancés par le gouvernement après l'éclatement d'une bulle financière au début des années 1990 ?
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le gouvernement de Shinzo Abe a pris plusieurs mesures de relance: il a à lui seul dépensé des dizaines de milliards d'euros pour financer des travaux publics (reconstruction du nord-est, prévention des désastres) ou dynamiser la consommation via par exemple des bons d'achats et de voyage.
En 1992, le Japon dégageait un excédent budgétaire, et sa dette publique représentait moins de 70% du PIB. Mais 22 années de déficits (1993-2014) ont porté sa dette à un niveau inédit dans les annales de l'OCDE.
Inacceptable pour les agences de notation et organisations internationales, qui lancent régulièrement des avertissements aux autorités nippones.
Signe de leur agacement face au peu d'efforts, à leurs yeux, du gouvernement pour assainir les finances, Fitch et Moody's ont dégradé il y a peu d'un cran la note souveraine du pays, désormais loin de la prestigieuse note "AAA" perdue en 1998.

Vers une nouvelle hausse de TVA
La situation est d'autant plus inquiétante que le Japon fait face à des dépenses sociales élevées dans une société qui vieillit à grande vitesse. Selon l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la part de celles-ci a doublé, de 12% du PIB en 1990 à 24% en 2013.
"Vu le niveau sans précédent de sa dette publique, le Japon pourrait subir une perte de confiance dans la viabilité de ses finances", prévient Randall Jones, spécialiste de l'OCDE sur le Japon, interrogé par l'AFP.
"Un tel scénario aurait des répercussions conséquentes sur le reste du monde, étant donné la taille de l'économie nippone et son vaste stock d'actifs étrangers", pronostique-t-il.

Et d'appeler le gouvernement à prendre le problème à bras le corps. Pour parvenir à l'objectif affiché d'un excédent primaire budgétaire (hors service de la dette) d'ici à 2020, "il est capital d'augmenter la TVA à 10%" (contre 8% actuellement), estime M. Jones, alors que M. Abe a reporté cette mesure au printemps 2017 après l'impact dévastateur d'un premier relèvement de taxe l'an dernier.
Face aux difficultés économiques persistantes, d'aucuns jugent au contraire que la priorité est à la relance. "Le gouvernement serait bien avisé de limiter l'austérité", juge l'analyste de Capital Economics. "Réduire le fardeau de la dette sera bien plus aisé si la croissance repart", et avec elle l'inflation. Avec l'AFP"

Commentaire : Ce dernier raisonnement verra dans les années à venir une réponse sous forme de fiscalité à géométrie variable©. Ce type d'approche fiscale que je prône depuis plusieurs années a comme avantage de s'adapter parfaitement aux combats contre une trop forte inflation tout en respectant l'ensemble des acteurs économiques et les stabilités SOCIOECOPOFI.

 Dans "Trends Tendances" Belgique du 29 mai 2015 Article intitulé :  Un accord de libre-échange UE-Japon avant la fin de l'année ?


" Le Japon et l'UE se retrouvent vendredi à Tokyo pour leur 23e sommet annuel, consacré aux négociations en cours sur un partenariat stratégique et un ambitieux accord de libre-échange censé prendre forme d'ici à fin 2015. La délégation de l'Union européenne est conduite par le président du Conseil européen, Donald Tusk, et le chef de la Commission, Jean-Claude Juncker. Le Japon est représenté par son Premier ministre, Shinzo Abe. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et la commissaire au Commerce, Cecilia Malmström, prendront également part aux discussions.
Les deux parties ont déjà exprimé le souhait "d'accélérer le rythme des négociations" sur l'accord de libre-échange, lancées il y a deux ans.
Un tel accord, qui vise à favoriser la croissance, permettrait à l'ensemble UE-Japon de peser 30% de l'économie du monde et 40% de son commerce, selon ses promoteurs.

Les Européens attendent du Japon qu'il lâche du lest en particulier sur les barrières non tarifaires (NTB) qui cadenassent de nombreux marchés nippons, notamment alimentaires.
Pour Tokyo, l'un des enjeux essentiels est que Bruxelles démantèle ses droits de douane sur les voitures japonaises, une question sensible en Allemagne, important fabricant et exportateur d'automobiles.

S'il était finalisé en 2015, l'accord UE-Japon pourrait être signé avant le Partenariat transatlantique, l'accord de libre-échange négocié actuellement avec difficulté par Tokyo et Washington.
Lors du dernier sommet, il y a un an à Bruxelles, les 28 membres de l'UE et le Japon avaient décidé de renforcer leur coopération en matière de sécurité, notamment dans la lutte contre la piraterie maritime et le terrorisme, ainsi que dans la cyber-sécurité."

