Finance

FINANCE

 

Thierry Denoël Journaliste au Vif/L'Express, dans "Trends Tendances" Belgique du 7 décembre 2015 Article intitulé : La criminalité financière, ça vous intéresse ?

" Un livre accessible qui fait le tour de la question en 200 pages : un fameux défi que le juge Michel Claise a relevé. Haut la main. Le constat est sans concession, y compris pour les politiques, même si certains prennent davantage de claques que d'autres.
Il est juge d'instruction à Bruxelles. Il traque les corrupteurs et les criminels financiers de haut vol. Il n'hésite pas à s'attaquer à de grandes banques. L'année dernière, il a inculpé le patron d'UBS Belgique, puis HSBC Private Bank Suisse pour fraude fiscale grave. Au début de 2015, il a placé Serge Kubla sous mandat d'arrêt. A 59 ans, il est le magistrat le plus redouté du monde des affaires. Vis-à-vis du monde politique, il n'a pas sa langue en poche, critique vertement ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues soit par leur inaction soit par leurs fausses mesures. Aujourd'hui, il publie un livre sur la criminalité financière. (1)
Qui est mieux placé que Michel Claise pour parler de ce fléau qui a traversé le temps avec une incroyable constance (même Shakespeare était un voyou financier) et qui, aujourd'hui, tue à petit feu nos démocraties ? Le juge pose un constat édifiant, chiffres des organisations internationales à l'appui, sur l'ampleur qu'a prise cette économie criminelle et parallèle dans la société mondialisée. Il décrypte la tactique, les ruses, les techniques de blanchiment des délinquants financiers de tous poils. Il dresse aussi l'inventaire des armes dont disposent les Etats - et la Belgique en particulier - pour éviter de ne pas perdre trop de terrain dans cette guerre silencieuse qui, de plus en plus, semble perdue d'avance.
Le sous-titre de l'ouvrage : "Le club des Cassandre", du nom de cette figure mythologique qui reçut d'Apollon le don de prophétie avant d'être frappée de la malédiction de n'être jamais crue. L'intérêt de l'essai de Michel Claise est que son tableau, fort complet, de la criminalité financière s'avère accessible. Il ne s'adresse ni aux juristes ni aux grands spécialistes de la question, mais à Monsieur et Madame Tout-le-Monde. L'approche est pédagogique, le style léger. Personne ne pourra plus s'excuser de ne rien comprendre aux prophéties des Cassandre et donc de ne pas savoir...
Aux politiques belges, Michel Claise distribue les bons et les mauvais points, sans vergogne (lire ci-dessous). Chacun appréciera. D'une manière générale, il regrette le peu de détermination des gouvernements successifs. "On parle de l'impuissance des Etats face aux géants financiers, mais cette impuissance provient d'une accumulation de manque de volonté", sourit-il amèrement. Il se dit d'ailleurs pessimiste vis-à-vis du désastre annoncé par cette guerre économique. "Finalement, cela arrange beaucoup de monde cette coexistence entre une économie légale et une économie illégale, soupire-t-il. Le risque est qu'on donne les rênes du pouvoir aux mafieux. De plus en plus même." La criminalité financière, ça vous intéresse ?
EXTRAITS
Cols blancs, pas si blancs
En 1949, le criminologue et sociologue américain E. Sutherland, dans son ouvrage White-collar crime, créa l'expression "criminalité en col blanc", qui, tout en développant la particularité de la délinquance financière dans la sphère globale de la criminalité, limite le phénomène aux classes dirigeantes tout en pointant déjà la faiblesse des sanctions.
Terrorisme et criminalité financière
Tel est le présent que nous affrontons, un monde atteint par la pandémie d'une Peste, composée de deux bactéries terriblement contagieuses : la criminalité financière et l'intégrisme religieux, dont les métastases se mélangent allègrement. [...] Qui finance le terrorisme ? Les terroristes eux-mêmes, par la Commission d'infractions classiques, comme le trafic de stupéfiants. Après les attentats de Madrid en 2004, une enquête franco-espagnole a mis en évidence que les kamikazes s'étaient fournis en explosifs contre du haschich, cultivé dans le Rif marocain. [...] D'autre part, une certaine hypocrisie semble régner sur le plan international, à considérer le haut taux de probabilité que des États comme le Qatar et l'Arabie Saoudite, ou des membres importants de ces pays, contribuent secrètement à favoriser l'expansion et l'entraînement des cellules terroristes. Le terrorisme est donc entré de plain-pied dans la sphère de la criminalité financière, par l'importance du phénomène mondial qu'il représente en termes de déstabilisation des États.
Les trois "Leaks" et après ?
Mais que reste-t-il comme réactions, dans la population, après que ces scandales ont éclaté ? Les Offshore Leaks, Lux Leaks et Swiss Leaks n'ont-ils été que des feux d'artifice dans le ciel sombre de notre société en crise ? Et après le bouquet final, nous faudra-t-il, à nouveau impuissants, constater le retour des ténèbres et du silence pesant de l'indifférence ? Peut-être pas tout à fait. Une nouvelle sorte de citoyens est en train de naître, ceux qui ont subi et compris les conséquences sociales de la crise financière de 2008, qui ne supportent plus la vision de la fracture entre les mondes développés et en voie de développement - images des malheureux candidats à l'émigration échouant au large de Lampedusa -, qui s'intéressent enfin à l'information qui circule sur les raisons de ces déséquilibres, avec des mots comme blanchiment, évasion fiscale grave et organisée, paradis fiscaux. [...] Que fait vraiment le monde politique au-delà des effets d'annonce qui suivirent les manifestations des "Indignés" et les articles et émissions des trois "Leaks" ?
Carrousel infernal
La fraude à la TVA baptisée carrousel en raison de ce qu'elle repose notamment sur des ventes fictives de marchandises qui "tournent" comme les chevaux de bois, au son de l'orgue mécanique, dans les foires de notre enfance. Il suffit de choisir un produit à la mode, comme les dérivés informatiques, les voitures de luxe, les GSM..., de lui faire emprunter un circuit imaginaire en détournant plusieurs fois la taxe et de finir par une vente réelle, à perte parce qu'il importe peu de faire un bénéfice après avoir engrangé des millions. C'est ainsi que de grandes surfaces de distribution en arrivent à proposer des marchandises à très bas prix, participant de manière involontaire (peut-être pas tout à fait !) à la clôture du circuit frauduleux.
La tentation de l'entrepreneur
Il n'y a que deux sortes de profit: ou légal, ou illégal. La complexité des règles atténue la clarté de la frontière entre les deux notions, alors que la sécurité juridique voudrait que ce soit l'inverse. Pourtant, la simplicité et la transparence des règles sont des facteurs nécessaires à la croissance économique, que tous les États cherchent désespérément à relancer après la gifle reçue en 2008 suite à l'effondrement mondial du système financier. Un principe qui n'est guère rencontré dans le monde économique. [...] En Belgique, une entreprise a besoin en moyenne de 156 heures par an pour satisfaire à toutes les exigences fiscales. Si la charge fiscale est déjà considérée comme trop lourde par les entreprises, les coûts de la mise en ordre de la charge fiscale viennent s'y rajouter. Sans compter les tracasseries administratives diverses, les contrôles tatillons, les différences d'interprétation des règles au sein de l'administration fiscale elle-même. [...] Pareils à Eve qui tendit la pomme à Adam, bon nombre de professionnels du chiffre, conseillers fiscaux, banquiers, proposent d'alléger les charges fiscales par le truchement de sociétés offshore, faciles à acquérir et peu coûteuses (environ 850 euros) et dont la gestion s'élève à quelque 800 euros par an. Ces sociétés sont détenues par des entrepreneurs qui ont succombé à la tentation et qui pratiquent alors l'évasion fiscale en faisant établir par leur service comptable de fausses facturations.
Des chiffres vertigineux
Les organisations criminelles internationales actives dans l'Union européenne seraient au nombre de 3 600 et 70 % d'entre elles auraient une composition et un rayon d'action géographiquement hétérogènes, tandis que plus de 30 % auraient une vocation polycriminelle. [...] La corruption représente 5 % du PIB mondial (2 600 milliards de dollars US), plus de mille milliards de dollars étant versés chaque année en pots-de-vin. La corruption majore de 10 % le coût total de l'activité des entreprises dans le monde et de 25 % celui des marchés publics dans les pays en voie de développement. [...] Le blanchiment d'argent est, à son tour, non seulement lié aux activités typiques de la criminalité organisée, mais également à la corruption, à la fraude fiscale et à l'évasion fiscale. La fraude fiscale, l'évasion fiscale, l'évitement fiscal et la planification fiscale agressive engendrent chaque année, dans l'Union européenne, une perte de recettes fiscales potentielles estimée à mille milliards d'euros, soit un coût annuel d'environ 2 000 euros pour chaque citoyen européen.
A propos des juges d'instruction
Ces magistrats sont donc des trublions qui dérangent, surtout dans les dossiers sensibles, au point que l'on voit remettre en question la fonction elle-même. En raison de leurs pouvoirs qui pourraient les conduire à commettre certains excès ? Il n'existe pas de profession sans problème de personnes: l'erreur est humaine. Le corps des magistrats n'échappe pas à cette évidence (pour rappel, le procès d'Outreau). Mais il faut la tempérer. D'abord parce que chaque décision qui touche à la vie privée doit être motivée par le magistrat instructeur, de l'ordonnance de mise sur écoute téléphonique au mandat d'arrêt. Ensuite parce que chaque décision est susceptible d'un recours quasi immédiat.
Efficace transaction pénale ?
La marge de manoeuvre du parquet dans la négociation du montant de la transaction elle-même, indépendamment du calcul du bénéfice que cette infraction a rapporté, est limitée au plafond maximum de l'amende prévue par la loi qui, en matière financière, ne dépasse pas 1 250 000 euros. L'Union européenne dispose de sanctions beaucoup plus lourdes, atteignant des montants de centaines de millions d'euros. Que représente une somme de 500 000 euros, par exemple, pour une grosse entreprise: une sanction ou un investissement ?
Le délit d'initié, impuni
En Belgique, peu de cas sont venus devant les juridictions pénales. Un dossier à Gand s'est terminé par un acquittement, un autre à Bruxelles par une transaction pénale. Mais n'en déduisons pas trop rapidement que les milieux d'affaires en Belgique sont d'une probité à toute épreuve.
Belgium, no point !
N'est-il pas choquant de tenter de colmater les brèches budgétaires en augmentant les impôts des citoyens soumis au précompte professionnel, alors que rien ou si peu est mis en place pour activer une politique répressive destinée à rapatrier les fonds occultes et à casser les activités des organisations criminelles dans tous les secteurs qu'elles occupent ? [...] On peut difficilement prétendre que la Belgique ait été dans le passé un pays précurseur et pugnace dans la lutte contre la criminalité financière. Aucun gouvernement n'a vraiment pris le problème à bras-le-corps, que les tendances politiques des époques aient été plutôt à gauche ou à droite. On aurait pu un moment y croire. À la suite de plusieurs échecs judiciaires dans de gros dossiers financiers s'est tenue une commission parlementaire présidée par François-Xavier de Donnea, qui, après avoir entendu les différents acteurs de la lutte contre la criminalité financière, s'est attelée à rédiger un rapport publié le 7 mai 2009. Un état des lieux, suivi de plusieurs recommandations en vue de tenter d'arrêter le phénomène.
Charles Michel, no point !
Tout n'est pas négatif. Ainsi, sous la dernière législature "Di Rupo", un secrétariat d'État à la lutte contre la fraude fiscale et sociale (du neuf !) a été mis en place, avec à sa tête un mandataire imaginatif qui proposa de très nombreuses réformes dont certaines ont pu être adoptées, malgré les freins actionnés par les partis plus conservateurs (traduction: les propositions du secrétaire d'État SPA John Crombez ont eu la vie dure, côté libéral). Le gouvernement "Charles Michel", ou la Suédoise, par référence aux couleurs des partis qui le composent, s'est empressé de démanteler l'outil en le séparant en deux, fiscal d'un côté, social de l'autre, chaque secrétariat étant au départ doté d'autres missions (voire de priorités, comme la lutte contre la pauvreté, la politique dans les grandes villes, l'égalité des chances, la mer du Nord...). Jusqu'à la suppression du secrétariat d'Etat à la fraude fiscale, la compétence glissant vers le ministre des Finances. La déclaration gouvernementale de prise de fonction de la Suédoise ne fait d'ailleurs nulle allusion en quoi que ce soit à une quelconque initiative touchant à la lutte contre la criminalité financière ni à la mise en conformité de la Belgique avec les Recommandations et Directives internationales et européennes. Le contre-pied des recommandations de la commission "de Donnea".
Réformes indispensables
Deux réformes pourraient augmenter l'impact de la lutte contre le blanchiment d'argent. La première consisterait à étendre le concept de "confiscation" et à en faire une arme majeure dans la lutte contre le crime organisé en élargissant celui-ci. [...] Une deuxième réforme consisterait à réorganiser le système des amendes prévues par la loi du 11 janvier 1993 instaurant l'obligation imposée aux professionnels du chiffre de déclarer à la CTIF (NDLR : Cellule de traitement des informations financières, chargée en Belgique de détecter le blanchiment) les opérations suspectes dont ils ont connaissance. A défaut de ce faire, ceux-ci risquent de se voir taxer d'une amende administrative pouvant atteindre un montant de 1 250 000 euros. Cette sanction est ordonnée par les ordres professionnels dont ils dépendent. Raison pour laquelle aucune amende ou presque n'a été infligée depuis l'entrée en vigueur de la loi. Il est difficile de condamner ses pairs... Or, outre un effet dissuasif, l'application de cette loi permettrait de faire rentrer des recettes dans les caisses de l'État. ●
(1) Essai sur la criminalité financière. Le club des Cassandre, par Michel Claise, éd Racine, 206 p.
NB : Les intertitres sont de la rédaction.

Jean-Christophe De Wasseige dans "Trends Tendances" Belgiquedu 1 décembre 2015 Article intitulé : Le top 10 des places financières les plus opaques du monde (graphique)

 

 

" L'opacité en matière financière s'est améliorée mais le problème reste considérable. C'est la conclusion de l'édition 2015 du Financial Secrecy Index, le classement des places financières les plus secrètes de la planète, qui vient de sortir. Il a été réalisé par l'ONG britannique Tax Justice Network (TJN).

 

Le top 10 des places financières les plus opaques du monde (graphique)

Tous les deux ans, elle évalue le degré de confidentialité de différents pays (93, cette fois-ci). Cela concerne les paradis fiscaux mais pas seulement. Et c'est ce qui surprend. Nombre de pays occidentaux, apparemment honorables, sont montrés du doigt : les Etats-Unis arrivent à une déshonorante 3e place, l'Allemagne est 8e, le Japon 12e, la Belgique 38e... En fait, ici, ce n'est pas tellement le fait de proposer une fiscalité agressive qui est dénoncé, mais plutôt le fait de permettre à certaines opérations de rester à l'abri de tous les regards. Ou plus précisément, de mêler les deux. En effet, pour établir son classement, TJN utilise deux indicateurs. Le premier établit le niveau de confidentialité proprement dit. Quinze facteurs sont pris en compte. Est-ce que le pays pratique un secret bancaire ? Est-ce qu'il impose aux détenteurs de compte bancaire de se faire connaître précisément ? Etc. Le second indicateur évalue, lui, le poids du pays dans ce que l'on appelle l'offshore banking ou la finance extraterritoriale. En clair : les services financiers qui sont offerts aux non-résidents. Une fois combinés, les deux critères débouchent sur un score global.

Les territoires qui attirent beaucoup de capitaux extérieurs (Etats-Unis, Suisse, Luxembourg, etc.) sont mal classés s'ils ne se montrent pas d'une grande probité. Si l'opacité financière commence à reculer aujourd'hui, c'est grâce à trois choses, estime TJN. Un : l'OCDE a défini une norme standard pour l'échange automatique de données fiscales et 74 pays se sont engagés à la mettre en oeuvre à partir de septembre 2017. Deux : la Commission européenne, dans son "plan d'action pour une imposition des sociétés plus juste" présenté en juin dernier, propose d'imposer aux multinationales la transmission d'informations comptables pays par pays. Et trois : l'Europe envisage aussi de forcer les propriétaires effectifs de sociétés écran à s'inscrire sur des registres. Par contre, les trusts, véritables trous noirs de la finance mondiale, ont encore de beaux jours devant eux..."

Je vous propose d'écouter ce lien : http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vertigo/7231646-audrey-vernon-comedienne-20-11-2015.html

 

Vincent MIGNOT dans "CBanques" du 19 novembre 2015  Article intitulé : Epargne : le président de l'AMF s'inquiète d'un « capitalisme comptable sans capitaux financiers »

" Dans un discours introduisant les Entretiens organisés lundi 16 novembre par l’Autorité des marchés financiers (AMF), son président Gérard Rameix s’est inquiété des conséquences, pour la place de Paris, de la mise en place de la taxe sur les transactions financières, affirmant la nécessité de « repenser notre politique de l’épargne pour faire en sorte que l’épargne contribue effectivement au financement de l’économie réelle ».
« Un capitalisme sans capitaux peut-il exister ? (…) Peut-on faire sans réserve le choix de l’économie de marché sans se préoccuper réellement du bon fonctionnement du marché des instruments financiers ni de l’allocation de l’épargne ? », s’est interrogé Gérard Rameix. « La réponse est clairement non. Et c’est pourtant ce que nous faisons en France depuis des années où la méfiance à l’égard de la finance est largement partagée tant sur l’échiquier politique que dans l’opinion. »
Le président du régulateur français du secteur financier appelle ainsi de ses vœux un « discours mobilisateur sur l’environnement boursier » : « La fonction première des marchés financiers est de financer l’économie, de faire en sorte que des projets innovants se développent. Ils participent à la création de valeur et d’emplois. » Mais au-delà de la nécessité « de redonner confiance aux épargnants individuels », Gérard Rameix a aussi appelé à « repenser notre politique de l’épargne ». Il a relevé ces derniers mois « quelques initiatives intéressantes » comme le relèvement du plafond du PEA, la mise en place du PEA-PME ou la création des assurances-vie euro-croissance. Mais il les pense insuffisantes, sans toutefois proposer dans ce discours d’autres pistes.
Il s’y inquiète par contre de l’impact de la Taxe sur les transactions financières (TTF), une initiative « [portée] par des intentions louables », mais qui risque selon lui de nuire à « l’activité économique de la place de Paris » et de « décevoir ceux qui croient à la promesse d’une nouvelle ressource » : « Selon moi, une TTF ne peut s’entendre qu’à une échelle internationale beaucoup plus large que celle de onze pays de l’Union qui naturellement n’incluent pas la Place financière la plus active [la City de Londres, NDLR]. »

Commentaire : De plus en plus d'articles commencent à paraître sur les effets pervers du capitalisme comptable sans valeur ni prix financier qui est à l'origine de quantité de situations négatives voire perverses. Ce "capitalisme" comptable fabriqué ex-nihilo par des normes comptables présentées à tous comme ayant une valeur financière va entrer en zone délicate. En effet, si nous restons sur le leurre de chiffres comptables qui servent, bien qu'ils n'aient aucune crédibilité financière, de référence SOCIOlogique, ECOnomique, POlitique et FInancière le cycle des krachs se répétera au rythme passé. Quel plus beau créneau de développement pour les professionnels de la gestion de patrimoine que d'être les précurseurs de ce renouveau en travaillant avec les Agences d'Information FInancière Humainement Responsable régionales ? Sur ce sujet, je vous propose de lire ci-dessous les articles parus il y a quelques jours précurseurs de cet article et d'articles parus dans le dernier Agefi Hebdo d'hier.

Souvenez-vous : "On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps."  Abraham Lincoln

 

ET SI VOUS FAISIEZ DU JUSTE ET DE LA "VERITE" VOTRE OUTIL DE DIFFERENCIATION ET DE CROISSANCE ?

DANS L'INVERSE QU'ARRIVERA T-IL LORSQUE LES EPARGNANTS ET INVESTISSEURS VONT COMPRENDRE ?

ET JE NE PARLE PAS ICI DES AVOCATS.

ET LES EXPERTS-COMPTABLES QUI VONT DE PLUS EN PLUS S'INTERESSER A LA GESTION DE PATRIMOINE ?

QU'EN PENSE VOS ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES ?

QUELLE ATTITUDE AURA VOTRE ASSUREUR RCP ET VOTRE ASSOCIATION PROFESSIONNELLE ?

DORENAVANT, QUELLE VALEUR JURIDIQUE AU "QUE VOUS NE SAVIEZ PAS ET QUE TOUT LE MONDE FAISAIT PAREILLE" ?

 

Sébastien Buron dans "Trends Tendances" Belgique du 16 novembre 2015  Article intitulé : Colmant: "2008 n'était pas un choc bancaire, mais le point de départ de la vraie mondialisation"

 «  Devenu récemment responsable de la recherche économique chez Degroof Petercam, l'économiste parle de son nouveau changement de cap professionnel et se dit inquiet des conséquences sociétales de la digitalisation de l'économie.
Infatigable Bruno Colmant. Après la Bourse de Bruxelles, le groupe d'assurance Ageas et le consultant Roland Berger, le voici maintenant chez Degroof Petercam. Depuis le 1er octobre, il y est responsable de la recherche économique. Un poste où il remplace le tout aussi médiatique Etienne de Callataÿ, qui a quitté la maison juste avant le rapprochement de Degroof avec Petercam, pour donner naissance à la première banque privée et d'affaires indépendante du pays, avec une masse d'actifs sous gestion dépassant les 500 milliards d'euros. L'occasion d'en savoir un peu plus sur cette nouvelle trajectoire professionnelle de l'économiste, à l'heure du tout numérique et où de nombreux défis se présentent aux spécialistes de la gestion de patrimoine.
TRENDS-TENDANCES. Je n'ai pas hésité lorsqu'il m'a proposé de rejoindre Degroof Petercam. Avec le départ d'Etienne de Callataÿ, l'idée était d'avoir un économiste avec une vision différente : quelqu'un de plus neutre et de moins marqué politiquement, avec des compétences académiques et doctorales avérées, des publications scientifiques et une vision d'économiste de marché que m'a donné la présidence de la Bourse. Mes domaines de prédilection sont aujourd'hui les dettes publiques, la monnaie, l'inflation, les taux d'intérêt, la compréhension des crises, etc. Moins des questions liées aux matières fiscales, par exemple.
L'affaire François Parisis (débarqué de chez Puilaetco Dewaay pour un avis trop tranché sur la FSMA) a suscité la polémique. Selon lui, le conseil en investissement est trop réglementé. Un avis que vous partagez ?

Honnêtement, je ne pense pas qu'il soit devenu impossible pour un banquier privé de faire son métier. Nous avons vécu un choc terrible en 2008, quelque chose qui se produit une fois par siècle. En ce qui me concerne, je pense que ce n’est que le prémice de la prochaine crise de surchauffe à l’approche de 2020. Si la crise de 2008 a été des plus importante, je pense que cette importance a été décuplée par la bétise lobbyisée et intéressée des décisions politiques aussi inadmissibles qu’inacceptables. L'épargne publique a frôlé l'implosion. Non, elle a implosé simplement on a étouffé cette implosion par l’explosion financière sans valeur réelle car basée uniquement sur des chiffres comptables comme on « travaille », « équilibre », dans certains cas, un bilan de société selon les objectifs recherchés Que les autorités se chargent maintenant de protéger les investisseurs contre eux-mêmes ah bon, j’ai du mal lire "protéger les investisseurs contre eux-mêmes"… à moins que les banques soient considérées comme des investisseurs qu’il faut protéger contre elles-mêmes…. et guident les banques dans leur offre de services me semble être cohérent. Il y a eu un tel manque de conscience des risques pris avant la crise, qu'il faut réduire l'écart entre les profils d'investissement et les produits offerts.  Là, je suis out. Réduire l’écart entre les profits et les produits….
La FSMA et son patron Jean-Paul Servais ne font donc pas de l'excès de zèle.
Dans un monde de taux bas, voire négatifs comme c'est le cas aujourd'hui, les investisseurs, particuliers et professionnels, sont tentés de se tourner vers des placements plus risqués pour compenser le manque de rendement sur les actifs plus sûrs (dépôts d'épargne, etc.). Cela demande une réglementation forte. C'est donc maintenant qu'il faut être particulièrement attentif. Quand va-t-on intégrer la différence entre valorisation comptable et prix financier réalisable ?
Que pensez-vous de la nouvelle taxe sur les plus-values boursières ?
C'est une erreur complète. Cela va créer une friction dans le secteur financier qui n'était pas nécessaire. Tout cela pour un impact budgétaire homéopathique. Le gouvernement dit d'ailleurs lui-même que la mesure est symbolique. Les banques vont devoir adapter leurs systèmes informatiques pour prélever la taxe à la source. Cela va coûter beaucoup d'argent. Or, il sera facile de la contourner. Pour ceux qui peuvent se permettre d'attendre, il suffira de reporter ses opérations. Bref, le coût sociétal de la mesure sera énorme par rapport à ses bénéfices.
La fin des rétrocessions inscrite dans la deuxième mouture de la directive MiFID risque aussi de poser pas mal de problèmes ?
C'est la fin du manque de transparence des rétrocessions. Là aussi, cela me semble normal. Il faut qu'un client sache ce pour quoi il paie. Les distributeurs de fonds de tiers qui n'ont pas de capacité autonome vont souffrir. Leur business model est fragile. Certaines petites banques en ligne qui ont été créées sur un effet d'aubaine vont disparaître. Cela se voit aux Pays-Bas. Mais la gestion privée pure et dure ne va aucunement souffrir de cette transparence.
A vous entendre, le métier de banquier privé a encore de beaux jours devant lui, malgré la stagnation actuelle et le poids réglementaire...
Le poids réglementaire est énorme et la taille compte, c'est vrai. Mais je suis convaincu que c'est un métier qui va perdurer. Il a traversé toutes les phases d'automatisation. La banque privée est d'abord fondée sur un nom, un bilan, des compétences, des qualités opérationnelles. Dans un monde qui devient de plus en plus compliqué en termes fiscal, patrimonial, comptable, et avec des vies de plus en plus fragmentées pour les individus, le banquier privé a une belle carte à jouer en tant qu'interface entre ces différents univers. Surtout à l'heure du numérique. La valeur d'un banquier privé, c'est son service. Les grands réseaux bancaires traditionnels vont avoir du mal à le concurrencer. Ils font du processing, du consultatif, mais pas de la gestion à proprement parler.
Pourquoi cette digitalisation de l'économie vous inquiète-t-elle autant ?
Parce que nos sociétés ne sont pas préparés à ce choc technologique. Toutes les tâches répétitives vont être remplacées par des processus. Cela va poser d'immenses questions en termes de redistribution des richesses. C'est un choc d'une envergure comparable à ce que nous avons vécu dans les années 1970. A l'époque, nous sommes passés d'une économie industrielle à une économie de services. L'Etat est intervenu via une politique d'endettement colossal pour absorber le chômage. Aujourd'hui, la population vieillit, avec un endettement latent, la quantité de travail pour les jeunes est réduite, on observe des difficultés dans la transmission des richesses créées vers ceux qui en ont besoin, tout cela pose une énorme question sociétale. C'est majeur et sous-estimé comme phénomène. On ne voit pas encore clairement quels sont les métiers qui vont remplacer ceux qui disparaissent.
D'accord, certains jobs disparaissent, mais d'autres se créent...
Oui, mais, rien ne dit que les emplois qui disparaissent créent des emplois dans le même pays. C'est le danger : la mondialisation permet une désynchronisation géographique entre les tâches qui disparaissent chez nous et celles qui sont créées à 6.000 kilomètres d'ici. Aujourd'hui, nos emplois sont remplacés par les robots d'Apple ou d'Amazon en Californie. Les Etats sont écartelés entre une population qui bénéficie du progrès mais dont les gains de productivité sont capturés par des entreprises situées à l'étranger, et en plus de nature monopolistique. Apple, Google et autres Amazon sont aujourd'hui des groupes qui sont plus puissants que les Etats. Ils aspirent les gains de productivité. Or, ce sont ces gains de productivité qui assurent la croissance. Ce que nous vivons est absolument incroyable.
Rien de bien réjouissant...
La véritable question est que va devenir la classe moyenne dans le secteur tertiaire. C'est ce secteur-là, basé sur l'intermédiation, qui va être délocalisé. Cela veut dire par exemple que le secteur tertiaire bruxellois est menacé. Cela m'inquiète beaucoup. Individuellement nous bénéficions du choc technologique mais collectivement nous en payons le prix : 2008 n'était pas un choc bancaire mais le point de départ de la vraie mondialisation. En ce qui me concerne, je pense que le départ sera à l’approche de 2020

Le problème en plus, c'est que cette révolution digitale qui est synonyme de produits moins chers entretient aussi les tendances déflationnistes, la stagnation.

