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Dans "Trends Tendances" Belgique du 8 décembre 2015 Article intitulé : Le dangereux point commun entre Volkswagen, la Commission et... Staline

" La rédaction du Monde diplomatique (1) a osé établir une comparaison plutôt lourde de sens. Elle a osé comparer la Commission européenne, basée à Bruxelles, avec Joseph Staline !
La comparaison n'est pas très flatteuse. Staline est connu pour ses méfaits bien entendu, mais également pour son art de mettre en place une économie totalement fictive, sans même parler de statistiques truquées. comme dans le monde financier
Toute la rhétorique de Staline a consisté à montrer son pays sous un meilleur jour qu'il ne l'était en réalité. C'est pourquoi il avait besoin de créer des héros fictifs, comme Alexis Stakhanov dont les exploits au travail sont tellement connus qu'ils ont donné lieu à l'expression 'stakhanoviste' pour désigner quelqu'un qui se tue au travail ! Comme le rappelle Le Monde diplomatique, toute cette histoire était fausse, ce n'était qu'une pure invention de la machine de propagande stalinienne.
A l'époque, tout le monde avait peur de Staline et de son régime répressif, par conséquent l'économie soviétique était un vaste mensonge. De l'ouvrier jusqu'au directeur d'usine, tout le monde mentait sur la qualité, la quantité, la fiabilité, le rendement, etc. comme le monde financier actuellement et le monde de la fictivité boursière C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui en 2015, personne ne prendrait pour exemple un système économique basé sur la peur et les mensonges statistiques. hormis dans le monde financier ou le mensonge, la délation et le copinage reste la règle.
Chez nous, ce qui guide nos économies, ce sont en principe les règles de la science économique et non pas la peur d'un méchant Staline. Or, c'est là que la comparaison du Monde diplomatique devient intéressante et fait réfléchir. La situation de Volkswagen n'est pas comparable, direz-vous. Pourtant des témoignages recueillis par le journal Le Monde auprès des cadres du siège allemand de VW montrent que l'irrationalité managériale peut aussi exister dans d'autres pays que l'URSS.
Le dangereux point commun entre Volkswagen, la Commission et... Staline
En effet, selon ces témoignages, "on donnait dans ce groupe des instructions sur des objectifs et personne n'osait dire que ce n'était tout simplement pas possible, pas faisable techniquement". Tout comme en Bourse actuellement Un patron allemand affirme même que "les porteurs de mauvaises nouvelles sont guillotinés, même s'ils ne sont pas responsables". Autrement dit, cette habitude du déni de la réalité serait en partie à l'origine du dérapage que tout le monde connaît aujourd'hui.
La Commission européenne joue hélas également la carte du déni. En effet, elle supprime les problèmes qu'elle ne peut pas résoudre. Elle devait imposer en 2017 des tests de pollution sur la route, plutôt qu'en laboratoire. Le problème, c'est qu'aucun constructeur européen n'aurait réussi ces nouveaux tests. Tout comme les performances boursières présentées aux clients et les commentaires quotidiens boursiers qui relèvent du "foutage de gueule" comme dirait Corinne LEPAGE Donc, sous l'influence des lobbys européens, la Commission a décidé en plein mois d'octobre de relever le seuil d'émission des oxydes d'azote de 110%. et la commission est honnête...en fait ce n'est qu'une commission de guignols qui se vendent au plus offrant. Même un journal économique très libéral comme le Financial Times a rappelé que "ces polluants tuent - le nombre de décès imputés aux émissions de moteur diesel dépasse largement celui des tués sur la route." Selon le Financial Times, "on peut interpréter cette nouvelle réglementation technique de l'Union européenne comme la décision de tuer plusieurs milliers de personnes."
Voilà pourquoi certains n'hésitent pas à comparer Bruxelles et ses rouages technocratiques à Staline. C'est choquant et exagéré, mais cela a le mérite de faire réfléchir ! Pourquoi choquant et exagéré puisque c'est la réalité ? Cette Europe qui aurait du être l'Europe de la Paix est devenue une europe de la magouille et de la corruption. Il faut y mettre fin, virer les politicards verreux actuels pour mieux bâtir l'Europe de la Paix.

Souvenez-vous : (1)Stakhanov chez Volkswagen, Le Monde diplomatique, Décembre 2015

Souvenez-vous :

Sébastien Buron dans "Trends Tendances" Belgique du 25 février 2015 Article intitulé : "Les inégalités entre riches et pauvres ne font pas partie du mandat de la BCE"

" Rue de la Loi, numéro 223, à Bruxelles. C'est là, au cinquième d'un immeuble situé à deux pas du rond-point Schuman, dans une petite salle de réunion d'un bureau de représentation de la BCE, que Peter Praet, économiste en chef de l'institution de Francfort, nous a reçus pour un de ses rares entretiens avec la presse belge. En exclusivité pour les lecteurs de Trends-Tendances, il parle de l'avenir de la zone euro et revient sur la décision de la gardienne de l'euro de lancer un quantitative easing (QE) à l'européenne, en français un assouplissement monétaire.
TRENDS-TENDANCES:. Ce QE, était-ce la seule option valable pour lutter contre les menaces déflationnistes ?
PETER PRAET: Il faut non seulement replacer la décision dans le contexte des mesures non conventionnelles prises au cours des dernières années mais aussi au regard de la situation économique qui prévalait depuis le printemps 2014, en avril-mai. La croissance dans la zone euro commençait alors à ralentir. J'ai d'ailleurs dit publiquement la chose suivante : the economy is losing momentum at an early stage of a weak and fragile recovery (l'économie s'essouffle au commencement d'une reprise faible et fragile, Ndlr). C'est à ce moment-là que nous avons décidé de venir avec de nouvelles mesures, dont le premier TLTRO (targeted longer-term refinancing operations, Ndlr). Mais nous nous sommes rendu compte que le crédit via le canal des banques ne redémarrait pas vraiment. Or, quand les taux sont négatifs, que vous avez mis en oeuvre un certain nombre de mesures de politique monétaire sans l'effet escompté, il est alors logique d'acheter directement des obligations sur le marché. C'était en octobre dernier, nous avons alors commencé à songer à aller plus loin.
La mesure n'arrive-t-elle pas trop tard ?
Certains disent effectivement que nous arrivons un peu tard. D'autres pensent le contraire. Mais il faut bien comprendre une chose : la discussion autour du QE n'a pas été simple, en raison notamment de la dimension politique liée à la mutualisation des risques, le loss sharing. Certains membres du conseil se sont montrés réticents, considérant que le moment n'était pas venu d'utiliser cet instrument de politique monétaire non-conventionnelle. Cela a été très difficile pour eux d'accepter le QE. Nous avons essayé d'évacuer ce problème politique de loss sharing, qui assume les pertes en cas de défaut d'un pays, en nous concentrant uniquement sur les questions d'ordre monétaire, c'est-à-dire tout faire pour stimuler l'inflation et relancer l'économie. Ne polluons pas le débat monétaire par ces questions de loss sharing : finalement, c'est comme cela que nous avons pris la décision. Et les marchés ont bien réagi.

La politique monétaire accommodante creuse les inégalités entre riches et pauvres. Tenez-vous compte de cet aspect des choses dans vos décisions ?

Non. Pour la simple raison que cela ne fait pas partie du mandat de la BCE. Cela peut paraître bureaucratique comme réponse, mais c'est une réponse très importante.

 

Oui, effectivement, cette réponse est très importante car elle et totalement délirante, édifiante et révoltante.

 

En clair, il dit moi je m'occupe de mes chiffres et les conséquences humaines ne relèvent pas de mon mandat...par contre il est payé comme tous les fonctionnaires européens des salaires de dingues avec des avantages hors toutes normes connues, le tout à la charge des Humains qui l'ont à charge, c'est à dire des Peuples Européens qu'il paupérise volontairement. Il flingue et il touche. Cool non ?

 

Je propose aux paupérisés des Peuples Belges de s'inviter chez lui pour manger et boire une bonne bière. Il vous doit bien cela et vu le nombre vous aurez droit à des billet SNCB à prix réduit "Spéciale groupe". En fait de groupe, ce seront des trains spéciaux.

 

Qui est encore pour l'europe allemande ?

 

A vous entendre, vous êtes partisan d'un impôt sur la fortune...
Non, je n'ai pas dit cela. Je dis simplement que je reconnais le problème. Mais taxer la fortune ou pas est un choix politique. Toute politique monétaire à un impact sur l'épargnant. Lorsque vous achetez des obligations d'Etat, ce que nous faisons avec le QE, ce n'est pas à l'avantage de ceux qui ont des dépôts d'épargne. D'un autre côté, si nous tombons en récession, ces inégalités vont empirer. Bref, il revient au monde politique de se pencher sur cette question des inégalités. C'est sa responsabilité. Ce n'est pas du ressort d'une banque centrale. Il appartient aux gouvernements de prendre les mesures pour corriger ces inégalités s'ils estiment nécessaire de le faire.
Retrouvez l'intégralité de cette interview exclusive dans le Trends-Tendances à paraître ce jeudi 26 février 2015.

 

Souvenez-vous :

Romaric Godin dans "la Tribune" du 22 décembre 2014 Article intitulé : Quand la BCE dictait à l'Espagne sa politique économique...