Dans "Trends Tendances" du 19 février 2015 Article intitulé : La Bourse de Tokyo au plus haut depuis 15 ans


" A l'issue des échanges, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a gagné 0,06% (+12,15 points) à 18.797,94 points, signant sa septième séance positive sur les huit dernières. Sur l'ensemble de la semaine, l'indice vedette a pris 2,54%, se hissant à des niveaux sans précédent depuis avril 2000.
L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part progressé de 0,14% (+2,17 points) à 1.523,85 points ce vendredi, et de 1,57% depuis lundi.
La séance, très active avec plus de 2,7 milliards de titres échangés sur le premier marché, avait démarré dans le vert, sous le signe de l'affaiblissement du yen face au dollar, un mouvement favorable aux titres des groupes exportateurs nippons.
Au moment de la fermeture, le billet vert avait perdu du terrain par rapport aux premières heures de la matinée, mais il évoluait toujours à des niveaux supérieurs à la veille, à 119,15 yens.
A l'inverse, l'euro accentuait son recul, s'affichant à 133,60 yens (contre 135,21 yens jeudi à la clôture), à l'image de son évolution face au dollar, sur fond de divergence des politiques monétaires des banques centrales européenne et américaine."

Arnaud Vaulerin dans "Libération" du 26 février 2015 Article intitulé : A Fukushima, Tepco à nouveau sous l’eau

" L’opérateur de la centrale nucléaire japonaise ravagée en 2011 a admis avoir oublié de déclarer une fuite d'eau de pluie radioactive depuis dix mois. Une nouvelle fuite constatée, suivie d’une deuxième, puis de l’aveu affligeant d’une omission ont replongé Tepco dans les affres de la gestion de l’eau contaminée depuis le début de la semaine à Fukushima. La compagnie électrique qui gère la centrale nucléaire japonaise, ravagée par le séisme et le tsunami de mars 2011, doit faire face à une volée de critiques de l’autorité de régulation du nucléaire, des associations de pêcheurs et des élus locaux. Au moment où l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) conseille de rejeter dans le Pacifique l’eau délestée d’une grande partie de ses isotopes radioactifs, ces incidents suscitent de l’inquiétude sur la manière et la transparence avec lesquelles Tepco pourrait se charger d’une telle mission.
Cette nouvelle crise a démarré dimanche. Deux alarmes, à 10 heures puis dix minutes plus tard, ont donné l’alerte car de l’eau fortement irradiée s’écoulait d’une canalisation de drainage traversant le site, qui mène à l’océan. La contamination en bêta total a atteint jusqu’à 7 230 becquerels par litre alors que Tepco ne s’engage à déverser en mer qu’une eau contaminée «à moins 5 becquerels par litre». Mercredi, l’opérateur cherchait toujours à élucider l’origine de l’écoulement quand il s’est attiré les reproches de l’autorité de régulation du nucléaire (ARN). «Je veux que soit bien comprise la cause de cet incident», a exigé le président de l’ARN Shunichi Tanaka, lors d’une réunion de l’autorité. Il a fustigé «l’erreur» de Tepco qui a mis plus d’1h30 après le déclenchement d’une alarme pour empêcher la fuite vers le Pacifique. «Un système de mesure avait beau être en place, il n’y avait pas de solution prévue» en cas de hausse soudaine de radioactivité. Il a demandé à ce qu’un «dispositif automatique d’ouverture et fermeture de conduite en cas d’anomalie» soit installé sur le site.
La veille, Tepco avait de nouveau fait sensation en annonçant une fuite dont elle avait connaissance depuis près d’un an. Cette fois, il s’agit d’eau de pluie accumulée sur le toit du réacteur 2 qui aurait dégouliné d’une gouttière dans une canalisation de drainage (drainage K) s’écoulant directement dans le Pacifique. Dans cet endroit, la «concentration de matières radioactives dans l’eau a toujours été plus élevée (une dizaine à plusieurs centaines de becquerels par litre de Cesium 137) que dans les autres drains depuis le début des contrôles en Avril 2014», précise la compagnie. Depuis cette date, Tepco était donc au courant de la présence en quantité de substances radioactives dans un fossé de drainage qui s’écoulait directement dans l’océan. Et la compagnie n’a rien fait pour bloquer la fuite. Ces deniers jours, en inspectant les tuyaux de branchement en amont de «drainage K», Tepco a trouvé une flaque d’eau sur le toit de l’unité 2 avec des taux de 29 400 becquerels de césium radioactif par litre. Cette flaque pourrait expliquer ces chiffres importants.
L’aveu a «complètement choqué» Masakazu Yabuki, le président de la coopérative des pêcheurs d’Iwaki qui a rencontré la compagnie électrique, précise l’agence Kyodo. «Je ne comprends pas pourquoi vous avez gardé le silence (sur ce sujet) alors que vous en aviez connaissance.» L’omission de Tepco a «brisé la confiance», selon les mots de Hiroyuki Sato de la coopérative de pêche de Futaba. Elle a tout d’une trahison pour les pêcheurs qui ont accepté par le passé que l’opérateur relâche en mer de l’eau prélevée en amont des réacteurs afin d’éviter qu’elle s’infiltre dans le sous-sol contaminé de la centrale. Ils doivent également faire face à une pression croissante des industriels, qui souhaitent déverser dans l’océan des liquides préalablement débarrassés de l’essentiel des éléments radioactifs. Cela permettrait à Tepco de désengorger le site de Fukushima Daiichi, qui comprend plus de 1 200 réservoirs à la fiabilité et à la robustesse parfois douteuse.
Les politiques ont également pris le relai des pêcheurs. Il est «regrettable que ce problème qui inquiètent les gens de Fukushima ait eu lieu, et que l’information n’ait pas été divulguée immédiatement», a déclaré le gouverneur de Fukushima, Masao Uchibori, qui a promis des inspections de fonctionnaires et d’experts de la préfecture. Ils devront composer avec les négligences et les omissions à répétition avec lesquelles Tepco gère le site de Fukushima-daiichi. Depuis 2013 et la révélation des incidents et des fuites d’eau en série, l’opérateur a fait la preuve de son incompétence et suscite des critiques. «Tepco est une entreprise qui ment et je doute de sa capacité à exploiter un complexe nucléaire de façon sûre», déclarait à l’automne 2013 Hirohiko Izumida, le gouverneur de la préfecture de Niigata (nord-ouest), qui héberge la plus grande centrale de l’Archipel, Kashiwazaki-Kariwa, également détenue par Tepco."
Arnaud VAULERIN Correspondant à Kyoto