C'est une raison de plus pour créer de l'inflation, solution que je préconise depuis 2008 ! Heureusement, depuis quelques semaines, tout devient enfin plus lisible. Les grandes banques centrales de la planète font maintenant tourner la planche à billets de façon quasiment synchrone. Le Japon amplifie son offre de monnaie. La Chine le fait aussi : dépréciation du yuan, impression monétaire, relâchement de certains ratios bancaires. La BCE va sans doute elle aussi amplifier son quantitative easing (assouplissement monétaire). Quant à la Fed, elle repousse tant que faire se peut une petite remontée de ses taux d'intérêt. Le rythme de la création monétaire est maintenant bien adapté pour ne pas créer une guerre des monnaies. Il n'y a plus de disruption dans la gestion des politiques monétaires. Cela veut dire que le monde entier se dit que, devant l'excédent de dette et le manque de croissance, il faut absolument créer de l'inflation. C'est salutaire pour éviter la récession. Et contredit tout ce qui a été fait jusqu’ici par les autorités.

Dans "Boursorama" du 9 novembre 2015  Article intitulé : Que nous dit le "Volkswagate" sur l'efficience des marchés ? (Cercle des économistes)

" L'affaire Volkswagen illustre le fait que l'efficience informationelle des marchés financiers reste avant tout théorique. En l'occurence, l'efficience du marché aurait du se traduire par quoi ? Une vente massive des titres qui aurait provoqué une très forte baisse lésant ainsi les investisseurs eux-même ? Nous avons dans cet exemple une des limites du principe d'évaluation mark-to-market. Les titres étant évalués à la valorisation spéculative du jour, les possesseurs de titres n'ont quasiment d'autre choix que de ne peu bouger. Quant aux gérants...
La révélation des scandales écologiques comme l'affaire Volkswagen, et leur fort impact sur les cours de bourse des entreprises concernées, laisse penser que les marchés financiers sont loin de l'efficience informationnelle qu'on leur attribue généralement, explique l’économiste Gunther Capelle-Blancard.
Certaines affaires font date, comme les scandales Exxon Valdez, Enron ou Arthur Andersen, les mensonges du groupe Volkswagen marqueront un avant et un après. Depuis mi-septembre, la capitalisation boursière basé sur la variation spéculative du jour, elle-même faussée à plus de 90 % du groupe a chuté de 30%[1], 30% de baisse alors que les évaluations sont faussées à plus de 90% quotidiennement...exemple pour aujourd'hui : VSJ (Variation Spéculative du Jour) -1,21% et en prenant en compte la faiblesse des volumes échangés en parfait respect du principe juridique d'égalité des porteurs de parts avec la VHR (valorisation Humainement Responsable) cette baisse devient -0,0128% soit un effet de levier de destruction de plus de 98% du au simple principe comptable mark-to-market. Qui dit mieux!

Voir ici pour détail

VOLKSWAGEN VZ 29.55 28.25 96.00 -1.21 1 775 912 168 446 689 -0.0128

soit une perte pour les actionnaires de l’ordre de 15 milliards d’euros. Cette perte est une perte comptable sur une évaluation comptable qui en soi n'avait aucune crédibilité financière, sauf en tant que base de prélèvement de commissions et frais divers et variés relevant de l'abus de confiance et de l'escroquerie. Cette évaluation tient compte du coût lié au rappel de dizaines de millions de véhicules et des probables amendes, mais aussi, et surtout, d’une perte de réputation pour le constructeur allemand. Et quand le scandale de l'efficience des marchés boursiers va toucher les évalutions boursières faussées, les cours de Bourse et autres domaines boursiers ? Et quand ce scandale de l'efficience va toucher les métiers du conseil financier ? Les acheteurs de Volkswagen achetaient une mauvaise information sur la pollution, les épargnants et investisseurs non avertis achètent des valeurs boursières faussées, paient des impôts sur des estimations faussées, des commissions de surperformance sur du vent comptable etc....
Rien que le mois dernier, au Royaume-Uni, les ventes d’automobiles Volkswagen ont chuté de 10% (alors que les autres constructeurs n’enregistraient qu’une baisse de 1% de leurs ventes). L’affaire est en outre loin d’être finie et il faut s’attendre à des dizaines d’années de procédures.
Que nous apprend cette affaire ? Que les grandes firmes résistent plutôt mal à la tentation du mensonge. C’est le cas de tout un chacun direz-vous. Certes, mais les mensonges de monsieur tout le monde n’impliquent pas des dizaines de milliards de pertes ni la santé (parce qu’au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit) de tous. Et les mensonges boursiers ? Combien ?
Alors que la théorie financière sacralise « l’efficience informationnelle des marchés », on s’aperçoit année après année que de nombreuses firmes dissimulent des informations cruciales aux actionnaires, que les cabinets comptables et d’audit sont parfois toujours complices, que les firmes mentent sur le respect des normes du travail, des normes environnementales, qu’elles « optimisent » par tous les moyens leurs obligations fiscales, etc. Et en Bourse ?
Avant l’explosion de sa plateforme Deepwater horizon, BP vantait ses mérites écologiques (un joli logo vert et jaune en forme de soleil accompagné d’un slogan des plus cocasses, Beyond Petroleum…). De même Volkswagen se targuait d’être un bon élève : une semaine avant de passer aux aveux, le groupe publiait un communiqué de presse dans lequel il se félicitait d’être en tête des constructeurs automobiles mondiaux pour ses performances environnementales, sociales et de gouvernance d’après le Dow Jones Sustainability Index.
Volkswagen était également classé premier par la société de gestion, spécialisée en Investissement Socialement Responsable, RobecoSAM. Il est clair que cette affaire porte un coup dur à l’idée même de Responsabilité Sociale des Entreprises. L’évaluation de la performance extra-financière reste une véritable gageure.[2] Les Fonds ESG, ISR et IRD pratiquent les mêmes abus de confiance et escroqueries que les autres....

Le pire au fond dans cette affaire, c’est que tout cela se savait. Tout comme dans le domaine boursier n'importe quel intervenant conseil financier et autres savent qu'ils abusent leurs clients en respectant les us et coutumes actuels. Il est vrai à leur décharge qu'il n'existe pas de solutions aujourd'hui et que l'AMF attaque les "rebelles" à la réputation et au portefeuille. Cela dit, l'AMF a priori change. Désolé de le dire mais cela est vrai et ce n'est pas une nouveauté. Il y a quatre ans déjà, Greenpeace dénonçait The Dark Side of Volkswagen. Un représentant de la Commission européenne, Joanna Szychowska, a même admis que l’exécutif européen était conscient du problème depuis 2010. Preuve que les marchés ne sont pas si efficients…
Gunther Capelle-Blancard
Gunther Capelle-Blancard est Professeur d’économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au Labex Réfi (Régulation financière). Ses recherches portent essentiellement sur l'organisation des marchés financiers, la divulgation d'information, la finance éthique et la régulation financière. Auteur de plus d'une trentaine d'articles académiques dans des revues internationales, il a également rédigé plusieurs ouvrages universitaires.
Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site.

[1] Si l’on tient compte de l’évolution du DAX sur la même période et du bêta du titre, la rentabilité anormale cumulée, estimée par la technique des études d’évènements, s’élève à 40%.
[2] Pour une analyse plus approfondie, voir G. Capelle-Blancard et A. Petit, Le véritable défi de l’ISR : Mesurer les performances extra-financières, Revue Française de Gestion, n°236, 2013/7.

Michel Santi dans "La Tribune" du 9 novembre 2015  Article intitulé : Apple, ou le capitalisme à pleines dents

" Apple est une devenue une gigantesque machine à sous, pour le plus grand profit de ses actionnaires, mais au détriment des finances publiques des Etats-Unis. P
Apple gagne de l'argent - beaucoup d'argent! En fait, Apple fait plus d'argent qu'aucune société n'en a jamais gagné et se retrouve, logiquement, avec des montagnes de cash. Soit avec quelques 200 milliards de dollars, plus que la Trésorerie fédérale US! Certes, c'est les actionnaires qui sont les propriétaires ultimes de ces liquidités monumentales car Apple est une société cotée en bourse. Actionnariat qui délègue à la direction exécutive d'Apple la gestion de cette trésorerie.
Durant la première moitié du XXème siècle, c'est sous forme de dividendes distribués par les sociétés à leurs actionnaires que s'opérait la plupart du temps le paiement de ces surplus en trésorerie. C'est précisément pour les dividendes escomptés que les investisseurs sélectionnaient puis achetaient leur portefeuille titres, comme c'est le montant de ces dividendes qui servait souvent de base pour déterminer la valorisation d'une action cotée en bourse. Les directions des entreprises cotées étaient pertinemment au fait que c'est les distributions de dividendes qui attiraient les investisseurs qui ne les boudaient pas. Du reste, deux-tiers des sociétés listées sur les différentes bourses de New York s'acquittaient de dividendes en 1978.
 Moins de sociétés distribuant des dividendes, mais...
Pourtant, la proportion de sociétés qui en distribue s'est effondrée à environ 20 % aujourd'hui avec néanmoins une autre différence fondamentale qui est que celles qui continuent à payer des dividendes à leurs actionnaires le font en quantités bien plus impressionnantes. Apple -qui a renoué avec cette tradition du dividende en 2012- en fait partie, et ses règlements en faveur de ses porteurs de parts sont même les plus importants au monde.
D'autres artifices
Mais il y a également d'autres artifices permettant de redonner de l'argent à son actionnariat qui consistent tout bonnement pour une entreprise à racheter en bourse ses propres actions, avec pour conséquence mécanique de faire monter le cours de cette même action par le simple jeu de l'offre et de la demande. De fait, c'est cette méthode qui est très largement plébiscitée depuis une trentaine d'années, sachant que -là aussi- Apple caracole en tête des plus importants « buybacks » de l'histoire financière mondiale puisque c'est elle qui a opéré trois des cinq plus importants rachats d'actions de l'histoire de l'indice Standard & Poor's américain.
Une gigantesque machine à sous
La boucle est donc bouclée et le cas entendu: Apple est une gigantesque machine à sous, un monstrueux instrument à générer du profit, qui redistribue à ses propriétaires une partie des fastueuses liquidités inondant ses caisses et comptes bancaires. Pas si vite! Car, en réalité, Apple ne retourne pas à ses actionnaires son propre cash mais -très étrangement- de l'argent qu'elle sollicite aux marchés! Les dividendes payés, comme les sommes permettant ses propres rachats d'actions, ne sont effectivement pas puisés par Apple sur ses bénéfices engrangés mondialement.
Et pour cause car elle devrait payer des impôts considérables aux Etats-Unis si elle devait rapatrier une partie de ses profits pour les restituer à ses actionnaires. Les patrons d'Apple préfèrent donc emprunter ces sommes aux taux actuels du marché notoirement favorables et économiser ainsi le différentiel l'autorisant à majorer davantage son profit pour cause d'impôts US non payés car non dus.
Par ailleurs, et au cas où vous vous interrogeriez sur le motif pour lequel les entreprises préfèrent aujourd'hui procéder à des rachats de leurs propres actions en lieu et place de distribuer des dividendes, ils sont bien faciles à comprendre. Les actionnaires sont en effet imposés nettement moins dans le cadre de rachats d'actions de la part d'une société qui, pour eux ne sont que des plus values latentes du fait de l'appréciation de leur titre, que de paiement de dividendes qui sont en fait des revenus et qui sont taxés en tant que tels. Autre manière fort attentionnée pour Apple (et pour bien d'autres) de caresser et de favoriser son actionnariat.

Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.
Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.
Sa page Facebook et Twitter.

Christopher Dembik  dans "Le Temps" Suisse du 13 octobre 2015 : L’irrésistible ascension du yuan chinois

" Les dévaluations successives du yuan chinois survenues en août dernier n’ont pas entravé son internationalisation. La semaine dernière, il est devenu officiellement la quatrième monnaie la plus échangée au monde, derrière le dollar américain, l’euro et la livre sterling. Le yuan représente désormais 2,79% des transactions internationales, dépassant pour la première fois les volumes d’échanges en yen japonais. Depuis la crise financière de 2007, la Chine ne cache pas son ambition de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Pour y parvenir, elle doit élever le yuan au statut de monnaie de réserve, ce qui aura deux avantages principaux: sa devise sera plus stable et elle n’aura plus besoin de détenir des réserves de change aussi importantes, qui s’élevaient à 3560 milliards de dollars fin août. Le gouvernement ne sera plus obligé de restreindre la consommation intérieure afin de maintenir un niveau de réserves élevé, la consommation pourra progressivement remplacer les investissements dans les actifs fixes, ce qui favorisera un développement économique plus soutenable et durable. Cela s'appelle un Avenir SOCIOECOPOFI (SOCIOlogique, ECOnomique, POlitique, FInance). Quel est l'Avenir avec la paupérisation en europe allemande  ?
Pour prétendre au statut de monnaie de réserve, le yuan doit être complètement convertible et suffisamment liquide afin d’éviter une volatilité importante du taux de change. La première étape de ce processus a consisté à conclure des accords de swap entre la Chine et ses principaux partenaires commerciaux, ce qui autorise les parties prenantes à effectuer des règlements internationaux en monnaie locale, sans passer par le dollar américain. Ces accords ont été signés avec 32 pays, pour un montant total avoisinant 483 milliards de dollars. Dans les années à venir, ce type d’accord a vocation à se multiplier à la faveur de la mise en place par la Chine de sa stratégie de développement économique: la «nouvelle route de la soie», qui vise à réorienter l’économie chinoise vers l’Asie centrale et l’Europe plutôt que vers l’Est et le Pacifique.
La deuxième étape pour la Chine implique d’intégrer le yuan aux Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, ce qui pourrait être effectif dès la fin d’année 2016. Les DTS ne représentent que 2% des réserves totales des banques centrales et ne sont pas utilisés par le secteur privé mais ils ont une valeur symbolique dans le système monétaire international. Les DTS, voilà un sujet qui est des plus intéressant car il offre une issue (volontairement tue) aux problèmes économiques et financiers actuels. J'y reviendrai ultérieurement.
La dernière étape suppose d’atteindre une convertibilité complète, ce qui ne sera certainement pas possible avant la fin de la décennie en cours. Pour y parvenir, la Chine devra surmonter plusieurs obstacles. Elle devra poursuivre ses efforts pour renforcer la réglementation financière et développer son marché de la dette privée, particulièrement pour les PME. Elle devra, également, mieux faire respecter l’État de droit et établir des règles de non-discrimination des investisseurs étrangers. Les défis auxquels fait face le pays sont immenses mais la capacité de rebond de son économie est plus grande qu’on ne le croit."

 

Michel Santi dans "La Tribune" du 28 septembre 2015 : Volkswagen ? Pas une exception, mais le capitalisme actuel tel qu'il fonctionne

" Le scandale VW n'est que le symptôme des dérives du capitalisme financier. Par Michel Santi, économiste

Le capitalisme doit redevenir l'affaire de tous car il est aux mains d'une infime minorité qui est aux commandes. Un glissement imperceptible s'est déroulé depuis le début des années 80: le pouvoir de l'argent étant passé des mains des capitaines d'industrie à ceux de la haute finance. Ce faisant, l'oligarchie financière a progressivement étendu sa domination pour finir, vers le milieu des années 2000, par régner sur l'ensemble de l'économie réelle qui en est devenue totalement accro, via le levier de la financiarisation.
La sophistication ultime de la finance
Cette sophistication ultime de la finance (ayant accouché de la crise des subprimes dès 2007) a su se rendre indispensable à l'économie en l'arrosant de liquidités. L'ensemble des entreprises et des acteurs économiques a dès lors adopté le marché comme référence suprême sans se rendre compte que cette financiarisation revenait en fait à une monopolisation accrue des pouvoirs. Pouvoirs qui étaient imperceptiblement passés depuis les mains des capitaines d'industrie et des entrepreneurs (qui avaient au moins le mérite d'être familiers avec leurs ouvriers et avec leur production) entre les mains d'une élite de financiers.
La tradition entrepreneuriale avait jusque-là réellement créé une valeur ajoutée pour notre société. Et les révolutions technologiques laissé une marque profonde pour avoir constitué les authentiques forces motrices ayant autorisé prospérité des sociétés et réalisation de l'individu. En effet, le profit n'avait jamais été qu'un instrument pour ces entreprises et non le but ultime comme il l'est pour la finance, car il était constamment réinvesti, certes dans l'intérêt de ces entrepreneurs, mais également de toute la chaîne humaine qui y participait.
 Le profit, horizon unique profit trop souvent fabriqué par la comptabilité et certifié par les commissaires aux comptes
Aujourd'hui, le profit est l'horizon unique de cette financiarisation qui a tout contaminé sur son passage et qui ne considère désormais les entreprises que comme un levier à profits, ou une machine à sous dans un casino planétaire qui achète, qui vend des entreprises, qui embauche et qui licencie des salariés, avec pour seuls critères les bénéfices escomptés. La dichotomie entre industrie et finance a en effet totalement disparu. Le scandale tout récent de Volkswagen achève, si besoin est, de nous convaincre que la production n'est finalement qu'un accessoire, tout juste bon pour justifier et pour alimenter un secteur financier qui s'avère bien plus lucratif que les activités traditionnelles.
La fin de toute stratégie industrielle
Le mélange des genres est donc devenu global, intégralement en faveur de la finance et au mépris de tout intérêt commercial et de toute stratégie industrielle. C'est l'ensemble du spectre qui se retrouve aujourd'hui contaminé par la financiarisation: l'énergie, l'immobilier, les denrées alimentaires. Toutes les facettes de l'activité économique se retrouvent ainsi enchevêtrées dans une toile complexe tissée par la financiarisation. Du reste, les domaines d'activités n'importent nullement à cette financiarisation capable de sévir aujourd'hui sur un secteur donné pour l'abandonner sans crier gare au profit de placements en faveur d'un autre plus rentable. Le seul et unique objectif étant de dégager dans les meilleurs délais des bénéfices sonnants et trébuchants : telle est en effet la spécialisation ultime à l'exclusion de toute autre. En fait de bénéfices sonnants et trébuchants, ils ne sont que trop souvent issus d'une "bidoullle" comptable, bidouille qui permet de justifier la monopolisation du cash en défaveur de la société.
 Sous le joug des financiers
Organiser le sous-effectif, négliger les conditions de travail, moderniser à reculons l'outil de production, telles sont donc devenues les lignes de conduite des gestionnaires de ces entreprises modernes, désormais sous le joug des financiers. Cet objectif unique du profit, érigé au rang de religion pragmatique, a défini de nouveaux codes dont l'ensemble de la société doit s'imprégner et s'inspirer.
Voilà pourquoi l'Allemagne se focalise entièrement sur les gains de productivité comme seul et unique moyen pour résorber les déficits. Comme les seules améliorations tolérées sont celles qui touchent à la productivité, tous les critères, toute optimisation et toute recherche de solutions sont scrutés et décortiqués à l'aune de la productivité. Ce mépris suprême de la valeur travail que nous acceptons tous dans l'intérêt des gonflements des revenus spéculatifs n'est-il pas la marque de la décadence de notre civilisation ?
Les produits toujours plus sophistiqués de la finance sophistiqués ou bidouillés
À l'aide de ses produits toujours plus sophistiqués, la finance a fait main basse sur le management comme sur l'outil de travail, considérés dès lors comme une simple variable négociable à la hausse ou à la baisse, selon les besoins et les profits comptables du moment. Le travail est devenu une simple denrée, une vulgaire matière première, privée de toute considération morale et même humaine. De fait, les entreprises qui licencient sont quasiment toujours récompensées par les marchés via une augmentation de leur titre en bourse tandis que, parallèlement, celles qui embauchent courent le risque d'être jugées avec grande circonspection par l'armada des analystes financiers confortablement installés dans leur fauteuil.
 Le stress du cours de bourse
De la pression intense exercée sur leurs salariés (à tous les niveaux de la hiérarchie) pour atteindre et dépasser les objectifs, au stress permanent auquel sont soumises les directions générales quant à l'évolution du cours en bourse de la société qui les emploie. Des retours sur investissements, des chiffres relatifs à leurs ventes nationales et internationales à leurs économies de fonctionnement. Les violations de la loi et la corruption semblent faire aujourd'hui partie des règles du jeu de ces entreprises et du monde de la finance, seulement préoccupés par réaliser de bons chiffres, dépasser les concurrents, conquérir de nouveaux marchés et clients jusqu'à ce que certains se fassent «pincer».
Allègrement piétinées, l'éthique et la morale sont priées de s'éclipser face aux promotions, aux bonus, aux comptes et aux rapports falsifiés. Volkswagen ne constitue à cet égard qu'une péripétie supplémentaire sur un long chemin de corruption et de scandales ayant touché (depuis une petite quinzaine d'années) Worldcom, News Corp ou Wal Mart... C'est donc l'ensemble du spectre du monde du travail (et pas seulement la finance) qui se retrouve infecté par le conflit d'intérêt, par la comptabilité frauduleuse, par les fausses déclarations et par les atteintes à la vie privée. Le capitalisme moderne est-il donc condamné à générer des monstres ? Milton Friedman affirmait que le capitalisme est la liberté. Certes, à condition que cette liberté reste l'apanage d'une infime minorité qui coexiste à côté et au-dessus d'un océan de serfs."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 24 septembre 2015 : 1.000 milliards d'euros de créances douteuses

" Le Fonds Monétaire International a fait part jeudi de ses inquiétudes concernant l'explosion des créances douteuses en Europe, qui ont plus que doublé depuis 2009 pour atteindre 1.000 milliards d'euros et menacent la solidité des banques du continent. "La crise financière mondiale et la récession euh... la très grande partie de la récession est due à des décisions politiques lobbyisées dans le plus mauvais des cas ou, dans l'autre, relevant d'un incompétence. A ce niveau là, je pense que la solution de la lobbyisation est la plus probable. qui s'en est suivie ont laissé en héritage des niveaux élevés de créances douteuses" particulièrement dans le sud de la zone euro, assure le Fonds monétaire international dans un rapport. Selon le FMI, ces prêts à risque pèsent sur le bilan des banques européennes et "immobilisent" des fonds qui pourraient pourtant être notamment utilisés pour "augmenter les prêts" et soutenir l'activité économique. Comment soutenir une activité économique pérenne par des prêts alors que l'on paupérise volontairement les Peuples ...Je devais dormir lors de mes cours d'économie à moins que le futur soit de mettre les Peuples sous perfusion des crédits, de maîtriser leur cash etc.. et donc de mettre en place un système économique et financier aussi aliénant que promoteur de crises et guerres futures.  "La réduction urgente du volume des créances douteuses est, par conséquent, cruciale pour soutenir la progression des crédits, spécialement pour les petites et moyennes entreprises qui sont davantage tributaires des banques pour leur financement", en fait tout et tous devenons tributaire des banques et non plus des Etats. Etats qui dans les faits ne sont plus que les employés des banques, banques qui ont monopolisé (car les états leur ont donné le monopole) l'argent. "Argent" qui dans les faits n'est qu'une invention comptable tout comme les valorisations boursières qui ne sont que des chiffres comptables qui, bien que n'aucune aucune réalité financière, sont présentées et utilisées (manipulées) par et pour quantité de décisions SOCIOECOPOFI (SOCIOLogie, ECOnomie, POlitique FInance). Décisions SOCIOECOPOFI qui sont favorables, non aux Peuples ni aux Etats, mais au lobbyisateur et donc aux plus grandes banques qui dans les faits sont une, voire la mafia (voir ci-dessous "Souvenez-vous") pendant que l'ensemble de la liquidité mondiale est totalement monopolisé ou monopolisable par les banques. Cherchez l'erreur. écrit l'institution internationale. Le FMI pointe toutefois les "obstacles structurels" qui dissuaderaient les banques européennes de s'attaquer à ce problème en effaçant ces créances et en essuyant des pertes. Problèmes structurels... Le FMI, institution internationale ayant quasiment tous les pouvoirs parle "d'obstacles structurels qui dissuaderaient les banques", on va où ? Pourquoi, comment ou combien ? Dans les faits, n'est-ce pas plutot combien ?, "Les effacements de créances dans les banques européennes sont bien plus faibles qu'aux Etats-Unis", affirme le rapport. Le Fonds met notamment en cause "une supervision insuffisamment poussée ou trop "lobbyisée" ?" qui permettrait aux banques d'éviter de s'attaquer à leurs créances douteuses et à les laisser à leur bilan "pour une période bien plus longue que nécessaire". L'institution appelle donc à "améliorer" la supervision bancaire en Europe pour inverser cette tendance et place ses espoirs dans les mécanismes récemment mis en place dans la zone euro pour y parvenir." MDR

Souvenez-vous : Jérôme Monod dans « Les Echos » du 29 août 2009 :
« Une fois, je demandais à un éminent acteur de la régulation financière pourquoi le scandale du Crédit Lyonnais avait changé si peu de chose dans la surveillance des institutions financières. Il a  commencé par m’expliquer que la Commission des opérations de Bourse, l’un des organismes qui s’est fondu dans l’Autorité des marchés financiers, était une émanation du Trésor. Et qu’au-dessus du Trésor il y avait le ministre des Finances. Et qu’il ne fallait pas non plus oublier le rôle des patrons précédents du Crédit Lyonnais. Je lui fais alors remarquer que cette dilution à l’infini des responsabilités est l’une des caractéristiques de la mafia. Il m’a simplement répondu : « oui » » ; « Il faut des institutions financières mais aussi économiques, sociales, morales pour édicter des règles claires et les faire respecter, sur un socle solide, fondé par le pouvoir politique sur les principes du bien commun »

Jérôme Monod ?

•    1955-1957 : ancien élève de l'ENA (promotion « France-Afrique »), celle d'Édouard Balladur
    •    1957-1959 : auditeur à la Cour des comptes
    •    1959-1962 : membre du cabinet de Michel Debré, Premier ministre
    •    1962 : conseiller technique et adjoint au directeur de cabinet de Maurice Schumann, ministre chargé de l'aménagement du territoire
    •    1962-1966 : conseiller référendaire à la Cour des comptes
    •    1966-1968 : délégué adjoint à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, à la DATAR.
    •    1968-1975 : délégué (à la DATAR).
    •    1975-1976 : directeur de cabinet de Jacques Chirac, Premier ministre
    •    1976-1978 : secrétaire général du RPR
    •    1979 : membre de la direction de la Lyonnaise des eaux
    •    1980-2000 : président-directeur général, puis président du conseil de surveillance, de la Lyonnaise des eaux, fusionnée en (1990) avec Dumez, puis avec Suez en 1997 (et rebaptisée de ce seul nom en 2001)
    •    2000-2007 : conseiller (politique) du président de la République Jacques Chirac. À ce titre, il dispose d'un bureau à l'Élysée, dans le salon d'Argent

Simone Wapler dans "Economie matin" du 24 septembre 2015 : Sacrée Janet !

" Au fond, elle a la logique de sa folie ou la folie de la doctrine qu’elle a embrassée. Les taux n’ont jamais été relevés depuis 2006, mais toujours baissés ; ils sont à zéro depuis 2008.
Janet Yellen admet que le système financier (banques commerciales, banques centrales, shadow banking, marchés financiers) est devenu incapable de supporter la plus infime hausse d’intérêt. Elle reconnaît implicitement que l’influence de la Fed sur le chômage, l’inflation et la croissance est bidon. Ou alors, elle admet que les chiffres présentés sont faux ou pas fiables.
L’or a déjà été réduit à l’état de relique barbare ; Des taux positifs vont rejoindre l’or dans le placard des reliques barbares. L’équation est simple : il faut ronger les dettes pour éviter la faillite. Pour cela, il existe deux façons de dépouiller les créditeurs : l’inflation ou les taux négatifs. Autrefois, on dépouillait les créditeurs par l’inflation mais ils pouvaient trouver refuge dans l’or. D’où la suppression de l’or du système monétaire. Maintenant, on envisage de les dépouiller par des taux négatifs… mais ils pourraient trouver refuge dans le cash. Oui mais le cash va devenir interdit car monopolisé par les Etats et les lobbies qui les payent (les états : payés ou achetés ?)
Donc, il va falloir un petit peu de temps pour organiser la disparition du cash du système monétaire. Nous allons à grand pas vers une société sans espèce. Société qui nous liera pieds et poings aux banques. Cantona avait raison, tôt ou tard les Peuples devront montrer aux banques qu'elles ne peuvent en aucun cas être maître du jeu. La maîtrise du cash est pire que les armes.
Encore une fois, c’est ce que nous expliquons ici, sur le site de la Pétition Non à la société sans cash et la raison pour laquelle nous refusons cette privation de liberté. La pétition compte déjà plus de 10 000 signatures. C’est bien… mais il faut faire plus. Plus vous serez nombreux à signer, à faire voir cette pétition, plus nous aurons de poids lorsque nous irons revendiquer nos droits auprès des Institutions.
Mais Janet Yellen nous rassure : dormez tranquille, braves gens, les taux négatifs ne sont pas encore d’actualité — mais ça viendra, n’en doutez pas. Voici quelques-uns de ses propos :
"Je serai claire, les taux négatifs n’ont, à ce jour, pas été envisagés de façon sérieuse. Cela ne faisait pas partie de nos principales options".
Un petit coup de tranquillisant, puis un admirable exercice de langue de bois de grand planificateur couvrant ses arrières…
"Je ne m’attends pas à ce que nous nous engagions dans de nouveaux assouplissements. Mais si les perspectives venaient à changer d’une façon inattendue par mes collègues et moi-même et que nous nous trouvions confrontés à une économie faible qui nécessiterait des mesures de relance additionnelles, nous regarderions tous les outils disponibles. Et cela [les taux négatifs] pourrait être quelque chose que nous considérerions dans ce contexte".
Pas de QE4 donc (la BCE et la Bank of Japan s’en chargent), mais plutôt des taux négatifs la prochaine fois que la Fed devra "faire quelque chose". J’avoue que je me suis lourdement trompée. Je partais du principe qu’en matière financière toutes les bêtises avaient déjà été faites par le passé. Il suffisait de fouiller dans l’histoire. Eh bien, non. Les taux négatifs sont une bêtise nouvelle, jamais encore expérimentée. Conclusion ? Nous allons être des cobayes — bienvenue dans le laboratoire financier !"