" La BCE évolue progressivement vers un peu plus de transparence. On sait qu'à partir du 22 janvier, elle publiera désormais, comme la plupart des grandes banques centrales, un résumé des débats au sein du conseil des gouverneurs. Mais un des points sur laquelle l'institution était attendue, c'était son rôle exact dans l'imposition des politiques d'austérité en 2010-2011 à plusieurs pays de la zone euro. Même si la BCE refuse toujours de collaborer avec la commission d'enquête parlementaire irlandaise sur la crise, la BCE semble aussi avancer très doucement sur ce point. Comment est-ce possible ? Comment est-ce acceptable ?
Une lettre de la BCE rendue publique
Le mois dernier, la banque centrale avait ainsi publié l'échange de lettres de novembre 2010 entre son président d'alors, Jean-Claude Trichet et le ministre des Finances irlandais à la même période, Brian Lenihan. On y apprenait officiellement que l'institution de Francfort avait soumis le maintien de l'aide à la liquidité d'urgence du système bancaire irlandais à l'acceptation des conditions du « sauvetage » du pays par l'UE et le FMI. Chantage or not ? Est-ce cela l'Europe de la Paix ? Vendredi, la BCE a fait un pas supplémentaire. L'institution a déclassifié l'échange de lettres datant d'août 2011 entre la BCE et le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero. Depuis trois ans et demi, un avocat espagnol, Isaac Ibañez, cherchait à obtenir cette publication. La BCE demeure cependant très mal à l'aise vis-à-vis de ces lettres qu'il est fort difficile de trouver sur son site. La lettre de la BCE du 5 août, signée de Jean-Claude Trichet, alors en fin de mandat à Francfort, et du président de la banque d'Espagne, Miguel Fernandez Ordoñez, avait déjà été rendue publique voici un an par l'ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, en annexe dans son livre "Le Dilemme". Mais la BCE avait toujours refusé de confirmer l'existence de cette lettre. C'est finalement chose faite. BCE qui magouille...
Août 2011 : les marchés attaquent l'Espagne
Rappelons le contexte. Un an après le début de la crise grecque et le « sauvetage » de l'Irlande et du Portugal, l'été 2011 connaît une nouvelle flambée de panique sur les marchés. Cette fois, c'est l'Italie, la France et surtout l'Espagne qui sont dans le viseur des marchés. La BCE envoie alors cette lettre au chef du gouvernement de Madrid pour lui demander de prendre des mesures capables de « restaurer la crédibilité de la signature espagnole sur les marchés des capitaux. » La BCE détaille alors ces mesures sur trois pages. On est surpris du détail des demandes contenues dans cette missive.
Le « programme économique » de la BCE
La BCE réclame notamment une réforme en profondeur du marché du travail, comprenant une priorité aux accords salariaux au niveau de l'entreprise et non plus de la branche, la fin des clauses d'ajustement des salaires sur l'inflation, la « revue » des autres régulations sur le marché du travail et, pour finir, la BCE estime que le gouvernement « devrait prendre des actions exceptionnelles pour encourager la modération salariale. » Sur le plan budgétaire, la BCE « exhorte le gouvernement d'annoncer dès ce mois-ci des mesures de consolidation budgétaires structurelles additionnelles. » Enfin, la BCE demande de mettre en place plus de concurrence dans l'énergie et dans le secteur des services.
La réaction de José Luis Zapatero
Clairement, la BCE a donc demandé une austérité plus sévère encore que celle qu'a alors commencé à mettre en place José Luis Zapatero. Ce dernier a refusé et s'en est ensuite vanté dans son ouvrage. De son côté, Jean-Claude Trichet, dans une interview à El Pais, a toujours souligné qu'il n'avait rien ordonné au gouvernement de Madrid, ni rien négocié avec lui. Décidemment, encore un mensonge d'un fonctionnaire français. Mais les choses ne sont pas si simples. D'abord, dans sa lettre du 6 août, José Luis Zapatero répond à la BCE qu'il entend « convoquer deux conseils des ministres extraordinaires pour prendre des mesures supplémentaires. » Ces mesures ne seront pas celles réclamées par la BCE, cependant. Mais durant le mois d'août, les deux grands partis espagnols de l'époque, les Socialistes du PSOE et les Conservateurs du PP se mettent d'accord pour intégrer la règle d'or budgétaire dans la constitution. Ce sera chose faite le 23 août.
La BCE agit, mais pas à la demande de Madrid
Dans sa réponse du 6 août, José Luis Zapatero réclame l'action de la BCE pour réduire la prime de risque sur les taux espagnols. Le 7, la BCE décide de relancer son programme « SMP » (Securities Market Programme) qui lui permet d'intervenir sur les marchés souverains. Faut-il y voir un effet de la bienveillance de la BCE vis-à-vis de l'Espagne, d'une « chance » qui a été donnée par Francfort au Royaume ? Pas vraiment. Compte tenu de la situation en ce début août 2011, la BCE n'avait pas le choix. L'Espagne n'est pas l'Irlande : il est impossible d'exercer la même pression sur ce pays que celle que l'on avait exercé sur l'île verte en novembre 2010. Si les écarts de taux (« spreads ») continuaient à se creuser, l'existence de la zone euro serait devenue problématique. La BCE a donc relancé le programme SMP parce que les événements la contraignaient à agir sans attendre la réponse de Madrid. Déjà, la France menaçait alors d'être attaquée.
A la différence du cas irlandais, et plus tard, du cas chypriote, il n'y a donc pas eu de « chantage » de la BCE donc la BCE a pratiqué le chantage....Europe de la Paix ou europe allemande ? Qui vote pour le maintien de ce type d'europe ?  envers Madrid, mais seulement ce que l'on pourrait appeler une « tentative d'intimidation. » Il n'y a pas, comme en Irlande, de « condition » à l'action de la BCE qui, du reste, n'est pas évoqué. C'est simplement des recommandations insistantes. Il n'empêche, les recommandations de cette lettre apparaissent comme une annonce de la politique qui sera menée par Mariano Rajoy à partir de sa victoire du 20 novembre 2011 et qui conduira le pays dans une cure d'austérité particulièrement sévère et dans une récession longue et profonde.
L'aveuglement de la BCE
Le principal enseignement de cette lettre, c'est l'aveuglement de la BCE à cette époque. La Banque centrale a alors profondément sous-estimé les conséquences de l'austérité et des « réformes » sur l'économie de la zone euro. Comment pourrait-elle avoir "sous-estimé" ? Ce n'est pas crédible. Et si les fonctionnaires avaient tout simplement été "lobbyisés" ? Il convient de ne pas oublier, du reste, que la BCE n'était pas, à l'époque, exempte de tout reproche sur les événements de cet été 2011. Le 7 juillet 2011, Jean-Claude Trichet annonçait ainsi une hausse de son taux directeur de 0,25 point à 1,5 % et une hausse du taux de la facilité de dépôt d'autant à 0,75%. La crise de l'été 2011 ne fera pas bouger la BCE et il faudra attendre le 3 novembre 2011 et l'arrivée de Mario Draghi pour que le taux directeur revienne à 1,25 %. Ce durcissement monétaire en pleine crise a été un signal très négatif envoyé aux marchés et à l'économie européenne déjà soumise à une vague d'austérité. La demande de Francfort de renforcer cette austérité relève une incompréhension incompréhension...MDR  complète de la situation et des conséquences à moyen terme de cette politique.
Un programme SMP peu efficace
Certes, la BCE a réagi avec le programme SMP. Mais là encore, il s'agissait d'une mesure de peu d'envergure, capable de calmer une poussée de fièvre, mais pas la crise en soi. D'ailleurs, ce programme devait être « stérilisé », autrement dit, ne devait pas donner lieu à de la création monétaire. Plus que la crise, la BCE restait alors obsédée par l'inflation, ne comprenant pas les effets déflationnistes des politiques menées. La crise ne s'est donc pas réellement apaisée, faute de vraie action de la BCE et d'une politique récessive de la part des Etats « à l'invitation » de la BCE.  Mario Draghi a donc dû réorienter la politique de la BCE. En rebaissant les taux, puis en lançant une première opération de prêt à long terme (LTRO) avant de devoir, à l'été 2012, après le fameux « quoi qu'il en coûte » ( « Whatever it takes ! »), sortir le programme OMT, ce programme de rachat illimité jamais utilisé, mais qui a été assez dissuasif pour apaiser les marchés. Mais si la crise financière a été réglée, la crise économique et ses conséquences politiques restent vivaces.
L'ignorance des conséquences politiques
En voulant imposer un programme « standard » à José Luis Zapatero, Jean-Claude Trichet a aussi montré qu'il n'a pas su mesurer ces conséquences politiques. Mettre d'accord les deux grands partis sur une politique d'austérité « sans alternatives » conduit à une exaspération démocratique et à la recherche de « solutions » par les électeurs. Pourquoi voter en 2015 pour le PSOE qui a défendu la même politique que Mariano Rajoy auparavant ? En Espagne, c'est le mouvement issu du mouvement des Indignés, Podemos, qui profite de cette erreur et est actuellement en tête dans les sondages. L'an prochain, l'Espagne pourrait être ingouvernable. Ce sera le fruit des politiques proposées en 2011 par la BCE...

L’Expansion.com/Laurent Martinet  dans "Trends Tendances" du 10 janvier 2014 Article intitulé : Faut-il brûler la BCE?

