Economiste

ECONOMISTE

 

  Barry Eichengreen dans "Le Monde" du 27 mai 2015 Article intitulé : Pour un renouvellement de la science économique

" La profession d’économiste est peut-être la première victime de la crise financière mondiale de 2008-2009. Les praticiens de l’économie n’ont pas su anticiper la catastrophe et beaucoup ont été incapables de formuler quoi que ce soit d’utile lorsqu’il s’est agi d’élaborer une réponse. Il existe néanmoins des raisons d’espérer une guérison prochaine de la discipline économique, ainsi que de l’économie mondiale.
Les modèles économiques dominants ont été discrédités par la crise, pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient pas admis la possibilité d’une telle catastrophe. Par ailleurs, la priorité accordée à la technique au détriment des institutions, ainsi qu’à l’élégance théorique aux dépens de la réalité du monde, n’a pas préparé les économistes à formuler les recommandations politiques concrètes qu’exigeait un contexte exceptionnel.
Certains considèrent que la solution consisterait à retourner aux modèles économiques du passé, plus simples, qui instauraient certaines interdictions de politiques et suffisaient par là à éviter des crises comparables. D’autres pensent au contraire que l’efficacité des politiques d’aujourd’hui exigerait la mise en place de modèles de plus en plus complexes.
Trop stylisés et abstraits
Mais aucun de ces modèles n’est utile lorsqu’il s’agit de formuler des recommandations concrètes auprès des dirigeants politiques en temps de crise. Ils sont tous trop stylisés et abstraits pour pouvoir être utilisés sans que des données concrètes n’apportent la preuve de leur efficacité.
Or une révolution s’opère d’ores et déjà dans ce...


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Amid Faljaoui dans "Trends-Tendances" Belgique du 30 janvier 2015 Article intitulé : Comment les économistes transforment les bonnes nouvelles en futures catastrophes

" Et si les économistes et les autres experts étaient, sans le savoir tous, des râleurs, des esprits chagrins ? Pourquoi dire cela, direz-vous ? Mais parce que c'est la vérité. À vrai dire, je ne m'en étais pas rendu compte moi-même avant de lire la prose de mes confrères du journal Les Echos. Prenons les trois bonnes nouvelles économiques de ce début d'année 2015: la baisse de l'euro, la baisse du pétrole et la baisse des taux d'intérêt. Voilà trois états de fait suffisamment positifs pour qu'on ait pu parler de conjonction astrale favorable pour l'Europe.
La baisse de l'euro, c'est simple, elle redonne des couleurs à nos entreprises exportatrices et donc, c'est bon pour leur carnet de commandes, ainsi que pour notre croissance. La baisse du pétrole, là aussi, c'est clair: un baril de pétrole qui perd 50% en six mois, c'est autant de pouvoir d'achat en plus pour chacun d'entre nous. Quant aux entreprises fortement consommatrices en énergie, c'est également une bonne nouvelle. Et la baisse des taux d'intérêt, c'est la promesse d'avoir des emprunts moins chers, que ce soit les crédits auto ou les crédits hypothécaires !
Bref, voilà trois excellentes nouvelles, mais, et tout est dans ce mais, les experts ont souvent tendance à ne pas en profiter, à ne pas savourer ces bonnes nouvelles et à déjà sauter vers l'étape suivante. La baisse de l'euro ? Oui, c'est une bonne nouvelle. Mais, disent-ils, est-ce vraiment une si bonne nouvelle quand on sait que 60% de notre commerce extérieur se fait au sein de la zone euro. À quoi ça sert ? La baisse du pétrole ? Une bonne chose, oui, oui. Mais là aussi, disent-ils, si les pays exportateurs de pétrole ont moins de revenus, à qui allons-nous vendre nos produits ? Quant à la baisse des taux d'intérêt ? C'est une bonne chose. Mais n'est-ce pas là un incitant pour les gouvernements à se laisser aller ? Pourquoi devraient-ils faire des efforts budgétaires s'ils se financent pour trois fois rien sur les marchés financiers ? Bref, vous l'avez compris, au lieu de profiter de l'instant présent, de se dire qu'un euro à 1,10 dollar c'est tout de même mieux qu'un euro à 1,60 dollar, les experts broient du noir.
Mais bon, rien n'est fait. L'information va à une vitesse tellement folle que nous n'apprécions plus rien très longtemps et on passe d'une angoisse à l'autre. Prenez le cas de l'immobilier. À un moment donné, tout le monde trouvait qu'il était trop haut et que les jeunes qui démarraient dans la vie n'avaient plus aucune chance de se loger à Bruxelles sans un coup de pouce de leurs parents. Aujourd'hui, l'immobilier est plus bas et les mêmes qui se plaignaient qu'il soit trop haut hier crient à la catastrophe ! Donc, la morale de cette petite chronique, c'est ne passons pas à côté des bonnes nouvelles et savourons les quand elles se présentent, car demain est un autre jour.