Mathias Thépot dans "La Tribune" du 8 juillet 2015 Article intitulé : L'Europe va-t-elle encadrer la finance ? N'est-ce pas plutôt la finance qui encadre l'europe allemande ?

" La taxe sur les transactions financières et la séparation des activités bancaires sont deux réformes à l'étude à Bruxelles. Mais l'extrême complexité des sujets financiers ainsi que le poids des places financières dans les discussions devraient limiter le périmètre de ces mesures.
En période de crise, il est toujours plus compliqué pour les dirigeants politiques de réguler le monde de la finance, quand bien même il était le principal responsable du déclenchement de ladite crise. Car, encadrer la spéculation financière, c'est avant tout s'attaquer à un sujet éminemment complexe. Souvent, les législateurs se retrouvent désarmés face aux lobbys financiers, dont la rhétorique parfaitement rodée s'articule autour des effets néfastes qu'une régulation excessive aurait sur la santé de l'économie réelle. Un discours qui, en période de crise, est particulièrement efficace auprès des dirigeants politiques qui ne veulent pas prendre le risque d'empirer la situation économique à court terme.
Peur et ignorance
Dans la peur et l'ignorance de ces sujets trop complexes, les politiques perdent donc quasiment systématiquement leur combat face au monde de la finance. Ils perdent volontairement et de façon lobbyisée C'est encore ce qui semble se passer au niveau européen, où deux réformes majeures sont dans les tuyaux, certes, mais devraient selon toute vraisemblance avoir des impacts très limités, voire inexistants. Il s'agit d'une part de la séparation des activités de banque de dépôt et de banque de marché au sein des (trop) grands groupes européens, ainsi que de la taxe sur les transactions financières (TTF), qui font parties des grandes réformes structurelles nécessaires pour limiter les risques de crise de type 2008.
Nombre réduit de pays
Concernant la TTF, les discussions ont toutefois repris alors qu'elles étaient au point mort en 2014. Elles ont même été relancées par François Hollande lui-même qui, début 2015 sur France Inter, a fait savoir qu'il souhaitait la mise en place de la TTF européenne «au plus tard» en 2017. Mais seulement 11 pays de l'Union européenne ont accepté une telle mise en œuvre : La France, l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Belgique, le Portugal, la Grèce, la Slovaquie, l'Estonie et la Slovénie. Dotés de puissantes places financières, la Grande Bretagne et les Pays-Bas ont par exemple décliné l'invitation à l'harmonisation de la fiscalité des transactions financières au niveau européen.
Délocalisation
Ce qui pose un problème profond puisque leur refus induit des risques de délocalisation des opérateurs de marché dans ces pays voisins. Les législateurs doivent donc partir du principe qu'il sera simple pour un opérateur de ne pas se faire taxer si l'écriture de la loi n'est pas assez précise.
Concernent la TTF sur les actions -une mesure de justice fiscale dont l'application est prévue pour début 2016-, il est discuté de l'assiette et du taux. « On a bien avancé sur les bases souhaitées par la France », se réjouit-on à Bercy. Il s'agira concrètement de fixer un "principe d'émission" afin de taxer les transactions sur les actions des entreprises dont le siège social est dans un des 11 pays, tout en appliquant le "principe de résidence" pour déterminer quel Etat est bénéficiaire de l'impôt. Ce, afin de maintenir un niveau de recettes fiscales significatif sans provoquer de mouvements massifs de délocalisations à Londres ou à Amsterdam de ces acteurs hyper mobiles.
Complexité extrême
Concernant les transactions de produits dérivés, censés couvrir les risques financiers, le club des 11 se donne plus de temps pour réfléchir à l'instauration d'une taxe. Ils se heurtent en effet à l'extrême complexité de ces transactions, pour une écrasante majorité complètement déconnectées de l'économie réelle.
En effet, il est très difficile, techniquement, de différencier les transactions qui tiennent de la couverture d'un risque réel de celles qui tiennent d'une opération spéculative. La tâche est rendue d'autant plus difficile que les lobbys financiers usent de tous leurs pouvoirs pour introduire le doute chez le législateur qui a, par définition, besoin de certitudes pour légiférer. En clair, ils achètent les politiques comme nous des poudres à laver plus blanc. Cela dit, les Peuples sont aux abonnés absents du refus de cette réalité.
La France adopte toutefois une position intéressante dans ce débat : appliquer l'assiette la plus large possible, alliant toutes les transactions de dérivés : taux, change, capital, matières premières et de crédit, certes avec un faible taux... Une manière de contourner la complexité des négociations, même s'il y a fort à parier par exemple que les produits de couverture des dettes souveraines - un sujet sensible - seront exclues au final du périmètre de la taxe si les négociations aboutissent.
Risque systémique
Du reste, on sait que, au niveau international, les produits dérivés s'échangent pour plus de 90% d'entre eux entre institutions financières, alimentant les interconnexions entre elles et les risques d'écroulement du système financier -un peu à la manière d'un château de cartes- si par malheur un choc survenait. Un constat d'expert datant de 2013 disait qu'appliquer une taxe de 0,01 % sur les transactions de dérivés anéantirait les trois quarts des transactions. Mais un tel taux n'a, en l'état actuel des choses, aucune chance d'être acté.
La séparation au point mort
Les négociations avancent donc sur la TTF, même si l'issue est très incertaine. En revanche, concernant la séparation des activités bancaires, un sujet ô combien fondamental, les discussions sont au point mort entre institutions. Fin mai, le Parlement européen a en effet rejeté le rapport Hökmark, qui défendait, certes sans grande conviction, une version largement dénaturée de la proposition de séparation des activités de banque de dépôt et de banque de marché faite début 2014 par Michel Barnier.
La proposition Barnier allait pourtant plus loin que les lois françaises et allemandes de 2013 qui ne séparent quasiment rien.
Faute de loi qui sépare, le pouvoir sera vraisemblablement donné à la Banque centrale européenne, érigée en superviseur européen, de décider, si elle constate l'apparition d'un risque fort, la filialisation d'une activité spéculative. « La séparation doit se faire en fonction du risque avéré », explique-t-on à Bercy.
Une solution dont il est permis de douter de l'efficacité car les superviseurs ont, par le passé, toujours eu un temps de retard lobbyisé ou non le temps de retard ? pour intégrer les innovations financières des opérateurs de marchés.
Une réforme structurelle fondamentalement nécessaire
Une telle réforme est pourtant fondamentale pour éviter les crises futures. Concrètement, une loi qui séparerait au sein des grands groupes bancaires les activités de banque de détail et de banque de marché aurait pu permettre que la garantie implicite du contribuable pour les banques de détail - légitime tant elles jouent un rôle vital pour l'économie réelle - ne s'applique plus sur les activités de marché les plus spéculatives de ces mêmes groupes.
Même l'OCDE déclarait qu'il fallait des « mesures destinées à réduire les subventions explicites et implicites aux institutions financières trop grandes pour faire faillite, telles qu'un démembrement, une séparation structurelle, des exigences supplémentaires de fonds propres ou des plans de résolution crédibles ».
Mais, malheureusement, comme le regrette sur le site du nouvel économiste Philippe Lamberts, un des députés européens les plus en pointe sur le sujet, les banques ont toujours pu obtenir gain de cause sans grande opposition :
« Huit ans après le début de la crise financière, le rapport de forces pour imposer cette réforme indispensable n'existe plus (ou pas encore). Faudra-t-il une nouvelle crise pour le rendre possible ? ».
La question mérite d'être posée...

Commentaire : Et dire que si l'on imposait la double cotation boursière et la création de Fonds de Stabilisation Boursier, la plupart des problèmes n'existeraient plus. Manque de bol, je n'ai pas de quoi acheter les décisions via une lobbyisation devenue de bon aloi.

Paolo Garoscio   dans "Economie matin" du 3 juillet 2015 Article intitulé : Si rien n'est fait le monde va s'écrouler dans 25 ans

" Encore une prophétie apocalyptique digne de Nostradamus, vous allez dire. Mais malheureusement c'est bien plus inquiétant que ça puisque c'est l'université Anglia Ruskin qui estime qu'il ne reste plus que 25 ans à vivre pour notre civilisation. Bon, si rien n'est fait d'ici là, bien entendu, mais il semblerait que les inquiétudes des politiciens soient plutôt tournées vers des sujets plus économiques comme la dette grecque plutôt que vers la survie de l'espèce humaine.
La fin des temps en 2040 ?
Les projections de l'université Anglia Ruskin réalisées au sein du programme "Global Resources Observatory" sont complexes et se basent surtout sur les comportements actuels de notre société de consommation... et sur les risques de catastrophes naturelles qui y sont liées, à commencer par le réchauffement climatique. De quoi inquiéter, entre autres, l'assureur Lloyd's qui a publié un rapport en ce mois de juin 2015.
Au programme de la fin de la civilisation humaine, que nous n'allons malheureusement pas regarder au cinéma avec du popcorn dans les mains ? Manque de nourriture, effondrement de la monnaie, révoltes et tout ce qui ferait un bon film hollywoodien. Sauf que ça ne va pas se dérouler sur un écran.

Trois catastrophes climatiques avant la fin...
Selon l'Université Anglia Ruskin qui a développé de nouvelles projections en se basant entre autres sur des composantes du gouvernement britannique, si rien ne change il suffira de trois catastrophes climatiques d'envergure pour mettre un terme au monde tel que nous le connaissons.
Ces trois catastrophes, non mieux définies, entraîneraient une réaction en chaîne au sein de notre civilisation impactant notamment la population et surtout les stocks de nourriture. Et comme tout amateur de films catastrophes le sait, le manque de nourriture est la première cause des rébellions, surtout dans les populations pauvres.

En effet, selon Lloyd's qui reprend les données, les prix de la nourriture de base devraient atteindre des niveaux jamais vus : quatre fois plus chers que le niveau de 2000. Le riz, de son côté, pourrait quintupler de prix sur le marché. Les populations pauvres, dont l'accès à la nourriture devient impossible, commenceraient alors des rébellions en Afrique, en Amérique du sud et au Moyen-Orient.
La Bourse en souffrirait également, ce qui est logique. Selon Lloyd's, dans ce scénario catastrophe prévu pour "un futur proche" estime possible une chute boursière de 10% en Europe et de 5% aux Etats-Unis entraînant un nouveau krach boursier avec les conséquences que l'on connait tous...
Mais il reste encore du temps pour changer. Pas beaucoup, mais encore un peu...

Charles Sannat dans "Economie matin" du 1 juillet 2015 Article intitulé : La crise grecque, la théorie des jeux, et la passionnante analyse de Piketty, prix Nobel d'économie Piketty n'a jamais été prix Nobel

" Le titre de cet article peut vous inquiéter par sa complexité mais vous allez voir, il n’en est rien car au bout du compte, beaucoup de choses même compliquées peuvent s’exprimer clairement.
Écoutez Thomas Piketty… sur la Grèce. Et dire que je le trouve « trop » libéral !!
Tout d’abord, je vous invite à écouter Thomas Piketty, notre dernier prix Nobel d’économie qui était l’invité de Jean-Jacques Bourdin.
Pour ceux qui ne pourront pas voir la vidéo immédiatement, il raconte sans ambiguïté qu’il avait été expliquer aux Grecs que s’ils se serraient suffisamment la ceinture et qu’ils atteignaient « un excédent primaire », c’est-à-dire le fait de payer plus d’impôts que d’occasionner de dépenses (ce qui n’est même pas le cas en France depuis 1974, dernière année budgétaire excédentaire), alors les Européens renégocieraient la dette grecque. L’engagement fut tenu par les Grecs (quoi que l’on vous raconte actuellement) mais l’Europe refusa de renégocier la dette et proposait aux Grecs d’attendre encore et de continuer à faire encore plus d’efforts alors que nous ne parlons plus de crise économique en Grèce mais de crise humanitaire.
Piketty y explique aussi que l’Allemagne, oui l’Allemagne, le parangon de vertu, est le pays qui n’a jamais payé ses dettes au 20e siècle. Non, l’Allemagne n’a pas été vertueuse après la guerre de 14/18 et elle n’a pas payé ses dettes, de la même façon qu’elle ne les paiera pas non plus après la Seconde Guerre mondiale. Piketty explique très justement, et je peux vous assurer que Piketty n’est pas vraiment un « communiste » dans l’âme, que vouloir faire payer la Grèce, passez-moi l’expression, c’est aussi con que d’avoir voulu faire payer l’Allemagne en 1920. Au bout du compte, en ruinant l’Allemagne de l’époque, nous avons fait le lit du nazisme et nous avons nous-mêmes créé les conditions de notre débâcle de 1940, de notre occupation et de notre humiliation.
Une grande conférence sur la dette… pour annuler les dettes qui ne seront jamais remboursées… En réalité, Piketty évoque là ni plus ni moins que la mise en place d’un grand effacement. Christine Lagarde du FMI parle, elle, d’un « global reset ». N’oubliez pas les conséquences éventuelles d’une telle conférence. Les dettes SONT l’épargne.
La France doit mettre son veto à une expulsion de la Grèce de la zone euro et s’opposer frontalement à l’Allemagne…
Ce n’est pas rien non plus cette sortie de notre prix Nobel d’économie qui dénonce l’amateurisme gouvernemental et présidentiel ainsi que les erreurs multiples d’un François Hollande totalement dépassé.
Pour Piketty, rien ne peut se faire si la France s’oppose de façon frontale. Car si on ouvre la boîte de Pandore de la sortie de la zone euro, alors à chaque élection dans chaque pays ce sera la spéculation jusqu’à la destruction totale de l’euro.
D’ailleurs, il explique également que cela pousse la Grèce dans les bras de la Russie, sans oublier que la politique d’austérité imposée par l’Europe fait le jeu des mouvements nationalistes de droite qu’il considère plus dangereux que les gens d’extrême gauche de type Syriza.
Le gâchis collectif
Enfin, pour lui, il ne faut pas asphyxier davantage la Grèce puisqu’elle n’a pas le niveau d’activité suffisant pour s’en sortir et ce n’est pas en faisant fermer ses banques, en lui refusant de l’aide que l’on va l’aider à s’en sortir et, in fine, à retrouver de la solvabilité. C’est donc un gâchis pour tout le monde y compris pour les créanciers.
Voici donc en résumé la position de notre dernier prix Nobel d’économie et cela vaut le coup de l’entendre et remet quelques pendules à la bonne heure !

Mais ce n’est pas tout. Vous ne le savez peut-être pas mais le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, que j’avais eu le plaisir d’interroger il y a quelques mois à peine en exclusivité pour le Contrarien Matin, est un expert de la théorie des jeux. La théorie des jeux, c’est un peu l’art de la stratégie poussé à son paroxysme. Je reproduis ci-dessous la définition de Wikipédia.
Théorie des jeux
« La théorie des jeux est un ensemble d’outils pour analyser les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. Cet agent peut être aussi bien une personne physique, une entreprise ou un animal. L’objectif de la théorie des jeux est de modéliser ces situations, de déterminer une stratégie optimale pour chacun des agents, de prédire l’équilibre du jeu et de trouver comment aboutir à une situation optimale. La théorie des jeux est très souvent utilisée en économie, en sciences politiques, en biologie ou encore en philosophie.
Les fondements de la théorie moderne des jeux sont décrits pour la première fois en 1928 dans une publication de John von Neumann. Les idées de la théorie des jeux sont ensuite développées par Oskar Morgenstern et le même John von Neumann en 1944 dans leur ouvrage Theory of Games and Economic Behavior ».

La Grèce négocie pour son avenir, n’a pas grand-chose à perdre et ses dirigeants appliquent la théorie des jeux dans le cadre de la « raison d’état ».
Une question que personne ne pose est « quel est l’objectif de la Grèce ? ». Une autre devrait être « quel est l’objectif de l’Europe, du FMI et de la BCE ? ».
Maintenant, croisez ces deux questions. Essayons de jouer ensemble à la théorie des jeux !
Vous êtes Grecs, quel est votre objectif ? Idéalement, la situation optimale pour vous, Grec, serait de pouvoir :
1/ Rester dans l’euro.
2/ Assouplir l’austérité et répondre à la crise humanitaire qui épuise votre peuple.
3/ Obtenir une renégociation de votre dette pour que vos efforts ne soient pas effectués en vain.
4/ Que l’accord s’inscrive dans la durée et pas sur une période de trois mois encore une fois qui ne donne aucune visibilité au peuple et qui ne correspond à aucun projet crédible à part celui de faire gagner du temps aux créancier.
Il est donc assez facile, avec du bon sens, de lister les objectifs de la Grèce dans cette négociation. La Grèce sait donc ce qu’elle veut et ce qu’elle peut ou ne peut plus.

Maintenant, faisons la même chose pour l’Europe. Quels sont les objectifs de l’Europe ? Sauver et préserver l’euro ? Dans ce cas, il faudrait être plus constructif avec les Grecs…
Se faire rembourser les dettes par la Grèce ? Dans ce cas, comme le dit très justement Piketty, il est nécessaire de ne pas plus enfoncer la Grèce mais au contraire de lui donner de l’air pour qu’elle puisse améliorer son niveau d’activité. Il faut donc favoriser la stabilité, la visibilité… et accessoirement éviter de faire fermer les banques…
Alors je repose la question parce que là, je ne comprends pas. Quels sont les objectifs de l’Europe ? Et vous savez pourquoi les objectifs de l’Europe ne sont pas clairs ?

Les objectifs de l’Europe ne sont pas clairs parce qu’ils sont inavouables !
Et Piketty le sait tout aussi bien que moi, mais lui étant prix Nobel, il a une parole légèrement moins libre que la mienne !! Au moment où j’écris ces lignes (et nous sommes mardi soir), la Grèce a proposé à l’Europe un nouveau projet d’accord.
« La Grèce a proposé mardi à ses créanciers de conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers tout en restructurant sa dette, a indiqué le bureau du Premier ministre Alexis Tsipras. »
« La chancelière allemande a fait savoir qu’elle attendait le référendum de dimanche avant toute négociation. Athènes a aussi annoncé qu’il ne rembourserait pas le FMI ce soir… »
Quels sont donc les objectifs de l’Europe car pour le moment, tout ce que fait l’Europe pointe dans une seule direction. L’Allemagne veut forcer la Grèce à sortir de l’euro et de l’Europe. L’Allemagne y gagnerait et préserverait ses finances, son argent et sa puissance au détriment de tous les autres pays européens. L’Allemagne prendrait dès lors la tête de l’Europe et exercerait un pouvoir sans partage et nous devrions tous suivre.
Et c’est exactement ce risque que Thomas Piketty a dénoncé dans son intervention et la raison pour laquelle il a demandé à François Hollande de taper du poing sur la table.
Nous sommes dans une situation infiniment plus grave que ce que l’immense majorité des gens pense ou perçoit.

Joseph Stiglitz dans "Les Crises" du 1 juillet 2015 Article intitulé : L’Europe contre la démocratie grecque, par Joseph Stiglitz

" NEW YORK – La dispute et l’acrimonie qui vont croissantes au sein de l’Europe pourraient passer aux yeux d’un observateur extérieur pour le résultat inévitable de la fin de partie peu amène entre la Grèce et ses créanciers. Les dirigeants européens finissent par exposer au grand jour la véritable nature du conflit autour de la dette grecque, et cela n’a rien de plaisant : il s’agit bien plus une question de pouvoir et de démocratie que d’argent et d’économie.
Le programme économique que la troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI) a imposé à la Grèce il y a cinq ans était une aberration. Il a conduit à une baisse de 25% du PIB du pays. Je ne connais aucune dépression qui ait été provoquée aussi délibérément et ait eu des conséquences aussi catastrophiques. Ainsi le taux de chômage parmi les jeunes Grecs dépasse maintenant 60%.
Il est incroyable que la troïka nie toute responsabilité et refuse d’admettre à quel point ses prévisions et ses modèles étaient erronés. Mais il est encore plus surprenant que les dirigeants européens n’aient retenu aucun enseignement de tout cela. La troïka continue à exiger de la Grèce qu’elle parvienne à un budget primaire en excédent (hors paiement des intérêts de la dette) de 3,5% du PIB en 2018.
Partout dans le monde les économistes condamnent cet objectif comme punitif, car il ne peut que ralentir encore l’économie. Même si la dette de la Grèce était restructurée au-delà de tout ce que l’on peut imaginer, elle resterait en dépression si les électeurs acceptent les propositions de la troïka lors du référendum surprise qui aura lieu dimanche.
Peu de pays ont réussi à transformer un important déficit primaire en un excédent budgétaire comme l’ont fait les Grecs au cours des cinq dernières années. Et bien que le prix à payer en matière de souffrance humaine ait été extrêmement élevé, les dernières propositions du gouvernement grec constituent un grand pas en avant pour répondre aux exigences de ses créanciers.
Soyons clair : seule une très faible partie des énormes sommes d’argent prêtées à la Grèce lui étaient réellement destinées. Elles ont servi à rembourser les créanciers privés, notamment des banques en Allemagne et en France. La Grèce n’a reçu que des miettes, mais  elle a payé le prix fort pour préserver les systèmes bancaires de ces pays. Le FMI et les autres créanciers “officiels” n’ont pas besoin de l’argent qu’ils réclament. Dans une situation classique, ils se contenteraient de l’utiliser pour faire un nouveau prêt à la Grèce.
Mais ce n’est pas une question d’argent. Il s’agit en réalité d’utiliser les dates limites pour contraindre la Grèce à lever le pouce et à accepter l’inacceptable : non seulement l’austérité, mais d’autres mesures régressives et punitives.
Pourquoi l’Europe fait-elle cela ? Pourquoi les dirigeants de l’UE s’opposent-ils à la tenue du référendum et refusent-ils même de reculer de quelques jours la date limite du 30 juin fixée pour le prochain remboursement de la Grèce au FMI ? L’Europe n’est-elle pas avant tout une affaire de démocratie ?
En janvier, les citoyens grecs ont élu un gouvernement qui s’est engagé à mettre fin à l’austérité. Si ce gouvernement voulait simplement tenir ses engagements de campagne, il aurait déjà rejeté la proposition des créanciers. Mais il veut donner aux Grecs l’occasion d’intervenir sur cette question cruciale pour l’avenir de leur pays.
Ce souci de légitimité est incompatible avec la politique de la zone euro qui n’a jamais été un projet très démocratique. La plupart des Etats membres n’ont pas cherché l’approbation de leurs citoyens pour remettre la souveraineté monétaire de la zone entres les mains de la BCE. Quand la Suède l’a fait, les Suédois ont dit Non. Ils ont compris que le chômage augmenterait si une banque centrale concernée uniquement par le taux d’inflation (et qui ne porterait pas l’attention voulue à la stabilité financière) décide de la politique monétaire du pays. L’économie souffrirait parce que le modèle économique sur lequel repose la zone euro est basé sur des relations de pouvoir qui désavantagent les travailleurs.
Il n’est donc pas surprenant que 16 ans après que la zone euro ait institutionnalisé ces relations, c’est l’antithèse de la démocratie qui est à l’oeuvre. Beaucoup de dirigeants européens veulent la fin du gouvernement de gauche du Premier ministre Alexis Tsipras. A leurs yeux il est inacceptable d’avoir en Grèce un gouvernement qui refuse une politique qui a tant fait pour augmenter les inégalités dans nombre de pays avancés et qui veut limiter le pouvoir de l’argent. Ils pensent qu’ils pourront se débarrasser du gouvernement de Tsipras en l’obligeant à accepter un accord en contradiction avec son mandat.
Il est difficile de donner un conseil aux Grecs  pour le vote de dimanche. Dire Oui ou Non aux exigences de la troïka n’est pas chose facile, et tant l’approbation que le rejet sont porteurs d’énormes risques. Le Oui signifierait une dépression presque sans fin. Peut-être un pays dépouillé de tout (un pays qui a vendu tous ses actifs et dont la jeunesse prometteuse émigre) obtiendra-t-il finalement l’annulation de sa dette ; peut-être étant devenu un pays à revenu moyen, la Grèce va-t-elle finalement obtenir l’aide de la Banque mondiale. Cela pourrait se produire au cours de la décennie prochaine, ou de la suivante.
Par contre un Non permettrait au moins à la Grèce, avec sa forte tradition démocratique, de prendre son destin en main. Les Grecs pourraient alors dessiner leur avenir, qui même s’il n’était pas aussi prospère que le passé, sera bien plus porteur d’espoir que la torture invraisemblable qui leurs est imposée aujourd’hui.
Je sais comment je voterais…

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz"

Dans "La Tribune" du 29 juin 2015 Article intitulé : La BRI et la menace des "taux d'intérêt ultra-faibles"

" "Les rendements négatifs, sans précédent, qu'on observe sur certains marchés de la dette souveraine repoussent les frontières de l'impensable", a jugé Claudio Borio, un responsable de la BRI. La mise en garde est sérieuse. Dans son rapport annuel publié dimanche, la Banque des règlements internationaux (BRI) s'inquiète de la spirale des taux d'intérêt trop bas, qui alimente un endettement excessif et une croissance insuffisante. Au cours de l'année écoulée, la chute des prix du pétrole a stimulé la croissance mondiale mais la charge de la dette et les risques financiers demeurent trop élevés et la croissance de la productivité trop modeste, pointent les économistes de l'institution suisse, considérée comme la banque centrale des banques centrales et dont le siège est à Bâle.
Plusieurs pays se financent à des taux négatifs
Pour le chef du département monétaire et économique de la BRI, Claudio Borio, "le symptôme le plus visible de ces difficultés est la persistance de taux d'intérêt ultra-faibles". "De plus, les rendements négatifs, sans précédent, qu'on observe sur certains marchés de la dette souveraine repoussent les frontières de l'impensable", a-t-il insisté lors d'une téléconférence de presse.
Plusieurs pays - dont la Suisse, l'Allemagne, la France et même l'Espagne et le Portugal - ont annoncé ces derniers mois se financer à des taux négatifs, ce qui signifie que l'investisseur paie pour prêter à ces Etats, qui du coup gagnent de l'argent en empruntant sur les marchés.
Des taux directeurs plus faibles qu'au pic de la crise de 2007
Selon la BRI, en moyenne, entre décembre 2014 et fin mai 2015, quelque 2.000 milliards de dollars de titres de dette souveraine à long terme - pour la plupart émis par des Etats de la zone euro - se sont échangés dans le monde à des taux négatifs.
Les taux directeurs, nominaux et réels, sont encore plus faibles qu'au pic de la crise financière de 2007. Qui plus est, en termes réels, ils sont négatifs depuis plus longtemps qu'ils ne l'étaient restés durant la période de grande inflation des années 1970. La BRI ne cache pas son inquiétude: "une situation qui était auparavant inimaginable menace de devenir la nouvelle norme".
(avec AFP)

Amid Faljaoui dans "Trends Tendances" Belgique du 26 juin 2015 Article intitulé : Quand les banquiers centraux deviennent des communistes adorateurs du Dieu 'keynésianisme'

" Il y a un économiste français que j'ai toujours plaisir à écouter, car il est décapant dans ses raisonnements, sans oublier son humour fou: c'est Charles Gave. Son raisonnement est très simple. Si nous avons autant d'ennuis aujourd'hui, c'est à cause des banques centrales. Que font les banques centrales ? Elles s'arrangent pour que les taux d'intérêt restent le plus bas possible, à la fois pour redresser l'économie, mais également, et surtout dit-il, pour empêcher les marchés financiers de baisser. Point barre. Mais pour Charles Gave (1), en manipulant les taux d'intérêt pour qu'ils restent très bas, voire proche de 0%, les banques centrales ne font que repousser le risque, car tôt ou tard, ces taux d'intérêt devront remonter. Et au lieu d'accepter d'avoir quelques petites baffes sur les marchés, nous risquons - à force de reculer l'échéance - d'avoir une immense, une gigantesque claque d'ici peu.
Pour Charles Gave, nous nous leurrons sur la sortie de crise. Selon les derniers chiffres dont il dispose sur les Etats-Unis, il se demande même si ce pays n'est pas en train de rentrer en récession. Et si c'est le cas, les Européens ne doivent pas trop se leurrer sur leur sortie de crise, elle n'aura pas lieu si la première économie du monde ralentit !
Quand les banquiers centraux deviennent des communistes adorateurs du Dieu 'keynésianisme'
En fait, Charles Gave tempête contre les banquiers centraux, car leur politique de taux d'intérêt à quasi 0% ne marche pas. C'est même un échec, car elle n'a donné aucun résultat tangible. Pour lui, tenez-vous bien, c'est du... communisme. La Banque centrale européenne joue en effet un peu le rôle d'un organisme central qui veut tout contrôler: les prix, le taux de change et les taux d'intérêt. C'est impossible, selon Charles Gave, l'Union soviétique a essayé de faire ce genre de chose et son empire s'est fracassé en mille morceaux !
Pour Gave, l'économie mondiale est entre les mains de deux sortes d'économistes. Il y a d'un côté ce qu'il appelle les créationnistes. En fait, les keynésiens, qui pensent qu'il y a une sorte de Dieu compatissant qui va remettre l'économie en ordre par un coup de baguette magique, la baguette magique étant la manipulation des taux d'intérêt. Et puis, il y a de l'autre côté, dit-il, les économistes darwiniens qui pensent que les seuls créateurs de richesse sont les entrepreneurs et qu'à force de manipuler les taux, on perturbe les projets d'investissement de ceux-ci.
Charles Gave, qui est libéral, vous l'avez compris, estime donc qu'aujourd'hui, les banquiers centraux sont des personnes dangereuses, car ce sont des... religieux, des créationnistes qui croient au Dieu "keynésianisme" dont la magie sur les taux d'intérêt n'a pourtant pas marché! On peut ne pas être d'accord avec son analyse, mais avouez que voir un économiste libéral traiter tour à tour nos banquiers centraux de communistes et puis de religieux créationnistes, c'est réjouissant d'impertinence. Il faut oser le faire."
(1)Voir sa déclaration à ce sujet sur BFM TV.