"Jean-François Bouchard, cadre dirigeant de la Banque de France chargé de préparer l'Union bancaire avec la Banque centrale européenne, fait le procès d'une institution aussi puissante que méconnue. En mal de leadership, l'Europe? Elle a pourtant un maître, qu'elle connaît bien mal, selon Jean-François Bouchard, cadre dirigeant de la Banque de France, actuellement chargé de préparer l'Union bancaire européenne. Dans L'Empereur illicite de l'Europe - Enquête sur les dessous de la BCE (Max Milo), il fait le procès d'une institution méconnue, qui concentre de plus en plus de pouvoirs sans en répondre à quiconque. Comment est-ce possible en démocratie ? La Banque centrale européenne (BCE), prévue par le traité de Maastricht en 1992, a été instituée en 1998. Elle est chargée d'émettre l'euro comme monnaie commune et unique, de lutter contre l'inflation et de veiller sur la stabilité des prix dans les 18 pays de la zone euro. Les traités européens garantissent son indépendance vis-à-vis des Etats, qui n'ont pas le droit d'intervenir sur ses orientations. A quoi servent encore les Etats nationaux ? Son siège est à Francfort, en Allemagne. Ou les liens avec l'état allemand... Elle va devenir responsable à l'automne 2014 de la tutelle des banques européennes dans le cadre de l'Union bancaire. L'italien Goldman Sachs Mario Draghi, son directeur depuis 2011, joue à l'oracle oracle ou vérole ? économique de l'Europe dans ses points de presse mensuels, dans lesquels il donne l'avis de la BCE avis de la BCE ou son avis de "Golman sachs" ? sur la conjoncture et fait part des décisions du Conseil des gouverneurs des banques centrales sur les taux auxquels la BCE prête de l'argent aux banques européennes. La BCE a baissé son taux directeur de 0,5% à 0,25% en novembre dernier, plus bas historique pour soutenir une activité qui peine à reprendre en zone euro. Ne savait-il pas que cet argent risquait d'être "détourné" par les banques. Aurait-il fait un cadeau aux banques ? Le point presse prévu aujourd'hui devrait confirmer la tendance à fournir de l'argent bon marché, car l'inflation n'a atteint en décembre que 0,8%. Alors que la BCE vise un taux légèrement inférieur à 2%, normal pour une économie en croissance. Jean-François Bouchard reconnaît à la BCE une grande réussite. Sous la direction de Jean-Claude Trichet (2003 - 2011), elle est parvenue à mettre un terme à la spéculation financière contre les Etats européens mis en difficulté par la crise des subprimes. Dès 2008, elle prête aux banques privées des montants illimités pour des durées de plus en longues avec ses programmes LTRO (Long Term Refinancing Operations). Mais elle se permet aussi d'agir contrairement à ses statuts. L'article 123 du Traité européen lui interdit en effet "d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres". La BCE s'est pourtant permise, au grand dam de l'Allemagne, de lancer en mai 2010 le programme SMP (Securities Market Program) pour racheter au total 210 milliards de titres souverains pourris à la Grèce, à l'Italie, à l'Espagne, au Portugal et à l'Irlande. L'Allemagne, 28% du PIB de la zone euro, désapprouve ce financement d'Etats au bord de la faillite, mais elle n'a théoriquement pas plus de pouvoir au sein de la BCE que les autres membres. En septembre 2012, sous la présidence Draghi, la BCE annonce la mise en oeuvre du programme OMT (Outright monetary transactions) pour racheter sans limite de montant tous les titres souverains des Etats en difficulté, s'ils ont moins de trois ans. Permettant ainsi le financement illimité des Etats. Seul le représentant allemand vote contre. Mais l'annonce de ce nouveau programme suffit à décourager les spéculateurs. Chapeau bas de l'auteur à Mario Draghi, malgré son passé pourquoi passé ? sulfureux de banquier d'affaires chez Goldman Sachs. "Il a agi en banquier et non en juriste". Comment est-ce possible de ne pas respecter le droit ? Effectivement, il a agi en banquier... Il a submergé les marchés de liquidités (comme Greenspan que peu de personnes osaient "toucher") et provoqué la prochaine crise qui va encore plus mettre à mal les Etats et les Peuples en état de dépendance. Les Etats et les Peuples sont désormais les manoeuvres (mis au pas et fliqués) de la réalisation de chiffres comptables (sans aucune valeur) à un instant donné. Chiffres qui, bien que n'ayant aucune valeur, sont les objectifs qui sont assignés aux Etats et aux Peuples par des autorités supra-étatiques qui ne respectent aucune règle de droit quand cela les arrange.  Voilà le temps du procès. Pour prix de l'argent prêté, la BCE, au sein de la troïka qu'elle compose avec la Commission européenne et le FMI, a pris le pourvoir sur l'économie des pays qu'elle avait sauvé. Elle n'a sauvé personne, elle a asservi volontairement les pays qu'elle a mis à mal tout aussi volontairement. Pourquoi ne pas mettre les Fonds de Stabilisation Boursier nationaux en place alors que nous allons entre en cycle de bulle ?  Combien de personnes ont réellement eu les 18% de hausse du CAC annoncé par les médias à grand renfort de "unes" ?  Comment expliquer les silences de l'AMF sur cette désinformation qui sert à la pratique de l'abus de confiance et à l'escroquerie des porteurs de parts ? Elle leur a imposé une austérité mortifère, qui n'a fait que les engluer dans leur crise. Oubliant la leçon de l'économiste Irving Fisher, spécialiste de la crise de 1929, qui a démontré que la réduction des salaires faisait se contracter les revenus d'un pays: "Malgré son austérité de meurt-de-faim, la Grèce en est à la quatrième restructuration de sa dette et ne s'est pas desendettée d'un seul euro. Même chose pour le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne." En effet, en visant la compétitivité, la BCE a parié sur le chômage pour faire baisser les prix et les salaires. Sans que l'économie redémarre pour autant. Avec, pour conséquence en Grèce un taux de suicide qui a bondi de 26% en 2011, et si les suicidés faisaient acte d'utilité publique en venant faire un petit tour à Bruxelles pour faire un petit nettoyage avant de se suicider eux ?  un record historique. Circonstance aggravante, la BCE n'a jamais reconnu son erreur, contrairement au FMI.
Pourquoi la BCE a-t-elle choisi cette méthode, qui avait la faveur de l'Allemagne la BCE qui est en allemagne serait-elle allemande ?, pour laquelle l'inflation reste le plus grand risque économique Selon Jean-François Bouchard, c'est parce qu'elle a été fondée sur le principe de la Bundesbank, et que ses statuts lui fixent comme but principal la lutte contre l'inflation. En fait, Herr Draghi de Goldman Sach est un .... Relancer la croissance et l'emploi, la BCE ne sait pas faire faux, elle ne veut pas le faire, contrairement à la Fed américaine. Il y a plus grave. Le peuple n'a jamais eu voix au chapitre dans les choix économiques qui ont été faits. Dans l'europe allemande, le peuple ferme sa gueule ou est déporté en chômeur sans ressource. Dans l'europe allemande, il est normal que le peuple vive avec le moins possible pour assurer la compétitivité de l'imbécilité financière et des lobbies qui "conseillent" les politiques dans la mise au pas des Peuples et des Etats. Dans l'europe allemande.... Qui veut de cette europe "boche" financière ? Je rappelle que mes propos ne touche pas le Peuple allemand mais les politiques allemands et les collabos dans la mise en place de ce système où les peuples ne sont plus que des pantins à disposition. Comme l'on dit certains politiques allemands il y a quelques mois, des sous hommes.   Mais qui pourrait contrôler la BCE? Les gouvernements? Discrédités par leur manque d'engagement européen, ils ont leur part de responsabilité dans les crises qui ont frappé leurs pays. La Commission? Jean-François Bouchard la juge incompétente. Le Parlement européen? Il n'a pas de pouvoir. Il ne reste que la BCE, qui "est devenue le seul réceptable possible des espoirs des Européens pour extraire leur prospérité de la voie de garage sur laquelle elle stationne depuis 2008". A condition de mettre fin à son irresponsabilité en "soumettant périodiquement son bilan au jugement des citoyens." Impossible, pour l'instant.  Jean-François Bouchard propose même "d'élire au suffrage universel son président et ses principaux responsables". Plus sérieusement, il remet en cause le dogme selon lequel "une banque centrale doit être une banque centrale, c'est à dire une institution indépendante des Etats, qui ne subit pas l'influence du peuple". La BCE "responsable" de Jean-François Bouchard se verrait ainsi fixer "des objectifs citoyens en termes de croissance et de chômage", et pourrait même devenir officiellement "un centre de financement des dettes souveraines", rôle qu'elle n'a fait que jouer en corsaire jusqu'a présent. Elle confisquerait aussi à la Commission le contrôle du budget des Etats.
Sinon? L'Europe peut trembler. A grand renfort de parallèles historiques avec la Grande-Bretagne du 13e siècle ou l'Allemagne des années 30, Jean-François Bouchard prévoit une grande révolte populaire contre les institutions européennes, dont elles ne sortiraient pas indemnes. Des scénarios de sortie de l'euro sont échafaudés pour différents pays, la France ne s'en tirant pas si mal. L'empereur, qu'il faut rendre démocratique, serait donc le seul recours de la construction européenne. On voit mal pourtant comment il pourrait rendre compte directement au peuple sans passer par une de ces institutions décriées: Commission ou Parlement."

 

Michel Santi, économiste, dans  « La Tribune  » du 13 mars 2013
Article intitulé : "L'indépendance de la BCE n'est qu'allégeance au système bancaire"
« Michel Santi est l'auteur de "Splendeurs et misères du libéralisme", ouvrage dans lequel il s'interroge sur les raisons de la crise qui secoue l'Europe. Dans cette chronique, il considère que l'indépendance de la Banque centrale européenne a eu pour conséquence de retirer aux États la pleine maîtrise de leurs finances publiques en les obligeant à se financer auprès des banques. Selon lui, la "sacro-sainte" stabilité des prix est assurée au détriment de la stabilité macro-économique.  Quand comprendra-t-on enfin que les déboires européens actuels ne sont en rien dus aux endettements publics ? Pourquoi l'orthodoxie, la pensée dominante, l'écrasante majorité des économistes, comme les dirigeants politiques (qui n'y comprennent pas grand-chose), s'obstinent-ils à considérer cette crise comme celle des « dettes souveraines » européennes ? Un petit rappel historique serait à cet égard éclairant. D'Histoire de France en l'occurrence, car c'est une loi française du début des années 70 qui devait consacrer cette orthodoxie financière - et figer dans le marbre la sacro-saint indépendance des banques centrales -, responsable des ravages actuels de l'Union européenne. »

Dans "La Tribune" du 8 décembre 2015 Article intitulé : Grèce : Alexis Tsipras ne veut plus de l'argent du FMI ah s'il n'avait pas collaboré..... La Grèce aurait pu être l'exemple à suivre pour les pays européens mis à mal par les décisions politiques achetées par les lobbies. Tsipras est tombé sous le bleuf allemand comme l'on signalé en rigolant les politiques allemands. A ce niveau, allemands ou boches ? Se taire jusqu'à où, jusqu'à quand ?

" Pour le premier ministre grec, le soutien du FMI n'est ni constructif ni nécessaire... Le Premier ministre grec s'interroge sur la nécessité d'un financement en provenance du Fonds monétaire international. Il juge que les besoins en financement de la Grèce sont désormais moindres. Il s'inquiète également des exigences de réformes particulièrement élevées de l'institution.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a jugé lundi qu'il n'était "pas nécessaire" que le Fonds monétaire international participe au plan de sauvetage financier du pays au côté de l'UE, vu les besoins réduits de financement et sa position "non constructive".
"J'ai l'impression que le financement du FMI n'est pas nécessaire" à ce plan de sauvetage, conclu le 13 juillet dernier mais auquel le FMI a réservé jusque là sa participation, a affirmé M. Tsipras lors d'une interview sur la télé publique Et1.
Les banques grecques ont demandé moins que prévu
Ce plan a été conclu pour une enveloppe totale de 86 milliards d'euros sur trois ans, mais il incluait une enveloppe de 25 milliards pour la recapitalisation du système bancaire grec, qui n'a finalement requis que 5,7 milliards, et "il y a donc besoin de moins d'argent", a affirmé M. Tsipras.
En outre, "la position du FMI n'est pas constructive", a ajouté le dirigeant de gauche, reprochant à l'institution financière de demander l'inacceptable à la fois aux Grecs et à l'UE, aux uns les "réformes les plus dures" et à l'autre des garanties pour la viabilité de la dette grecque.
En vue d'une participation, "le FMI doit décider s'il veut un compromis et s'il ne le veut pas il doit le dire officiellement", a ajouté le Premier ministre.
Le Fonds avait annoncé qu'il pourrait décider en janvier de sa participation aux prêts à la Grèce, actuellement entièrement financés par les Européens. Le Fonds a participé aux deux précédents plans de sauvetage financier de la Grèce mais réclame cette fois des engagements suffisants d'Athènes sur les réformes et de Bruxelles sur un allégement de la dette du pays.
Le quartet de retour à Athènes
M. Tsipras a fait cette déclaration à la veille du retour à Athènes du "quartet" représentant les créanciers, Declan Costello, de la Commission européenne, Rasmus Rüffer, de la Banque centrale européenne (BCE), Nicola Giammarioli, du Mécanisme européen de stabilité (MES), et Delia Velculescu, du FMI.
Cette mission doit superviser le lancement d'un nouveau train de mesures, notamment d'accélération des privatisations et de règlements des dettes des entreprises, que le gouvernement s'est engagé à faire voter vers la mi-décembre pour décrocher une nouvelle tranche de prêts d'un montant de 1 milliard d'euros.
(Avec AFP)

 

Dans "Trends Tendances" Belgique du 4 octobre 2015 Article intitulé : La BCE fera "ce qu'elle doit" pour relancer l'inflation

La Banque centrale européenne (BCE) se tient prête à agir davantage pour relancer l'inflation "aussi vite que possible", a déclaré vendredi son président Mario Draghi, ouvrant encore un peu plus la porte à une nouvelle intervention prochainement.
 
