Allemagne

ALLEMAGNE

 

Mathias Thépot dans "La Tribune " du 11 décembre 2015 Article intitulé : Pourquoi l'Europe ne peut plus vivre en dessous de ses moyens Savourez cet article comme j'ai pu le savourer. Enfin, les dogmes tombent et la presse accepte de parler et d'écrire les réalités et non le consensus "imposé".

" Il est temps que l'Europe réinvestisse dans la croissance, et mette un terme à sa tendance à l'accumulation des excédents, selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il est temps que la zone euro arrête de vivre en dessous de ses moyens et investisse ! C'est en substance le message délivré jeudi 10 décembre par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans une étude intitulée « donner une chance à la reprise » en Europe, élaborée conjointement avec ses homologues de l'AK Wien (Autriche), l'ECLM (Danemark) et l'IMK (Allemagne). Ce groupe d'instituts -nommée IAGS - vise en particulier le couple germano-bruxellois, responsable des politiques de restriction budgétaire au sein de la zone euro, et qui sont source d'échec.
Reprise molle
Car après l'austérité des années 2011-2013, la reprise en zone euro peine à se matérialiser concrètement comment s'étonner de ce fait ? Qui connait une austérité profitable dans cette configuration, hormis pour les promoteurs de l'austérité qui ont adapté leur économie à percevoir les fruits de cette dernière au détriment d'autres pays ? Souvenez-vous des commentaires sur la trahison de l'allemagne de Merkel. : la croissance n'y sera que de 1,6 % pour 2015 et la Commission européenne table sur + 1,8 % en 2016 et + 1,9 % en 2017. De faibles taux, alors même que  les facteurs externes sont plutôt favorables à la croissance  : la baisse des prix du pétrole, un euro faible, une pause globale dans le processus de consolidation budgétaire, et surtout une politique monétaire impulsée par la Banque centrale européenne qui se veut expansionniste, au moins jusqu'en mars 2017.
Le chômage en zone euro reste par ailleurs proche des 11 %, avec de fortes divergences entre les pays, tout particulièrement entre les pays du nord et les pays du sud. L'avenir de certains pays importants, comme l'Italie, inquiète tout particulièrement les économistes de l'OFCE. Plus globalement, « il faudra attendre entre sept et huit ans avant de retrouver le taux de chômage d'avant crise en Europe », s'inquiète Xavier Timbeau, directeur principal à l'OFCE. Bref, le climat est morose.
Épargner ailleurs plutôt qu'investir chez soi
Mais il y a pire. En effet, l'un des grand maux de la zone euro, et tout particulièrement de l'Allemagne, c'est son obsession  pour l'accumulation des excédents courants. La politique allemande cherche à mettre tout en œuvre en interne pour être compétitif et conquérir des marchés mondiaux. Ainsi, l'Allemagne et, dans une moindre mesure, les autres pays de la zone euro préfèrent épargner leurs rentrées d'argent ailleurs qu'en Europe, plutôt que de les consommer ou de les investir sur le marché domestique. L'excédent courant de la zone euro atteint ainsi 3,8 % de son PIB en 2015, selon l'OCDE. Du jamais vu. A titre de comparaison, le solde positif de la balance courante de la zone euro n'atteignait que 0,5 % du PIB en 2010. Alors, ai-je été trop dur dans mes commentaires passés ?
Ainsi, à l'inverse de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, l'investissement productif dans la zone euro est en constante baisse depuis 2011. Cette situation coïncide avec les politiques de restriction budgétaire mises en œuvre dans la zone, et qui ont contribué à minorer les dépenses de tous les acteurs économiques. Clairement, l'Allemagne impulse cette politique : son excédent courant atteint désormais 280 milliards de dollars soit 8,3 % de son PIB, selon l'OCDE, sur un excédent total de 436 milliards de dollars pour la zone euro.
Respecter les règles européennes
Obnubilé par sa conquête des marchés extérieurs, l'Allemagne joue depuis plus de 10 ans sur la modération salariale, la précarisation du travail et la maîtrise des comptes publics pour limiter la demande interne et renforcer sa compétitivité externe. Une politique qui, couplée avec une monnaie unique, mène la zone toute entière dans le mur, affirme l'OFCE.
Au cours des cinq dernières années, l'Allemagne a même affiché un excédent supérieur à 6 % du PIB, limite au-delà de laquelle la Commission européenne repère un « déséquilibre macroéconomique. ». Pour que les excédents dégagés soient réinvestis dans l'économie européenne, il faudrait donc déjà « que la Commission européenne demande à l'Allemagne de respecter les règles européennes et cet engagement de 6 % », estime Xavier Ragot, le président de l'OFCE. Il faut sortir de cette europe allemande pour mieux recréer l'Europe de la Paix avec une Allemagne non conquérante et non prédominatrice. Si ce n'est pas possible, il faut créer l'Europe de la Paix sans l'Allemagne tout en la controlant car, ne l'oublions pas, l'Europe de la Paix doit être créée pour se protéger du retour à une histoire "boche".  Pour celles et ceux qui pourraient penser que j'y ai été "fort", comment justifier une politique de paupérisation qui a mené des millions d'européens à la pauvreté voire à la pauvreté absolue ? Comment justifier les insultes employées par certains "politiques" allemands envers des peuples Européens ? Insultes identiques à celles employées par l'allemagne nazie ? Je répète que mes propos ne s'adressent pas au Peuple Allemand ni à l'ensemble des politiques allemands mais bien à la descendance politique nazie qu'elle soit allemande, belge, française ou autres. Etant Belge, nous avons eu et avons encore, nous aussi, notre lot de nazis.

Si je comprends que ces mots puissent géner, je pense qu'il nous faut toujours être des plus vigilants et des plus intolérants avec ces faits.

N'oubliez pas que nous entrons dans une pahse de "révolution SOCIOECOPOFI" comme déjà connue dans l'histoire comme fin des années 20. L'influence des innovations informatiques et autres, si elles créeront un "nouveau monde" à terme, vont déstabiliser totalement les paradigmes actuels. C'est bien dans cette prériode qu'il faut A TOUT PRIX maintenir un niveau de vie des Peuples afin que ces derniers ne soient pas tentés par les extrêmes qui ne vivent que de la paupérisation et des peurs. L'économie est avant tout humaine, l'oublier en faveur d'une économie financière a toujours mené aux guerres. C'est pourquoi nous devons maintenir, entre le moment de la mise place des révolutions industrielles et les effets positifs de leur généralisation et de leur "maturité", le pouvoir d'achat de la majorité. Paradoxalement, cette réalité est assez simple à mettre en place et à valoriser si l'on accepte de revoir certains dogmes passés et actuels concernant le temps de travail, la rente universelle (quelle différence entre une rente universelle et le principe de multiples défiscalisations chargées de maintenir les ressources de quelques uns au détriment de l'ensemble et autres "stupidités SOCIOECOPOFI" mises à la charge de tous pour favoriser la minorité qui corrompt ?) etc.. pendant la période de déstabilisation économique.

C'est pourquoi, il nous faut "foutre en l'air" cette europe.

Cette europe n'est pas l'Europe de la Paix.

Cette europe est l'europe des lobbies et l'histoire a montré et démontré que cela se terminait toujours très mal.

Il nous faut "casser" cette europe pour mieux imposer sa reconstruction Humaine et Humaniste.

"Si les vivants ferment les yeux des morts, le temps n’est-il pas venu que les morts ouvrent les yeux des vivants"

Vaclav Havel : « La sauvegarde de notre monde humain n’est nulle part ailleurs que dans le cœur humain, la pensée humaine, l’humilité humaine, la responsabilité humaine. Sans révolution globale dans la sphère de la conscience humaine, rien ne peut changer positivement, même dans la sphère de l’existence humaine, et la marche de notre monde vers la catastrophe écologique, sociale, démographique ou culturelle, est irréversible"


Aymeric Jung : "Comme l’écrivait justement l’auteur de Big Brother “à une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire”."


Une hausse de l'euro nuirait à l'Allemagne
Il serait donc (enfin) temps d'investir dans la zone euro afin de faire repartir l'activité, invective les économistes de l'OFCE. Et pour convaincre l'Allemagne, en plus d'avancer le risque d'explosion de la zone euro tant la situation devient intenable pour certains pays, l'IAGS avance un second argument : celui de voir les excédents allemands perdre de leur valeur une fois que les politiques d'assouplissement monétaire de la BCE seront épuisées, car l'euro s'appréciera. Ainsi, au plus tard en 2017, l'OFCE prévoit « une appréciation du taux de change de 25 % de 1,30 à 1,40 dollar l'euro ». Ce qui aura un effet négatif sur la valeur des actifs accumulés hors zone euro par l'Allemagne ces dernières années.
De quoi, espère l'OFCE, persuader Berlin de réinvestir ses excédents dans la zone euro, et plus globalement de « remédier au problème de gestion macroéconomique de la zone euro », explique Xavier Timbeau.
Relancer (vraiment) l'investissement
L'OFCE milite surtout pour aller plus loin que le seul « Plan Juncker » en Europe, que Xavier Timbeau apparente à une recapitalisation à hauteur de 21 milliards d'euros de la Banque européenne d'investissement (BEI), laquelle l'a déjà été en 2012 de 60 milliards d'euros, ainsi qu'en 2005 de 67 milliards d'euros, « sans que cela n'ait un impact significatif sur l'investissement », constate-t-il. Il prône plutôt « une gestion active de la demande » par l'investissement afin d'enclencher un cercle vertueux à l'intérieur de la zone euro, et qui n'oublierait pas le risque de hausse des inégalités.
Car l'addition des individus au chômage, de ceux voulant un travail mais n'en cherchant plus, et des personnes en situation de sous-emploi, atteint environ 23 % de la population active de la zone euro, selon les chiffres recoupés par l'OFCE. L'investissement social, notamment dans l'éducation, ne pourra donc être délaissé. Sous peine de laisser aux générations futures un héritage bien médiocre. ou la guerre."

Commentaire : Si parfois mes commentaires vous choquent, je tiens à vous présenter mes excuses . Cela est du au fait que mes analyses se basant à la fois sur les enseignements du passé et sur la prospective me font toucher (peut-être à tort) des évidences qui parfois sont des plus négatives. Pour celles et ceux que je choque, j'espère qu'elles et qu'ils ne retiennent que la pertinence de mes propos. Pertinence qui ne se juge que dans le temps et non dans l'instant moutonnier de la publication. Si pendant des années, j'ai opté volontairement pour être et rester dans le système du "bien penser" et de l'anonymat, je pense que les dérives de l'europe allemande, du monde financier etc... implique de dire, au risque de se tromper, nos réalités. Dans tous les cas, le temps est notre seul juge. Avec le temps, comment jugez-vous le bien fondé (ou non) de mes propos ? Excellent week-end. A ce stade, j'ose écrire "avec toute mon amitié".

 

Dans "Boursorama " du 9 décembre 2015 Article intitulé : La France bientôt détrônée comme premier partenaire commercial de l'Allemagne

" La France est partie pour céder cette année aux Etats-Unis sa place de premier partenaire commercial de l'Allemagne, une première depuis la Réunification allemande qui vient souligner un écart qui se creuse entre les deux principales économies européennes. Eh oui, la France en ayant collaboré avec Merkel....
D'avril à septembre inclus, chaque mois cette année l'Allemagne a exporté plus par-dessus l'Atlantique que chez le voisin français, c'est clair qu'avec l'austérité imposée par l'europe allemande... selon les chiffres de l'Office allemand des statistiques. En septembre, dernier mois pour lequel les chiffres par pays sont disponibles, ce sont pour 10,7 milliards d'euros de biens et services qui sont partis vers les Etats-Unis, et pour 9,2 milliards vers la France.
Pour Carsten Brzeski, économiste d'ING, la tendance est claire: "les Etats-Unis sont devenus le plus gros partenaire commercial de l'Allemagne et pour la première fois depuis des années ils vont finir l'année en position numéro un, devant la France". Celle-ci n'avait jamais été détrônée depuis la Réunification en 1990 et cette évolution a "une forte portée symbolique", dit-il à l'AFP.
Le qualificatif "premier partenaire commercial" est un poncif des louanges de la relation franco-allemande, et ne manque à aucune énumération de la solidité des liens entre les deux pays qui aiment voir en leur tandem le moteur politique de l'Europe.
- la réciproque toujours vraie -
Mais les effets conjugués de la faiblesse de l'euro, qui rend plus compétitives les exportations hors du bloc monétaire, de la vigueur retrouvée de l'économie américaine et de la faiblesse relative de celle de la France ont rompun le charme - au moins côté allemand. Pour la France, l'Allemagne est toujours et de loin le premier partenaire commercial, avec une part de 17% des échanges, a redit mercredi à l'Assemblée nationale le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur Matthias Fekl.
"Les Etats-Unis prennent une importance gigantesque, et sont partis pour être la locomotive de l'économie mondiale dans les années à venir", analyse pour l'AFP Anton Börner, président de la fédération allemande des exportateurs BGA, alors que dans le même temps "l'économie française s'affaiblit" et souffre de sa compétitivité en berne.
Les économistes mettent aussi en avant l'effet démultiplicateur de l'euro faible sur les exportations vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni, un autre partenaire important de l'Allemagne.
A ce titre la politique très généreuse de la Banque centrale européenne (BCE), qui en abreuvant la zone euro de liquidités fait baisser la valeur de la monnaie, a tout d'un "programme de relance ciblé" pour l'Allemagne, fait valoir M. Brzeski, et permet notamment de compenser le ralentissement de la demande dans certains grands marchés asiatiques, Chine en tête.
Est-ce à dire que la situation pourrait se retourner à nouveau quand les mouvements de devise s'inverseront? Cela ne semble pas pour tout de suite, avec une BCE partie pour soutenir massivement l'économie et les prix encore un moment.
- "point d'inflexion" -
M. Börner du BGA voit dans la distanciation de la France "un point d'inflexion, quelque chose de long terme" - qui n'enlève rien toutefois au fait que le pays est "un partenaire très important, politiquement le plus important". Du baratin pour expliquer que la France c'est fait avoir.
Pour M. Brzeski, "c'est aussi un reflet des divergences de l'axe franco-allemand", divergences économiques profondes - des indicateurs de compétitivité, de la balance commerciale dont l'une est structurellement déficitaire et l'autre très excédentaire, de la situation des finances publiques -, et de plus en plus divergences politiques.
Quelques jours après le succès électoral du Front National aux élections régionales en France, M. Börner ne cache pas son inquiétude quant à la situation politique du voisin français.
Si le FN était amené à gouverner en France à partir de 2017, date du prochain scrutin présidentiel, et appliquait son programme économique anti-euro et protectionniste, "ce serait une catastrophe", prévient-il, en écho aux inquiétudes de nombreux politiques et représentants des milieux d'affaires allemands." En l'occurence dans la situation actuelle, ce raisonnement est faux. Cela dit M.Börner le sait, mais il joue son rôle.

Frédéric Koller dans "Le Temps" Suisse du 23 novembre 2015  Article intitulé : Mme Merkel et le leadership allemand

" La chancelière dirige son pays depuis dix ans. Elle exerce aussi le leadership européen. Est-ce un problème?
Ses détracteurs parlent de «Kaiserin» à la tête d’un quatrième «Reich». Ses admirateurs voient en elle la «reine de l’Europe», une autorité morale. Après une décennie au pouvoir, Angela Merkel – la chancelière aux yeux d’enfant et à la moue de maîtresse d’école – ne laisse personne indifférent. Sous sa houlette, l’Allemagne s’est transformée, affirmée, normalisée puis imposée.
Qui se souvient de «l’homme malade de l’Europe», étiquette qui collait à l’Allemagne au tournant du millénaire? Il n’est pas si lointain le temps où Berlin n’avait d’autre choix que de s’aligner sur les intérêts américains. Souvenez-vous de l’époque où nos voisins ne nourrissaient d’autre ambition que de devenir une grande Suisse, commercer dans la neutralité, ni plus ni moins.
L’impulsion de Schröder
Aujourd’hui, l’Allemagne agit, ose, décide. Bref, elle assume. La culpabilité liée à son passé n’a pas disparu, mais elle n’empêche plus une certaine fierté nationale de s’exprimer. 70 ans après la fin de la guerre, les Allemands peuvent résolument regarder vers l’avenir.
Quelle est la part de la chancelière dans cette mutation? L’essentiel n’a-t-il pas été réalisé par son prédécesseur, Gerhard Schröder? Les réformes économiques et sociales impopulaires qui ont permis le redémarrage de l’Allemagne, c’était lui. L’envoi de troupes armées à l’étranger, c’était lui. Le refus de suivre les Américains en Irak, c’était encore lui, le social-démocrate épaulé par les Verts.
Deutsche Frage
C’est vrai, Angela Merkel a récupéré le pouvoir au bon moment. Mais ses deux réélections montrent aussi autre chose: sa direction du pays colle aux aspirations d’une large partie de la population. C’est trop rare en Europe par les temps qui courent pour ne pas être souligné. Elle sait aussi faire preuve de courage: face à son camp en imposant la fin du nucléaire, face à une partie de l’Europe pour négocier avec la Grèce, face à la Russie pour stabiliser l’Ukraine. Face enfin à tous les nationalistes pour accueillir les réfugiés.
Cette posture irrite. Forcément. Car l’Allemagne, quoi qu’elle fasse, reste particulière du simple fait de son poids économique et démographique, de sa centralité sur le continent et de son histoire. Son nouveau leadership fait immanquablement ressurgir les vieilles peurs et les vieilles questions – ou plutôt la question allemande (Deutsche Frage) ou le problème allemand (German problem) comme disent les Anglo-Saxons: celle du déséquilibre européen, source de conflit, que provoquerait une Allemagne trop forte.
Le problème, c’est l’Europe
La critique peut sembler injuste. Ce n’est pas par volonté de puissance que l’Allemagne prend l’initiative, mais par défaut. Ses partenaires européens ont longtemps poussé Berlin à prendre ses responsabilités. Désormais, l’Allemagne le fait. Tout simplement parce qu’elle n’a plus d’autre choix: elle est la seule puissance en capacité d’agir. La France, depuis trop longtemps, stagne, le Royaume-Uni prend le large, l’Italie est divisée, la Pologne freine, l’Espagne se désintègre…
«Le plus grand problème n’est pas l’Allemagne mais l’Europe elle-même», expliquait récemment au Graduate Institute de Genève Bernhard Blumenau. L’Allemagne est résolument pro-européenne, elle s’inscrit dans le multilatéralisme et ne défie en aucun cas le système, expliquait encore l’historien allemand. La puissance allemande n’est en quelque sorte que le résultat de l’affaiblissement de ses voisins. Qu'elle a organisé. Il est vrai qu'en ayant que des politicards lobbyisés ou tout simplement idiots en face d'elle.... Et c’est pourquoi Angela Merkel va devoir de plus en plus endosser le rôle de leader européen.
Maintenant, imaginez un instant que ce leadership s’exerce hors du cadre de l’UE: là serait le véritable danger. Eh oui, l'allemagne politique reste une danger qui doit être maîtrisé par tous les moyens.

Michel Santi dans "La Tribune" du 3 novembre 2015 Article intitulé : Le privilège allemand exorbitant

" L'immigration massive en Allemagne va tôt ou tard contribuer à remettre en cause le salaire minimum allemand et à peser sur les salaires en Europe.
L'Allemagne a un gros problème démographique, toutefois pas nécessairement celui que l'on croit. Si sa population est en effet stable à un peu plus de 80 millions d'habitants, c'est l'âge de sa masse salariale qui menace de faire dérailler son économie car elle augmente dangereusement le ratio de dépendance, c'est-à-dire la proportion de ceux qui travaillent et qui contribuent à soutenir les sans emplois. Son Office fédéral des statistiques n'avait-il pas calculé (en avril 2015) que le nombre des 20-65 ans diminuerait de 49.2 millions à 48.8 millions en 2020, sur la base d'une immigration qui s'effondrerait de 500.000 annuellement à 100.000 à l'horizon de la fin de la décennie ? Selon ces barèmes de calcul, la masse salariale dans ce pays ne se maintiendrait au niveau actuel des 49.2 millions de travailleurs âgés entre 20 et 65 ans qu'à la condition expresse d'une immigration annuelle d'au moins 200.000 personnes.
L'immigration massive remet en cause le salaire minimum
Dès lors, ce problème semble aujourd'hui réglé grâce à l'afflux massif de réfugiés, à condition toutefois que celui-ci se maintienne dans la durée...Pas vraiment en fait, car cette ruée sur l'Allemagne comme cet afflux irrésistible de main d'œuvre ne fait que déplacer le problème. En l'occurrence, de le reléguer vers le reste de l'Europe qui se voit une fois de plus sommée de gérer tant bien que mal les décisions unilatérales de la maîtresse des lieux européens. D'une manière ou d'une autre, c'est effectivement le salaire minimum (de 8.50 euros par heure) qui sera remis en question par cette arrivée massive de travailleurs syriens et levantins.
Une concurrence loyale déguisée
Si ce salaire minimum ne pourra être réduit dans l'immédiat pour des motifs légaux ou simplement éthiques, l'augmentation du nombre de salariés agira insidieusement en comprimant le revenu réel et, ce, de manière indirecte. Cet afflux d'hommes et de femmes disposés à accepter un emploi au salaire minimum brouillera logiquement l'ensemble du spectre de l'emploi et entraînera à la baisse le niveau d'exigence des travailleurs situés dans cette fourchette de salaires. Au final, ce plancher de verre du salaire minimum finira par céder, ou sera à tout le moins contourné par le travail gris et par d'autres moyens plus ingénieux. A l'évidence, c'est l'ensemble de l'Union qui en souffrira d'autant plus que les pays du Sud pâtissaient sérieusement de salaires allemands systématiquement à la traîne, qui étaient en fait une concurrence déloyale déguisée.
Les salaires européens condamnés à baisser
En conséquence, n'attendons rien de bon de la part des allemands à présent qu'ils ont ouvert les bras à cette masse de réfugiés car c'est à un authentique choc de l'offre de la masse salariale qu'ils vont désormais confronter les autres membres de l'Union. Dans tous les cas de figure, les salaires européens sont condamnés à baisser et la crise européenne à s'aggraver, laquelle crise fut précisément sous tendue par les écarts du coût du travail entre les différents pays européens. L'afflux de réfugiés en Allemagne exacerbera donc les déséquilibres qui ne pourront être compensés que par des dévaluations intérieures supplémentaires (c'est-à-dire encore et toujours de l'austérité) dans les nations du centre et du sud, faute de réajustements monétaires au sein d'une zone partageant la même monnaie. 

Bref, la situation du premier exportateur mondial ira en s'améliorant pendant que le reste de ses consœurs européennes peineront à survivre non sans subir des taux de chômage à deux chiffres."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 21 octobre 2015 : Merkel: les réfugiés, "c'est la mondialisation qui vient à nous" Non, c'est le résultat des choix politiques de l'europe allemande notamment. Il a été choisi volontairement de ne pas développer les pays "mondialisés" mais de les utiliser pour casser les prix de la production en faveur de l'augmentation des marges. Ce faisant, une chaîne systémique négative s'est mise en place


" La chancelière Angela Merkel a estimé mercredi que l'afflux de demandeurs d'asile en Allemagne était une nouvelle manifestation de la mondialisation, dont son pays a largement profité quand il s'est agi de conquérir de nouveaux marchés à l'export.
   "Votre expérience de la mondialisation jusqu'à maintenant a en gros été : notre économie va dans d'autres pays, installe des usines, vend des produits et le bilan est positif pour l'emploi en Allemagne et nos entreprises", a déclaré Mme Merkel au congrès du syndicat IG Metall à Francfort (ouest). Et cela plante l'Europe de la Paix.
La première économie européenne, longtemps championne du monde du commerce extérieur, exporte pour plus de 100 milliards d'euros par mois à l'étranger et pendant des décennies c'est cela qui a tiré la croissance de son économie.
"Et maintenant nous assistons à un mouvement inverse : c'est la mondialisation qui vient à nous", a poursuivi la chancelière, qui a ouvert grand la porte aux centaines de milliers de candidats à l'asile qui affluent en Europe.
"Ce que nous pensions loin de nous", par exemple la guerre qui ravage la Syrie, ou le chaos dans lequel est plongé a Libye, "devient concret pour nous sous la forme de réfugiés, nous devons apprendre à gérer cela", a-t-elle plaidé. En fait, les guerres de Syrie, Lybie etc..ont été mise en place volontairement par certains de nos politiques
"Nous allons devoir accepter un certain degré d'immigration légale, c'est la mondialisation", a continué Mme Merkel, "à l'époque des smartphones nous ne pouvons pas nous refermer sur nous-mêmes (...), les gens savent bien comment nous vivons en Europe".
Même si les arrivées en masse placent l'Europe et l'Allemagne devant "de gros défis", "pour moi c'est une évidence de dire +nous allons y arriver+", a répété la chancelière, alors que cette affirmation, qui est son credo dans cette crise des migrants, lui attire de plus en plus de critiques en Allemagne et à l'étranger.
L'Allemagne attend cette année au moins 800.000 demandeurs d'asile." De nouveau l'allemagne joue cavalier seul puisqu'elle a besoin de l'immigration pour des raisons démographiques. Cerise sur la gâteau cette imigration lui permet d'augmenter sa compétitivité par rapport à ses "partenaires" européens. L'allemagne a joué et joue cavalier seul.

Christine Lejoux dans "Trends Tendances" Belgique du 19 octobre 2015 : De plus en plus de retraités exercent un "mini-job" en Allemagne

" De plus en plus de retraités allemands se tournent vers les "mini-jobs", ces emplois à temps partiel payés maximum 450 euros par mois outre-Rhin. Le nombre d'Allemands de plus de 65 ans exerçant un mini-job est ainsi passé de 533.000 en 2003 à 904.000 en mars dernier, selon les chiffres de l'agence allemande de l'Emploi.
Le nombre de plus de 65 ans ayant un mini-job augmente d'année en année en Allemagne. C'est dans le secteur du commerce que ces travailleurs âgés sont les plus nombreux.
Selon la parlementaire Sabine Zimmermann, du parti de gauche radicale Die Linke, la plupart des plus de 65 ans exerçant un mini-job le font pour des raisons financières et non pour passer le temps, ce qui rend impérieux, selon elle, une hausse des pensions. Et impérieux, un refus de ce modèle de paupérisation par les pays européens."

Michel Santi  dans "La Tribune" du 12 octobre 2015 : L'Europe : une colonie allemande ?  Comme souvent, Michel Santi fait preuve de courage et de lucidité.

" Les Européens paient cher le prix des obsessions allemandes. A l'occasion d'un entretien téléphonique l'été dernier avec son homologue américain, Wolfgang Schäuble, Ministre de l'Economie allemand crut faire une bonne blague en lui suggérant d'échanger Porto Rico (en état de quasi faillite) contre la Grèce! De fait, l'écrasante majorité des allemands est persuadée du narratif selon lequel leur dur labeur a produit une "vraie" économie dont les excédents seraient en quelque sorte la légitime sécrétion. Cette fiction d'une activité saine entièrement orientée sur les exportations ayant du reste été continuellement entretenue par les médias allemands, dont tous s'étaient réjouis à la perspective d'iles grecques à vendre au plus fort de la crise lors du printemps dernier.
Une exploitation des autres peuples
Pour autant, cette fiction allemande passe sous silence que les succès de leur économie et que la taille de leurs excédents commerciaux repose sur une mécanique -du type néo colonial- à broyer les peuples. Car cette économie ne prospère que par une exploitation en bonne et due forme par les allemands des autres peuples d'Europe. Sans euro, pas d'excédent allemand en effet, car la ruée sur les biens produits dans ce pays aurait à l'évidence -par envolée interposée du deutschemark- été répercutée par une augmentation de leurs prix et par un alignement à la hausse des salaires allemands, dont l'effet conjugué aurait neutralisé les excédents.
Ces fameux excédents commerciaux faisant tant la fierté de Schäuble sont banalement la conséquence de salariés qui reviennent moins chers à employer que de machines à utiliser! Les robots - plus chers pour équiper des chaînes de production- sont donc simplement remplacés par de la bête humaine dans un mécanisme réglé comme du papier à musique qui autorise ainsi des économies substantielles en capitaux. Du reste, les statistiques prouvent formellement ce choix allemand délibéré car, en comparaison de son P.I.B., l'investissement y est le plus bas de tous les pays industrialisés.

Une carence en investissements allemands
La croissance européenne anémique est donc la conséquence directe de cette carence en investissements allemands et, en l'occurrence, la Schäuble économie s'avère être un poison pour l'ensemble du continent. Authentique malédiction, ces ressources sous exploitées par l'Allemagne condamnent l'Union à être une éternelle suiveuse en termes de croissance et imposent subsidiairement l'austérité à toute la périphérie européenne. Comprenons-le bien: les excédents allemands sont le reflet d'une économie allemande inefficiente et en mal d'investissements. En attendant, c'est la quasi totalité des autres peuples d'Europe qui paient chèrement le prix des obsessions allemandes et, ce, pendant que Schäuble réécrit tranquillement l'Histoire faite pourtant de l'afflux massif de la main d'œuvre provenant d'Allemagne de l'Est et des infâmes réformes Hartz ayant exercé une compression intolérable sur l'ensemble des salaires européens.
Autrefois seule à être malade, l'Allemagne a aujourd'hui contaminé les 28 autres pays partageant sa monnaie."

Commentaire : Et dire que pour certains "j'y allais fort"... Il est vrai qu'il y a quelques années ce n'était pas encore aussi évident. Aux prochaines élections, l'europe allemande doit être combattue par tous les moyens car elle mènera inévitablement à un système de cerfs des volontés politiques allemandes que nos anciens résistants ont combattu pour nous léguer notre liberté. Combat qui c'est fait contre les politicards et les collabos divers et variés sous la protection policière (comme aujourd'hui à Bruxelles et ailleurs). Nous assistons à un retour en arrière de toutes nos libertés avec une collaboration totale des politicards en place. Politicards qui ne sont en place que par la volonté allemande. Dans mes commentaires, je fais bien la différence entre le Peuple Allemand et les politicards allemands.  politicards allemands ou boches pour certains ?

J'emploie le terme "politicards" tant il est évident que qu'ils ne sont plus des "HOMMES POLITIQUES".

Bernard Bridel dans "La Tribune de Genève" Suisse du 25 septembre 2015 : Merkel rejoint Poutine pour replacer Assad au centre du jeu

" C’est peut-être le déclic que l’on attendait pour enfin trouver une issue à la guerre qui ravage la Syrie depuis quatre ans et demi. Jeudi, à l’issue du sommet extraordinaire des Vingt-Huit à Bruxelles consacré au drame des réfugiés syriens qui affluent en Europe, Angela Merkel a lâché une de ces phrases qui pourrait faire date. Interrogée sur la manière de résoudre le conflit, elle a affirmé: «Il faut parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad, mais il y en a d’autres», a-t-elle dit, citant également les alliés de Damas, la Russie et l’Iran.
Très remarquées, ces déclarations constituent un tournant dans l’attitude de la chancelière, jusqu’ici opposée à tout compromis avec le maître de Damas, considéré comme le principal responsable du bain de sang dans lequel son pays est plongé depuis mars 2011.
Cette soudaine conversion à la realpolitik de Berlin ne doit rien au hasard. Elle est le fruit de plusieurs facteurs, dont la crise des réfugiés qui menace la cohésion européenne n’est pas le moindre.Mais l’implication chaque jour plus visible de la Russie dans le conflit syrien est sans doute l’autre raison majeure qui a poussé Berlin à modifier sa position.
La Russie tous azimuts
Il faut dire qu’à quelques jours de l’Assemblée générale de l’ONU au cours de laquelle la Syrie constituera un des sujets majeurs, Moscou fait preuve d’un activisme tous azimuts. En effet, alors que Vladimir Poutine appellera la semaine prochaine à New York à une grande coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (Daech), incluant le régime de Bachar el-Assad, Moscou ne cesse de renforcer son aide militaire à ce même régime et a annoncé jeudi des manœuvres de sa flotte au large de la Syrie.
Rencontre Obama-Poutine
Face à cette omniprésence de Moscou, l’annonce jeudi d’une rencontre entre le maître du Kremlin et Barack Obama, lundi à New York, est un indice supplémentaire du rôle incontournable de la Russie dans la résolution du conflit syrien.
Preuve ultime que les choses bougent: le président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’un des plus farouches opposants au régime de Damas, a emboîté le pas à la chancelière, affirmant jeudi que Bachar el-Assad pourrait faire partie d’une période de transition de la crise en Syrie.
Enfin, dans une interview au Temps, le chef du DFAE, Didier Burkhalter, a assuré jeudi, avant son départ pour New York, «qu’aucune solution n’est possible en Syrie si l’on ne travaille pas avec l’éventail, le plus large possible, y compris avec des composantes du pouvoir». Pas de doute, Bachar el-Assad est en passe de gagner son pari: rester au centre du jeu."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 13 août 2015 Article intitulé : Grèce : pourquoi l'Allemagne joue la montre

" Wolfgang Schäuble fait la moue devant le projet de mémorandum. Un débat s'est engagé sur le sujet au sein du gouvernement allemand. Il pourrait conduire à renforcer encore la tutelle sur Athènes.
C'était à prévoir. L'Allemagne se montre très prudente face à « l'accord technique » trouvé le 11 août entre la Grèce et le « quartet » formé des représentants de la Commission européenne, de la BCE, du FMI et du Mécanisme européen de Stabilité (MES). L'allemagne qui a planté la Grèce et l'Europe de la Paix au-dessus de tout le monde ? Que nous a appris notre histoire ?   Certes, le gouvernement fédéral salue la « bonne volonté » d'Athènes en matière de « réformes » qui a fait preuve « d'une attitude constructive », mais, décidément, ce n'est pas assez. Le porte-parole du gouvernement allemand, Stefen Seibert, a prévenu : « il faut encore reconstruire la confiance par la mise en œuvre des réformes. » Autrement dit, Berlin demande que la mise sous tutelle d'Athènes soit encore renforcée. Décidemment, l'histoire...
Plus de tutelle
Cette demande est assez étonnante. Lorsque l'on regarde dans le détail du projet de mémorandum, en effet, on observe que le gouvernement grec sera tenu de rendre compte de ses réformes à des dates très précises. Mais il est clair que ce que vise Berlin, c'est de maîtriser davantage la libération des fonds. Plutôt que de donner aux Grecs des tranches importantes pour faire face à leurs échéances, le gouvernement allemand serait partisan d'une libération de l'argent au compte-goutte, au moment de chaque échéance, par exemple. Ce maintien d'un « nœud coulant » permettrait évidemment de s'assurer de l'obéissance du gouvernement grec qui, malgré sa bonne volonté affichée depuis le 13 juillet, reste décidément suspect aux yeux des dirigeants allemands.
Retard au Bundestag
Berlin pourrait commencer dès maintenant la mise en pratique de cette stratégie en retardant la validation du texte par le Bundestag de cet accord technique. Chantage ? Est-ce vraiment la-dessus que l'Europe de la Paix doit se construire ? Et si on virait les politiques allemands voire réencadrer l'allemagne pour ne plus être sous sa coupe ? Mercredi 12 août, le ministère des Finances allemand a fait savoir qu'il allait étudier le texte au plus jusqu'à la fin de la semaine prochaine, donc jusqu'au 21 août. Impossible donc de convoquer le Bundestag avant cette décision. Or, sans le vote du parlement, impossible de disposer du vote allemand au MES et, donc, de libérer les fonds. Ce retard devrait empêcher le versement de la première tranche de « l'aide » et obliger Athènes à solliciter un financement-relais pour faire face à l'échéance de 3,4 milliards de dettes détenues par la BCE et venant à échéance le 20 août. C'est exactement ce que cherche Berlin : obliger le gouvernement grec à « donner des gages » pour obtenir de l'argent. Technique des boches mettre à genoux et humilier avant d'abattre. Ils n'ont pas changé. Je parle des politiques et non du Peuple.
Opposition entre Sigmar Gabriel et Wolfgang Schäuble
Ce retard est, du reste, assuré par l'existence d'un débat au sein du gouvernement allemand sur le fond du texte. Comme souvent, il prend la forme d'une passe d'armes entre le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Alors que le premier n'a pas caché son enthousiasme pour le projet de mémorandum, le second ne s'est pas officiellement exprimé. Mais selon la Süddeutsche Zeitung de ce jeudi, un document interne à son ministère estime que le document est trop imprécis. D'autre part, il manquerait encore « d'importantes réformes » dans la liste spécifié par le projet. Bref, la Wilhelmstrasse, siège du ministère fédéral des Finances, souhaiterait durcir le texte. Au final, Angela Merkel - qui reste soigneusement muette - règlera le débat. Mais elle a tout intérêt à le laisser apparaître, car c'est un message envoyé au FMI, à Athènes et à Paris.   L'Allemagne qui de nouveau dicte sa loi à tous....
Fonction du débat allemand
Ce débat a une fonction importante dans le nouveau rôle qu'entend jouer l'Allemagne en Europe. Il montre que l'accord de Berlin n'est jamais acquis. Ceci signifie que la Grèce, mais aussi l'ensemble des autres pays de la zone euro, doivent évidemment faire un effort supplémentaire pour apaiser le débat interallemand et arracher l'accord du gouvernement fédéral. Le message est aussi envoyé au FMI qui hésite à se lancer, sans restructuration d'envergure de la dette grecque, dans cette périlleuse aventure d'une nouvelle phase de la cavalerie financière pour « sauver la Grèce. » Avec une Allemagne encore hésitante, le FMI constate que le défaut grec n'est toujours pas à exclure. Pour sauver sa mise existante, le FMI doit donc rassurer l'Allemagne, abandonner ses demandes de restructuration dont Berlin ne veut pas entendre parler et reprendre un engagement vis-à-vis de la Grèce. Et le FMI est devenu "allemand". Allemand ou boche ? Une situation qui peut sembler absurde, mais qui est le fruit de la logique à l'œuvre depuis 2010.
Craintes à Athènes et à Paris
Quant au gouvernement grec, ce débat berlinois ne peut que l'inquiéter. Sans accord allemand, pas de mémorandum. Or, dans la logique adoptée le 13 juillet par Alexis Tsipras, il n'y a pas d'alternative au mémorandum. Il faut donc à tout prix rassurer la Wilhelmstrasse. Si nécessaire, on acceptera donc de resserrer la tutelle et de s'engager sur quelques réformes supplémentaires. En réalité, Athènes n'a plus les moyens de résister aux pressions allemandes. L'allemagne a joué "Sun Tzu", "Clausewitz " ou les deux ?
Ce débat intérieur à l'Allemagne est aussi un message envoyé à la France. Il consiste à montrer que pour conserver l'Allemagne dans la « solidarité européenne », il faut donner davantage de gages. En termes budgétaires, bien sûr, comme l'a encore réclamé ce dimanche Volker Kauder, un proche de Wolfgang Schäuble, mais aussi en ce qui concerne le futur « approfondissement » de la zone euro qui pourrait passer, sur la pression allemande, par une nouvelle surveillance renforcée des budgets nationaux via un « ministre des Finances de la zone euro » indépendant de la Commission. Les hésitations de Wolfgang Schäuble et l'opposition renforcée au Bundestag au plan grec, sont autant de raisons de chercher à « rassurer Berlin. » Et au final, de renforcer le pouvoir de décision allemand dans la zone euro. Et la france a de nouveau collaboré...maintenant va t-elle se faire bouffer ? J'en doute tant qu'elle collabore. Etre un bouffon, se faire bouffer ou se battre ? Quel autre choix ?
Renforcement de la démocratie allemande au détriment de la grecque
La stratégie allemande commence donc progressivement à prendre forme. On assiste au renforcement de la démocratie allemande au détriment de la démocratie grecque. Pour réduire le nombre d'opposants au plan parmi les députés conservateurs allemands (une minorité qui de toutes façons ne remetrait pas en cause l'adoption de ce plan, compte tenu de la grande coalition), on cherche ainsi à renforcer la mainmise des créanciers sur le processus de décision en Grèce. On assiste aussi à une forme de pression permanente sur le reste de la zone euro pour obtenir des concessions. C'est le fruit de la crise grecque où l'on a vu combien le débat Schäuble-Merkel sur le Grexit a inquiété la zone euro. Cette méthode pourrait perdurer dans l'avenir."

Romano Prodi dans "Le Monde" du 13 août 2015 Article intitulé : Ne laissons pas l’Allemagne dénaturer le projet européen

" La crise grecque se rappelle à nous alors qu’un troisième plan d’aide vient d’être conclu. Pourtant, l’Allemagne continue de renâcler et d’offrir aux observateurs l’image d’une Europe divisée sur ce qu’il convient de faire.
Après le compromis du 13 juillet entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro, on se réjouissait d’avoir évité le pire. Hélas, la méfiance persiste. Le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble aurait en effet proposé, au cours d’une réunion de l’Eurogroupe, de réduire les pouvoirs de la Commission européenne et de confier les principales décisions de politique économique à une autorité indépendante.
Jean-Claude Juncker n’a réagi que timidement à cette proposition. En tant qu’ancien président de la Commission européenne, j’estime avoir le devoir politique et moral de prendre position pour m’y opposer.

Virage politique inquiétant
Ma première objection est de nature juridique, car cette proposition contrevient à l’article 17 du traité de l’Union européenne (UE) qui garantit les pouvoirs de la Commission européenne en disposant que « les membres de la Commission ne sollicitent ni n’acceptent d’instructions d’aucun gouvernement ». Et pourtant, le projet de M. Schäuble semble bien s’approcher d’une redéfinition des compétences de la Commission afin de les restreindre. Au-delà de cette question juridique, je suis particulièrement inquiet du virage politique que nous sommes en... En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/08/13/ne-laissons-pas-l-allemagne-denaturer-le-projet-europeen_4723116_3232.html#4jycm0zusZYvJZHc.99

Commentaire : Et venant de Monsieur Romano Prodi.... Les politiques allemands recommencent. Où sont les politiques français qui mettaient en avant le fait d'être germanophile. Pourquoi se taisent-ils depuis plusieurs mois voire un an ?

Dans "Trends Tendances" Belgique du 13 août 2015 Article intitulé : Comment les économies allemande et japonaise se sont "miraculeusement" relevées après la Guerre

" "Miracle": ainsi désigne-t-on la spectaculaire transformation des deux grands vaincus de la Seconde guerre mondiale, l'Allemagne et le Japon. Retour sur les destins parallèles de ces deux puissances économiques mondiales, 70 ans après leur capitulation.
1945, année zéro: les deux pays sont ruinés, ravagés par un conflit d'une violence inouïe.
Au Japon, un quart de la richesse nationale (Produit national brut) d'avant-guerre s'est évaporé. Pourtant, l'Archipel va parvenir à s'ériger en 1968 au rang de deuxième économie planétaire, fort d'une croissance de 9% par an en moyenne de 1955 à 1973.
Au "odorokubeki Nihon" (stupéfiant Japon), selon le titre d'un article de 1962, répond le "Wirtschaftswunder" (miracle économique) de l'Allemagne qui, plus rapide encore, va se hisser derrière les Etats-Unis dès la fin des années 50.
Dans l'immédiat après-guerre, les Alliés jugulent les capacités industrielles allemandes, concentrées dans la Ruhr (ouest), démembrant par exemple la société IG Farben, qui fabriqua le gaz Zyklon-B utilisé dans les camps de la mort. Au Japon, via le général Douglas MacArthur, les occupants américains démantèlent de même de grands conglomérats ("zaibatsu").
Guerre froide
Mais cette politique s'assouplit bientôt dans le contexte de la Guerre froide, et priorité est donnée au renforcement économique pour contrer la "menace communiste".
En 1948, Américains, Britanniques et Français introduisent dans les trois zones allemandes sous leur contrôle le Deutsche Mark et s'attaquent à l'inflation. Idem au Japon sous la houlette du banquier Joseph Dodge qui serre les boulons.
L'aide financière massive des occupants va tenir un rôle décisif sous la forme du plan Marshall en Europe, un gigantesque programme de 13 milliards de dollars, majoritairement des dons.
La toute jeune République fédérale d'Allemagne (RFA, ex-Allemagne de l'Ouest), fondée en 1949, va recevoir environ 1,5 milliard de dollars. La République démocratique d'Allemagne (RDA), satellite de l'URSS fondé la même année, n'en bénéficiera pas, Staline ayant refusé l'aide américaine.
Cette masse "considérable d'argent a déclenché la reconstruction économique" de la RFA, même si elle n'est qu'un "facteur parmi d'autres", explique à l'AFP Arnd Bauerkämper, professeur d'histoire à la Freie-Universität de Berlin.
L'universitaire cite ainsi la puissance industrielle du pays (automobile, chimie, électronique) et le "réservoir de main d'oeuvre" constitué par les 13 millions d'Allemands expulsés après-guerre de territoires d'Europe de l'Est. L'effacement de 60% de la dette allemande en 1953 à Londres a également contribué à sortir le pays du marasme.