 Emmanuel Garessus dans "Le Temps" Suisse du 18 juin 2015 Article intitulé : Vanguard évalue la valeur ajoutée du conseil financier à 3%

" Le coaching comportemental du client est primordial. Effectivement, l'évolution et les dérives des possibilités juridiques font que l'avenir n'est plus dans la vente d'un produit conseillé, mais dans la vente des outils d'information qui mettent (sans contestation juridique possible) le client en situation de compréhension afin qu'il soit toujours un consommateur éclairé et donc le décisionnaire de l'acte de son achat ou de sa vente. Tel est l'objectif du réseau "Comprendre & Investir" en création. Ce réseau en création a pour objectif d'expliquer, en centre ville avec pignon sur rue, la finance et toutes ses dérives lors de conférences gratuites afin que les investisseurs potentiels COMPRENNENT l'importance de leurs choix d'investissemet tant pour eux que pour la communauté. Combien savent réellement que les performances des OPCVM qu'on leur annonce comme réalisées ou réalisables sont du bidons. En fait, une escroquerie etc...  Provoquer via leur compréhension le retour des capitaux vers une économie "Humanity Invest" et non plus  "Destructive Invest" Voir les sites en création et amélioration www.comprendre-et-investir.com et www.humanity-invest .com

TOUT EXPLIQUER POUR QUE TOUT REFONCTIONNE EN TERME HUMANITY INVEST.


Le conseil au client est en pleine transformation. La fin des rétrocessions oblige les banques à revoir leur mode de rémunération. «La valeur ajoutée du conseil financier peut être estimée à 3% si l’on compare la contribution de ce dernier par rapport à la situation où le client gère lui-même son portefeuille», déclare Peter Westaway, head of investment strategy de Vanguard en Europe. Ce dernier a réalisé une étude, présentée mercredi à Zurich, sur la valeur du conseil financier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.
L’approche employée par Vanguard se distingue des autres études sur le sujet. Habituellement, l’analyse compare la performance de l’investisseur lorsqu’il choisit lui-même ses actions à celle où il investit dans des produits indiciels. «Ce type d’études n’est que rarement fructueux dans la mesure où chacun sait qu’à long terme l’investisseur ne parvient pas à battre les indices de référence», fait valoir Peter Westaway.
L’analyse de Vanguard permet de distinguer les différents apports du conseil financier dans les trois pays considérés. La valeur de 3% reste valable dans les trois. La moitié de la contribution du conseil provient du coaching comportemental de l’investisseur. Elle apporte 150 points de base. «Plutôt que de trop s’arrêter sur le nombre précis des points de base, il est préférable de considérer la valeur de la conversation entre le client et son conseiller et de celle de l’écoute», indique Peter Westaway. La plupart des investisseurs reconnaissent le besoin d’être discipliné en période d’incertitude. Mais peu y parviennent lorsque la nervosité gagne les marchés. «Trop souvent, les investisseurs vendent quand le marché chute et achètent au plus haut», fait valoir Peter Westaway. La capacité de mettre ses émotions de côté et de rester fixé sur les objectifs définis dans une optique à long terme joue un rôle majeur dans la performance finale de l’investisseur, selon Vanguard. «Si vous empêchez les clients de détruire leur patrimoine à travers leurs biais comportementaux, vous parvenez à rembourser les commissions plusieurs fois», estime le stratégiste.
Une autre façon de calculer la valeur de ce travail de correction des biais comportementaux consiste à estimer le coût d’une stratégie qui cherche à définir le meilleur moment de la transaction (stratégie de timing). Le résultat atteint va de 1 à 2% en fonction des marchés.
La capacité à réduire les coûts de transaction constitue le deuxième plus grand apport du conseiller, selon l’étude de Vanguard. Sa valeur est comprise entre 0,6 et 0,9%.
L’importance des taux composés ne se lit pas seulement dans les rendements mais aussi dans les coûts, selon Peter Westerway. Une petite baisse des coûts peut donc produire des résultats très importants à long terme. Au Royaume-Uni, le coût moyen des portefeuilles obligataires s’élève à 1,01% et à 1,08% pour un portefeuille en actions, mais un quart des fonds (les moins chers) arrive à 0,09% dans les obligations et à 0,42% avec les actions.
La performance de l’investisseur est avant tout fonction de son allocation stratégique entre actions et obligations. Le conseiller peut empêcher que l’investisseur tombe dans différents pièges. Un fonds diversifié construit à partir d’ETF a l’avantage d’être peu coûteux. Comment comparer des ETF et un investissement direct uniquement en terme de coût. Dans les faits, l'ETF, qui ne relève de la conceptualisation d'une imbécilité, fait partie des outils de destruction SOCIOECOPOFI du système. Mais la valeur de cet aspect dépend de chaque cas particulier. Vanguard ne l’a donc pas évalué.

 Dans "La Tribune" Suisse du 18 juin 2015 Article intitulé : Un excès de finance freine la croissance et creuse les inégalités, selon l'OCDE

" Les personnes les plus aisées "recueillent une plus grande part des fruits de l'essor des marchés boursiers", entre autres parce que le secteur financier verse des salaires plus généreux, supérieurs à ceux perçus par des salariés au profil similaire dans le reste de l'économie, souligne l'OCDE.
Si l'existence de la finance est sans doute nécessaire dans l'économie moderne, sa forme actuelle aggrave les inégalités et ralentit la croissance dans les pays développés. En fait, ce n'est pas la finance qui autodétruit le système SOCIOECOPOFI (SOCIOlogie, ECOnomie, POlitique, FInance), c'est la bêtise et la gloutonnerie, non de "financiers", mais de petits cons qui ne sachant rien faire sont les renvendeurs d'une "finance" abusée et triturée par l'application de normes comptables stupides. Le constat vient de l'OCDE, qui a présenté mercredi 17 juin à Londres une nouvelle étude intitulée "Finance et croissance inclusive", où il appelle à réformer le secteur financier.
S'appuyant sur cinquante ans de données statistiques, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE),  qui regroupe 34 pays riches, pointe notamment les effets nocifs d'une expansion excessive du crédit, dont une poursuite aura, dans la plupart des pays de l'OCDE, "plus de chances de ralentir la croissance que de l'encourager", selon les auteurs du rapport.
Les obligations et les actions meilleures pour la croissance que le crédit
Sur les cinquante dernières années, les crédits bancaires accordés aux ménages et aux entreprises ont en effet crû trois fois plus vite que l'activité économique, souligne l'OCDE. Or, un recours excessif au crédit bancaire de la part des entreprises, au détriment d'autres formes de financement par le marché, comme les obligations et les actions, fait peser un certain nombre de risques sur la croissance à long terme, met en garde l'étude. Parmi les causes, l'OCDE cite notamment une mauvaise affectation du capital via le financement de projets dont la rentabilité est faible ainsi que l'éviction des travailleurs les plus compétents des secteurs dont le potentiel productif est le plus élevé.
Ainsi, "une hausse du crédit bancaire de 10 % du PIB se traduirait par une baisse de 0,3 point de la croissance du PIB", calcule l'OCDE, alors qu'"une hausse de la capitalisation boursière de 10 % du PIB est associée à une progression de 0,2 % du PIB en moyenne dans les pays de l'OCDE et du G20".
Les fruits des marchés boursiers réservés à une minorité et pour cause puisque l'information boursière des "non avertis et non qualifiées"est faussée volontairement avec agrément des autorités de régulation qui touchent sur cette escroquerie...comme sur d'autres choses.
Quant au crédit accordé aux ménages, son accroissement "a tendance à être un facteur d'inégalités". Si en effet "l'expansion financière peut aider les titulaires de bas revenus à financer leurs projets et acquérir un bien immobilier", vendus en France sous le couvert de défiscalisation par des vendeurs de "tomates pourries" dûment rémunérés via une commission variant souvent de 5 à 12 %.  il n'empêche que "les personnes plus aisées peuvent emprunter (et empruntent) davantage".
Ces dernières par ailleurs "recueillent une plus grande part des fruits de l'essor des marchés boursiers", entre autres parce que le secteur financier verse des salaires plus généreux, supérieurs à ceux perçus par des salariés au profil similaire dans le reste de l'économie. Ainsi, en Europe, les salariés du secteur financier représentent 20% de la tranche de la population qui gagne le mieux sa vie, alors qu' ils ne représentent que 4% de la masse salariale totale. Effectivement, puisque les montants gérés sont boostés par la valorisation comptable de plus de 98% quotidiennement et que ces chiffres ubuesques servent de support aux dérives des produits dérivés au détriment du système SOCIOECOPOFI. Produits eux aussi commercialisés par des vendeurs de "merdes financières et Humaines" Voir www.agencedecotationihr.com
Le soutien aux établissements systémiques critiqué
Pour remédier à ces problèmes, l'OCDE insiste sur une piste: "améliorer la structure des financements (qui) peut générer des gains en termes de bien‑être économique et social". Dans cette perspective, elle suggère notamment de réduire le soutien des Etats aux établissements systémiques (à savoir jugés trop gros pour pouvoir faire faillite sans menacer l'ensemble du système), critiqué car il les encourage à prendre  des risques inconsidérés dans leur activité.
L'OCDE prône également "une réforme fiscale pour promouvoir la neutralité entre financement par la dette et par les capitaux propres".
(Avec AFP)

 Christoph Gisiger dans "Bilan" Suisse du 18 juin 2015 Article intitulé : Investir: les recettes de Warren Buffett

" On dirait que Warren Buffett invalide les lois du marché. Depuis que le «sage d’Omaha» a repris Berkshire Hathaway il y a un demi-siècle, la société qui fut naguère une fabrique de textile en crise est devenue l’un des plus grands groupes mondiaux, avec une valorisation boursière de 360  milliards de dollars. Le cours de l’action a grimpé en moyenne de 21,6% par an, dépassant largement l’indice de référence américain S&P 500.
Celui qui, en 1965, aurait investi 1 dollar dans Berkshire aurait aujourd’hui gagné plus de 18 000 dollars. Selon le magazine économique Forbes, avec ses 73  milliards de dollars, Warren Buffett est le troisième homme plus riche du monde. Mais comment s’y est pris ce sociable vieillard de 85 ans, qui évoque davantage le chef de rayon retraité d’une chaîne d’articles de ménage qu’un milliardaire, pour accumuler autant d’argent en un demi-siècle? Pour Buffett, devenir riche était un rêve d’enfant. Fils d’un courtier en actions d’Omaha, il a précocement montré une activité assidue et, à 11 ans, il achetait sa première action Cities Service. Etudiant, il fut le meilleur élève du fameux investisseur «value» Benjamin Graham. Sûr de la philosophie d’investissement de son maître, il fonda en 1956 sa première société, Buffett Associates.
Sans cesse en quête de sociétés sous-évaluées, il allait s’intéresser, au début des années 1960, à Berkshire Hathaway. Ce fabricant de textile de Nouvelle-Angleterre luttait pour sa survie et était contraint de vendre une usine après l’autre. Mais avec les gains, il rachetait ses propres titres et Buffett y subodora l’opportunité d’un rapide profit. «Acheter cette action était comme ramasser par terre un mégot de cigare: bien que spongieux et repoussant, il procure gratuitement une dernière taffe», écrit Buffett dans sa lettre aux actionnaires de cette année.
Mais au lieu d’extraire la dernière taffe du mégot, Buffett ne voulut pas se séparer de sa participation. Il se sentait floué par le patron de l’entreprise. Il ne cessa d’étoffer sa position jusqu’à ce que, en mai 1965, il en prit le contrôle effectif. Berkshire demeura certes encore vingt ans dans le textile, mais l’objectif de l’entreprise s’était modifié de fond en comble. Début 1967, elle reprit l’assureur National Indemnity, domicilié à Omaha, ce qui jeta les bases d’une expansion inouïe.
«Les assurances étaient ma force. Je comprenais et j’aimais cette branche», se rappelle Warren Buffett. Dans ce secteur, il trouvait surtout fascinant ce qu’il nomme le «float»: le flux de primes continu qu’il pouvait utiliser pour d’autres investissements. Dans la collection de plus de 80 entreprises de Buffett, le secteur de l’assurance reste aujourd’hui encore le joyau de la couronne.
Reste que, tout seul, il aurait eu de la peine à édifier son gigantesque empire. Une bonne partie de son succès est l’œuvre de l’avocat Charles Munger, qui a donné à Buffett l’impulsion pour un changement de stratégie décisif. «Dans les premières années du règne de Warren Buffett, Berkshire Hathaway était confronté à une lourde tâche: faire d’un petit bric-à-brac de participations un grand groupe efficace», se souvient Charles Munger qui est resté le meilleur ami de Buffett et fonctionne comme vice-président.
Coca-Cola et Wells Fargo Au lieu de chercher de bonnes affaires à court terme, Berkshire mise désormais sur des entreprises de qualité élevée et se montre prêt à y mettre le prix. L’exemple par excellence est See’s Candies: acheté en 1972 pour 25  millions de dollars, ce fabricant de sucreries s’est avéré un investissement hautement profitable. Il a rapporté à Berkshire, depuis, près de 2  milliards de bénéfices avant impôt. De l’argent que Warren Buffett a pu utiliser pour racheter d’autres entreprises et pour étoffer son portefeuille de participations à l’aide de groupes mondialisés comme Coca-Cola, American Express et Wells Fargo.
La condition d’une telle stratégie est d’avoir un bilan parfaitement sain. Berkshire détient au moins 20  milliards en liquide pour pouvoir attaquer au bon moment de toutes ses forces. La dernière fois, cela s’est produit au beau milieu de la crise financière. «Nous étions pratiquement les seuls à être en mesure de soutenir le système», a dit Warren Buffett à l’assemblée générale. A l’automne 2008, il a investi au total près de 16  milliards de dollars dans des entreprises et permis à des poids lourds tels que General Electric, Goldman Sachs, Dow Chemical, Swiss Re et, plus tard, Bank of America, de survivre.
Irremplaçable?
Désormais, Berkshire est si grand qu’il devient toujours plus difficile de maintenir le rythme de la croissance. Cela explique peut-être pourquoi Warren Buffett s’allie plus souvent avec le magnat brésilien du private equity Jorge Paulo Lemann et sa société 3G Capital. Ensemble, ils ont mis en route des transactions à hauteur de plusieurs milliards, comme les reprises de Heinz et de Kraft Foods. Mais ce qui compte le plus, c’est de savoir ce qu’il adviendra de Berkshire quand Buffett et Munger laisseront leur place. Quand bien même la succession est organisée à l’interne, leur instinct unique pour les investissements hautement profitables paraît impossible à remplacer.
Articles traduits de «Finanz und Wirtschaft»

Guillaume Nicoulaud dans "Economie matin" du 17 juin 2015 Article intitulé : L'hypothèse du modèle actuariel

" Le modèle actuariel, si j’en crois la rumeur, poserait implicitement l’hypothèse selon laquelle les flux de revenus intermédiaires des produits financiers que nous valorisons devraient être réinvestis à taux constant. Le cas peut sembler un brin technique à ceux qui ne manipulent pas ces objets fréquemment mais il tout à fait extraordinaires en ce sens qu’au cœur même de la mécanique financière, un nombre appréciable de spécialistes semblent confondre deux notions absolument fondamentales.
Commençons par le commencement et rappelons tout d’abord que la méthode dite des intérêts composés n’a jamais eu vocation à décrire un actif financier dans le monde réel. Ce que décrit cette méthode c’est ce que les mathématiciens appellent une croissance exponentielle ou géométrique ; c’est-à-dire la croissance de quelque chose qui croît à un rythme constant et positif — en l’espèce, il est question de la valeur acquise d’un capital placé à un taux d’intérêt fixe et capitalisé régulièrement mais la même méthode pourrait tout aussi bien décrire la prolifération d’une population de bactéries : c’est un outil conceptuel et l’hypothèse — bien réelle — de réinvestissement à taux constant n’a jamais été autre chose que la traduction en termes financiers d’un concept mathématique.
Nous savons que le processus décrit par la méthode des intérêts composés est sensible à la fréquence de capitalisation desdits intérêts : plus la fréquence est élevée — plus le laps de temps entre deux paiement et donc deux réinvestissements est court — plus la valeur acquise par notre capital théorique dans le futur sera élevée. À titre d’illustration, un capital de 100 euros placé à 10% pendant 5 ans vaudra entre (environ) 161.05 euros si les intérêts sont composés tous les ans et (environ) 163.53 euros si les intérêts sont composés mensuellement [1].
C’est précisément afin de pouvoir comparer des taux qui capitalisent à des fréquences différentes qu’on utilise la notion de taux annuel équivalent [2] : le taux qui, capitalisé une fois l’an, permet d’obtenir le même rendement théorique qu’un taux capitalisé à plus haute fréquence. Typiquement, on démontre facilement que le taux annuel équivalent d’un placement à 10% qui capitalise tous les mois est de 10.47%.
Ce que nous dit le modèle actuariel, c’est que 161.05 euros disponibles dans 5 ans actualisés à un taux de 10% valent 100 euros aujourd’hui, que 88.58 euros disponibles dans 6 ans et actualisés au même taux valent 50 euros et que la somme de ces deux flux de revenus futurs, actualisés à 10% sur 5 et 6 ans respectivement, donne une valeur actuelle de 150 euros. C’est mathématiquement imparable : si nous pouvions investir 100 euros et 50 euros à un taux de 10% capitalisé tous les ans, nous obtiendrions bien 161.05 au bout de 5 ans et 88.58 euros après 6 ans respectivement ; l’hypothèse de réinvestissement à taux constant — tout à fait explicite — n’est qu’une convention de présentation de moyennes géométriques.
La grande confusion vient de ce que de nombreux commentateurs confondent la notion de taux actuariel (ou, au choix, de Taux de Rendement Interne [3]) et celle de taux annuel équivalent. Très clairement : personne n’a jamais dit ni écrit — sauf à n'y rien comprendre, ça va de soi — qu’un taux actuariel de 10% était équivalent à la promesse d’un rendement de 10% capitalisé tous les ans. Précisément, ces deux taux ne sont égaux que dans deux cas bien précis : (i) les produits qui ne génèrent aucun flux de revenu intermédiaires (zéro coupon) ou (ii) les produits qui versent des intérêts annuels et permettent de réinvestir ces derniers au taux actuariel (qui n’existent pas).
Dans tous les autres cas, le taux de rendement constaté ex-post sera toujours différent — ne fût-ce qu’un peu — du taux actuariel constaté ex-ante et le modèle actuariel n’a jamais supposé implicitement ou explicitement qu’il en serait autrement. C’est-à-dire que l’hypothèse implicite de la rumeur n’est pas dans le modèle mais dans l’esprit de ceux qui s’en servent sans bien le comprendre.
[1] Au maximum, dans l’hypothèse non moins farfelue où un produit nous verserait des intérêts sur des périodes infiniment courtes (mettons toutes les secondes ou nanosecondes…), on atteindrait 164.87 euros.
[2] Que l’on trouve aussi sous le nom de « taux effectif » ou de Compound Annual Growth Rate (CAGR).
[3] Bref, le taux qui annule la Valeur Actuelle Nette (VAN).
Article publié initialement sur le Tumblr de Guillaume Nicoulaud

Solenn Poullennec dans "L'Agefi" du 12 juin 2015 Article intitulé : Le système financier parallèle ne pose pas de risque majeur en France

" Le Haut Conseil de stabilité financière considère dans son rapport annuel que sa taille reste limitée et qu'il est très largement réglementé.
Les mêmes copains qui n'ont jamais rien vu ou jamais rien voulu voir ? Le système financier parallèle peut mettre la France, comme tous les autres pays, à genoux en quelques secondes dans certains cas. Rien n'a changé dans les faits depuis la dernière crise..si ce n'est encore plus de pouvoirs transférés aux banques copines (de promos) des fonctionnaires décisionnaires.
La taille du système financier parallèle en France ne doit pas être source d'inquiétude, selon les experts chargés de surveiller la stabilité financière dans l'Hexagone. «En France, le système financier parallèle reste d'une taille limitée et est largement réglementé» et il «ne pose pas aujourd'hui de risques majeurs», écrit le Haut Conseil de stabilité financière dans son rapport annuel publié mercredi. Né en 2013, l'instance rassemble sous la présidence du ministre des Finances les régulateurs des banques, des assurances et des marchés ainsi qu'une poignée de spécialistes de l'économie et de la finance.
Le «shadow banking» recouvre les entités et les activités qui font de l'intermédiation de crédit en dehors du système bancaire traditionnel et qui sont susceptibles de poser des risques systémiques et/ou de se livrer à des arbitrages réglementaires. Dans l'Hexagone, la finance parallèle représente un peu moins de 15% du secteur bancaire, selon le Haut Conseil. Peut-être dans l'exagone mais l'hexagone étant relié au tout financier international (y compris les banques "françaises" avec leurs filiales étrangères), cette phrase relève du délir parfait...ou corrompu. Corrompu intellectuellement naturellement. Au troisième trimestre dernier, sa taille était de 1.144 milliards d'euros, contre 7.770 milliards d'euros pour le secteur bancaire traditionnel. En France, la finance parallèle désigne essentiellement les fonds monétaires, dont l'encours sous gestion atteignait 273 milliards d'euros au troisième trimestre 2014 et les fonds d'investissement, dont l'encours était de 770 milliards d'euros à la même date. Cependant, «les entités françaises impliquées dans le système financier parallèle sont largement couvertes par le champ de la supervision», assure le Haut Conseil. Et comment il le sait, les banques vont-elles se balancer ? Pour rappel, nous retrouvons les grandes banques françaises dans quasiment TOUS les scandales et escroqueries. Il souligne par exemple que la régulation des OPCVM ou des fonds alternatifs encadre les risques liés à ces activités. Super, et le fait qu'il n'ait dans les faits aucune liquidité, que les "cours de Bourse" annoncés aux clients ne soient qu'une escroquerie agréée AMF (ex COB prisent dans les scandales) Les sociétés financières ne sont pas comprises dans le champ du secteur financier parallèle, car elles sont couvertes par la régulation bancaire. Les entreprises d'investissement en sont aussi exclues dans la mesure où leurs activités sont liées aux banques d'investissement. Les actifs des entreprises d'investissement qui font partie du shadow banking se limitaient à 26 milliards d'euros en 2014, selon le rapport. Enfin, les titrisations qui servent aux banques à se refinancer auprès de la Banque centrale européenne (BCE) ne font pas partie du shadow banking. L'encours de titrisation compris dans ce dernier était de 75 milliards d'euros en 2014. Mensonge ou délir ? Délir lobbyisé ? N'est pas parce que cet article et d'autres ne sont que des fumisteries censées commenter la réalité que les gouvernements veulent à tout prix maitrisér le cash ?

Mathilde Farine dans "Le temps" Suisse du 4 juin 2015 Article intitulé : Des pays peuvent vivre avec leur dette, selon une étude du FMI

" L’austérité n’est pas toujours la politique la plus judicieuse. Elle peut même provoquer davantage de dégâts que les déficits, selon une étude L’attitude stricte du Fonds monétaire international (FMI) face à la dette et aux cures d’austérité qu’elle a recommandées ces dernières décennies ne cesse de se fissurer. Il y a eu la reconnaissance en 2012 qu’une trop violente discipline budgétaire peut avoir un effet plus néfaste qu’anticipé sur une économie, alors que plusieurs pays d’Europe mettaient en œuvre des plans de réduction drastique des déficits publics. Et ces jours, des chercheurs de l’institution basée à Washington ont admis que certains pays peuvent vivre avec leur dette. Pire, ils ont tout intérêt à la garder plutôt qu’à la réduire. Malheureusemnet, cette réalité est connue depuis la première de fac. Ce qui n'est pas prévu est l'influence des lobbies qui dans les faits gouvernent les instances internationales et les Etats....avec la Suisse en retrait de cette réalité.
Dans une étude publiée mardi soir, Jonathan Ostry, Atish Ghosh et Raphael Espinoza rappellent qu’une ardoise élevée tend à freiner la croissance. Un Etat trop endetté doit payer le service de sa dette, ce qui l’empêche d’investir. A l’inverse, remettre les compteurs à zéro produit aussi des effets indésirables. Tout dépend de la «limite de la dette». Or celle-ci n’est pas évidente à déterminer. Les chercheurs ne citent pas de pays en particulier. Mais ils se réfèrent à un classement mis au point par l’agence de notation Moody’s en mai 2014, où les pays sont rangés par couleurs (vert, jaune ou rouge) en fonction de la précarité de leur situation financière.
La Grèce figure, aux côtés de Chypre, de l’Italie et du Japon, parmi les Etats qui n’ont plus de marge de manœuvre et où la dette pose de «graves risques» car leur «espace budgétaire» a fondu. Lorsque c’est le cas, «les contraires de la soutenabilité de la dette ne laissent plus guère d’options», selon les chercheurs. Il faut alors couper.
Pour d’autres pays, il vaut mieux vivre avec cette dette. C’est le cas de la Suisse, de l’Allemagne ou des Etats-Unis, tous trois dans la catégorie verte, dont le ratio de la dette sur le PIB est plus raisonnable. Car ces derniers peuvent se financer plus facilement sur les marchés. D’où l’idée qu’il vaut mieux profiter des taux d’intérêt très bas pour emprunter que couper dans les dépenses publiques ou d’augmenter les impôts. On est loin de la doctrine de l’austérité, portée comme un étendard pendant des décennies par les experts du FMI.
«La dette nuit à la croissance. Mais cela ne veut pas dire que la réduire est forcément une bonne chose. Dans certains cas, le remède est pire que la maladie, parce que cela peut créer des distorsions dans l’économie, avec un effet sur l’investissement et la croissance», expliquent les auteurs. Il est donc suffisant d’attendre pour certains Etats que l’ardoise fonde naturellement avec une accélération de la dynamique économique.
Les auteurs précisent que leur étude ne présente pas forcément le point de vue officiel de l’institution. Mais cela ne l’empêchera pas d’influencer éventuellement les débats au sein du FMI. L’étude ne dit en revanche pas s’il faut prendre des mesures plus radicales comme une restructuration de la dette de certains pays."