"Si nous décidons que la trajectoire actuelle de notre politique n'est pas suffisante pour atteindre l'objectif (d'une inflation légèrement inférieure à 2%, NDLR), nous ferons ce que nous devons pour relancer l'inflation aussi vite que possible", a promis M. Draghi lors d'un congrès bancaire à Francfort.
La banque centrale a déjà fait savoir fin octobre qu'elle allait réexaminer la portée de son action lors de sa prochaine réunion de politique monétaire début décembre, notamment à la lumière des nouvelles projections économiques que doivent dévoiler ses équipes.
Beaucoup d'observateurs s'attendent à ce que l'institution muscle davantage son soutien à l'économie, alors que l'inflation a fait du surplace ces derniers mois. En octobre, les prix ont très légèrement augmenté, de 0,1%, soit très loin de l'objectif de la BCE d'une inflation "proche mais inférieure à 2%", définition selon elle de la stabilité des prix.
"Si nous concluons que la balance des risques pour notre objectif de stabilité des prix penche vers le bas, nous agirons en utilisant tous les instruments disponibles dans le cadre de notre mandat", a souligné M. Draghi. "Lors de notre évaluation des risques pour la stabilité des prix, nous n'ignorerons pas que l'inflation est faible depuis déjà un certain temps".
"Nous sommes confrontés à une situation où nous ne pouvons pas encore dire avec confiance que le processus de réparation économique en zone euro est achevé", a concédé l'Italien.
Et si l'économie n'est pas jugée capable de renouer durablement avec la croissance, "alors il va falloir davantage de stimulation monétaire, que la BCE n'hésitera pas à fournir", a-t-il encore affirmé.
L'institution a multiplié ces derniers mois les gestes de soutien à l'économie européenne pour tenter de relancer la très faible dynamique des prix en zone euro. Elle est passé à la vitesse supérieure en mars en lançant un vaste programme de rachat de dettes, de l'ordre de 1.140 milliards d'euros d'ici septembre 2016, sans succès toutefois jusqu'à présent.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 4 octobre 2015 Article intitulé : 'À qui profite vraiment la politique entêtée de la BCE ?'

" Le dogmatisme de la BCE va continuer de faire mal à la fois aux épargnants et aux investisseurs... Georges Ugeux, financier belge et ancien vice-président de la Bourse de New York, tient un blog (Huffington Post) sur lequel il n'y va pas toujours de main morte ! Pour lui, c'est clair, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne et ses économistes ont faux sur toute la ligne. Georges Ugeux part d'un constat: la politique des taux d'intérêt bas, que la BCE a mis en place, n'a pas marché. La preuve, c'est que le taux de chômage reste élevé et la croissance est très faible. Sur cette base, Georges Ugeux estime, comme pas mal d'autres experts, que face à cet échec, la Banque centrale européenne risque, hélas, de s'entêter dans sa politique et au final de nous amener des taux d'intérêt négatifs. Ce qui aura pour conséquence de spolier, par exemple, les retraités qui doivent vivre de leurs rentes. Pour Georges Ugeux, la BCE s'est trompée de diagnostic. Non, elle a été le relai des volontés des lobbies qui ont acheté ses décisions  En 2011, elle a distribué (opération LTRO) des milliards d'euros aux banques avec un taux très faible de 1% ! Elle espérait que ces banques commerciales allaient ensuite prêter cet argent aux PME pour faire redémarrer l'économie. Mais rien du tout ! Ces banques ont profité de cet argent - surtout les banques du sud de l'Europe - pour se refaire une santé et rembourser leurs dettes les plus importantes. Erreur de diagnostic donc, selon Georges Ugeux. En résumé, la BCE nous a vendu cette aide au secteur bancaire en disant que celui-ci avait besoin de liquidité. Alors qu'en réalité, d'après Ugeux, c'était faux. Cette opération de liquidité était un crédit déguisé aux banques commerciales en difficulté.

À qui profite vraiment la politique des taux bas de la BCE ? (Et à qui nuit-elle ?)

Alors, un peu plus tard, il est vrai, la Banque centrale européenne a tiré la leçon de cette erreur de diagnostic. Elle a à nouveau distribué (opération TLTRO) - quasi gratuitement - des milliards d'euros aux banques, mais cette fois à condition que cet argent soit obligatoirement réinvesti sous forme de crédit. Et là encore, cet argent n'a pas dopé l'économie.

L'erreur de la BCE, selon Georges Ugeux, c'est de croire qu'on fait redémarrer l'économie avec des taux d'intérêt très bas. Avez-vous déjà vu, dit-il, un patron de PME investir uniquement parce que le taux d'intérêt est plus bas d'un quart de point ou même d'un demi-point ? Non ! Le vrai déclic sera d'abord et toujours son carnet de commandes !

La peur de Georges Ugeux, c'est que voyant son échec, la BCE s'entête au lieu de changer de politique monétaire. Et donc, de faire baisser encore plus les taux d'intérêt après ce mois de décembre, date à laquelle la BCE dévoilera sa nouvelle politique. Mais si c'est le cas, cela aura comme seul effet de mettre la pression sur les assureurs, les retraités et les épargnants qui veulent avoir un peu de rendement pour vivre... ou survivre. Il faut prendre en compte l'élément de "richesse" fictive que constiturerait une très forte hausse boursière quasi généralisée. 2016/2020 ? En réalité, les seuls gagnants de ces taux d'intérêt très bas sont les gouvernements qui ont une dette énorme. Et les banques, qui obtiennent ainsi un financement à vil prix. Tous les autres sont en quelque sorte les dindons de la farce, à en croire Georges Ugeux. Voilà un raisonnement carré, sans détour, et qui va susciter un beau débat en cette fin d'année.

Romaric Godin dans "La Tribune" du 3 novembre 2015 Article intitulé : La BCE est-elle indépendante du marché ?

" Selon le Financial Times, les membres du directoire de la BCE rencontreraient régulièrement juste avant les réunions de politique monétaires d'importants acteurs du marché.
Quels sont les rapports exacts entre les membres du directoire de la BCE et les grands acteurs des marchés ? La question avait été soulevée le 18 mai dernier lorsque, au cours d'une réunion avec des fonds londoniens, Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, avait révélé « par erreur » des informations importantes sur les rachats de titres qui ne devaient être connues que le lendemain du public. Elle ressurgit à nouveau aujourd'hui alors que le Financial Times de ce 3 novembre rend public le détail des carnets de rendez-vous des rencontres des membres du directoire.
Des rencontres troublantes
Selon le FT, les membres du directoire ont ainsi l'habitude de rencontrer d'importants acteurs du marché dans les jours ou les heures précédant les réunions de politique monétaire. Le FT indique ainsi que, la veille de la réunion des 3 et 4 septembre 2014, Benoît Cœuré et Yves Mersch, membre luxembourgeois du directoire ont rencontré des représentants d'UBS. Le matin même du 4 septembre, autrement dit, en pleine réunion, Benoît Cœuré aurait eu une rencontre avec des représentants de BNP Paribas. L'après-midi, la BCE a annoncé une nouvelle baisse des taux et le lancement de nouveaux rachats de prêts titrisés (ABS). Le FT donne d'autres détails de réunions troublantes, notamment une rencontre de Benoît Cœuré avec le fonds Blackwell la veille de l'annonce, en mars, des détails du programme de rachats d'actifs publics (« quantitative easing »).
Des contacts étroits, et normaux, avec le marché
Le FT n'a aucune preuve qu'au cours de ces réunions, des informations sensibles ont été révélés aux interlocuteurs des membres du directoire. La BCE affirme, de son côté, qu'en aucun cas, de telles informations ont été transmises. Il est vrai que la BCE se doit de maintenir un contact étroit avec les banques et les autres acteurs du marché dans la mesure où ce sont eux qui, concrètement, sont chargés de la transmission de la politique monétaire. Pour agir au mieux, le point de vue des banques ne peut être ignoré. Il doit même être connu, afin d'ajuster plus précisément la politique monétaire, surtout lorsque celle-ci est plus complexe qu'un simple mouvement de taux, comme c'est le cas actuellement. En soi, donc, ces rencontres ne sont pas scandaleuses.
La suspicion inévitable
Le problème réside surtout dans leur proximité avec les réunions de politique monétaire. La BCE, si prompte à souligner et défendre son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, ne semble pas si regardante concernant son indépendance vis-à-vis du marché. En rencontrant des grands banquiers pendant la tenue des réunions, les membres du directoire de la BCE ne peuvent s'empêcher de faire naître la suspicion. Une suspicion que « l'incident » du 18 mai ne peut que renforcer. Qui peut affirmer que, comme le 18 mai, une « erreur » n'a pas eu lieu lors de ces rencontres et qu'une information sensible n'a pas été révélée ? Malheureusement, en termes de politique monétaire, les déclarations de bonne foi et d'honnêteté peuvent ne pas suffire.
La BCE lave son linge sale en famille
Le FT rappelle fort opportunément que la Banque d'Angleterre (BoE) interdit ce type de rencontres avec les acteurs du marché trois jours avant les réunions de politique monétaire. La BCE, de son côté, impose une « période de silence » pour les membres du directoire d'une semaine, mais uniquement vis-à-vis de la presse et de l'opinion. Apparemment, pas vis-à-vis des banquiers. Ceci rajoute à la suspicion. Certes, la BCE a, décidé de « lancer sa propre analyse des rapports entre les membres du directoire et les acteurs du marché. » Mais, comme toujours, la BCE réagit après coup, sous la pression du public pour modifier en interne ses règles. La BCE reste son propre législateur dans ce domaine et la transparence de ses règles et de ses pratiques en est naturellement réduite. On ignore ainsi quelles ont été les conséquences de la « gaffe » du 18 mai. Comme on ignore, par exemple, quel a été le degré d'indépendance de l'institution dans la crise grecque et quelles ont été ses réelles intentions. Il serait sans doute temps que la BCE rende des comptes et puisse être contrôlée sur ses pratiques. Mais puisque un tel contrôle serait sans doute contraire aux traités, il convient d'urgence que la BCE modifie ses règles de communication et fasse preuve de davantage de transparence, précisément pour renforcer son indépendance.

Romaric Godin dans "Trends Tendances" Belgique du 3 novembre 2015 Article intitulé : L'Europe offre toujours "beaucoup d'options aux multinationales qui veulent échapper à l'impôt"

" Le système fiscal en Europe "continue d'offrir une large palette d'options pour les multinationales qui souhaitent échapper à l'impôt", affirme ce rapport, tout juste un an après les révélations LuxLeaks, qui avaient fait scandale.
En novembre 2014, les révélations de centaines d'accords fiscaux conclus entre multinationales et Etats avaient mis en lumière un système d'évasion fiscale à grande échelle et particulièrement le rôle joué par le Luxembourg. Ce système aboutissait à une fiscalité insignifiante pour les multinationales, comparée à leurs bénéfices colossaux.
Face à l'ampleur du scandale, la Commission européenne, tout juste entrée en fonction, et les Etats membres s'étaient engagés à une plus grande transparence, en particulier sur les rescrits fiscaux, une pratique légale mais sujette à des dérives permettant aux multinationales de ne quasiment pas payer d'impôt.
"Tous les Etats européens, sans exception", participent à la concurrence fiscale
Un an après, "même s'il y a eu certains changements et que certaines échappatoires fiscales ont été supprimées, force est de constater que le même système complexe et dysfonctionnel de rescrits fiscaux, de conventions fiscales, de sociétés dites 'boîtes aux lettres' et de régimes fiscaux préférentiels pour les brevets, perdure", soulignent une quinzaine d'ONG.
La faute en revient notamment à la concurrence fiscale que se livrent les Etats pour attirer les multinationales. "Tous les Etats européens, sans exception, participent à cette course", affirme le rapport, qui souligne le développement des "patent boxes", des avantages fiscaux liés à la propriété intellectuelle.
Douze mécanismes de ce type sont ainsi désormais en vigueur ou en passe d'être mis en place dans l'Union européenne, dont six introduits ces cinq dernières années, précise le rapport.

Conscients de la nécessité d'agir, les Européens ont fait des avancées en adoptant en octobre un système d'échange automatique d'informations sur les rescrits fiscaux.
Mi-novembre, les grandes puissances du G20 devraient aller plus loin et valider un nouveau mécanisme qui vise à freiner les techniques d'optimisation fiscale des entreprises en faisant "disparaître" leurs bénéfices dans des territoires à faible fiscalité."