  Matthieu Hoffstetter dans "Bilan" Suisse du 10 février 2015 Article intitulé : Le premier hôtel géré par des robots ouvrira cet été au Japon

" Des robots viendront-ils prochainement suivre les cours des prestigieuses écoles hôtelières suisses? Cette question saugrenue pourrait réellement se poser dès cet été avec l'ouverture de l'hôtel Henn-na dans le parc d'attractions Huis Ten Bosch, dans la préfecture de Nagasaki. Dans cet établissement actuellement en chantier, tous les métiers seront occupés par des robots, de la réception au ménage en passant par le room-service ou la cuisine. Avec ses 72 chambres et dix robots prévus pour gérer l'ensemble de l'offre, l'hôtel Henn-na (dont le nom signifie «étrange hôtel») devrait s'aligner dans une gamme à prix modérés: de 60 à 120 francs la nuit, selon le standing de la chambre. Contre 160 à 250 francs en moyenne pour les autres hôtels du parc d'attractions. Car les initiateurs du projet comptent sur la productivité 24h/24 et 7jours/7 des robots pour réduire drastiquement les coûts. Des robots à l'apparence humaine
Pas question toutefois de réduire les coûts de développement des robots: ceux-ci ont fait l'objet des recherches et développements les plus perfectionnés et prendront une apparence la plus proche de l'aspect humain possible. Contrairement à de nombreux autres projets dans le domaine de la robotique, les initiateurs de l'hôtel Henn-na ont clairement opté pour des androïdes, ces robots calqués sur l'apparence humaine.
Ces androïdes sont le fruit d'une collaboration entre l'université d'Osaka et la société Kokoro, spécialisée dans la construction de robots. En plus de l'apparence humaine, ils auront aussi une gestuelle calquée sur les humains et seront capables de comprendre au moins quatre langues (japonais, anglais, chinois, coréen). Quant aux clients, ils ne recevront plus de clef ou de badge pour ouvrir la porte de leur chambre, mais pourront utiliser un service de reconnaissance faciale. «Nous aimerions amener le grand public à découvrir ce type d'environnement dans un hôtel de bon standing, selon un modèle que nous pourrions à terme développer ailleurs au Japon et dans le monde. Si ce premier hôtel devait rencontrer le succès, un autre établissement pourrait ouvrir dès 2016», affirme un porte-parole du parc de Huis Ten Bosch, qui invite les visiteurs à s'immerger dans une petite ville néerlandaise.