Durant les "Trente Glorieuses" (1946-1975), le modèle d'économie sociale de marché impulsé par le chancelier conservateur Konrad Adenauer et son ministre de l'Economie Ludwig Erhard, qui lui succèdera, apportera à la RFA une période quasi ininterrompue d'aisance et prospérité (la croissance tourne autour de 7% par an, le chômage tombe de 11% en 1950 à 0,7% en 1965), jusqu'au choc pétrolier de 1973.
Triomphant
Le rebond japonais est tout autant prodigieux, mais "contrairement à l'Allemagne placée sous la coupe de quatre alliés, le Japon doit orchestrer son redressement sous la tutelle des seuls Etats-Unis", qui "prennent en charge sa sécurité", relate l'universitaire Tag Murphy dans un ouvrage récent, intitulé "Japan and the Shackles of the past" (Oxford University Press, non traduit).
C'est à la force du poignet que le pays se rétablit, même si la guerre de Corée donne entre 1950 et 1953 un coup de pouce salutaire aux entreprises nippones, avec une profusion de commandes américaines.

"Bon sang, ce n'est plus l'après-guerre!": dans son livre blanc sur l'économie, le gouvernement lance en 1956, quatre ans après le départ de l'occupant, le mot d'ordre de la mobilisation. En finir avec les lamentations, se retrousser les manches.
Le visionnaire et planificateur ministère du Commerce et de l'Industrie (Miti) enrôle les banques et entreprises, des "institutions semblables à une famille, tribu ou fondation religieuse", très solidaires. C'est vrai des conglomérats (Mitsubishi, Sumitomo...), de plus petites sociétés créées avant-guerre comme Toyota ou Matsushita (aujourd'hui Panasonic) ou de nouvelles firmes mues par des capitaines d'industries (Sony, Honda).
"Les entrepreneurs avaient à coeur d'investir et innover, ils étaient prêts à prendre des risques avec le sentiment qu'enfin, leur heure était venue après ces longues années de guerre", souligne Ivan Tselichtchev, professeur d'économie à l'Université de gestion de Niigata (nord-ouest du Japon).
Et d'évoquer un contexte propice (la préparation des jeux Olympiques de Tokyo de 1964) et "un environnement humain extrêmement favorable": "des travailleurs motivés, disciplinés et désireux de servir leur compagnie". Le tout "amplifié par un système unique d'emploi à vie, de progression à l'ancienneté et de syndicats coopératifs".
Ce modèle, qui montre ses limites aujourd'hui, fit la richesse d'un Japon triomphant avant qu'il ne soit arrêté dans son élan par l'éclatement des bulles boursière et immobilière au début des années 90.
Depuis, la désormais troisième puissance économique mondiale (derrière la Chine) cherche à retrouver son lustre d'antan, quand l'Allemagne, quatrième, peut se targuer d'être la locomotive en Europe.
Avec l'AFP

Romaric Godin  dans "La Tribune" du 10 août 2015 Article intitulé : Zone euro : que veut l'Allemagne ?

" Au lendemain de l'accord grec, Berlin envoie des messages sans équivoque : l'Allemagne cherche un renforcement de la surveillance budgétaire en zone euro. Et la France ne devrait pas pouvoir s'y opposer. Elle pourrait cependant en être la première victime.
« Il ne peut pas être possible que la France ne maîtrise pas encore son déficit budgétaire ! Il existe une limite pour cela : 3 %. Si elle est dépassée, il doit y avoir des sanctions. » Cette déclaration du chef du groupe conservateur CDU/CSU au Bundestag Volker Kauder dimanche 9 août au journal Welt am Sonntag semble donner raison à Yanis Varoufakis qui, voici une semaine, affirmait que « la destination finale de la troïka est Paris. » Elle montre, en tout cas, que la dernière crise grecque semble avoir convaincu l'Allemagne d'accepter son rôle d'hegemôn, de puissance dirigeante de la zone euro. Et que la position allemande est beaucoup plus claire qu'il n'y paraît.
Qui est Volker Kauder ?
Volker Kauder n'est pas n'importe qui. Sa position est centrale : en tant que chef du groupe parlementaire, il doit faire accepter la position du gouvernement aux députés. Une tâche ardue qu'il mène avec zèle. Dans cette même interview, il menace du reste les 60 députés qui n'ont pas voté en faveur du plan de renflouement de la Grèce de sanctions, notamment leur exclusion des commissions parlementaires des affaires européennes et budgétaire. Des propos qui ont déclenché l'émoi au sein du parti. Il n'est donc pas un rebelle et un opposant à Angela Merkel, c'est au contraire un des éléments clé de son pouvoir. Mais c'est aussi un proche du ministre des Finances Wolfgang Schäuble, un « dur » qui, fin juin, avait lui aussi évoqué la possibilité d'une sortie de la Grèce de la zone euro. En réalité, Volker Kauder est la preuve de l'accord existant entre la Chancelière et son ministre.
« Jouer avec le Grexit », sans le risquer
Ceci doit amener à revoir la version communément acceptée de la fin de la crise grecque. Dans cette version, Wolfgang Schäuble est le « méchant » qui, le 11 juillet, propose à l'Eurogroupe un plan d'exclusion de la Grèce de la zone euro de 5 ans pour lui permettre de se restructurer. Angela Merkel est, au contraire, la « gentille. » Elle vient le 12 juillet pour écarter le plan Schäuble et maintenir la Grèce dans la zone euro. Mais il se pourrait bien que cette opposition ne soit que tactique. Un scénario qu'a compris le politologue et sondeur allemand Richard Hilmer dans une interview du 17 juillet dernier à Welt. Il y explique que la stratégie du gouvernement consiste à « jouer avec le Grexit. » « Angela Merkel se passe la balle avec Wolfgang Schäuble », poursuit-il, « Il frappe fort, elle montre de l'empathie. Et les deux profitent à la chancelière. »
Dès lors que le danger d'un « Grexit d'initiative grecque » a été écarté au lendemain du référendum le 6 juillet avec la démission de Yanis Varoufakis, Angela Merkel a su qu'elle pouvait faire céder entièrement Alexis Tsipras en le menaçant d'un « Grexit d'initiative allemande. » D'où la proposition Schäuble du 11 juillet. La panique qui a suivi à Athènes a permis à la Chancelière d'obtenir une capitulation hellénique. En se payant le luxe de paraître, aux yeux de certains, magnanime en acceptant certaines « concessions » (le maintien de la loi sur l'urgence humanitaire, la localisation du Fonds de privatisation en Grèce et non au Luxembourg) qui n'étaient en fait que des adoucissements des conditions du 11 juillet.
Le rôle du « Janus allemand »
Ce « Janus allemand » a permis de dégager un accord très positif pour le gouvernement allemand qui pouvait ainsi paraître à la fois ferme et déterminé à sauver l'euro. Il permettait aussi à l'Allemagne de satisfaire une de ses principales hantises historiques : apparaître comme une puissance dominatrice. Entretenir une fiction de division donnait une impression de fragilité qui ne convient guère à une telle puissance. Surtout, elle permettait de maintenir, pour les gouvernements de gauche du sud de l'Europe, l'idée que l'Allemagne d'Angela Merkel est différente de celle de Wolfgang Schäuble, et donc bien plus chargée « positivement. » Ceci permet d'affirmer : Wolfgang Schäuble ne représente pas le gouvernement allemand, comme l'a fait la semaine dernière Michel Sapin, son homologue français. Au nord, au contraire, les gouvernements finlandais ou néerlandais pouvaient se satisfaire de la force de Wolfgang Schäuble. Chacun pouvait donc se trouver en accord avec l'Allemagne, réduisant à néant les accusations de domination.
Pourtant, nul n'aura manqué de le remarquer, ni Volker Kauder, ni Wolfgang Schäuble, n'ont contesté cet accord. Le ministre des Finances a certes continué à défendre son projet de Grexit « temporaire », mais il n'en a pas pour autant quitté son poste, bien au contraire. Il a défendu, avec l'aide de Volker Kauder, devant le Bundestag, l'accord et a demandé aux députés de le voter. Bref, Wolfgang Schäuble a bel et bien défendu l'accord. Pour une raison simple : il est le préalable à l'organisation de la zone euro qu'il désire.
Obtenir une neutralisation politique des budgets
Cet accord confirme en effet la prééminence de la « règle » en matière économique sur la politique. Alexis Tsipras, fort de son mandat électoral, voulait « réorienter la zone euro », puis, plus modestement (et sans doute de façon plus réaliste), réorienter la gestion économique de la Grèce. L'accord du 13 juillet a soldé l'échec de ces deux tentatives. La conclusion en est tirée par Volker Kauder dans l'interview déjà citée : « nous pouvons parler politiquement de beaucoup de choses en Europe, mais les règles de stabilité doivent être traitées, selon les lois, en dehors du champ du politique. » Autrement dit, comme l'affirmait Wolfgang Schäuble, cité par Yanis Varoufakis : « il n'est pas possible qu'une élection remette tout en cause. » Et la démocratie ?
L'accord grec permet donc d'exclure de facto du champ du politique le domaine budgétaire. On comprend ainsi mieux pourquoi l'Allemagne - par la voix de son vice-ministre des Finances, Jens Spahn, défend un « accord global » plutôt qu'un accord permettant un financement-pont pour rembourser la BCE le 20 août. Il s'agit de s'assurer que l'objectif de « neutralisation politique » de la Grèce soit atteint. Et pour cela, il ne faut laisser aucune marge de manœuvre à Athènes. Il convient aussi - et c'est un des points sur lequel Berlin insiste beaucoup - de maintenir une surveillance constante.
Angela Merkel convaincue par les objectifs de Wolfgang Schäuble
Et ceci n'a pas été obtenu contre Angela Merkel, mais avec son soutien et sa participation. La chancelière écrit, autant que Wolfgang Schäuble et Volker Kauder, cette nouvelle page de l'histoire de l'Europe. Angela Merkel n'a sans doute jamais cru à la théorie de son ministre des Finances qu'un Grexit renforcerait l'unité de la zone euro. Mais elle a vu dans l'utilisation du Grexit une opportunité de renforcer les règles d'inspiration allemande qui régissent cette zone euro. Car, en tant que membre de la CDU, elle partage cette ambition avec l'ensemble de son parti (et également avec l'immense majorité des Sociaux-démocrates). Angela Merkel est favorable à cette exclusion du politique du domaine budgétaire. C'est elle qui a imposé en 2009 en échange du plan de relance une « règle d'or budgétaire » très stricte. En 2010, elle a renoncé à ses promesses électorales de baisse d'impôts. Et depuis, elle soutient la politique de Wolfgang Schäuble de retour à l'équilibre budgétaire, malgré les besoins criants d'investissement fédéraux, notamment dans les infrastructures.
La Grèce, insuffisant exemple
En réalité, la chancelière est convaincue, comme son ministre des Finances, que l'application stricte des règles budgétaires est la seule façon de maintenir la cohérence de la zone euro. Non, de maintenir la domination allemande. Or, Angela Merkel veut maintenir cette cohérence. Si donc l'Allemagne doit apporter sa garantie à un nouveau plan pour Athènes, il faut que ce plan permette de renforcer cet objectif au niveau de la zone euro. L'enjeu est donc moins grec qu'européen. Et, précisément, c'est ici que se situe un écueil : utiliser la Grèce comme exemple pourrait ne pas suffire. Car la Grèce est un cas particulier. Le pays n'a pas accès au marché financier, il est surendetté, il a une économie affaiblie et un système bancaire en lambeaux. Faire pression sur lui est aisé. Mais est-ce suffisant pour en faire un « modèle », notamment vis-à-vis de pays plus solides, mais peu respectueux des « règles » comme la France et l'Italie, voire même pour l'Espagne ? Pas réellement. L'accord du 13 juillet va donc être complété par un autre dispositif.
Maintenir le risque de Grexit
En préalable, Berlin continue à faire vivre le risque de Grexit. On l'a vu : à peine séchée l'encre de l'accord du 13 juillet, Wolfgang Schäuble a répété qu'il jugeait le Grexit préférable. Depuis, des parlementaires conservateurs expriment leurs doutes sur la possibilité de s'entendre avec Athènes, comme ce lundi 10 août, Ralph Brinkhaus, adjoint de Volker Kauder au Bundestag. Ceci permet de maintenir une pression non seulement sur le gouvernement grec dont on s'assure ainsi la soumission aux demandes des créanciers, mais aussi sur l'ensemble des gouvernements de la zone euro, à commencer par ceux des deux pays qui redoutaient le plus le Grexit, la France et l'Italie. L'épée de Damoclès du plan Schäuble du 11 juillet demeurant au-dessus des têtes, chacun va s'efforcer de donner des gages à l'Allemagne, notamment dans le cadre de la future réforme de la zone euro. Les atermoiements allemands dans le cadre des discussions avec la Grèce ont aussi pour vocation d'entretenir ce risque.
La proposition Hollande
L'objectif final de l'Allemagne est donc la fameuse réforme de la zone euro. Wolfgang Schäuble la veut depuis longtemps et l'on se souvient qu'il avait déjà proposé un plan dans les années 1990 à ce sujet. Là encore, stratégiquement, Berlin a joué très finement. Traumatisé par le week-end de négociations et par le plan Schäuble, François Hollande a, le 14 juillet, proposé un « gouvernement de la zone euro » avec « un budget et un parlement. » L'Allemagne n'a pas manqué de s'engouffrer dans la brèche : un tel projet est évidemment présenté comme un sacrifice pour le pays. Un « budget de la zone euro » ne serait-il pas le premier pas vers une « union des transferts » ? Un gouvernement de la zone euro et un parlement de la zone euro ne seraient-ils pas un abandon de la souveraineté allemande en matière financière ? Il faut donc des compensations.
Émoi feint en Allemagne
En réalité, l'émoi allemand est en grande partie feint. Le poids de l'Allemagne et de ses alliés les plus sûrs et les plus proches (Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Finlande, pays baltes, Slovaquie, Slovénie et, dans une moindre mesure, l'Autriche, le Portugal et l'Espagne) est tel qu'un projet de ce type ne saurait remettre en cause la capacité de Berlin à déterminer les choix qui seront faits dans la zone euro. Alors, europe allemande or not ? De plus, on ignore le montant du futur budget de la zone euro, ainsi que son usage. Une chose est certaine : les décisions de la cour de Karlsruhe depuis 2009 interdisent aux gouvernements fédéraux d'exécuter des transferts sans l'accord du Bundestag. Dans le cas du Mécanisme européen de Stabilité (MES), il avait fallu accepter de donner un veto au représentant allemand pour toute décision, lequel devait s'exprimer après un vote du parlement. Il y a donc fort à parier que le futur budget de la zone euro fonctionne selon le même mode.
Obtenir un ministre des Finances européen qui surveille les budgets
Mais Berlin doit entretenir le mythe du « sacrifice » que représenterait pour la République fédérale cet « approfondissement » de la zone euro. Pour obtenir le renforcement de la neutralisation politique des politiques budgétaires nationales. Pour cela, il faudra sans doute passer encore, comme en 2011 et 2012 avec les directives Two Pack et Six Pack, par un renforcement de la surveillance et de la punition. C'est l'objet de la phrase de Volker Kauder au Welt am Sonntag le 9 août. La tolérance pour des déficits excessifs doit cesser. Il devrait donc y avoir un durcissement dans l'acceptation des « écarts. » Et pour s'assurer que la surveillance soit parfaite, il faut un contrôle plus « indépendant » que celui de la Commission, jugée à Berlin trop à l'écoute des différents pays, trop laxiste, en un mot trop « politique. » L'idée serait donc de transmettre cette surveillance à un « ministre des Finances » de la zone euro, une vieille idée de Wolfgang Schäuble. Une idée qui a sans doute la faveur de la BCE qui a joué un rôle important dans l'appui à la menace de Berlin de Grexit en envisageant ouvertement et pour la première fois la possibilité d'une exclusion de la zone euro par la bouche de deux des membres de son directoire, Benoît Coeuré et Vitor Constancio.
La France prise au piège
Bref, pour obtenir le feu vert de Berlin, pour empêcher l'Allemagne de continuer à jouer avec le risque de Grexit, Paris va devoir faire d'immenses concessions et accepter une surveillance plus stricte et plus dure de son budget. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble savent que s'ils parviennent à faire céder sur ce point la France, pays le plus réticent à la « neutralisation » de la politique budgétaire, ils auront atteint leur objectif. Mais, comment le gouvernement français pourrait-il à présent refuser un « approfondissement » de la zone euro qu'il a proposé et dont il semble désormais devoir être la première victime ? Lorsque l'on se souvient que, dans le cas grec, l'alignement de la France avec la ligne d'Angela Merkel a été parfait, on ne peut que s'interroger sur la pertinence stratégique de la tactique suivie par Paris. En tout cas, cette faiblesse est parfaitement perçue à Berlin, comme n'a pas manqué de le souligner Volker Kauder."

Dans "La Tribune" du 8 août 2015 Article intitulé : L'Allemagne s'oriente vers une année commerciale record

" Le FMI demande à Berlin d'oeuvrer pour rééquilibrer ses échanges extérieurs. L'excédent commercial allemand devrait culminer à un record en 2015 d'après une note interne du ministère des finances. Cette performance serait portée par la chute des cours mondiaux du pétrole et du gaz.
L'économie allemande devrait dégager en 2015 un excédent commercial record porté par la chute des cours mondiaux du pétrole et du gaz, écrit samedi l'hebdomadaire Der Spiegel qui s'appuie sur une note interne du ministère des Finances.
8% du PIB
L'excédent de la balance commerciale de la première économie européenne devrait représenter 8,1% de son produit intérieur brut, contre 7,6% en 2014. La baisse du coût des importations de pétrole et de gaz explique à elle seule 1,2 point de pourcentage dans la progression attendue de l'excédent commercial.
Ce nouvel excédent record devrait relancer le débat sur le rôle présumé de l'Allemagne dans les déséquilibres de l'économie mondiale. Souvenez-vous des commentaires SOCIOECOPOFI depuis la crise... Et devant l'évidence... L'allemagne a bien bien planté volontairement l'Europe de la Paix. lDans un rapport publié le mois dernier, le Fonds monétaire international a appelé le gouvernement Merkel à renforcer la croissance à moyen terme et à réduire les déséquilibres extérieurs.
La Commission européenne considère elle que des excédents commerciaux régulièrement supérieurs à 6% du PIB sont dangereux pour la stabilité et a exhorté Berlin à favoriser les investissements pour doper les importations.

(Avec Reuters)

Dans "Boursorama" du 30 juillet 2015 Article intitulé : Allemagne: Freital, ville-symbole des violences contre les réfugiés

" "Je veux retourner en Syrie. Très peur ici". En arrivant à Freital (est), Taher fuyait la violence. Mais il s'est vite heurté à celle d'une partie des habitants de cette ville devenue symbole de l'hostilité aux réfugiés en Allemagne. L'Allemagne est la première destination européenne pour les demandeurs d'asile: ils devraient être 500.000 en 2015, du jamais vu. Parallèlement, les attaques contre les foyers de réfugiés, largement imputées à l'extrême-droite, explosent: 202 entre janvier et juin, autant que pour l'ensemble de 2014.
"Nous nous engageons avec force pour que de tels événements (...) ne se reproduisent pas", a assuré mercredi un porte-parole du ministère de l'Intérieur, alors que les autorités semblent désemparées.
C'est dans ce contexte que Freital, petite commune de 40.000 habitants près de Dresde, fait depuis quelques semaines les gros titres, après plusieurs manifestations électriques contre l'accueil de 280 candidats à l'asile dans un ancien hôtel.
Les "étrangers criminels" et les "cochons de demandeurs d'asile" y sont conspués. Dans la presse, des photos montrent des manifestants effectuant un salut hitlérien.
"La situation devient de plus en plus tendue (...) Freital est profondément divisée" entre pro et anti-réfugiés, s'alarme Steffi Brachtel, 40 ans, membre d'un collectif qui organise les contre-manifestations face à Frigida, fer de lance des anti-asile et déclinaison locale de Pegida.
Hostile à l'islam et aux réfugiés, le mouvement Pegida enchaîne depuis l'automne les rassemblements à Dresde. Dans la riche capitale de la Saxe , plusieurs centaines de demandeurs d'asile sont hébergés depuis vendredi dans un campement de la Croix-rouge.
- 'Brun sombre' -
Des échauffourées entre militants d'extrême-droite et défenseurs du droit d'asile ont éclaté dès vendredi soir devant le camp. Auparavant, des jets de pierre avaient visé des membres de la Croix rouge.
Frigida, qui milite pour que Freital reste "propre", a décliné une rencontre avec l'AFP. Devant le foyer d'accueil de Freital, un ancien hôtel à l'écart du centre-ville, anti et pro-réfugiés se sont opposés plusieurs fois en juin et juillet, séparés par la police. Début juillet, un face-à-face houleux à la mairie entre anti-asile et élus a même tourné à l'affrontement physique entre les deux parties. Devant le foyer d'accueil de Freital, un ancien hôtel à l'écart du centre-ville, un autocollant indique aux réfugiés qu'ils ne sont pas les bienvenus, le 27 juillet 2015 ( AFP / TOBIAS SCHWARZ )
Lundi, la tension est encore montée d'un cran : la voiture d'un dirigeant local du parti de gauche radicale Die Linke, actif dans l'aide aux réfugiés, a brûlé. Pour l'heure, l'enquête n'a dégagé aucune piste mais beaucoup pensent à l'extrême-droite. Freital est devenue "brune" après la chute du Mur, en 1989. Située en ex-RDA communiste où l'extrême-droite est bien implantée, elle "vire de plus en plus au +brun sombre+", s'inquiète Mme Brachtel. En cette fin juillet, les manifestations ont cessé. Mais devant le foyer, gardé par des vigiles sourcilleux, des stickers sur les lampadaires invitent toujours les réfugiés "à continuer à fuir". Arrivé en juin, Taher, 27 ans, montre une lettre dans laquelle il retire sa demande d'asile. "Je veux retourner en Syrie, je ne veux pas rester ici", dit-il à l'AFP dans un anglais rudimentaire.
- 'Encore plus peur' -
Il explique avoir été agressé en ville. "Très peur. Je viens de Syrie parce que (j'avais) peur mais ici, encore plus peur (...) Je rentre".
"Pendant les manifestations, on ne sortait pas", rapportent Suheyla, 24 ans, et Samir, 29 ans, originaires de Syrie et de Libye. "Mais maintenant, c'est fini", assure la jeune femme.
Arrivé de Syrie, Taher, 27 ans, montre une lettre dans laquelle il retire sa demande d'asile à Freital, ville à l'est de l'Alemagne, le 27 juillet 2015 ( AFP / TOBIAS SCHWARZ )
Attractive du fait de sa santé économique, l'Allemagne semble désemparé par cet afflux de réfugiés qui sature ses structures et suscite des tensions dans la coalition sociaux-démocrates/conservateurs d'Angela Merkel.
Mercredi, le gouvernement a adopté des mesures afin de mieux intégrer sur le marché du travail les réfugiés appelés à rester longtemps en Allemagne.
Mais les sociaux-démocrates (SPD) veulent aller plus loin, avec une loi globale sur l'immigration et l'intégration des réfugiés. On semble s'acheminer vers un allongement de la liste des pays des Balkans jugés sûrs.
Pour l'heure, Berlin reconnaît comme sûrs la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine, dont les ressortissants n'ont quasiment aucune chance d'obtenir l'asile. Les conservateurs souhaitent que la nouvelle liste englobe Kosovo, Albanie et Monténégro, le SPD les suivrait.
Plusieurs Länder, aux limites de leurs capacités, ont aussi tiré la sonnette d'alarme, comme la Bavière ou le Bade-Wurtemberg, qui plaide pour que les migrants soient d'avantage ventilés vers l'Est du pays."

Lucie Robequain  dans "Trends Tendances" Belgique du 29 juillet 2015 Article intitulé : Les "Sages" d'Angela Merkel opposés à une plus grande intégration politique en zone euro tout est dit. Et qui parle pour l'Europe de la Paix ?

" Les "Sages", économistes influents qui conseillent Angela Merkel, se sont prononcés mardi contre les propositions, notamment de la France, pour renforcer l'intégration politique de la zone euro, comme un ministre des Finances ad hoc. Dans un rapport d'une cinquantaine de pages consacré à la crise grecque et aux leçons à en tirer, remis au gouvernement allemand, les cinq universitaires "se détournent des propositions de réforme actuellement en discussion, comme celle d'un budget, d'une assurance-chômage ou d'un gouvernement économique de la zone euro".
"Il serait très difficile de composer avec les énormes différences" de priorités économiques des pays de l'union monétaire, a justifié lors d'une conférence téléphonique Lars Feld, chercheur à l'Université de Fribourg et l'un des auteurs du rapport. "On a vu dans les négociations (sur la Grèce) que les orientations économiques différaient énormément", a-t-il expliqué, "la France, l'Italie et Chypre par exemple ne sont pas sur la même ligne que les autres Etats membres". Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat allemand à l'Economie Rainer Sontowski a dit "partager" avec les Sages le constat selon lequel un approfondissement de l'Union économique et monéraire nécessite une union politique". Sur le modèle allemand peut-être ?
"Mais je crois que les Sages sous-estiment la volonté politique pour une Europe unie", a-t-il ajouté, assurant que Berlin "réfléchit déjà activement à des pas supplémentaires pour parachever" l'intégration économique et monétaire. Mais que fait cette allemagne dans l'Europe de la Paix ? Europe de la Paix qui devait être construite pour se protéger des dérives allemandes.
L'idée d'une intégration plus poussée des 19 pays de la zone euro, longtemps un cheval de bataille du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, a été remise au goût du jour par la crise grecque. Le président français François Hollande a ainsi récemment proposé de doter le bloc monétaire d'un budget en propre et d'un ministre des Finances.
Mais la plupart des pays de la zone euro ne seraient pas prêts à accepter les limitations de leur souveraineté qui devraient accompagner de telles avancées pour qu'elles soient un succès, arguent les "Sages". Quels "sages" ? C'est bien la souveraineté qui a protégé nos pays du nazisme.  Des propos employés par les nazis n'ont-ils pas été tenus et répétés il y a quelques temps par les politiques allemands  ? Ils ont de ce fait "la forte inquiétude qu'on en arrive à une union de transferts", repoussoir pour les Allemands, qui verrait les pays membres les plus riches et les plus performants systématiquement assister les plus faibles, privant ceux-ci de la motivation de se réformer et de renforcer leur économie. On y est.
Un tel schéma "devrait être basé sur la volonté des citoyens, qui n'est certainement pas là", estiment-ils. Là, ils touchent de nouveau aux Peuples et à l'Etre Humain
Un des "Sages", le professeur Peter Bofinger, classé plutôt à gauche et souvent en désaccord avec ses quatre confrères, a précisé lors de la conférence téléphonique qu'il pensait lui qu'une plus forte intégration politique était "incontournable", tout en reconnaissant qu'il était "à l'heure actuelle certainement difficile d'obtenir le soutien" des gouvernements et des populations. L'allemagne au-dessus de tout le monde.....
Dans une tribune au quotidien britannique Financial Times, un autre économiste allemand en vue, le directeur de l'institut DIW Marcel Fratzscher, appelle les Européens à "prendre plus au sérieux" les réserves allemandes. "Réformer l'Europe va échouer si les changements ne tiennent pas compte des profondes inquiétudes de Berlin", selon lui. Et si cette allemagne devait "aller se faire foutre" ? C'est bien elle qui a planté l'europe et non l'inverse. Et c'est bien elle qui doit sa LIBERTE à l'Europe ?
M. Fratzscher est en faveur d'un ministre des Finances européen, au mandat strictement défini et responsable devant le Parlement européen.
Avec l'AFP

Dans "Boursorama" du 29 juillet 2015 Article intitulé : Berlin dénonce les attaques des agriculteurs français envers l'Allemagne

" Le ministre allemand de l'Agriculture Christian Schmidt a dénoncé mercredi les barrages d'agriculteurs français mécontents et appelé au respect du marché unique, qui implique selon lui de cesser d'incriminer la concurrence allemande. De tels barrages, "ce n'est pas normal", même "avec tout le respect dû à l'expression de la protestation", a dénoncé M. Schmidt lors d'une interview à la radio Deutschlandfunk. Ah bon ! Et si cela voulait tout dire sur la vue allemande de l'obéissance. En fait, rien n'a changé. DANGER.
"Nous sommes dans le marché unique et il doit être respecté", a ajouté le ministre. Quel marché unique, celui que l'allemagne a transgressé pour assurer sa croissance en "tuant" les prix" au niveau des chinois pour qu'elle soit compétitive au détriment de toute l'Europe......
Les producteurs français, surtout de viande et de lait, sont mobilisés depuis plus d'une semaine pour protester contre les prix trop bas. Leurs manifestations ont pris un tour spectaculaire avec barrages routiers et détournements de camions étrangers, notamment à la frontière allemande. Mais M. Schmidt a réfuté les accusations de dumping social ressurgies ces dernières semaines contre l'agriculture allemande, ses exploitations géantes et ses gigantesques abattoirs qui fonctionnent grâce à la main d'oeuvre bon marché d'Europe de l'Est. Et si il devait la fermer tant les évidences sont reconnues maintenant. Si depuis quelques années certains lecteurs ont trouvé que j'y allait fort, force est de constater que ......
"Il n'y a rien de vrai là-dedans. La question est plutôt de savoir si l'on est compétitif", a estimé M. Schmidt. Compétitivité par rappoort à quoi ? L'allemagne hitlérienne avait exactement ce type de discour de m.... et c'est bien la compétitivité entre Peuples élevée en dogme qui met des Etres Humains sur les champs de bataille. Champs de bataille qui ne servent en définitive que les lobbies qui ont influencés des "gouvernants" mièvres et foireux.
"Je conseillerais (...) à l'économie française de s'examiner elle-même et de ne pas regarder les autres", a-t-il remarqué.
Le président français François Hollande a promis aux agriculteurs un "plan d'urgence". Vendredi, son ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a obtenu un accord entre producteurs, industriels et distributeurs, afin d'assurer un prix minimum pour le lait et de "favoriser la production française".
Cette incitation à la préférence nationale irrite l'Allemagne. La fédération allemande de l'industrie laitière MIV a écrit lundi à Bruxelles pour dénoncer ce favoritisme alors que les agriculteurs allemands souffrent eux-mêmes de la baisse des prix, notamment à cause de l'embargo russe sur les produits alimentaires, la baisse de la demande en Chine et la pression de la grande distribution. MDR
La fin du système de quotas de production de lait depuis le printemps touche aussi l'Allemagne. Face à cette crise, la fédération des agriculteurs allemands a réclamé vendredi un soutien financier de Bruxelles après des manifestations d'éleveurs dans le nord du pays, bien plus discrètes qu'en France.

Dans "les Echos" du 28 juillet 2015 Article intitulé : Allemagne : Les "Sages" favorables à des faillites d'Etats et l'europe allemande décidera de tout.

" Les conseillers économiques indépendants MDR du gouvernement allemand sont favorables à la création d'une procédure d'insolvabilité des Etats au sein de la zone euro pour prévenir les crises et estiment que ces derniers doivent avoir la capacité de la quitter en tout dernier ressort.
Dans un rapport publié mardi, les cinq "Sages" expliquent que la crise grecque a mis en lumière le besoin urgent de réformer encore pour rendre la zone euro plus stable.
"Pour assurer la cohésion de l'union monétaire, nous devrons prendre acte du fait que l'électorat des pays créditeurs n'est pas disposé à financer les pays débiteurs de façon permanente", dit Christoph Schmidt, présitent du Conseil allemand des experts en économie. Le seul problème est que c'est bien tous ces pays qui ont amené la Liberté et la Démocratie alors que l'allemagne était VOLONTAIREMENT nazie.
Une procédure d'insolvabilité obligerait les créanciers à supporter des pertes si les Etats se retrouvaient en faillite, ce qui, par ailleurs, inciterait les investisseurs à évaluer le risque souverain plus en détail.
Quant à la sortie de la zone euro, elle doit être rendue possible, même si c'est une solution extrême, pensent les sages qui écrivent: "Un Etat membre voué à ne pas être coopératif ne doit pas être en mesure de menacer l'existence de l'euro".
En outre, les sages mettent en garde contre les "solutions miracle" telles que la création d'un Trésor, d'un système d'assurance chômage ou d'un gouvernement économique pour l'ensemble de la zone euro.
Cet avertissement tombe alors que le Spiegel écrivait samedi dernier que l'Allemagne voudrait bien discuter de la création d'un ministère des Finances de la zone euro qui aurait son propre budget et serait doté de la capacité de lever des impôts, en bref de créer un "euro-impôt". (Caroline Copley, Wilfrid Exbrayat pour le service français)"

Pierre-Henri Thomas dans "Trends Tendances" Belgique du 24 juillet 2015 Article intitulé : Les quatre 'maladies' qui menacent de tuer la zone euro (et leurs remèdes)

"L'inachèvement de la zone euro pourrait être mortel. De la flexibilité du marché du travail à la réalisation d'une véritable union bancaire (qui optimisera le schéma Humain de flexibilisation du travail), la zone euro se doit d'apporter des remèdes à quatre maladies de jeunesse, avant qu'il ne soit trop tard. Le débat sur la crise grecque tourne souvent autour du problème de la responsabilité: celle des débiteurs à honorer leurs dettes, celle des créanciers à assumer le risque pris en prêtant, celle des hommes politiques à gouverner leurs pays sans promettre la lune, celle des membres de l'Europe à exprimer un minimum de solidarité... Il y a du vrai dans tout cela.
Toutefois, sauf aux Etats-Unis, on ne parle pas du problème de fond, à savoir les maux endémiques de la zone euro, qui ont conduit aujourd'hui la Grèce au bord du gouffre, mais probablement d'autres pays demain si aucun remède n'y est apporté.
Dans sa configuration actuelle, la zone euro est un accélérateur de cataclysmes
Il faut d'abord partir d'un constat: les chocs sont inhérents à l'économie. Faux, ils sont dus aux modèles sociologiques imposés à l'économie par les lobbies et autres experts qui ont fait de leur honnêteté ancienne une corruption La tâche de la politique économique est donc de bâtir un système qui ne les aggrave pas. Faux, la tâche de la politique économique est de mettre en place des dynamiques et des énergies Humanity Invest pour contrer les lobbies qui achètent les décisions. Or, la zone euro, dans sa configuration actuelle, est un accélérateur de cataclysmes. Vrai, situation mise en place par les politiques allemands sous la collaboration des politiques européens. Politiues européens qui ont pris le soin de s'exonérer d'impôt et de certaines charges.
Pourquoi la Grèce n'est pas la Floride
Pour bien le comprendre, il suffit de la comparer aux Etats-Unis, autre zone où règne une monnaie unique (cela n'a d'ailleurs pas été sans mal: il a fallu près d'un siècle pour arriver au dollar).
Lorsque survient un choc asymétrique, touchant une partie de la zone, comme par exemple la crise du secteur automobile à Détroit ou l'éclatement d'une bulle immobilière en Floride, que se passe-t-il ? On assiste à une augmentation des faillites, à une hausse du chômage et à une baisse des revenus. Mais qu'observe-t-on ensuite ? Les Américains qui perdent leur emploi déménagent dans des zones où la santé économique est meilleure, et des transferts, parfois importants, se font aux bénéfices des Etats mis à mal. Lorsque la bulle immobilière a éclaté en 2008 en Floride, cet Etat a bénéficié de près de 40 milliards de dollars de transferts, indique par exemple le prix Nobel d'économie Paul Krugman (33 milliards sous forme de baisse de contribution à l'état fédéral et 7 milliards sous forme d'aides diverses versée par le budget fédéral: augmentation des allocations de chômage ou des "food stamps", les tickets d'alimentation). L'économie des Etats-Unis est tout sauf un modèle et encore moins un modèle duplicable.
Autrement dit, la zone monétaire des Etats-Unis présente deux caractéristiques essentielles qui font défaut à la zone euro: une grande mobilité d'emploi, et un système de transferts. C'est d'ailleurs ce que dit la théorie économique dite de la "zone monétaire optimale" (celle où il est bénéfique d'établir une monnaie unique) établie dans les années 60 (voir à ce sujet "Revenge of the optimum currency area", excellent article de Paul Krugman publié en 2012). Sans ces deux caractéristiques, il est difficile d'avoir une monnaie unique qui fonctionne.
Certes, en Europe, les pères fondateurs de l'euro avaient connaissance de ces failles. Mais, ils se disaient que justement, pour les combler, les Etats européens allaient devoir accélérer le projet de gouvernance économique (c'était l'idée nourrie par Jean-Claude Juncker, Philippe Maystadt ou Jacques Delors lors de la conférence intergouvernementale de 1994, prélude au traité de Maastricht). Toutefois, ce calcul politique s'est révélé erroné. Une majorité de pays, soucieux de conserver leur souveraineté, n'en n'ont pas voulu.
Comment les Etats deviennent insolvables
Toutefois, jusqu'à la crise de la zone euro, on ne savait pas à quel point ces failles étaient profondes. Les rigidités originelles de la zone euro ont en effet engendré deux autres maux que les pères fondateurs de l'euro n'imaginaient pas. On a vu apparaître une crise de liquidité, voire de solvabilité de certains états européens, et un cercle vicieux entre crise bancaire et crise des finances publiques.
La mécanique de la crise de liquidité a été décrite par Paul De Grauwe, quand, en 2011, il a expliqué dans un article sur la "fragile gouvernance de la zone euro" pourquoi le Royaume-Uni empruntait sur 10 ans à 2% alors que l'Espagne, dont l'état des finances publiques n'était pas pire, devait payer plus de 6%. L'explication réside dans l'absence d'un prêteur en dernier ressort du côté espagnol.
Pour comprendre la différence entre le Royaume-Uni et l'Espagne, imaginons un investisseur qui ne fait plus confiance au Royaume-Uni. Il détient des bonds d'état britanniques. S'il les vend, il détient des livres sterling qu'il doit réinvestir au Royaume-Uni, ou alors les vendre sur le marché des changes à d'autres qui veulent, eux, investir dans le pays. Si beaucoup d'investisseurs se débarrassent de livres sterling, la devise s'affaiblit, ce qui donne un coup de pouce aux entreprises exportatrices et à l'inflation (et l'inflation permet à l'Etat d'alléger le poids relatif de sa dette). Et si le Royaume-Uni ne trouve plus d'investisseurs privés pour acheter sa dette, il peut toujours se tourner vers la Banque d'Angleterre qui va jouer le rôle d'acquéreur en dernier ressort (ce qu'elle a d'ailleurs fait).

Rien de tel en zone euro: un état qui n'inspire plus confiance voit les investisseurs vendre sa dette. Ces investisseurs, avec ces euros, rachètent de la dette d'Etats jugés plus sûrs. C'est ce qu'on a vu en 2011, lorsque les investisseurs ont vendu massivement des dettes des états périphériques pour se reporter sur la dette allemande. Conséquence, les pays faibles ont du mal à trouver à se financer dans le marché. Et les Etats les plus faibles doivent supporter des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Et la crise de liquidité se mue en crise de solvabilité, puisque cette charge de la dette pèse de plus en plus sur les finances publiques. Certes, la BCE a fait des progrès depuis 2011, mais elle ne joue pas encore complètement et naturellement le rôle de prêteur en dernier ressort (on le voit aujourd'hui en Grèce).
Les relations incestueuses entre banques et Etats
Ce n'est pas tout. La crise est en plus aggravée par ce cercle vicieux entre banques et finances publiques. Les banques européennes sont, traditionnellement, les plus gros créanciers des Etats. Si les obligations d'Etat vacillent, les portefeuilles bancaires subissent des pertes comptables qui rognent les fonds propres des banques, lesquelles doivent à un moment être recapitalisées, souvent par les Etats eux-mêmes. Ce qui aggrave la crise des finances publiques de ces Etats déjà fragiles obligés de sauver leurs banques. Leurs obligations d'Etat perdent donc encore un peu plus de valeurs, ce qui a un nouvel impact sur les banques.... Les déposants prennent peur et retirent leurs dépôts pour les mettre dans des banques logées dans des pays sûrs, ce qui accentue la crise bancaire. Une telle spirale infernale a été observée et imposée par les poliques allemandes en Espagne ou en Grèce....
Pour contrer ces quatre maux, il existe des remèdes. Pour briser la spirale infernale banque/Etat, il faut une union bancaire achevée, avec un fonds commun européen de garantie bancaire. Pour éviter la crise de liquidité, il faut que la BCE soit prêteur sans limite en dernier ressort. Et puis, il faut accentuer la mobilité du travail au sein de la zone euro (elle ne sera jamais celle des Etats-Unis, mais on peut l'améliorer) et avoir un véritable système de transferts européens. Aujourd'hui, nous tentons de résoudre les problèmes de dettes et de transferts au cours de sommets européens qui ne se saisissent du sujet que lorsqu'il atteint des proportions gigantesques. Du baratin dogmatisé et intéressé. La mise en place de Fonds de Stabilsation Boursier nationaux est une des réponses opérationnelles. Seul problème en réalité aucune solution n'est recherchée puisque la DESTABILISATION est VOLONTAIRE.
On le voit, à part une esquisse d'union bancaire, mais encore très éloignée de ce qu'elle devrait être, et à part une évolution du rôle de la BCE, mais qui est prisonnière de ses statuts, nous n'avons rien pour soigner les maladies de la zone euro: ni budget européen, ni mobilité du travail (ce qui suppose une harmonisation de la fiscalité et de la sécurité sociale), ni des statuts adaptés de la BCE, ni fonds européen de garantie des dépôts.
Est-ce que cela signifie que la zone euro est condamnée? Non. Mais cela veut dire qu'il faut se retrousser les manches et attaquer enfin de front ces problèmes avant qu'ils ne deviennent mortels. Or, ce débat de fonds sur les taux de la zone euro est davantage présent aux Etats-Unis qu'en Europe où l'on continue à se concentrer sur les qualités et les défauts des gouvernements grec et allemand. Il est temps de dépasser cette vision étriquée des problèmes.

Sébastien Maurice dans "Economie matin" du 23 juillet 2015 Article intitulé : La société sans cash : bientôt une réalité en Allemagne ?