Dans "La Tribune" du 27 juillet 2015 Article intitulé : La troïka revient à peine en Grèce, et déjà les contradictions apparaissent

" La Grèce accueille cette semaine les représentants de ses créanciers UE, BCE et FMI pour mettre sur pied le troisième plan de renflouement du pays dans le temps record de trois semaines et dans un climat de confiance encore chancelant entre les deux parties.
  Preuve du tâtonnement, Athènes et les institutions créancières n'ont pas trouvé de ligne commune pour décréter le début des pourparlers: le gouvernement grec continuait lundi d'affirmer que les équipes techniques de l'UE, de la BCE et du FMI entamaient leurs consultations mardi dans la capitale tandis qu'un porte-parole de la Commission européenne a affirmé lundi, comme le FMI dimanche, qu'elles arrivaient lundi et que "le travail commençait immédiatement".
Le temps presse de nouveau pour Athènes et l'UE: il leur faut d'ici au 20 août avoir bouclé les modalités du troisième plan d'aide, d'un montant de 82 à 86 milliards d'euros, dont le principe a été accepté dans la douleur lors du sommet européen des 12 et 13 juillet.
La Grèce, dont les caisses sont vides, espère en effet toucher avant cette date un premier acompte pour rembourser plus de trois milliards d'euros à la BCE le 20 août.

Ce qui implique, en trois semaines, de définir des actions prioritaires à mettre en oeuvre, de fixer le calendrier des versements, trouver un accord sur la trajectoire budgétaire de la Grèce, retombée en récession au premier trimestre, obtenir le feu vert des trois Institutions et de plusieurs Parlements nationaux et faire voter le Parlement grec sur les arbitrages ainsi décidés.
Un défi au regard du cours chaotique des discussions entre les créanciers et le gouvernement grec au pouvoir depuis six mois.
Le gouvernement grec s'est déjà ému que certains pays européens fassent "pression" pour que le Parlement adopte dès août un troisième volet de réformes (fiscalité des agriculteurs et pré-retraites), après les deux votes d'urgence déjà organisés les 15 et 22 juillet.
Aucune des deux parties ne précise par ailleurs si la question de la restructuration de la dette publique grecque sera abordée dès ce stade des discussions. Mais son principe "ne fait plus débat", a souligné Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, dans un entretien au journal Le Monde publié lundi.
"La question n'est pas de savoir s'il faut restructurer (...), mais de quelle manière le faire", estime M. Coeuré.
Ami d'enfance
Avant même d'attaquer le dur de ces tractations, c'est sur la forme que les atermoiements ont porté: plusieurs sources ont évoqué des problèmes "logistiques" à l'origine du retard de quelques jours de la "troïka", composée de représentants de l'UE, de la BCE, du FMI et désormais du MES (mécanisme européen de stabilité), groupe aujourd'hui pudiquement appelé "les institutions".
Contrairement aux experts techniques, venus au printemps, les chefs de mission de ces équipes n'ont plus mis les pieds depuis près d'un an en Grèce alors que les audits trimestriels réalisés depuis 2010 avaient commencé à rencontrer l'hostilité de la coalition précédente (droite-socialistes). Selon Athènes, ces hauts représentants viendront plus tard dans la semaine.

"Ils seront logés et pourront travailler en centre-ville, accéder aux bâtiments des autorités indépendantes", comme les services de la comptabilité nationale et la Banque de Grèce, a indiqué lundi une source gouvernementale à l'AFP, ajoutant que pour leur venue dans les ministères, "c'est en discussion".
Dans ces pourparlers, le Premier ministre Alexis Tsipras laissera son état-major en première ligne, tandis qu'il doit lui-même réfléchir aux suites à donner à la rébellion d'une trentaine de députés de son parti Syriza, hostile à ce nouveau renflouement, qui le laisse à la tête d'un gouvernement sans majorité parlementaire.
Il participera en fin de journée à une réunion des instances dirigeantes du parti tandis que son ancien ministre de l'Energie, Panagiotis Lafazanis, leader des contestataires, tient dans la soirée une réunion publique pour galvaniser les frondeurs.
Le gouvernement s'est pour l'instant gardé de réagir à la controverse née ce week-end d'articles de presse, partiellement confirmés par Yanis Varoufakis. L'ancien ministre des Finances, qui a démissionné le 6 juillet, au lendemain du référendum, mais qui reste un parlementaire influent, a admis qu'il avait eu un plan pour introduire une monnaie parallèle, passant aussi par un piratage de comptes bancaires de contribuables, grâce à un ami d'enfance professeur d'informatique aux Etats-Unis.
Avec l'AFP

Paolo Garoscio dans "Economie matin" du 21 juillet 2015 Article intitulé : La BCE est en train de recréer une bulle immobilière en Europe

" Vous vous souvenez ce qui a causé la crise économique de 2008 ? La crise des subprimes et la bulle immobilière qui s'en est suivie. Sept ans après, alors que l'Europe et une bonne partie du monde ne se sont pas encore remises de cette catastrophe économique, la BCE a lancé un rachat d'actifs gigantesque. Selon Moody's elle est en train de recréer les bases pour une nouvelle bulle immobilière.
Le rachat d'actifs crée un risque de bulle immobilière
Anna Zabrodzka, analyste chez Moody's, n'est pas tendre avec la BCE et son programme de rachats d'actifs lancé par Mario Draghi en cette année 2015. Ce rachat injecte 60 milliards d'euros dans l'économie chaque mois, de l'argent à bas coût, qui est en train de changer la donne.
Selon elle le programme "a causé un risque que la bulle immobilière refasse surface". Autant dire que la BCE, par le biais de ce qui devrait sauver l'Europe en refaisant augmenter l'inflation aux alentours de 2%, risque de recréer ce qui a causé la crise économique de 2008.
Où est investi l'argent ?
Selon Moody's, le problème est que la Banque Centrale Européenne ne peut être sûre de l'endroit où ces milliards seront investis. Et ils risquent fort de ne pas être investis là où il faudrait alors même que les économies du sud de l'Europe, la Grèce en premier lieu mais l'Espagne ou encore l'Italie aussi, ne sont pas encore sorties de la crise économique.
Actuellement il semblerait que ce soient les économies du nord de l'Europe qui bénéficient le plus du rachat d'actifs : attirés par les taux d'intérêts bas des crédits immobiliers pratiqués par les banques, les Norvégiens, les Allemands et les Britanniques sont en train d'acheter des biens immobiliers en masse.
Un problème alors que depuis 2010 les prix ont augmenté de 30% en Norvège et de 15% en Allemagne et au Royaume-Uni. Si les achats immobiliers se poursuivent, les biens immobiliers pourraient être artificiellement surévalués par les vendeurs.
Et c'est exactement ainsi que se crée une bulle immobilière : quand le prix des biens à vendre est largement supérieur à leur valeur réelle.
.."

  Dans "Trends Tendances" Belgique du 8 juin 2015 Article intitulé : Le phénomène inouï qui pousse la BCE à la schizophrénie


" La problématique de la zone euro réside dans l'ambiguïté suivante : pour sauver l'euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) dut, dans un premier temps, faire de l'euro une monnaie trop forte afin d'en assurer la crédibilité internationale, au prix d'un désastre en matière socio-économique et d'un taux de chômage effarant qui embrasa le Sud de l'Europe. Tous les pays du Sud s'effondrèrent donc devant cette monnaie trop forte, qui ne reflétait en rien leur typologie. La BCE aligna donc sa politique monétaire sur celle du Deutsche Mark afin de lui en adosser les attributs, c'est-à-dire celles d'une économie exportatrice qui est capable de surmonter la force de sa monnaie par des gains de productivité encore plus importants. Ce qui a été le cas pour l'Allemagne (qui a paupérisé une très grande partie de son Peuple avec l'acceptation de ce dernier) au détriment des autres pays et Peuples européens. Malheureusement, une monnaie trop forte entraîne un phénomène récessionnaire et déflationniste qui conduisit finalement la BCE à déposer les armes de la contraction monétaire et à mettre en oeuvre un immense programme de création monétaire (ou assouplissement quantitatif). Oui, mais l'Allemagne avait atteint so n objectif d'être la pièce maîtresse de l'Europe et ainsi voir l'Europe de la Paix détournée en europe allemande. Voir mes commentaires des dernières années. Souvenez-vous : Clausewitz ou Sun Tzu...ou les eux.
Depuis les années septante, les banques centrales ne peuvent plus escompter directement des dettes émises par des Etats, car cela s'assimile à une monétisation de la dette, constituant elle-même le prélude à l'inflation, voire à l'hyperinflation. C'est intuitif : si l'Etat émet un papier qu'il qualifie d'obligation et que ce même papier se transforme immédiatement en billets émis par une banque centrale, le pouvoir d'achat unitaire de chaque billet diminue, ce qui reflète l'inflation. Cette pratique est bien sûr interdite par le fonctionnement de la BCE, mais l'interdiction est désormais contournée. Il suffit qu'une obligation souveraine soit "mise en pension" quelques jours auprès d'une banque commerciale pour qu'elle soit éligible à un réescompte auprès de la BCE.
Mais il se passe un phénomène inouï sur les marchés financiers ! Malgré cet assouplissement quantitatif, les taux d'intérêt sont plus hauts qu'il y a six mois, c'est-à-dire avant la mise en place. Ce programme avait pour objectif de faire baisser les taux d'intérêt....alors qu'ils remontent désormais.
La remontée des taux d'intérêt est-elle le signe d'une réussite ou d'un échec complet de la gestion monétaire de la BCE ?
On peut voir cette hausse de taux d'intérêt comme de résultat de la création monétaire elle-même. Sous cet angle, les marchés avaliseraient le bien-fondé de l'assouplissement quantitatif de la BCE en exprimant des anticipations de croissance et d'inflation qui se reflètent dans les taux d'intérêt.
Mais je reste extrêmement prudent : si les marchés sont affectés de cyclothymie, il est peu probable qu'ils migrent, en quelques semaines, sur base d'effets d'annonces incertains, d'une réalité déflationniste à une anticipation d'inflation. Une robuste "ré-inflation ou réflation" de nos économies reste donc à démontrer. Au reste, si des anticipations d'inflation se concrétisaient, on pourrait alors s'inquiéter du fait que la création monétaire de la BCE accélère cette perspective d'inflation et qu'elle ne soit donc plus nécessaire.
Inversement, il semble que ce soit l'assouplissement quantitatif de la BCE lui-même qui soit à l'origine de la hausse des taux d'intérêt. En effet, la BCE exerce une telle oppression à l'achat d'obligations publiques que la liquidité obligataire baisse en entraînant une hausse des taux d'intérêt. Ce phénomène reste confus mais l'assouplissement quantitatif se bornerait alors à déplacer des actifs tout en augmentant les frictions et les distorsions sur les marchés.
Les adeptes de cette lecture de la hausse des taux d'intérêt plaident d'ailleurs pour un QExit, c'est-à-dire un arrêt prématuré de cet assouplissement quantitatif, qualifié de "Quantitative Easing" aux Etats-Unis, soit l'acronyme QE, lui-même transformé en QE Exit, soit QExit sous une forme contractée. Pourtant, un arrêt prématuré du QE entraînerait lui-même une hausse des taux d'intérêt. Les taux d'intérêt pourraient brusquement se tendre.
Une chose reste certaine : si le stock de monnaie est accru par la BCE, le flux monétaire qui transite par les circuits bancaires reste visqueux, reflétant un manque de la demande. Il fallait augmenter l'offre de monnaie, mais c'est l'augmentation de la demande de biens et de services qui nous extraira de la crise.
Sous l'angle budgétaire, l'Union Européenne s'inscrivit dans une même logique restrictive que la BCE, imposant, sous l'impulsion allemande et ses relais de la Commission Barroso, un Pacte de Stabilité et de Croissance destiné à expurger les déficits et les dettes publiques. Ce plan est une erreur circonstancielle. Nonobstant le fait que la réalité contredira son postulat et que les forces démocratiques le réfuteront, c'est une erreur de contracter le rôle de l'État en période de récession. Sauf pour l'allemgne qui a réussi dans sa stratégie de planté les pays européens. Il faut virer l'allemagne ou la mettre de nouveau à genoux. Bien sûr, il s'en trouvera pour affirmer que la faiblesse de l'économie est un moment de vulnérabilité appropriée pour affaiblir les forces productives, mais ceux-là sont peu imprégnés des réalités sociales et surtout de l'idéal collectif.
En résumé, nous entrons dans un monde monétaire inconnu. C'est pour cela que les Etats font la course à la maîtrise du cash des Peuples et non pour la lutte contre le blanchiment.  Quelle fumisterie ! La BCE s'est engagée dans une gigantesque création monétaire destinée à ré-inflater l'économie et à faire baisser les taux d'intérêt. Malheureusement, ces derniers remontent, ce qui place la BCE dans un dilemme schizophrénique : si cette institution poursuit le rythme de son programme d'achat d'obligat ions, elle risque de faire monter les taux d'intérêt. Inversement, si elle y met fin prématurément, elle poussera aussi les taux d'intérêt à la hausse. Or, dans les deux cas, des taux d'intérêt relevés contrarieront la reprise économique. Les taux d'intérêt monteront de toute manière, au plus tard à l'automne 2016, lorsque l'assouplissement quantitatif arrivera à son terme.
En fait, l'action de la BCE fut tardive et est probablement excessive. La BCE a dû agir de manière massive pour gommer sa propre erreur de ne pas avoir correctement établi le diagnostic de déflation. Au lieu d'augmenter la masse monétaire de 60 milliards sur 18 mois, il eut fallu le faire pour 30 milliards par mois depuis deux ans. L'autre volet de gestion de la crise concerne la rigueur budgétaire, qui est incompatible avec une modeste reprise économique. Il faudrait surseoir à l'application du Pacte de Stabilité et de Croissance pendant quelques années. Cela relève d'un débat politique."