Pierre-Henri Thomas dans "Trends Tendances" Belgique du 3 juin 2015 Article intitulé : "Nous n'aurons pas d'autre moyen que taxer les dépôts"

" Comment réagiraient les autorités si un nouveau krach devait survenir ? Nous avons posé la question à l'économiste français Marc Touati, fondateur du cabinet de conseil ACDEFI, et qui a publié récemment "Guérir la France, la thérapie de choc" (éditions du Moment).
 Dans son ouvrage, Marc Touati présente une cinquantaine de propositions (réduire les dépenses publiques, doper les investissements innovants, améliorer la culture financière de la population, etc.) pour résoudre les problèmes de nos pays.
La crainte de Marc Touati est que si une nouvelle crise devait surgir ces prochains mois, nos pays ne s'attaquent à l'épargne. "Dans une de ses recommandations de 2013, le FMI a déjà annoncé la couleur : taxer les dépôts bancaires et l'épargne sur livret au sens large, à hauteur de 10 % au-delà d'un certain seuil, par exemple 100.000 euros", rappelle-t-il.
Trends-Tendances: Cette crise, vous la voyez venir. Pourrait-elle éclater en raison de la fragilité du système bancaire ? Certaines études estiment qu'il subsiste en Europe 900 milliards de crédits toxiques.
Marc Touati: Oui. Pour moi, toutefois, les crédits les plus toxiques sont les obligations d'Etat ! Si les taux continuent à augmenter comme ils le font ces derniers jours, cela risque d'être dramatique. Nous vivons une situation qui est l'inverse des subprimes. Les titres qui étaient adossés aux crédits immobiliers américains comportaient des risques mais ils offraient au moins des rendements. En revanche, aujourd'hui, en achetant des obligations d'Etat, vous prenez un risque important (de retournement des taux) et de plus vous n'avez pas de rendement ! Vous n'avez ni le beurre, ni l'argent du beurre !
Si les dépôts sont en danger, est-ce à dire que vous conseillez, comme d'autres, de débancariser l'épargne ?
Je ne prône pas la débancarisation. Je conseille cependant de ne pas laisser trop sur ses comptes. J'indique le seuil de 100.000 euros parce que c'est celui qui a été fixé par l'Europe pour couvrir les dépôts. J'espère que l'on n'oserait pas ponctionner en deçà. Mais rien ne le dit. En ce qui me concerne, je prône de garder du cash car les premiers textes parlaient, sauf erreur de ma part, de "saisir" les montants supérieurs à 100 000 euros pour Chypre. D'autre part, non seulement aucune correction n'a réellement été prise depuis le dernier krach mais pire les conditions globales se sont toutes empirées sous l'effet de la financiarisation de chiffres comptables ubuesques car ne reflétant plus aucune réalité SOCIOECOPOFI (SOCIOlogique ECOnomique POlitique FInance). N'est-ce pas pas pour cela d'ailleurs que les Etats traquent le cash ? Je pense que les Etats savent que l'ampleur de la prochaine crise doit être anticipée dès maintenant en évitant que les particuliers aient du cash. Le cash ne se saisit pas et l'absence de cash rend dépendant des banques.
Vous croyez réellement qu'en cas de crise, les gouvernements pourraient taxer les gros dépôts ?
J'espère que nous n'en arriverons pas là, mais s'il y a une prochaine crise, nous n'avons plus aucun autre moyen de réaction. En 2008 nous avons pu faire une relance de 5.000 milliards de dollars, faire tourner la planche à billets, abaisser les taux. Mais aujourd'hui nous avons tout utilisé. Comment faire pour relancer la machine, si un krach survenait ? Et puis j'entends dans mon pays depuis quelque temps des raisonnements qui me le font penser. J'entends dire que les ménages français ont 12.000 milliards de patrimoine, et que si l'on taxait les dépôts à 10 %, cela ramènerait plus de 700 milliards dans les caisses de l'Etat. C'est d'autant plus tentant que, parallèlement, on assiste à une sorte de chasse aux riches. On dit qu'il y a de plus en plus d'inégalité, qu'un petit groupe de plus en plus restreint accumule toujours plus...
Dans ce contexte, que doit faire un particulier qui possède une fortune moyenne ?
D'abord diversifier ses placements, ne pas laisser plus de 100.000 euros sur ses comptes, quitte à les multiplier. Il faut diversifier géographiquement aussi, car tous les pays ne pratiqueront pas la même politique dont on peut d'ailleurs douter de l'efficacité : taxer les gros dépôts à 10 %, c'est utiliser un fusil à un coup. Dès que vous l'avez utilisé, pour éviter la fuite des capitaux, vous devez instaurer une série de mesures, telles un contrôle des changes.
On peut revenir aussi un peu sur l'immobilier. Cela dépend cependant des pays.
Je conseille aussi à ceux qui ont des entreprises d'investir dans ce secteur, et même à ceux qui n'en ont pas ! Les grandes entreprises ont des activités internationales, et bénéficieront donc d'une croissance mondiale qui sera plus tonique que celles de nos pays. Et puis carpe diem. Profitez de la vie. Faites les voyages que vous avez envie de faire : ce qui est pris n'est plus à prendre. J'aime beaucoup cette phrase !

Dans "Trends Tendances" Belgique du 2 juin 2015 Article intitulé : Comment les États se renflouent sur le dos des épargnants
    

" La plupart des économistes nous ont dit pendant des années, et notamment quand la crise de 2007-2008 a éclaté, que la meilleure manière de nous débarrasser de notre dette publique, c'était le retour de l'inflation. En effet, l'inflation efface en quelque sorte les dettes, qu'elles soient privées ou publiques. Donc l'Etat s'en sort généralement plutôt bien, alors que les épargnants, et ceux qui vivent de leur rente (les retraités par exemple) sont malheureusement laminés par cette inflation. Bref, l'Etat y gagne, mais les épargnants y perdent en cas de forte inflation. Ce scénario-là est connu des économistes et porte même un nom: "l'euthanasie des rentiers", une expression utilisée par Keynes, l'un des plus grands économistes de tous les temps et qui y voyait une manière radicale de résoudre le problème de la dette publique.
    •    Seulement aujourd'hui, il n'y a pas plus d'inflation que de trapéziste au Vatican. Mais malgré cette absence d'inflation, les Etats ont trouvé une autre solution. Avec l'aide des autorités monétaires de la Banque centrale européenne, ils sont arrivés à faire en sorte que les taux d'intérêt restent extrêmement bas aujourd'hui - quasi à 0%, quand ils ne sont pas négatifs dans certains cas. C'est tout bon pour les Etats endettés comme la Belgique ou la France, car avec un taux d'intérêt à quasi 0%, le remboursement de la dette publique est indolore. Prenez le cas de la deuxième économie de la zone euro après l'Allemagne, à savoir la France: la durée moyenne de la dette publique en France est de 7 ans (1), ce qui veut dire qu'après 7 ans, la moitié du stock de dette publique aura été refinancé avec de nouveaux emprunts à 0%. Donc, le poids de cette dette, c'est -à-dire les intérêts, aura été divisé par deux. C'est magique !
      Les taux aussi bas ne sont pas un hasard, mais une volonté politique délibérée en défaveur de l'épargnant, comme durant les guerres... Et puis, d'ici quelques années, ces mêmes gouvernements feront en sorte que l'inflation reparte un peu, de l'ordre de 3% par exemple. Et là, grâce à cette inflation, ils arriveront à diminuer le poids du capital de cette dette publique.
    •    Mais pendant ce temps-là, l'épargnant, lui, aura été le dindon de la farce. Les plus prudents seront restés scotchés avec des obligations d'Etat sans risque, mais qui ne rapportent rien, et leur capital aura fondu au fil du temps s'ils n'ont rien fait. Donc, si les taux d'intérêt sont aujourd'hui à presque 0%, c'est officiellement pour relancer nos économies, mais dans les faits, c'est aussi un choix qui a été fait en défaveur de l'épargnant. Ce n'est pas un hasard, mais une volonté politique délibérée, comme durant les guerres: l'épargnant est une victime collatérale. C'est la raison pour laquelle investir en actions est aujourd'hui surtout un choix par défaut. En fait, c'est la seule manière de ne pas se faire tondre en silence.
    •    (1)Thèse des commentateurs de Contrepoints
    • 

Dans "Trends Tendances" Belgique du 2 juin 2015 Article intitulé : Comment les États se renflouent sur le dos des épargnants
    

" La plupart des économistes nous ont dit pendant des années, et notamment quand la crise de 2007-2008 a éclaté, que la meilleure manière de nous débarrasser de notre dette publique, c'était le retour de l'inflation. En effet, l'inflation efface en quelque sorte les dettes, qu'elles soient privées ou publiques. Donc l'Etat s'en sort généralement plutôt bien, alors que les épargnants, et ceux qui vivent de leur rente (les retraités par exemple) sont malheureusement laminés par cette inflation. Bref, l'Etat y gagne, mais les épargnants y perdent en cas de forte inflation. Ce scénario-là est connu des économistes et porte même un nom: "l'euthanasie des rentiers", une expression utilisée par Keynes, l'un des plus grands économistes de tous les temps et qui y voyait une manière radicale de résoudre le problème de la dette publique.
    •    Seulement aujourd'hui, il n'y a pas plus d'inflation que de trapéziste au Vatican. Mais malgré cette absence d'inflation, les Etats ont trouvé une autre solution. Avec l'aide des autorités monétaires de la Banque centrale européenne, ils sont arrivés à faire en sorte que les taux d'intérêt restent extrêmement bas aujourd'hui - quasi à 0%, quand ils ne sont pas négatifs dans certains cas. C'est tout bon pour les Etats endettés comme la Belgique ou la France, car avec un taux d'intérêt à quasi 0%, le remboursement de la dette publique est indolore. Prenez le cas de la deuxième économie de la zone euro après l'Allemagne, à savoir la France: la durée moyenne de la dette publique en France est de 7 ans (1), ce qui veut dire qu'après 7 ans, la moitié du stock de dette publique aura été refinancé avec de nouveaux emprunts à 0%. Donc, le poids de cette dette, c'est -à-dire les intérêts, aura été divisé par deux. C'est magique !
      Les taux aussi bas ne sont pas un hasard, mais une volonté politique délibérée en défaveur de l'épargnant, comme durant les guerres... Et puis, d'ici quelques années, ces mêmes gouvernements feront en sorte que l'inflation reparte un peu, de l'ordre de 3% par exemple. Et là, grâce à cette inflation, ils arriveront à diminuer le poids du capital de cette dette publique.
    •    Mais pendant ce temps-là, l'épargnant, lui, aura été le dindon de la farce. Les plus prudents seront restés scotchés avec des obligations d'Etat sans risque, mais qui ne rapportent rien, et leur capital aura fondu au fil du temps s'ils n'ont rien fait. Donc, si les taux d'intérêt sont aujourd'hui à presque 0%, c'est officiellement pour relancer nos économies, mais dans les faits, c'est aussi un choix qui a été fait en défaveur de l'épargnant. Ce n'est pas un hasard, mais une volonté politique délibérée, comme durant les guerres: l'épargnant est une victime collatérale. C'est la raison pour laquelle investir en actions est aujourd'hui surtout un choix par défaut. En fait, c'est la seule manière de ne pas se faire tondre en silence.
    •    (1)Thèse des commentateurs de Contrepoints
    • 

  Philippe Béchade dans "Economie matin" du 29 mai 2015 Article intitulé : PER, CAC 40 et camisole algorithmique : prudence sur les marchés boursiers

" Les bulles et les krachs sont des événements dont les conséquences néfastes accablent surtout les pauvres et les classes moyennes (qui tentent de placer leur épargne où ils pensent naïvement bénéficier du meilleur ratio rendement/risque)... En revanche, les ultra-riches, eux, sont confrontés à des cas de figure inédits sur lesquels l'histoire ne jette aucun éclairage pertinent.
C'est la première fois par exemple qu'une survalorisation comptable commercialisée par quelques "professionnels" qui sont dûments rémunérés sur l'abus de confiance et l'escroquerie de leurs clients sous les silences de leurs associations professionnelles et de l'AMF. AMF qui touche sur cette escroquerie. Et les associations silencieuses ? démesurée de tous les actifs financiers se propage sans que le "petit peuple" ne soit de la partie et vienne racheter au plus haut ce que les riches ont acheté au plus bas. Les gens n'ont appétit ni pour des emprunts d'Etat qui ne rapportent rien, ni pour des actions dont les multiples explosent tandis que les profits réels progressent au rythme le plus lent jamais observé depuis l'après-Seconde guerre mondiale, six ans après l'amorce d'un prétendu nouveau cycle de croissance.
Qui a envie de se constituer un portefeuille d'entreprises qui n'investissent pas, n'embauchent pas et n'augmentent pas leurs salariés, délocalisent leurs sièges sociaux pour des raisons fiscales, cachent leur profits dans des dizaines de filiales offshore et versent des dividendes grâce à de l'argent emprunté ? Et le vieux coup des "PER qui ne sont pas cher"... cela ne prend plus depuis 2010. Pas grave d'autres conneries ont pris le dessus
Les épargnants ne sont pas revenus vers la bourse. Ceux qui possèdent des actions en sont souvent crédités à leur corps défendant, au travers de plans d'épargne de type fonds de pension dont la valeur au moment de la retraite constitue une vraie loterie. Souvenez-vous de la mésaventure subie par les salariés d'Enron, Worldcom, Adelphia... et de tous ceux ayant cessé leur activité en 2001/2002 puis en 2008/2009 : de quoi vivent-ils aujourd'hui ? Le PER est devenu une référence particulièrement trompeuse. Celui de l'indice S&P 500 est le plus souvent estimé à 17,5, ce qui est déjà bien supérieur à la moyenne à long terme qui est de 14,8.
Méfiez-vous du PER
Mais le PER dissimule un biais qui fausse l'appréciation des non-initiés. Ils confondent trop volontiers les dividendes bruts (ce qu'intègre le PER) et les profits, ce qui n'est pas du tout la même chose.
Une entreprise qui ne gagne pas d'argent peut toujours distribuer un dividende (en s'endettant, en rachetant ses propres titres, en cédant des actifs, etc.) et rémunérer grassement ses actionnaires... alors même qu'elle est sur le déclin et que la pauvreté de ses résultats opérationnels devrait susciter des questions sur la stratégie à moyen terme.
En ne tenant compte que des profits non-financiers (revenus d'activité), le PER moyen du S&P est désormais très supérieurs à 20 fois les bénéfices réels.
Alors bien sûr, 21 ou 22 de PER, c'est une bagatelle en regard de multiples supérieurs à 67 à Shenzhen (oui, vous lisez bien : PER de soixante sept) et de 40 à Shanghai, hors secteur bancaire et pétrolier. Une estimation hédoniste puisque beaucoup d'entreprises chinoisent se targuent de profits invérifiables... D'ailleurs, essayez de vous faire une idée des bénéfices d'Alibaba : personne n'est en mesure d'en formuler une estimation crédible.
Puisque les PER sont deux fois plus élevés à Shanghai (ils égalent leurs niveaux record de l'été 2001) et trois plus à Shenzhen qu'à Wall Street, les valeurs américaines ou européennes ne sont pas chères par comparaison.
L'évocation de la Chine, c'est l'occasion de mettre en évidence les mécanismes classiques du gonflement d'une bulle : une foule imbécile, avide et parfois analphabète, emportée par une hystérie spéculative qui puise sa source dans de l'argent trop facile, démultipliée par des leviers délirants et boostée par un sentiment d'invincibilité illusoire.
En Europe et à Wall Street, il y a également un sentiment d'invincibilité, les banques centrales ne cessant d'intervenir pour soutenir les cours à la moindre menace de consolidation. Il y a également des leviers -- les institutionnels, s'appuyant sur le "put Draghi" ou le "put Yellen", prennent tous les risques puisque les gains sont en principe certains -- mais il n'y a aucun enthousiasme populaire, aucun phénomène de foules succombant à une vague d'euphorie irrationnelle.
Investir en bourse ne fait plus partie des conversations entre particuliers quand il s'agit d'évoquer une stratégie patrimoniale. Les anciens "mordus" ne regardent même plus les cours : "tout ce cirque, c'est bidon".
Et nous lisons souvent que ce rally haussier est "le plus détesté de l'histoire" par une majorité d'actionnaires américains.
Même les pros doutent...
Même les gérants qui encensent l'action des banques centrales en public se montrent plus que sceptiques "en off". Ils participent au mouvement haussier à reculons.
Les plus honnêtes avouent acheter "par défaut", sous la contrainte de leur mandat. Les brasseurs d'argent qui gèrent les méga-flux de liquidités inventés par les banques centrales n'interviennent qu'au travers d'instruments comme des ETF, qui leur permettent de décamper du marché en quelques secondes à la moindre alerte.
Ce n'est pas une image : il suffit d'observer à quelle vitesse se vident les carnets d'ordres -- et comment la contrepartie s'évapore en un éclair -- lorsqu'un algorithme haussier ou baissier est activé par un ou plusieurs des relais financiers des banquiers centraux (banques d'affaires, hedge funds).
Dès qu'il est identifié, tous les opportunistes s'engouffrent dans la brèche, les contrariens se couchent.

Tout récemment, nous avons observé une phase de stagnation surnaturelle des indices boursiers durant 120 heures, ce qui trahit la mise en œuvre d'une "camisole algorithmique". Là, le cas de figure est inverse puisque quiconque croit identifier une tendance et mise sur un accroissement de la volatilité se fait littéralement plumer, via l'effondrement de la "valeur temps" : le marché ne va nulle part, le prix des options tend vers zéro.
De lundi à vendredi dernier (21h30), 95% des échanges au sein du Dow Jones se sont effectués entre 18 280 et 18 340 points, soit un corridor de 60 points ou 0,33% d'amplitude. ?
Même scénario pour le S&P, avec 30 heures de transactions (prises dans la continuité) toutes entières inscrites entre 2 125 et 2 135 points. C'est là encore moins de 0,4% de variation en quatre séances, avec une forte décrue de l'activité jeudi et vendredi.
Et le CAC 40 reste prisonnier depuis une semaine (mardi dernier, 9h15) d'un corridor 5 090/5 150. Cela débouche sur un effondrement des volumes depuis mercredi dernier : tous les traders ont vite compris que le "marché" ne devait ne devait...???? aller nulle part.
En fait, beaucoup d'opérateurs ont compris depuis mars 2009 -- voire l'automne 2010 pour les plus lents --, qu'il n'y a plus de marché à partir du moment où il n'y a plus qu'un opérateur qui impose sa stratégie au travers de relais financiers qui lui sont totalement dévoués par conviction (comme JP Morgan qui gère un tiers des actifs de la Fed) ou par opportunisme (Goldman Sachs étant la seule banque d'affaires à jouer sa propre partition lorsqu'elle acquiert la conviction que la banque centrale perd la main).
La BCE et les banques...
Cette fois-ci, cependant, le scénario sera différent. La BCE vient en effet de démontrer qu'elle orchestre bien la fuite en avant (comme cela doit avoir été convenu avec la Fed)... mais elle se voit contrainte de changer de tempo au bout de trois mois. Un changement de braquet qui invite à s'interroger à la fois sur le calibrage du QE, sur les canaux de transmission de sa politique monétaire et pire que tout, sur la pertinence d'envoyer les taux explorer des territoires inconnus, avec comme conséquence absurde de pénaliser l'épargne obligataire puis ultimement la détention de liquidités.
Et voici le citoyen européen confronté à une alternative des plus singulières : investir la mort dans l'âme dans des actifs surévalués... ou payer pour exercer le droit de ne prendre aucun risque en se faisant confisquer une partie de ses dépôts par le système bancaire.
Si les liquidités figurant sur vos comptes ne peuvent en théorie pas produire d'intérêts négatifs (comme un Bund de maturité cinq ans ou une OAT de maturité trois ans), les banques peuvent en revanche inventer n'importe quel prétexte scélérat pour vous délester d'une partie de votre épargne : frais de tenue de compte additionnels pour détention de numéraire au-delà de 10 000 euros, pseudo droits de garde, taxation des retraits en liquide au-delà de 1 000 euros par mois, etc.
L'objectif : vous contraindre par tous les moyens de racheter -- au plus haut absolu -- les dettes provenant d'émetteurs insolvables et les actions gonflées à l'hydrogène (gaz hautement explosif) dont les ultra-riches cherchent désespérément à se délester.

D'habitude, ce transfert s'opère naturellement. Pas cette fois car l'arnaque est trop grosse : l'épargnant se met "aux spéculateurs absents".

Souvenez-vous : "Et si certains ratios boursiers (PER,VAR, Price to Book) étaient faux ?"

  Matthieu Hoffstetter dans "Bilan" Suisse du 22 mai 2015 Article intitulé : Faute de taux d'intérêts élevés, les particuliers vont investir dans les actifs

" Alors que les taux d'intérêts restent très bas, les particuliers devraient investir dans les actifs pour générer des revenus. L'étude menée par le cabinet Schroders auprès de 20'000 investisseurs de 28 pays indique que la plupart d'entre eux attendent une performance de 12% sur les mois à venir. Depuis plusieurs mois, les taux d'intérêts sont orientés à la baisse. En Suisse, les taux sont même négatifs depuis peu. Mais le phénomène des taux atteignant des records de faiblesse est général dans les économies développées. Pour générer des revenus, les investisseurs doivent opter pour des actifs et non se contenter de placements traditionnels ou d'obligations. Une tendance que vient confirmer la dernière enquête Schroders sur les tendances mondiales d'investissements qui indique que 87% des particuliers interrogés envisagent d'investir dans des actifs pour générer un revenu.
Menée ces derniers mois auprès de 20'706 particuliers de 28 pays ayant prévu d'investir au moin 10'000€ dans les douze prochains mois, l'étude montre aussi un retour de la confiance des investisseurs: 54% des personnes interrogées se disent plus confiants dans les opportunités d'investissements de l'année à venir que l'an dernier; et ils sont plus de neuf sur dix (91%) à s'attendre à une hausse de leurs investissements sur la période étudiée. En moyenne, une performance de 12% sur les douze prochains mois est espérée par les particuliers.
Plus d'audace sur les marchés émergents
«Les investisseurs particuliers du monde entier s'intéressent à la génération de revenus en raison d'une part de la faiblesse des rendements obligataires et des taux d'intérêt et, d'autre part, des opportunités et de la stabilité à long terme qu'offrent généralement les entreprises versant des dividendes. Ils savent l'importance que jouent le réinvestissement des dividendes et la croissance des portefeuilles dans la génération de revenus. Il est également essentiel qu'ils diversifient leurs investissements sur le plan géographique et des classes d'actifs», analyse Massimo Tosato, vice-président exécutif de Schroders.
Cette appétance pour des placements rémunérateurs est largement partagée sur la planète. Mais la volonté des particuliers d'opter pour des placements moins sûrs (et donc potentiellement plus lucratifs) est encore plus marquée en Asie, dans les Emirats Arabes Unis, en Amérique du Sud et en Afrique du Sud où plus de 90% des investisseurs veulent opter pour ces choix davantage rémunérateurs. L'intérêt pour ces placements est presque aussi élevé en Amérique du Nord et en Europe continentale avec plus de 80% de particuliers prêts à faire ce choix. Curieusement, c'est en Grande-Bretagne que la proportion est moins élevée, avec 70% d'investisseurs décidés à se lancer dans ces décisions-là.
Les actions pour 21%... seulement
Vers quels placements vont-ils donc précisément se tourner? Malgré leur appétance pour les investissements rémunérateurs, ils ne devraient placer que 21% de leur portefeuille dans des actifs avec un profil rendement/risque assez élevé comme les actions, contre 45% dans des placements concernant des actifs avec un profil rendement/risque faible (comme les liquidités). Les placements plus sûrs comme les obligations devraient attirer 35% des actifs. Globalement, les auteurs de l'enquête observent «un biais en faveur des investissements à court terme, près de la moitié (46 %) des investisseurs préférant des échéances de un à deux ans».
Recherche de revenus substantiels donc, sans prise de risque excessive non plus, afin de financer des projets personnels ou familiaux notamment: «Les investisseurs particuliers cherchent à répondre à des objectifs spécifiques comme le financement des études de leurs enfants, l'achat d'une première maison, la création d'entreprise ou compléter leurs revenus existants lors de la retraite. Le besoin en revenus (et les défis que cela induit) est fort, en particulier compte tenu de la faiblesse des taux d'intérêt à l'échelle mondiale», constate Massimo Tosato.
Avec seulement 21% du portefeuille placé dans les actions pourtant, il semble subsister une distinction entre les intentions et les réalisations: «Le fait d'attendre des performances à deux chiffres au cours des 12 prochains mois et de placer moins d'un quart (21 %) de leur portefeuille dans des actifs risqués montre que les investisseurs n'adoptent pas une approche réaliste en matière d'investissement. Il est primordial qu'ils façonnent leur portefeuille de manière à trouver un équilibre entre leur profil de risque et les performances qu'ils visent. Dans la plupart des cas, ils auront besoin pour cela des conseils d'un professionnel», avertit Massimo Tosato.
La confiance comme levier majeur
Un conseil que peu de particuliers envisagent pourtant de suivre a priori: 23% seulement des investisseurs particuliers envisagent de faire appel à un conseiller financier professionnel. Et l'attente de revenus plus élevé de nombre de particuliers semble déconnectée d'une stratégie adaptée: 34% d'entre eux ne comptent pas modifier leurs placements par rapport aux années précédentes et espèrent donc que leurs choix seront cette année, à la différence du passé récent, couronnés de succès.
Ne rien changer mais gagner plus: une équation étrange mais qui semble pourtant convaincre de nombreux particuliers, sans doute convaincus que la reprise économique dopera des placements déjà réalisés ou répétés à l'identique par rapport à l'an dernier. Car c'est l'optimisme retrouvé qui se dégage de l'enquête 2015: ils n'étaient que 38% en 2013 et 43% en 2014 à compter sur une croissance de leurs revenus alors que ce chiffre atteint donc 50% cette année."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 22 mai 2015 Article intitulé : Les professionnels de la finance ont-ils vraiment changé depuis la crise de 2008 ?

" Pour comprendre ce qui cloche dans le milieu de la finance, des chercheurs ont interrogé plus d'un millier de professionnels. Et les résultats ne sont pas rassurants. En effet, 20% d'entre eux seraient encore persuadés qu'il faut enfreindre la loi pour réussir... La crise a eu depuis 2008 des conséquences désastreuses sur l'économie mondiale. Mais pas sûr que les professionnels de la finance en aient tiré les leçons. C'est en tout cas ce que prouve une étude, menée par Labaton Sucharow, un cabinet d'avocats, et des chercheurs de l'université de Notre-Dame, aux États-Unis. Parue le 19 mai, elle repose sur des interviews réalisées auprès de 1.200 personnes travaillant à la City de Londres, ou à Wall Street, à New York. Une étude similaire avait déjà été publiée en 2012, par la même équipe.
Des informations confidentielles contre dix millions de dollars
Jeunes professionnels ou seniors aguerris, banquiers d'investissement ou gestionnaires de placement, Américains, Anglais, Irlandais ou Écossais, l'enquête n'a oublié personne. Ou presque. Parmi ces professionnels, ils seraient encore nombreux à "continuer de croire que s'engager dans des activités illégales ou contraires à l'éthique serait l'une des clés du succès". Persuadés, pour 47% d'entre eux du moins, que leurs concurrents ne reculeraient pas devant de telles pratiques pour obtenir des avantages compétitifs, ils soupçonneraient aussi leurs propres collègues d'y avoir recours. 23% le pensent en 2015, alors qu'ils n'étaient que 12% en 2012.
Si ce ne sont là que des soupçons, un quart des employés interrogés se diraient pourtant prêts à divulguer des informations confidentielles contre dix millions de dollars, à condition de ne pas risquer de poursuites judiciaires. Les professionnels qui n'exercent dans le secteur que depuis dix ans ou moins seraient deux fois plus nombreux que ceux avec plus de vingt ans d'expérience à être prêts à passer ce cap. Les femmes en revanche seraient plus raisonnables que les hommes sur ce point. Aux États-Unis, elles seraient 22% contre 27% d'hommes. Au Royaume-Uni, l'écart est encore plus criant, avec 23% contre 34%.
A qui la faute ?
Pour expliquer cette envie, certains mettent en cause des incitations à tricher, venant directement de leurs supérieurs ou de l'entreprise, qui toucheraient principalement les employés qui gagnent le plus. D'autres dénoncent aussi les structures de compensations et les plans bonus qui seraient aussi responsables de ces dérives, d'après un tiers des personnes interrogées.
Entre les lignes du rapport, on discerne un léger espoir, insufflé par la hausse du nombre de lanceurs d'alerte, et le raffermissement des procédures de conformité internes. Mais il reste par exemple dans ces dernières de nombreuses failles. Entre 25 et 28% des employés disent ainsi que des clauses ou accords de confidentialité instaurés par l'entreprise les empêcheraient de rapporter aux autorités externes des dysfonctionnements, y compris lorsqu'il s'agit de violations de la loi, locale ou fédérale. 89% des interrogés aimeraient pourtant être en mesure de pouvoir dénoncer les mauvaises conduites. Mais 37% ignorent encore qu'il existe une procédure dédiée, le programme SEC. Il permet à quiconque détient des informations sur un soupçon de fraude d'être accompagné dans sa démarche de révélation. Et de ne pas avoir à craindre, en théorie du moins, pour son emploi. Entre 19 et 24% des professionnels penseraient en effet que leur patron prendrait de sérieuses mesures de représailles après une telle action. En avril dernier, la SEC (Securities and Exchange Commission) a entamé des poursuites contre la firme KBR Inc., basée au Texas, pour avoir tenté, à travers des accords de confidentialité, d'étouffer d'éventuels dénonciateurs.
Une chose est sûre, d'après le rapport, l'industrie des services financiers aurait encore "un long chemin à parcourir avant de regagner la confiance de son public". Un public qui se sentirait lésé par ces banquiers, dont 27% estiment que l'intérêt du client n'est pas encore une priorité. Ceux qui gagneraient 500.000 dollars ou plus par an seraient 38% à le penser."