" Norbert Walter-Borjans, ministre sociale-démocrate des finances de la Rhénanie du Nord-Westphalie, a exprimé le weekend dernier son souhait de voir introduire une limite maximum de 3000 euros pour les paiements en cash, sous prétexte de lutte conter le crime et la « fraude » fiscale. Pourquoi "fraude" quand il y a une telle différence de traitement entre les fonctionnaires, les politiques etc.. qui sont à charge à vie des Peuples et qui se votent leurs propres outils et principes de défiscalisation, de retraite et autres "vols" des Peuples. Il est du simple principe de "gestion de bon père de famile" de préserver ses avoirs par tout moyen et en totale liberté. Liberté acquise par le sang contre des états lâches et nazis. Le diktat actuel des états pour tout savoir et tout maitriser est à combattre. Ce qui fait la "valeur" des états n' a jamais été sa classe politique ou ses fonctionnaires mais bien les Peuples. Pour le reste, les états et leurs fonctionnaires ne devraient être que des outils, point barre. Rien d'autre. Hier, "nazi politique" ; aujourd'hui, "nazi financier". Pour ceux qui pensent que j'y vais trop fort qu'ils se souviennent qu'au simple titre de la spéculation sur les matières premières les états lobbyisés permettent de tuer 35 000 000 de personnes par an (Rapport ONU). Mieux que les boches et collabos avec Hitler. Dans ce meurtre à grande échelle, nous retrouvons la BNP, la Société Générale et donc l'élite des "grandes écoles françaises" qui se fait parachuter moyennant des salaires délirants là ou les lobbies (l'état) a besoin de leur "maléabilité" et "permissivité" rémunérée comme il se doit....avec même des médailles, légion d'honneur etc... MDR
Mais le terme de « résistance fiscale » ne serait-il pas plus approprié que « fraude fiscale », étant donné  l’étendue du racket institutionnalisé auquel doivent se préparer les citoyens ?
La meilleure solution pour inciter les gens à déclarer leurs revenus serait tout simplement de réduire suffisamment la pression fiscale pour que s’acquitter de l’impôt ne soit plus perçu comme un fardeau,  mais comme la juste contrepartie des services rendus par l’état.
Rappelons que la France et l’Italie ont déjà ramené cette limite de paiement en cash à seulement 1 000 euros et que le Danemark envisage l’arrêt pur et simple de l’impression des billets d’ici 2016.
Nous assistons donc à une contagion de ce phénomène à l’échelle européenne, qui pourrait rapidement mener à la mise en place par Bruxelles d’une limite universelle pour l’ensemble des pays européens.
Si nous ne réagissons pas rapidement, nous allons tout droit vers une nouvelle forme de totalitarisme économique et politique, un monde où toute activité privée sera contrôlée et taxée par le gouvernement, en lien étroit avec le cartel bancaire. Cartel bancaire qui dans les faits est le décideur et les politiques de simples exécutants. Une fois de plus, les citoyens devront payer la note pour la mauvaise gestion des deniers publics par leurs gouvernements (exemple du Bail in pour Chypre, et sans doute en Grèce), trop occupés à satisfaire les intérêts particuliers des lobbys et des corporations.
Si vous souhaitez résister contre l’avènement de ce nouveau totalitarisme économique, nous vous invitons à signer la pétition qui sera adressée au gouvernement. Voir le site www.économiematin.fr

A LIRE

Coralie Delaume  dans "Le Figaro" du 17 juillet 2015 Article intitulé : Pourquoi l'euro est l'instrument de la domination allemande
   

" Après l'accord conclu entre la Grèce et ses créanciers, l'influence allemande sur le continent européen est apparue au grand jour. Il n'est pas utile de revenir sur le détail de l'accord effroyable conclu entre le Grèce et ses créanciers le week-end dernier. Tout en a été dit ou presque. Il vient d'être voté à l'unisson par les différents parlements nationaux, alors même que tout le monde, d'Alexis Tsipras à Wolfgang Schäuble en passant par le FMI et des économistes du monde entier, s'accorde à dire qu'il n'est pas viable. C'est d'ailleurs bien normal puisqu'il ne s'agit pas d'un véritable accord pour secourir la Grèce. Il s'agit au contraire de la mise en coupe réglée d'un pays vaincu, auquel on souhaite ne laisser aucune chance de rétablissement. Paradoxal, en plein cœur de «l'Europe-c'est-la-Paix». Mais le ministre slovaque des finances Peter Kažimír a imprudemment vendu la mèche sur Twitter en avouant - avant d'effacer son tweet - que si l'accord obtenu était particulièrement dur pour Athènes, c'était parce qu'il venait sanctionner le «Printemps grec». Pas d'accord donc, mais un châtiment. Une expédition punitive conduite par des idéologues violents. Par des «terroristes» avait lancé Yanis Varoufakis. Cela avait provoqué un tollé. On sait désormais qu'il exagérait à peine. Il peut être utile, en revanche, de revenir sur les enseignements que cet «accord» a livrés. Il est désormais clair, par exemple, que le projet d'Alexis Tsipras consistant à combiner la réhabilitation de la démocratie en Grèce, la fin de l'austérité et le maintien dans l'euro relevait de la quadrature du cercle. En refusant d'envisager le Grexit, le premier ministre hellène se condamnait mécaniquement à renoncer à ses deux autres ambitions. En tant que projet postnational, l'UE vise, par définition, à impuissanter les nations qui la composent.
Il se condamnait d'abord à échouer dans son projet de vivifier la démocratie grecque. On l'a d'ailleurs vu: le résultat du référendum du 5 juillet, quoique triomphal, n'aura pas changé grand chose. Rien ne peut suffire, en réalité, à «réorienter l'Europe» vers une meilleure prise en compte de la volonté des peuples. Cela tient à la nature même de l'UE. En tant que projet postnational celle-ci vise, par définition, à impuissanter les nations qui la composent. Or en finir avec la nation, ce n'est pas, contrairement à ce que nous rabâchent les héritiers de Jean Monnet restés intellectuellement bloqués au milieu des années 1950, en finir avec «le nationalisme». Au contraire même. Nul n'est besoin d'être grand clerc pour s'apercevoir que l'Allemagne, la Finlande ou les Baltes sont en proie, depuis quelques semaines, à une crise de nationalisme aiguë, laquelle a atteint une acmé le week-end dernier, avec un règlement de compte sans pitié à l'endroit de la Grèce. En revanche, torpiller les nations c'est torpiller corrélativement la démocratie, puisque la première est le réceptacle de la seconde, le cadre dans lequel elle s'exerce. Il n'y a pas et il n'y aura jamais de reconquête démocratique tant que l'on persistera dans la voie supranationale. En revanche, il y aura du nationalisme. Beaucoup.
Il n'y a pas et il n'y aura jamais de reconquête démocratique tant que l'on persistera dans la voie supranationale. Ensuite et comme c'était prévisible, la Grèce a échoué à façonner un «bon euro», un euro anti-austéritaire. Cela non plus, personne n'y parviendra. Car la monnaie unique est une monnaie faite pour les épargnants. Par construction, elle ne peut servir que la rente au détriment du travail. La priorité assignée par les traités à la Banque centrale européenne - assurer la stabilité monétaire, contenir l'inflation - en témoigne. La passion pour l'inflation faible est loin, en effet, d'être désintéressée. Car l'inflation est un mécanisme redistributif puissant: il ronge la dette (dans laquelle sont investies les économies des riches), dévalue la valeur de l'épargne, et tend à faire grimper les salaires en même temps que les prix. Il est d'ailleurs assez étonnant qu'une formation de «gauche radicale» comme Syriza n'ait pas vu d'emblée l'inadéquation insurmontable entre l'appartenance à l'euro et la mise en œuvre d'un programme visant à promouvoir la justice sociale. Dès lors que l'existence de l'euro ôte toute possibilité de conduire une politique monétaire propre, dès lors qu'elle prive les pays de leur autonomie budgétaire, il ne reste à ces derniers qu'un seul et unique instrument de politique économique: le coût du travail. Quand on n'a plus la monnaie, quand on n'a plus le budget, la seule liberté dont on dispose est celle de baisser les salaires. Sans fin.
Enfin, les récents événements ont mis à jour de manière crue l'emprise hégémonique que l'Allemagne a acquise sur l'édifice européen. L'observation de la répartition des pouvoirs au sein des institutions communautaires l'indiquait déjà. Le basculement, orchestré par la République fédérale, du centre de gravité de l'Union vers le Nord et l'Est, est spectaculaire. L'Allemagne elle-même domine un certain nombre d'organismes. Par exemple, elle dispose de la présidence de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la direction générale du Mécanisme européen de stabilité (MES). Elle domine surtout le Parlement européen: son Président, son directeur de cabinet et le secrétaire général sont allemands. Or Martin Schultz, ses récentes saillies anti-grecques l'ont montré, défend bien plus les intérêts de son pays que ceux de l'institution qu'il dirige ou les principes de la social-démocratie à laquelle il appartient. Concernant les autres institutions de l'Union, elles sont presque toutes dirigées par des représentants de la zone d'influence immédiate de l'Allemagne: le Polonais germanophone Donald Tusk est à la présidence du Conseil, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a été imposé par Angela Merkel à celle de la Commission. L'Eurogroupe, lui, est présidé par le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Ce dernier vient d'être reconduit dans ses fonctions pour le remercier d'avoir dûment tourmenté la Grèce pendant des semaines, et bien défendu les vues germaniques. Dijsselbloem a été préféré à un candidat espagnol, tant il est vrai que les eurocrates du Nord-Est se méfient de leurs homologues latins. La preuve: lorsque la France a réussi, non sans peine, à imposer Pierre Moscovici, si docile soit-il, au poste de Commissaire à l'économie, on tint à le flanquer de deux chaperons respectivement originaires d'Europe de l'Est (Vladis Dombrovskis, Lettonie) ou du Nord (Jyrki Katainen, Finlande). Finalement, il n'y a guère que la BCE qui soit dirigée par un Italien. Mais l'action de Mario Draghi au cours de deux dernières semaines, qui a essentiellement consisté à mettre volontairement en faillite le système bancaire hellène en figeant le plafond des liquidités d'urgence dédiées à leur refinancement, témoigne que «super Mario» mérite le casque à pointe que lui avait décerné le tabloïd allemand Bild Zeitung il y a quelques années.
Un euro austéritaire, donc, et une Allemagne surpuissante: telles sont donc les données de l'équation. Il ne manque qu'à faire le lien entre les deux et à montrer combien la monnaie unique a aidé l'Allemagne à asseoir son hégémonie sur l'Union. Deux événements, tous deux survenus au début des années 1990, ont donné à ce pays le poids disproportionné qui est désormais le sien en Europe. Le premier fut la réunification, processus coûteux qui eut d'ailleurs la particularité d'être en partie payé par les voisins européens de l'Allemagne. Cette réunification eut pour effet de placer le pays au centre du continent et de lui redonner accès à ce que l'on appelle son hinterland, pour le plus grand bénéfice de sa compétitivité, de son industrie exportatrice et de sa balance commerciale. Le second événement intervint à l'instigation de la France pour tenter d'atténuer les conséquences du premier mais... il eut précisément l'effet inverse. Ce fut la mise place de l'euro, avec laquelle on croyait confisquer le Mark à l'Allemagne réunifiée, et l'enfermer dans une monnaie qu'elle ne pourrait contrôler. Hélas, en lieu et place du containment espéré, on fournit à notre grand voisin une arme qu'il utilise désormais pour dompter tous les autres.
Dès le début, l'euro fut une monnaie allemande. Un Mark rebaptisé en somme. C'était la condition pour que la République fédérale acceptât d'y participer.
En effet, on échoua platement à confisquer le Deutschemark. Au contraire et dès le début, l'euro fut une monnaie allemande. Un Mark rebaptisé en somme. C'était la condition pour que la République fédérale acceptât d'y participer. Encore fallait-il que l'euro fût, ainsi qu'on vient de le dire, une monnaie forte et stable, une monnaie de vieux épargnants soucieux de préserver leur capital-retraite. En réalité, les principes fondateurs de l'euro sont précisément ceux qui permettent la meilleure prise en compte du grand problème allemand: le problème démographique. On n'imagine pas à quel point les choix économiques de ce pays - qu'il impose à tous ceux qui partagent la même devise - sont déterminés par les contraintes nées de la dépopulation. L'obsession pour le désendettement? C'est pour s'assurer que l'épargne investie dans les dettes publiques ne soit jamais amputée par un défaut. L'obsession pour la rigueur budgétaire? C'est pour garantir que la dette demeure soutenable même si la population active décroît. L'utilisation par l'Allemagne de l'euro pour engranger des excédents commerciaux gigantesques au détriment de ses partenaires? C'est de la thésaurisation pour payer les retraites allemandes de demain. Et tout à l'avenant. Faute de transferts budgétaires massifs d'un pays à l'autre, la divergence des économies est appelé à croître.
C'est là que le bât blesse. Une conception si profondément orthodoxe de la politique monétaire ne peut évidemment convenir à tous les pays. Faute de transferts budgétaires massifs d'un pays à l'autre, la divergence des économies est appelé à croître. Ainsi, si l'on demeure en régime de monnaie unique, l'Allemagne sera-t-elle toujours plus excédentaire, et la Grèce toujours plus déficitaire.
Or de transferts massifs, il semble désormais clair qu'il n'y aura pas. En tout cas pas de bonne grâce. C'est d'ailleurs pour repousser cette perspective le plus longtemps possible qu'Angela Merkel continue, à coup d'accord inapplicables, à accepter de renflouer une Grèce dont tout le monde sait - et dont la FMI vient de redire - qu'elle est insolvable. Faire croire que la Grèce finira par payer sa dette, c'est continuer, pour l'Allemagne, à se faire croire à elle-même qu'elle ne déboursera rien. Comme l'explique le journaliste Romaric Godin, les dirigeants allemands ne cessent de répéter à leurs contribuables depuis le début de la crise grecque que le «sauvetage» de ce pays leur sera indolore, que la Grèce remboursera, qu'il n'y aura jamais «d'union de transferts». Sauf que cela ne peut fonctionner, et que le mensonge est sur le point d'être révélé. Si l'on torture financièrement la torture n'est pas uniquement financière, elle est avant tout humaine la Grèce comme on est en train de le faire, c'est pour maintenir l'illusion quelques semaines encore, peut-être quelques mois. Guère plus.
En aucun cas nous ne paierons pour les Grecs. En réalité, nous paierons pour l'euro.
Voici donc le nœud du problème: même en mettant toute l'Europe, de gré ou de force, au diapason austéritaire et ordolibéral, même en faisant de la monnaie unique un outil d'oppression, même en tâchant de bâtir autour d'elle une «eurozone disciplinaire», l'Allemagne ne pourra plus ménager très longtemps la chèvre et le chou. Elle ne pourra plus conserver longtemps le privilège d'un euro taillé pour elle tout en refusant d'en assumer les inconvénients, c'est à dire de payer pour les autres. L'hyper nervosité constatée outre-Rhin ces dernières semaines, l'agressivité inouïe de certains dirigeants tout comme celle de la presse, semblent indiquer que les Allemands sont en train d'en prendre conscience. Pour l'instant et contrairement à une légende bien ancrée, son appartenance à l'euro presque rien coûté à Berlin. Mais aujourd'hui, le FMI demande un moratoire de 30 ans sur le remboursement de la dette grecque. La BCE pour sa part, même si elle a accepté de se muer, ces quinze derniers jours, en exécuteur des basses œuvre d'un Eurogroupe en proie à la fièvre, concède aujourd'hui la nécessité «indiscutable» d'un allègement de la dette. Dans un futur très proche, il est donc quasiment certain que, selon une expression bien connue et pour la première fois depuis l'avènement de la monnaie unique, «l'Allemagne paiera». La France aussi d'ailleurs, et plusieurs autres pays à leur suite. Mais en aucun cas nous ne paierons pour les Grecs. En réalité, nous paierons pour l'euro.
En tout état de cause, il ne sert pas à grand chose d'attendre benoîtement que l'Allemagne se montre «plus solidaire». Ou d'implorer, du velours plein la voix, qu'elle remise son «égoïsme national». Elle n'en fera rien. En revanche, peut-être le moment est-il venu de lui faire savoir que son cher euro est en train de se retourner contre ses propres intérêts. Beaucoup l'ont déjà compris. C'est le cas de Wolfgang Schäuble, qui affirme toujours préférer un Grexit à une restructuration de la dette hellène, et qui semble prêt à risquer de mettre fin au mythe de l'irréversibilité de l'euro plutôt que de tendre la main - et le chéquier - aux «Grecs fainéants» et autres machouilleurs d'olives. «L'Allemagne ne peut pas sauver la zone euro. Si l'on veut en finir avec l'Union monétaire, c'est par les pays du nord de la zone qu'il faut commencer. Et si on en arrive là, alors l'Allemagne doit quitter l'euro » Konrad Kai, économiste
D'autres avaient déjà raisonné ainsi avant lui. Parfois, ils avaient même poussé le raisonnement plus loin. En 2013, l'économiste Konrad Kai, conseiller du ministre allemand des Finances (un certain Wolfgang Schäuble: tiens, tiens...) affirmait dans le journal Die Welt que «la Grèce [était] un puits sans fond, personne n'ayant jamais prédéfini une limite à ce qu'elle peut engloutir. Le taux d'endettement grimpe, entre autres parce que l'économie du pays se réduit comme peau de chagrin». Puis il ajoutait immédiatement: «l'Allemagne ne peut pas sauver la zone euro (…) si l'on veut en finir avec l'Union monétaire, c'est par les pays du nord de la zone qu'il faut commencer. Et si on en arrive là, alors l'Allemagne doit quitter l'euro».
Bien évidemment, si cela advenait, si l'Allemagne sortait de l'euro, toute la zone s'autodissoudrait. «Horreur!» piafferaient tous les endoctrinés et autres euroligieux, au premier rang desquels les caciques des principaux partis politiques français. «Bonheur...» souffleraient tous les autres, ceux qui votèrent «non» dans la France en 2005, et ceux qui firent de même dans la Grèce de 2015. Alors de grâce, messieurs les Allemands, demeurez comme vous savez l'être: durs, égoïstes et autocentrés. Et en vertu de cela, sortez les premiers!"

Dans "Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg" Belgique Article intitulé : L'Allemagne veut faire payer des impôts aux travailleurs forcés de 39-45

" Le fisc allemand veut que les milliers de Belges qui ont été forcés de travailler en Allemagne nazie qui a dit qu'elle avait réellement changé ?  pendant la deuxième guerre mondiale, paient des impôts sur leur pension, ont annoncé samedi les journaux Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg. Le service fédéral belge des pensions a déjà reçu des dizaines de plaintes d'anciens travailleurs forcés belges ou de leurs proches.
Le parlement allemand a approuvé, en automne 2010, une loi fixant à 17% le taux d'imposition sur les pensions des travailleurs forcés. Cette demande d'impôts est rétroactive et a été calculée pour les pensions perçues à partir de 2005. Il faut virer cette allemagne de l'europe politique et la réencadrer. Tout comme "Les chiens ne font pas des chats", les enfants politiques de nazis .......
Des anciens travailleurs forcés belges des années 40 ou leur veuve ont reçu, dans le courant des dernières semaines, une lettre d'un bureau de taxation de l'état allemand de Brandenburg les informant qu'ils devaient payer ces impôts. Il s'agit souvent de plusieurs centaines d'euros. Le ministère belge des Finances dit ne rien pouvoir faire pour ces personnes. Déjà capitulé ?
Le sénateur Ahmed Laaouej (PS) a pressé samedi le ministre des Finances Didier Reynders (MR) d'entamer "immédiatement" des négociations avec les autorités allemandes.
"Le ministre des Finances doit absolument trouver une solution à ce problème. Il doit immédiatement entamer des discussions avec les autorités allemandes",  quelle discussion ? a réagi samedi l'élu socialiste. "J'aimerais aussi savoir si le gouvernement belge a préalablement été concerté avant cette décision des autorités allemandes", a-t-il ajouté, précisant qu'il interpellerait le ministre des Finances la semaine prochaine au Sénat à ce sujet.
Pour le sénateur PS, l'attitude du gouvernement allemand est intolérable. "Il y a des limites à la décence ! Les politiques nazis allemands n'ont jamais eu aucune décence En ces temps budgétairement difficiles, l'Allemagne essaie de se refaire une santé financière sur le dos des milliers de travailleurs forcés qui n'ont pas choisi d'aller en Allemagne", selon lui.
Belga

Alexis Toulet  dans "Economie matin" du 16 juillet 2015 Article intitulé : L'Allemagne gagne sur tous les fronts

Alexis Toulet est diplomé de l'Ecole Polytechnique. Depuis 1997 il a fait carrière dans l'industrie, des nouvelles technologies à la défense et aux systèmes d'identité, et de la biométrie à la surveillance des frontières et l'architecture des systèmes. Passionné par les questions de stabilité économique confrontée aux contraintes majeures de l'époque politiques, de ressources et environnementales, il est webmestre du site d'investigations sur les crises Noeud Gordien

" L'Allemagne gagne sur tous les fronts – Deutschland siegt an alle Fronten Mais les conséquences en termes de relations entre les peuples européens menacent d'être très graves. Négociations Grèce contre Allemagne et reste de l'eurozone – Victoire allemande par KO
Le marathon de réunions de l'Eurogroupe puis du Conseil européen, 31 heures au total du samedi 11 au lundi 13 juillet, a abouti à un résultat qui se présente comme définitif. Même si la crise grecque connaîtra à coup sûr dans les mois et les années qui viennent de nouveaux rebondissements, il est possible d'ores et déjà de tirer un bilan.
Si on résume le résultat de la séquence février - juillet 2015 du point de vue grec : - La Grèce doit continuer la stratégie faillie appelée "austérité" c'est-à-dire dévaluation interne et libéralisation, malgré son échec catastrophique des cinq dernières années - Elle n'a obtenu en échange aucun programme d'investissement significatif
- les "35 milliards" déjà cités par Jean-Claude Juncker sont des fonds structurels et autres mesures déjà prévues
- Elle n'a obtenu en échange aucun engagement que ce soit ni en faveur d'une décote ni même en faveur d'une simple restructuration de la dette. La déclaration des créanciers comme quoi une restructuration pourrait être envisagée ultérieurement n'a aucune valeur d'engagement, une telle déclaration avait déjà été faite en 2012 sans être suivie du moindre effet - Le vote de son peuple a été purement et simplement annulé
- La stratégie d'austérité a été encore durcie, poussée à un extrême pour raison évidemment politique, constituant une véritable punition de la Grèce pour son "mauvais" vote lors du référendum du 5 juillet
Bref, la Grèce est totalement vaincue, exact mais c'est aussi et surtout l'Europe de la Paix qui est vaincue l'échec de la tentative de changer la stratégie économique imposée à la Grèce par la Troïka est complet.
Du point de vue allemand maintenant :
- L'Allemagne a évité de faire le moindre geste envers la Grèce, même si une décote sur l'insoutenable dette grecque – d'autant plus démesurée que l'économie grecque a chuté d'un quart sous le choc de la stratégie d'austérité imposée à Athènes depuis cinq ans – aurait coûté à Berlin incomparablement moins que l'abandon par la Grèce de sa créance sur l'Allemagne en 1990, sans parler des créances abandonnées par les autres pays européens au moment de la réunification allemande et pour aider le pays à tourner définitivement la page
- Démonstration a été faite qu'aucun pays ne peut changer la stratégie imposée au niveau européen sous influence directrice allemande. L'assentiment français à cet état de fait a notamment été confirmé – quelles que soient les circonvolutions, nuances et objections, Paris au final suit toujours Berlin, non pour un compromis mais pour un alignement
- Les instruments de pression économique ont démontré leur puissance, BCE en premier lieu, et leur contrôle permet aux Institutions européennes de forcer l'accord de tout gouvernement de l'eurozone. Comme l'a dit François Hollande à l'issue du sommet "Si l'accord n'avait pas été clair, la BCE n'aurait pas pu continuer son activité de liquidité" – c'est-à-dire que l'écroulement du système bancaire grec aurait été parachevé. L'Espagne, le Portugal peuvent trembler. L'Italie elle-même... (et quant à la France ?)
- La voie de la contestation de la stratégie européenne par le biais de la gauche dite "radicale" et pro-européenne a été barrée. Définitivement ? Le résultat électoral de Podemos en Espagne en fin d'année donnera une indication. Mais il pourrait être fort difficile à son leader Pablo Iglesias d'expliquer comment exactement il ferait pour parvenir à un autre résultat que Syriza, c'est-à-dire somme toute une situation encore empirée pour le pays.
François Hollande a honteusement échoué à se placer à la hauteur des enjeux. Placé par les circonstances et l'équilibre des rapports de force dans la position d'un pivot, il n'a su jouer que le rôle d'une roue de secours pour la chancelière allemande. L'Histoire sera très dure pour lui, tout comme pour Angela Merkel. Son objectif n'a été que d'assurer la survie de l'euro, sans prendre en compte ni la dignité et la souveraineté d'une autre nation membre en l'occurrence la Grèce, ni le sens commun économique le plus basique car la dette grecque est insoutenable et refuser de le reconnaître n'y changera rien, ni même les conséquences sur l'entente entre nations européennes d'une telle attaque sur l'une d'entre elles.
Il avait pourtant en son pouvoir d'arrêter net le gouvernement allemand. Il lui aurait suffi de prévenir qu'en continuant à attaquer la Grèce, en parachevant la mue de l'Union européenne en instrument de pouvoir pour Berlin et en champ clos d'affrontements plutôt que de coopérations, l'Allemagne ne détruisait pas seulement sa relation avec la Grèce, mais encore avec la France. Pour celles et ceux qui pensaient que j'y avais été fort...L'aurait-il fait de façon suffisamment publique qu'il aurait été impossible au gouvernement allemand de négliger un tel avertissement, car il n'aurait pu se justifier en face de la population allemande qui reste en très grande majorité raisonnable, à la différence de son gouvernement. Les politicards français se sont de nouveau écrasés et ont collaboré. Décidément.....
Pyrrhus est européen – la stratégie du Chêne
Naturellement, il y a des raisons de douter que cette résolution de la crise grecque fasse autre chose que repousser le problème, ou que la victoire allemande soit durable – une victoire qui fait courir de tels risques à l'image internationale d'un pays peut-elle être autre chose qu'une victoire à la Pyrrhus ? En fait, une victoire "boche".
Au plan économique tout d'abord, les difficultés de la Grèce ne vont bien sûr pas s'améliorer - elles empireront au contraire, la même stratégie étant poursuivie voire intensifiée. Il y a donc fort à parier que la Grèce reviendra sur le devant de l'actualité, lorsque son endettement par rapport au PIB aura encore augmenté, rendant nécessaire une nouvelle "aide".
Surtout, barrer la voie à un changement ou même un assouplissement d'une stratégie faillie, et le faire par les moyens qui ont été utilisés, c'est prendre des risques politiques énormes, avant tout de détériorer gravement les relations entre pays européens, alimenter et multiplier les ressentiments en gouvernant par la peur.
Ce n'est même pas habile politiquement, démonstration de rigidité plutôt que de force, ce qui pour les partisans du projet européen pourrait déboucher sur un véritable désastre.

C'est que la contestation de la politique faillie de l'austérité prend principalement deux formes :
- "Nous avons fait une erreur en mettant en place la monnaie unique et en nous laissant diriger par des institutions non élue. Réparons-la" Il s'agit essentiellement de souverainisme, souvent quoique pas toujours avec une tonalité de droite, voire dans certains pays d'extrême-droite
- "La stratégie économique européenne doit être au service des peuples, non des seuls riches et capitalistes. Réorientons-la" Projet de gauche, souvent appelée radicale par ses adversaires quoique il soit plus juste de l'appeler "véritable" Tant que les Peuples resteront dans cet état apathique... N'est-ce pas cette situation qui dégénère tôt ou tard en guerre ?
Beaucoup d'hommes politiques peuvent trouver commode d'appeler tout cela populisme et compagnie, de taxer tout contestataire d'irréalisme, d'incompétence et de mensonge. Mais l'artifice politicien ne change pas la réalité que ces deux tendances sont non seulement distinctes, mais concurrentes.
Le sens stratégique des européistes partisans de l'austérité, qui vouent au gémonies les contestataires du deuxième groupe pourtant des européistes comme eux et s'attachent depuis l'arrivée au pouvoir de Syriza à démontrer que non, pas la moindre chance pour ce type de contestataires d'obtenir le moindre infléchissement... ce sens stratégique est celui du chêne s'adressant au roseau dans la fable de La Fontaine. Rigidité et refus de plier.
Bien sûr, fermer la porte aux contestataires européistes, c'est faire le marchepied à ceux des contestataires qui ne le sont pas. Et nous savons tous comment la fable se termine.
La Leçon de Choses – l'Euro à visage découvert
Cet échec de Syriza est très grave du point de vue politique pour Podemos en Espagne, le Front de Gauche en France et les mouvements apparentés dans d'autres pays. Mais pour l'autre groupe de contestataires !
Même Alexis Tsipras, se raccrochant aux branches et essayant de prétendre que le résultat de l'épreuve de force est différent de ce qu'il est, n'a pas été jusqu'à cacher que la Grèce n'est plus souveraine : "Nous continuerons à lutter afin de pouvoir renouer avec la croissance et regagner notre souveraineté perdue".
Ces événements à vrai dire révèlent au grand jour ce qu'est l'euro, non seulement monnaie mais encore stratégie économique invariable quels que soient ses résultats et imposée avec une règle de fer, et ce que l'Union européenne est et demeurera tant que l'euro subsistera, structure hiérarchique imposant brutalement aux petits les intérêts étroits des grands des banques qui ont achété les politiques et qui les ont rendu dépendants, d'abord et avant tout ceux de l'Allemagne. Toute idée, tout espoir de faire «une autre Europe», de «changer l'Europe», c'est-à-dire de changer et adapter la stratégie économique qui est attachée à l'existence même de l'euro, apparaît maintenant pour ce qu'elle est, une illusion pure et simple. L'histoire se répétera-t-elle avec son cycle de guerre ?
Alexis Tsipras – et ici il faut éviter de l'accabler – a cru sincèrement qu'un tel changement était possible. Vu ses efforts constants et décidés, avec ceux de tout le gouvernement Syriza, vu les appuis qu'il a rencontré ou su s'assurer ne serait-ce qu'en faveur d'une décote de la dette publique grecque, soit le FMI, la France, l'Italie et les Etats-Unis – excusez du peu ! – si un tel changement de stratégie économique était moindrement possible, il aurait certainement réussi.
Mais il a échoué. Cet échec est l'annonce de temps encore plus durs pour la Grèce, dont la dépression économique est promise à s'aggraver, combinée à une humiliation constante par la main de fer de la Troïka. Cet échec est aussi une très dure leçon pour qui imaginait pouvoir «changer l'Europe». Non. Il n'y a que deux options : accepter en l'état l'Union européenne, ou reprendre sa liberté.
Presse anglo-saxonne stupéfiée et atterrée - l'eurozone ne fait pas illusion

La presse anglo-saxonne ne mâche pas ses mots pour décrire l'accord du 13 juillet. L'heure, il est vrai, n'est pas aux politesses, et un point de vue extérieur rend peut-être la situation encore plus claire – et encore plus douloureusement surprenante. Il ne faut pas s'y tromper : de l'extérieur, l'eurozone ne fait absolument pas illusion.
Petit florilège très partiel, avec une journaliste du Guardian britannique, un journaliste allemand du Financial Times et un économiste et prix Nobel américain.
La "famille" européenne allemande a montré qu'elle est capable de véritable cruauté boche, collabos or not ?
Le monde voit ce qui est fait à la Grèce au nom de la stabilité de l'euro. Il voit une nation dépouillée de sa dignité, de sa souveraineté, de son avenir. (…) Qui dirige ces banques, et pour le compte de qui ? Les slogans Twitter parlent des trois guerres mondiales : la première avec des fusils, la deuxième avec des tanks et cette troisième avec des banques. Un point de vue extrême ? Eh bien, il y a clairement plus d'une manière de prendre le contrôle d'un pays.
Les créanciers brutaux de la Grèce ont démoli le projet de l'eurozone
En forçant Alexis Tsipras à une défaite humiliante, les créanciers (...) ont détruit l'eurozone telle que nous la connaissions et démoli l'idée d'union monétaire comme étape vers une union politique démocratique.
Ils sont ainsi revenu aux luttes de pouvoir nationalistes des XIXème et début XXème siècle. Ils ont réduit l'eurozone à un système toxique de taux de change fixes, partageant une monnaie unique, géré dans les intérêts de l'Allemagne, maintenu par la menace d'appauvrissement absolu pour qui défie l'ordre établi. La meilleure chose que l'on puisse dire de ce week-end est l'honnêteté brutale de ceux qui ont perpétré ce changement de régime.
Tuer le projet européen en faveur de l'europe boche
Ceci dépasse la dureté et va jusqu'au pur esprit de vengeance, destruction complète de la souveraineté nationale, et aucun espoir de soulagement (...) une trahison grotesque de tout ce que le projet européen était supposer défendre. (...)
Mais le plus gros des dégâts est déjà fait. Qui fera jamais à nouveau confiance aux bonnes intentions de l'Allemagne après cela ? (...) Ce que nous avons appris ces deux dernières semaines est qu'être membre de l'eurozone signifie que les créanciers peuvent détruire votre économie si vous faites un pas de côté. (...) Gardez votre cash
Le projet européen – que j'ai toujours loué et soutenu – vient juste de recevoir une blessure terrible, peut-être fatale. Et quoi que vous puissiez penser de Syriza, ou de la Grèce, ce ne sont pas les Grecs qui ont fait cela. Article publié sur le blog Noeud gordien

Pierre-Henri Thomas, propos de James Galbraith,  dans "Trends Tendances" Belgique du 16 juillet 2015 Article intitulé : "Ce n'est pas un accord, c'est un viol"

 
Professeur à l'université d'Austin (Texas), James Galbraith, le fils de John Kenneth Galbraith, a des mots très durs pour commenter l'accord intervenu lundi entre la Grèce et les autres membres de l'Union européenne. Ce proche de l'ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis condamne à la fois le FMI, la BCE et l'Union européenne.
 Quelle est votre regard sur - l'accord - entre guillemets-de lundi ?
Vous mettez vous-même ce terme entre guillemets : ce n'est en effet pas un accord. C'est un viol, le consentement grec fut obtenu de la manière habituelle dans ces circonstances : comme l'a dit justement le premier ministre grec Alexis Tsipras, il a donné son accord avec un couteau sur la gorge. En l'espèce, le couteau était la menace brutale exprimée par la banque centrale européenne de faire s'écrouler le système bancaire du pays (en refusant de prolonger ses lignes de crédit d'urgence, NDLA).
Vous pensez que ces décisions ont une petite chance de résoudre quand même le problème ?
Etant donné l'échec cuisant auquel ont abouti les politiques similaires qui ont été conduites ces cinq dernières années, il est difficile pour toute personne raisonnable de croire que la poursuite des mêmes politiques aboutirait maintenant à relancer l'économie grecque.
Certains observateurs disent que finalement, il aurait mieux valu décider d'un Grexit, d'une sortie de la Grèce de la zone euro, plutôt que d'arriver à ce texte...
Tout cela dépend de la manière dont l'exit aurait été conduit et de l'importance de l'aide que les amis de la Grèce auraient apportée au pays.
Pourquoi, à votre avis, l'Allemagne a adopté un ton si dur?
Pour des raisons de politiques intérieures. Parce que la chancelière Angela Merkel semble avoir été prisonnière de sa propre administration et parce qu'elle ne veut pas être déforcée au profit de Wolfgang Schäuble au sein de la CDU.
Pensez-vous, comme certains économistes anglo-saxons, que tout ce qui se passe aujourd'hui est la conséquence d'une mauvaise structure originelle, d'un "bad design" de la zone euro ?
Oui, en partie...
... ils disent que dans cette zone imparfaite, il est impossible désormais de s'ajuster via les taux de change. Et que la seule manière de résoudre les déséquilibres entre les pays qui dégagent des surplus commerciaux et ceux qui sont en déficit, est que ces derniers s'ajustent via les prix et les salaires. Ce qui revient à prendre des mesures déflatoires....
Oui, c'est exactement cela !
Comment expliquez-vous la position du Fonds monétaire international : après avoir imposé de dures mesures d'austérité à la Grèce ces dernières années, il dit aujourd'hui que la solution ne viendra pas sans une restructuration profonde de la dette grecque par les Européens?
Le FMI continue de supporter ces mesures d'austérité, qui ne fonctionnent pas. Mais il lui est interdit de participer à un programme d'aide d'un pays dont la dette n'est pas soutenable. La publication ces dernières heures d'analyses montrant que la dette grecque n'est pas soutenable est donc le moyen pour le fonds de refuser de participer à un nouveau plan de sauvetage. Cela pose d'ailleurs un problème majeur pour le financement de l'accord de lundi, car le prêt que donnerait le MES à la Grèce requiert (ce sont les statuts du MES, NDLA) la participation du FMI. Si ces conditions ne sont pas remplies, le fonds peut se retirer et dire comme Ponce Pilate : je m'en lave les mains.
Et vous, quelles solutions proposez-vous pour régler le problème grec?
Je continue de supporter les efforts de personnes courageuses en Grèce, et notamment ceux de mon ami Yanis Varoufakis, l'ancien ministre des Finances, pour trouver une manière tolérable d'avancer...

Charles Gave dans "Les Crises.fr" du 13 juillet 2015 Article intitulé : « Les Allemands torturent torturent ??? les Grecs pour que les Italiens entendent leurs cris », par Charles Gave

" Grèce : Enfin des bonnes nouvelles ! par Charles Gave
"Lénine avait coutume de dire que pendant certaines semaines, plus d’événements inouïs se passaient que pendant toutes les décennies précédentes et c’est une idée que je crois très juste. C’est peut être ce que nous allons vérifier une fois de plus dans les semaines qui viennent.
Prenons l’Euro.
Depuis sa création, je ne cesse d’expliquer à qui veut bien l’entendre que tout cela finira très mal et que l’Euro n’est pas une monnaie, mais une construction complètement artificielle qui allait détruire l’Europe de la diversité que j’aimais profondément, dans l’espoir insensé de créer de toutes pièces un Etat Européen dont seuls des technocrates non-élus  seraient les bénéficiaires. Exact parce qu'utilent aux lobbies. En fait, les états sont privatisés par les technocrates et technocrétins (voire technopourris) non-élus. Jusqu'au où l'un dentre eux se fera "logiquement" descendre par une de ses victimes....et il y en a
Et j’étais loin d‘être seul à me faire du souci.
Par exemple, Milton Friedman, bon connaisseur de la monnaie s’il en fut, avait coutume de dire qu’à sa connaissance c’était la première fois dans l’Histoire que des pays souverains décidaient de tous utiliser la même monnaie et que le système sauterait si un choc asymétrique venait  à toucher les différents pays. Ce qu’il voulait dire était que, dés qu’un choix allait devoir être fait entre la Souveraineté Nationale et la monnaie, la Souveraineté Nationale l’emporterait.
Ce choc, nous l’avons eu au moment de la grande crise financière de 2008-2009, le système a failli craquer et a fini par tenir quand monsieur Draghi a fait comprendre aux marchés que les Traités, il s’asseyait dessus et que la Bundesbank ne pouvait que se coucher, ce qu’elle fit. Et donc le nœud coulant fut resserré autour du cou de la Grèce et desserré par ailleurs, l’idée étant que les malheurs des Grecs devaient montrer aux autres peuples Européens pris dans le même étau ce qui arrivait aux mauvais sujets. Comme me l’avait dit le patron de l’une des grandes sociétés d’assurance Allemandes avec beaucoup de finesse (!), « Nous torturons les Grecs pour que les Italiens entendent leurs cris», ce qui m’avait passablement surpris venant d’un Allemand. Surpris, pourquoi ? Les chiens n'ont jamais fait des chats. Ici, je ne parle pas du Peuple Allemand mais des politicards boches et de leurs collabos français, belges et autres merdes.
Et donc l’Euro est encore là, à ma grande surprise, continuant à pousser les peuples Européens dans la misère et le désespoir, les seuls gagnants étant des technocrates que personne n’a élu.
Au fil des années, je me suis quand même demandé POURQUOI je détestais l’Euro à ce point ?
Je crois que j’ai compris. Au début, j’étais contre l’Euro pour des raisons  purement techniques puisqu’il était idiot de vouloir maintenir un taux de change fixe entre des pays qui ont des productivités du travail et du capital complètement différentes. Et puis j’ai réalisé que derrière ce projet il y avait une volonté profonde de détruire les Nations Européennes.
Philosophiquement, je suis un partisan des Lumières, c’est-à-dire de la Liberté, ou plus exactement de Libertés bien concrètes et bien réelles. Le projet des Lumières était que chaque homme puisse exercer ses Libertés, dans trois domaines essentiels.
    •    Domaine Social : Liberté de la Presse, Liberté d’enseignement, Liberté  syndicale, Liberté d’expression constituaient le cœur des Libertés, les désaccords éventuels étant portés sur la place publique et la possibilité d’exprimer son non consentement étant considéré comme un bien public et non comme une trahison. Bien sur ces Libertés devaient être défendues  par des tribunaux indépendants.
    •    Domaine Economique : Liberté d’entreprendre, d’embaucher, de débaucher,  d’investir  dans mon pays ou dans celui d’à coté ou de ne pas investir du tout, de passer des contrats, de ne pas souffrir du capitalisme de connivence ou de la concurrence indue des monopoles publics, telles sont les Libertés économiques…
    •    Domaine Politique : Elections fréquentes, Liberté de candidature, Séparation des Pouvoirs, ce qui implique qu’une majorité de circonstance ne peut aliéner la Souveraineté Nationale qui par définition est inaliénable.
Et je suis en bonne compagnie.
Jean-Paul II dans son encyclique « Centesimus Annus », écrite pour commémorer la grande encyclique de Léon XIII «  Rerum Novarum » qui consacrait la réconciliation entre l’Eglise et le monde nouveau, précisait que la Liberté de chaque homme ne pouvait s’exercer que dans le cadre de la Nation dont il était citoyen (en tant que Polonais, il savait de quoi il parlait).
Un peu plus loin, il indiquait que l’entreprenariat était une vocation et que les pays où les entrepreneurs ne pouvaient exercer leurs Libertés n’étaient pas libres.