 Dans "La Tribune" du 3 juin 2015 Article intitulé : BCE : les principales annonces de Draghi

""Il y une certaine perte de dynamisme, je dirais modeste, principalement due aux développements dans les économies émergentes. (...) D'un autre côté toutes les enquêtes et tous les indicateurs montrent que la demande intérieure au sein de la zone euro demeure soutenue", a expliqué Draghi.
La prévision de croissance 2017 pour la zone euro, établie en mars à 2,1%, a été abaissée à 2%, a annoncé mercredi le président de la BCE lors d'une conférence de presse. La prévision d'inflation 2015 a en revanche été rehaussée à 0,3%.
Du côté du principal taux directeur, aucune surprise. Comme attendu, la Banque centrale européenne (BCE) l'a laissé inchangé mercredi 3 juin, à 0,05%, le plus bas niveau historique auquel il avait été amené en septembre, a annoncé un porte-parole de l'institution avant la conférence de presse de son président, Mario Draghi.
L'institution monétaire de Francfort n'a pas non plus modifié son taux de prêt marginal, abaissé à 0,3% en septembre, ni son taux de dépôt, porté en territoire négatif pour la première fois de son histoire en juin et qui stationne désormais à -0,2%.
Toutefois, l'intervention de Mario Draghi a été l'occasion de quelques nouvelles annonces.
    •    La prévision de croissance 2017 est abaissée
La BCE a légèrement abaissé sa prévision de croissance du Produit intérieur brut de la zone euro en 2017, à 2%, et laissé inchangées celles pour 2015 et 2016, a annoncé son président jeudi. La précédente prévision pour 2017 était de 2,1%.
"La reprise est sur les rails. Toutefois, nous avions espéré des chiffres meilleurs que nos projections initiales et à un moment les indicateurs allaient dans ce sens", a-t-il commenté.
Et Draghi d'analyser: "Il y une certaine perte de dynamisme, je dirais modeste, principalement due aux développements dans les économies émergentes. (...) D'un autre côté toutes les enquêtes et tous les indicateurs montrent que la demande intérieure au sein de la zone euro demeure soutenue."
L'institution monétaire continue en revanche d'anticiper une croissance de 1,5% cette année et 1,9% l'année prochaine dans le bloc monétaire, comme prévu en mars. La croissance de 2015 constitue la meilleure performance réalisée par la région depuis 2011, lorsque son produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 1,6%.
    •    Les projections d'inflation sont relevées
La prévision d'inflation 2015 de la BCE a en revanche été revue à la hausse, a annoncé Mario Draghi, en expliquant que son programme d'achats d'actifs de 60 milliards d'euros par mois commençait à porter ses fruits.
La BCE s'attend désormais à une hausse de 0,3% des prix dans la zone euro cette année, alors que ses précédentes prévisions, présentées début mars, incluaient une inflation 2015 nulle. Cette nouvelle prévision tient compte du rebond des cours du pétrole, de la reprise économique et de l'impact du plan d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing", QE) de plus de 1.000 milliards d'euros au total mis en oeuvre en mars.
Les projections d'inflation restent inchangées pour 2016 et 2017. Pour 2016, la BCE prévoit une inflation de 1,5%. Pour 2017, elle table sur une hausse de 1,8% des prix.
" Le Conseil des gouverneurs continuera de surveiller attentivement les risques sur les perspectives d'évolution des prix", a ajouté Draghi.
    •    Les achats d'obligations se poursuivent
Concernant les montagnes d'argent frais qu'afin de relancer la dynamique des prix la BCE déverse depuis mars sur les marchés, en rachetant à grande échelle de la dette privée et publique (programme baptisé "QE"), Draghi a réaffirmé:
"Le programme d'achat d'actifs se déroule bien. Comme nous l'avons expliqué précédemment, nos achats d'actifs de 60 milliards d'euros par mois ont vocation à se poursuivre jusqu'à la fin septembre 2016 et dans tous les cas jusqu'à un ajustement durable du rythme d'inflation conforme à notre objectif".
    •    Soutien à un accord "fort" avec la Grèce
Mario Draghi a également plaidé en faveur d'un "accord fort" avec la Grèce, permettant à celle-ci de rester au sein de la zone euro et de renforcer son économie.
"Le Conseil des gouverneurs de la BCE veut que la Grèce reste dans l'euro. Mais il faut qu'il y ait un accord fort, et un accord fort est un accord qui produit de la croissance, qui prend en compte la justice sociale mais aussi qui est viable du point de vue budgétaire et qui s'attaque aux facteurs persistants d'instabilité dans le secteur financier", a souligné le président.

(Avec AFP et Reuters)

  Romaric Godin dans "La Tribune" du 21 mai 2015 Article intitulé : La BCE commet une faute... et sanctionne la presse !

" Benoît Coeuré aurait, suite à une "erreur de procédure", divulgué des informations sensibles à certains hedge funds. La BCE a alors décidé de supprimer l'envoi des discours à la presse sous embargo. Une preuve de plus de l'irresponsabilité juridique de l'institution.
C'est une erreur de communication bien malvenue pour la BCE. Lundi 18 mai au soir, à Londres, Benoît Cœuré, membre du directoire de l'institution de Francfort intervient dans un colloque organisé par plusieurs think tanks et financé par Brewan Howard, un fonds spéculatif (« hedge fund ») de la City. L'assistance est triée sur le volet et comporte plusieurs dirigeants d'autres fonds spéculatifs. Persuadé (selon ses dires) que son intervention est, au même moment, publiée sur le site de la BCE, Benoît Cœuré explique alors que la banque centrale va accélérer ses rachats d'action avant l'été.
La faute...
L'ennui, c'est que ce discours n'a pas été publié comme affirme le croire le Français. Les participants à cette petite rencontre très select de la City ont donc bénéficié d'informations confidentielles. Ce n'est en effet que le 19 mai au matin que le reste du monde apprendra de Benoît Cœuré cette décision de la BCE. Or, ces informations ont été potentiellement très juteuses pour les fonds présents à la réunion de lundi soir. Dans le contexte de remontée des taux longs, cette décision constitue en effet une réponse de la BCE qui ne devait pas manquer de faire baisser les taux et l'euro. Les fonds spéculatifs informés par le membre du directoire lundi soir pouvaient alors simplement prendre des positions pour parier sur ses mouvements pour faire un bon bénéfice.
En dialogue permanent avec les marchés
Ce type de rencontres « confidentielles » entre banquiers centraux et acteurs de marché est courant. La BCE dépend en effet des marchés pour la transmission de sa politique monétaire. L'institution de Francfort ne peut en effet influencer l'économie réelle directement. Elle passe par les banques en partie via ses opérations de refinancement, mais surtout par les marchés. C'est aussi la raison pour laquelle cette institution de la zone euro utilise l'anglais comme seule langue officielle. Dans la zone euro, l'anglais n'est pourtant parlé officiellement qu'en Irlande, mais c'est la langue des marchés. Et la BCE parle d'abord aux marchés. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'elle entretienne des « liens privilégiés » avec les acteurs du marché. Le problème commence lorsque certains acteurs sont traités différemment d'autres. Du reste, mercredi, on ne décolérait à la City. « Si quelques acteurs de marché ont eu accès à des informations à un autre moment que d'autres, c'est totalement irréfléchi », se plaignait ainsi à Bloomberg un investisseur londonien.
Une série de négligences...
A la BCE, on plaide la bonne foi. Il y a eu une « erreur de procédure » qui a conduit à ne pas publier le discours de Benoît Cœuré lundi soir. Et l'on promet de revoir les procédures et notamment de mettre fin aux envois des discours sous embargo aux journalistes avant qu'ils ne soient prononcés. La défense semble particulièrement étrange. S'il s'agissait réellement d'une « bourde », pourquoi alors ne pas avoir rapidement corrigé en publiant le texte de l'intervention de lundi soir le plus rapidement possible, avant l'ouverture des marchés européens mardi ? Au lieu de cela, l'information a été rendue publique mardi matin, après cette ouverture, comme si rien ne s'était passé lundi soir. A l'erreur de procédure s'ajoute donc, semble-t-il une volonté de « cacher » cette erreur...
Quant à la fin de la transmission des textes sous embargo, c'est une réponse encore très étrange. Aucun journaliste n'a, dans ce cas, brisé l'embargo. On châtie donc des innocents. Mieux même, l'absence d'envoi du texte sous embargo lundi aurait pu (ou dû) agir comme une « alerte » pour les services de la BCE. S'il est impossible de dire s'il y a eu volonté de favoriser une partie du marché, il y a eu une série de négligence immense et une réponse clairement inappropriée.
La question de l'irresponsabilité juridique de la BCE
En réalité, cette nouvelle mésaventure de la BCE vient mettre en lumière l'étrange objet juridique qu'est la BCE. Une question soulevée récemment par Philippe Legrain, notamment. Protégée par une indépendance qui est conçue de façon fort extensive, la direction de la BCE n'a, en réalité, de comptes à rendre à personne. On l'ignore souvent, mais la BCE, par exemple, établit sa propre législation du travail pour ses salariés. Cette indépendance frôle donc souvent l'irresponsabilité. Toujours prompte à donner des leçons de responsabilité aux partenaires sociaux ou aux Etats, la BCE ne parvient pas à s'appliquer cette règle. Les membres de son directoire sont absolument intouchables juridiquement. La preuve la plus éclatante de ce fait est évidemment le comportement de l'ancien président de l'institution, Jean-Claude Trichet, qui, refusant de répondre de sa responsabilité dans la crise irlandaise devant le parlement irlandais, s'est contenté de se justifier dans une « conférence » à laquelle participaient les membres de la commission d'enquête. Mais en aucun cas, il n'a mis en jeu sa responsabilité, ni risqué une quelconque sanction. La BCE est un « trou noir » juridique qui lave son linge sale en famille et, souvent, ne le lave pas. La décision de sanctionner la presse pour une faute commise en interne illustre parfaitement cette volonté de trouver des « boucs émissaires » à un amateurisme qui s'explique aussi par cette absence de responsabilisation. Or, compte tenu du rôle que joue la BCE dans l'économie de la zone euro, ceci devient fort gênant..."