Yves Hulmann dans "Le Temps" Suisse du 23 mai 2015 Article intitulé : La gestion de fortune face à l’essor grandissant des «robo advisors»

" Les offres basées sur des placements entièrement automatisés vont gagner en importance, selon une étude de l’IFZ et de Swisscom. Si le conseil personnalisé ne va pas disparaître, la pression sur les tarifs va encore s’accentuer
Votre portefeuille sera-t-il bientôt géré par un robot? Le mouvement est en marche, y compris en Suisse. Des solutions entièrement automatisées de type «robo advisors» sont déjà proposées par la start-up True Wealth, le site Investomat.ch de la Banque Cantonale de Glaris ou la banque en ligne Swissquote. Avec ces offres, le client fournit d’abord des indications sur sa tolérance envers le risque et ses préférences d’investissement – la gestion de ses placements et le rééquilibrage du portefeuille étant ensuite automatisés. Sans oublier les grandes banques qui ont élaboré des solutions alliant gestion en ligne en grande partie automatisée et conseil personnalisé, à l’exemple d’UBS Advice.
Face à cette concurrence, pour quels services les clients accepteront-ils encore de payer? Ces questions ont été débattues lors la conférence Finance 2.0, le rendez-vous phare des technologies dans la finance début mai à Zurich, et elles sont analysées dans une étude publiée par l’institut IFZ à Zoug et Swisscom. Pour Michael Stemmle, fondateur de la société de conseil Additiv, la numérisation a deux effets: d’une part, elle permet l’essor d’une offre de placement de qualité «pour les masses». Cela profitera à la clientèle dite «affluente», celle à mi-chemin entre les segments de la banque de détail et les clients plus fortunés ayant accès aux services de banque privée. D’autre part, elle améliorera les capacités des conseillers à la clientèle lors du processus de conseil, qui auront plus de temps pour leurs clients.
L’étude de l’IFZ et de Swisscom distingue trois sortes de services en ligne: premièrement, les offres automatisées de type «robo advisors» (Investomat.ch, True Wealth) et les solutions de courtage social (social trading), qui consiste à copier les stratégies élaborées par d’autres investisseurs (Wikifolio, Investory). Dans ces deux cas, les processus d’investissement sont hautement automatisés, avec une absence de contact entre le client et la plateforme, ce qui réduit les coûts à un minimum.
Deuxièmement, un modèle hybride aussi basé sur les «robo advisors», complété par des entretiens effectués de manière ponctuelle et rémunérés, à l’exemple de Baloise Bank SoBa. Troisièmement, une offre de placement gérée en ligne mais soutenues par des prestations de conseil complètes, comme le proposent les grandes banques.
Cette concurrence exercera une pression sur les marges. Les tarifs, tous frais inclus, proposés par les «robo advisors» se situent entre 30 et 70 points de base (0,3 à 0,7%) par an. Ils atteignent entre 70 et 130 points de base pour les placements en ligne avec l’appui d’une offre de conseil personnalisée, évalue l’IFZ dans une récente étude complémentaire. Felix Niederer, fondateur de True Wealth, pense que les frais pourraient descendre encore plus: «La question est de savoir ce que coûte l’information. L’investissement est basé sur la gestion de l’information, qui, elle, devient toujours meilleur marché», a-t-il argumenté lors d’une table ronde. Il y aura à terme, d’un côté, une offre de base de gestion de fortune qui sera gratuite ou presque et, de l’autre, des services plus sophistiqués qui resteront payants. Plus nuancé sur ce sujet, Anthony Cagiati, directeur du gérant indépendant Sound Capital, admet que «la pression à la diminution des coûts va encore s’accentuer mais qu’ils ne vont certainement pas tomber à zéro».
Reste aussi à voir quelle sera la performance réalisée par ces plateformes sur la durée. En Suisse, Investomat et True Wealth, lancés il y a moins d’un an, ont un historique très court. Aux Etats-Unis, les sites Wealthfront et Betterment opèrent depuis plus longtemps mais les études comparatives sur leur performance manquent.
Les «robo advisors» vont-ils vraiment concurrencer les banques à l’avenir? Selon l’IFZ et Swisscom, ces offres vont dans un premier temps séduire avant tout des «clients disposant d’une bonne formation et ayant une affinité avec les nouvelles technologies». En outre, les clients tendent à confier des sommes relativement modestes à ces plateformes: chez True Wealth et pour ePrivateBanking de Swissquote , les montants se situent entre 40 000 et 50 000 francs, constate l’étude. Malgré tout, elle anticipe l’arrivée de 6 à 8 offres de type «robo advisors» en Suisse d’ici à cinq ans. Les montants investis devraient dépasser les 3 milliards de francs, davantage que ceux confiés aux plateformes de «trading social» (166 millions) mais moins que les montants accordés aux offres de placement numérique assorties d’un conseil personnalisé (47 milliards). Selon l’étude, «les banques conservent l’avantage», en profitant de leur marque établie. De plus, près de 90% des Suisses restent attachés au conseil en matière de placement d’argent, indiquait une enquête d’Axa IM. Felix Niederer croit toutefois au potentiel des «robo advisors»: «Beaucoup de clients ne souhaitent pas d’interaction avec leur banque, ils veulent seulement une interface.»

  Dans "Trends Tendances" Belgique du 15 mai 2015 Article intitulé : Pourquoi la prochaine crise sera bien pire que celle-ci

" Imaginez deux amis qui se rencontrent et qui auraient un dialogue équivalent à celui-ci: Que feras-tu le "jour d'après" ? Mais de quoi parles-tu ? Le jour "d'après quoi" ? Mais du jour d'après la crise ! Mais quelle crise ? Ne sommes-nous pas déjà en crise ? Si, si, je suis d'accord avec toi, mais il y en a une nouvelle, elle arrive et elle va exploser bientôt. Et figure-toi qu'elle sera pire que la prochaine. Je te demande donc si tu as acheté un peu d'or, car cette nouvelle crise, crois-moi, elle sera sanglante !
En fait, ce dialogue n'est pas vraiment imaginaire, il résume seulement la pensée de certains analystes ou économistes qui pensent en gros que "si nous avons adoré cette crise, on va davantage aimer la prochaine !" C'est le cas, par exemple, de Marc Touati, un économiste français adoré des médias et qui a généralement une vision plutôt optimiste des choses. Mais là, pas du tout. Il a viré sa cuti. C'est étonnant, car tant le FMI, que la BCE et la Commission européenne, bref, l'élite économique, pense au contraire que la zone euro est sous un triple signe astral positif. Que grâce à la baisse du pétrole, de l'euro et des taux d'intérêt, l'économie de la zone euro est repartie de l'avant.
La preuve: c'est que la plupart des économistes ont revu à la hausse les perspectives de croissance de la zone euro. Et c'est justement cela qui fait peur à Marc Touati. Il pense que quand tout le monde pense la même chose, c'est le moment de se mettre aux abris. Bref, il pense qu'il faut se méfier du consensus, surtout si les instituts qui sont derrière ce consensus se sont plantés dans les grandes largeurs par le passé ! Pourquoi la prochaine crise sera bien pire que celle-ci
Je vous passe les détails de son raisonnement, mais selon Touati, nous allons tout droit vers un nouveau krach boursier, sans doute pour l'automne prochain ! Et pour lui, cette future crise sera pire que celle dans laquelle nous nous débattons encore, car les gouvernements n'ont plus de cartouche pour nous sortir du pétrin. Et donc, sa peur, il nous la livre brut de décoffrage. Il a peur que les autorités ne se réveillent un beau matin - enfin je ne sais pas si l'expression est heureuse, car généralement, c'est un vendredi soir - et taxent de 10%, par exemple, tous les comptes d'épargne qui ont plus de 100.000 euros, exactement comme à Chypre. Marc Touati n'est pas le seul à penser de la sorte. Une financière et commentatrice avisée de la matière boursière comme Simone Wapler pense exactement la même chose. Mme Wapler pense même que ceux qui n'auront pas planqué un peu d'or physique pour ces lendemains qui forcément vont déchanter seront les cocus volontaires de cette nouvelle crise, car ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.
Pour ma part, face à ces prévisions apocalyptiques, je suis un peu comme dans la chanson de Jean Gabin: je sais que je ne sais pas."

Cédric Boitte dans "Trends Tendances Source : Moneytalk" Belgique du 7 mai 2015 Article intitulé : Un cataclysme financier prévu pour...2016?

" Selon Morgan Stanley, les marchés financiers sont peut-être déjà en train de se préparer au cataclysme qui nous attend en 2016 quand les trois grandes banques centrales mondiales durciront leur politique monétaire.
Début de normalisation pour la Fed
Même si la Réserve fédérale américaine (Fed) a stoppé ses rachats de titres, la politique des banques centrales demeure extrêmement laxiste mais cela risque d'évoluer fortement en 2016 pointent les spécialistes de Morgan Stanley. La Fed devrait ainsi commencer à relever son taux directeur cet automne, un premier pas dans la normalisation de sa politique avant la réduction de son bilan. Jusqu'à présent, la Fed continue en effet de réinvestir les montants arrivant à échéance afin de maintenir son assouplissement quantitatif à plein régime. Ce qu'elle cessera de faire au moins partiellement à partir du premier semestre 2016 selon Morgan Stanley. Les retraits de la Fed du système financier devraient s'avérer importants, les analystes évaluant les échéances 2016 à environ 500 milliards de dollars.
Arrêt des stimulants en zone euro et au Japon
Par ailleurs, le programme d'assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne est prévu jusqu'en septembre 2016, ce qui pourrait priver les marchés de 60 milliards d'argent frais par mois. La Banque du Japon doit pour sa part cesser ses rachats (70 milliards de dollars par mois) fin 2016.
Un impact anticipé sur les marchés
Même si les événements n'auront lieu qu'en 2016, les marchés peuvent y réagir bien avant qu'ils se produisent. Les analystes américains expliquent en effet qu'ils évoluent davantage en fonction des attentes, des perspectives. La récente chute des obligations et des actions peut ainsi s'expliquer par un début de prise en compte d'un durcissement de la politique monétaire mondiale l'année prochaine."

Commentaire : Nous retrouvons les cycles SOCIOECOPOFI dans ce raisonnement et cette prévision.

 Dans "Trends Tendances" du 2 mai 2015 Article intitulé : Voici la mécanique débile qui fait que le capitalisme tourne fou

" Les sociétés cotées, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, sont assises sur une montagne de cash. Et généralement, quand une entreprise se trouve dans ce cas-là, elle a trois possibilités: garder ce cash, faire de nouveaux investissements, ou rémunérer un peu plus ses actionnaires. Devinez ce qu'elles choisissent ? Je vous le donne en mille: ces sociétés redonnent le cash à leurs actionnaires, soit en distribuant de gros dividendes, soit en rachetant les actions de la société, ce qui dope le cours, et constitue donc une autre manière de remercier les actionnaires. Pour faire court, agir de la sorte signifie en quelque sorte que ces entreprises n'ont pas confiance en l'avenir. Sinon, plutôt que d'enrichir les actionnaires, elles investiraient tout cet argent dans de nouveaux projets. C'est la raison pour laquelle certains économistes pensent que le capitalisme tourne à l'envers.
En réalité, les PDG des grandes firmes cotées en Bourse ne sont pas toujours heureux de ne pas pouvoir investir leur trésorerie dans de nouveaux projets, mais même s'ils veulent le faire, il y a de plus en plus d'actionnaires minoritaires - on les appelle des activistes - qui mettent la pression sur la direction de la société pour qu'elle distribue son cash et ne l'investisse pas dans des investissements qu'ils jugent hasardeux. Hasardeux, parce que pas assez rentables à leurs yeux bien entendu. Et si les activistes étaient un véritable frein pour le futur des marchés boursiers ?
Voici la mécanique débile qui fait que le capitalisme tourne fou
Donc c'est vrai, aujourd'hui, le capitalisme tourne fou. Les entreprises qui gagnent de l'argent le redonnent aussitôt aux actionnaires. Et une bonne partie de cet argent ne revient pas dans l'économie réelle, mais sert uniquement à alimenter l'économie casino. Pour vous donner une idée, en 2015 aux États unis, le montant reversé aux actionnaires devrait s'élever à... 1000 milliards de dollars, d'après les experts ! Et comme les modes américaines finissent toujours par nous contaminer, les sociétés cotées européennes font également de même avec leur cash.
Au fond, quand je dis que le capitalisme ne tourne plus rond, c'est à cause de cette mécanique folle, pour ne pas dire débile: nous avons d'un côté, des sociétés cotées qui gagnent de l'argent, mais qui n'investissent pas dans de nouveaux projets, car elles ont peur de l'avenir et préfèrent donc redonner ce cash à leurs actionnaires. Et puis de l'autre côté, les actionnaires qui sont ravis, car ils gagnent de l'argent en Bourse depuis 2009. Mais quand on regarde la hausse des cours de ces dernières années, la majorité de ces hausses a été alimentée par les rachats d'actions. C'est une mécanique de fou qui n'augure rien de bon pour l'avenir. Le PDG de BlackRock, l'un des plus grands fonds de gestion au monde l'a dit. Il a même envoyé une lettre aux 500 dirigeants des plus importantes sociétés aux États-Unis pour le leur rappeler. Il vient même de le faire avec les 200 plus grandes sociétés cotées européennes. Mais à chaque fois, il n'a pas été écouté: la Bourse n'aime pas les messages de modération, et c'est normal, son moteur principal, c'est la gourmandise."

Commentaire : Ce "juste" article ne prend pas en compte l'influence de la comptabilité qui dans trop de cas fabrique les chiffres qu'il faut pour que le cash réel soit "pompé" en défaveur de l'entreprise. Sans les dérives de la comptabilité "lobbyisée" les crises actuelles n'exiteraient pas.

 

Charles Sannat dans "Economie matin" du 27 avril 2015 Article intitulé : La démocratie en Europe, une vaste plaisanterie...

" Je vous dis régulièrement que nous faisons face à un mouvement mondial de réduction des libertés individuelles, que nous assistons à un recul sans précédent de la démocratie.
Vous le voyez en France où, sous couvert de lutte légitime contre le terrorisme, on cherche en réalité à encadrer et à terroriser le citoyen un peu pétochard qui « n’a rien à se reprocher ou si peu » plus qu’à nous protéger des méchants vilains. Pourquoi peut-on affirmer cela ? Pour une raison très simple. Si les paiements en espèces sont prohibés au-delà de 1 000 euros pour un résident fiscal français, ils restent autorisés jusqu’à 10 000 euros par transaction pour un non-résident fiscal. On se fiche donc ostensiblement aussi bien du financement des filières terroristes que de notre protection. Non, ce qui compte c’est bien évidemment la répression financière, la répression fiscale. Le fait que personne ne puisse échapper à l’État.
Ne soyons pas naïfs, c’est évidemment pour notre bien. Aucune politique de réduction des libertés ne saurait être acceptée par les populations si c’était pour réduire leur liberté. Alors on vous explique que c’est pour votre bien, que c’est pour lutter contre les vilains terroristes ou encore contre les très vilains fraudeurs fiscaux sans doute comme Thévenoud – dont plus personne ne parle mais qui siège toujours sur les bancs bien socialos et bien-pensants de notre gôche moralisatrice pour les autres et nettement moins pour elle-même.
Une justification idéologique évidente : construire l’Europe, augmenter la productivité, globaliser l’économie
Vous devez comprendre, mes chers amis, que lorsque l’on veut construire une Europe des multinationales qui n’a rien à voir avec l’Europe de la paix et de l’amour universel entre les peuples, la démocratie comme l’a si bien dit le ministre allemand de l’Économie c’est assez pénible.
Lorsque l’on veut avancer dans une mondialisation qui n’arrange que les multinationales et les méga-riches et dont personne ne veut, les libertés individuelles ce n’est pas très pratique.
Lorsque l’on veut vous réduire vos « acquis sociaux », vos 35 heures, vos machins formation, ou encore votre sécu ou augmenter le prix des soins, vous laisser protester c’est assez difficile à supporter.
Lorsque l’on veut vous rendre compétitif face à un petit Chinois des champs ou même des villes payé au mieux 500 euros par mois pour les plus chers mais généralement 90 dollars et 10 bols de riz pour la grande masse, enrégimenté et qui n’a pas le droit de grève mais le droit de crève, ce qui n’est pas du tout pareil, les syndicats européens, le droit du travail ou le code du même travail sera toujours trop épais pour un capitaliste exploiteur ne voulant au mieux que vous donner ce que Marx appelait déjà un salaire de « subsistance ».
L’excellence du modèle chinois
Alors face à tout cela, face à cette compétition mondiale, c’est la Chine qui a prouvé l’excellence de son modèle. D’ailleurs, la conclusion intellectuelle c’est qu’il n’y a aucune façon de lutter contre l’efficacité du modèle chinois dans une économie mondiale globale et ouverte sans adopter les mêmes techniques ou sans changer les règles, c’est-à-dire sans fermer l’économie.
Le modèle chinois c’est une dictature politique, avec un parti unique qui n’a rien d’une démocratie, avec la peine de mort pour les vilains y compris ceux qui sont juste pas d’accord avec les mamamouchis de là-bas. C’est l’absence presque totale de droit social ou de droit de grève ou même de droit tout court puisque l’une des plus jeunes professions en Chine c’est… avocat !
Bon, le temps de travail on s’en fiche, le salaire minimum aussi, les normes de sécurité… itou, bref, un paradis pour capitaliste la dictature communiste et c’est ainsi que la boucle fut bouclée et que de l’affrontement entre le capitalisme et le communisme sortit vainqueur non pas le capitalisme, comme tout le monde le pense depuis la chute de l’URSS et l’effondrement du mur de Berlin, mais un nouveau système à l’efficience redoutable, l’hybride mis au point par la Chine que j’appelle le « Co-capitalisme ». Tous les attributs de la dictature communiste mis à la disposition du capital pour produire au meilleur coût et avec la plus grande des efficacités. La seule liberté laissée au peuple étant la liberté de consommer, qui était d’ailleurs absente du monde communiste et qui fut l’une des principales causes de l’échec du système communiste.
Les peuples se fichent pas mal de leur propre liberté. Il leur faut simplement, depuis l’antiquité, du pain et des jeux. La version moderne c’est la télé-réalité et la consommation. L’hyper-consommation. Celle qui abrutit et lobotomise les masses laborieuses.
Alors pour nous adapter à ce nouveau monde, nous devons non pas refuser ce nouveau monde, protéger nos valeurs ou encore nos libertés, nous n’avons pas le droit de penser ou d’imaginer d’autres chemins (sans être taxés de tous les termes euthanasiant la pensée).
Non il n’y a « pas d’alternative », vous dira Macron. « Il faut bien accepter de réduire vos libertés », a ainsi déclaré il y a quelques jours Nicolas Sarkozy dans une confession d’une rare honnêteté et laissant apparaître au grand jour le grand mobile des « réformes » en cours qui, loin d’être uniquement économiques, concernent également chaque jour vos libertés futures et celles que vous laisserez à vos enfants.
Comme je vous le disais, ce mouvement est mondial, il est aussi européen.
Tollé au Portugal face au retour de la censure
Ainsi cet article d’Euronews, qui est loin d’être un organe de presse fasciste, explique que c’est la « bronca des médias au Portugal face au spectre du retour de la censure ».
Un nouveau texte de loi est en discussion pour que les médias soumettent leur plan de couverture du scrutin à la commission électorale et à l’entité de régulation des médias portugais.
Il est également demandé aux journalistes de s’abstenir « de tout commentaire ou jugement de valeur »… ce qui revient à dire qu’en période électorale, le droit à la liberté d’expression – qui est l’un des attributs d’un régime dit démocratique – serait suspendu le temps de la campagne puisqu’il ne pourrait plus y avoir aussi bien commentaires que jugements de valeur…
Vous imaginez à quel point les peuples honnissent désormais leurs dirigeants pour que ces derniers passent ce type de lois, ou encore à quel point ils veulent vous faire avaler de futures couleuvres pour vous empêcher ainsi tout droit de protestation ?
Inutile de vous dire qu’avec une telle loi, il serait impossible d’écrire ce simple billet, oui ce simple article que vous êtes en train de lire. Il est rempli de commentaires et de jugements de valeurs que vous avez d’ailleurs parfaitement le droit de rejeter, de combattre ou d’approuver. D’ailleurs, cela porte le nom d’édito.
Uniquement le droit de dire oui, uniquement le droit de dépenser, uniquement le droit d’acheter des actions…
Je ne sais pas combien de temps durera le crépuscule de ce monde. Ce que je sais c’est qu’il est condamné comme l’était l’URSS car ces systèmes sont devenus fous.
Si vous regardez avec objectivité, la politique des banques centrales n’amène qu’à une obligation d’acheter des actions… puisque cela ne baisse jamais.
Cela est une obligation à utiliser votre épargne et donc à consommer puisque les taux d’intérêt sont à zéro et seront bientôt négatifs, ce qui est la négation de la définition d’une monnaie qui doit être capable de conserver de la valeur dans le temps.
Politiquement, vous n’aurez prochainement que le droit de dire oui. Pour le reste, si vous dites non, vous serez au choix un terroriste, un fasciste, un anarchiste, un criminel, un délinquant ou un individu relevant de la psychiatrie. C’est génial la psychiatrie. Un simple préfet peut vous enfermer sans procès directement en institution sans recours, sans tambour ni trompette. D’ailleurs, l’ex-URSS affectionnait particulièrement ses psychiatres.

 Bruno Colmant, Professeur à la Vlerick Management School et à l'UCL, membre de l'Académie royale de Belgique, dans "Trends Tendances" du 20 avril 2015 Article intitulé : Une terrifiante crise financière devant nous, vraiment ?

" Récemment, le CEO de JP Morgan, Jamie Dimon, a prédit qu'une terrible crise financière se préparait. Ce serait alors, après le choc des subprimes de 2008 et la crise souveraine européenne de 2011, l'aboutissement final d'un dérèglement généralisé du système, conduisant à pulvériser le dernier élément de la mécanique financière, à savoir la monnaie elle-même. Quelle est la logique du propos de Jamie Dimon ? Les institutions financières (banques et entreprises d'assurances) voient la rentabilité de leurs actifs baisser, jusqu'à en devenir marginalement négatifs, puisque les taux d'intérêt atteignent des planchers inconnus dans l'histoire humaine. Cette chute de rentabilité est elle-même combinée à des obligations de limitations de risques, des exigences de liquidité, de capitalisation et de réglementation accrue, qui obère inutilement leur marge bénéficiaire.
Par ailleurs, un contexte de taux d'intérêt bas reflète une économie en grande souffrance. Ce qui apparaît favorable aux Etats pouvant se financer à coût réduit, est malheureusement peut-être un indice de difficulté à rembourser les dettes publiques. Ces dernières augmentent en proportion du PIB jusqu'à dépasser les niveaux d'après-guerre, malgré les taux d'intérêt bas, puisque le taux de croissance de l'économie est insuffisant. Comme ces dettes publiques sont redomestiquées (c'est-à-dire ont migré vers l'actif des banques des pays qui les émettent), les banques restent porteuses de risques de défauts souverains. Cette prospective est un véritable risque pour leur rentabilité.
Cette réalité est aggravée par un tassement de la demande de crédits privés, qui est elle-même une des conséquences de la chute de la croissance économique. Pour recycler l'épargne, les banques achètent donc des obligations d'Etats, c'est-à-dire font crédit à l'Etat. Mais, contrairement à des crédits ordinaires, les banques ne doivent (presque) pas disposer de capitaux propres en proportion de ces obligations d'Etat. Les Etats ont donc octroyé des avantages aux banques afin de favoriser leur propre financement. C'est donc une situation circulaire puisque les banques ont dilué leurs déséquilibres dans ceux des Etats, et réciproquement.
De surcroît, le rôle des banques centrales s'est métamorphosé. En temps normaux, ces institutions jouent un rôle passif dans le circuit monétaire, se limitant à calibrer le taux d'intérêt à court terme pour baliser le taux d'inflation. Elles agissent aussi au titre de prêteur en dernier ressort, afin de refinancer des institutions financières sur une base exceptionnelle. La déflation modifie cette configuration puisque les banques centrales animent désormais tout le circuit monétaire à la place des banques commerciales dont les circuits de crédit sont devenus plus visqueux. Elles procèdent à une colossale création monétaire.
Pourquoi le CEO de JP Morgan anticipe-t-il une terrible crise financière ?
Mais alors, pourquoi le CEO de JP Morgan anticipe-t-il une terrible crise financière ? C'est simple: à un certain moment, les taux d'intérêt vont remonter, et peut-être brusquement, parce que les banques centrales tenteront de s'extraire de cette création monétaire permanente ou parce que les taux d'intérêt refléteront une perspective d'inflation. A ce moment, les actifs des banques et compagnies d'assurances subiraient mécaniquement une chute de valeur supérieure à leurs capitaux propres, qui constituent la garantie ultime des déposants et titulaires de polices d'assurance. Les Etats et les banques centrales devront immédiatement intervenir pour éviter une implosion du secteur financier et une contraction de l'économie. Les banques centrales devront donc créer encore plus de monnaie qui se déprécierait immédiatement.
Voilà le message de Jamie Dimon : les banques centrales se sont engouffrées dans une gigantesque et nécessaire création monétaire dont elles n'arriveront plus jamais à s'extraire, sauf si la monnaie perd graduellement son pouvoir d'achat, c'est-à-dire sa base, au travers de l'inflation. Cela pourrait conduire à une nationalisation larvée de tout le secteur financier, comme ce fut constaté au début de la déflation japonaise. Tout le flux monétaire deviendrait étatisé. A ce moment, une autre configuration financière s'imposerait, très proche de celle des années cinquante, au cours desquelles les banques centrales et commerciales étaient sous contrôle gouvernemental étroit, quand elles n'étaient pas des banques d'Etat, au détriment des actionnaires privés.