Ce qui veut dire en termes clairs que l’Euro était une machine à détruire nos Libertés comme il en a peu existé dans l’Histoire. Je m’explique, en commençant par les entrepreneurs.
    •    Etre entrepreneur, c’est analyser des signaux de marchés qui passent par le système des prix. Comme je l’ai souvent expliqué ici, TOUS les prix dérivent de  deux prix fondamentaux le taux de change et le taux d’intérêt. Le taux de change c’est ce qui permet de savoir combien doit être produit à la maison et combien à  l’extérieur et ce prix reflète des avantages et des contraintes purement nationales.  Prenons un exemple : La France, fort démocratiquement, décide d’avoir 40 % de fonctionnaires de plus que l’Allemagne pour 10000 habitants, ce qui est son droit. On peut le déplorer, mais le prix n’est pas cher si c’est la condition pour que la volonté de vivre ensemble demeure.  Cela veut dire que le  coût de l’Etat Français sera de 40 % supérieur au coût de l’Etat Allemand, ce qui n’est ni bien ni mal, mais ce coût devra être supporté in fine par les entreprises Françaises. Par contre, comme les fonctionnaires ne produisent rien pour l’exportation, un taux de change fixe entre l’Allemagne et la France tue les entrepreneurs Français dont les couts sont supérieurs à ceux des entrepreneurs Allemands, au profit de ces mêmes entrepreneurs Allemands et nous envoie en dépression, ce qui est très fâcheux.
    •    Passons aux taux d’intérêts, qui doivent se situer sur le taux de croissance moyen de l’économie, selon la règle d’or de Maurice Allais ou de Wicksell.  Comme le taux d’intérêt est le même pour tous les pays dans la zone Euro, il se calera sur la moyenne de croissance des pays Européens et donc il sera automatiquement trop bas pour l’Allemagne et trop haut pour la France ou l’Italie, ce qui constitue un handicap de plus pour ces deux pays. L’euro empêche donc  les entrepreneurs Français ou Italiens de suivre leur vocation. Et c’est pour ca qu’ils partent tous à Londres, à New-York ou à Hong-Kong , laissant le peuple Français au chômage face aux fonctionnaires Français fort prospères tant que la France pourra s’endetter pour les payer … Et donc l’Euro détruit le pacte national qui unit les citoyens de chaque Nation, ce qui m’amène a mon deuxième point, la Nation.
    •    “Une Nation” disait Renan, “c’est une volonté de vivre ensemble”. Dans une Nation, pour qu’elle fonctionne, nous avons besoin d’un organisme qui aura le monopole de la violence légitime et cet organisme, pour payer ses dépenses devra lever des impôts qui seront libellés dans une monnaie dont le cours correspondra aux forces et aux faiblesses du pays en question. Payer ses impôts librement à un état légitime est donc le début de la Démocratie, comme les Anglais l’ont compris depuis 800 ans.
Il n’en est rien dans l’Euro.
PERSONNE n’a le monopole de la violence légitime en Europe, et pour une raison très simple : il n’existe pas de Nation Européenne et la démonstration en est faite par la BCE qui finance les Etats légitimes en imprimant de l’argent puisque les impôts ne suffisent pas. Or les impôts sont la manifestation de cette volonté de vivre ensemble… Et  donc le projet Européen apparait en pleine lumière : Il s’agit purement et simplement de détruire les volontés de vivre ensemble, c’est-à-dire les  Nations Européennes auxquels les peuples sont extraordinairement attachés, pour construire un Etat Européen dont personne ne veut sauf mes chers Oints du Seigneur (ODS), tous socialistes c’est-à-dire sans aucun respect pour la volonté du Peuple, qu’ils méprisent. Et nulle part, cette volonté de destruction de la Nation n’a été plus visible qu’en Grèce. L’Etat Grec est  certes tout à fait inefficace, tout le monde le savait, un peu comme l’Etat Italien mais le Peuple Grec est une réalité profonde et ancienne.  Attaquer la Grèce parce qu’elle avait un Etat inefficace a couté fort cher à Mussolini et à Hitler, qui eux aussi, comme mes ODS aujourd’hui,  voulaient rétablir l’Empire Romain…
Ils n’ont pas trouvé en face d’eux l’Etat Grec, mais bien le Peuple Grec, ce qui n’est pas  pareil. La même chose va arriver aux ODS Européens.  L’Euro n’est qu’une expression de plus, après  le communisme, après  le fascisme, après le nazisme de la Présomption Fatale de ce cher Hayek, qui avait tout compris. La seule différence est que les victimes de ce projet contre nature se suicident à la place d’être envoyés dans des camps de concentration. Gros progrès !
Les Grecs vont donc pouvoir voter, ENFIN suis- je tenté de dire.
Quand Papandreou avait proposé la même chose il ya quelques années, il avait été promptement débarqué grâce à ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat organisé a Bruxelles pour être remplacé par un Quisling de service, ex haut fonctionnaire de …la BCE.
Je ne sais pas ce que les Grecs vont voter, mais comme le dit le proverbe Américain, les dindes votent rarement pour Noel.
En tout cas, je sais ce que je voterais si j’étais Grec.
“L’Homme” disait le Christ “ne vit pas que de pain”.
Les Grecs ont donc le choix entre la fin de l’horreur et une horreur sans fin.
J’espère que la révolte des Peuples Européens contre la dictature molle que Tocqueville avait parfaitement vu arriver a enfin commencé, et si c’est le cas,  elle se produit d’abord, ironie de l’Histoire dans le pays qui a été le berceau de la Démocratie…
Quel magnifique symbole.
En réalité, je ne connais pas d’exemple dans l’Histoire de retour vers la Démocratie et vers des prix de marché qui se soient mal terminés.
Je me sens redevenir optimiste. Comme le disait Jean-Paul II, encore lui : “N’ayez pas peur car la Vérité l’emportera toujours sur le Mensonge”.
Conclusion : ce qui se produit en Grèce est une bonne nouvelle, mais ça va secouer.

 
 "Le XXI siècle sera celui du courage. Courage dans la douleur ou courage dans l'attitude et l'affirmation des seules valeurs d'Avenir que sont les valeurs Humaines et Humanistes. Réapprenons à dire NON."©

« Sachez dire non pour être digne de votre Liberté. Ne jamais accepter de devenir, petit à petit, de façon insidieuse le terreau fertile de l’asservissement et de l’acceptation de l’inacceptable. »©

Souvenez-vous :

Sébastien Buron dans "Trends Tendances" Belgique du 25 février 2015 Article intitulé : "Les inégalités entre riches et pauvres ne font pas partie du mandat de la BCE"

" Rue de la Loi, numéro 223, à Bruxelles. C'est là, au cinquième d'un immeuble situé à deux pas du rond-point Schuman, dans une petite salle de réunion d'un bureau de représentation de la BCE, que Peter Praet, économiste en chef de l'institution de Francfort, nous a reçus pour un de ses rares entretiens avec la presse belge. En exclusivité pour les lecteurs de Trends-Tendances, il parle de l'avenir de la zone euro et revient sur la décision de la gardienne de l'euro de lancer un quantitative easing (QE) à l'européenne, en français un assouplissement monétaire.
TRENDS-TENDANCES:. Ce QE, était-ce la seule option valable pour lutter contre les menaces déflationnistes ?
PETER PRAET: Il faut non seulement replacer la décision dans le contexte des mesures non conventionnelles prises au cours des dernières années mais aussi au regard de la situation économique qui prévalait depuis le printemps 2014, en avril-mai. La croissance dans la zone euro commençait alors à ralentir. J'ai d'ailleurs dit publiquement la chose suivante : the economy is losing momentum at an early stage of a weak and fragile recovery (l'économie s'essouffle au commencement d'une reprise faible et fragile, Ndlr). C'est à ce moment-là que nous avons décidé de venir avec de nouvelles mesures, dont le premier TLTRO (targeted longer-term refinancing operations, Ndlr). Mais nous nous sommes rendu compte que le crédit via le canal des banques ne redémarrait pas vraiment. Or, quand les taux sont négatifs, que vous avez mis en oeuvre un certain nombre de mesures de politique monétaire sans l'effet escompté, il est alors logique d'acheter directement des obligations sur le marché. C'était en octobre dernier, nous avons alors commencé à songer à aller plus loin.
La mesure n'arrive-t-elle pas trop tard ?
Certains disent effectivement que nous arrivons un peu tard. D'autres pensent le contraire. Mais il faut bien comprendre une chose : la discussion autour du QE n'a pas été simple, en raison notamment de la dimension politique liée à la mutualisation des risques, le loss sharing. Certains membres du conseil se sont montrés réticents, considérant que le moment n'était pas venu d'utiliser cet instrument de politique monétaire non-conventionnelle. Cela a été très difficile pour eux d'accepter le QE. Nous avons essayé d'évacuer ce problème politique de loss sharing, qui assume les pertes en cas de défaut d'un pays, en nous concentrant uniquement sur les questions d'ordre monétaire, c'est-à-dire tout faire pour stimuler l'inflation et relancer l'économie. Ne polluons pas le débat monétaire par ces questions de loss sharing : finalement, c'est comme cela que nous avons pris la décision. Et les marchés ont bien réagi. La politique monétaire accommodante creuse les inégalités entre riches et pauvres. Tenez-vous compte de cet aspect des choses dans vos décisions ? Non. Pour la simple raison que cela ne fait pas partie du mandat de la BCE. Cela peut paraître bureaucratique comme réponse, mais c'est une réponse très importante.

 

Oui, effectivement, cette réponse est très importante car elle et totalement délirante, édifiante et révoltante.

 

En clair, il dit moi je m'occupe de mes chiffres et les conséquences humaines ne relèvent pas de mon mandat...par contre il est payé comme tous les fonctionnaires européens des salaires de dingues avec des avantages hors toutes normes connues, le tout à la charge des Humains qui l'ont à charge, c'est à dire des Peuples Européens qu'il paupérise volontairement. Il flingue et il touche. Cool non ?

 

Je propose aux paupérisés des Peuples Belges de s'inviter chez lui pour manger et boire une bonne bière. Il vous doit bien cela et vu le nombre vous aurez droit à des billet SNCB à prix réduit "Spécial groupe". En fait de groupe, ce seront des trains spéciaux.

 

Qui est encore pour l'europe allemande ?

 

A vous entendre, vous êtes partisan d'un impôt sur la fortune...
Non, je n'ai pas dit cela. Je dis simplement que je reconnais le problème. Mais taxer la fortune ou pas est un choix politique. Toute politique monétaire à un impact sur l'épargnant. Lorsque vous achetez des obligations d'Etat, ce que nous faisons avec le QE, ce n'est pas à l'avantage de ceux qui ont des dépôts d'épargne. D'un autre côté, si nous tombons en récession, ces inégalités vont empirer. Bref, il revient au monde politique de se pencher sur cette question des inégalités. C'est sa responsabilité. Ce n'est pas du ressort d'une banque centrale. Il appartient aux gouvernements de prendre les mesures pour corriger ces inégalités s'ils estiment nécessaire de le faire.
Retrouvez l'intégralité de cette interview exclusive dans le Trends-Tendances à paraître ce jeudi 26 février 2015.

Souvenez-vous :

Romaric Godin dans "la Tribune" du 22 décembre 2014 Article intitulé : Quand la BCE dictait à l'Espagne sa politique économique...

" La BCE évolue progressivement vers un peu plus de transparence. On sait qu'à partir du 22 janvier, elle publiera désormais, comme la plupart des grandes banques centrales, un résumé des débats au sein du conseil des gouverneurs. Mais un des points sur laquelle l'institution était attendue, c'était son rôle exact dans l'imposition des politiques d'austérité en 2010-2011 à plusieurs pays de la zone euro. Même si la BCE refuse toujours de collaborer avec la commission d'enquête parlementaire irlandaise sur la crise, la BCE semble aussi avancer très doucement sur ce point. Comment est-ce possible ? Comment est-ce acceptable ?
Une lettre de la BCE rendue publique
Le mois dernier, la banque centrale avait ainsi publié l'échange de lettres de novembre 2010 entre son président d'alors, Jean-Claude Trichet et le ministre des Finances irlandais à la même période, Brian Lenihan. On y apprenait officiellement que l'institution de Francfort avait soumis le maintien de l'aide à la liquidité d'urgence du système bancaire irlandais à l'acceptation des conditions du « sauvetage » du pays par l'UE et le FMI. Chantage or not ? Est-ce cela l'Europe de la Paix ? Vendredi, la BCE a fait un pas supplémentaire. L'institution a déclassifié l'échange de lettres datant d'août 2011 entre la BCE et le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero. Depuis trois ans et demi, un avocat espagnol, Isaac Ibañez, cherchait à obtenir cette publication. La BCE demeure cependant très mal à l'aise vis-à-vis de ces lettres qu'il est fort difficile de trouver sur son site. La lettre de la BCE du 5 août, signée de Jean-Claude Trichet, alors en fin de mandat à Francfort, et du président de la banque d'Espagne, Miguel Fernandez Ordoñez, avait déjà été rendue publique voici un an par l'ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, en annexe dans son livre "Le Dilemme". Mais la BCE avait toujours refusé de confirmer l'existence de cette lettre. C'est finalement chose faite. BCE qui magouille...
Août 2011 : les marchés attaquent l'Espagne
Rappelons le contexte. Un an après le début de la crise grecque et le « sauvetage » de l'Irlande et du Portugal, l'été 2011 connaît une nouvelle flambée de panique sur les marchés. Cette fois, c'est l'Italie, la France et surtout l'Espagne qui sont dans le viseur des marchés. La BCE envoie alors cette lettre au chef du gouvernement de Madrid pour lui demander de prendre des mesures capables de « restaurer la crédibilité de la signature espagnole sur les marchés des capitaux. » La BCE détaille alors ces mesures sur trois pages. On est surpris du détail des demandes contenues dans cette missive.
Le « programme économique » de la BCE
La BCE réclame notamment une réforme en profondeur du marché du travail, comprenant une priorité aux accords salariaux au niveau de l'entreprise et non plus de la branche, la fin des clauses d'ajustement des salaires sur l'inflation, la « revue » des autres régulations sur le marché du travail et, pour finir, la BCE estime que le gouvernement « devrait prendre des actions exceptionnelles pour encourager la modération salariale. » Sur le plan budgétaire, la BCE « exhorte le gouvernement d'annoncer dès ce mois-ci des mesures de consolidation budgétaires structurelles additionnelles. » Enfin, la BCE demande de mettre en place plus de concurrence dans l'énergie et dans le secteur des services.
La réaction de José Luis Zapatero
Clairement, la BCE a donc demandé une austérité plus sévère encore que celle qu'a alors commencé à mettre en place José Luis Zapatero. Ce dernier a refusé et s'en est ensuite vanté dans son ouvrage. De son côté, Jean-Claude Trichet, dans une interview à El Pais, a toujours souligné qu'il n'avait rien ordonné au gouvernement de Madrid, ni rien négocié avec lui. Décidemment, encore un mensonge d'un fonctionnaire français. Mais les choses ne sont pas si simples. D'abord, dans sa lettre du 6 août, José Luis Zapatero répond à la BCE qu'il entend « convoquer deux conseils des ministres extraordinaires pour prendre des mesures supplémentaires. » Ces mesures ne seront pas celles réclamées par la BCE, cependant. Mais durant le mois d'août, les deux grands partis espagnols de l'époque, les Socialistes du PSOE et les Conservateurs du PP se mettent d'accord pour intégrer la règle d'or budgétaire dans la constitution. Ce sera chose faite le 23 août.
La BCE agit, mais pas à la demande de Madrid
Dans sa réponse du 6 août, José Luis Zapatero réclame l'action de la BCE pour réduire la prime de risque sur les taux espagnols. Le 7, la BCE décide de relancer son programme « SMP » (Securities Market Programme) qui lui permet d'intervenir sur les marchés souverains. Faut-il y voir un effet de la bienveillance de la BCE vis-à-vis de l'Espagne, d'une « chance » qui a été donnée par Francfort au Royaume ? Pas vraiment. Compte tenu de la situation en ce début août 2011, la BCE n'avait pas le choix. L'Espagne n'est pas l'Irlande : il est impossible d'exercer la même pression sur ce pays que celle que l'on avait exercé sur l'île verte en novembre 2010. Si les écarts de taux (« spreads ») continuaient à se creuser, l'existence de la zone euro serait devenue problématique. La BCE a donc relancé le programme SMP parce que les événements la contraignaient à agir sans attendre la réponse de Madrid. Déjà, la France menaçait alors d'être attaquée.
A la différence du cas irlandais, et plus tard, du cas chypriote, il n'y a donc pas eu de « chantage » de la BCE donc la BCE a pratiqué le chantage....Europe de la Paix ou europe allemande ? Qui vote pour le maintien de ce type d'europe ?  envers Madrid, mais seulement ce que l'on pourrait appeler une « tentative d'intimidation. » Il n'y a pas, comme en Irlande, de « condition » à l'action de la BCE qui, du reste, n'est pas évoqué. C'est simplement des recommandations insistantes. Il n'empêche, les recommandations de cette lettre apparaissent comme une annonce de la politique qui sera menée par Mariano Rajoy à partir de sa victoire du 20 novembre 2011 et qui conduira le pays dans une cure d'austérité particulièrement sévère et dans une récession longue et profonde.
L'aveuglement de la BCE
Le principal enseignement de cette lettre, c'est l'aveuglement de la BCE à cette époque. La Banque centrale a alors profondément sous-estimé les conséquences de l'austérité et des « réformes » sur l'économie de la zone euro. Comment pourrait-elle avoir "sous-estimé" ? Ce n'est pas crédible. Et si les fonctionnaires avaient tout simplement été "lobbyisés" ? Il convient de ne pas oublier, du reste, que la BCE n'était pas, à l'époque, exempte de tout reproche sur les événements de cet été 2011. Le 7 juillet 2011, Jean-Claude Trichet annonçait ainsi une hausse de son taux directeur de 0,25 point à 1,5 % et une hausse du taux de la facilité de dépôt d'autant à 0,75%. La crise de l'été 2011 ne fera pas bouger la BCE et il faudra attendre le 3 novembre 2011 et l'arrivée de Mario Draghi pour que le taux directeur revienne à 1,25 %. Ce durcissement monétaire en pleine crise a été un signal très négatif envoyé aux marchés et à l'économie européenne déjà soumise à une vague d'austérité. La demande de Francfort de renforcer cette austérité relève une incompréhension incompréhension...MDR  complète de la situation et des conséquences à moyen terme de cette politique.
Un programme SMP peu efficace
Certes, la BCE a réagi avec le programme SMP. Mais là encore, il s'agissait d'une mesure de peu d'envergure, capable de calmer une poussée de fièvre, mais pas la crise en soi. D'ailleurs, ce programme devait être « stérilisé », autrement dit, ne devait pas donner lieu à de la création monétaire. Plus que la crise, la BCE restait alors obsédée par l'inflation, ne comprenant pas les effets déflationnistes des politiques menées. La crise ne s'est donc pas réellement apaisée, faute de vraie action de la BCE et d'une politique récessive de la part des Etats « à l'invitation » de la BCE.  Mario Draghi a donc dû réorienter la politique de la BCE. En rebaissant les taux, puis en lançant une première opération de prêt à long terme (LTRO) avant de devoir, à l'été 2012, après le fameux « quoi qu'il en coûte » ( « Whatever it takes ! »), sortir le programme OMT, ce programme de rachat illimité jamais utilisé, mais qui a été assez dissuasif pour apaiser les marchés. Mais si la crise financière a été réglée, la crise économique et ses conséquences politiques restent vivaces.
L'ignorance des conséquences politiques
En voulant imposer un programme « standard » à José Luis Zapatero, Jean-Claude Trichet a aussi montré qu'il n'a pas su mesurer ces conséquences politiques. Mettre d'accord les deux grands partis sur une politique d'austérité « sans alternatives » conduit à une exaspération démocratique et à la recherche de « solutions » par les électeurs. Pourquoi voter en 2015 pour le PSOE qui a défendu la même politique que Mariano Rajoy auparavant ? En Espagne, c'est le mouvement issu du mouvement des Indignés, Podemos, qui profite de cette erreur et est actuellement en tête dans les sondages. L'an prochain, l'Espagne pourrait être ingouvernable. Ce sera le fruit des politiques proposées en 2011 par la BCE...

L’Expansion.com/Laurent Martinet  dans "Trends Tendances" du 10 janvier 2014 Article intitulé : Faut-il brûler la BCE?

"Jean-François Bouchard, cadre dirigeant de la Banque de France chargé de préparer l'Union bancaire avec la Banque centrale européenne, fait le procès d'une institution aussi puissante que méconnue. En mal de leadership, l'Europe? Elle a pourtant un maître, qu'elle connaît bien mal, selon Jean-François Bouchard, cadre dirigeant de la Banque de France, actuellement chargé de préparer l'Union bancaire européenne. Dans L'Empereur illicite de l'Europe - Enquête sur les dessous de la BCE (Max Milo), il fait le procès d'une institution méconnue, qui concentre de plus en plus de pouvoirs sans en répondre à quiconque. Comment est-ce possible en démocratie ? La Banque centrale européenne (BCE), prévue par le traité de Maastricht en 1992, a été instituée en 1998. Elle est chargée d'émettre l'euro comme monnaie commune et unique, de lutter contre l'inflation et de veiller sur la stabilité des prix dans les 18 pays de la zone euro. Les traités européens garantissent son indépendance vis-à-vis des Etats, qui n'ont pas le droit d'intervenir sur ses orientations. A quoi servent encore les Etats nationaux ? Son siège est à Francfort, en Allemagne. Ou les liens avec l'état allemand... Elle va devenir responsable à l'automne 2014 de la tutelle des banques européennes dans le cadre de l'Union bancaire. L'italien Goldman Sachs Mario Draghi, son directeur depuis 2011, joue à l'oracle oracle ou vérole ? économique de l'Europe dans ses points de presse mensuels, dans lesquels il donne l'avis de la BCE avis de la BCE ou son avis de "Golman sachs" ? sur la conjoncture et fait part des décisions du Conseil des gouverneurs des banques centrales sur les taux auxquels la BCE prête de l'argent aux banques européennes. La BCE a baissé son taux directeur de 0,5% à 0,25% en novembre dernier, plus bas historique pour soutenir une activité qui peine à reprendre en zone euro. Ne savait-il pas que cet argent risquait d'être "détourné" par les banques. Aurait-il fait un cadeau aux banques ? Le point presse prévu aujourd'hui devrait confirmer la tendance à fournir de l'argent bon marché, car l'inflation n'a atteint en décembre que 0,8%. Alors que la BCE vise un taux légèrement inférieur à 2%, normal pour une économie en croissance. Jean-François Bouchard reconnaît à la BCE une grande réussite. Sous la direction de Jean-Claude Trichet (2003 - 2011), elle est parvenue à mettre un terme à la spéculation financière contre les Etats européens mis en difficulté par la crise des subprimes. Dès 2008, elle prête aux banques privées des montants illimités pour des durées de plus en longues avec ses programmes LTRO (Long Term Refinancing Operations). Mais elle se permet aussi d'agir contrairement à ses statuts. L'article 123 du Traité européen lui interdit en effet "d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres". La BCE s'est pourtant permise, au grand dam de l'Allemagne, de lancer en mai 2010 le programme SMP (Securities Market Program) pour racheter au total 210 milliards de titres souverains pourris à la Grèce, à l'Italie, à l'Espagne, au Portugal et à l'Irlande. L'Allemagne, 28% du PIB de la zone euro, désapprouve ce financement d'Etats au bord de la faillite, mais elle n'a théoriquement pas plus de pouvoir au sein de la BCE que les autres membres. En septembre 2012, sous la présidence Draghi, la BCE annonce la mise en oeuvre du programme OMT (Outright monetary transactions) pour racheter sans limite de montant tous les titres souverains des Etats en difficulté, s'ils ont moins de trois ans. Permettant ainsi le financement illimité des Etats. Seul le représentant allemand vote contre. Mais l'annonce de ce nouveau programme suffit à décourager les spéculateurs. Chapeau bas de l'auteur à Mario Draghi, malgré son passé pourquoi passé ? sulfureux de banquier d'affaires chez Goldman Sachs. "Il a agi en banquier et non en juriste". Comment est-ce possible de ne pas respecter le droit ? Effectivement, il a agi en banquier... Il a submergé les marchés de liquidités (comme Greenspan que peu de personnes osaient "toucher") et provoqué la prochaine crise qui va encore plus mettre à mal les Etats et les Peuples en état de dépendance. Les Etats et les Peuples sont désormais les manoeuvres (mis au pas et fliqués) de la réalisation de chiffres comptables (sans aucune valeur) à un instant donné. Chiffres qui, bien que n'ayant aucune valeur, sont les objectifs qui sont assignés aux Etats et aux Peuples par des autorités supra-étatiques qui ne respectent aucune règle de droit quand cela les arrange.  Voilà le temps du procès. Pour prix de l'argent prêté, la BCE, au sein de la troïka qu'elle compose avec la Commission européenne et le FMI, a pris le pourvoir sur l'économie des pays qu'elle avait sauvé. Elle n'a sauvé personne, elle a asservi volontairement les pays qu'elle a mis à mal tout aussi volontairement. Pourquoi ne pas mettre les Fonds de Stabilisation Boursier nationaux en place alors que nous allons entre en cycle de bulle ?  Combien de personnes ont réellement eu les 18% de hausse du CAC annoncé par les médias à grand renfort de "unes" ?  Comment expliquer les silences de l'AMF sur cette désinformation qui sert à la pratique de l'abus de confiance et à l'escroquerie des porteurs de parts ? Elle leur a imposé une austérité mortifère, qui n'a fait que les engluer dans leur crise. Oubliant la leçon de l'économiste Irving Fisher, spécialiste de la crise de 1929, qui a démontré que la réduction des salaires faisait se contracter les revenus d'un pays: "Malgré son austérité de meurt-de-faim, la Grèce en est à la quatrième restructuration de sa dette et ne s'est pas desendettée d'un seul euro. Même chose pour le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne." En effet, en visant la compétitivité, la BCE a parié sur le chômage pour faire baisser les prix et les salaires. Sans que l'économie redémarre pour autant. Avec, pour conséquence en Grèce un taux de suicide qui a bondi de 26% en 2011, et si les suicidés faisaient acte d'utilité publique en venant faire un petit tour à Bruxelles pour faire un petit nettoyage avant de se suicider eux ?  un record historique. Circonstance aggravante, la BCE n'a jamais reconnu son erreur, contrairement au FMI.
Pourquoi la BCE a-t-elle choisi cette méthode, qui avait la faveur de l'Allemagne la BCE qui est en allemagne serait-elle allemande ?, pour laquelle l'inflation reste le plus grand risque économique Selon Jean-François Bouchard, c'est parce qu'elle a été fondée sur le principe de la Bundesbank, et que ses statuts lui fixent comme but principal la lutte contre l'inflation. En fait, Herr Draghi de Goldman Sach est un .... Relancer la croissance et l'emploi, la BCE ne sait pas faire faux, elle ne veut pas le faire, contrairement à la Fed américaine. Il y a plus grave. Le peuple n'a jamais eu voix au chapitre dans les choix économiques qui ont été faits. Dans l'europe allemande, le peuple ferme sa gueule ou est déporté en chômeur sans ressource. Dans l'europe allemande, il est normal que le peuple vive avec le moins possible pour assurer la compétitivité de l'imbécilité financière et des lobbies qui "conseillent" les politiques dans la mise au pas des Peuples et des Etats. Dans l'europe allemande.... Qui veut de cette europe "boche" financière ? Je rappelle que mes propos ne touche pas le Peuple allemand mais les politiques allemands et les collabos dans la mise en place de ce système où les peuples ne sont plus que des pantins à disposition. Comme l'on dit certains politiques allemands il y a quelques mois, des sous hommes.   Mais qui pourrait contrôler la BCE? Les gouvernements? Discrédités par leur manque d'engagement européen, ils ont leur part de responsabilité dans les crises qui ont frappé leurs pays. La Commission? Jean-François Bouchard la juge incompétente. Le Parlement européen? Il n'a pas de pouvoir. Il ne reste que la BCE, qui "est devenue le seul réceptable possible des espoirs des Européens pour extraire leur prospérité de la voie de garage sur laquelle elle stationne depuis 2008". A condition de mettre fin à son irresponsabilité en "soumettant périodiquement son bilan au jugement des citoyens." Impossible, pour l'instant.  Jean-François Bouchard propose même "d'élire au suffrage universel son président et ses principaux responsables". Plus sérieusement, il remet en cause le dogme selon lequel "une banque centrale doit être une banque centrale, c'est à dire une institution indépendante des Etats, qui ne subit pas l'influence du peuple". La BCE "responsable" de Jean-François Bouchard se verrait ainsi fixer "des objectifs citoyens en termes de croissance et de chômage", et pourrait même devenir officiellement "un centre de financement des dettes souveraines", rôle qu'elle n'a fait que jouer en corsaire jusqu'a présent. Elle confisquerait aussi à la Commission le contrôle du budget des Etats.
Sinon? L'Europe peut trembler. A grand renfort de parallèles historiques avec la Grande-Bretagne du 13e siècle ou l'Allemagne des années 30, Jean-François Bouchard prévoit une grande révolte populaire contre les institutions européennes, dont elles ne sortiraient pas indemnes. Des scénarios de sortie de l'euro sont échafaudés pour différents pays, la France ne s'en tirant pas si mal. L'empereur, qu'il faut rendre démocratique, serait donc le seul recours de la construction européenne. On voit mal pourtant comment il pourrait rendre compte directement au peuple sans passer par une de ces institutions décriées: Commission ou Parlement."

Michel Santi, économiste, dans  « La Tribune  » du 13 mars 2013
Article intitulé : "L'indépendance de la BCE n'est qu'allégeance au système bancaire"
« Michel Santi est l'auteur de "Splendeurs et misères du libéralisme", ouvrage dans lequel il s'interroge sur les raisons de la crise qui secoue l'Europe. Dans cette chronique, il considère que l'indépendance de la Banque centrale européenne a eu pour conséquence de retirer aux États la pleine maîtrise de leurs finances publiques en les obligeant à se financer auprès des banques. Selon lui, la "sacro-sainte" stabilité des prix est assurée au détriment de la stabilité macro-économique.  Quand comprendra-t-on enfin que les déboires européens actuels ne sont en rien dus aux endettements publics ? Pourquoi l'orthodoxie, la pensée dominante, l'écrasante majorité des économistes, comme les dirigeants politiques (qui n'y comprennent pas grand-chose), s'obstinent-ils à considérer cette crise comme celle des « dettes souveraines » européennes ? Un petit rappel historique serait à cet égard éclairant. D'Histoire de France en l'occurrence, car c'est une loi française du début des années 70 qui devait consacrer cette orthodoxie financière - et figer dans le marbre la sacro-saint indépendance des banques centrales -, responsable des ravages actuels de l'Union européenne. »

Dans "Trends tendances" Belgique du 12 juillet 2015 Article intitulé : Grèce: pour le prix Nobel Joseph Stiglitz, l'Allemagne a "porté un coup sévère" à l'Europe

" L'Allemagne "a porté un coup sévère et ébranlé l'Europe" par son attitude dans la crise grecque, a estimé dimanche le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz,  "L'Allemagne a montré un manque de solidarité. Vous ne pouvez pas gérer une zone euro sans un minimum de solidarité. (Cette crise) sape complètement la vision commune et la solidarité européenne. C'est un désastre", a confié l'ancien chef économiste de la Banque mondiale à l'AFP, jugeant qu'il serait "déraisonnable" que les négociations en cours à Bruxelles aboutissent à demander "encore davantage" à la Grèce. "Si la BCE autorise les banques grecques à rouvrir et qu'un accord est renégocié, les blessures peuvent se refermer, mais si (l'Allemagne) réussit à utiliser cela pour exclure la Grèce, je crois que les dégâts seront très très profonds", a prévenu l'économiste. En fait, l'allemagne a été et est encore la plaie de l'Europe de la Paix. Les dirigeants européens et occidentaux critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l'impôt. Dans le même temps, les Occidentaux ont créé un système d'évasion fiscale mondial. Les dirigeants ne se cachant pas d'être "lobbyisés", la logique est impitoyable....sauf à reprendre l'idée d'alimenter une caisse de lobbyisation de 5 euros par an et par citoyen. 
Joseph Stiglitz est à Addis Abeba pour soutenir la création d'un organisme fiscal international, sous l'égide de l'ONU, afin de lutter contre l'évasion fiscale des multinationales en Afrique. Il accuse les pays riches de chercher avant tout à protéger leurs grandes entreprises qui échappent à l'impôt dans les pays en développement. "Les dirigeants européens et occidentaux critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l'impôt. Dans le même temps, les Occidentaux ont créé un système d'évasion fiscale mondial... et les pays avancés essayent de contrer l'effort global pour stopper l'évasion fiscale. On ne peut pas être plus hypocrite", a t-il ajouté.
Selon une estimation donnée par l'ONG Oxfam, les pays en développement perdent chaque année 100 milliards de dollars de recettes fiscales qui ne sont pas acquittées par les multinationales opérant sur leur sol....qui mais elles ont acheté les décisions qui leurs vont bien.

Dans "Trends tendances" Belgique du 12 juillet 2015 Article intitulé : Grèce: pour le prix Nobel Joseph Stiglitz, l'Allemagne a "porté un coup sévère" à l'Europe

" L'Allemagne "a porté un coup sévère et ébranlé l'Europe" par son attitude dans la crise grecque, a estimé dimanche le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz,  "L'Allemagne a montré un manque de solidarité. Vous ne pouvez pas gérer une zone euro sans un minimum de solidarité. (Cette crise) sape complètement la vision commune et la solidarité européenne. C'est un désastre", a confié l'ancien chef économiste de la Banque mondiale à l'AFP, jugeant qu'il serait "déraisonnable" que les négociations en cours à Bruxelles aboutissent à demander "encore davantage" à la Grèce. "Si la BCE autorise les banques grecques à rouvrir et qu'un accord est renégocié, les blessures peuvent se refermer, mais si (l'Allemagne) réussit à utiliser cela pour exclure la Grèce, je crois que les dégâts seront très très profonds", a prévenu l'économiste. En fait, l'allemagne a été est encore la plaie de l'Europe de la Paix. Les dirigeants européens et occidentaux critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l'impôt. Dans le même temps, les Occidentaux ont créé un système d'évasion fiscale mondial. Les dirigeants ne se cachant pas d'être "lobbyisés" se faisant leur lobbyisation sert bien les lobbyisateurs qui ne sont pas les citoyens. La logique est impitoyable....sauf à reprendre l'idée d'alimenter une caisse de lobbyisation de 5 euros par an et par citoyen. 
Joseph Stiglitz est à Addis Abeba pour soutenir la création d'un organisme fiscal international, sous l'égide de l'ONU, afin de lutter contre l'évasion fiscale des multinationales en Afrique. Il accuse les pays riches de chercher avant tout à protéger leurs grandes entreprises qui échappent à l'impôt dans les pays en développement. "Les dirigeants européens et occidentaux critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l'impôt. Dans le même temps, les Occidentaux ont créé un système d'évasion fiscale mondial... et les pays avancés essayent de contrer l'effort global pour stopper l'évasion fiscale. On ne peut pas être plus hypocrite", a t-il ajouté.
Selon une estimation donnée par l'ONG Oxfam, les pays en développement perdent chaque année 100 milliards de dollars de recettes fiscales qui ne sont pas acquittées par les multinationales opérant sur leur sol....qui mais elles ont acheté les décisions qui leurs vont bien.

Romaric Godin  dans "La Tribune" du 29 juin 2015 Article intitulé : Grèce : la victoire à la Pyrrhus de Wolfgang Schäuble

" En choisissant de ne pas laisser les Grecs voter fin des démocraties nationales en faveur de l'oligarchie des lobbies , l'Eurogroupe a choisi la voie tracée par le ministre allemand des Finances. Une voie qui n'exclut pas le Grexit. Mais l'euro en sortira-t-il renforcé ?
Dans son discours prononcé dans la nuit de vendredi à samedi, le premier ministre grec avait affirmé que les « institutions » (Eurogroupe, FMI et BCE) cherchaient à « humilier tout un peuple. » Il semble que l'Eurogroupe l'ait pris au mot et ait voulu rendre plus éclatante encore ce samedi 27 juin cette humiliation. Après avoir ignoré la demande de prolongation du programme de 2012 pour permettre aux électeurs grecs de se prononcer sur leurs propres propositions, les ministres des Finances de la zone euro ont demandé à Yanis Varoufakis, leur collègue grec, de signer ces mêmes propositions. Sur son refus, ils lui ont signifié la fin du programme à la date prévue, le 30 juin. Comment penser que l'Avenir ne passera pas par la reprise des armes ? Comment peut-on encore avoir de tels comportements face aux Peuples ? Hier, boches "politiques" aujourd'hui boches "financiers". 

« Quand ceux qui ont le pouvoir vole votre liberté, le seul chemin vers la liberté reste le pouvoir ».

Nelson MANDELA


Exclusion de la Grèce
A ce moment s'est produit un fait inouï jusqu'ici en zone euro : l'Eurogroupe a de facto exclu la Grèce. Le président de cette instance, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a pris la responsabilité de publier un communiqué de l'Eurogroupe approuvé par seulement 18 des 19 ministres des Finances. Mieux encore, il a demandé à Yanis Varoufakis de quitter la séance qui a repris sans donc le représentant de la Grèce afin « d'examiner les conséquences de la situation. » Un véritable coup de force dont la légalité reste incertaine. Jeroen Dijsselbloem a prétendu que l'Eurogroupe étant un « organe informel », il n'avait pas besoin d'unanimité en son sein.
Victoire de Wolfgang Schäuble
Au-delà des arguties légalistes, cette décision revient à tenter d'organiser l'exclusion de la zone euro de la Grèce, le fameux Grexit, en mettant en scène son exclusion de l'Eurogroupe. La ligne de Wolfgang Schäuble qui, vendredi encore, a répété que la « crédibilité de la zone euro » était plus importante que son « intégrité » tout est dit sur l'aveuglement de ce boche financier, l'a emporté. Sans surprise, il est vrai, tant cette ligne est dominante au sein des ministres des Finances. Nul n'aura au sein des 17 autres pays, tenté de s'opposer à cette création de facto d'une procédure d'exclusion d'un pays de la zone euro, procédure absolument absente des traités. La France quelle france ?, par la voix de Michel Sapin, prétend vouloir garder la Grèce dans la zone euro, mais de tels propos ne sont pas cohérents avec l'humiliation subie à nouveau par l'Hellade ce soir.
La BCE fera-t-elle la « sale besogne » de l'Eurogroupe ?
C'est la BCE qui va devoir désormais se charger de la basse besogne commandée par l'Eurogroupe. Constatant l'impossibilité d'un accord, la BCE ne pourra que cesser d'une façon ou d'une autre, de fournir des liquidités d'urgence aux banques grecques. Elle qui a tenté depuis des mois d'agir de façon détournée sur les négociations en évitant toute rupture, va donc réaliser concrètement le Grexit. Ce samedi soir, elle a publié un court communiqué annonçant une réunion dimanche. Mais désormais sa position est intenable : continuer à fournir le programme ELA aux banques grecques serait contraire aux traités, le cesser mettrait fin à la promesse de sauver l'euro « quoi qu'il en coûte » (whatever it takes) de Mario Draghi, prononcé en juillet 2012 et qui avait apaisé la crise de la dette. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore des exclusions dans une zone monétaire qui n'est unifiée par aucune unité politique réelle.
La responsabilité d'Angela Merkel
La responsabilité de cette situation revient principalement à Angela Merkel. Non, la responsabilité relève des politicards qui ont collaboré. Merkel n'a rien tenu d'autre que la politique allemande historique. En refusant de prendre la responsabilité d'un accord politique avec la Grèce parce qu'elle ne voulait pas accepter de restructurer la dette grecque, elle a laissé les discussions dans l'impasse de l'Eurogroupe. En fait, la Grèce est un "jeu" qui lui permet d'avoir une idée de la vilénie et de la couardise des autres pays. Elle peut jubilier car l'europe, c'est elle et les autres sont des pantins morts de trouille. Churchill avait raison. Refusant de déjuger son ministre des Finances, elle a laissé la voie libre à son propre plan : la concentration de la zone euro autour des « bons élèves. » Encore une fois l'électeur allemand a eu un poids décisif dans l'avenir de la zone euro. Rappelons que dans le choc entre Athènes et Berlin, le gouvernement grec était allé jusqu'au point où il avait accepté, par sa proposition du lundi 22 juin, de renoncer à l'essentiel des promesses de janvier. Il avait alors, pour complaire à l'électeur allemand, oublié en grande partie le désir des électeurs de son propre pays. Mais l'humiliation du refus de cette proposition par un FMI prenant acte de la position de l'Allemagne de ne pas réviser la dette, a conduit Alexis Tsipras à vouloir renouveler son mandat populaire.
Pourquoi l'Eurogroupe a-t-il alors refusé le référendum grec ? En théorie, un « oui » aux propositions des créanciers était possible, surtout si l'opposition en faisait une condition du maintien dans la zone euro. C'eût alors été une bonne nouvelle pour l'Eurogroupe : Alexis Tsipras aurait été discrédité par son échec et les « réformes » auraient été mises en place. Mais Jeroen Dijsselbloem a prétendu qu'il refusait de mettre en place ces « réformes » avec un gouvernement ayant appelé à voter « non. » Etrange justification, car en cas de « oui », le gouvernement Tsipras était dans une position intenable et la Grèce aurait dû trouver une autre formule politique plus « pro-européenne. » Les Européens, auteurs de coups de force en Grèce et en Italie en 2011, savent parfaitement gérer ces situations.
Pourquoi l'Eurogroupe n'a pas voulu d'un référendum
La réalité est différente. D'abord, l'Eurogroupe n'a pas voulu prendre le risque d'un refus par le peuple grec de ses propositions. Il a refusé que ces dernières, qui sont les seules « rationnelles » à ses yeux, soient soumises aux « passions » d'un peuple que l'on ne respecte guère à Bruxelles. Puisque ces propositions sont bonnes par natures pour l'Eurogroupe, elles n'ont pas à être soumises au peuple, elles doivent simplement être acceptées. D'où la « surprise désagréable » de Jeroen Dijsselbloem ce samedi. Ensuite, l'Eurogroupe veut se débarrasser une bonne fois pour toutes du gouvernement Tsipras qui est un corps étranger en son sein. En le mettant en position d'être exclu de la zone euro alors même que la majorité des Grecs veulent rester dans l'euro, ils tentent de le pousser à la démission. Et pour l'obtenir, ils sont prêts à sacrifier la Grèce et à l'exclure de la zone euro.
Quelle réponse d'Athènes ?
Que va-t-il se passer à présent ? Le projet de référendum semble très compromis. La question ne peut plus être celle de propositions des créanciers qui n'existeront plus le 1er juillet. Par ailleurs, le leader de l'opposition conservatrice, Antonis Samaras, qui avait rencontré mercredi les responsables européens, a sans doute décidé de déposer une motion de confiance contre le gouvernement, repoussant la possibilité pour le parlement de convoquer un référendum le 5 juillet. Officiellement, la Grèce maintient pourtant le référendum. Mais Alexis Tsipras doit désormais trouver une parade. Et ses options sont peu nombreuses. Il peut encore, et jusqu'au 30 juin, capituler et accepter, sans en appeler au peuple, les conditions des créanciers. Il n'y résistera certainement pas politiquement. Il peut prendre l'Eurogroupe au mot et préparer la sortie de l'euro, mettant Angela Merkel devant une responsabilité historique. C'est un risque à prendre, mais, clairement, on ne peut désormais plus exclure que Berlin laisse partir Athènes. Dès lors, la situation politique d'Alexis Tsipras sera délicate. Le choix est donc cornélien. Il semble, pour le moment, avoir choisi la seconde option par une passivité qui place les Européens face au risque de Grexit.
Une zone euro plus forte ?
Reste une question : ce soir, la zone euro a changé de  nature. Elle est clairement devenu une « zone euro à deux vitesses » comme le craignait Alexis Tsipras. Un pays faible ne peut, en son sein, disposer d'aucune autonomie politique. Le contribuable et électeur de ce pays aura toujours tort face à son homologue allemand. Qui pense que l'Europe de la Paix n'est devenue l'Europe allemande c'est-à-dire une europe boche ? Je rappelle que je fais bien la distinction entre le Peuple Allemand et les politicards boches allemands. Le refus du principe du référendum qui a provoqué des cris d'orfraies à Bruxelles ajoute encore à son caractère peu démocratique. Un caractère qui est une aubaine pour les mouvements eurosceptiques de tous bords qui vont pouvoir tirer à boulets rouges désormais sur la tyrannie de ces institutions. La logique de Wolfgang Schäuble affaiblit la zone euro en l'exposant à ces critiques.
Si le Grexit a lieu, les opposants à l'euro y verront un précédent qu'ils utiliseront. Si la situation se dégrade en Grèce, ils dénonceront l'inhumanité de la zone euro, si elle s'améliore, ils y verront la preuve qu'il faut sortir de l'euro. Surtout, désormais, nul ne pourra leur opposer un argument légal pour contester cette sortie, alors même que la BCE et l'Eurogroupe auront participé à l'exclusion de la Grèce. La zone euro n'est plus ce soir la « monnaie » de l'UE, comme l'indiquent les traités. Elle n'est plus le fruit d'une volonté politique. Elle est une zone de changes fixes dont on peut sortir à volonté.
Ceci convient parfaitement à Wolfgang Schäuble qui a pour but de faire de l'euro une monnaie forte. Mais la force d'une monnaie ne tient pas qu'à sa valeur et cette force nouvelle de la zone euro comme la conçoit Wolfgang Schäuble sera vite mise à l'épreuve. La zone euro va devoir désormais tester ses « pare-feu » pour contenir toute contagion. Seront-ils suffisants ? Oui si la contagion est limitée au Portugal. Non, si l'Italie, l'Espagne ou la France sont attaqués. Faudra-t-il alors expulser à la fin aussi ces pays ? Ce soir, l'euro est plus faible qu'hier politiquement et structurellement. Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne le sait puisque ce samedi soir il s'est empressé de rappeler que la "Grèce est encore membre de la zone euro." Oui, mais la rupture est évidente.