Dans "La Tribune" du 11 avril 2015 Article intitulé : La BCE contre le projet grec sur les saisies immobilières

" La Banque centrale européenne estime dans un avis juridique que le projet d'Athènes de protéger les ménages d'une saisie de leur résidence principale va trop loin. Attention aux effets pervers, prévient en substance la BCE. A la demande du ministère grec de l'Economie, la Banque centrale européenne vient de rendre son avis juridique sur le projet de loi d'Athènes visant à protéger les particuliers d'une saisie de leur résidence principale jusqu'à 300.000 euros. Selon la BCE, le projet va trop loin et risque d'encourager les particuliers à ne pas rembourser leurs crédits immobiliers.
"Le nombre très large de débiteurs éligibles, qui va au-delà de la protection des débiteurs vulnérables et à faibles revenus, est susceptible de créer un aléa moral et pourrait déboucher sur des défauts stratégiques, mettant à mal à culture du paiement et la future croissance du crédit", estime la BCE dans cet avis.
Les emprunteurs éligibles ne doivent pas disposer d'un revenu annuel supérieur à 50.000 euros et d'un patrimoine total supérieur à 500.000 euros, dont 30.000 euros maximum en dépôts bancaires et "liquides". Sous la loi précédente, qui a expiré l'an dernier, la protection offerte était de 200.000 euros pour les emprunteurs ne gagnant pas plus de 35.000 euros par an et dont le patrimoine n'excédait pas 270.000 euros."

Dans "Bilan" Suisse du 9 avril 2015 Article intitulé : La BCE relève encore le plafond de l'aide aux banques grecques

" La Banque centrale européenne (BCE) a encore relevé jeudi de 1,2 milliard d'euros, à 73,2 milliards d'euros, le plafond de son financement d'urgence (ELA) des banques grecques, a-t-on appris de source bancaire grecque.
La BCE aide par ce seul biais les banques grecques depuis début février.
Auparavant, elles pouvaient obtenir de l'argent en apportant en garantie les obligations de l'Etat grec qu'elles détiennent. Ces obligations n'ayant pas la qualité de crédit minimum qu'accepte normalement la BCE, celle-ci faisait donc bénéficier les banques grecques d'une exception.
Mais cette exception a pris fin peu après l'arrivée au pouvoir du gouvernement de gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras en raison de la volonté qu'il manifestait à l'époque de s'affranchir du programme de sauvetage européen en cours.
Le crédit par le biais de l'ELA est plus onéreux que les prêts contre collatéral.
Les banques du pays ont un sérieux besoin de liquidités depuis le début de la période électorale qui a porté Syriza au pouvoir fin janvier. De début décembre à fin février, ménages et entreprises grecs ont retiré quelque 25 milliards d'euros de leurs comptes bancaires, et l'hémorragie a continué depuis, quoique au ralenti, selon certains journaux grecs.
Le pays a un pressant besoin d'argent. Il sera en mesure d'honorer toutes ses échéances de dette du mois d'avril, et a notamment effectué un paiement de 459 millions d'euros jeudi au FMI, mais la situation est incertaine pour le mois de mai.
Les négociations avec les créanciers européens, dont la Grèce attend impatiemment le versement d'une tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros, semblent piétiner par ailleurs. Une solution est espérée lors de l'Eurogroupe du 24 avril à Riga."

Dans "Bilan" du 23 mars 2015 Article intitulé : La BCE a acheté 26,3 milliards de dettes en dix jours

" La Banque centrale européenne (BCE) a indiqué lundi avoir acheté pour 26,3 milliards d'euros de dette en dix jours depuis le début de son programme géant de rachat de dette, plaçant l'institution monétaire sur la bonne voie pour atteindre son objectif de 60 milliards par mois.
Selon le site internet de l'institution monétaire de Francfort (ouest), un total de 26,3 milliards d'euros d'obligations a été acquis depuis le lancement de ce programme dit d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing" ou "QE") le 9 mars. Cet état des lieux porte jusqu'au mercredi 18 mars au soir, a précisé une porte-parole de la BCE.
Sur les seuls trois premiers jours du programme, la BCE avait déjà acheté pour 9,8 milliards d'euros de titres.
"Avec le rythme des achats jusqu'à présent, le programme dans son ensemble est sur la bonne voie pour atteindre un total de 60 milliards d'euros en mars", a déclaré, peu avant la publication des derniers chiffres, le président de la BCE Mario Draghi, lors d'une audition devant le Parlement européen à Bruxelles.
Ce programme de QE, que la BCE entend mener au moins jusqu'en septembre 2016, les cycles SOCIOECOPOFI sont respectés a pour objectif de ranimer une inflation trop basse et une croissance trop molle en zone euro par des injections massives d'argent frais, version moderne de la planche à billets.
"Pour l'heure, rien ne nous signale qu'il n'y aurait pas assez d'obligations à acheter. Les retours que nous avons des acteurs du marché évoquent pour le moment une mise en oeuvre en douceur et que les liquidités sur le marché sont encore abondantes", a affirmé M. Draghi, alors que certains avaient évoqué un risque de pénurie de titres qui empêcherait la BCE d'acheter au rythme désiré."

Dans "Les Crises" Suisse du 16 mars 2015 Article intitulé : Produits dérivés : la BCE au pied du mur
  
" Très bon papier du grand Jean-Michel Naulot, ancien membre du collège de l’Autorité des Marchés Financiers, pour Les Echos, le 13 mars 2015.
Il montre la folie de l’organisation de Bruxelles, qui refuse à la BCE le droit de demander que d’importantes opérations en euros aient lieu dans la zone euro – pour qu’elle puisse aider en cas de problème… Ces talibans causeront ainsi la perte du système financier qu’ils chérissent tant…

La BCE s’est vue refuser le droit par la Cour de justice européenne d’imposer la localisation en zone euro des chambres de compensation qui traitent des opérations en euro. Cette décision pose le problème du rôle de la Banque centrale dans la maîtrise du risque systémique sur les produits dérivés.
En donnant récemment raison aux britanniques au sujet de la localisation des chambres de compensation, la Cour de justice européenne a jugé que la BCE allait au delà du droit existant. La BCE n’a pas le droit d’imposer la localisation en zone euro des chambres de compensation qui traitent des opérations en euros. Derrière ce débat d’apparence commerciale dans lequel les banques et la BCE ont fait cause commune pour des raisons différentes – renforcement des places financières européennes pour les banques, meilleur contrôle du  risque pour la banque centrale – il y a une question d’une extrême importance : comment va-t-on maîtriser le risque systémique en cas de difficultés majeures, de détresse, d’une chambre de compensation ?
Londres capte l’essentiel des produits dérivés
Les G20 de 2009 avaient décidé de faire obligatoirement transiter les produits dérivés réputés liquides par ces institutions financières destinées à assurer la bonne fin des opérations, donc de concentrer le risque systémique autour d’elles. Les encours de dérivés ont représenté en 2014 près de 800.000 milliards de dollars, un encours supérieur à celui qui existait avant la crise, plus de dix fois le produit mondial. Lorsque le chantier en cours sur l’encadrement des produits dérivés sera achevé, environ 40% des produits dérivés passeront par des chambres de compensation. Or en zone euro, la plus grande partie des produits dérivés est traitée à Londres … Il devient vraiment urgent, sept ans après la crise, de préciser comment l’accès à la liquidité en euros de ces chambres londoniennes sera possible ! Concentrer le risque systémique est une bonne idée, encore faut-il pouvoir le gérer !
La solution de localisation des chambres proposée par la BCE avait l’avantage pour la banque centrale de permettre de maîtriser le risque systémique tout en laissant planer un  doute sur l’automaticité de son intervention. La BCE avait la possibilité en cas de difficultés d’une chambre d’apporter la liquidité nécessaire ou de laisser la chambre mettre en place un plan de redressement, voire son plan de résolution. Comme les banques, les chambres de compensation en difficulté doivent en effet – en théorie – pouvoir faire faillite, ne pas systématiquement miser sur l’aléa moral. En théorie…
Probabilité d’aggraver le risque systémique
Actuellement, toute l’attention des acteurs financiers est mobilisée autour des textes que la Commission doit présenter d’ici l’été sur les plans de résolution. Comme ceux des banques, ces plans de résolution seront utiles et rassurent les contribuables. Mais ils ne sont pas l’essentiel. Chacun sait qu’en cas de crise, le risque systémique doit être géré dans l’urgence et le secret, avec l’appui de la Banque centrale. Qui peut imaginer que l’on mette alors immédiatement à contribution les actionnaires et les clients de la chambre de compensation pour organiser la liquidation ? Il n’y aurait rien de tel pour aggraver la propagation du risque ! Dès aujourd’hui, les clients des chambres de compensation ont-ils même une idée des risques qu’ils prennent en traitant avec ces institutions censées leur apporter la sécurité ? Ils ont plutôt  le sentiment que ces institutions qui concentrent le risque systémique bénéficient des protections nécessaires… En cas de crise d’une chambre, n’en doutons pas, l’aléa moral sera bien là, ne serait-ce que parce qu’il existe toujours une zone grise pendant laquelle il faut évaluer, comme pour les banques, les chances de redresser l’institution en difficulté. Mais encore faut-il que cela soit techniquement possible…
La décision de la Cour pose donc très clairement le problème clé du rôle de la banque centrale dans la maîtrise du risque systémique sur les produits dérivés, problème que la BCE a jusqu’à présent évité de traiter trop ouvertement, préférant vivre dans l’ambiguïté. Etre là sans avoir à le dire… Après la décision de la Cour, sauf à prendre des risques considérables, la BCE ne peut rester silencieuse. La logique serait qu’elle prenne directement en charge la supervision des grandes chambres de compensation de la zone euro comme elle l’a fait pour les banques. Mais cela ouvrirait une fois de plus un débat nourri avec les britanniques et le temps presse. Alors comment fait-on ? Un chantier intéressant pour le nouveau Commissaire Jonathan Hill, britannique, qui a fait de la liberté de circulation des capitaux son objectif central et semblait rêver d’une pause en matière de régulation financière !"