Charles Sannat dans "Economie matin" du 14 avril 2015 Article intitulé : Pour le patron d'une banque allemande, nous sommes dans la mère de toutes les bulles

" C’est une déclaration que j’avais conservée précieusement et sur laquelle je souhaitais revenir car force est de constater que ces derniers temps, les langues se délient un peu et l’optimisme de façade qu’il convient d’afficher se lézarde alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent.
Voici ce que vient de déclarer le patron de la plus grosse banque régionale allemande
Pour Hans-Jörg Vetter, le président de la banque allemande LBBW (Landesbank Baden-Württemberg), tenez-vous bien :
« Les risques ne sont plus pris en compte dans les cotations. Et ces investisseurs ne sont pas payés pour les risques qu’ils prennent. Cela s’applique à toutes les classes d’investissements. Les marchés boursiers et obligataires se trouvent maintenant dans la mère des bulles. Cela ne durera pas toujours. Et pas pendant très longtemps. Je ne peux pas dire quand cela va commencer à se déliter, mais à un moment donné, cela va se déliter à nouveau. »
Une banque déjà sauvée… il sait de quoi il parle !!
Avec 266 milliards d’euros d’actifs en gestion et 11 000 employés, c’est la plus grande « Landesbank » d’Allemagne dont le siège est à Stuttgart. Vetter a été nommé en 2009 pour ni plus ni moins sauver cette banque qui était en faillite virtuelle et bénéficiera de fonds publics pour assurer son redémarrage dans le cadre d’une nationalisation pure et simple.
Alors le Vetter, il sait de quoi il parle quand on parle de risque et de faillite bancaires.
Un environnement de taux zéro ne peut que conduire à des prises de risques excessives !
Nous devons toujours garder en tête l’un des principaux péchés capitaux… le lucre ! Non, rassurez-vous, il ne s’agit pas de faire de la théologie mais de l’histoire humaine. Si le lucre est un péché capital, c’est que depuis la nuit des temps l’homme n’a plus à démontrer sa vénalité et son intérêt pour le gain.
Beaucoup sont prêts à aller très loin pour un peu plus d’argent, ou d’or. Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Lorsque l’argent ne rapporte plus rien, voire même que votre épargne vous coûte, ce qui est le cas avec les taux d’intérêt négatifs, alors nous serons tous tentés d’aller chercher encore plus de rendement en prenant encore plus de risques, car ce que nous voulons c’est gagner de l’argent !
C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne cesse de dire aux épargnants : ne pas perdre, dans le contexte actuel, c’est déjà gagner !! Mais ne prenez pas de risques inconsidérés. Dans un environnement où les taux sont à zéro… l’argent ne rapporte plus rien par définition. Tout gain est donc générateur d’un risque élevé et dans cet environnement de taux à zéro, les risques ne sont plus convenablement rémunérés…
Résultat logique : lorsque les taux rapportent zéro, alors on se dit qu’une action à 100 € qui rapporte du 4 % de dividende c’est génial… On se dit même que si cette action double vaut 200 euros et qu’elle verse encore 4 euros c’est génial car on fait du 2 % et c’est mieux que 0 hein !!!
Et puis si l’année prochaine cette même entreprise vaut 400 euros, que ses bénéfices n’ont pas augmenté mais qu’elle verse encore 4 euros de dividendes… cela fait quand même du 1 % et c’est génial (surtout que, en plus, le cours de bourse monte et double tous les ans de façon exponentielle).

Et comme les taux deviennent négatifs et que cette entreprise verse encore et toujours 4 euros de dividendes, le jour où l’action vaut 800 euros eh bien 4 euros représentent encore à 0,5 % de rendement positif, ce qui est nettement mieux qu’un placement à taux négatifs, ce dont vous conviendrez aisément.
Eh bien sous vos yeux c’est exactement ce qui arrive.
C’est ce qui arrive pour les actions.
C’est ce qui arrive pour les obligations.
C’est ce qui arrive pour l’immobilier (bien qu’en France, les prix baissent enfin légèrement).
Bref, c’est ce qui arrive pour toutes les classes d’actifs.
Tous les rendements sont tirés vers le bas, tous les risques augmentent et les espérances de gains futurs fondent comme neige au soleil.
Vous avez donc sous les yeux, comme le dit Vetter, la mère de toutes les bulles, qui gonfle, qui gonfle, qui enfle, et… qui va nous péter à la gueule. La seule question c’est « quand ? », mais ça fera très mal.

  Frédéric Caymaris-Moulin dans "Economie matin" du 14 avril 2015 Article intitulé : Consommation : l'usage plus que la possession
 
" La société française traverse depuis le début de ce siècle de nombreux bouleversements qui aboutissent indirectement à la remise en cause d’une des notions fondatrices de la société de consommation : la propriété.
D’une part, la crise économique met à mal, depuis 2008, la trésorerie des ménages. A tel point que le « dogme de la possession » devient même un fardeau pour 58% des Français, qui se déclarent prêts à faire des sacrifices pour assouvir leur désir de consommation : rogner sur les loisirs, revendre d’autres biens, travailler le week-end, voire renoncer à ses vacances, selon un sondage d’OpinionWay dévoilé début 2015.
Les dangers de l'hyperconsommation
D’autre part, les citoyens ont pris conscience des dangers auxquels la planète est exposée du fait du développement de ce modèle d’hyperconsommation mondialisée et qui pourraient mettre en cause leurs modes de vie : pollution directe et indirecte, changement climatique, problématiques de recyclage, maladies, gaspillage, épuisement ou raréfaction des ressources – pétrole, eau, etc.
La conjonction de ces deux facteurs nous pousse aujourd’hui à remettre en cause certaines habitudes de consommation. Un grand nombre d’entre nous est aujourd’hui tiraillé entre l’envie de consommer (et de se faire plaisir) et la prise de conscience de l’impact de nos comportements sur le collectif. Soyons francs, dans la pratique, une grande majorité reste toujours animée par la volonté d’assouvir en priorité ses besoins personnels, et si possible à moindre prix. Néanmoins, depuis quelques années, le modèle de consommation traditionnel fondé sur l’achat et la possession est progressivement remis en question. Chaque dernier samedi de novembre, est désormais célébrée « la journée sans achat » qui symbolise la lutte contre le gaspillage. Cette évolution est confirmée par une récente enquête de l’IFOP : « Plus d’un Français sur deux en rupture avec les modes de consommation traditionnels ».
L’usage plutôt que la possession
Forts de cette prise de conscience qui englobe d’autres problématiques comme l’obsolescence rapide des biens, le coût des pannes, le désir de renouvellement responsable, etc., les consommateurs adoptent de nouveaux comportements. Echange de services, location entre particuliers, trocs… autant de formes de consommations alternatives qui trouvent de plus en plus de résonnance chez les consommateurs. Aux succès d’AutoLib ou de Vélib’ sont venus s’ajouter ceux de Blablacar et d’Airbnb.
L’avènement de ces nouvelles façons de consommer a été rendu possible par la multiplication des échanges d’informations sur Internet et notamment grâce à l’essor du commerce en ligne entres particuliers (leboncoin.fr et ebay.fr par exemple). Bien évidemment, les systèmes de trocs et d’échanges ne datent pas d’hier, mais le web a multiplié leur ampleur.
Et, comme l’explique Jeremy Rifkin, avec le développement de l’économie en réseau, notre rapport à la consommation évolue : la propriété est remplacée par l’usage, et les marchés par des réseaux. A l’heure du partage, consommer ne rime donc plus avec posséder. Petit à petit, l’usage se substitue à la possession et les modèles reposant sur la location ou l’abonnement deviennent des alternatives crédibles. Ce qui explique le succès de Deezer et de Netflix, après que les opérateurs télécoms et Internet aient bien défriché le terrain.
Gilles Berhault, président du Comité 21 (Comité français pour l’environnement et le développement durable), enfonce le clou : « Il n’est plus viable aujourd’hui de fonder notre économie sur une logique de la possession (…) mais il faut désormais migrer vers une économie de la fonction et de l’usage ».
Mieux consommer : privilégier l’usage
L’heure n’est donc plus à l’hyperconsommation, ni à la possession. L’économie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’est plus envisageable. Déjà en février 2009, une enquête d’Ipsos Marketing pour Marketing Magazine invitait les français à répondre à la question : « Que signifie au juste ‘’consommer mieux’’ ? ». Leur réponse tient en trois points, « consommer mieux » signifie : 
- ‘’acheter des produits respectueux de l’environnement’’ (51%)
- ‘’acheter des articles bons pour la santé’’ (46%)
- ‘’n’acheter que des produits utiles’’ (40%)
La notion de « consommer mieux » semble donc englober trois responsabilités : sociale, économique et environnementale. Elle signifierait donc tendre vers cette nouvelle économie, celle de la fonctionnalité et de l’usage. D’après une étude de l’Observatoire des Sociétés et de la Consommation (ObSoCo), 83% des Français considèrent que « l’important est de pouvoir utiliser un produit plus que de le posséder ». L’usage prend donc progressivement le dessus sur la propriété.
Le marché de l’usage, notamment celui de la location longue durée, répond, comme l'indique cette analyse, aux problématiques de près d’un Français sur deux. Ce modèle de consommation, bien qu'il ne résolve pas intégralement les problématiques environnementales, est amené à se développer et à se différencier grâce aux services. Ce marché, traditionnellement cantonné à la location de véhicules, devrait continuer de s’ouvrir à tout type de produits afin de réconcilier la notion de bien-être individuel avec celle du bien-être collectif.

Dans "L'Agefi Hebdo" du 9 avril 2015 Article intitulé : La finance parallèle, cas de conscience des régulateurs

" La finance parallèle représentait 75.000 milliards de dollars d'actifs fin 2014, en augmentation de 7% sur 2013 en tenant compte des variations de change. Elle pèse désormais 120% du PIB mondial et 50% des actifs bancaires. Selon la définition du Conseil de stabilité financière ou Financial stability board (CSF, FSB), le shadow banking regroupe les activités d’ « intermédiation de crédit impliquant des entités et activités (totalement ou partiellement) en dehors du système bancaire traditionnel ». â€¨â€¨En 2002 et 2010, la finance parallèle représentait « seulement » 21 000 milliards de dollars selon le FSB dont le champ d'investigation se limitait à 11 juridictions. L'explosion des activités de finance parallèle et la prise de conscience du danger qu'elle représente depuis la crise financière de 2007 ont incité les autorités régulatrices à rouvrir le dossier de son encadrement. Même la Banque d'Angleterre (BoE) a admis, en avril 2014, le danger que font courir les grands gérants au système financier, a indiqué Andrew Haldane, directeur exécutif pour la stabilité financière de la BoE. Les fonds monétaires, l'un des maillons de la chaîne du « shadow banking » selon le FSB, ont été l'objet d'un examen minutieux dans le cadre d'une consultation de l'Organisation internationale des superviseurs de marché (Iosco /Oicv, Organisation international des commissions de valeurs).  En juin, l'Institute of international finance (IIf), représentant des professionnels de la finance, a lui-même admis que la crise « a montré que certaines activités financières non-bancaires et les interconnexions qu'elles entretiennent avec le système bancaire régulé peuvent produire des effets substantiels et même systémiques si les risques qui leurs sont attachés ne sont pas efficacement gérés et contenus» (extrait de l'étude « Shadow banking: a forward looking framework for effective policy »).

 Etc, etc...

Jean-Philippe Buchs dans "Bilan" Suisse du 8 avril 2015 Article intitulé : Entreprises: le boom des cessions d’actifs

" Les fusions-acquisitions ont le vent en poupe! Au premier trimestre, elles ont atteint un niveau record depuis 2007 avec une somme de plus de 800 milliards de dollars.
Sur l’ensemble de l’année, ces opérations pourraient dépasser 3500 milliards de dollars. Elles battraient alors les pics de 2007 et de 2014. En fusionnant, de nombreuses entreprises doivent procéder à des ventes d’actifs pour répondre aux exigences des gendarmes de la concurrence. Dans ce dernier registre, la dernière étude d’EY (ex-Ernst & Young) intitulée Global Corporate Divestment, est révélatrice des tendances actuelles.
Le cabinet de conseil et d’audit a interrogé environ 800 dirigeants présents dans neuf secteurs d’activités et répartis entre les Etats-Unis, l’Asie-Pacifique, l’Europe, le Moyen-Orient, l’Inde et l’Afrique. Cette enquête permet de tirer les enseignements suivants sur les perspectives de cessions:
1.54% des dirigeants anticipent une hausse des désinvestissements en 2015.
2.Un tiers prévoit une opération de ce type dans les deux prochaines années.
3.80% sont d’accord d’étudier une offre de reprise.
4.42% des chefs d’entreprises sont d’avis que les offres non sollicités augmenteront cette année.
5.46% d’entre eux s’attendent à devoir procéder à des cessions forcées.
6.Selon 66% des patrons, les cessions auxquelles ils ont procédé se sont révélées positives sur la valorisation de l’entité vendue.
7.Les gains obtenus ont été réinvestis comme suit: 34% dans le métier de base, 23% dans le développement de nouveaux produits ou de nouvelles implantations, 17%  dans de nouvelles acquisitions.
8.Pour 45% des dirigeants, les cessions découlent de la pression des actionnaires. Pour 16% d’entre eux, c’est même le motif principal.
9.C’est dans la branche des sciences de la vie et dans celle de la technologie que les patrons escomptent le plus d’opérations de cessions d’actifs.

Charles Sannat dans "Economie matin" du 1 avril 2015 Article intitulé : Pour Janet Yellen, le cash n'est plus un instrument de stockage de valeur efficace !

" Non, ceci n’est pas un poisson ni une blague digne d’un premier avril, et pour ceux qui auraient des doutes concernant cette affirmation je vous invite à visionner la vidéo que je vous joins évidemment. Voir sur site www.economie matin.com Vous pourrez y voir Janet Yellen, gouverneur de la FED, la Banque centrale américaine qui est accessoirement et encore pour le moment la banque centrale la plus puissante au monde. Madame Yellen y commentait il y a quelques jours l’actualité économique et les grands enjeux de la politique monétaire lorsqu’elle a été interrogée sur les taux d’intérêt négatifs qui ont cours en Europe. Son commentaire a été sans ambiguïté. Sans nuances. D’une évidence totale et d’une très grand franchise contrastant ainsi avec le mode de communication habituel des banquiers centraux. Janet Yellen a donc dit : « Le cash n’est plus un instrument de stockage de valeur efficace. »
Or qu’est-ce qu’une monnaie ?
Une monnaie est un instrument d’échange.
Une monnaie est un instrument comptable.
Une monnaie est un instrument de stockage de valeur.
Une monnaie doit posséder ces trois qualités de façon obligatoire. S’il manque l’un ou l’autre de ces aspects, alors vous n’êtes pas en présence d’une monnaie durable, efficiente et forte.
Avec des taux d’intérêt négatifs où l’épargne coûte à l’épargnant, la monnaie perd sa capacité à stocker de la valeur dans le temps. Or c’est essentiel. Car votre travail d’aujourd’hui (enfin sa valeur) peut être épargné maintenant pour être utilisé et consommé plus tard. Si garder votre argent vous coûte de l’argent cela veut dire aussi et surtout que votre argent perd de sa valeur au fur et à mesure. Peu importe que votre argent parte en fumée à cause de l’inflation ou de taux négatifs, les conséquences sont rigoureusement identiques.
Votre argent disparaît. Vous avez donc deux choses seulement à faire. Soit tout dépenser maintenant pour ne rien perdre avec le temps, soit investir et convertir votre cash en actifs tangibles qui seront en mesure au moins de stocker de la valeur. C’est pour cela que les métaux précieux sont un choix de premier plan (et aussi en raison de leur liquidité) mais pas uniquement. Une maison à la campagne avec un grand potager attire également mes faveurs comme vous le savez.
Janet Yellen ne vous a pas dit de fuir le cash… mais presque !
Alors soyez simplement conscient que nous sommes rentrés dans une ère totalement nouvelle de l’économie et des politiques des banques centrales.
Nous sommes mondialement engagés dans une spirale infernale de bulles entraînant d’autres bulles, d’argent dette, d’argent gratuit, d’argent à la valeur négative. Tout cela ne veut plus rien dire, tout cela n’a plus aucun sens. Tout cela fonctionne uniquement parce que ceux qui tiennent le système mondialisé et globalisé souhaitent pour le moment que cela tienne et jouent globalement dans le même sens.
Si vous ne voyez pas votre monnaie perdre massivement de sa valeur, c’est simplement parce que toutes les monnaies perdent de la valeur en même temps. Or la valeur d’une monnaie est aussi relative en particulier dans un système dit de changes flottant. Supprimez tout point de comparaison et pendant un certain temps voir un temps certain, personne ne se rendra compte de la perte de valeur de la monnaie. Pourtant, le « cash n’est plus une solution efficace pour stocker de la valeur » et ce n’est pas n’importe qui qui vient de vous le dire. Tenez en compte."

Dans "La Tribune" du 31 mars 2015 Article intitulé :Tesla : Elon Musk publie un tweet à un milliard de dollars

" Le talent d'Elon Musk n'est pas seulement de trouver des idées géniales, c'est aussi de créer le buzz autour de ses affaires... Parfois en quelques mots seulement. Lundi 30 mars à 18h35, le fondateur du constructeur de voitures électriques de luxe Tesla a publié un tweet où il donne rendez-vous pour une annonce "majeure". "Une nouveauté majeure de Tesla - pas une voiture - sera dévoilée dans notre studio design le jeudi 30 avril à 20h", écrit Elon Musk. Il n'en fallait pas plus pour créer un véritable engouement sur les réseaux sociaux relayant l'information avec notamment près de 6.000 retweets. Les investisseurs ont également été emballés puisqu'en quelques minutes seulement, l'action Tesla s'est envolée faisant gonfler la valorisation boursière de la société d'un milliard de dollars. Pour les actionnaires de Tesla, c'est une bonne nouvelle mais l'action vaut toujours 100 dollars de moins qu'en septembre...
De la moto électrique à la montre connectée...
Les rumeurs sont allées bon train sur ce que Tesla pourrait dévoiler et qui ne serait pas une voiture. Le site Pando Daily a recensé les produits envisagés par les internautes et qui ne seraient pas farfelus : une moto électrique, un hélicoptère, un aéroplane ou une smartwatch. Il faut dire qu'Elon Musk est connu pour ses projets complètement fous mais pour lesquels il va jusqu'au bout. Celui qui a fait fortune en fondant et revendant Paypal, a par exemple lancé SpaceX, une société qui va créer des vols spatiaux internationaux.
D'autres plus rationnels pensent à une nouvelle batterie électrique peut-être plus performante. Pour rappel, Tesla a annoncé l'an dernier la construction d'une usine de batteries pour voitures électriques.
La SEC n'aime pas ce genre de communication... Que la SEC impose la double cotation boursière VSJ/VHR et une grande partie du problème sera réglée.
En tout état de cause, cette annonce ne devrait pas plaire à la SEC, le gendarme américain des marchés financiers. Ce dernier n'apprécie pas du tout les informations partielles distillées via les réseaux sociaux. Elle a d'ailleurs établi des règles en la matière : les investisseurs doivent avoir été prévenus préalablement de la publication d'une information en ayant bien précisé quel média social sera utilisé.
En attendant, le monde a rendez-vous le 30 avril avec Elon Musk. Si le marché aime les surprises, il n'aime guère les déceptions. Le buzz sera donc à double tranchant pour le flamboyant patron qui rêve de faire de Tesla, le "Apple de l'automobile"...

  Amid Faljaoui dans "Trends Tendances" Belgique du 19 mars 2015 Article intitulé : Comment refuser un chèque de 3 milliards de dollars... et multiplier cette somme par 5

" Les véritables révolutions sont invisibles. Le brouillard qui entoure notre crise nous empêche bien souvent de voir ce que les spécialistes appellent des "signaux faibles", autrement dit, des indices qui montrent que le monde ancien s'efface tout doucement, en toute discrétion, pour faire place au monde nouveau. Souvent, les jeunes voient mieux que d'autres ce monde nouveau qui vient. C'est en tout cas certainement le cas du jeune Américain, Evan Spiegel, âgé d'à peine 23 ans. Ce gamin est admirable, car il a des nerfs en béton. Connaissez-vous beaucoup de jeunes, ou moins jeunes d'ailleurs, qui refuseraient un chèque de 3 milliards de dollars, un chèque que lui a proposé Facebook ? Facebook voulait en effet lui racheter à prix d'or son application de partage qui s'appelle Snapchat. N'importe quel jeune connaît Snapchat et l'a déjà téléchargé sur son smartphone. L'idée de cette application est simple: elle permet d'envoyer des photos de façon éphémère aux personnes que l'on souhaite contacter. En clair, environ 100 millions de personnes de par le monde disposent aujourd'hui de cette application, avec laquelle ils transmettent chaque jour plus de 700 millions de photos qui disparaissent quelques secondes après leur réception par le destinataire. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, cette appli plaît aux utilisateurs, car elle évite le risque d'avoir une photo qui resterait éternellement sur les réseaux sociaux. Les experts qui valorisent des sociétés à des prix astronomiques voient-ils des choses que nous ne voyons pas ? Ou est-ce un excès de plus ? Donc, ce jeune Evan Spiegel a d'abord refusé de vendre son application pour 3 milliards de dollars à Facebook, et il vient de refuser de la vendre un mois plus tard à Google qui lui en donnait un milliard de plus, soit 4 milliards de dollars ! Et visiblement, ce jeune homme de 23 ans n'est pas fou, car Alibaba, le groupe chinois équivalent de eBay, a investi 200 millions de dollars dans sa société, ce qui a du même coup valorisé indirectement son l'appli Snapchat à... 15 milliards de dollars !
Bravo pour le gamin. Il refuse d'abord un chèque de 3 milliards de dollars, mais quelques mois plus tard, il multiplie la mise par 5 ! C'est dingue, mais c'est aussi cela la réalité aujourd'hui de la Silicon Valley. On valorise une application 15 milliards de dollars alors que celle-ci ne génère encore aucun chiffre d'affaires. Et donc, les experts sont partagés. Les gens qui valorisent des sociétés à des prix astronomiques voient-ils des choses que nous ne voyons pas ? Ou est-ce un excès de plus ? La question reste posée, mais une chose est sûre: un gamin de 23 ans n'aura plus de problème de fins de mois pour quelques siècles. Moralité: aujourd'hui, plutôt que de se farcir des études de médecine de 12 ou 13 ans pour devenir chirurgien, mieux vaut savoir coder, cela permet de devenir "scandaleusement riche". À condition d'avoir la "killer app", autrement dit, l'application qui tue."

Dans "Les Crises" Suisse du 16 mars 2015 Article intitulé : Produits dérivés : la BCE au pied du mur
  
" Très bon papier du grand Jean-Michel Naulot, ancien membre du collège de l’Autorité des Marchés Financiers, pour Les Echos, le 13 mars 2015.
Il montre la folie de l’organisation de Bruxelles, qui refuse à la BCE le droit de demander que d’importantes opérations en euros aient lieu dans la zone euro – pour qu’elle puisse aider en cas de problème… Ces talibans causeront ainsi la perte du système financier qu’ils chérissent tant…

La BCE s’est vue refuser le droit par la Cour de justice européenne d’imposer la localisation en zone euro des chambres de compensation qui traitent des opérations en euro. Cette décision pose le problème du rôle de la Banque centrale dans la maîtrise du risque systémique sur les produits dérivés.
En donnant récemment raison aux britanniques au sujet de la localisation des chambres de compensation, la Cour de justice européenne a jugé que la BCE allait au delà du droit existant. La BCE n’a pas le droit d’imposer la localisation en zone euro des chambres de compensation qui traitent des opérations en euros. Derrière ce débat d’apparence commerciale dans lequel les banques et la BCE ont fait cause commune pour des raisons différentes – renforcement des places financières européennes pour les banques, meilleur contrôle du  risque pour la banque centrale – il y a une question d’une extrême importance : comment va-t-on maîtriser le risque systémique en cas de difficultés majeures, de détresse, d’une chambre de compensation ?
Londres capte l’essentiel des produits dérivés
Les G20 de 2009 avaient décidé de faire obligatoirement transiter les produits dérivés réputés liquides par ces institutions financières destinées à assurer la bonne fin des opérations, donc de concentrer le risque systémique autour d’elles. Les encours de dérivés ont représenté en 2014 près de 800.000 milliards de dollars, un encours supérieur à celui qui existait avant la crise, plus de dix fois le produit mondial. Lorsque le chantier en cours sur l’encadrement des produits dérivés sera achevé, environ 40% des produits dérivés passeront par des chambres de compensation. Or en zone euro, la plus grande partie des produits dérivés est traitée à Londres … Il devient vraiment urgent, sept ans après la crise, de préciser comment l’accès à la liquidité en euros de ces chambres londoniennes sera possible ! Concentrer le risque systémique est une bonne idée, encore faut-il pouvoir le gérer !
La solution de localisation des chambres proposée par la BCE avait l’avantage pour la banque centrale de permettre de maîtriser le risque systémique tout en laissant planer un  doute sur l’automaticité de son intervention. La BCE avait la possibilité en cas de difficultés d’une chambre d’apporter la liquidité nécessaire ou de laisser la chambre mettre en place un plan de redressement, voire son plan de résolution. Comme les banques, les chambres de compensation en difficulté doivent en effet – en théorie – pouvoir faire faillite, ne pas systématiquement miser sur l’aléa moral. En théorie…
Probabilité d’aggraver le risque systémique
Actuellement, toute l’attention des acteurs financiers est mobilisée autour des textes que la Commission doit présenter d’ici l’été sur les plans de résolution. Comme ceux des banques, ces plans de résolution seront utiles et rassurent les contribuables. Mais ils ne sont pas l’essentiel. Chacun sait qu’en cas de crise, le risque systémique doit être géré dans l’urgence et le secret, avec l’appui de la Banque centrale. Qui peut imaginer que l’on mette alors immédiatement à contribution les actionnaires et les clients de la chambre de compensation pour organiser la liquidation ? Il n’y aurait rien de tel pour aggraver la propagation du risque ! Dès aujourd’hui, les clients des chambres de compensation ont-ils même une idée des risques qu’ils prennent en traitant avec ces institutions censées leur apporter la sécurité ? Ils ont plutôt  le sentiment que ces institutions qui concentrent le risque systémique bénéficient des protections nécessaires… En cas de crise d’une chambre, n’en doutons pas, l’aléa moral sera bien là, ne serait-ce que parce qu’il existe toujours une zone grise pendant laquelle il faut évaluer, comme pour les banques, les chances de redresser l’institution en difficulté. Mais encore faut-il que cela soit techniquement possible…
La décision de la Cour pose donc très clairement le problème clé du rôle de la banque centrale dans la maîtrise du risque systémique sur les produits dérivés, problème que la BCE a jusqu’à présent évité de traiter trop ouvertement, préférant vivre dans l’ambiguïté. Etre là sans avoir à le dire… Après la décision de la Cour, sauf à prendre des risques considérables, la BCE ne peut rester silencieuse. La logique serait qu’elle prenne directement en charge la supervision des grandes chambres de compensation de la zone euro comme elle l’a fait pour les banques. Mais cela ouvrirait une fois de plus un débat nourri avec les britanniques et le temps presse. Alors comment fait-on ? Un chantier intéressant pour le nouveau Commissaire Jonathan Hill, britannique, qui a fait de la liberté de circulation des capitaux son objectif central et semblait rêver d’une pause en matière de régulation financière !"

François Leclerc dans "La Tribune" du 12 mars 2015 Article intitulé : Des marchés "too big to fail"

" Le volume grandissant des actifs financiers en circulation est un problème en soi, un facteur d'instabilité financière endémique. Tout se conjugue pour accroître la taille des marchés financiers, déjà trop importante. On parlait de banques "too big to fail", ce sont les marchés qui le deviennent. En fait, c'est la taille comptable qui déconnectée de toute valeur économique et de tout prix financier réalisable par la majorité est le plus gros problème financier actuel. En réalité, c'est le plus gros problème financier jamais connu. La relance européenne est décidément mission difficile. Du côté de la BCE - qui promet d'acheter mensuellement 60 milliards d'euros de titres obligataires, pour la plupart souverains, et injecter autant de liquidités dans les circuits financiers - on apprend dans le Wall Street Journal qu'elle craint de rencontrer des difficultés pour trouver un nombre suffisant de vendeurs! C'est que ni les compagnies d'assurance, ni les banques ne se délestent facilement de ces titres, aussi bien pour des raisons réglementaires qu'afin d'assurer leur assise financière et de ne pas leur substituer d'autres actifs risqués à leur bilan.
Chiffres impressionnants, plans d'action inconsistants
Second volet, la mise en place du plan Juncker d'investissement se poursuit à vitesse d'escargot. Les moyens financiers publics étant très limités, un effet levier très important est requis pour atteindre les 315 milliards d'euros annoncés. D'où le projet d'une « Union des marchés des capitaux » (UMC) de Lord Hill, qui a pris la succession de Michel Barnier. Selon sa belle formule, il est destiné à « lever les barrières qui se dressent entre l'argent des investisseurs et les opportunités d'investissement », dont la Banque européenne d'investissement (BEI) dresse un catalogue fort de 2.000 projets. D'expérience, les chiffres sont généralement d'autant plus impressionnants que les plans d'action se révèlent inconsistants. La question qui reste en attente est celle des garanties qui seront données aux investisseurs afin de réduire leur part de risque pour les appâter. Un fonds est annoncé, dont les modalités seront examinées à la loupe.
Développer la désintérmédiation
Que se cache-t-il derrière ce nouvel acronyme d'UMC ? La volonté de développer la désintermédiation, puisque l'on ne peut plus compter comme avant sur les banques pour financer l'économie. Le chantier est périlleux et a peu de chances d'arriver à sa fin, impliquant aussi bien une convergence fiscale et une harmonisation comptable qu'une unification des lois sur les faillites, un vaste programme. L'UMC n'est pas née qu'elle ressemble déjà à l'Union bancaire, toute aussi imparfaite et inachevée. Aussi, pour avoir de premiers résultats sans attendre, l'accent est prioritairement mis sur la titrisation. Mais attention ! celle-ci sera dorénavant pourvue d'un label de qualité, afin de répondre à la suspicion des investisseurs ! Pour aider la chance, Lord Hill a également annoncé qu'il entendait assouplir les règles, par exemple en réduisant l'obligation pour les banques émettrices de conserver dans leurs livres 5% des titres émis afin de partager le risque, mais cela fait tiquer. Relancer la titrisation implique de satisfaire les intérêts contradictoires des émetteurs et des investisseurs, l'affaire n'est donc pas de tout repos.
Banques et assureurs entendus à Bruxelles
Le retour prioritaire de la croissance représente un changement de priorité pour la Commission. Le tournant est déjà pris et Lord Hill a trouvé les mots pour le dire : « Pour que la confiance revienne et que le flux des investissements reprenne, il faut éviter une situation où l'industrie des services financiers serait constamment mise à l'index ». 
Cela n'est plus le cas à Bruxelles, où le message des banques et des assureurs est désormais entendu : la rédaction des centaines de textes d'application de la réglementation financière nouvellement adoptée va être l'occasion d'en assouplir discrètement la portée. Et les réformes en chantier, comme la taxe sur les transactions financières, sont encalminées.
Un secteur financier toujours plus vulnérable
Tout se met progressivement en place pour accroître la vulnérabilité du système financier. Le développement du crédit dans le secteur privé est redevenu la grande affaire, dans la logique de la politique de l'offre. Les financements publics limités pour cause d'ajustements budgétaires, les banques ayant entre-temps beaucoup déçu, il ne reste plus que le marché pour enclencher une nouvelle phase d'endettement. En Europe, les banques dispensent 80% du crédit, tandis qu'aux États-Unis elles n'y contribuent que pour 20%. Voilà le modèle à suivre...
Le volume non, le volume comptable grandissant des actifs financiers en circulation est un problème en soi, un facteur d'instabilité financière endémique. Ce ne sont pas seulement les banques qui sont « too big to fail » (trop grosses pour s'écrouler), ce sont aussi les marchés, alors que tout se conjugue pour en accroître encore la taille... Si l'on veut parler de croissance, il ne faut pas chercher bien loin pour en trouver une, qui est vertigineuse : celle de l'économie financière, par opposition à l'économie réelle. La première regroupe les marchés des changes, des dérivés et des instruments de dette et la seconde s'exprime faute de mieux par le PIB mondial. Bien que difficiles à cerner et faisant l'objet d'estimations variées, les chiffrages disponibles démontent tous que l'économie financière connait une croissance beaucoup plus rapide que l'économie réelle. Vous avez dit réformes structurelles ?"