Mathias Thépot dans "La Tribune" du 24 juin 2015 Article intitulé : Pourquoi l'immobilier en Allemagne est moins cher ?

" Le faible niveau des prix des logements en Allemagne bénéficie à son économie tout entière. La culture de l'immobilier y est, il est vrai, atypique. L'Allemagne fait figure d'exception européenne pour sa maîtrise des prix des logements. Durant la première décennie du 21e siècle, les prix de l'immobilier outre-Rhin ont en effet crû de moins de 10%, contre plus de 100% en France et au Royaume-Uni. Résultat, le coût du logement n'a que peu pesé dans le budget des ménages allemands, ce qui a notamment facilité la mise en œuvre par Berlin d'une politique de forte modération salariale, avec notamment les fameuses réformes Hartz. Autrement dit, les prix de l'immobilier bas ont à leur manière participé à accroître la compétitivité de l'Allemagne.
Cet état de faits interpelle forcément en France où la forte croissance des prix de l'immobilier a été désignée par des experts économistes et autres hauts fonctionnaires comme l'une des cause des maux de l'économie française. Que ce soit à cause de la pression sur les salaires nominaux qui en découle, de l'augmentation des prix des loyers pour les entreprises, de l'éloignement des salariés de leur lieu de travail, ou même de l'impossibilité pour les ménages de dégager des marges de manœuvre financières pour consommer ou épargner autre chose que de l'immobilier.
Plusieurs bassins d'emplois
Il est donc intéressant de comprendre comment l'Allemagne a pu maintenir le prix de ses logements à un niveau abordable dans les zones dites tendues. D'abord, l'une des raisons est la structure de son économie: elle ne dépend pas d'un bassin d'emploi comme en Angleterre avec Londres ou dans une moindre mesure en France avec Paris, mais d'au moins sept grandes métropoles, toutes peuplées de plus d'1,2 million d'habitants (Munich, Francfort, Stuttgart, Hambourg, Cologne, Düsseldorf et Berlin). De quoi répartir la pression de la demande de logements sur tout le territoire.
Ensuite, le faible niveau des prix s'explique par la culture locative dominante en Allemagne dans les grandes villes. Celle-ci aussi détend la pression sur les prix à l'achat. Au total, à peine plus de 50 % des Allemands sont propriétaires, selon les chiffres d'Eurostat. Sur le vieux continent, seule la Suisse possède une part de ménages propriétaires plus faible. Encore plus explicite, dans les sept plus grandes villes, le part des ménages locataires varie entre 67 % à Stuttgart et... 84 % à Berlin (!) selon les chiffres du groupe immobilier CBRE.

L'exemple le plus criant de cette culture de la location en Allemagne est certainement l'interdiction d'y donner congé à un locataire qui paie son loyer. Seule la reprise pour occupation personnelle du propriétaire est autorisée, mais elle est très encadrée.
Les prix des loyers sont plus faibles qu'en France
Les prix des loyers sont restés très modérés : un logement se loue aujourd'hui en moyenne à 14,2 euros du mètre carré à Munich, 12 euros à Francfort, 10,7 euros à Stuttgart, 10,5 euros à Hambourg, 9,8 euros à Cologne et 8.33 euros à Berlin. A titre de comparaison, en France, si Paris est hors catégorie (24.8 euros du mètre à la location en moyenne selon l'Observatoire Clameur), à Lille (13.2 euros), à Nice (15.3 euros), à Lyon (12.8) et à Montpellier (13.8 euros), les loyers sont nettement plus élevés que dans la plupart des grandes villes allemandes.
Pour comprendre cette maîtrise des prix des loyers outre-Rhin, il faut remonter à l'après-guerre où la reconstruction immobilière du pays s'est faite par le biais de l'équivalent des logements locatifs sociaux. L'Etat allemand avait la main mise sur le marché du logement à l'ouest, et encore plus à l'est. Cette tendance s'est ensuite inversée à l'ouest à partir des années 1960 mais « la qualité des biens étant la même à la location qu'à l'accession, et le niveau des loyers étant dérisoire pendant des décennies, l'Allemagne a développé une mentalité de locataires, favorisée également par une grande stabilité des prix de l'immobilier », explique-t-on chez Aden Immo, un spécialiste de l'immobilier berlinois. En outre en parallèle, « l'Etat allemand n'a rien entrepris pour développer une "Allemagne de propriétaires" : il n'y a eu ni politique volontariste concernant l'accession à la propriété, ni de clientélisme en direction de potentiels propriétaires lors des élections », ajoute-t-on.
Un frémissement récent sur les prix ..
A l'avenir, le faible dynamisme démographique allemand risque également de limiter structurellement la hausse des prix. Par ailleurs, le foncier ne manquant pas en Allemagne, il y aura toujours des possibilités pour construire, même si les ménages allemands sont attachés aux grands espaces.
Toutefois, ces trois dernières années ont vu les prix à l'achat et à la location bondir dans les grandes villes allemandes, parfois de plus de 10 % par an. Un effet rattrapage passager ou une tendance structurelle ? Difficile à dire... Du reste, les marchés immobiliers des grandes métropoles sont tendus : les taux de vacance sont très faibles, ils oscillent entre 0,4 et 1,8 % ; et ces marchés immobiliers sont en situation de sous-offre. Selon CBRE, il a globalement manqué 200.000 nouvelles constructions de logements dans les sept grandes métropoles allemandes entre 2004 et 2013 pour subvenir aux nouveaux besoins en logements de la population.
Des loyers encadrés
Face au manque d'offre et à la hausse des loyers, le gouvernement fédéral a immédiatement réagi : il a instauré un encadrement de la hausse des loyers à la relocation qui s'applique pour l'instant à Berlin et à Hambourg. « Il faut savoir que même si les loyers restent faibles, certains berlinois qui louent depuis 20 ans ont vu leur loyer bondir ces cinq à huit dernières années. Cela a été compliqué à vivre pour eux », explique Marcus Cieleback, directeur de la recherche à Patrizia AG, une société allemande spécialisée dans l'investissement immobilier.
Concrètement, les loyers à la relocation ne pourront excéder 10 % d'un loyer « miroir » de référence déterminé en fonction du bien et du quartier. Ne seront pas assujettis à cette loi qui s'appliquera durant 5 ans seulement, « les propriétaires qui louent leur bien pour la première fois après octobre 2014 et ceux qui ont réalisé des travaux substantiels », explique Michael Schlatterer, responsable de l'immobilier résidentiel à Berlin et en Allemagne chez CBRE. Les loyers supérieurs à 10 % du loyer miroir seront pour leur part bloqués à la relocation.
Une mesure de soutien aux locataires qui prouve bien que l'Allemagne ne plaisante pas avec les risques d'excès sur son marché de l'immobilier. Et qu'elle souhaite enrayer à la source les effets potentiels néfastes de la stipulation immobilière sur son économie."

Commentaire : Pour ma part, je préfère l'instauration d'une fiscalité à géométrie variable beaucoup plus juste pour les deux parties (propriétaire/locataire) et plus stabilisatrice pour l'Etat et les professions qui dépendent de l'immobilier.

Extrait de mon écrit   : Immobilier et défiscalisation paru le 26 décembre 2010

C)    Proposition fiscale


Comment faire bénéficier l’immobilier du levier fiscal en limitant ses inconvénients ?
La fiscalité immobilière ne doit plus être traitée comme un flux financier ou économique mais comme une dynamique étatique de gestion Humaine.
C’est dans ce cadre que je propose une approche fiscale à « géométrie Humaine © ».
Je propose que dans le cadre du plan de développement Humain d’occupation et d’urbanisation des sols figure
- une statistique des tranches des revenus par type de biens immobiliers demandés
- les charges immobilières acceptables par les parties et cohérentes avec l’impérieux besoin, dans le système économique actuel, de consommation du plus grand nombre
- le nombre de logements à construire en tenant compte de la démographie.
De ces données Humaines du marché immobilier, nous pourrons mettre en place une fiscalité à « géométrie Humaine © ». Géométrie variable ayant pour but de favoriser l’accès à une habitation de qualité pour tous (y compris les plus démunis) et de combattre l’inflation des prix.
La logique de cette fiscalité étant d’imposer très faiblement (voire pas du tout)  les loyers cohérents avec l’objectif économique et d’imposer plus fortement les dépassements de loyers. Cela indépendamment d’autres aides, s’il le faut.
Ex : Pour un appartement loué à un jeune avec un salaire statistiquement dans la norme, pas de fiscalité sur un loyer de base calculé pour lui maintenir un pouvoir d’achat.
Au-delà, fiscalité augmentée graduellement.  
Cette « mécanique » tout en préservant le pouvoir d’achat évitera l’inflation des prix immobiliers due aux investisseurs qui transforment l’immobilier en produits financiers. Là ou hier les investisseurs déstabilisaient les prix, nous opérerons une régulation des prix par la fiscalité.
Pour rappel, il est impératif dans notre système économique de s’assurer une consommation « régulière » du plus grand nombre.
Maîtriser les charges immobilières est un acte essentiel dans une économie basée sur la maîtrise de l’inflation.
L’immobilier ne doit en aucun cas obérer de façon excessive le pouvoir d’achat.

 Romaric Godin dans "La Tribune" du 18 juin 2015 Article intitulé : Grèce : quand la presse allemande dérape...

En préambule, je tiens à rappeler que je fais bien la différence entre les politiques allemands, français, belges etc... et les Peuples.

" Le quotidien allemand Die Welt a publié une attaque contre la Grèce jugée responsable de la destruction de l'ordre européen depuis... 1821. Sans échapper aux explications douteuses. Die Welt est un journal allemand connu pour son conservatisme. Très proche de la CDU, ce quotidien fait partie du groupe Springer qui détient également le puissant et très populiste Bild Zeitung. Die Welt est, en quelque sorte, le pendant « respectable » de Bild, mais il développe souvent des idées similaires. Die Welt est ainsi assez souvent italophobe, très volontiers francophobe et évidemment absolument mishellène. Il vient d'en donner encore voici quatre jours un exemple flagrant dans un article qui émeut les réseaux sociaux en Grèce et en Europe.
Destructeurs du bel ordre européen bel ORDRE européen, bel ordre allemand ou bel ORDRE NAZI ?
L'article  est titré : « la Grèce a déjà détruit une fois l'ordre européen » et il évoque la guerre d'indépendance grecque, guerre qui dura huit ans de 1822 à 1830 et qui permit la naissance du royaume de Grèce après quatre siècles de domination ottomane. L'auteur semble regretter le fait que cette insurrection populaire, d'abord rudement réprimée par le Sultan, puis finalement victorieuse grâce à l'aide franco-russo-britannique, a détruit le système mis en place par le chancelier autrichien après la chute de Napoléon, lors du Congrès de Vienne, en 1815. Comme le rappelle l'auteur, Metternich avait mis en place en Europe un système de répression de toutes les révolutions d'une grande violence. En Italie, une tentative de révolte avait été écrasée en 1821. En Espagne, la France envoyait 100.000 hommes (« les 100.000 fils de Saint-Louis ») détruire les Cortès de Cadix. Mais le soulèvement grec fut permis et, mieux, soutenu par les puissances. Or, selon Die Welt, il détruisit l'ambition de Metternich d'une « paix éternelle. » Car, explique l'auteur, la victoire de la révolution grecque a conduit à ce que, en 1830, « la France, l'Italie et la Pologne soient à leur tour secouées. »
Les Grecs, agents du chaos ?
Cette vision est assez hardie. Car l'ordre de 1815 a, en réalité, duré jusqu'en 1848. Surtout, c'était un ordre honni par les peuples, un ordre militaire et réactionnaire qui niait l'apport de la révolution française sur le vieux continent. L'auteur pourrait lire quelques pages de Stendhal, par exemple, dans la Chartreuse de Parme, pour s'en convaincre. Il y découvrira ce qu'était la violence quotidienne de son ordre européen. Un ordre qui ne se maintient que par la violence est un ordre précaire, et le conservatisme de Die Welt semble parfois l'aveugler. Les Grecs ont donc plutôt rendu service à l'Europe en rejetant cet ordre. et en étant des résistants lors de la dernière guerre et encore aujourd'hui alors que les représentants politiques des autres pays sont des plus inexistants, hormis dans leurs déclarations. Si mes commentaires peuvent parfois paraître osés, que donnent-ils avec le temps ? Le temps qui est notre seul juge.
Du reste, la Grèce chrétienne fut soutenue par les défenseurs de l'ordre européen avant de l'être par la gauche d'alors. Les Romantiques qui, alors, rêvent de noblesse et de chevalerie (qu'on s'en convainque par la lecture de l'ode à Charles X de Victor Hugo) ont été les principaux défenseurs des Grecs. L'argument des Grecs perturbateurs ne tient pas en réalité. L'auteur oublie évidemment de rappeler que la Grèce indépendante a été rapidement mise au pas par les Puissances qui ont supprimé sa constitution libérale et mis sur le trône un souverain bavarois de 18 ans avec les pouvoirs absolus ! Etrange victoire du chaos... L'allemagne veut, à travers l'Europe de la Paix, reprendre sa zone d'influence et de guerres de pouvoir et d'expansion.
La faute du philhellénisme
Mais le pire n'est pas là, selon le quotidien allemand. Le pire, c'est la victoire du « philhellénisme. » Le soulèvement grec avait provoqué dans toute l'Europe un élan de solidarité pour les Grecs révoltés. Les intellectuels de l'époque avaient massivement pris fait et cause pour l'indépendance hellénique. Il en est resté quelques chefs d'œuvre : l'invocation pour les Grecs de Lamartine, quelques pages des mémoires d'Outre-Tombe, des poèmes de Byron, mort à Missolonghi en combattant avec les Grecs ou encore les Massacre de Chios de Delacroix. Or, pour Die Welt, voici l'erreur de l'Europe, la vraie. c-à-d l'europe allemande « La victoire du philhellénisme a renforcé encore des idéaux humanistes trompeurs. La représentation selon laquelle les Grecs modernes sont les descendants de Périclès ou Socrate et pas un mélange de Slaves, de Byzantins et d'Albanais, a été pour l'Europe érigée en credo. (...) C'est pour cela qu'on a accepté les Grecs fauchés dans le bateau européen en 1980. On peut en admirer chaque jour les conséquences. »
Bref, Die Welt ne se contente pas de regretter la victoire de l'insurrection grecque qui a détruit ce si bel ordre du Congrès de Vienne, il estime que la composition ethnique de la Grèce moderne la disqualifiait pour entrer dans l'Union européenne. C'est une injure au peuple grec, bien conscient qu'il n'est pas le peuple de l'Antiquité, mais qui tient à la fierté d'en être le descendant, même « impur. » Le terme « byzantin » utilisé dans le « mélange » de Die Welt est assez ambigu. Aucun peuple n'est le pur descendant des peuples antiques. Les Allemands aussi sont le produit d'un mélange. Ils sont à juste titre fiers de leur culture. Etrange vision de l'Europe que celle qui lie un problème financier à une pureté raciale. En clair, nazi. Les Grecs ne sont pas les descendants en ligne directe de Platon et c'est pour cela qu'on les a acceptés à tort dans l'Europe ? Mais avec de tels procédés, qui serait Européen ? Qui mériterait de rentrer dans l'Europe de Die Welt ? Dans les faits et les déclarations, l'Europe de la Paix n'est qu'un outil de l'Allemagne pour se "reconstruire" et reconstruite l'empire allemagne avec la collaboration des plus efficaces des politicards européens lobbyisés. Lobbyisés ou lobotomisés à l'allemande ?
Vieille théorie des Conservateurs allemands
En réalité, Die Welt reprend une vieille idée allemande développée par le tyrolien Jakob Philipp Fallmerayer qui a développé dans la première partie du 19ème siècle, au temps du bel ordre européen, la théorie que les anciens Grecs avaient été « chassés » d'Europe et que les Grecs modernes n'étaient que des Slaves, ce qui pour lui était une malédiction. « Pas le moindre goutte de sang grec non dilué ne coule dans les veines de la population chrétienne d'aujourd'hui en Grèce », écrivait-il. Fallmerayer était alors la coqueluche des Conservateurs allemands qui ne comprenaient guère ce petit peuple turbulent qui ne voulait pas de son roi bavarois (au reste fort dépensier) et qui a fini par le chasser.
Die Welt remet cette théorie racialiste au goût du jour (« pas une goutte de sang non dilué » à mettre en rapport avec le « mélange » de Die Welt qui utilise le terme décadent de « Byzantin » plutôt que celui de «Grec »). Amirez les termes "non dilué", "mélange" ... S'il est une preuve de l'échec cuisant de la gestion de la crise aujourd'hui en Europe, c'est bien celui de pouvoir lire à nouveau de tels textes. Car un peu partout en Europe, dans la belle ambiance de tolérance et d'humanisme qui caractérise notre époque apparaît la haine du Grec, comme si le Grec était le seul peuple que l'on pouvait détester sans crainte..."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 10 juin 2015 Article intitulé : Grèce : Angela Merkel a-t-elle cédé ?

" On a beaucoup glosé sur les tensions au sein du gouvernement grec et entre Syriza et le premier ministre hellénique Alexis Tsipras. On en a fait la clé des négociations entre la Grèce et ses créanciers. Sans doute trop. Car on a oublié que la véritable clé réside bien plutôt à Berlin, au sein même du gouvernement allemand et de la coalition d'Angela Merkel. Or, ces tensions apparaissent de plus en plus réelles. Le 26 mai déjà, le quotidien conservateur Die Welt révélait que la chancelière et son ministre des Finances étaient sur des positions divergentes concernant l'attitude à tenir face à une Grèce qui refuse de céder aux injonctions de ses créanciers. Ce mercredi 10 juin, c'est un député social-démocrate, vice-président du groupe SPD au Bundestag, Carsten Schneider, qui confirme à la radio Deutschlandfunk que « le groupe parlementaire conservateur est divisé et le gouvernement aussi » sur le sujet grec.
Les deux visions allemandes
Cette division est connue : Wolfgang Schäuble est, depuis fort longtemps, un partisan de l'exclusion de la Grèce de la zone euro, sauf à ce que ce pays se plie aux conditions de ses créanciers. Il voit à cette méthode plusieurs intérêts : un effet « d'exemple » d'abord pour les autres pays qui seraient tentés de « ne pas respecter les règles », une cohérence renforcée ensuite pour la zone euro puisqu'on aura imposé une unique politique économique possible et, enfin, une sécurité pour les contribuables allemands. Face à lui, Angela Merkel refuse de prendre le risque de fragiliser l'euro tant pour des raisons économiques que politiques. Or, plus le blocage actuel de la situation entre la Grèce et ses créanciers oblige le gouvernement allemand à faire un choix entre ces deux positions : ou accepter de faire des concessions à Athènes pour la conserver dans la zone euro ou exiger jusqu'au bout une capitulation grecque au risque du Grexit.
Pourquoi Angela Merkel fait encore monter les enchères
Berlin a déjà lâché un peu de lest en oubliant dans le dernier plan les demandes de réforme du marché du travail et en abaissant les objectifs d'excédents primaires. Mais au prix d'exigences très dures sur les retraites. En fait, dans le jeu auquel se livre Athènes et Berlin, chacun tente de montrer à l'autre qu'il est prêt à la rupture, pour le faire céder en premier. On tente donc d'obtenir de l'adversaire le plus de concessions possibles. Avec le report au 30 juin de l'échéance du FMI, on peut donc encore continuer ce petit jeu. Angela Merkel serait sans doute fort aise de pouvoir présenter à son opinion publique une défaite d'Alexis Tsipras sur le terrain des retraites. Mais si le premier ministre grec ne cède pas et si le défaut se rapproche, il lui faudra nécessairement faire le choix présenté plus haut.
Wolfgang Schäuble sur la touche ?
Or, pour Carsten Schneider, ce choix est déjà fait. « Wolfgang Schäuble peut bien donner des interviews, il ne participe plus réellement aux négociations », a-t-il affirmé dans une autre interview à la chaîne de télévision ZDF. « Angela Merkel lui a retiré son mandat de négociation », ajoute-t-il à la Deutschlandfunk, avant de comparer le sort de Wolfgang Schäuble à celui de Yanis Varoufakis, qui avait été mis en retrait des négociations en mai par Alexis Tsipras. Désormais, donc, Wolfgang Schäuble ne servirait plus que d'aiguillon, jetant volontiers de l'eau sur le feu, évoquant à l'envi dans la presse, le Grexit ou le « Graccident », mais il n'aurait plus aucune prise sur les discussions. Du reste, sa ligne a déjà été largement écornée par les concessions acceptées par les créanciers dans leur dernier plan. Carsten Schneider, qui n'a sans doute pas parlé sans l'accord des dirigeants sociaux-démocrates présents dans le gouvernement, pourrait donc bien avoir raison.
Menace de la SPD
Angela Merkel pourrait donc avoir fait le choix d'une solution de compromis avec Athènes. Le durcissement de ses derniers jours serait tactique. A la fois pour faire céder, si c'est encore possible, Alexis Tsipras et pour montrer aux députés conservateurs allemands sa détermination à le faire. Mais Carsten Schneider se dit certain que « le groupe parlementaire conservateur suivra sa chancelière. » Du reste, prévient-il, si ce n'est pas le cas « ce sera la fin de ce gouvernement. » par la bouche de Carsten Schneider, la SPD met donc directement en garde la chancelière sur une explosion de la « grande coalition » en cas d'échec des négociations avec la Grèce.
Or, si les sondages demeurent encore largement favorables à la chancelière, il n'est pas certain que cette dernière ait envie de se lancer dans une campagne électorale maintenant, alors même qu'elle est engluée dans l'affaire de la collaboration entre les services secrets allemands et étatsuniens qui lui coûte cher en popularité. De même, des élections anticipées sur fond de rumeurs de Grexit pourrait donner une nouvelle vie aux Eurosceptiques d'AfD actuellement en voie de dissolution en raison de leurs divergences internes. Bref, le moment est assez mal choisi, d'autant qu'un accord avec la Grèce bénéficiera sans doute d'une large majorité au Bundestag, les groupes du Parti de gauche Die Linke et des Verts votant sans doute en sa faveur...
« Où il y a une volonté, il y a un chemin »
Dans ce cadre, le refus sec du « plan grec modifié » par la Commission ce mardi 9 juin, ne doit pas être interprété comme le signe d'un blocage irrémédiable de la part des créanciers. C'est bien plutôt un moyen de faire monter la pression. Mais Angela Merkel a, ce mercredi en début d'après-midi, affirmer par une phrase sibylline que les négociations continuaient : « où il y a une volonté, il y a un chemin. » Comprenez : la négociation se poursuit. Au reste, le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis, a reconnu que les créanciers « sont prêts à étudier des alternatives aux coupes dans les retraites. » Or, ces coupes sont le principal obstacle qui empêche aujourd'hui un accord. Selon Bloomberg qu cite deux personnes familières des discussions, l'Allemagne se contenterait désormais "d'une seule réforme". S'il n'est pas sûr qu'un accord soit trouvé la semaine prochaine, comme l'affirme Carsten Schneider, ni même qu'un accord soit in fine trouvé, il semble que la ligne Merkel, celle qui refuse la rupture avec la Grèce et le risque d'un Grexit l'ait bien emporté sur celle de Wolfgang Schäuble. Ce serait incontestablement une victoire pour Alexis Tsipras qui serait le fruit de sa persévérance."

Maria Malagardis et Fabien Perrier dans "Libération" du 2 juin 2015 Article intitulé : La présidente du Parlement grec veut la «vérité» sur la dette
 
" C’est une présidente de Parlement atypique. Elle n’a pas sa langue dans sa poche et s’est fait connaître comme une avocate pugnace. Zoé Konstantopoulou est aujourd’hui une femme puissante : deuxième plus haut responsable de l’Etat grec, et, à 39 ans, la plus jeune présidente qu’ait connu le parlement grec, la Voulí. Comme lorsqu’elle était simple députée de Syriza, la corruption et la fraude fiscale restent ses chevaux de bataille. Mais depuis son perchoir, où elle astreint désormais les députés à une discipline inédite en Grèce, elle s’intéresse aussi à la dette du pays et n’hésite pas à régler quelques comptes avec l’Allemagne et les vrais faux gouvernements de gauche… De passage à Paris, elle s’en explique.
A quoi va servir la commission sur l’audit de la dette crée à votre initiative en mars ?
En principe, tous les pays européens soumis à des mémorandums [des plans d’austérité, ndlr] ont l’obligation de faire un audit de leur dette publique. C’est le règlement 472 imposé par l’Union européenne en 2013. Dans la pratique, la Grèce est pour l’instant le seul pays à avoir initié un tel audit. Mais, curieusement, les institutions qui imposent l’austérité n’évoquent jamais cette obligation faite à tous les pays européens. En Grèce, cette commission d’audit, qui rassemble des experts et des représentants de la société civile et des mouvements sociaux, va analyser l’origine et l’historique de la dette grecque pour la «décodifier» : voir comment elle s’est constituée et pourquoi elle a augmenté. En déterminant par exemple si une partie de la dette est liée à des affaires de corruption ou à des taux d’intérêts excessifs. Ou, plus généralement, à des décisions qui n’allaient pas dans le sens de l’intérêt général. On verra ainsi si une partie de la dette est illégitime, illégale ou insoutenable pour le peuple grec.
Mais n’y a-t-il pas une contradiction pour la Grèce à continuer à négocier un accord avec ses créanciers tout en enquêtant sur le bien-fondé de la dette ?
Les conclusions préliminaires de cette commission seront présentées le 18 juin mais il faudra attendre un an pour que les résultats définitifs de l’audit soient connus. On ne peut pas répondre avant d’avoir terminé le travail. Reste qu’on a déjà des indices qui montrent qu’une partie de cette dette est illégitime ou illégale. Et je ne peux pas imaginer que ceux qui, en Europe, exigent les remboursements puissent continuer à le faire quand on aura rendu nos conclusions. Il faudra bien avoir une discussion sur la base de ce travail. En ce qui concerne les cas de corruption, certaines affaires sont déjà connues et impliquent les précédents gouvernements grecs. Mais souvent, elles concernent aussi des entreprises allemandes. Au sein d’une autre commission créée récemment par le Parlement, celle des institutions et de la transparence, nous avons d’ailleurs rouvert l’affaire Siemens, entreprise allemande accusée d’avoir versé des pots-de-vin à tous les partis politiques et qui avait déjà fait l’objet d’un rapport en 2011, sous un précédent gouvernement. Lequel avait estimé que le coût de cette corruption s’élevait à 2 milliards d’euros de manque à gagner pour la Grèce. Les affaires de corruption comme celle de Siemens ou bien celles impliquant des entreprises d’armement étrangères ont bien évidemment alourdi la dette grecque de façon illégale.
L’Allemagne refuse par ailleurs toujours d’extrader Michalis Christoforakos, l’ancien président de la filiale grecque de Siemens qui s’est enfui de Grèce. Or c’est aussi l’Allemagne qui se montre souvent la plus dure face à la Grèce dans les négociations…
Le témoignage de cette personne serait vital pour le procès Siemens à Athènes [en mars, les juges ont décidé d’inculper 64 suspects liés à la corruption de Siemens, ndlr]. Mais c’est avant tout une question de justice qui démontre qu’il y a un double langage de la part de l’Allemagne. Non seulement à cause des affaires de corruption qui impliquent des entreprises allemandes, mais aussi sur la question des réparations dues par l’Allemagne depuis l’Occupation et dont le montant a été évalué récemment à 340 milliards d’euros. Soit un montant supérieur à la dette grecque ! Nous avons également créé une commission qui examine cette question des réparations. Mais le problème est que l’Allemagne refuse de parler de ces réparations alors qu’elle exige le remboursement d’une dette qui pourrait prochainement apparaître comme illégale ou illégitime.

Reste qu’en dehors de la Grèce, la revendication de réparations allemandes est souvent perçue comme une provocation des Grecs…
On a du mal à comprendre ceux qui disent qu’il faudrait oublier le passé. Après 1945, l’humanité a déclaré «plus jamais ça» et s’est reconstruite sur la mémoire, non sur l’oubli. Comment peut-on exiger de tourner la page alors qu’en Grèce, il y a encore des victimes vivantes de cette tragédie ? Et alors qu’un pays comme la France continue de juger les responsables de la Seconde Guerre mondiale ? C’est une faute historique et même morale. L’Allemagne elle-même n’a-t-elle pas bénéficié d’une suppression de 62% de sa dette en 1953 ? Et pourtant, c’était alors l’Allemagne vaincue, responsable des pires atrocités…
Certes mais ces revendications sont aussi perçues comme un moyen de faire pression dans des négociations difficiles avec les créanciers de la Grèce…
Que la vérité et la justice sont considérées comme des moyens de pression ne changent rien au fait qu’il s’agit de vérité et de justice.
Mais pourquoi la Grèce est-elle si isolée dans ces négociations ? Même la France ne semble guère soutenir la position d’Athènes. Hollande n’est-il pas de gauche ?
J’ai l’impression que la réponse est déjà dans la question… Il y a un vrai problème au sein de l’Europe, où les forces dites socialistes ont finalement accepté de se soumettre à l’agenda néolibéral. Alors même que parfois les citoyens leur avaient donné un autre mandat. Ces choix éloignent les gouvernements de leurs responsabilités politiques. La manière dont sont menées les politiques libérales en Europe est assez caractéristique d’une forme de totalitarisme au sein de l’Europe, un totalitarisme économique. Il y a clairement une méthode et un objectif de subordination. Or il y a toujours des choix et des alternatives possibles. Et c’est pour ça qu’il y a aujourd’hui une véritable bataille menée par ceux qui veulent prouver que la gauche ne peut qu’échouer. Reste qu’il ne faut pas s’arrêter à la photographie du moment, on verra peut-être bientôt émerger d’autres voix, différentes, au sein de l’Europe. Je crois que Syriza et la Grèce montrent que nous sommes à la veille de grands changements du logiciel européen.
Une majorité de Français ont déclaré qu’ils ne seraient pas opposés à un «Grexit» (d’une sortie de la Grèce de la zone euro). N’est-ce pas le signe que vous êtes parfois mal compris par l’opinion ?
Dans les sondages, tout dépend toujours de la façon dont on pose la question. Si on demandait aux Français s’ils sont pour qu’on exerce un chantage sur le peuple grec et son gouvernement afin de les faire plier, je suis certaine qu’une majorité serait contre."

  Romaric Godin dans "La Tribune" du 2 juin 2015 Article intitulé : Grèce : les vraies négociations peuvent commencer

" En convoquant un sommet d'urgence à Berlin, Angela Merkel accepte de reconnaître que le défaut grec est aussi un problème pour les créanciers. Et, accédant à la demande d'Alexis Tsipras, elle convient que le problème est politique.
Les créanciers de la Grèce bougent enfin. Se rendant finalement compte de l'échec de la stratégie d'attente menée depuis quatre mois, Angela Merkel a convoqué une réunion de crise lundi 1er juin au soir, à Berlin.
On a donc vu François Hollande, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, mais aussi Mario Draghi, président de la BCE et Christine Lagarde, pour le FMI, rejoindre la chancelière dans la « machine à laver », comme les Berlinois appellent affectueusement le siège du chef du gouvernement allemand. Parallèlement, à Athènes, le Premier ministre Alexis Tsipras a tenu un conseil de cabinet restreint, tandis que les négociateurs grecs surveillaient de près la réunion berlinoise.
Selon l'agence Bloomberg, le but de cette réunion de créanciers était de présenter à la Grèce une proposition concrète qu'elle puisse accepter avant le vendredi 5 juin, date de la prochaine échéance de remboursement au FMI. En cela, elle a échoué. Les créanciers ont simplement décidé "de poursuivre le travail avec davantage d'intensité". Les quatre participants à ce mini-sommet sont donc particulièrement divisés sur la question.
L'échec du « nœud coulant »
Cet échec et cette réunion d'urgence permettent cependant de tirer d'ores et déjà quelques conclusions. D'abord, la stratégie du « nœud coulant », qui consistait à attendre l'asphyxie de la Grèce pour la faire capituler, a bel et bien échoué. La rumeur, qui voulait que les créanciers lancent lundi 1er juin un ultimatum à Athènes sous la forme d'une offre « à prendre ou à laisser », s'est révélée fausse.
Les créanciers reconnaissent donc désormais qu'un défaut serait aussi, pour eux, un problème, et il cherche à l'éviter en avançant des propositions. C'est clairement l'abandon de la posture de majesté consistant à demander simplement des « efforts » aux Grecs. C'est une bonne nouvelle pour la Grèce car, cette fois, les créanciers vont devoir prendre en compte, s'ils veulent éviter la rupture, certaines demandes grecques.
Politisation du problème
Deuxième leçon de cette réunion de Berlin : l'affaire se joue désormais au niveau politique. Angela Merkel reprend le dossier personnellement et tente de trouver une issue. Qui dira que l'europe actuelle n'est pas l'europe allemande ? Qui dira que la stratégie de mettre à genoux la Grèce ne s'est pas révélée être une monstrueuse erreur allemande ? C'était une demande d'Alexis Tsipras dans sa tribune au Monde : l'enjeu étant politique, la solution doit être politique.
C'est là aussi un succès car les discussions « techniques » du groupe de Bruxelles, entre négociateurs, ont lamentablement échoué, tandis que l'Eurogroupe, dominé par un Wolfgang Schäuble qui ne cachait pas sa préférence pour une expulsion de la Grèce de la zone euro, avait mené les négociations dans l'impasse.
Là encore, c'est plutôt favorable au gouvernement hellène dans la mesure où les chefs de gouvernement vont devoir assumer leurs choix : celui du maintien ou non de la cohésion de la zone euro. Il ne sera plus possible de se dissimuler derrière d'interminables questions techniques. La politique va dicter sa loi à la finance, non plus l'inverse. Or, la Grèce dispose d'atouts politiques : la légitimité de son gouvernement, la cohésion de la zone euro, l'épuisement de la société grecque après cinq ans d'austérité...
Division des créanciers
Dernier point : la résistance grecque au « nœud coulant » a divisé le camp des créanciers. Ce lundi 1er juin, la troïka est bel et bien morte. Selon certaines sources européennes, le blocage viendrait en effet de l'intransigeance du FMI. Depuis quelques semaines, on sent certes un durcissement de l'institution de Washington. Sans doute le tournant « politique » de l'affaire est-il pour déplaire fortement à cette dernière.
Mais il convient de ne pas oublier que le FMI réclame aussi une restructuration de la dette, que refusent les Européens pour des raisons politiques. Cette division est-elle une bonne nouvelle pour Alexis Tsipras ? Ce n'est pas certain a priori, puisqu'elle empêche, on l'a vu, de parvenir à une proposition claire des créanciers.
Mais cette division est aussi une chance : s'il y a une « ligne dure » du FMI, ceci signifie qu'il y a une ligne « souple » ailleurs. Un compromis entre ces deux lignes pourrait constituer une « meilleure offre » que celle sur laquelle les créanciers s'arc-boutaient depuis le 20 février.
Par ailleurs, Alexis Tsipras peut jouer sur cette division : il arracherait une solution « politique » avec les Européens sans le FMI, et pourrait ainsi honorer ses paiements au FMI. Il pourrait ensuite « s'allier » avec le FMI pour arracher une restructuration de la dette. En tout cas, la résistance grecque a bel et bien brisé l'unité des créanciers. Et il n'est pas sûr que le FMI, au final, prenne le risque de devoir renoncer à ses remboursements pour arracher des « réformes » que ses équipes mêmes ont reconnu inopérantes.
Athènes tient bon
En tout cas, la Grèce a toute les raisons de tenir bon et d'attendre les propositions de ses créanciers. Des sources gouvernementales grecques ont démenti à La Tribune les informations du quotidien allemand Die Welt de ce mardi 2 juin selon lesquelles Athènes aurait accepté de discuter de coupes dans les retraites.
« Les seules propositions que fait la Grèce sur ce sujet sont l'unification des fonds de retraite et la suppression de certains dispositifs de préretraites », affirme-t-on.
Ce matin, le vice-Premier ministre Yannis Dragasakis, très actif dans les négociations, a réaffirmé que la Grèce exigeait que les créanciers reconnaissent des objectifs d'excédents primaires inférieurs à 1 % du PIB pour cette année et à 1,5 % du PIB pour 2016 (contre 3 % et 4,5 % respectivement prévus dans le mémorandum de 2012). Le ministre du Travail, Panos Skourletis, a affirmé, de son côté sur la chaîne Skaï TV, que la Grèce avait accordé « le maximum de concessions possibles » et qu'elle avait atteint, de ce point de vue, ses limites. Les "lignes rouges" tiennent donc toujours. Mieux même, Athènes fait monter la pression en affirmant que la Grèce paiera le 5 juin "seulement" si un accord est trouvé. Enfin, Alexis Tsipras a indiqué qu'il avait transmis aux créanciers un "plan" lundi soir aux créanciers.
La balle est donc clairement désormais dans le camp des créanciers qui doivent faire un choix politique. A l'approche de la réalité du défaut, ils comprennent enfin que la dette grecque est aussi « leur » problème, pas seulement celui de la Grèce. C'était aussi une des leçons de la tribune au Monde d'Alexis Tsipras. Les vraies négociations peuvent (enfin) commencer."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 26 mai 2015 Article intitulé : Comment et pourquoi le gouvernement allemand veut limiter le droit de grève

" Une loi qui vient d'être votée par le Bundestag réduit la capacité d'action et de grève des syndicats minoritaires. Une réponse à des grèves d'un nouveau type qui se multiplient outre-Rhin. Karlsruhe aura le dernier mot.
Du 18 au 20 mai, les usagers de la Deutsche Bahn, la société allemande des chemins de fer, ont dû, une nouvelle fois, prendre leur mal en patience. Le syndicat des conducteurs de locomotives (GDL) a mené une grève très suivie pour obtenir de la direction la satisfaction de ses revendications salariales : pas plus d'un train sur trois sur les grandes lignes, deux trains sur trois sur le trafic régional. Et cette grève n'est pas exceptionnelle. La GDL est un syndicat qui n'hésite pas à recourir à l'arrêt de travail et, depuis deux ans, les grèves de trains sont devenues fréquentes outre-Rhin.
Conflits nombreux...
Mais ce conflit n'est pas isolé. En mars, c'était le syndicat des pilotes Cockpit qui avait cloué au sol un avion sur deux de la compagnie Lufthansa. Les jardins d'enfants sont souvent bloqués par les arrêts de travail des encadrants. En avril, près de 6 millions de lettres n'ont pas été distribuées en raison d'une grève des facteurs de la Deustche Post. En mars, une grève a frappé les dépôts d'Amazon en Allemagne... La première économie d'Europe serait-elle sur le point de devenir la « République allemande de la Grève » (Streiksrepublik Deutschland) comme le prétendent certains médias ?
... mais les grèves restent exceptionnelles outre-Rhin
La réponse est clairement négative. Certes, selon l'institut économique IW de Cologne, proche du patronat, le nombre de jours de travail perdu en 2015 pour cause de grève devrait dépasser cette année le niveau « record » de 2006 (430.000 jours). Mais ce record n'en est en réalité pas un. En 2006, le chômage allemand était encore supérieur à 10 % de la population active, il n'est plus que de moins de 5 % aujourd'hui. Autrement dit, ramené au nombre de salariés, 2O15 restera inférieur assez nettement à 2006. Du reste, il faut se souvenir que, jusqu'au début des années 1990, les jours perdus chaque année en grève en Allemagne se comptait en millions. Le vrai record date de 1992 lorsque 1,5 million de jours ont été perdus, soit plus de trois fois le « record » de 2006. En termes internationaux, sur la période 2005-2013, l'Allemagne se situe très en deçà de ses voisins avec 16 jours de grève pour 1.000 employés en moyenne contre 23 au Royaume-Uni, 135 au Danemark et 139 en France.
Des grèves d'un nouveau type
En réalité, ce qui a changé, c'est la nature de la grève. Et ce changement s'explique en grande partie par les « réformes Schröder. » Ainsi, jusque dans les années 1990, les grèves étaient plus nombreuses, plus dures et plus longues, mais elles étaient concentrées dans l'industrie. Ce secteur est désormais beaucoup moins touché. Les grèves se concentrent à présent dans les services, particulièrement dans les services aux particuliers. Selon les chiffres de l'institut WSI, d'obédience syndical, 97 % des jours de grève allemands en 2014 se sont concentrés dans les services ! Rien d'étonnant à cela : ce secteur a été le plus mis à contribution durant les années 2005-2010 par les « réformes Schröder. » C'est dans les services que la précarisation et la modération salariale ont été les plus fortes. Depuis le début des années 2000, les salariés tentent d'inverser la tendance en jouant sur l'amélioration du marché du travail. Mais évidemment, ces grèves sont désormais beaucoup plus visibles que celles qui avaient lieu jadis dans les usines. Et elles touchent davantage le « citoyen. » Elles sont donc politiquement plus sensibles.
La montée des syndicats « alternatifs »
Autre élément : ces grèves sont plus souvent qu'auparavant menées par des syndicats « catégoriels » comme la GDL ou Cockpit. Le paysage syndical allemand s'est fragmenté avec la décision de la puissante fédération syndicale, la DGB (qui regroupe plusieurs syndicats de branche comme IG-Metall), dans les années 2000, de jouer le jeu de la modération salariale. Progressivement, la DGB a perdu, notamment dans les services, son attrait. En Allemagne, pour bénéficier d'un accord salarial signé par un syndicat, il faut la plupart du temps être membre de ce syndicat. Les salariés ont donc cherché des syndicats moins « modérés » dans leurs demandes salariales. Dans plusieurs professions, les syndicats catégoriels, pour se démarquer de la DGB, ont alors adopté une ligne assez dure. En retour, la division des services de la DGB, le syndicat Ver.di a tenté de stopper ce mouvement en durcissant à son tour son action. D'où des mouvements de grève parfois assez durs menés dans les banques ou à la poste, par exemple.
Karlsruhe établit la pluralité
Cette fragmentation a été alimentée par la décision du 23 juin 2010 de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui a mis fin à une règle qui était valable depuis 1957 : « l'unité des accords salariaux » (Tarifeinheit). Avant cette décision, les tribunaux allemands avaient pour coutume d'imposer un seul accord salarial par entreprise, celui du syndicat le plus puissant, souvent issu de la DGB. Longtemps, ceci a été conçu comme une « protection » contre les « syndicats jaunes », contrôlés par le patronat. Mais ceci donnait aussi une puissance immense aux syndicats de la DGB. La décision de Karlsruhe a ouvert en réalité la concurrence entre les syndicats. Et les salariés peuvent choisir leur syndicat en fonction de celui susceptible de mieux négocier. Entre 2000 et 2014, la DGB est passé de 7,8 à 6,1 millions d'adhérents.
Le gouvernement réagit
Ces deux éléments, la visibilité des grèves et la fragmentation syndicale, ont amené le pouvoir politique allemand à vouloir agir fort contre ces grèves d'un nouveau type. Assez significativement, c'est la SPD, le parti social-démocrate, qui est le plus en pointe dans la lutte contre la grève. La ministre du travail, Andreas Nahles, réputée jadis comme une des principales figures de « l'aile gauche » du parti, a ainsi présenté un texte de loi sur « l'unité des accords salariaux » (Tarifeinheitsgesetzt), qui, vendredi 22 mai, a été voté au Bundestag par la « grande coalition » regroupant la SPD et les partis conservateurs de la CDU et de la CSU et qui pourrait entrer en vigueur au mois de juillet.
Prime au plus gros syndicat et restriction du droit de grève
Ce texte tente un retour à la situation d'avant 2010. Dans le futur, lorsque deux syndicats négocient des accords salariaux avec la direction pour une catégorie donnée, seul l'accord signé par le syndicat ayant le plus grand nombre de membres dans l'entité juridique qui négocie sera valable. Dans la plupart des entités de la Deutsche Bahn, par exemple, seuls les accords du syndicat EVG, membre de la DGB, seront valable. La plupart des membres de la GDL n'auront plus aucun intérêt à en être membre et reviendront vers EVG. Pire même, les tribunaux pourront interdire des appels à la grève lors des négociations salariales lorsque le syndicat qui le lance n'a aucune chance de voir son accord entrer en vigueur.
Arme contre le "petits syndicats"
Cette loi est donc une arme contre les syndicats minoritaires et une bénédiction pour la DGB, qui l'a soutenue. C'est aussi une bonne nouvelle pour le patronat qui, par la voie de la fédération des employeurs, la DGA, a salué le vote du Bundestag. Les employeurs voyaient évidemment d'un mauvais œil la concurrence à laquelle se livraient les syndicats pour obtenir des augmentations de salaires. D'autant que cette concurrence réduisait la capacité de la DGB à accepter la modération salariale. De son coté, Andreas Nahles a prétendu que ce texte favorisait les discussions entre syndicats pour dégager des revendications communes favorables à l'ensemble des salariés et éviter des revendications « catégorielles. » Elle nie que le texte prévoit une limitation du droit de grève, mais elle admet qu'il s'agit de renforcer la « compétitivité » du pays. En réalité, ce texte est une preuve de plus des liens étroits entre la DGB et la SPD. Des liens qui deviennent de plus en plus problématiques pour certains.
Inquiétudes à la DGB
Aussi, à la DGB, certains s'inquiètent, notamment dans le secteur des services, celui qui est le plus concerné par ce texte. Le président de Ver.di, le syndicat des services de la DGB, Frank Bsirske, a rejeté la loi dans laquelle il y voit une « attaque contre le droit constitutionnellement reconnu de grève. » C'est que Ver.di est en concurrence directe avec de nombreux « petits syndicats. » Or, s'il ne doit rester qu'un seul syndicat, il n'est pas dit que, dans certaines entreprises ou dans certains secteurs, les salariés qui, dans les services ont subi une forte modération salariale, ne choisissent pas les concurrents de Ver.di pour obtenir un rattrapage plus rapide. Et dans ce cas, Ver.di sera victime d'une loi qui devait le sauver...
Le dernier mot à Karlsruhe
Le parti de Gauche Die Linke et les Verts sont aussi très opposés à ce texte. Et plusieurs syndicats, dont la GDL, ont annoncé qu'ils déposeront une plainte à Karlsruhe. Et c'est là que résidera le principal obstacle à cette loi. Un rapport parlementaire a indiqué que la décision de la Cour sur le texte restait « incertaine », malgré celle de 2010. Le débat sera donc encore une fois tranché par les juges en rouge. La limitation du droit de grève n'est pas encore acquise outre-Rhin."