Pierre-Henri Thomas dans "Trends" Belgique du 5 mars 2015 Article intitulé : BCE: les trois messages de Mario Draghi

" Voici un bon mois, la Banque centrale européenne annonçait qu'elle allait lancer un programme d'assouplissement monétaire, consistant à racheter des obligations d'Etat et certaines obligations privées de bonne qualité (des titres bancaires, notamment). Le but, six ans après le lancement d'un programme similaire aux Etats-Unis, est de faire baisser les taux d'intérêt et d'injecter des liquidités dans le système en rachetant aux banques leurs vieilles obligations.
Aujourd'hui, la BCE est entre dans le vif du sujet. A l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs, qui se tenait cette fois à Nicosie, le président de l'institution, Mario Draghi, a révélé la date du coup d'envoi. Les achats débuteront le 9 mars, à raison de 60 milliards par mois. Et ce programme durera, a souligné Mario Draghi, "jusqu'à ce que l'inflation atteigne notre objectif, soit un niveau proche (mais en dessous) de 2%". En gros, la BCE, qui par ailleurs décidé, sans surprise, de laisser ses taux inchangés (son principal taux directeur stagne toujours à 0,05%), injectera de l'argent le temps qu'il faudra.
Parallèlement à cette annonce, Mario Draghi a distillé deux autres messages prudemment optimistes sur l'état de santé de l'économie européenne. D'abord, la seule annonce du quantitative easing en janvier "a déjà produit des effets positifs", dit-il. Il pointe notamment l'amélioration des conditions d'emprunts aux ménages et aux entreprises et "l'accélération de la dynamique du crédit".
Une croissance de 2,1% dans deux ans
Et pour bien montrer que l'économie européenne va mieux, la BCE a revu ses prévisions de croissance à la hausse : elle table désormais dans la zone euro sur une augmentation de 1,5% en 2015 (la prévision précédente était de 1%) et sur 1,9% en 2016 (contre 1,5%). Pour 2017, la zone ferait mieux encore : 2,1%. Une amélioration qui tient compte "de la baisse des prix du pétrole, du taux de change (l'euro est au plus bas depuis 2003) et des mesures de politique monétaire de la BCE".
Et puis, last but not least, Mario Draghi estime que le danger de déflation s'éloigne : certes, l'inflation sera nulle cette année. Mais elle montera à 1,5% en 2016 et 1,8% en 2017. L'objectif de moyen terme de la BCE étant de maintenir une hausse des prix aux alentours de 2%, le contrat serait donc rempli dans deux ans."

Dans "Les Crises" du 26 février 2015 Article intitulé :[Vidéo] Puissante et incontrôlée : la troïka
  
" Excellent reportage d’Arte du mardi 24 février. A revoir encore quelques jours sur son site.
Pour obtenir les prêts dont ils ont besoin pour faire face à la crise, les Etats européens doivent se soumettre aux exigences de trois institutions phares qui forment la troïka : le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne (CE) et la Banque centrale européenne (BCE). Voici une enquête édifiante sur le rôle controversé de cette troïka.
Cinq ans déjà que les États en crise de la zone euro vivent les affres du surendettement. Pour obtenir les prêts dont ils ont besoin d’urgence, il leur faut se soumettre aux exigences – les fameux mémorandums – de trois institutions phares qui forment la troïka : le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne (CE) et la Banque centrale européenne (BCE). Les mesures d’austérité qu’elles ont imposées n’ont jusqu’à ce jour pas eu les effets positifs escomptés, bien au contraire.
Ce sont des hauts fonctionnaires, agissant sans aucun contrôle parmementaire, qui prennent les décisions, que les gouvernements doivent ensuite exécuter. Pour mieux comprendre ce processus, le journaliste économique allemand Harald Schumann (auteur de Quand l’Europe sauve ses banques, qui paye ? diffusé par ARTE en 2013) s’est rendu en Irlande, en Grèce, au Portugal, à Chypre, à Bruxelles et aux États-Unis. Au cours de ce passionnant travail d’investigation, il a interrogé des ministres, des économistes, des avocats, des banquiers, des victimes de la crise, ainsi que le Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, qui explique pourquoi cette politique de restriction ne fonctionne pas.

Dans "Trends Tendances" Belgique du 13 février 2015 Article intitulé : La BCE s'inquiète de l'hypercroissance de la finance parallèle

" "La taille du secteur de la finance parallèle a plus que doublé durant la dernière décennie", a déclaré Vitor Constancio, vice-président de l'institution monétaire, lors d'un sommet économique à Warwick en Grande-Bretagne. Egalement connue sous le terme anglo-saxon de "shadow banking", la finance parallèle désigne des activités bancaires menées par des fonds d'investissements ou des assureurs. Ces derniers n'étant pas des banques, ils échappent à la réglementation bancaire et au contrôle des autorités.
Selon une étude récente de la BCE, l'ensemble des actifs gérés par ce pan de la finance en zone euro est passé de 19 milliards d'euros fin 2013 à 23 milliards mi-2014. A cette même date, les actifs gérés par le secteur bancaire classique représentaient quelque 30 milliards d'euros.
"Si le shadow banking continue à croître à la même vitesse que durant la dernière décennie et que le crédit bancaire reste stable, les actifs du secteur bancaire non réglementé pourraient dépasser en taille ceux du secteur réglementé d'ici cinq ans", a souligné M. Constancio. Une tendance qui s'explique notamment par un durcissement de la réglementation bancaire, qui incite certains acteurs financiers à se tourner vers des activités moins contrôlées.
"Du point de vue de la stabilité financière, l'émergence du secteur bancaire parallèle pourrait créer un risque qui doit être mieux compris et mesuré. (...) Ce à quoi nous assistons actuellement, c'est à la montée d'un secteur bancaire parallèle qui est lui aussi vulnérable" aux mouvements erratiques, a poursuivi M. Constancio.
Pour limiter ces risques, les autorités "devraient pouvoir imposer des limites d'exposition aux institutions réglementées vis-à-vis de la finance parallèle" ou encore "transférer certaines institutions non-réglementées dans le champ de contrôle des superviseurs", a plaidé le banquier central.
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Réserve fédérale américaine ont récemment exprimé des craintes similaires en mettant en garde contre "les menaces" liées à l'exposition croissante des banques à la finance parallèle.

Dans "Les crises" du 6 février 2015 Article intitulé : Le scandale des nouveaux droits de vote à la BCE
  
" On a donc mis en place une rotation des votes, qui fonctionne ainsi, selon la FAQ du site de la BCE :
Pourquoi une rotation des droits de vote est-elle nécessaire ?
Ce système permettra au Conseil des gouverneurs de conserver sa capacité décisionnelle malgré l’augmentation progressive du nombre de pays participant à la zone euro, et donc du nombre de membres du Conseil des gouverneurs. Conformément aux traités de l’Union européenne, le système de rotation doit être mis en œuvre dès que le nombre de gouverneurs dépasse dix-huit, ce qui s’est produit le 1er janvier 2015 avec l’adhésion de la Lituanie à la zone euro.
Quels sont, chaque mois, les gouverneurs disposant d’un droit de vote et ceux ne votant pas ?
Les pays de la zone euro sont répartis en plusieurs groupes en fonction de la taille de leur économie et de leur secteur financier. Un classement sera établi pour déterminer à quel groupe chaque gouverneur de banque centrale nationale appartient. Les gouverneurs des pays classés de un à cinq (actuellement l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas) se partagent quatre droits de vote. Les autres pays (quatorze après l’adhésion de la Lituanie le 1er janvier 2015) disposent de onze droits de vote. Les gouverneurs votent à tour de rôle selon une rotation mensuelle.
Avant le 1er janvier 2015, le principe « un membre, une voix » était en vigueur. Avec le système de rotation, il y a trois catégories de membres du Conseil des gouverneurs. Cela a-t-il une incidence sur les débats entre les membres du Conseil et sur la prise de décisions ?
L’ensemble des membres du Conseil des gouverneurs assistent à ses réunions et peuvent s’exprimer. Les délibérations se déroulent donc selon des modalités inchangées. Dans la mesure où le Conseil des gouverneurs adopte la plupart de ses décisions par consensus, dans un esprit de coopération, le processus de décision n’a pas non plus été modifié. Bien évidemment, le principe « un membre, une voix » s’applique à ceux disposant du droit de vote à ce moment-là.
Les membres du directoire conservent-ils un droit de vote permanent ?
Oui, les membres du directoire de la BCE disposent d’un droit de vote permanent.

J’adore ce gros complexe :
Peut-on comparer le nouveau système régissant les droits de vote avec le système en place, par exemple, au sein de la Réserve fédérale américaine ?
Le Comité fédéral de l’open market (Federal Open Market Committee, FOMC) de la Réserve fédérale utilise un système très proche de celui de la BCE. Le FOMC compte douze membres disposant du droit de vote, dont sept font partie du Board of Governors et ont un droit de vote permanent, comme les membres du directoire de la BCE au sein du Conseil des gouverneurs. Le président de la Banque fédérale de réserve de New York vote systématiquement, les présidents des Banques de Chicago et Cleveland une année sur deux et les neuf présidents des autres Banques de réserve régionales votent une année sur trois. La rotation aux États-Unis s’opère annuellement, alors qu’elle se fera chaque mois au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE.
OUIIIIIIII ça y est, hmmm, on fait comme la FED !!!!
Bon, ils ont apparemment du mal à comprendre que le Michigan n’est pas aux USA la même choque que la Grèce dans l’UE, mais bon, à ce stade, on ne peut rien faire…
Notez que finalement, le groupe 1 des grands pays vote 4 fois sur 5 (soit 80 % du temps) et le second 11 fois sur 14, (soit 79 % du temps, mais ça baissera à la prochaine adhésion). au final, pas de grande différence, si ce n’est la répartition des non votes.
Pas mal non ???
Allez, on zoome, rapport à la grosse décision d’hier qui a fermé les vannes à la Grèce :
L’histoire retiendra que si tous étaient là, la France l’Irlande et Chypre n’ont pas voté, pas plus que… la Grèce ! Et comme vous le voyez, dans le groupe 2, on ne vote pas 3 mois de suite !!!
(dire que j’étais déjà stupéfait que ce soit “1 pays 1 voix” avant, genre Chypre compte autant que l’Allemagne – tu m’étonnes que c’est promis à un bel avenir une gestion pareille entre États différents)
Et vous notez que l’Allemagne vote jusqu’en mai, le hasard fait bien les choses…
MAIS, pire que tout, on se retrouve avec 4 États privés de droit de vote chaque mois, MAIS, JAMAIS les membres du Directoire de la BCE ne le sont ! Dragui et Coeuré voteront tout le temps, eux !!!
Comme je dis déjà ?
Ah oui, ÉNORME !!!
Voir les tableaux sur http://www.les-crises.fr/le-scandale-des-nouveaux-droits-de-vote-a-la-bce/