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Perrine Signoret dans "Trends Tendances" Belgique du 22 avril 2015 Article intitulé : Ces alternatives à Google qui respectent votre vie privée

" Sur le marché des moteurs de recherche, Google n'est pas tout à fait seul. Mais ses concurrents, DuckDuckGo, Qwant, Ixquick ou encore Startpage, ont beau rivaliser d'imagination, ils peinent encore à se faire une place. Le 15 avril dernier, la Commission européenne accusait Google d'abus de position dominante. Le moteur de recherche profiterait de son succès pour mettre en avant ses propres services au détriment de l'internaute. Ce dernier se voit par exemple proposer des liens vers Google Shopping avant tous les autres sites. Souvent, il l'accepte, un peu par dépit. Pourtant, il existe des alternatives.
Les moteurs de recherche les plus privés au monde
Parmi elles, Bing, Yahoo, mais aussi de jeunes moteurs de recherche moins connus comme DuckDuckGo, Qwant, Ixquick ou encore Startpage. Ces quatre nouvelles plates-formes ont une chose en commun : leur engagement dans la protection des données personnelles. Toutes d'ailleurs se décrivent comme "le moteur de recherche le plus privé au monde". Derrière cette promesse aguichante, se cache l'ambition de faire à peu près tout ce que Google ne ferait pas d'après eux. A savoir, protéger votre vie privée.
Sur le site de DuckDuckGo, on trouve une liste de toutes les données personnelles qui sont collectées sur vous, souvent à votre insu. De l'adresse IP à l'historique de navigation, rien n'est secret pour Google. "C'est un peu effrayant que les employés des moteurs de recherche puissent voir toutes ces informations à votre propos, mais ce n'est pas le principal problème", explique le fondateur, Gabriel Weinberg. Ce qui l'effraie, ce n'est pas seulement la monétisation de ces données revendues à des entreprises, mais aussi le fait qu'elles puissent être, accidentellement ou non, rendues publiques, ou transmises aux autorités chargées de l'application de la loi. En effet, si rien n'oblige les moteurs de recherche à lister les moindres faits et gestes des internautes, il existe une loi qui les force à les mettre au service de la justice si une telle demande est formulée.
Le combat de David contre Goliath
Pour garder leur vie privée vraiment privée, certains mordus de la toile ont fait le choix de ces moteurs de recherche plus 'sécurisés'. Ils seraient de plus en plus nombreux. Par exemple, Qwant fait état dans un tweet d'1,6 milliards de requêtes sur l'année 2014. Chaque mois, le chiffre grandirait de 20%. Du côté de DuckDuckGo, on a compté ce mois de mars en moyenne 8,5 millions de requêtes quotidiennes. C'est presque deux fois plus qu'à la même période l'an dernier.
Ce succès est toutefois à nuancer: le trafic reste toujours, selon les termes de La Tribune, "lilliputien". Il est certain que si l'on compare leurs chiffres à ceux de Google, le fossé est flagrant. D'après les dernières statistiques annoncées, le leader du secteur supporterait chaque mois plus de 3 milliards de requête par jour, soit environ 100 milliards par mois, ou 1.200 milliards par an. A La Tribune, un porte-parole d'un lobby anti-Google, l'Open Internet Project, explique cet écart par une métaphore pour le moins imagée : "Qwant, c'est un peu comme les salades, on a rien contre, mais on préfère quand même prendre des frites". Le président exécutif de la firme, Eric Schmidt, maintient lui que "Google opère dans un paysage compétitif" et que "les gens ont le choix".
Hors Europe, Google subit les assauts de ses concurrents
Les statistiques tendent effectivement à soutenir cette idée que "la concurrence {ne serait} qu'à un clic". Là où Google a de sérieux concurrents, ses parts de marché par exemple baissent considérablement. En Union européenne, le géant se serait imposé dans 90 à 95% des cas. "Sauf en République tchèque", souligne La Tribune. Aux États-Unis, ce score tomberait à 64%. Le développement de Bing, Yahoo, Ask et AOL serait responsable de cette 'chute'. Dans certains pays, comme en Russie ou en Corée du Sud, des moteurs de recherche locaux dépassent même Google en termes de pénétration du marché.
S'il est encore loin de réaliser de telles prouesses, DuckDuckGo semble malgré tout plutôt bien parti. Fondé en 2008, ce méta-moteur, qui s'appuie sur d'autres sites comme Bing ou Wikipédia, a signé l'an dernier deux contrats significatifs. Ils lui auront permis d'être parmi la liste des moteurs de recherche par défaut sur Firefox de Mozilla, mais aussi sur Safari, via les iPhones et Mac. Aux côtés du grand Google. Qwant, lui, ne cesse de lever des fonds. Le groupe de médias Springer a aussi fait le choix de devenir l'un de ses principaux actionnaires, à hauteur de 20%. Cela aura permis au moteur de recherche de décupler le nombre de ses serveurs, et de conquérir les journaux Die Welt et Bild, dont il va devenir "le moteur par défaut", révèle La Tribune. Ce qui devrait lui ramener du trafic parmi les Allemands, qui formeraient déjà 28% de son public, pour l'instant cantonné à l'Europe...