 Dans "La Tribune" du 2 mai 2015 Article intitulé : Merkel : l'Allemagne ne peut pas tirer un trait sur son passé Baratin, les politiques allemands n'ont pas changés

" "On le voit avec le débat sur la Grèce et dans d'autres pays européens. Nous, Allemands, avons le devoir de rester en état d'alerte, sensibles et conscients de ce que nous avons fait sous le régime nazi ", a déclaré Angela Merkel samedi.
L'Allemagne ne peut pas se contenter de tirer un trait sur son passé nazi et doit rester consciente des dommages qu'elle a causés à l'étranger, a estimé samedi Angela Merkel, évoquant le cas de la Grèce, à quelques jours du 70e anniversaire de l'armistice. Qu'elle rembourse la Grèce et qu'elle explique pourquoi avoir encore utilisé des insultes envers les Peuples dernièrement.
La chancelière, qui s'exprimait dans le cadre de son intervention hebdomadaire à la radio, s'est dite impatiente de gagner Moscou, où elle est attendue le 10 mai pour célébrer cet anniversaire. En raison des tensions liées au conflit ukrainien, elle a décidé, comme d'autres, de ne pas assister au défilé militaire prévu la veille de son arrivée.
"Il n'est pas question de tirer un trait sur l'histoire", a déclaré Angela Merkel, dont l'intervention coïncidait avec l'anniversaire de la fin de la bataille de Berlin.
"On le voit avec le débat sur la Grèce et dans d'autres pays européens. Nous, Allemands, avons le devoir de rester en état d'alerte, sensibles et conscients de ce que nous avons fait sous le régime nazi et des dommages durables causés dans d'autres pays. J'ai une grande sympathie pour cela", a-t-elle ajouté. Elle a une grande sympathie....
Le président Joachim Gauck, dont les pouvoirs sont essentiellement honorifiques, avait exprimé vendredi son soutien aux demandes de réparations d'Athènes au titre de l'occupation nazie.
"Pour un pays conscient de son histoire comme le nôtre, il est juste d'envisager qu'il puisse y avoir des réparations", répète-t-il dans un entretien publié samedi par le Süddeutsche Zeitung.
La Grèce réclame 278,7 milliards d'euros à Berlin et certains juristes estiment que cette demande n'est pas dénuée de fondement.
Le mois dernier, le ministre de l'Economie et vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel enfant de nazi or not ? l'a néanmoins jugée "stupide". (Reuters)"

  Ewa Kopacz dans "la Tribune" du 30 avril 2015 Article intitulé : Frictions entre l'Allemagne et la Pologne sur le salaire minimum

" L'Allemagne et la Pologne cherchent à renforcer leur coopération économique. Mais la question du salaire minimum que l'Allemagne tente de généraliser pose problème à la Pologne. La volonté d'une plus grande coopération, voilà ce qui est ressorti de la rencontre des gouvernements allemand et polonais à Varsovie lundi 27 avril. La chancelière allemande, Angela Merkel, a profité de cette occasion pour encenser la coopération actuelle des deux pays. Cet engagement permet de résoudre des problèmes difficiles à l'échelle européenne, a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion.Nous sommes en totale harmonie sur des sujets tels que la protection du climat et le budget européen, a poursuivi Angela Merkel. La réunion était aussi l'occasion de préparer le sommet sur le Partenariat oriental qui aura lieu en mai à Riga. Pendant que la chancelière discutait avec son homologue polonaise, Ewa Kopacz, les ministres de chaque pays ont échangé leurs points de vue. L'Allemagne reçoit un quart des exportations polonaises et est à l'origine de plus d'un cinquième des importations polonaises. Le volume des échanges entre les deux pays est six fois plus important qu'en 1995, a rappelé le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel, à Varsovie.
Cette réussite doit perdurer, a-t-il estimé. Les deux pays espèrent renforcer leur coopération sur la politique énergétique, en mettant en place un groupe de travail qui coordonnera régulièrement les différentes questions de politique.
Sigmar Gabriel et son collègue polonais, Janusz Piechonscinski ont assuré qu'ils offriraient aux entreprises industrielles de meilleures conditions. Selon eux, « un approvisionnement énergétique abordable et fiable » est un facteur clé.
Alors que l'Allemagne cherche à développer les renouvelables via sa transition énergétique (Energiewende), la Pologne continue de dépendre du charbon et envisage de construire une centrale nucléaire.
Opposition au salaire minimum allemand
Le 1er janvier 2015, l'Allemagne est devenue le 22ème État membre à introduire le salaire minimum. La Commission européenne enquête actuellement sur la mise en place du salaire minimum en Allemagne pour des cas comme ceux des camionneurs venus d'autres États membres et qui empruntent les routes allemandes. La République fédérale est accusée de créer des obstacles bureaucratiques excessivement élevés et d'entraver la liberté de concurrence.
L'impact du salaire minimum allemand sur le secteur du transport a été un sujet plus délicat, a indiqué Ewa Kopacz à la conférence de presse. Les conducteurs de camion polonais luttent contre cette réglementation, car ils ont peut pour leur propre survie.
« Nous sommes voisins », a expliqué la Première ministre polonaise, « mais nous sommes avant tout des partenaires, dont le sentiment de responsabilité pour l'avenir de l'Europe entraîne un sentiment de responsabilité envers notre région et nos États. Comme vous le savez tous, ce n'est pas chose facile. »
>> Lire : Le salaire minimum s'avère impuissant face à un niveau de pauvreté record en Allemagne
Pendant des semaines, nous avons essayé de régler ce problème, a déclaré Ewa Kopacz. « Nos ministres se sont rencontrés à plusieurs reprises. Aujourd'hui, nos ministres, qui travaillent ensemble de manière active, nous ont dit qu'ils avaient eu de nombreuses discussions, même téléphoniques, ces dernières semaines », a affirmé Ewa Kopacz, sans ajouter plus de détails.
Fin mars, les conducteurs de camion polonais ont manifesté contre le salaire minimum allemand en bloquant des routes. Ils ont accusé le gouvernement allemand d'enfreindre la loi européenne.
Des transporteurs d'Autriche, de Pologne et de Hongrie ont déposé une plainte constitutionnelle contre cette mesure. Le recours a été soumis à la Cour constitutionnelle allemande le 11 mars.
>> Lire : Confusion sur l'application du salaire minimum allemand
Fin janvier, le gouvernement allemand a temporairement suspendu les règles du salaire minimum pour les conducteurs en transit sur les routes allemandes.
Le 21 janvier, la Commission a amorcé une procédure pilote afin de déterminer si l'application du salaire minimum aux conducteurs de camion qui passent par les routes allemandes est compatible avec la loi européenne."

Commentaire : Mais où est l'Europe ? Où sont les autres politicards européens hormis au pointage (quelques minutes de présence le vendredi soir à Bruxelles et c'est le jackpot) pour toucher leurs émoluments ? Quant au salaire minimum, il suffit de relire les articles et les déclarations politiques lors de son étude et ensuite de son adoption pour comprendre le jeu de l'allemagne dans sa prise en main totale de l'europe sous le silence dûment rémunéré des autres politiciens professionnels.

  Nicolas Barotte dans "Le Figaro" du 28 avril 2015 Article intitulé : Angela Merkel rattrapée par le scandale de la NSA

" Des révélations sur l'espionnage allemand en Europe au profit des États-Unis embarrassent Berlin. Ah l'Europe de la Paix allemande.....
L'espionnage allemand doit rendre des comptes. Et Angela Merkel est désormais sommée de monter en première ligne, ce qu'elle déteste faire. Et pour cause.... Les dernières révélations sur les pratiques du BND, les services de renseignement, ont rattrapé la chancelière: la Chancellerie est mise en cause et c'est à Angela Merkel qu'il revient de faire la lumière sur les dérives et la «vie autonome» du BND, comme s'en est plaint le leader du SPD Sigmar Gabriel. Depuis plusieurs années, comme l'ont révélé les médias allemands, le renseignement allemand a apporté son aide à la NSA (agence nationale de la sécurité) des États-Unis pour espionner des intérêts politiques ou industriels européens et allemands, outrepassant son mandat. Des entreprises sensibles comme EADS auraient été visées comme des services de l'administration française. En France, le gouvernement a ... La suite dans le Figaro en payant.

Dans "Le Figaro" du 18 avril 2015 Article intitulé : Sapin : «L'Allemagne ne donne aucun ordre et surtout pas à la France»
  
" Le ministre des Finances n'a pas mâché ses mots ces dernières heures pour répondre à son homologue allemand Wolfgagng Schaüble, qui avait déclaré que «la France serait contente que quelqu'un force le Parlement» pour faire adopter des réformes. Voilà qui s'appelle se faire remettre à sa place. Le ministre des Finances Michel Sapin a assuré vendredi à l'AFP que «la France déteste qu'on la force», c'est vrai, elle n'a pas eu besoin de cela pour collaborer tout comme les autres pays ont été des collabos dans la destruction de l'Europe de la Paix en faveur de l'europe boche financière et des lobbys arrosants à tout va. en réponse à des propos polémiques de son homologue allemand Wolfgang Schäuble. Le ministre allemand des Finances, qui comme Michel Sapin assiste à Washington à des réunions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, avait déclaré la veille que «la France serait contente que quelqu'un force le Parlement» à adopter des réformes.
«Wolfgang Schäuble est une personnalité qui est connue pour parler, et parler parfois plus vite qu'il le le souhaiterait»
Michel Sapin, ministre de l'Économie.
«La France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie», avait-il déclaré lors d'un débat dans la capitale américaine, après avoir évoqué les réformes selon lui «très réussies» menées en Espagne sous la supervision de la troïka.
La «troïka», terme tombé en disgrâce en raison du rejet par les Grecs de cette organisation, désigne un groupe de hauts fonctionnaires de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international, et de l'Union européenne, qui contrôle la mise en oeuvre de réformes dans les pays européens bénéficiant d'une aide internationale. Et si l'Avenir de l'Europe de la Paix dépendait du courage de la Grèce ?
«La France déteste qu'on la force», a donc répliqué Michel Sapin, indiquant vouloir répondre «amicalement» à son homologue allemand. «Le vocabulaire de la punition, de la sanction, de la contrainte, c'est ce qui fait détester l'Europe», a encore déclaré le ministre français.
Si Michel Sapin souligne à l'AFP le caractère «amical» de sa réponse, il a toutefois été encore plus loin sur RTL, questionné sur le même sujet. «L'Allemagne ne donne aucun ordre à qui que ce soit, et surtout pas à la France», a-t-il déclaré sur un ton plus affirmatif, renvoyant dans les cordes son homologue allemand. «Wolfgang Schäuble est une personnalité qui est connue pour parler, et parler parfois plus vite qu'il le le souhaiterait», a répliqué Michel Sapin. Le ministre allemand, partisan de la rigueur budgétaire, est effectivement connu pour ses tirades et ses propos souvent très raides. Sur Twitter, ses propos ont également fait réagir Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste.

Charles Sannat dans "Economie matin" du 10 avril 2015 Article intitulé : Malgré la reprise économique, le Royaume-Uni touché par la faim !

" Vive la reprise économique en Espagne ! C’est la fin de la crise, regardez… même en Espagne ça reprend et pourtant, jamais les pauvres n’ont été aussi nombreux et aussi pauvres, MAIS c’est la reprise.
Vive la reprise économique en Allemagne. C’est bien la preuve que c’est la fin de la crise, pensez donc… vont même augmenter les fonctionnaires (enfin, ceux qui restent) et on oublie de vous dire qu’en Allemagne, jamais les pauvres n’ont été aussi nombreux et aussi pauvres, MAIS c’est la reprise !
Vive la reprise économique aux États-Unis… Jamais le nombre de chômeurs n’a été aussi bas… Bon, on oublie de vous dire qu’ils sont 93 millions à être sortis de la population active ou encore 48 millions à devoir être assistés à la soupe populaire… Jamais les pauvres n’ont été aussi nombreux et aussi pauvres, MAIS c’est la reprise !
C’est tous les jours, tous les jours que l’on nous prend pour des ânes en nous expliquant que quelque part, ailleurs, dans le monde, c’est la reprise.
Tant que vous avez un travail tout va très bien ! Et lorsque vous dites que non, que ce n’est pas vrai, vos amis vous regardent, interloqués. Car EUX ne voient pas la crise. Évidemment qu’ils ne voient pas la crise. Ils ont encore un travail, les prix « baissottent » gentiment pour certains d’entre eux, je pense en particulier au prix des voitures qui reste très négociable par exemple. Donc finalement, quand vous avez votre travail, tout va bien. Il n’y a pas de crise. Pas de crise perceptible en tout cas à titre personnel. Or les gens raisonnent en ramenant tout ou presque à leur situation personnelle.
Tant que les pensions seront versées, les retraités trouveront que tout va mieux que bien. Tant que le salarié touche sa paie, tout ira également mieux que bien. C’est ainsi, il ne sert à rien de le déplorer
. Simplement j’attire l’attention de ceux qui touchent leur pension de retraite (et je leur souhaite de tout cœur que ce soit le cas aussi longtemps que possible car évidemment « ils l’ont amplement mérité ») ou de ceux qui touchent un salaire que cela peut prendre fin assez rapidement.
Et le problème c’est qu’actuellement en France, comme dans tous les pays qui doivent affronter cette reprise économique absolument faramineuse, il est très difficile de retrouver du travail. Simplement d’en retrouver un. Résultat ? Lorsque vous regardez les chiffres du chômage en détail, la durée s’accroît… et au bout du bout, c’est la pauvreté.
Un article subversif du Monde…
Je le précise, parce que sinon on me dit « Charles, non, tu ne peux pas dire ça »… mais si Le Monde le dit, ça vaut, et toc !
Et que dit Le Monde ? Que malgré une reprise économique monstrueuse comme chacun le sait, le nombre d’anglais qui ont faim augmente dangereusement.
D’ailleurs, un gentil « confrère » m’expliquait sur un plateau télé récemment à quel point le marché du travail en France était figé et à quel point le chômage était bas en Angleterre…
Ben oui, lui rétorquais-je… au royaume de sa très gracieuse majesté ils ont même inventé le contrat 0 heure de travail… Ne rigolez pas, c’est du vrai et c’est du lourd. Attention, là, on est chez les pros.
Donc un patron anglais peut vous embaucher à 0 heure. En clair, il vous fait signer un contrat de travail et vous n’avez pas le droit d’aller bosser ailleurs… MAIS il n’est pas tenu de vous fournir du travail. Et tant que vous ne travaillez pas, vous n’êtes pas payé… Si le type a besoin de vous 6 heures le mois prochain, vous serez payé 6 heures de boulot le mois prochain… En attendant, vous irez à la soupe populaire.
Donc logiquement, les patrons se sont rués sur ce type de contrat, ont embauché tout plein d’Anglais et le taux de chômage a baissé. Sans blague. Je vous passe les statistiques britanniques sur l’augmentation exponentielle du nombre d’handicapés… (qui eux aussi sortent des stats du chômage).
Le Monde nous raconte donc l’histoire triste de Robert qui « aujourd’hui guéri d’un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu’il peine à se déplacer, l’homme vit quasiment sans le sou. Il reçoit 40 livres (environ 55 euros) d’allocations par semaine, garde parfois des enfants après l’école pour 15 livres (environ 21 euros) hebdomadaires et se fait surtout aider par ses deux filles qui habitent non loin. « Il y a des erreurs dans le calcul de mes allocations, plaide-t-il. En attendant que les autorités les corrigent, je suis obligé de venir ici. »
Bon, après tout, s’il a eu un cancer c’est sans doute de sa faute… Et puis y’en a marre de payer pour les pauvres… Hein, après mort aux cons… mort aux pauvres !
Mais Le Monde va plus loin (attention, là cela devient subversif, il y aurait des pauvres de plus en plus nombreux malgré la reprise…) :
« Dans le quartier de la gare de Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. La plupart de ceux qui y viennent travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre correctement. Patrick, lui, a bénéficié de l’aide prodiguée par la banque alimentaire il y a six mois, et revient donner des coups de main. Ce jeune homme qui travaille dans la grande distribution a signé un « contrat zéro heure », qui impose une flexibilité extrême au salarié : l’entreprise décide du nombre d’heures que doit travailler le salarié, et seules les heures effectuées sont rémunérées. Certains mois, Patrick n’a rien touché. Alors la banque alimentaire est devenue une nécessité… »
Tiens… on parle des contrats 0 heures… 0 heure et 0 money. Devrait-on dire.
Et Le Monde d’avancer ce chiffre ahurissant dans un pays en pleine reprise de la croissance économique fabuleuse… « Au moins 2 millions de Britanniques mal nourris. »
Une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres ». Mazette! Et c’est le Monde qui le dit!!
« Mais l’invraisemblable augmentation de la pauvreté outre-Manche depuis quelques mois trouve aussi ses origines dans le « Welfare Reform Act 2012 », la réforme d’ampleur de la protection sociale initiée par le gouvernement conservateur de David Cameron. Le journaliste et économiste Stewart Lansley, co-auteur d’un essai intitulé Breadline Britain: the Rise of Mass Poverty (« La Grande-Bretagne sous le seuil de pauvreté : la montée de la pauvreté de masse ») évoque une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres, et non contre la pauvreté » :
« D’abord, le montant de certaines allocations a été considérablement réduit. Ensuite, et surtout, le gouvernement a introduit un régime de sanctions en 2013 : dans les faits, cela signifie que des chômeurs se voient refuser le versement d’allocations si leur jobcentre [équivalent britannique de Pôle emploi] estime qu’ils ne cherchent pas suffisamment de travail. »â€¨L’application de cette réforme a été faite « de façon très injuste », insiste l’auteur, qui cite l’exemple de personnes temporairement radiées du système d’allocations pour ne pas s’être rendues à un rendez-vous du jobcentre pour cause… d’entretien d’embauche. Les effets de ce régime sont considérables : selon les calculs de M. Lansley, un million de personnes ont déjà été victimes d’interruptions du versement de leurs allocations – des sanctions qui durent au minimum quatre semaines et peuvent aller jusqu’à trois ans. »
Oui les pauvres c’est pénible, pénible parce qu’ils sont de plus en plus nombreux, pénible parce qu’en fait, quelle que soit la partie du monde que vous regardez, quel que soit le système social en vigueur, le problème est le même partout, nous faisons face à une absence totale de reprise économique et la croissance économique n’existe plus.
Quand la croissance existe car elle peut parfois être statistiquement réelle, elle ne s’accompagne en aucun cas de création d’emplois pour la simple raison que les entreprises n’ont plus besoin de bras, plus besoin de magasins (demandez aux 1 600 salariés virés des magasins Vivarte). Entre automatisation, migration des ventes vers Internet, mondialisation, robotisation, délocalisation et j’en passe, nous sommes entrés dans l’ère de la raréfaction de l’emploi. Pourtant, pour celles et ceux qui ont travail et revenu pour le moment, je vous le confirme tout va bien.
Mais le risque c’est qu’un jour vous soyez touché, ce jour-là que ferez-vous ? Il y a et il y aura de moins en moins de travail. C’est une tendance lourde, mais le système ne sait pas faire sans la notion de travail pour répartir les richesses. Sans travail vous êtes exclu du partage.
Alors plus le nombre de pauvres augmentera, plus on vous dira quand même que tout va bien et que c’est la reprise. Et le nombre de pauvres augmentera encore et toujours… Il finira par se poser évidemment le problème de ce que l’on peut en faire et la réponse sera politique… ou ne sera pas. Il faut donc que vous sachiez comment vous ferez lorsque vous aussi… vous serez pauvre et que votre nom sera allé allonger la liste !"

Perrine Signoret dans "Trends Tendances" Belgique du 8 avril 2015 Article intitulé : Une ville allemande refait le trottoir pour purifier son air

" Quand il s'agit d'innovations, la commune de Bottrop, située en Allemagne, ne manque jamais d'imagination. En témoigne son nouveau trottoir anti-smog. Dans la région industrielle de la Ruhr, une petite ville de 116.000 habitants fait beaucoup parler d'elle. Longtemps spécialisée dans la traditionnelle industrie minière, la commune de Bottrop a opéré un virage à 180 degrés, jusqu'à devenir un fleuron de l'innovation en matière de développement durable. Sa dernière trouvaille ? Le Photoment, un béton anti-smog.
Des dalles pour purifier l'air
Le smog, c'est cette épaisse brume qui recouvre parfois des villes entières. Paris, Londres, Shanghai et bien d'autres ont fait connaissance avec ce mélange de polluants atmosphériques, principalement composé d'ozone et de particules fines. Mais dans la commune de Bottrop, il n'en est pas question. La municipalité pense avoir trouvé dans le Photoment la solution idéale pour purifier son air. Ce composant, elle a choisi de le couler dans les dalles de ses trottoirs.
Dans ces dalles, on trouve du dioxyde de titane. Grâce aux ultraviolets reçus par le soleil, il transforme l'oxyde d'azote en ions nitrates. Si cela permet d'éviter la formation de smog c'est parce qu'en temps normal, ces oxydes d'azote se muent en ozone. Les ions nitrates eux sont aussi moins dangereux. Des dalles, ils se retrouvent acheminés dans les égouts lorsqu'il pleut. Et pour les plus inquiets, sachez que les concentrations seraient trop faibles pour que cela ne contamine l'eau et pose un quelconque problème de sécurité sanitaire.
Des applications encore limitées
Ce sont pour l'instant 750 mètres carrés de Photoment qui ont été installés à Bottrop, au coeur d'un croisement routier. Ce revêtement permettrait d'éliminer en moyenne 2,4 micro-grammes d'oxyde d'azote par mètre carré par heure. Un score honorable qui avait déjà séduit la ville de Laupheim. Celle-ci a coulé l'an passé du Photoment sur une surface avoisinant les 500 mètres carrés.
Côté porte-monnaie, ce béton d'un genre un peu spécial est plus cher de 3 à 5 euros le mètre carré que ses concurrents traditionnels.
Les applications de cette technologie sont pour l'instant encore peu nombreuses. Parmi elles, un mur anti-smog bordant une route parisienne, à hauteur de la porte des Lilas. On estime qu'à l'air libre, il réduirait les quantités d'oxydes d'azote de 15 à 20%. Autre projet, pas encore abouti cette fois, celui de l'ambitieux Vincent Callebaut. Cet architecte aspire à créer deux tours dépolluantes sur les rives du canal de l'Ourcq, à Paris. Il pourrait pour ce faire s'inspirer du constructeur GTM, qui a mis au point un enduit capable de dépolluer l'air. Ces initiatives reposent sur le même principe que Photoment.
Il reste cependant un problème majeur: ne sont éliminés que les oxydes d'azote. Or, ce n'est là qu'un polluant parmi d'autres.
En Chine, où le smog est devenu un véritable fléau, les méthodes sont de ce fait parfois plus radicales qu'une simple couche de dioxyde de titane, à l'image de ce canon censé disperser la brume."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 8 avril 2015 Article intitulé : Allemagne: l'Agence pour l'emploi obligée de supprimer 5.000 postes... par manque de chômeurs

" L'Agence allemande pour l'emploi, chargée du suivi des chômeurs, a fait savoir mardi qu'elle allait supprimer 5.000 emplois d'ici à 2019, portant le total des coupes à 17.000 depuis 2013, le chômage bas rendant les services de ses conseillers superflus.
   "Le chômage en baisse sur le long terme nous permet de réduire le personnel de 17.000 dans les agences d'ici à 2019", a déclaré dans les colonnes du quotidien Handelsblatt Heinrich Alt, l'un des membres du directoire de l'institution.
Depuis début 2013, 12.000 postes ont déjà été supprimés, et d'ici à 2019 5.000 doivent suivre "sous réserve que l'évolution économique se maintienne" à son rythme actuel, a précisé à l'AFP un porte-parole de l'Agence. Celle-ci emploie quelque 95.000 salariés, majoritairement des conseillers chargés du suivi et du placement des chômeurs.
Du fait d'un ralentissement de la conjoncture en milieu d'année, aucune suppression du personnel n'a été faite à l'Agence l'an dernier, et aucune n'est prévue cette année. Mais la cure d'amaigrissement devrait reprendre l'an prochain.
Le chômage en Allemagne évolue depuis des mois à son plus bas depuis la Réunification, le chiffre de mars a touché un nouveau plus bas de 6,4% (en chiffres corrigés des variations saisonnières) à la faveur de la robustesse de l'économie. Le mois dernier, le pays comptait 2,93 millions de chômeurs, loin des pics autour de 5 millions atteints en 2005.

Dans "Boursorama" du 23 mars 2015 Article intitulé : Tsipras et Merkel s'accordent pour dépasser les clichés

" Alexis Tsipras et Angela Merkel ont plaidé lundi pour dépasser les clichés qui empoisonnent les relations germano-grecques, alors qu'Athènes est toujours attendue sur les réformes à mettre en oeuvre en échange de l'aide européenne dont elle a un besoin urgent.
"Les Grecs ne sont pas paresseux et les Allemands ne sont pas responsables de tous les maux de la Grèce. Nous devons travailler dur pour dépasser ces stéréotypes", a déclaré M. Tsipras, à l'occasion de sa première visite officielle à Berlin, un peu moins de deux mois après son arrivée au pouvoir.
Une intention défendue aussi par Angela Merkel lors d'une conférence de presse commune, à l'issue d'un premier entretien d'un peu plus d'une heure entre les deux dirigeants qui devait se prolonger lors d'un dîner.
Dans une ambiance plutôt aimable, contrastant nettement avec la vive tension plombant la première rencontre en février du ministre des Finances Wolfgang Schäuble avec son homologue Yanis Varoufakis, Alexis Tsipras a loué la qualité d'écoute d'Angela Merkel, tandis que la chancelière assurait que "les deux pays voulaient vivre ensemble et étaient tous les deux des parties de l'Union européenne". Merkel baisserait-elle la garde ou serait-elle en position stratégique ? Sun Tzu ?
"Nous devons mieux nous comprendre, il n'y a pas d'autre voie que le dialogue", a dit M. Tsipras, venu sans cravate.
La chancelière a admis "des questions difficiles" et des "désaccords" entre Athènes et Berlin, mais elle a assuré vouloir "une coopération dans un esprit de confiance mutuelle" et "une Grèce économiquement forte". Là, c'est du Sun Tzu
- Problèmes de liquidité -
Alexis Tsipras a insisté sur le fait que "le plan de sauvetage (de la Grèce) n'a pas été un succès", tout en affirmant ne pas vouloir non plus "détruire le positif des dernières années", mais trouver "un nouveau dosage politique pour résoudre les problèmes".
Le responsable grec a assuré ne pas être venu à Berlin pour demander de l'argent, et a rappelé que "les problèmes de liquidité à moyen terme" du pays "étaient connus" et qu'il en avait "hérités".
Confrontée à des échéances de remboursement importantes alors que ses caisses sont presque vides, Athènes attend le déblocage au moins partiel de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d'euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l'aide financière décidée le 20 février par les Européens. Sans un déblocage de fonds à court terme, "il sera +impossible+ pour Athènes d'assurer le service de la dette d'ici les prochaines semaines", a averti le Premier ministre grec dans un courrier daté du 15 mars et révélé lundi par le Financial Times. Alexis Tsipras s'est engagé vendredi à Bruxelles à présenter rapidement des réformes détaillées, condition nécessaire au versement d'argent supplémentaire, tandis que la Commission a annoncé mettre à la disposition d'Athènes "deux milliards d'euros pour l'année 2015".
Angela Merkel a souligné que ce n'était pas à l'Allemagne de décider de la qualité des réformes menées par la Grèce, mais à l'ensemble des pays de la zone euro. Là, c'est carrement du faux cul M. Tsipras n'a pas non plus précisé ses intentions et a affirmé avoir apporté une chose avec lui à Berlin: "le beau temps grec".
- Réparations -
Si l'ambiance était effectivement à la cordialité entre M. Tsipras et Mme Merkel, cela n'a pas empêché le Premier ministre grec de remettre des sujets qui fâchent sur le tapis.
Il a ainsi demandé le soutien de Berlin dans une vaste affaire de corruption impliquant notamment l'industriel allemand Siemens, vieille de presque une décennie et qui vient d'être renvoyée en justice.
Il n'a surtout pas manqué d'insister de nouveau sur les réparations réclamées par Athènes pour des crimes du régime nazi durant la seconde guerre mondiale.

"Ce n'est pas une question matérielle, mais d'abord un problème moral et éthique sur lequel nous devons travailler", a déclaré Alexis Tsipras, refusant de lier cette demande à la question de la crise financière actuelle du pays.
Le dossier est "juridiquement clos", lui a une nouvelle fois répondu Angela Merkel. Le dossier du nazisme ne doit et ne pourra jamais être refermé. L'allemagne politique a encore démontré ces dernières années son extrême dangerosité par les insultes et les amalgames contre les Peuples qui sont revenus "comme en 40". L'europe allemande doit être VIREE si l'on veut pouvoir mettre en place l'Europe de la Paix. Dans cette Europe de la Paix, l'allemagne devra apprendre à rester à sa place. Sa place étant la même place que les autres pays. Ni plus ni moins. Les Peuples par leurs votes doivent choisir : Etre sous la soumission allemande comme aujourd'hui ou être partenaire à part entière avec l'Allemagne. Pour l'instant l'Europe est dirigée à Berlin. Qui veut réellement cela ? L'europe allemande doit IMPERATIVEMENT cesser. C'est le seule réelle urgence politique actuelle. 

Dans "La Tribune" du 19 mars 2015 Article intitulé : La vidéo de Varoufakis a bien été truquée par un présentateur allemand

" Un présentateur de la chaîne de télévision allemande ZDF a confié qu'il avait truqué une vidéo dans laquelle le ministre grec des Finances faisait un "doigt d'honneur" à l'Allemagne. Yanis Varoufakis n'a en réalité jamais fait ce geste.
Cette confession ne va pas arranger les rapports déjà tendus entre la Grèce et l'Allemagne. Un présentateur allemand de télévision a déclaré mercredi 18 mars avoir truqué une vidéo du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, dont la diffusion dans une émission de grande audience dimanche avait fait polémique. Cette vidéo faisait apparaître un geste obscène du ministre à l'égard de l'Allemagne.
Hilare, Jan Böhmermann, présentateur d'une émission satirique sur la chaîne publique ZDF, explique dans une vidéo mise en ligne mercredi soir sur le site internet de son émission Neo Magazin Royale qu'il est à l'origine du trucage, et raconte la manière dont il a procédé. "Respirez profondément, ne tombez pas de votre chaise, vous devez être très courageux", annonce le présentateur.
"Un doigt à l'Allemagne"
Suit l'extrait de la vidéo controversée, prise en 2013 au cours d'un festival à Zagreb. Le ministre, qui avait dénoncé dès dimanche un "trucage", y parle bien de "faire un doigt à l'Allemagne", mais le geste obscène allant avec n'y apparaît pas.
"Mais où était donc le doigt (d'honneur), il n'y a pas de doigt d'honneur mesdames et messieurs, était-ce vraiment un faux ? Mais qui falsifie des choses comme cela ?", s'interroge alors M. Böhmermann avec une fausse ingénuité, avant de lancer "et voilà comment nous nous y sommes pris".
Et d'expliquer comment il s'est assuré la connivence de collaborateurs du festival auquel avait participé M.Varoufakis en Croatie, qui l'ont aidé à récupérer le matériel vidéo et à y insérer le fameux doigt. La vidéo a ensuite été mise en ligne sur YouTube.
La diffusion jette un froid
L'extrait ainsi manipulé a été diffusé dimanche soir dans un talk-show politique de grande audience sur ARD, l'autre chaîne publique de télévision allemande, où M. Varoufakis répondait en duplex d'Athènes aux questions de Günther Jauch, présentateur très connu en Allemagne.
La diffusion de ces images, immédiatement dénoncées comme étant un faux par l'intéressé, a jeté un froid supplémentaire dans l'émission déjà tendue, et alors que Berlin et Athènes s'écharpent sur la politique économique grecque et sur l'avenir de la Grèce dans la zone euro.
M. Jauch avait promis de vérifier la véracité de la vidéo, et la société de production de son émission a diffusé lundi un communiqué assurant n'avoir décelé "pour le moment aucun signe de manipulation ou de trucage" sur la foi de "plusieurs experts".
M. Böhmermann explique en détail comment ses équipes ont ajouté le doigt, début février, et sont allées jusqu'à ajuster les ombres créées par le geste, pour plus d'authenticité. "J'attends depuis dimanche soir que quelqu'un m'appelle et me demande si c'est nous qui avons truqué la vidéo, personne n'a appelé", a dit M. Böhmermann, avant de conclure: "Sorry Mr Varoufakis, we won't do it again" ("Excusez-nous M.Varoufakis, nous ne recommencerons pas").
Twitter s'emballe
M. Böhmermann est également auteur d'une vidéo intitulée "V comme Varoufakis" qui a énormément circulé sur internet fin février et qui présente le ministre grec en super héros faisant plier la zone euro. Le ministre y faisant son doigt d'honneur y apparaissait déjà brièvement.
La twittosphère s'est emballée en Allemagne mercredi soir à la suite de ces révélations. ZDF n'a pas officiellement confirmé la version de M. Böhmermann, mais a retweeté le lien menant à sa confession."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 18 mars 2015 Article intitulé : Grèce : ce que révèle le refus de Bruxelles de traiter l'urgence humanitaire Qui veut encore de cette europe allemande pour qui l'humanitaire n'est pas une priorité ? Qui a dit des crapules ?

SE TAIRE : JUSQU'A OU, JUSQU'A QUAND ?

" Si l'on veut réellement comprendre de la nature des discussions entre la Grèce et ses créanciers (puisque c'est bien ainsi que se présentent désormais les « partenaires » européens du pays), l'information révélée mardi 17 mars au soir par la chaîne de télévision britannique Channel 4 est fort éclairante. Selon Paul Mason, son journaliste, la directeur des affaires économiques et financière à la Commission européenne, autrement dit, un fonctionnaire de Berlaymont, le siège de l'exécutif européen, a exigé du gouvernement grec qu'il stoppe purement et simplement le processus législatif visant à faire adopter un projet de loi sur « l'urgence humanitaire. » Les fonctionnaires européens auraient également mis leur veto sur le projet de loi concernant la restructuration des arriérés fiscaux.
Le piège tendu par l'Eurogroupe
Cette exigence est un révélateur. D'abord, du piège dans lequel les Européens ont tenté d'attirer la Grèce. En effet, cette question de l'urgence humanitaire a toujours été mise en avant par Athènes dans sa liste de réformes prioritaires à mettre en place, que ce soit celle du 23 février ou celle du 6 mars. Mieux même, la liste du 23 février avait été considérée par l'Eurogroupe comme une base de discussion valable. Autrement dit, la question de la lutte contre la pauvreté était acceptée par les Européens eux-mêmes comme une question d'importance et comme une « réforme » à mener. En réalité, il semble qu'il ne s'agissait que de faire entrer les Grecs dans un processus de « négociations » où, grâce à l'urgence des besoins de financement du pays, on espérait bien faire renoncer le gouvernement Tsipras à l'essentiel de son programme, notamment à la lutte contre la pauvreté. C'est la stratégie décrite comme celle du « nœud coulant » par le premier ministre grec lui-même.
Bruxelles estime que la Grèce n'a plus les moyens de négocier, compte tenu de sa situation financière. Elle pose donc ses conditions. Et dans ces conditions, le rejet de la loi humanitaire est central : cette loi revient en effet à reconnaître les conséquences sociales désastreuses de la politique menée depuis 2010.
A qui peut-on se fier ?
Mais alors, c'est tout l'argumentaire asséné depuis des semaines par Bruxelles et Berlin qui semble affaibli. A chaque interview, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, ne cesse de prétendre que le « gouvernement grec a détruit toute confiance », en se gardant bien d'entrer dans les détails, puisque précisément, le gouvernement grec est le seul dans les négociations à avoir fait de substantielles concessions. Mais cette fois, le voile est déchiré et l'on peut s'interroger sur quel type de « confiance » les Grecs peuvent avoir dans des instances européennes qui, le 23 février, acceptent de discuter de l'urgence humanitaire dans le pays, et qui, le 17 mars, refuse toute avancée concrète sur ce terrain. Sans parler des mots doucereux de Jean-Claude Juncker lundi dernier admettant qu'il faut combattre la pauvreté des Grèce... Les Hellènes seraient en droit de renverser la nouvelle injure que le tabloïd allemand  Bild Zeitung leur a fait ce mercredi 18 mars au matin en parlant de « Grecs menteurs » (Lügen Griechen) à propos d'un sujet sans doute plus important que la pauvreté dans le pays, le fameux doigt d'honneur de Yanis Varoufakis. Chassez le naturel il revient au galop. Tant que l'Europe de la Paix ne sera pas créée, l'europe allemande nous mènera à la discorde. Rien ne change. Aucune confiance, que de la défiance envers les boches politicards. Je vous rappele que je fais bien la différence entre les Allemands et les politicards "boches" allemands.

SE TAIRE : JUSQU'A OU, JUSQU'A QUAND ?


La nature du projet de loi
Mais plus encore, cette exigence d'un fonctionnaire européen montre la réalité des buts de la négociation à Bruxelles. Les mesures proposées par le gouvernement grec n'étaient guère révolutionnaires. Il s'agissait d'apporter une assistance d'urgence à ceux qui en avaient le plus besoin. Rappelons que 23,1 % de la population hellénique vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. Le projet de loi prévoyait d'accorder une allocation logement de 70 à 220 euros à 30.000 personnes, allocations qui pourraient servir à recouvrir une partie des dettes au Trésor public. Il envisageait une aide alimentaire pour 300.000 personnes et le rétablissement, jusqu'à la fin de l'année, de l'électricité pour les ménages qui se l'étaient vus couper faute de moyen pour payer les factures. Rien de plus. Le coût de cette action était estimé à 200 millions d'euros. Autrement dit, une somme négligeable sur le plan budgétaire (d'autant que le produit des privatisations devaient en partie venir assurer le financement de la loi) : rappelons que, depuis le début du mois de mars, Athènes a remboursé pas moins de 1,2 milliard d'euros au FMI. Mieux même, cette loi faisait l'objet d'un consensus en Grèce, en commission, le projet avait obtenu le soutien d'une large partie de l'opposition.
Empêcher Syriza d'appliquer son programme
Pourquoi alors refuser cette loi ? D'abord parce qu'il s'agissait de la première pierre du programme de Syriza. Une telle loi signifie que le nouveau gouvernement peut appliquer une partie de ses promesses et que ces dernières n'étaient pas des « folies démagogiques » comme l'assènent les dirigeants européens et de nombreux médias. Cette loi aurait alors renforcé la position politique de Syriza. En la refusant, la Commission se dévoile : elle avoue indirectement que son but est d'affaiblir le gouvernement. La stratégie européenne n'est donc pas seulement une stratégie basée sur une soi-disant « rationalité économique » et encore moins sur une pseudo-« moralité » liée au remboursement de la dette, c'est une stratégie politique de démolition du nouvel exécutif grec. Ce que l'on vise, c'est bien le rêve éveillé qu'avait fait en février un responsable de Berlaymont qui exigeait de « nouvelles élections » en Grèce.
Protectorat de la dette
De fait, en décidant de bloquer un projet peu coûteux, mais nécessaire sur le plan social, la Commission a ouvertement prouvé que la Grèce était pour elle un « protectorat de la dette », comme avait pu l'être dans les années 1930-40 Terre-Neuve lorsque ce territoire (qui, alors ne faisait pas partie du Canada), avait été géré par une commission de créanciers. Dans la mesure où une telle loi ne représentait pas, en effet, un danger pour les intérêts des créanciers (qui, rappelons-le, ont été pour le moment payés rubis sur l'ongle par le nouveau gouvernement), la Commission n'avait pas à exiger son annulation.
Mais Bruxelles a d'autres buts : il s'agit d'imposer en effet un type de politique économique. Le combat contre la pauvreté ne peut se faire, dans son esprit, que par des « réformes structurelles » qui n'inclut pas l'assistance, mais la réduction des pensions et des salaires pour générer un hypothétique plein emploi grâce à l'abaissement du coût du travail. Peu importe que cette stratégie ait échoué avec éclat en Grèce depuis cinq ans (mais aussi, et on l'oublie souvent auparavant), il est nécessaire de prouver qu'il n'y a pas d'autres alternatives possibles. D'où ce refus sec de la Commission, au mépris de la souveraineté hellénique qui, dans ce domaine, ne remettait pourtant en cause ni les traités européens (qui ne parlent guère de lutte contre la pauvreté), ni les intérêts de ses créanciers. Qu'un fonctionnaire se soit permis de demander le blocage d'un projet de loi en cours d'examen dans un parlement en dit long sur l'état d'esprit au Berlaymont...
Des buts politiques
Ce refus met donc à jour la nature de la stratégie européenne : c'est une nature politique. Il s'agit de mettre à genou politiquement Syriza, soit en faisant tomber ce gouvernement, soit en le convertissant à la « raison », autrement dit aux choix des Européens. Voici pourquoi Alexis Tsipras a décidé de traiter le problème au niveau politique, notamment en rencontrant Angela Merkel. Mais, de plus en plus, la voie de la discussion qu'il a ouvertement choisie semble de plus en plus étroite.