Jean-Marc Vittori dans "Les Echos" du 3 mars 2015 Article intitulé : Quand le capitalisme en vient à se mordre la queue
 
" Aux Etats-Unis, les grandes entreprises rachètent leurs actions en masse. Elles ont pourtant été créées pour collecter de l'argent afin de mener à bien leurs projets. Mais alors, d'où viendra la croissance de demain ? Non, désolé, j'ai vraiment trop d'argent. Je ne sais pas quoi en faire. Je préfère vous le rendre. Ce message sidérant ne vient pas d'un Etat confetti brusquement enrichi ou d'un milliardaire illuminé d'un coup par la lutte contre la pauvreté prônée par le pape François, mais… des grandes entreprises américaines. L'an dernier, elles ont gagné de l'argent comme jamais. Leurs bénéfices dépassent 12 % du PIB, un record historique, deux fois plus que la moyenne de long terme. Celles qui font partie de l'indice boursier S&P 500 ont rentré plus de 1.000 milliards de dollars de profits. Elles en ont versé un tiers (350 milliards) à leurs actionnaires sous forme de dividendes, une proportion assez classique. Mais elles leur ont aussi racheté des actions... pour plus de 550 milliards, le plus souvent pour les détruire. Trois quarts d'entre elles sont des adeptes de ce « buyback », comme on dit aux Etats-Unis. C'est le coeur du capitalisme qui est touché.
Le mouvement est enclenché depuis longtemps. Depuis que le gendarme de la Bourse américaine - la Securities and Exchange Commission, plus connue sous son acronyme SEC - a assoupli la réglementation sur les rachats d'actions en 1982, les firmes américaines n'ont cessé d'absorber plus de capital qu'elles n'en émettent. Depuis 2004, elles auraient consacré aux rachats… 7.000 milliards de dollars, plus de la moitié de leurs profits. On retrouve les cycles SOCIOECOPOFI Beaucoup d'entre elles se sont même endettées pour racheter les titres. Cette mode américaine a comme souvent gagné le monde. Au Japon, où il a été autorisé en 1994, des géants comme Toyota ou Mitsubishi y ont succombé. En Corée du Sud, Samsung s'y est mis, tout comme, en Chine, le prestataire de services sur Internet Tencent. En Europe, le rachat d'actions, autorisé un peu plus tard (1998 pour la France et l'Allemagne), se pratique aussi, mais à moindre échelle. Les entreprises du CAC 40 y ont consacré l'an dernier 10 milliards d'euros, pratiquement cinq fois moins que pour les dividendes. Rien à voir avec la tendance américaine, qui touche à la frénésie.
D'où vient ce véritable emballement ? Le fisc y a sa part. Aux Etats-Unis, les intérêts d'emprunt réduisent la base imposable. Une entreprise qui s'endette pour racheter ses actions abaisse donc sa note fiscale. En France, un particulier vendant des actions bénéficie d'un abattement sur la plus-value s'il les détient depuis plus de deux ans, ce qui n'est pas le cas pour les dividendes perçus. Ce n'est qu'une toute petite partie de l'histoire. La vraie raison, c'est bien sûr la pression des actionnaires. Les chefs d'entreprise n'ont pas décidé tout seuls de rendre l'argent ! Depuis que l'économiste de Chicago Milton Friedman a expliqué en 1970 que « la responsabilité sociale des entreprises est d'accroître leurs profits », les détenteurs d'actions ont considérablement renforcé leur emprise sur la gestion des entreprises, en alignant notamment la rémunération des dirigeants sur le cours de Bourse. « J'ai fait des rachats d'actions moi aussi. En cette ère d'investisseurs activistes obsédés par le court terme, c'est pratiquement impossible à éviter », racontait Nick Hanauer, un « serial entrepreneur » américain devenu capital-risqueur, dans un article publié par la revue « The Atlantic » le mois dernier sous le titre « Les rachats d'actions tuent l'économie américaine », qui a provoqué plus de 1.000 commentaires sur Internet en vingt-quatre heures. Les activistes adorent le « buyback », qui leur permet de récupérer de l'argent frais - ou d'avoir des actions rapportant davantage, car les dividendes sont alors répartis sur un nombre d'actions plus faible. Même si ces rachats sont souvent réalisés au mauvais moment, , un ancien de la Société Générale devenu l'un des gérants du fonds américain GMO dans une note très remarquée publiée fin 2014. Ils ont par exemple culminé aux Etats-Unis en 2007, juste avant la grande dégringolade boursière de 2008…
Mais la pression des actionnaires n'explique pas tout. Car si les dirigeants cèdent à leurs exigences, c'est aussi parce qu'ils manquent de projets d'investissement prometteurs. Les entreprises les plus gourmandes de leurs propres actions ne sont pas seulement celles qui travaillent dans des secteurs matures, comme les produits de grande consommation ou le commerce, mais aussi (et surtout) celles qui sont sur le front avancé de la technologie - Apple, Intel, Microsoft, Cisco dans les technologies de l'information, Merck ou Gilead dans la pharmacie. Certaines, comme la firme à la pomme, ont su se forger une rente impressionnante… dont elles ne savent que faire.
C'est ici que le capitalisme se mord la queue. Le projet, l'investissement et le partage des risques ont été la raison d'être de la société par actions, pour financer une mine de cuivre en Suède dès le XIIe siècle, les grandes routes maritimes au XVIe siècle, les usines et les machines de la révolution industrielle au XIXe siècle. Aujourd'hui, le projet disparaît peu à peu des grandes entreprises cotées. Leurs actionnaires ne sont plus là pour apporter de l'argent, mais pour en extraire. D'où la montée des questions sur la répartition des revenus (aux Etats-Unis, 1 % des particuliers détiennent 40 % des actions). D'où, aussi, les interrogations majeures sur les grandes innovations à venir. Relèvent-elles de l'illusion, viendront-elles d'autres lieux que les entreprises où elles se sont épanouies depuis un siècle et demi ? Au fond, le « buyback » symbolise le bye-bye au capitalisme du siècle dernier.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0204193714966-quand-le-capitalisme-en-vient-a-se-mordre-la-queue-1098149.php?YUK2hf5lTc5HUVlK.99

Dans "La Tribune" du 27 février 2015 Article intitulé : Coca-Cola réalise un emprunt record en euros

" Coca-Cola inonde le marché européen... avec ses titres de dette. Jeudi, il a cédé pour 8,5 milliards d'euros d'obligations européennes, selon Bloomberg qui évoque des sources internes. Il s'agit de la plus grosse transaction de ce type réalisée par une entreprise américaine, dépassant celle de Pfizer en 2009 (5,85 milliards de dollars). C'est également de la deuxième plus grosse émission d'obligation par une entreprise de l'histoire, après celle de Roche (9,75 milliards), en 2009 toujours. Dans le détail, le groupe d'Atlanta a notamment levé pour 2 milliards d'euros de titres à 2 ans, et 4 ans et demi. Et pour 1,5 milliard de titres à 8, 12 et 20 ans.

0,75% pour un coupon à 8 ans
Pour Coca-Cola, la perspective de pouvoir d'emprunter à des taux très bas explique l'intérêt d'émettre des obligations en euro. Par exemple, le taux pour un titre à 8 ans est  tombé à 0,75% cette semaine. Niveau que l'agence Dow Jones compare aux 2,411% de rendement d'un titre Chevron aux États-Unis. En outre, malgré la hausse du dollar par rapport à l'euro, donc des coûts liés au change, il serait encore très intéressant pour la compagnie de convertir les sommes ainsi obtenues dans la devise américaine.
Rembourser des dettes, racheter des actions, investir
Avec ces sommes, l'entreprise prévoirait de "rembourser des dettes préexistantes, de racheter des actions ou encore d'investir", d'après le Wall Street Journal.
 Pour mémoire, Coca-Cola a annoncé début janvier l'un des plans de réduction d'effectif les plus importants de son histoire. Son bénéfice net a reculé de 17% l'an dernier, mais ses résultats publiés le 10 février se sont révélés supérieurs à ce qu'en attendait un consensus d'analystes.
Apparemment, sa situation n'empêche pas les investisseurs de considérer Coca-Cola comme une valeur sûre. Le groupe n'est pas le seul à avoir levé de fortes sommes en euro récemment. D'autres groupes américains, dont Mondelez, le géant du biscuit, Priceline, le propriétaire de Booking.com, ou encore la compagnie téléphonique AT&T vendent également des titres. Au total, les investisseurs américains auraient vendu pour 27,4 milliards d'euros depuis le début de l'année. Le plus haut niveau depuis 2007.
Taux négatifs en Allemagne
Ces mouvements s'inscrivent dans le contexte de forte baisse des taux sur le marché obligataire européen. C'est surtout le cas pour les obligations souveraines, l'Allemagne a même emprunté à 5 ans à taux négatifs. Cela signifie que les investisseurs rémunèrent l'État émetteur pour pouvoir acquérir ces titres. Dans un contexte d'incertitude économique, les investisseurs recherchent en effet des valeurs sûres.

Christine Lejoux dans "La Tribune" du 22 02 15 : Article intitulé : L’union des marchés de capitaux, le retour en grâce de la finance à Bruxelles

" Changement de statut pour la finance européenne. D'ennemi à encadrer par tous les moyens il y a six ans à peine, elle devient un allié indispensable des autorités politiques dans le cadre de leurs plans de relance de la croissance.
Aujourd'hui, selon le commissaire européen aux services financiers Jonathan Hill, qui a présenté mercredi 18 février un projet d'union européenne des marchés de capitaux, "le facteur de risque le plus important pour la stabilité (financière et économique), c'est l'absence de croissance." Et non plus la finance et ses dérives, qui, en 2008, avaient plongé le monde dans la plus grave crise financière depuis la Grande Dépression des années 1930. Au contraire, Bruxelles, mais également Paris, redécouvre aujourd'hui les vertus de la finance. Pour la simple raison que, si les entreprises européennes manquent de financements le jour où elles auront enfin repris goût à l'investissement, la croissance économique ne redécollera pas. Pis, il deviendra plus compliqué pour les entreprises, les ménages et les États de rembourser leurs dettes. Or cette éventuelle insuffisance de financements n'est pas une simple vue de l'esprit, elle pourrait bel et bien se produire. Les entreprises européennes se financent 
à 75% environ auprès des banques D'abord parce qu'il faudra de moins en moins compter sur les finances publiques, très dégradées dans nombre de pays, pour dynamiser l'économie européenne. Ensuite, parce que les banques, du fait des nouvelles réglementations qui s'appliquent à elles depuis la crise financière, ont les coudées moins franches pour accorder des crédits. "La réglementation européenne ne crée pas de croissance, elle en grignote même un peu. Mais il fallait la faire, au moment de la crise. Maintenant, il faut voir comment on peut construire un système financier plus efficace pour le financement de l'économie", estime un proche de Jonathan Hill.
De fait, plus d'un tiers (35% exactement) des PME de la zone euro n'ont pas obtenu tout le financement bancaire qu'elles avaient sollicité en 2013, assure la Commission européenne. Un handicap de taille pour les entreprises européennes, qui se financent à hauteur de 75% à 80% auprès des banques, une proportion exactement inverse à celle des Etats-Unis, où les sociétés privilégient le financement sur les marchés de capitaux. Sans aller jusqu'à se calquer sur le modèle américain, l'économie européenne va donc devoir rééquilibrer ses sources de financement. Ce qui n'est pas simple, les marchés de capitaux étant sous-développés en Europe : la capitalisation boursière de l'Union européenne représente 64,5% seulement de son produit intérieur brut (PIB), contre un ratio de 138% aux Etats-Unis, selon les données de la Commission européenne. Une consultation d'une durée de trois mois Et encore, ces 64,5% ne sont qu'une moyenne. La situation est très disparate d'un pays européen à l'autre, la capitalisation boursière du Royaume-Uni représentant 121% du PIB, alors que cette proportion est de 35% seulement en Italie. "La crise (de 2008) a entraîné une fragmentation des marchés européens, les rendant moins profonds et moins liquides", explique-t-on dans l'entourage de Jonathan Hill.
Bruxelles pointe également du doigt des "barrières nationales", à l'origine des dysfonctionnements des marchés de capitaux en Europe, comme le droit des faillites et le droit des titres qui ne sont pas les mêmes suivant les pays, sans oublier l'absence d'harmonisation fiscale. Autant de spécificités locales qui découragent les investissements transnationaux.
Dans le prolongement du plan Juncker de 315 milliards d'euros pour la croissance, Lord Hill souhaite donc mettre en place d'ici à 2019 un "véritable marché intérieur des capitaux", afin de faciliter l'accès des entreprises - en particulier des 21 millions de PME européennes - aux financements de marché. Le commissaire européen a donc publié le 18 février un livre vert sur le projet d'union des marchés de capitaux, livre qui doit servir de base de consultation pour les entreprises, les investisseurs, les banques, le Parlement européen, le Conseil et autres parties prenantes, durant trois mois.
A partir des résultats de cette consultation, qui seront rendus publics en juin, la Commission européenne échafaudera des mesures législatives et juridiques, et le projet d'union des marchés de capitaux ainsi défini sera communiqué cet été, vraisemblablement en septembre. La relance de la titrisation à l'étude Quant à sa mise en œuvre, elle prendra plusieurs années. Mais, au sein de ce plan de moyen et long terme qu'est son projet d'union des marchés de capitaux, Lord Hill a identifié quelques points sur lesquels il est possible d'agir rapidement. Comme une éventuelle révision de la directive prospectus, un sujet qui fera également l'objet d'une consultation durant les trois prochains mois, l'objectif étant de faciliter les démarches administratives des PME qui souhaitent lever de l'argent sur les marchés. De la même façon, la Commission européenne vient de lancer une consultation sur la relance de la titrisation, pourtant accusée d'avoir provoqué la crise des subprimes (crédits hypothécaires américains risqués) en 2007.
Cette technique très décriée consiste, pour les banques, à transformer des créances en titres cédés sur les marchés, afin de récolter des fonds susceptibles d'être utilisés pour financer de nouveaux prêts. Pour mémoire, le marché de la titrisation des créances de PME européennes, qui ne pèse plus que 36 milliards d'euros aujourd'hui, s'élevait à 77 milliards d'euros en 2007, avant l'éclatement de la crise des subprimes. Son potentiel dans le financement des PME semble donc évident. Il n'en reste pas moins que ce projet de relance de la titrisation constitue le meilleur symbole du changement d'attitude de Bruxelles à l'égard de la finance. Nécessité fait loi."

Commentaire : Que dire...si ce n'est : Pourquoi, comment ou combien ?

  Dans "La Tribune" du 17 février 2015 Article intitulé : Les dividendes mondiaux devraient frôler les 1.200 milliards de dollars en 2015

" Les dividendes augmenteront en 2015, mais pas de façon vertigineuse. C'est la prédiction de Henderson Global Investors, compagnie britannique de conseil en investissement, dans une étude publiée lundi 16 février. Pour 2015, la société mise ainsi sur une hausse de 0,8% à 1.176 milliards de dollars (1.035 milliards d'euros environ). La forte appréciation du dollar et la baisse des cours du pétrole devraient en effet empêcher toute hausse notable des dividendes. "Les prévisions de croissance mondiale ont été revues à la baisse. Ensuite, le cours du baril de pétrole a atteint son plus bas niveau en six ans et, pour finir, le dollar américain a flambé", précise Alex Crooke, spécialise des dividendes chez Henderson Global Investors, cité dans un communiqué. L'an dernier, le montant des dividendes mondiaux a bondi de 10,5% à 1.167 milliards de dollars (1.027 milliards d'euros), note la société de gestion d'actifs. Cette hausse est due en particulier aux montants des dividendes extraordinaires, comme celui effectué au premier trimestre par l'opérateur télécoms britannique Vodafone pour 26 milliards de dollars (23 milliards d'euros). Ce dernier a été de ce fait le groupe ayant versé le plus de dividendes en 2014, devant le pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, le chinois China Construction Bank, le pétrolier américain Exxon Mobil et le géant américain des technologies Apple. La première société française est Total, à la 17e place. Les États-Unis ont été "le moteur principal de la croissance des dividendes", selon l'étude, avec une hausse de 17% à 355,3 milliards de dollars (312 milliards d'euros), soit près du tiers du montant à l'échelle mondiale.
L'Europe, hors Royaume-Uni, a également connu une bonne année, avec une progression de 12,3% à 229,4 milliards (201 milliards d'euros), grâce notamment aux performances de l'Espagne et de la Suisse. La France a quant à elle affiché une hausse de 7,3% à 55,9 millions de dollars (49 millions d'euros)."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 17 février 2015 Article intitulé : Les conséquences du blocage Eurogroupe-Grèce se font sentir

" Après un début de séance calme, le rendement à 10 ans de la Grèce a commencé à monter en flèche et peu avant 10H00, il s'établissait à 10,368%, contre 9,653% lundi à la clôture, sur le marché secondaire où s'échange la dette déjà émise.
Les taux grecs s'étaient largement détendus la semaine dernière, reflétant l'optimisme des investisseurs quant à une issue positive sur la Grèce.
Un accord sous 48 heures ? Le vent était donc en train de tourner mardi alors que la zone euro a lancé un ultimatum à la Grèce qui a jusqu'à vendredi pour accepter l'extension de son programme de redressement. Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, s'est dit malgré tout confiant sur la possibilité de trouver un accord sous 48 heures. Le prochain rendez-vous est fixé dans la matinée, avec une réunion des ministres des Finances de l'ensemble de l'Union européenne, prévue de longue date mais où la Grèce risque une nouvelle fois d'être au centre des discussions. Les dettes du reste de la zone euro continuaient pour leur part à garder leur calme. La Bourse d'Athènes évoluait pour sa part en forte baisse mardi dans les premiers échanges. A 09H55, l'indice général chutait de 3,51% à 829,51 points, après avoir perdu plus de 4% peu après l'ouverture. Le problème grec pèse sur les marchés Cette absence d'accord avec la Grèce pesait également sur la tendance des marchés européens dans la matinée. L'indice BEL 20 reculait de 0,5 pc à 3.542 points vers 11H00 avec 17 de ses éléments dans le rouge. L'euro s'inscrivait à 1,1389 USD dans la matinée de mardi, contre 1,1412 la veille vers 16H30. L'once d'or perdait 11,30 dollars à 1.221,50 dollars et le lingot se négociait autour de 34.490 euros, en recul de 250 euros.

Paolo Garoscio dans "Economie matin" du 16 février 2015 Article intitulé : La France emprunte de l'argent à 5 ans à... 0 % d'intérêt
 
" La France, ce n'est pas la Finlande, mais peu s'en faut. Si le pays nordique a réussi le coup exceptionnel d'emprunter un milliard d'euros à taux négatif (ce qui signifie que les investisseurs vont perdre de l'argent en prêtant de l'argent au pays), la France a émis sa première dette à taux 0. Donc elle emprunte et elle rend exactement la même somme. Et pas un centime pour les investisseurs. Une première. Depuis plusieurs mois les taux d'emprunts français sont au plus bas, et c'est plutôt une bonne nouvelle pour l'Etat, un peu moins pour les investisseurs. Car emprunter à taux très bas signifie que les investisseurs vont se détourner de votre dette - ils sont là pour faire de l'argent - et que le pays ne va pas très bien - s'il y avait de la croissance les taux seraient élevés. Alors quand on en arrive aux taux actuels Français (0,65% pour les emprunts à 10 ans en février 2015) on se demande bien comment va le pays. Mal ? Oui, ça c'est sûr. Mais mal à quel point ? Cette donnée est difficile à connaître. Bon, Michel Sapin espère que la croissance atteindra 1% en 2015 et que la France pourrait même créer des emplois dès cette année...
Taux d'intérêt 0% pour la dette à 5 ans
Les taux historiquement bas ne suffisaient décidément pas : la France a donc décidé de faire mieux et de ne pas verser d'intérêts. L'agence France Trésor a annoncé l'émission d'environ 8 milliards d'euros de dette à cinq ans à taux 0. Les investisseurs ne gagneront pas un rond. Entre 1 et 2 milliards d'euros de dette seront en plus émis à 0,10% sur dix ans. De plus en plus bas, donc. Si jamais ça vous intéresse, vous avez jusqu'au 23 février 2015 pour prêter de l'argent à la France et ne pas recevoir un centime en retour.

Dans "L'Expansion" du 4 janvier 2015 : Pour les salariés, les actionnaires sont les seuls gagnants des politiques menées (ici, un manifestant d'Attac).

" Répété comme un mantra, l'acronyme CICE devait apaiser la grogne des patrons. Après tout, 20 milliards de crédit d'impôt injectés dans les comptes des entreprises doivent bien redorer un peu les marges, financer de nouveaux projets et, au final, inciter à l'embauche. Seulement voilà, ironie suprême, au lieu de réaliser le fameux théorème de (Helmut) Schmidt -"Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain"-, le CICE relance l'antique débat entre capital et travail.  Que vont faire les entreprises de ce crédit d'impôt ? Interrogés en septembre dernier par l'Insee, les patrons de l'industrie comptaient consacrer 52% de leur enveloppe CICE à l'accroissement de leur résultat d'exploitation, via notamment une baisse de leur prix de vente. Et seulement un tiers d'entre eux imaginaient un effet positif sur l'emploi. De bonne guerre économique, les syndicats s'en servent comme argument pour refuser les réductions d'effectifs (par exemple chez Sanofi) ou pour dénoncer les distributions de dividendes.  "En Allemagne, la TVA sociale s'est répercutée en baisse des prix de vente et en hausse de la rémunération du capital", fait remarquer l'économiste Gabriel Colletis. Messieurs les Français, investissez les premiers !  

En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-dividendes-grimpent-pas-l-emploi_1627838.html#H227gOtcZrqMyLUD.99

Dans "La Tribune" du 30 décembre 2014 Article intitulé : Finance : le risque pèse toujours autant sur les contribuables

" Alors que les contribuables américains sont sollicités pour assurer les activités spéculatives de leurs grandes banques, à Bruxelles, les deux principaux projets de réglementation, visant à limiter les risques bancaires et le rôle des contribuables en cas de crise, sont sur le point d’être abandonnés. Nonobstant la crise financière de 2008, les contribuables européens et américains peuvent s'étonner du fait qu'ils fassent toujours office de caution financière pour les grandes banques qui spéculent sur les marchés financiers. Encore plus inquiétant, cette addiction paradoxale des institutions financières aux garanties publiques n'est pas près de s'estomper, notamment aux Etats-Unis, au regard des dernières mesures prises. Il a en effet été intégré dans le budget fédéral voté le 11 décembre dernier une mesure qui en annule un dispositif de la loi de régulation financière Dodd-Frank de 2010, et qui protégeait les contribuables contre les risques inhérents à la spéculation sur les marchés. Des traders qui jouent avec l'argent des contribuables Concrètement, cet article de la loi Dodd-Franck forçait les grandes banques américaines à placer certaines de leurs transactions sur les produits dérivés (des instruments de couverture sur les marchés, dont les fameux "credit default swaps", CDS) dans des entités distinctes, non assurées par l'institution fédérale qui assure les banques commerciales, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).
C'est donc cette réglementation que le budget fédéral vient d'abroger, au bénéfice du secteur bancaire qui a publiquement soutenu l'initiative dans l'espoir de bénéficier, grâce à la protection du fonds fédéral, d'une meilleure notation pour refinancer les activités de produits dérivés.
Selon Elizabeth Warren, une sénatrice du Massachusetts en première ligne dans le combat contre Wall Street, cette mesure permettra "aux traders de produits dérivés à Wall Street de jouer avec l'argent du contribuable et de se faire renflouer par l'État quand leurs paris risqués menacent de faire s'écrouler le système financier". Les projets de réglementation financière abandonnés en Europe Toujours très puissante aux Etats-Unis où elle est un grand donateur des partis politiques, la haute finance l'est aussi en Europe où deux projets de réglementation financière importants ont été quasiment abandonnés : la séparation des activités bancaires et la taxe sur les transactions de produits dérivés. Ces deux mesures visaient in fine à réduire au maximum le risque que le contribuable ait à assumer le sauvetage des activités spéculatives des banques en cas de crise.
Mais les banques potentiellement concernées ont lutté sans relâche pour garder leur avantage compétitif lié à la garantie des contribuables. Elles ont d'un côté quasiment réussi à faire enterrer le projet Barnier de séparation des activités bancaires qui allait  beaucoup plus loin que les deux lois françaises et allemandes de (non) séparation bancaires adoptées en 2013. Concrètement, une loi qui séparerait au sein des grands groupes bancaires les activités de banques de détail et de banques d'investissement aurait pu permettre que la garantie implicite du contribuable pour les banques de détail - légitime tant elles jouent un rôle vital pour l'économie réelle - ne s'applique plus sur les activités de marché les plus spéculatives de ces mêmes groupes. 

Mais devant la forte réticence de la France, les négociations sont au point mort entre ministres européens et la commission Juncker a décidé de faire figurer le projet Barnier parmi ceux qui pourraient être abandonnés dans les dix-huit mois à venir si aucun progrès n'était constaté. La France vent debout contre la taxe Tobin
D'autre part, les banques européennes sont sur le point d'obtenir gain de cause pour que la taxe sur les transactions financières concernant les produits dérivés (Taxe Tobin) soit abandonnée. Sur ce dossier aussi, les négociations patinent à Bruxelles. La France a toujours proposé une réforme à minima dont l'Italie ne semble pas vouloir. Et Berlin qui dans un premier temps était plus enclin que Bercy à instaurer cette taxe sur les dérivés (sic), serait désormais prêt à laisser tomber sous la pression de ses homologues. Pourtant, les produits dérivés s'échangent pour plus de 90% d'entre eux entre institutions financières, alimentant les interconnexions entre elles et les risques d'écroulement du système financier -un peu à la manière d'un château de cartes- si par malheur un choc survenait. Appliquer une taxe de 0,01% sur les transactions de dérivés anéantirait, selon un constat d'experts, les trois quarts des transactions qui sont pour une écrasante majorité complètement déconnectées de l'économie réelle. Une mesure véritablement efficiente aurait donc été d'appliquer au niveau mondial cette taxe Tobin à l'ensemble des produits dérivés qui s'échangent de gré à gré, jusqu'ici peu contrôlés : ils sont au total adossés à 693.000 milliards de dollars de produits financiers ! C'est plus qu'avant la crise financière de 2008. Mais on est bien loin d'une telle mesure. Malgré la crise de 2008, les banques continuent de privatiser leurs profits tout en socialisant, lors des crises, leurs pertes.