Dans "Trends Tendances" du 19 février 2015 Article intitulé : La "neutralité du Net" remporte une importante victoire aux USA

"Les commissaires de la FCC ont adopté par trois voix contre deux ces règles, qui interdisent notamment aux fournisseurs d'accès à internet de ralentir ou bloquer certains contenus ou services en ligne légaux, ou encore d'accorder une connexion plus rapide à certains d'entre eux moyennant finances. C'est une nouvelle tentative du régulateur pour garantir la "neutralité" d'internet, un principe qui fait polémique aux Etats-Unis comme dans d'autres pays et censé garantir un accès identique à la toile pour tous. Une régulation précédente de la FCC avait été annulée il y a un an par la justice suite à un recours du poids lourd des télécoms Verizon, et le nouveau projet a lui aussi provoqué d'intenses débats politiques à Washington.
"Internet est l'outil ultime de la liberté d'expression" et il "est trop important pour permettre aux fournisseurs d'accès à haut débit de fixer les règles", a encore fait valoir avant le vote jeudi le président de la FCC, Tom Wheeler. L'un des deux commissaires qui se sont opposés au projet, Ajit Pai, a en revanche évoqué "un virage monumental vers un contrôle gouvernemental d'internet". Sociétés VS opérateurs télécoms Des services en ligne comme Netflix, Twitter ou Yelp ont soutenu les mesures, tandis que des fournisseurs d'accès comme AT&T, Verizon ou Comcast les ont jugées trop lourdes et ont menacé de nouveaux recours.
Le clivage s'est aussi manifesté entre les démocrates, à commencer par le président Barack Obama qui avait plaidé en novembre pour un "internet libre et ouvert", et les républicains qui pourraient utiliser leur majorité au Congrès pour tenter d'invalider les nouvelles règles.

  Michel Jaccard  dans "Bilan" Suisse du 12 février 2015 Article intitulé : Le droit à l'oubli n'existe pas sur Internet