  Fabien Pirollo dans "Economie matin" du 18 mars 2015 Article intitulé : La Grèce a-t-elle raison de demander des réparations de guerre à l'Allemagne ?
 
" Le lendemain de son élection du 26 janvier 2015, Alexis Tsipras, Premier ministre grec du parti de gauche radicale Syriza, s’est rendu à Kaisariani, ville située dans la banlieue est d’Athènes où 200 résistants grecs furent massacrés par l’occupant nazi le 1er mai 1944.
Cet acte de recueillement est très fort symboliquement : outre rappeler un épisode historique douloureux entre les 2 nations,
il permet au gouvernement grec de remettre en perspective les responsabilités de chacun des 2 pays sur la question de la dette grecque.
Grèce : une dette de 175 % du PIB
Aujourd’hui la Grèce doit faire face à une dette publique colossale, qui avoisine les 175 % de son PIB. Les pays membres de la zone euro, Allemagne en tête, y voient une menace pour la monnaie unique et imposent à la Grèce des politiques d’austérité drastiques afin de retrouver l’équilibre budgétaire. Or, par cette visite à Kaisariani, Alexis Tsipras rappelle à l’Allemagne qu’une partie de la dette grecque est due à l’occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, l’Allemagne n’a jamais indemnisé la Grèce alors que l’Occupation y a été très destructrice, du fait d’une résistance grecque active. Encore aujourd'hui, qui résiste à part la Grèce ? Qui se tait et qui collabore ? De plus, après la guerre, l’Allemagne a vu une tranche de sa dette annulée par les vainqueurs (dont la Grèce) afin de lui permettre de retrouver le chemin de la croissance.
Les montants qui seraient dus par l’Allemagne à la Grèce au titre des réparations de guerre varient selon les analyses, mais on l’estime aux alentours de 150 milliards d’euros, soit à peu près la moitié de la dette grecque actuelle.
L’enjeu est donc capital, d’autant plus que l’annulation de la dette est l’un des principaux moyens prôné par les Grecs de sortir de la débâcle dans laquelle ils se trouvent. Comme l’a déclaré il y a quelques jours Panos Kamménos, ministre de la Défense grec, ce qu’il faut pour résoudre le problème de la dette de son pays n’est pas un troisième plan d’aide mais "une décote comme celle dont a bénéficié l'Allemagne en 1953 à la conférence de Londres sur la dette". A quoi fait-il précisément référence ?
 Un prêt de 3,5 milliards de dollars à l'Allemagne pendant la guerre
Pendant la guerre, la Grèce a été occupée pendant 3,5 ans par l’Allemagne nazie (avril 1941 – octobre 1944). Outre les pertes humaines dues aux massacres et aux famines (qu’on dénombre à 600 000), de nombreux bâtiments et autres infrastructures furent détruits. De plus, la Banque Centrale de Grèce fut vidée de ses réserves d’or suite à un prêt forcé accordé à l’Allemagne à taux zéro de 476 millions de Reichsmark (3,5 milliards de dollars) pour contribution à l’effort de guerre. Ce prêt ne sera jamais remboursé. Syriza exige donc de l’Allemagne 2 types d’indemnisations : l’un au titre des réparations de guerre et l’autre concernant le remboursement du prêt forcé.
Lorsque l’Allemagne nazie fut vaincue, les pays victorieux demandèrent réparation. Cependant, pour ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé lors de la signature du traité de Versailles en 1919 (voir JM Keynes, Les conséquences économiques de la paix, 1919), la dette allemande fut réduite environ de moitié. Il fut conclu au cours des négociations que la Grèce, faisant logiquement partie des pays devant recevoir des indemnités, devait normalement percevoir en tout 7 milliards de dollars (en numéraire et en matériel). Toutefois, les années qui suivirent, la Grèce ne reçut qu’une infime partie de ce montant. En effet, en février 1953 fut signé le fameux accord de Londres sur les dettes allemandes. A cette époque, l’Allemagne était séparée en 2 entités : la République fédérale d’Allemagne (RFA) à l’ouest proche des Etats-Unis et la République démocratique allemande (RDA) à l’est proche de l’URSS. Cet accord stipule qu’une partie des réparations due par la RFA aux pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale est tout simplement annulée et que le remboursement de l’autre partie est repoussé jusqu’à la future réunification allemande. En effet, dans le contexte de la Guerre froide, les Etats-Unis, principaux instigateurs de ce traité, avaient besoin d’une RFA forte afin d’affronter le bloc communiste. Or, les dettes qui pesaient sur cette dernière étaient un frein sérieux à sa croissance. Le traité fut effectivement une véritable bouffée d’oxygène pour l’Allemagne : on qualifia la période qui suivit la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la réunification allemande de "Wirtschaftswunder", qui se traduit par "miracle économique".
La chute du mur de Berlin en novembre 1989 permit la réunification allemande. Vint avec elle la question du remboursement du reste des dettes de guerre dû par l’Allemagne comme spécifié dans le traité de Londres. Mais le 12 septembre 1990 fut signé le traité de Moscou, également appelé traité 4 plus 2, en référence aux 4 puissances alliées de la Seconde Guerre mondiale (France, Etats-Unis, Royaume-Uni et URSS) et aux 2 Allemagne qui le signèrent. Court, cet accord évoque principalement des sujets relatifs aux nouvelles frontières du pays, à sa souveraineté, à la question militaire, à ses affaires intérieures et extérieures… mais il n’est nullement question de réparation ou de dette. En acceptant ce traité, les signataires renoncèrent de fait à leur dû. Comme la Grèce fait partie des pays qui l’ont approuvé, l’Allemagne estime donc qu’elle est acquittée de toute dette antérieure envers elle.
 L'Allemagne ne veut rien devoir à la Grèce
En outre, non seulement l’Allemagne pense ne rien devoir à la Grèce au titre des réparations de guerre, mais elle affirme en plus que la Grèce est mal placée pour lui réclamer de l’argent. En effet, elle a reçu de nombreuses aides financières depuis son adhésion à l’Union Européenne en 1981, et l’Allemagne contribue grandement au financement de ces aides. On estime par exemple que la Grèce a reçu 68 milliards d’euros des Fonds structurels européens depuis son intégration à l’UE. Enfin, il est utile de rappeler que la dette grecque qui appartenait au secteur privé a subi un haircut en 2011 suite à la crise de la dette dans la zone euro et que les banques allemandes y ont perdu beaucoup d’argent.
Cette stratégie d’Alexis Tsipras est risquée. Il s’agit en fait davantage d’un argument moral que financier. L’Allemagne a été claire depuis le début : elle considère qu’elle ne doit rien à la Grèce et ne lui paiera donc rien. Outre rassembler son peuple autour d’un ennemi commun, le Premier ministre grec souhaite rappeler à l’Allemagne que si elle a connu des taux de croissance élevés après la Seconde Guerre mondiale et qu’elle se trouve dans une situation économique prospère aujourd’hui, c’est bien grâce à l’allègement de sa dette publique, pas à des politiques d’austérité sévères. Il estime donc qu’il faudrait s’interroger sur le bienfondé de ces dernières et penser à d’autres solutions pour sortir son pays de la crise, ce qui est somme toute légitime."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 16 mars 2015 Article intitulé : L'Allemagne tente de contenir la contagion de la crise bancaire autrichienne

" Les conséquences de la décision de l'Etat fédéral autrichien de cesser de renflouer Heta, la « bad bank » issue de la banque nationalisée Hypo Alpe Adria (HAA), le 1er mars, commencent à se faire sentir à l'étranger.
En Allemagne, particulièrement, où, ce week-end, l'Association des banques privées (BdB) a décidé de prendre le contrôle, via son fonds de sécurité des dépôts (Einlagensicherungsfonds), de la banque Düsseldorfer Hypotherkenbank, connue sous le nom de Düsselhyp.
Petite banque si fragile...
Düsselhyp est une petite banque, son total de bilan s'élevait fin 2013 à un peu moins de 12 milliards d'euros. Elle est spécialisée dans l'émission d'obligations sécurisées, les fameuses Pfandbriefe, qui sont des titres de dettes adossées à un ensemble de garanties, notamment des garanties de collectivités locales et des biens immobiliers. Dans ce cadre, Düsselhyp avait pris une exposition notable à la banque autrichienne Hypo Alpe Adria qui, rappelons-le, s'était développée grâce aux garanties du Land autrichien de Carinthie.
Fin 2013, Düsselhyp avait ainsi dans son bilan 348 millions d'euros de titres Heta (l'établissement qui a succédé à HAA en 2014). Selon le quotidien viennois Wiener Zeitung, l'engagement de la banque de Düsseldorf ne serait plus désormais que de 280 millions d'euros. La somme peut paraître faible, mais Düsselhyp est une banque très fragile, sauvée déjà de justesse de la faillite en 2008 par la BdB. Ses fonds propres n'étaient en juin 2014 que de 233 millions d'euros.
Autrement dit, un effacement total des créances sur Heta placerait la banque en situation de faillite. Dès jeudi, l'agence de notation Fitch mettait en garde : « L'effondrement de la banque est inévitable »...
Comment 280 millions d'euros mettent en péril 11 milliards d'euros
Mais l'Allemagne ne pouvait se permettre une faillite de la Düsselhyp. Les dettes émises par la banque deviendraient exigibles et ceci toucherait le secteur des collectivités locales allemandes, dont beaucoup (les petits Länder et certaines communes) sont déjà dans un état de grande fragilité financière. Plus généralement, ceci aurait posé un problème de confiance général dans la Pfandbrief, jugée par les investisseurs aujourd'hui comme un produit sûr. Les prix de ces dernières auraient augmenté, faisant peser un risque là aussi sur les collectivités territoriales et sur les instituts d'émission, dont certains ont eu bien du mal à se remettre de la crise de 2008-2009. On voit que l'effet boule de neige est considérable : avec un impact initial de 280 millions d'euros, on met en péril un bilan de 11 milliards d'euros, et un marché de quelque 400 milliards d'euros...
L'Allemagne très exposée aux mauvaises surprises de la "bad bank" Heta
Au final, la BdB a donc frappé fort, prévoyant même un rachat complet de Düsselhyp et en proclamant que l'affaire était réglée. Mais est-ce bien certain ?
L'État fédéral autrichien le 1er mars a décidé de cesser de couvrir les dépenses de Heta après l'apparition d'un besoin de financement, inconnu jusqu'alors, de 7,6 milliards d'euros.
L'Autorité de régulation autrichienne, la FMA, a pris le contrôle de Heta et a immédiatement instauré un moratoire sur les remboursements des dettes de la banque, tant au principal qu'au capital. En tout, le moratoire porte sur près de 11 milliards d'euros.
Le secteur financier allemand serait concerné à hauteur de 2,3 milliards d'euros. Avec une incertitude sur les 2,5 milliards d'euros avancés par la Landesbank bavaroise BayernLB à son ancienne filiale HAA.
La Pfandbrief allemande rattrapée par la crise financière de 2008 ?
Le secteur le plus exposé est clairement celui des banques émettrices de Pfandbriefe. Et c'est bien là le problème car, malgré l'excellente réputation de la Pfandbrief allemande, ces banques ont souvent été les plus hardies à jouer au casino financier qui a précédé la crise de 2008.
Aujourd'hui, ces banques sont souvent nationalisées, mais fragiles. Ainsi, les deux banques issues de Hypo Real Estate, l'ancien géant de la Pfandbrief qui a succombé à la crise de 2008 et qui a été nationalisée puis coupée en une « bonne » et une « mauvaise » banque, ont une exposition à Heta de 690 millions d'euros. La filiale de Dexia, Dexia Kommunalbank, est exposée à hauteur de 395 millions d'euros. Enfin, plusieurs banques régionales, NordLBn, NRW Bank ou L-Bank, pourraient être impactées.
Et l'on a vu que l'impact d'une crise de ces banques peut dépasser leur taille réelle. Des actions pourraient donc être prises dans les semaines et les mois qui viennent.
Inévitables annulations de dettes et danger de contagion à l'Europe
S'il en était besoin, cette situation prouve que la décision autrichienne du 1er mars a toute la réalité d'un défaut, quand bien même légalement il n'en s'agirait pas d'un. On ignore si la FMA devra, à l'issue du moratoire, en mars 2016, annuler une partie de la dette de Heta et laquelle. Mais, à Vienne, on ne cache presque plus que cette annulation est inévitable.
Dès lors, l'Europe, et l'Allemagne en particulier, va devoir prendre des mesures pour contenir les effets de contagion de cette faillite. Une faillite qui, dans les faits, pourraient être plus dangereuse qu'une restructuration de la dette grecque telle que la réclame le gouvernement d'Athènes.
D'autant qu'elle pourrait entraîner le défaut officiel d'un Land autrichien, la Carinthie, ce qui pourrait aussi avoir des conséquences plus larges. Le silence européen vis-à-vis du comportement du gouvernement autrichien ne cesse donc de surprendre."

Dans "Le Journal du Net" du 12 mars 2015 Article intitulé : Grèce: des avoirs allemands pourraient être saisis


" Mercredi 11 mars 2015, 15h07 Le ministre grec de la Justice Nikos Paraskevopoulos a menacé mercredi de donner son feu vert à l'application d'une décision de la Cour suprême grecque, jusqu'ici restée lettre morte, qui jugeait possible la saisie d'avoirs allemands en compensation des crimes commis par les nazis. "A titre personnel, je crois que l'autorisation d'appliquer cette décision devrait être donnée et suis prêt à la donner", a dit le ministre au cours d'un débat au Parlement dans la nuit de mardi à mercredi sur la réactivation d'une commission parlementaire sur les crimes de la Seconde guerre mondiale commis en Grèce par les nazis. Des proches des victimes de guerre des nazis revendiquent depuis vingt ans des réparations allemandes, mais Berlin a toujours refusé de payer, considérant que la question des dédommagements a été réglée par un accord bilatéral avec la Grèce datant de 1960. La Cour suprême grecque avait, en 2000, jugé qu'il était possible de saisir des avoirs allemands à la suite d'une plainte des proches des victimes du massacre de Distomo, dans le centre de la Grèce, et sur la base d'une décision d'un tribunal grec en 1997, condamnant l'Allemagne à leur verser 28,6 millions d'euros.
Mais à l'époque, le ministre de la Justice socialiste n'avait pas autorisé l'application de ce jugement. A Berlin, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a insisté sur l'importance de se concentrer plutôt sur les questions économiques urgentes entre la Grèce et ses partenaires européens. "Nous devrions nous concentrer sur les thèmes actuels et sur, espérons-le, le bon avenir de nos deux pays", a souligné Steffen Seibert. Il n'y pas d'Avenir avec l'allemagne politique il n'y a que des futurs.  Le porte-parole du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a également ajouté que soulever ce genre de "reproches (...) n'aidait en rien dans le contexte du travail actuel que nous avons à mener avec le gouvernement grec".
- Réparations des infrastructures détruites -
Pour Berlin, la question des réparations et des dédommagements de guerre est "définitivement terminée, c'est notre conviction", selon M. Seibert qui a néanmoins rappelé que l'Allemagne était consciente de sa "responsabilité historique pour les souffrances que le régime nazi a occasionné dans de nombreux pays d'Europe". Sur le fond, juristes et historiens ont à plusieurs reprises estimé qu'Athènes avait peu de chances de toucher quoi que ce soit. Le débat sur les réparations allemandes a ressurgi ces dernières années, l'Allemagne étant rendue responsable par de nombreux Grecs de la politique d'austérité stricte qui leur est imposée pour faire face à la crise. Le ministre grec a reconnu que "l'affaire est juridiquement complexe" et que "la date d'une éventuelle autorisation pour l'application de la décision de la Cour suprême dépend des négociations sur ce sujet (entre Athènes et Berlin) et de l'avis du Parlement grec". Le nouveau gouvernement de gauche radicale, issue des élections du 25 janvier, a promis de rouvrir le dossier sur les réparations allemandes. "Le nouveau gouvernement grec a pour objectif de se pencher sur le sujet avec sensibilité et responsabilité, par le dialogue et la coopération, et il attend la même chose du gouvernement allemand, pour des raisons politiques, historiques et symboliques", a lancé M. Tsipras au Parlement. "C'est un devoir envers notre Histoire, envers les combattantes et combattants du monde entier qui ont donné leur vie pour vaincre le nazisme", a-t-il ajouté. La plupart des partis grecs soutiennent que l'Allemagne aurait dû rembourser à la Grèce un prêt forcé de la Banque de Grèce aux nazis et verser des indemnités de guerre pour les crimes commis en Grèce pendant la Seconde guerre mondiale. "La revendication des réparations de guerre est un sujet national et la reconstitution de la commission parlementaire vise à sensibiliser l'opinion publique européenne et à renforcer l'argumentation grecque sur ce sujet", a indiqué la députée Syriza et présidente de la Vouli Zoé Konstantopoulou. En 2012, une commission parlementaire a été créée sur ce sujet, mais ses travaux ont été arrêtées en décembre 2014, lors de l'annonce des élections anticipées. Un rapport de la Comptabilité nationale grecque à l'époque avait évalué le montant des réparations à 162 milliards d'euros. Ce total correspondrait aux réparations des infrastructures détruites (108 milliards euros en valeur actuelle, un chiffre basé sur les conclusions de la Conférence internationale de Paris en 1946) et au remboursement d'un emprunt forcé (54 milliards d'euros) effectué par la Grèce au régime nazi entre 1942 et 1944."

Dans "La Tribune" du 5 mars 2015 Article intitulé : L'Allemagne encadre les loyers

" Le loyer ne doit pas excéder pas 10% du "loyer moyen d'usage" dans la ville où le quartier est concerné, d'après la loi. Les propriétaires devront par ailleurs régler les frais des agences immobilières. Alors que la France peine encore à appliquer l'encadrement des loyers, l'Allemagne s'y met à son tour.  Les députés allemands ont adopté jeudi 5 mars une loi plafonnant les hausses de loyer qui s'appliquera dans les grands villes et les villes universitaires. Elle sera censée enrayer l'envolée des prix locatifs dans certaines agglomérations allemandes.
Les hausses entre deux locations atteignaient jusqu'à 40%
Le texte prévoit qu'en cas de mise à la location, le loyer n'excède pas 10% du "loyer moyen d'usage" dans la ville où le quartier est concerné. La disposition s'appliquera à certaines villes ou zones densément peuplées préalablement définies par les Etats régionaux, et ne concernera pas la mise à la location de logements neufs ou rénovés de fond en comble.
Dans certaines villes comme Munich, Hambourg et Berlin, les hausses de loyers, qui peuvent aller jusqu'à 30% ou 40% entre deux locations selon le ministère, font que les classes moyennes sont repoussées à la périphérie.
Les propriétaires devront rémunérer les agences immobilières
Un autre volet de la loi concerne le recours aux agents immobiliers. Ceux-ci devront à l'avenir être rémunérés par les propriétaires en quête d'un locataire, et non plus par ce dernier.
Les agents immobiliers, qui craignent que les propriétaires n'aient plus recours à leurs services, dénoncent une disposition anticonstitutionnelle. Ils mettent en garde contre le risque que les propriétaires répercutent de toute façon ces frais supplémentaires aux locataires."

Jean-Marc Vittori dans "Les Echos" du 5 mars 2015 Article intitulé : L'Allemand consomme, l'Europe espère

En fin de Revue de presse un échange de mail avec un lecteur sur le sujet de l'Allemagne.


" Dans la crise de la zone euro, la chancelière Angela Merkel a toujours fini par aller dans la bonne direction après avoir envisagé toutes les autres. L'économie de l'Allemagne suit la même route. Elle a longtemps connu une croissance médiocre qui ne semblait guère tracasser un pays en déclin démographique. Puis une formidable poussée des exportations a relancé l'activité, poussant les surplus commerciaux à une hauteur stratosphérique, proche de 8 % du PIB. C'est maintenant les achats des particuliers qui prennent enfin le relais. Les ventes au détail ont ainsi bondi de 3 % en janvier. Le consommateur allemand devient la vraie locomotive de la zone euro. Ce n'est pas qu'il manquait d'appétit. La dernière fois que les Allemands ont réduit leurs achats, c'était en 2002 - et non en 2013 comme dans le reste de la zone euro. C'est plutôt que le consommateur manquait d'argent. Dans la décennie qui a suivi la création de la monnaie unique, ses revenus ont été comprimés par la cure de rigueur menée par les entreprises puis le gouvernement. Mais c'est du passé. Le pays approche du plein emploi. Depuis 2011, le salaire par tête augmente de près de 3 % l'an, deux fois plus vite que dans le reste de la zone euro. Le coût horaire du travail est à nouveau plus élevé en Allemagne qu'en France. Nos voisins n'ont pas tout de suite repris le chemin des magasins ou des boutiques en ligne. Ils ont d'abord donné la priorité à leur épargne, qui reste très élevée, ce qui est logique dans un pays vieillissant. Le baromètre GfK de la confiance des consommateurs allemands est reparti seulement début 2013. Les achats devraient progresser deux fois plus vite cette année que l'an dernier (2 % contre 1 %). Ils profiteront des mesures prises par le gouvernement Merkel - entrée en vigueur du salaire minimum, augmentation des retraites. Et aussi, comme dans toute l'Europe, du pouvoir d'achat libéré par la chute des cours du pétrole et des taux d'intérêt extraordinairement bas. En achetant davantage, le consommateur allemand fait renaître l'espoir d'une croissance mieux équilibrée en Europe, plus sûrement qu'un hypothétique redémarrage de l'investissement public dans son pays. Reste à savoir si les producteurs des autres pays de la zone euro sauront répondre à ses attentes, à ses envies. Dans les années 1990, les constructeurs automobiles français avaient su profiter de l'euphorie des acheteurs allemands galvanisés par leur réunification. Sauront-ils faire de même cette fois-ci ? L'Allemagne ne changera pas à elle seule les équilibres de l'Europe."

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20150304/lec1_idees_et_debats/0204197761730-lallemand-consomme-leurope-espere-1098625.php?rMypbJ5wqHhBMPAw.99

Souvenez-vous :

Ivan Best  dans "La Tribune" du 27 février 2015 Article intitulé : Dépenses publiques : comment l'Allemagne a creusé l'écart avec la France

" La France atteindrait un nouveau record de dépenses publiques, alors que l'Allemagne continue de les diminuer. L'écart entre les deux pays s'est fortement accru depuis le début des années 2000. Principalement en raison d'économies sur la protection sociale en Allemagne. Notamment en matière de retraites La France a échappé mercredi à des sanctions à Bruxelles, et, sans être mise sous tutelle, fait l'objet d'une surveillance de plus en plus étroite de la part de la commission européenne. Des sanctions de Bruxelles pour les retraites....Eux non pas de soucis, ils pompent les Peuples du temps de leur travail (avec défiscalisation) et du temps de leur retraire sans jamais prendre aucun risque dans leur fonction ni en terme de capitaux. Cela sans compter les lobbyisations et autres dérives, parfois mafieuses, de leur système.  Les commissaires lui reprochent bien sûr de ne pas tenir ses promesses en matière de réduction des déficits publics, mais aussi et surtout de ne pas couper dans ses dépenses. Les dépenses publiques représenteraient en France près de 58% du PIB. Telle est en tous cas la dernière estimation de la commission européenne. Pour les experts de Bruxelles, les crédits publics ont probablement atteint un nouveau record en France, avec précisément 57,7% de la richesse nationale en 2014, contre 57,1% en 2013. Le problème n'est pas et n'a jamais été la dépense, c'est le retour en terme de consommation de cette dépense. Si la dépense revient dans le marché, pas de souci. Le problème est que la dépense est trop souvent accaparée voire "stérélisée" par un minorité et donc n'alimente plus la vitesse de circulation. L'économie est un circuit de physique dynamique tant qu"on la prendra pour un jeu mathématique conceptuel à objectifs tendancieux nous serons dans le faux. Si vous avez une voiture et 10 000 000 litres d'essence mais que vous refusiez volontairement de mettre souvent de l'essence pour vous en servir allez vous dire que le problème a été d'acheter de l'essence pour faire fonctionner la voiture ?
La France fait figure d'exception en Europe, où la tendance est plutôt à la baisse. La Finlande est l'un des rares autres pays où la dépense continue d'augmenter. Rien à voir avec l'Allemagne, par exemple, où ce ratio ne cesse de diminuer (il serait tombé à 44,1%). L'écart entre les deux pays atteint 14 points de PIB, soit presque trois fois plus qu'au début des années 2000 ! En 2002, il n'était en effet que de cinq points.
 Comment un tel gap a-t-il pu apparaître ? Il est d'usage de dénoncer les gaspillages français, le fameux mille feuilles administratif, source de gabegie à grande échelle, et qui expliquerait à lui seul cette différence grandissante entre deux pays aux modèles sociaux pourtant comparables.
Comparer avec l'Allemagne
De ce point de vue, la comparaison France-Allemagne a plus de sens que celle avec les Etats-Unis, ou même la Suède, dont on nous rebat les oreilles (cf le livre de Gilbert Cette, Elie Cohen et Philippe Aghion, « Changer de modèle »). S'agissant de la Suède, la chute des dépenses y a été impressionnante... apparemment. Car elle se mesure toujours en proportion du PIB. Or, les Suédois, au milieu des années 90, ont effectivement réformé leur secteur public, mais ont surtout mené une politique macro-économique très active. Ils ont franchement dévalué leur monnaie, relançant par là même leurs exportations et leur croissance. L'Allemagne a fait la même choses mais avec les salaires au détriment de ses partenaires Européens. En réalité, les dépenses publiques suédoises, mesurées en milliards de couronnes, n'ont jamais baissé. Elles ont été stabilisées. Leur chute de plus de 15 points en pourcentage du PIB s'explique mécaniquement par la très forte croissance de celui-ci.
La même croissance économique depuis le début des années 2000
S'agissant de l'Allemagne, ce biais n'existe pas. Si l'on raisonne sur le moyen terme, depuis le début des années 2000, la hausse du PIB a été la même des deux côtés du Rhin. D'abord plus faible en Allemagne, jusqu'en 2006, puis plus forte ensuite que dans l'Hexagone. 
Comment ont évolué les dépenses sur cette période ? En 2002, selon Eurostat, dont les données sont utilisées ici, les dépenses publiques allemandes représentaient 47,9% du PIB. En France, elles étaient de 52,9%, soit tout juste cinq points d'écart, donc. En 2012 -les données précises ne sont pas disponibles au-delà-, ce ratio atteignait 56,6% pour la France, alors qu'il était de 44,7% % pour l'Allemagne. Soit près de 12 points de différence, contre cinq dix ans plus tôt. Que s'est-il passé ?
Ce qui n'a pas bougé : défense, éducation, famille
Dans certains cas, la différence entre la France et l'Allemagne a toujours existé, elle s'explique aisément, et n'a pas changé en dix ans. Il y a d'abord les dépenses concernant la Défense. Pour des raisons historiques évidentes, elles ont toujours été plus élevées en France, depuis l'après guerre. En 2002, elles représentaient 2% du PIB en France, contre 1,1% côté allemand. En 2012, on se trouve à 1,9% contre 1%. 
De même pour l'éducation. Les Allemands dépensent moins, ne serait-ce qu'en raison de l'inexistence d'écoles maternelles Outre Rhin, mais aussi parce que l'apprentissage y est beaucoup plus développé : nombre de jeunes allemands quittent beaucoup plus vite le système scolaire. Résultat : les dépenses d'éducation représentaient 6,1% du PIB en France en 2002, contre 4,2% de l'autre côté de la frontière. Les chiffres sont quasiment les mêmes en 2012 (4,3% en Allemagne). 
On a toujours plus dépensé en France pour la politique familiale (un point de PIB en plus). Là aussi, l'écart est resté stable sur dix ans.
Les dépenses qui ont baissé en France
Contrairement à une idée reçue, les dépenses publiques, liées à la pure administration -services généraux dans le jargon européens, les fameux ronds de cuir-, ont vu leur poids diminuer en France. Elles sont passées de 7% du PIB à 5,9% du PIB. En Allemagne, elles n'ont pas bougé (6,1%).
L'écart de dépenses publiques entre la France et l'Allemagne
L'écart de dépenses publiques entre la France et l'Allemagne, entre 2002 et 2012, s'est surtout accru dans le domaine des retraites, de la santé, et du logement.
Ce qui a augmenté en France, et baissé en Allemagne
Comment s'est donc creusé l'écart entre les deux pays, compte tenu de la stabilité de postes majeurs de la dépense publique (éducation...), voire de la baisse certains ? Il faut aller voir du côté de la protection sociale. Des retraites, d'abord. En 2002, les administrations publiques des deux pays dépensaient des montants assez proches au titre des retraites. Le paiement des pensions représentait 11% du PIB en France, et 9,9% en Allemagne. Dix ans plus tard, le constat a été littéralement bouleversé. En France, sous l'effet du vieillissement de la population, ces dépenses ont fortement progressé, passant de 11% du PIB à près de 14% (13,8%, exactement). En Allemagne, alors que l'effet vieillissement était tout aussi majeur, ces dépenses ont... baissé. Elles sont été ramenées à 9,4% de la richesse nationale.

Comment ?
 Il n'y a là aucun mystère : les réformes Schröder, au milieu des années 2000, ont considérablement réduit le niveau des pensions. Les salariés allemands ont été vivement incités à souscrire à des fonds de pension pour compenser cette baisse (plans Riester). Mais tous ne le peuvent pas. « Seuls 30% des Allemands ont souscrit à un plan Riester », soulignent les experts de l'OCDE spécialistes des questions de retraite. Résultat : une explosion du nombre de retraités pauvres (+50% depuis le milieu des années 2000). En Allemagne, la proportion de retraités pauvres dépasse les 10%, soit deux fois plus qu'en France, estime l'OCDE. Et la situation risque de s'aggraver encore Outre-Rhin, dans les années à venir. En effet, selon l'OCDE, une fois les réformes déjà votées entrées en vigueur, le taux de remplacement, c'est-à-dire le niveau de la pension en proportion du dernier salaire, sera particulièrement faible en Allemagne. Il sera proche de 55% - en passant à la retraite, les salariés perdront donc 45% de revenu- pour les bas salaires, soit un des niveaux les plus faibles des pays industriels. Autrement dit, pour 70% de la population allemande, le niveau de la retraite va aller s'amenuisant. Et l'érosion sera d'autant plus prononcée que le salaire est bas. La proportion de retraités sous le seuil de pauvreté va donc croître fortement Outre-Rhin. Révoltant. Qui veut être allemand ? Voir l'annexe de ma revue de presse d'hier et l'échange avec un CGPI...oui, il existe encore des CGPI.
S'agissant des dépenses publiques comparées entre 2002 et 2012, l'écart entre la France et l'Allemagne est donc passé de 1,1 point de PIB à 4,4 points sur ce seul poste retraite.
L'autre poste de dépense sur lequel l'Allemagne a creusé l'écart est celui de la santé. Les dépenses publiques de santé ont progressé dans les deux pays, mais plus vite en France. Le différentiel représente aujourd'hui 1,3 point de PIB, contre 0,5% en 2002. On sait que le prix des médicaments est, notamment, beaucoup moins élevé en Allemagne, de longue date. Cet écart a été encore accentué par des réformes mises en place en 2009 et 2010, qui ont réduit les marges des grossistes. En outre, s'agissant des consultations, une franchise de 10 euros par trimestre a été instituée. Et les ménages aisés peuvent désormais opter pour un système privé d'assurance maladie : autant de dépense publique en moins.
 Retraites et dépenses de santé expliquent l'essentiel de l'écart croissant entre France et Allemagne
Entre la France et l'Allemagne, l'écart de 5 points constaté en 2002 s'est transformé en un gap de 11,9 points de PIB en 2012. Soit 6,9 points de plus. Le poste retraite contribue pour 3,3 points à ce creusement, la santé pour 0,8 point. Ces deux "budgets" expliquent donc à hauteur de 60% l'écart croissant."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 4 mars 2015 Article intitulé : L'économie allemande affronte aussi des problèmes

" A priori, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles en Allemagne. La première économie de la zone euro a affiché en 2014 une croissance de 1,6 % qui fait pâlir d'envie ses partenaires européens, notamment la France (+0,2 %) et l'Italie (-0,3 %). Les exportations ont une nouvelle fois battu un record l'an passé, s'élevant à 1.133 milliards d'euros. Enfin, les comptes publics ont, dans leur ensemble, dégager un excédent de 18 milliards d'euros, soit 0,6 % du PIB germanique. Bref, que demander de plus ?
Les exportations, principal moteur allemand encore et toujours
Et pourtant, il existe bel et bien des nuages qui s'amoncellent au-dessus de ce monde idéal. Pour bien en prendre conscience, il faut se rappeler que, malgré le « rééquilibrage » annoncé de l'économie allemande, son moteur principal demeure les exportations. Si elles sont faibles, la croissance allemande est faible. En 2013, les exportations se sont contractées de 0,2 % et la croissance n'a été que de 0,3 %. A l'inverse, les « grandes années » d'augmentation de l'activité allemande (2006, 2007, 2010 et 2011) où la croissance a été supérieure à 3 % sont caractérisées par un rythme des exportations en hausse supérieur à 7 % (contre 3,7 % en 2014, par exemple). On constate même que le rythme de croissance de la consommation et des investissements, donc de la demande intérieure, est très lié à celui des exportations. Bref, rien ne se fait outre-Rhin sans la compétitivité externe.
Le recul de la compétitivité prix
Or, cette compétitivité est clairement en danger à moyen ou long terme. D'abord en termes de prix. Les années de vaches maigres des salariés allemands sont clairement derrière nous. Certes, la croissance du coût du travail a tendance à ralentir depuis 2012 : de 3,1 %, le renchérissement de l'heure de travail est passé à 1,6 % en 2014. Mais ces hausses sont nettement plus importantes que celle de la productivité qui est désormais stagnante et est passée de 0,6 % de croissance en 2012 à 0,1 % en 2014. L'écart est frappant particulièrement dans le secteur des services où, en 2014, la productivité a reculé de 0,2 % pour une hausse du coût horaire du travail de 2,1 %.
A plus long terme, on constate, en observant les chiffres de Destatis, que, dans l'industrie manufacturière, la stagnation du coût horaire du travail entre 2004 et 2010 avait été accompagné d'une hausse de la productivité horaire de près de 13 %. Mais depuis 2010, la productivité et le coût unitaire du travail progressent de conserve (4,7 % de hausse pour la première, 4,12 % pour la seconde). La marge de manœuvre des entreprises dans ce domaine se réduit. D'autant que les services aux entreprises coûtent de plus en plus cher (14 % sur la période 2010-2014 pour une productivité stagnante). Et ce n'est peut-être pas fini.
Mardi 24 février 2014, le syndicat IG Metall, le syndicat du secteur des biens d'équipement, le principal moteur de l'exportation allemande, a obtenu une hausse salariale de 3,4 %. Une majoration remarquable compte tenu du taux d'inflation et que les entreprises ont jugé, dans certains cas, « à la limite du supportable. » Sans aller jusque-là, cette victoire syndicale montre que le rapport de forces a changé et que l'heure n'est plus outre-Rhin à la modération salariale, y compris dans les secteurs exposés à la concurrence étrangère. Certes, il faut relativiser, car de moins en moins de salariés sont concernés par ces accords, mais, en 2014, la hausse du salaire réel a été la plus élevée depuis 2008. Bref, la compétitivité coût de l'Allemagne, qui avait été un des moteurs de ses exportations au cours de ces deux dernières années, s'essouffle.
La pénurie d'investissement
Mais la compétitivité ne réside pas que dans les coûts. Elle se trouve aussi dans la qualité des produits et la capacité d'innovation. Donc dans la capacité d'investissement. Or, là encore, le signal d'alarme est tiré. Une étude de la banque publique KfW, spécialisée dans le financement de l'innovation, montre que seulement 28 % des entreprises du Mittelstand, le cœur de la puissance exportatrice allemande, investissent - soit directement, soit indirectement - dans de nouveaux produits ou de nouveaux procédés. La KfW souligne que c'est la troisième année consécutive que cette proportion est en baisse. « Si le Mittelstand réduisait sa capacité d'innovation, ce serait une mauvaise nouvelle pour la compétitivité internationale de l'économie allemande », avertit la KfW.
En réalité, l'ensemble de l'industrie allemande a, malgré une reprise de l'investissement en 2014, réduit de façon générale ses dépenses dans sa capacité de production et donc d'innovation. Lorsque l'on observe la situation des grands secteurs exportateurs, on constate un fort recul de l'investissement entre 2008 et 2013. Dans la chimie, par exemple, les entreprises investissaient (hors bâtiment) 3,48 % de leur chiffre d'affaires en 2008, contre 2,98 % en 2013. Dans les machines-outils, cette proportion est passée de 2,95 % à 2,29 %. Dans l'automobile, le recul est moins net, mais la proportion est passée de 3,24 % à 3,16 %. Il y a donc clairement un problème d'investissement en Allemagne qui ne sera pas sans impact, s'il n'est pas rapidement résolu, sur la compétitivité du pays.
« Kaputtgespart » ce qui signifie, mot à mot, épargner jusqu'à la destruction....et à la guerre
Par ailleurs, cette compétitivité repose aussi sur la qualité des infrastructures. Or, la politique de consolidation budgétaire menée par Wolfgang Schäuble depuis 2009 si elle a permis à ce dernier d'afficher cette année le premier excédent pour le budget fédéral depuis 1969, a en revanche lourdement pesé sur la situation allemande. Entre 2010 et 2015, les dépenses d'investissements de l'Etat fédéral sont passées de 6,24 à 6,13 milliards d'euros. Pour un budget global de près de 300 milliards d'euros. Rien qu'en 2014, les investissements des Länder ont reculé de 600 millions d'euros, passant de 7 milliards d'euros à 6,4 milliards d'euros. L'Allemagne réalise l'exploit d'avoir un excédent global des budgets communaux mais au prix, dans certaines communes, notamment dans la région de la Ruhr, d'un abandon total des installations locales. Une visite dans des villes en faillite comme Essen, Wuppertal ou Gelsenkirchen convaincra du problème.
Mi-2013, l'hebdomadaire Der Spiegel résumait cette situation préoccupante part un mot dont seule la langue de Goethe a le secret « Kaputtgespart », ce qui signifie, mot à mot, épargner jusqu'à la destruction. L'Allemagne a besoin de rénover son réseau routier, son réseau énergétique, ses installations communales, mais elle fait peu dans ce domaine. Or, c'est là aussi un élément central de l'attractivité et de la compétitivité pour une économie fortement industrielle et exportatrice. Sur ce point, tous les économistes sont d'accord. La fédération des patrons de l'industrie, la BDI, a même réclamé en janvier plus d'investissement dans les infrastructures. Or, rien n'est à l'ordre du jour dans ce domaine : Wolfgang Schäuble a prévu de poursuivre sa politique jusqu'en 2018, avec un seul plan de 10 milliards d'euros sur trois ans à partir de 2016 qui risque d'être insuffisant d'autant plus qu'il est conditionné au maintien de l'équilibre budgétaire. Bref, l'excédent budgétaire allemand a un coût qui, là aussi, fait peser un risque sur l'avenir de l'économie allemande.
Pourquoi l'Allemagne tient
Pourquoi, dans ces conditions, l'Allemagne reste-t-elle en grande forme ? Pour plusieurs raisons. D'abord, le pays exerce désormais un quasi-monopole dans ses spécialités, notamment les biens d'équipement. La crise dans la zone euro a mis à genoux les secteurs industriels de plusieurs pays qui pouvaient jouer dans la cour de l'Allemagne, particulièrement l'Italie qui, avec l'austérité, a connu une accélération du phénomène de désindustrialisation. On a vu que l'Allemagne était la première économie à bénéficier de la baisse de l'euro : c'est le fruit de ce quasi-monopole. Les Chinois ne jouent guère dans la même catégorie et n'investissent pas encore assez pour le faire. Bref, l'Allemagne est l'atelier des ateliers du monde et le reste. Cela permet de réduire l'effet de la compétitivité coût. Ensuite, l'Allemagne a pris une avance considérable dans les années 2000 en termes de compétitivité et les fruits des investissements passés restent importants, par exemple dans l'automobile.
« Beggar-thy-neighbour »
Enfin, l'effet de la perte de compétitivité est compensé pour le moment par la chute des prix. Les prix à l'importation ont reculé de 3,7 % en 2014, les prix à la production de 2,2 %. C'est un facteur important pour les entreprises allemandes. Mais cela exerce une pression forte sur les autres pays, notamment sur ceux de la zone euro qui ne peuvent s'ajuster pour faire face à cette baisse des prix que par l'emploi ou le coût du travail. Et ceci ne concerne pas que les pays périphériques.
Ce phénomène inquiète même la riche Autriche, fournisseur de choix de l'Allemagne, qui voit son taux de chômage remonter. La Finlande a aussi beaucoup souffert du phénomène et est en récession depuis 2013. Bref, la croissance allemande ne tire pas vraiment celle du reste de l'Europe. La stratégie allemande est connue en anglais sous le vocable de « beggar-thy-neighbour » (« appauvris ton voisin »). C'est, pour le moment, le moyen essentiel de maintien des marges et de la compétitivité allemande. On comprend alors pourquoi l'euro est une pierre importante pour l'Allemagne qui ne saurait résister à un choc monétaire à la Suisse compte tenu de l'évolution de sa compétitivité. Et c'est ici que l'on voit que la mauvaise utilisation des excédents allemands est un problème pour toute l'Europe, car ces excédents entretiennent souvent les investissements risqués sur les marchés des géants bancaires comme Deutsche Bank plutôt que la prospérité européenne.
Une croissance effective encore inférieure à la croissance potentielle
Enfin, il y a un effet grossissant dans la comparaison entre la croissance allemande et celle de ses partenaires européens, dont les structures économiques sont différentes et qui, comme on l'a vu, souffre du besoin de maîtrise des coûts de l'Allemagne. En réalité, la croissance allemande, compte tenu de son excédent courant et du plein emploi, est assez faible. Des pays moins bien lotis sur ces critères, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la Suède, font bien mieux avec des croissances 2014 supérieures à 2 %. Selon la Bundesbank, l'Allemagne n'a atteint son potentiel de croissance potentielle qu'en 2007. Depuis, l'écart n'a cessé de croître pour atteindre 10 points... Bref, l'Allemagne a bel et bien un problème, derrière les chiffres qui font rêver les élites européennes...

