Risques financiers

RISQUES FINANCIERS

 

Dans "La Tribune" du 30 décembre 2014 Article intitulé : Finance : le risque pèse toujours autant sur les contribuables

" Alors que les contribuables américains sont sollicités pour assurer les activités spéculatives de leurs grandes banques, à Bruxelles, les deux principaux projets de réglementation, visant à limiter les risques bancaires et le rôle des contribuables en cas de crise, sont sur le point d’être abandonnés. Nonobstant la crise financière de 2008, les contribuables européens et américains peuvent s'étonner du fait qu'ils fassent toujours office de caution financière pour les grandes banques qui spéculent sur les marchés financiers. Encore plus inquiétant, cette addiction paradoxale des institutions financières aux garanties publiques n'est pas près de s'estomper, notamment aux Etats-Unis, au regard des dernières mesures prises. Il a en effet été intégré dans le budget fédéral voté le 11 décembre dernier une mesure qui en annule un dispositif de la loi de régulation financière Dodd-Frank de 2010, et qui protégeait les contribuables contre les risques inhérents à la spéculation sur les marchés. Des traders qui jouent avec l'argent des contribuables Concrètement, cet article de la loi Dodd-Franck forçait les grandes banques américaines à placer certaines de leurs transactions sur les produits dérivés (des instruments de couverture sur les marchés, dont les fameux "credit default swaps", CDS) dans des entités distinctes, non assurées par l'institution fédérale qui assure les banques commerciales, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).
C'est donc cette réglementation que le budget fédéral vient d'abroger, au bénéfice du secteur bancaire qui a publiquement soutenu l'initiative dans l'espoir de bénéficier, grâce à la protection du fonds fédéral, d'une meilleure notation pour refinancer les activités de produits dérivés.
Selon Elizabeth Warren, une sénatrice du Massachusetts en première ligne dans le combat contre Wall Street, cette mesure permettra "aux traders de produits dérivés à Wall Street de jouer avec l'argent du contribuable et de se faire renflouer par l'État quand leurs paris risqués menacent de faire s'écrouler le système financier". Les projets de réglementation financière abandonnés en Europe Toujours très puissante aux Etats-Unis où elle est un grand donateur des partis politiques, la haute finance l'est aussi en Europe où deux projets de réglementation financière importants ont été quasiment abandonnés : la séparation des activités bancaires et la taxe sur les transactions de produits dérivés. Ces deux mesures visaient in fine à réduire au maximum le risque que le contribuable ait à assumer le sauvetage des activités spéculatives des banques en cas de crise.
Mais les banques potentiellement concernées ont lutté sans relâche pour garder leur avantage compétitif lié à la garantie des contribuables. Elles ont d'un côté quasiment réussi à faire enterrer le projet Barnier de séparation des activités bancaires qui allait  beaucoup plus loin que les deux lois françaises et allemandes de (non) séparation bancaires adoptées en 2013. Concrètement, une loi qui séparerait au sein des grands groupes bancaires les activités de banques de détail et de banques d'investissement aurait pu permettre que la garantie implicite du contribuable pour les banques de détail - légitime tant elles jouent un rôle vital pour l'économie réelle - ne s'applique plus sur les activités de marché les plus spéculatives de ces mêmes groupes. 

Mais devant la forte réticence de la France, les négociations sont au point mort entre ministres européens et la commission Juncker a décidé de faire figurer le projet Barnier parmi ceux qui pourraient être abandonnés dans les dix-huit mois à venir si aucun progrès n'était constaté. La France vent debout contre la taxe Tobin
D'autre part, les banques européennes sont sur le point d'obtenir gain de cause pour que la taxe sur les transactions financières concernant les produits dérivés (Taxe Tobin) soit abandonnée. Sur ce dossier aussi, les négociations patinent à Bruxelles. La France a toujours proposé une réforme à minima dont l'Italie ne semble pas vouloir. Et Berlin qui dans un premier temps était plus enclin que Bercy à instaurer cette taxe sur les dérivés (sic), serait désormais prêt à laisser tomber sous la pression de ses homologues. Pourtant, les produits dérivés s'échangent pour plus de 90% d'entre eux entre institutions financières, alimentant les interconnexions entre elles et les risques d'écroulement du système financier -un peu à la manière d'un château de cartes- si par malheur un choc survenait. Appliquer une taxe de 0,01% sur les transactions de dérivés anéantirait, selon un constat d'experts, les trois quarts des transactions qui sont pour une écrasante majorité complètement déconnectées de l'économie réelle. Une mesure véritablement efficiente aurait donc été d'appliquer au niveau mondial cette taxe Tobin à l'ensemble des produits dérivés qui s'échangent de gré à gré, jusqu'ici peu contrôlés : ils sont au total adossés à 693.000 milliards de dollars de produits financiers ! C'est plus qu'avant la crise financière de 2008. Mais on est bien loin d'une telle mesure. Malgré la crise de 2008, les banques continuent de privatiser leurs profits tout en socialisant, lors des crises, leurs pertes.