" En mai 2014, la Cour de Justice de l’Union Européenne condamnait Google à retirer de ses résultats de recherche, lorsque le nom d’une personne y était introduit, les liens vers des publications disponibles en ligne si, « en raison du fait que ces informations apparaissent, eu égard à l’ensemble des circonstances caractérisant le cas d’espèce, inadéquates, pas ou plus pertinentes ou excessives au regard des finalités du traitement en cause réalisé par l’exploitant du moteur de recherche ». Cet arrêt a fait l’objet de nombreux commentaires et immédiatement suscité de vives réactions (voir par exemple l’analyse de Reporters sans frontières / La Quadrature du Net). Rendu dans un cas d’espèce nécessairement spécifique avec un résultat qu’en fait personne ou presque ne conteste, le jugement ne contient en effet pas tous les éléments requis pour permettre de dégager des lignes directrices claires quant à sa portée ou son application concrète dans d’autres cas. La décision de Google de mettre en place un formulaire de demande de retrait sans indiquer les critères sur lesquels une décision de retrait serait prise n’a pas calmé les esprits. L’affichage d’un texte en bas des résultats de recherche indiquant que certains résultats avaient été omis en application du jugement n’a pas non plus été de nature à rassurer. Du coup,  plusieurs initiatives ont vu le jour ces derniers mois pour essayer de donner plus de sens à cet arrêt. Le groupe de travail européen (WP 29) sur la protection des données a par exemple publié des recommandations.
Google a également mis sur pied un comité consultatif de son cru, composé de personnalités de poids (dont Jimmy Wales, le fondateur de Wikipedia), qui vient de publier son rapport. Ce document est très important car il établit vraisemblablement les principes dont Google pourrait s’inspirer pour la mise en œuvre de la décision de justice (quand bien même le Comité insiste sur son indépendance vis-à-vis de la société californienne).
Quels sont les enseignements du rapport qui vient d’être publié ?
    1.    Tout le monde parle du droit à l’oubli, mais il ne s’agit pas de cela. Il n’y a pas de droit à l’oubli sur Internet. Le jugement européen a tout au plus compliqué, dans certains cas et à des conditions spécifiques, la tâche de celui qui souhaite rechercher des informations liées à une personne physique contenues sur un site internet. Il s’agit bien plutôt d’un droit au déréférencement. C’est une précision évidemment essentielle, notamment pour apprécier à sa juste portée les arguments de ceux qui crient sans nuance à la censure d’Internet dans des cas où l’information est toujours disponible (sur le site où elle est publiée) mais moins facilement accessible (par le biais de moteurs de recherche).
    2.    Il faut trouver un équilibre sensé entre le droit le plus large possible à l’accès à l’information et la nécessaire et légitime protection de la vie privée.
Pour tenter de concrétiser l’arrêt, le Comité établit une liste quatre critères principaux, sans que l’un ou l’autre, nous dit-on, doive être nécessairement privilégié:
    1.    Le rôle des personnes concernées dans la vie publique. Celles qui jouent un rôle actif dans la vie publique n’ont que peu d’espoir de se faire oublier par Google et ses semblables. Pas grand-chose à redire à ce critère, tout au moins quand l’information recherchée est pertinente dans la perspective de révéler au grand jour les actes d’une personnalité publique en rapport avec sa fonction ou ses convictions affichées.
    2.    La nature de l’information recherchée. On aura plutôt tendance à accepter un déréférencement s’agissant de données intimes, liées par exemple à la vie sexuelle, aux détails de comptes bancaires, mais pas forcément, selon le Comité, à la richesse de l’individu concerné; de même, la recherche de mots de passe et informations personnelles d’identification devraient être rendue plus ardue, et donc les liens vers les sites qui les contiendraient supprimés. Parmi d’autres exemples d’informations « sensibles » qui pourraient être aisément « oubliées » selon le Comité, il faut citer les données médicales ou celles concernant des mineurs. Par ailleurs, une vidéo ou une image pourrait être plus facilement soustraite à la recherche généralisée par des moteurs, car elle peut entraîner un préjudice plus important qu’un texte. Le Comité estime enfin que la fausseté d’une information est un critère à prendre en compte pour décider d’un déréférencement. En revanche, un discours politiquement engagé, des propos philosophiques ou religieux, des informations sur une activité criminelle, d’autres informations qui contribuent à un débat ou présentent une valeur historique, artistique ou scientifique sont autant d’informations pour lesquelles l’ « oubli » par les moteurs de recherche devrait être plus rare.
    3.    La source. Selon le Comité, il importe de prendre en compte le statut de l’auteur de la publication originale et ses motivations pour décider ou non d’un déréférencement. Si l’auteur est un journaliste ou un individu « de bonne réputation avec une crédibilité importante et/ou beaucoup de lecteurs » (l’alternative a de quoi faire frémir, si la quantité de lecteurs d’un magazine plaide en défaveur du déréférencement des informations qu’il publie), alors l’information devrait rester accessible par les moteurs de recherche. Plus juste à mon sens, si la personne qui cherche à se faire « oublier » a elle-même autorisé la publication, on sera plus récitent à accepter de supprimer les liens vers la source ; de même si la personne peut elle-même supprimer le contenu litigieux (suppression de posts sur des réseaux sociaux par exemple).
    4.    Le temps écoulé. Ce critère, déjà mentionné dans le jugement de la Cour de Justice, n’est pas véritablement précisé par le Comité, qui renonce à quantifier le nombre d’années nécessaire pour que les moteurs de recherche s'abstiennent d'indexer les informations vous concernant.
Il faut saluer la publication de ce rapport et l’effort des membres du Comité pour tenter de trouver le juste équilibre tant recherché entre droit à l’information et protection de la vie privée. S’agissant toutefois des critères mis en avant, on ne peut que rester sur sa faim. Plutôt que d’établir des lignes directrices claires, ce rapport synthétise en fait les positions exprimées par de nombreux intervenants. Les critères applicables au droit au déréférencement restent obscurs. Le rapport traite aussi d’autres questions intéressantes, de procédure, liées à la transparence du processus et se prononce sur la portée géographique de l’arrêt. Nous y reviendrons dans un prochain billet."