Thibaut Madelin dans "Les Echos" du 3 mars 2015 Article intitulé : L’Allemagne allonge à nouveau son enveloppe d’investissements

" Petit à petit, le gouvernement allemand ouvre son porte-monnaie. Mardi, il a annoncé une nouvelle enveloppe de 5 milliards d’euros d’investissements et d’aide aux communes. Elle s’ajoute aux 10 milliards débloqués fin 2014 pour la période allant de 2016 à 2018. Cette décision annoncée par le ministère des Finances après une réunion entre leaders de la coalition, lundi soir, souligne la volonté de Berlin de faire davantage pour la croissance sans remettre en cause son objectif sacro-saint d’équilibre budgétaire. Equilibre budgétaire qui n'est basé que sur des chiffres comptables qui ne relèvent d'aucune réalité puisqu'ils sont quasiment tous issus voire rétraités par une formule ou une approche mathématique "mécanique". La comptabilité n'est plus la réalité. Elle n'est qu'une approche chiffrée de la réalité revue en fonction de l'intérêt des intervenants normatifs. En fait, elle est une histoire mathématique créée de toute pièce.
Sur les 5 milliards débloqués pour les communes, 1,5 sont censés leur donner plus de marge de manœuvre. Le reste est conçu comme un fonds qui viendra en aide aux municipalités les plus fragiles, confrontées à de gros besoins en routes, rénovations d’école ou déploiement d’Internet. «  Pour les villes structurellement faibles, ces aides sont importantes, a commenté Ulrich Maly, le président du Congrès des maires d’Allemagne. Toute une série sont contraintes de vivre de leurs réserves depuis longtemps. »
L'Allemagne encouragée à investir davantage
L’annonce du gouvernement résonne avec les préconisations du rapport remis en novembre par les économistes Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein aux ministres de l’Economie français et allemand. Celui-ci encourage notamment l'Allemagne à investir davantage et la France à flexibiliser son marché du travail. Mais la nouvelle enveloppe ne suffira pas aux avocats d’une politique plus ambitieuse. Des partenaires de l'Allemagne à l'industrie en passant par les collectivités, ils sont nombreux.
En France, Emmanuel Macron avait suggéré à Berlin d’investir 50 milliards d’euros supplémentaires pour tirer la croissance européenne – en même temps que la France va économiser 50 milliards d’ici à 2017. Outre-Rhin, La Fédération de l’industrie (BDI) juge que, compte tenu des recettes fiscales qui explosent, le gouvernement pourrait consacrer 15 milliards en plus par an aux investissements. En 2013, une commission présidée par l’ancien ministre Kurt Bodewig estimait à 7,2 milliards les moyens annuels supplémentaires nécessaires juste pour maintenir les infrastructures publiques en état.
Le gouvernement ne reste toutefois pas les deux pieds dans le même sabot. Pour 2015, le ministère des Transports consacre un budget de 11 milliards d’euros aux infrastructures (routes, rail, fluvial), contre 10,5 en 2014 et 12 milliards prévus en 2017. Par ailleurs, il prépare un programme d’investissements public-privé de nouvelle génération pour un volume de 15 milliards. Enfin, il veut profiter des recettes des ventes aux enchères de nouvelles licences de télécommunication pour déployer le haut débit. De son côté, le ministère de l’Economie a installé une commission d’experts censée faire des propositions fin avril visant à stimuler l’investissement privé.
Par ailleurs, le gouvernement affirme œuvrer en faveur de la conjoncture grâce à l’introduction du salaire minimum au 1er janvier dernier ou aux coups de pouce qu’il a accordés aux retraités. "Coups de pouce", tout est dit. Avec un prix du pétrole au plancher, un marché du travail robuste et des salaires en hausse, ces mesures ont sans doute contribué à la hausse de 2,9 % des ventes au détail entre décembre et janvier dévoilée hier. Il s’agit de la plus forte hausse depuis janvier 2008. Elle vient confirmer la bonne tenue de la consommation allemande, qui avait déjà nourri la croissance 2014.
@ThibautMadelin

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/monde/europe/0204198576459-lallemagne-allonge-a-nouveau-son-enveloppe-dinvestissements-1098469.php?j6JfJWCppHFG8Zok.99

Dans "Trends Tendances" Belgique du 1 mars 2015 Article intitulé : Pour Schäuble, il faut laisser un peu de temps à la Grèce

"Le nouveau gouvernement grec est très soutenu par la population. J'ai confiance en lui pour mettre en place les mesures nécessaires, mettre sur pied une administration fiscale efficace et ainsi tenir ses engagements", a souligné le ministre conservateur dans un entretien à Bild am Sonntag à paraître ce dimanche. "Il faut d'abord donner un peu de temps à un gouvernement nouvellement élu", a-t-il ajouté alors que le parti de gauche radicale Syriza est arrivé au pouvoir à l'issue des élections du 25 janvier.
Le députés allemands ont donné leur feu vert vendredi à une écrasante majorité à la prolongation d'un programme d'aides à la Grèce de quatre mois, au 30 juin 2015, après un laborieux compromis entre les ministres européens des Finances et la Grèce. Athènes s'est engagé à poursuivre les réformes et les mesures d'économie en échange.
"Mon homologue grec a le droit à autant de respect que les autres", a-t-il souligné alors que les deux hommes, dont le style est aux antipodes, se sont livrés un bras de fer jusqu'ici. "Il s'est comporté avec moi tout à fait correctement", a-t-il insisté. Pour M. Schäuble, "les contrats sont plus importants que les déclarations"."

Ivan Best  dans "La Tribune" du 27 février 2015 Article intitulé : Dépenses publiques : comment l'Allemagne a creusé l'écart avec la France

" La France atteindrait un nouveau record de dépenses publiques, alors que l'Allemagne continue de les diminuer. L'écart entre les deux pays s'est fortement accru depuis le début des années 2000. Principalement en raison d'économies sur la protection sociale en Allemagne. Notamment en matière de retraites La France a échappé mercredi à des sanctions à Bruxelles, et, sans être mise sous tutelle, fait l'objet d'une surveillance de plus en plus étroite de la part de la commission européenne. Des sanctions de Bruxelles pour les retraites....Eux non pas de soucis, ils pompent les Peuples du temps de leur travail (avec défiscalisation) et du temps de leur retraire sans jamais prendre aucun risque dans leur fonction ni en terme de capitaux. Cela sans compter les lobbyisations et autres dérives, parfois mafieuses, de leur système.  Les commissaires lui reprochent bien sûr de ne pas tenir ses promesses en matière de réduction des déficits publics, mais aussi et surtout de ne pas couper dans ses dépenses. Les dépenses publiques représenteraient en France près de 58% du PIB. Telle est en tous cas la dernière estimation de la commission européenne. Pour les experts de Bruxelles, les crédits publics ont probablement atteint un nouveau record en France, avec précisément 57,7% de la richesse nationale en 2014, contre 57,1% en 2013. Le problème n'est pas et n'a jamais été la dépense, c'est le retour en terme de consommation de cette dépense. Si la dépense revient dans le marché, pas de souci. Le problème est que la dépense est trop souvent accaparée voire "stérélisée" par un minorité et donc n'alimente plus la vitesse de circulation. L'économie est un circuit de physique dynamique tant qu"on la prendra pour un jeu mathématique conceptuel à objectifs tendancieux nous serons dans le faux. Si vous avez une voiture et 10 000 000 litres d'essence mais que vous refusiez volontairement de mettre souvent de l'essence pour vous en servir allez vous dire que le problème a été d'acheter de l'essence pour faire fonctionner la voiture ?
La France fait figure d'exception en Europe, où la tendance est plutôt à la baisse. La Finlande est l'un des rares autres pays où la dépense continue d'augmenter. Rien à voir avec l'Allemagne, par exemple, où ce ratio ne cesse de diminuer (il serait tombé à 44,1%). L'écart entre les deux pays atteint 14 points de PIB, soit presque trois fois plus qu'au début des années 2000 ! En 2002, il n'était en effet que de cinq points.
 Comment un tel gap a-t-il pu apparaître ? Il est d'usage de dénoncer les gaspillages français, le fameux mille feuilles administratif, source de gabegie à grande échelle, et qui expliquerait à lui seul cette différence grandissante entre deux pays aux modèles sociaux pourtant comparables.
Comparer avec l'Allemagne
De ce point de vue, la comparaison France-Allemagne a plus de sens que celle avec les Etats-Unis, ou même la Suède, dont on nous rebat les oreilles (cf le livre de Gilbert Cette, Elie Cohen et Philippe Aghion, « Changer de modèle »). S'agissant de la Suède, la chute des dépenses y a été impressionnante... apparemment. Car elle se mesure toujours en proportion du PIB. Or, les Suédois, au milieu des années 90, ont effectivement réformé leur secteur public, mais ont surtout mené une politique macro-économique très active. Ils ont franchement dévalué leur monnaie, relançant par là même leurs exportations et leur croissance. L'Allemagne a fait la même choses mais avec les salaires au détriment de ses partenaires Européens. En réalité, les dépenses publiques suédoises, mesurées en milliards de couronnes, n'ont jamais baissé. Elles ont été stabilisées. Leur chute de plus de 15 points en pourcentage du PIB s'explique mécaniquement par la très forte croissance de celui-ci.
La même croissance économique depuis le début des années 2000
S'agissant de l'Allemagne, ce biais n'existe pas. Si l'on raisonne sur le moyen terme, depuis le début des années 2000, la hausse du PIB a été la même des deux côtés du Rhin. D'abord plus faible en Allemagne, jusqu'en 2006, puis plus forte ensuite que dans l'Hexagone. 
Comment ont évolué les dépenses sur cette période ? En 2002, selon Eurostat, dont les données sont utilisées ici, les dépenses publiques allemandes représentaient 47,9% du PIB. En France, elles étaient de 52,9%, soit tout juste cinq points d'écart, donc. En 2012 -les données précises ne sont pas disponibles au-delà-, ce ratio atteignait 56,6% pour la France, alors qu'il était de 44,7% % pour l'Allemagne. Soit près de 12 points de différence, contre cinq dix ans plus tôt. Que s'est-il passé ?
Ce qui n'a pas bougé : défense, éducation, famille
Dans certains cas, la différence entre la France et l'Allemagne a toujours existé, elle s'explique aisément, et n'a pas changé en dix ans. Il y a d'abord les dépenses concernant la Défense. Pour des raisons historiques évidentes, elles ont toujours été plus élevées en France, depuis l'après guerre. En 2002, elles représentaient 2% du PIB en France, contre 1,1% côté allemand. En 2012, on se trouve à 1,9% contre 1%. 
De même pour l'éducation. Les Allemands dépensent moins, ne serait-ce qu'en raison de l'inexistence d'écoles maternelles Outre Rhin, mais aussi parce que l'apprentissage y est beaucoup plus développé : nombre de jeunes allemands quittent beaucoup plus vite le système scolaire. Résultat : les dépenses d'éducation représentaient 6,1% du PIB en France en 2002, contre 4,2% de l'autre côté de la frontière. Les chiffres sont quasiment les mêmes en 2012 (4,3% en Allemagne). 
On a toujours plus dépensé en France pour la politique familiale (un point de PIB en plus). Là aussi, l'écart est resté stable sur dix ans.
Les dépenses qui ont baissé en France
Contrairement à une idée reçue, les dépenses publiques, liées à la pure administration -services généraux dans le jargon européens, les fameux ronds de cuir-, ont vu leur poids diminuer en France. Elles sont passées de 7% du PIB à 5,9% du PIB. En Allemagne, elles n'ont pas bougé (6,1%).
L'écart de dépenses publiques entre la France et l'Allemagne
L'écart de dépenses publiques entre la France et l'Allemagne, entre 2002 et 2012, s'est surtout accru dans le domaine des retraites, de la santé, et du logement.
Ce qui a augmenté en France, et baissé en Allemagne
Comment s'est donc creusé l'écart entre les deux pays, compte tenu de la stabilité de postes majeurs de la dépense publique (éducation...), voire de la baisse certains ? Il faut aller voir du côté de la protection sociale. Des retraites, d'abord. En 2002, les administrations publiques des deux pays dépensaient des montants assez proches au titre des retraites. Le paiement des pensions représentait 11% du PIB en France, et 9,9% en Allemagne. Dix ans plus tard, le constat a été littéralement bouleversé. En France, sous l'effet du vieillissement de la population, ces dépenses ont fortement progressé, passant de 11% du PIB à près de 14% (13,8%, exactement). En Allemagne, alors que l'effet vieillissement était tout aussi majeur, ces dépenses ont... baissé. Elles sont été ramenées à 9,4% de la richesse nationale.

Comment ?
 Il n'y a là aucun mystère : les réformes Schröder, au milieu des années 2000, ont considérablement réduit le niveau des pensions. Les salariés allemands ont été vivement incités à souscrire à des fonds de pension pour compenser cette baisse (plans Riester). Mais tous ne le peuvent pas. « Seuls 30% des Allemands ont souscrit à un plan Riester », soulignent les experts de l'OCDE spécialistes des questions de retraite. Résultat : une explosion du nombre de retraités pauvres (+50% depuis le milieu des années 2000). En Allemagne, la proportion de retraités pauvres dépasse les 10%, soit deux fois plus qu'en France, estime l'OCDE. Et la situation risque de s'aggraver encore Outre-Rhin, dans les années à venir. En effet, selon l'OCDE, une fois les réformes déjà votées entrées en vigueur, le taux de remplacement, c'est-à-dire le niveau de la pension en proportion du dernier salaire, sera particulièrement faible en Allemagne. Il sera proche de 55% - en passant à la retraite, les salariés perdront donc 45% de revenu- pour les bas salaires, soit un des niveaux les plus faibles des pays industriels. Autrement dit, pour 70% de la population allemande, le niveau de la retraite va aller s'amenuisant. Et l'érosion sera d'autant plus prononcée que le salaire est bas. La proportion de retraités sous le seuil de pauvreté va donc croître fortement Outre-Rhin. Révoltant. Qui veut être allemand ? Voir l'annexe de ma revue de presse d'hier et l'échange avec un CGPI...oui, il existe encore des CGPI.
S'agissant des dépenses publiques comparées entre 2002 et 2012, l'écart entre la France et l'Allemagne est donc passé de 1,1 point de PIB à 4,4 points sur ce seul poste retraite.
L'autre poste de dépense sur lequel l'Allemagne a creusé l'écart est celui de la santé. Les dépenses publiques de santé ont progressé dans les deux pays, mais plus vite en France. Le différentiel représente aujourd'hui 1,3 point de PIB, contre 0,5% en 2002. On sait que le prix des médicaments est, notamment, beaucoup moins élevé en Allemagne, de longue date. Cet écart a été encore accentué par des réformes mises en place en 2009 et 2010, qui ont réduit les marges des grossistes. En outre, s'agissant des consultations, une franchise de 10 euros par trimestre a été instituée. Et les ménages aisés peuvent désormais opter pour un système privé d'assurance maladie : autant de dépense publique en moins.
 Retraites et dépenses de santé expliquent l'essentiel de l'écart croissant entre France et Allemagne
Entre la France et l'Allemagne, l'écart de 5 points constaté en 2002 s'est transformé en un gap de 11,9 points de PIB en 2012. Soit 6,9 points de plus. Le poste retraite contribue pour 3,3 points à ce creusement, la santé pour 0,8 point. Ces deux "budgets" expliquent donc à hauteur de 60% l'écart croissant."

ANNEXE

----- Mail original -----
De:
À: "c pire" <c.pire@free.fr>
Envoyé: Jeudi 26 Février 2015 15:08:08
Objet: RE: Rajout d'une phrase sur le site

Christian, une question : si l'Allemagne avait eu la même gestion irresponsable que les autres pays européens qui dépensaient plus qu'ils ne gagnaient, dans quelle situation serait aujourd'hui l'Europe ? La BCE n'aurait pas eu les moyens de sauver les pays et les taux d'intérêts seraient actuellement à 20 %.

Dans ce contexte, qui sont le plus à blâmer ? Les pays qui ont bien géré ou les pays qui sont irresponsables ?

Dans la cigale et la fourmi, qui est le plus inconséquent ? Qui sauve l'autre ?  


-----Message d'origine-----
De : c.pire@free.fr [mailto:c.pire@free.fr] Envoyé : jeudi 26 février 2015 16:32 À :  Objet : Re: Rajout d'une phrase sur le site



Ta question est bonne mais l'on ne peut comparer ce qu'accepte d'endurer le Peuple Allemand et ce que n'accepteraient pas les Peuples du Sud dont la France fait partie, cela indépendamment des autres aspects culturels. A cela, il faut rajouter que l'Allemagne a profité à plein de l'arrivée des pays comme la Grèce pour faire du business et se relever elle. Elle ne pouvait ignorer qu'une grande partie de ce qui serait consommer en Grèce serait allemand. Voir article ci-dessous.

L'Allemagne travaille ses flux économiques pour faire de la finance quand nous, nous faisons de la finance (et de la "parlotte" comptable) sans flux économique.

Pour ce faire, elle a baissé ses salaires au niveau de la Chine (entre autre) et a concentrer les exportations européennes vers elle permettant ainsi de se relever économiquement en quelques années au détriment de ses partenaires européens qui eux ne travaillaient pas l'économie mais juste la finance (en fait la bidouille financière et comptable). L'Allemagne a été très fine joueuse (souviens toi je posais souvent la question dans mes commentaires Sun Tzu ou Clausewitz et si c'était les deux ?) pendant qu'elle parlementait chiffres en jouant le jeu des autres pays, elle, elle appliquait la prédation économique. Je n'ai rien contre l'Allemagne sauf qu'elle a joué un double jeu en sachant qu'elle n'avait aucun concurrent en face d'elle.


J'espère avoir été clair dans ma réponse

Bonne fin de journée

Christian

 

----- Mail original -----
De:
À: "c pire" <c.pire@free.fr>
Envoyé: Jeudi 26 Février 2015 16:43:25
Objet: RE: Rajout d'une phrase sur le site

Je suis d'accord avec ton analyse ci-dessous : "elle a été très fine joueuse".

Peut-on lui reprocher d'être moins conne que les autres ?
Peut-on reprocher à Shroeder d'avoir eu une vision pour son pays et non pour sa réélection comme le font les pays d'Europe ?

Aucun homme politique de l'Europe du Sud n'a eu ce courage. Encore une fois en Grèce, il vient de se faire élire avec des promesses intenables (comme Hollande).
Et maintenant, l'heure des comptes arrivent.

L'Allemagne a joué fin, mais surtout, elle n'a pas menti. Les autres ne sont que des menteurs qui pensent d'abord à eux, à s'en mettre plein les poches et ils sont avides de pouvoir.
Quant aux peuples, ils ont les dirigeants qu'ils méritent puisqu'ils sont élus au suffrage universel.

Donc, oui, je suis d'accord avec ton analyse de la situation mais pas d'accord avec ton analyse des responsabilités.

Le peuple allemand a souffert pour s'en sortir. Nous, on ne veut pas faire d'effort et on jalouse ceux qui se sont serrés la ceinture pour être maintenant dans une bonne configuration.
Quand on aura fait autant d'effort qu'eux, alors on pourra faire les comptes.

Je trouve que tes articles mettent trop l'accent sur la responsabilité de l'Allemagne et pas assez sur la responsabilité des autres pays.
Car, comme je le disais plus haut, être fin joueur n'est pas moralement répréhensible. Être irresponsable quand on est à la tête d'un pays, oui.


-----Message d'origine-----
De : c.pire@free.fr [mailto:c.pire@free.fr]
Envoyé : jeudi 26 février 2015 16:59
À :
Objet : Re: Rajout d'une phrase sur le site


Tu as raison mais il n'y pas d'article sur la responsabilité des autres pays car personne ne veut en parler.

Je commente des articles sur l'Allemagne..les seuls qui paraissent étonnamment.

Il faut intégrer dans ton analyse que si nous avions tous fait comme l'Allemagne cela aurait été un fiasco.

A la tête de l'Europe, l'Allemagne aurait du organiser les parts de marché avec ses partenaires.

Merkel n'a eu que du vent en face d'elle. Aucun politicard, d'aucun pays n'est une Homme politique comme l'est Merkel. Lorsque tu as des cons comme partenaires, deux possibilités, tu les intègres dans tes raisonnements soit soit tu les b.... ("bouffes")

Je ne peux que critiquer son choix habitant en France et étant Belge. Deux pays qui ont brillé par leur nullité.

Cela dit, tu ne feras jamais souffrir un Français ou un Belge comme un Allemand et c'est tant mieux car quand les Allemands en ont assez et  l'histoire a montré et démontré que la guerre était proche. Nous, nous raisonnons perso eux ils raisonnent encore aujourd'hui Empire Allemand.

S'il n' y avait pas eu les deux présidents français mais un véritable Homme politique Français, l'Europe aurait été Française, j'en suis certain car seule la France peut occuper cette place parce qu'elle est multi culturel et adaptable.

Vive la France, vive la bière Belge sans oublier nos frites et les sauces qui vont avec.

Christian

 

:-)

Je suis d'accord sur tout cela sauf un point : c'est quand tu dis : " Il faut intégrer dans ton analyse que si nous avions tous fait comme l'Allemagne cela aurait été un fiasco.".

C'est comme en bourse quand tu accuses celui qui s'en ait mis plein les poches parce qu'il a acheté quand tout le monde vendait, donc à prix cassé. Et bien sûr, si tout le monde avait fait comme lui...
Sauf que, justement, c'est en faisant comme lui que tu empêches finalement qu'il le fasse. Car pour acheter, il faut des vendeurs.

Pour l'Allemagne, c'est pareil. Si on avait tous fait comme elle, les choses auraient été, justement, beaucoup plus équilibrées.

Bien sûr qu'il n'y a pas d'article disant cela. Non seulement nous sommes cons, mais en plus nous sommes tellement vaniteux que nous nous croyons meilleurs que les autres.
La plus grande erreur serait de ne pas admettre que nous avons-nous même donné fourni la pelle et creusé notre propre trou.
Alors, oui, l'Allemagne a été moins conne et elle est restée à nous regarder creuser et maintenant elle rigole en nous regardant au fond du trou. Et nous, on l'a supplie de nous jeter quelques miettes pour ne pas mourir de faim. Il nous suffirait pourtant de reprendre la pelle et de creuser des marches pour remonter à la surface. Mais pour cela, il faudrait que l'on se mette tous d'accord et que l'on bosse un peu.
Les allemands sont peinards : ça n'est pas demain la veille. On va continuer à glisser dans le fond du trou.


-----Message d'origine-----
De : c.pire@free.fr [mailto:c.pire@free.fr]
Envoyé : jeudi 26 février 2015 17:29
À :
Objet : Re: Rajout d'une phrase sur le site


Tu as raison mais nous sommes censés travailler en équipe. Si tu constates que tes équipiers sont faiblards soit tu sors de l'équipe soit tu fais eux avec en les intégrant dans ta stratégie économique. Merkel a joué seule. Ce n'est pas une critique c'est un fait. Celui qui joue en Bourse est une individualité et non un groupe.

Concernant le trou, tu as raison sauf que le vent à tourné et que maintenant c'est le financier qui va devenir important.

Espérons que là nos représentants soient moins cons ou que l'Allemagne joue plus en équipe.

Le Fonds de Stabilisation Boursier qui fait l'objet en Suisse d'articles dans les plus grands journaux "Le Temps et l'Agefi" ne fait l'objet d'aucun article en France et pourtant il est une solution reconnue aujourd'hui même par l'AMF et l'Elysée via Jean-Pierre Jouyet.

Nos pays fonctionnent par des clubs de copains consanguins d'une façon ou d'une autre. Au moins on peut se marrer.

On a l'opportunité de corriger aisément notre déséquilibre financier avec le FSB en stabilisant le futur économique et financier, est-ce réellement cela que veulent les politiques ?

Le FSB est devenu pour moi un sujet de blague et même plus un objectif ou un combat pour le faire passer. Situation ubuesque mais qui au moins me fait bien rire. Une bonne idée trop tôt.

Si tu connais un vrai Politique pour faire passer cette idée. Moi, j'ai laissé tombé. Avec le FSB plus besoin de pelle pour rattraper l'Allemagne sauf une décision politique. Je ne trouve même pas un politique pour oser poser la question en séance plénière.

Bonne soirée

Christian

D'accord avec toi : on est censé jouer en équipe.

Mais qui a joué le jeu ? Personne.
Les pays du sud n'ont pensé qu'à profiter de l'argent des pays du Nord.
A aucun moment ils ont pensé "équipe" ni à ce qu'ils devaient apporter en compensation (réforme, dépenses raisonnables, etc.).
L'Europe n'existe que sur le papier. Si elle ne se construit pas mieux que ça, elle va exploser.
Et comme tu le dis encore, on ne trouve aucun politique pour défendre des idées collectives.

Encore quelques années, et je m'achète une maison avec un grand terrain sur lequel je ferai mes légumes, mes poules et mes lapins.
:-)

Bonne soirée à toi aussi.

Dans "La Tribune" du 27 février 2015 Article intitulé : L'aide à la Grèce largement approuvée par les députés allemands

" La majorité a été rejointe par l'opposition écologique et la gauche radicale pour approuver l'accord conclu par l'Eurogroupe afin de prolonger de quatre mois le plan de financement de la Grèce. C'est une écrasante majorité qui a approuvé le répit accordé à la Grèce. Les députés allemands, pays qui s'est montré le plus réticent au compromis avec Athènes depuis l'avènement d'Alexis Tsipras à la tête du gouvernement grec, ont décidé vendredi 27 février de suivre les recommandations d'Angela Merkel et de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Enfin un Homme Politique qui a mis genoux les politicars allemands, pourvu que cela continue...
La majorité composée de conservateurs et de sociaux-démocrates constitue 80% des 631 députés de la chambre basse du parlement allemand. Ils ont été rejoints par l'opposition écologique et de la gauche radicale. "Je demande à chaque député de ne pas désapprouver (l'extension des aides) car nous causerions à notre peuple et à notre avenir de trop gros dégâts", a-t-il souligné. Et l'Europe ? À destination des Allemands, il a assuré que ce nouveau dispositif ne visait pas à fournir "de nouveaux milliards à la Grèce", expliquant qu'il s'agissait simplement d'un nouveau délai. Sur un ton grave, il en a appelé à un esprit de responsabilité : "nous, Allemands, devons tout faire pour que l'Europe reste unie".
"Les discussions avant et après les élections grecques n'ont pas rendu cette plus facile. Les discussions des derniers jours et des dernières heures non plus, pour le dire avec beaucoup de retenue amicale", a-t-il ajouté. L'affrontement entre Athènes et Berlin, par ministre des Finances interposés, a fait couler beaucoup d'encres depuis l'élection du parti de gauche radicale Syriza à Athènes. Ce dernier voulait remettre en cause une partie de la dette grecque en la restructurant, et en finir avec les programmes d'austérité imposés à la Grèce. Le gouvernement d'Alexis Tsipras a finalement consenti à de nombreux compromis ce qui a permis d'aboutir à un accord avec l'Eurogroupe, celui-là même qui vient d'être approuvé par le Bundestag."

Dans "Le Figaro" du 26 février 2015 Article intitulé : Le salaire minimum mensuel est désormais plus élevé en Allemagne qu'en France

" Selon Eurostat, le salaire minimum mensuel est de 1473 euros en Allemagne contre 1458 euros en France. Une vraie révolution. Voilà une démonstration en grandeur nature que «pour gagner plus il faut travailler plus»! Heureux comme Dieu en France, et prospère comme un smicard en Allemagne. Tout le monde connaît bien sûr le premier dicton, qui est d'ailleurs d'origine allemande. Mais il va falloir s'habituer au second: un travailleur payé au salaire minimum gagne désormais plus en Allemagne qu'en France. C'est Eurostat qui le dit. Selon les chiffres publiés ce jeudi par l'institut des statistiques européennes, le salaire minimum mensuel s'établit depuis le 1er janvier à 1473 euros en Allemagne et à 1458 euros en France. Chacun sait que l'Allemagne ne s'est convertie que tout récemment au salaire minimum. La réforme a été décidée après les élections générales de septembre 2013 et elle n'a été réellement mise en place qu'à compter du 1er janvier 2015. Après moult réflexions outre-Rhin, le gouvernement fédéral a décidé de fixer le salaire minimum à 8,50 euros de l'heure. C'est certes beaucoup moins qu'en France où il atteint 9,61 euros. Mais les Allemands se rattrapent en appliquant un autre adage, «travailler plus pour gagner plus». Et le résultat est bien là: un Allemand rémunéré au salaire minimum a une paye mensuelle supérieure à son homologue français.
Perte d'une des rares supériorités
Eurostat précise que «pour les pays dans lesquels le salaire minimum n'est pas défini sur une base mensuelle» mais horaire (ce qui est le cas en France, en Allemagne et au Royaume -Uni), «le niveau du salaire minimum est converti en un taux mensuel sur la base mensuelle du nombre standard d'heures de travail effectuées par mois». En France, c'est très simple, ce sont les 35 heures. Outre-Rhin les choses sont un peu plus compliquées car il n'existe pas de durée légale nationale du travail, chaque branche et même chaque entreprise fixe la durée du travail qui lui convient, en concertation avec les syndicats. Eurostat en a bien sûr tenu compte, et se base sur une moyenne entre l'ensemble des branches en Allemagne. Cette comparaison du salaire minimum fait perdre aux Français une des rares supériorités qu'ils avaient vis à vis des Allemands jusqu'à présent. Globalement les salaires sont en effet en moyenne très supérieurs outre-Rhin par rapport à ce qu'ils sont en France. On en a une nouvelle preuve à travers les chiffres qu'Eurostat publie aujourd'hui: il apparaît en effet que le salaire minimum représente 60 % du salaire médian en France, selon Eurostat (rappelons que la médiane partage en deux la population, 50 % des gens payés au dessus de la médiane, et 50 % payés au dessous). En Allemagne le salaire minimum mensuel, tout en étant supérieur dans l'absolu au smic français, ne représente que 49 % du salaire médian. Nous laisserons aux Internautes le soin de calculer les salaires médians respectifs dans les deux pays, et de combien il est supérieur outre-Rhin ce qui est un simple exercice d'arithmétique élémentaire! Voici toutefois le résultat que nous avons trouvé: 3006 euros pour le salaire médian en Allemagne et 2430 en France, soit une différence de 20 % en défaveur du salarié français! Niveau de vie plus élevé en Allemagne Last but not least, Eurostat apporte une preuve supplémentaire que les Allemands payés au salaire minimum ont un niveau de vie encore plus élevé, comparé à celui des Français, que ne l'indiquent les deux chiffres de 1473 et 1458 euros respectivement. Les statisticiens d'Eurostat mettent en effet en avant la notion classique de salaires en «standard de pouvoir d'achat» (SPA): en termes simples il s'agit de prendre en compte le niveau des prix entre les deux pays. Or dans l'ensemble le niveau absolu des prix à la consommation est plus élevé en France, du fait notamment des taxes indirectes et des charges que les commerces ont à supporter. Ainsi le salaire minimum en SPA est de 1441 euros en Allemagne et de 1337 seulement en France, un écart d'environ de 10 % en faveur de l'outre-Rhin.
Le doute n'est donc pas permis: les salariés allemands payés dans le bas de l'échelle sont bien mieux lotis que les Français. On regrettera bien sûr qu'Eurostat ne nous confirme pas que Dieu est réellement heureux en France. Mais on parle tellement de religions en ce moment dans l'Hexagone, que le doute n'est pas permis. A l'origine l'expression «heureux comme Dieu en France» date de nos guerres de religions: Dieu ne pouvait qu'être heureux de constater qu'on se bat en son nom, estimaient alors avec ironie nos amis allemands."

Commentaire : Voir en annexe extrait d'un échange de mails d'hier avec un lecteur de la revue de presse 

----- Mail original -----
De:
À: "c pire" <c.pire@free.fr>
Envoyé: Jeudi 26 Février 2015 15:08:08
Objet: RE: Rajout d'une phrase sur le site

Christian, une question : si l'Allemagne avait eu la même gestion irresponsable que les autres pays européens qui dépensaient plus qu'ils ne gagnaient, dans quelle situation serait aujourd'hui l'Europe ? La BCE n'aurait pas eu les moyens de sauver les pays et les taux d'intérêts seraient actuellement à 20 %.

Dans ce contexte, qui sont le plus à blâmer ? Les pays qui ont bien géré ou les pays qui sont irresponsables ?

Dans la cigale et la fourmi, qui est le plus inconséquent ? Qui sauve l'autre ?  


-----Message d'origine-----
De : c.pire@free.fr [mailto:c.pire@free.fr] Envoyé : jeudi 26 février 2015 16:32 À :  Objet : Re: Rajout d'une phrase sur le site



Ta question est bonne mais l'on ne peut comparer ce qu'accepte d'endurer le Peuple Allemand et ce que n'accepteraient pas les Peuples du Sud dont la France fait partie, cela indépendamment des autres aspects culturels. A cela, il faut rajouter que l'Allemagne a profité à plein de l'arrivée des pays comme la Grèce pour faire du business et se relever elle. Elle ne pouvait ignorer qu'une grande partie de ce qui serait consommer en Grèce serait allemand. Voir article ci-dessous.

L'Allemagne travaille ses flux économiques pour faire de la finance quand nous, nous faisons de la finance (et de la "parlotte" comptable) sans flux économique.

Pour ce faire, elle a baissé ses salaires au niveau de la Chine (entre autre) et a concentrer les exportations européennes vers elle permettant ainsi de se relever économiquement en quelques années au détriment de ses partenaires européens qui eux ne travaillaient pas l'économie mais juste la finance (en fait la bidouille financière et comptable). L'Allemagne a été très fine joueuse (souviens toi je posais souvent la question dans mes commentaires Sun Tzu ou Clausewitz et si c'était les deux ?) pendant qu'elle parlementait chiffres en jouant le jeu des autres pays, elle, elle appliquait la prédation économique. Je n'ai rien contre l'Allemagne sauf qu'elle a joué un double jeu en sachant qu'elle n'avait aucun concurrent en face d'elle.


J'espère avoir été clair dans ma réponse

Bonne fin de journée

Christian

 

----- Mail original -----
De:
À: "c pire" <c.pire@free.fr>
Envoyé: Jeudi 26 Février 2015 16:43:25
Objet: RE: Rajout d'une phrase sur le site

Je suis d'accord avec ton analyse ci-dessous : "elle a été très fine joueuse".

Peut-on lui reprocher d'être moins conne que les autres ?
Peut-on reprocher à Shroeder d'avoir eu une vision pour son pays et non pour sa réélection comme le font les pays d'Europe ?

Aucun homme politique de l'Europe du Sud n'a eu ce courage. Encore une fois en Grèce, il vient de se faire élire avec des promesses intenables (comme Hollande).
Et maintenant, l'heure des comptes arrivent.

L'Allemagne a joué fin, mais surtout, elle n'a pas menti. Les autres ne sont que des menteurs qui pensent d'abord à eux, à s'en mettre plein les poches et ils sont avides de pouvoir.
Quant aux peuples, ils ont les dirigeants qu'ils méritent puisqu'ils sont élus au suffrage universel.

Donc, oui, je suis d'accord avec ton analyse de la situation mais pas d'accord avec ton analyse des responsabilités.

Le peuple allemand a souffert pour s'en sortir. Nous, on ne veut pas faire d'effort et on jalouse ceux qui se sont serrés la ceinture pour être maintenant dans une bonne configuration.
Quand on aura fait autant d'effort qu'eux, alors on pourra faire les comptes.

Je trouve que tes articles mettent trop l'accent sur la responsabilité de l'Allemagne et pas assez sur la responsabilité des autres pays.
Car, comme je le disais plus haut, être fin joueur n'est pas moralement répréhensible. Être irresponsable quand on est à la tête d'un pays, oui.


-----Message d'origine-----
De : c.pire@free.fr [mailto:c.pire@free.fr]
Envoyé : jeudi 26 février 2015 16:59
À :
Objet : Re: Rajout d'une phrase sur le site


Tu as raison mais il n'y pas d'article sur la responsabilité des autres pays car personne ne veut en parler.

Je commente des articles sur l'Allemagne..les seuls qui paraissent étonnamment.

Il faut intégrer dans ton analyse que si nous avions tous fait comme l'Allemagne cela aurait été un fiasco.

A la tête de l'Europe, l'Allemagne aurait du organiser les parts de marché avec ses partenaires.

Merkel n'a eu que du vent en face d'elle. Aucun politicard, d'aucun pays n'est une Homme politique comme l'est Merkel. Lorsque tu as des cons comme partenaires, deux possibilités, tu les intègres dans tes raisonnements soit soit tu les b.... ("bouffes")

Je ne peux que critiquer son choix habitant en France et étant Belge. Deux pays qui ont brillé par leur nullité.

Cela dit, tu ne feras jamais souffrir un Français ou un Belge comme un Allemand et c'est tant mieux car quand les Allemands en ont assez et  l'histoire a montré et démontré que la guerre était proche. Nous, nous raisonnons perso eux ils raisonnent encore aujourd'hui Empire Allemand.

S'il n' y avait pas eu les deux présidents français mais un véritable Homme politique Français, l'Europe aurait été Française, j'en suis certain car seule la France peut occuper cette place parce qu'elle est multi culturel et adaptable.

Vive la France, vive la bière Belge sans oublier nos frites et les sauces qui vont avec.

Christian

 

:-)

Je suis d'accord sur tout cela sauf un point : c'est quand tu dis : " Il faut intégrer dans ton analyse que si nous avions tous fait comme l'Allemagne cela aurait été un fiasco.".

C'est comme en bourse quand tu accuses celui qui s'en ait mis plein les poches parce qu'il a acheté quand tout le monde vendait, donc à prix cassé. Et bien sûr, si tout le monde avait fait comme lui...
Sauf que, justement, c'est en faisant comme lui que tu empêches finalement qu'il le fasse. Car pour acheter, il faut des vendeurs.

Pour l'Allemagne, c'est pareil. Si on avait tous fait comme elle, les choses auraient été, justement, beaucoup plus équilibrées.

Bien sûr qu'il n'y a pas d'article disant cela. Non seulement nous sommes cons, mais en plus nous sommes tellement vaniteux que nous nous croyons meilleurs que les autres.
La plus grande erreur serait de ne pas admettre que nous avons-nous même donné fourni la pelle et creusé notre propre trou.
Alors, oui, l'Allemagne a été moins conne et elle est restée à nous regarder creuser et maintenant elle rigole en nous regardant au fond du trou. Et nous, on l'a supplie de nous jeter quelques miettes pour ne pas mourir de faim. Il nous suffirait pourtant de reprendre la pelle et de creuser des marches pour remonter à la surface. Mais pour cela, il faudrait que l'on se mette tous d'accord et que l'on bosse un peu.
Les allemands sont peinards : ça n'est pas demain la veille. On va continuer à glisser dans le fond du trou.


-----Message d'origine-----
De : c.pire@free.fr [mailto:c.pire@free.fr]
Envoyé : jeudi 26 février 2015 17:29
À :
Objet : Re: Rajout d'une phrase sur le site


Tu as raison mais nous sommes censés travailler en équipe. Si tu constates que tes équipiers sont faiblards soit tu sors de l'équipe soit tu fais eux avec en les intégrant dans ta stratégie économique. Merkel a joué seule. Ce n'est pas une critique c'est un fait. Celui qui joue en Bourse est une individualité et non un groupe.

Concernant le trou, tu as raison sauf que le vent à tourné et que maintenant c'est le financier qui va devenir important.

Espérons que là nos représentants soient moins cons ou que l'Allemagne joue plus en équipe.

Le Fonds de Stabilisation Boursier qui fait l'objet en Suisse d'articles dans les plus grands journaux "Le Temps et l'Agefi" ne fait l'objet d'aucun article en France et pourtant il est une solution reconnue aujourd'hui même par l'AMF et l'Elysée via Jean-Pierre Jouyet.

Nos pays fonctionnent par des clubs de copains consanguins d'une façon ou d'une autre. Au moins on peut se marrer.

On a l'opportunité de corriger aisément notre déséquilibre financier avec le FSB en stabilisant le futur économique et financier, est-ce réellement cela que veulent les politiques ?

Le FSB est devenu pour moi un sujet de blague et même plus un objectif ou un combat pour le faire passer. Situation ubuesque mais qui au moins me fait bien rire. Une bonne idée trop tôt.

Si tu connais un vrai Politique pour faire passer cette idée. Moi, j'ai laissé tombé. Avec le FSB plus besoin de pelle pour rattraper l'Allemagne sauf une décision politique. Je ne trouve même pas un politique pour oser poser la question en séance plénière.

Bonne soirée

Christian

D'accord avec toi : on est censé jouer en équipe.

Mais qui a joué le jeu ? Personne.
Les pays du sud n'ont pensé qu'à profiter de l'argent des pays du Nord.
A aucun moment ils ont pensé "équipe" ni à ce qu'ils devaient apporter en compensation (réforme, dépenses raisonnables, etc.).
L'Europe n'existe que sur le papier. Si elle ne se construit pas mieux que ça, elle va exploser.
Et comme tu le dis encore, on ne trouve aucun politique pour défendre des idées collectives.

Encore quelques années, et je m'achète une maison avec un grand terrain sur lequel je ferai mes légumes, mes poules et mes lapins.
:-)

Bonne soirée à toi aussi.

Dans "La Tribune" du 25 février 2015 Article intitulé : L'Allemagne emprunte sur 5 ans à un taux négatif pour la première fois
Marchés
MDR alors que tout va bien en Allemagne....


" La réputation de l'Allemagne est très haute sur les marchés et ses obligations sont considérées comme des valeurs refuges. Quelle justification réelle au taux négatifs ? Pourquoi, comment ou combien ? Le pays est désormais rémunérée par les marchés lorsqu'il emprunte sur un horizon de cinq ans. Une somme de 3,28 milliards d'euros. C'est ce qu'a emprunté l'Allemagne, en émettant des obligations à cinq ans (échéance avril 2020), a annoncé mercredi 25 février la Bundesbank. C'est la première fois que l'Allemagne emprunte à un taux négatif ( -0,08%) pour de telles obligations. Et les pays que l'allemagne a volontairement mis à plat et insulté les peuples .....
Autrement dit, le pays est désormais rémunéré par les marchés lorsqu'il emprunte sur un horizon de cinq ans. En effet, un taux négatif signifie que les investisseurs qui achètent sa dette publique acceptent de recevoir une somme inférieure que celle investie à la base.
 Ce taux négatif n'a pas découragé les investisseurs. Une réaction qui illustre leur recherche effrénée de placements sûrs et leur aversion au risque: la réputation de l'Allemagne est très haute sur les marchés et ses obligations sont considérées comme des valeurs refuges. C'est tout dire sur la confiance en et dans l'Europe.....Les taux négatifs risquent de se propager à des maturités plus longues sur la dette allemande, avec le début programmé en mars des achats massifs de dette publique, décidé par la Banque centrale européenne (BCE) pour soutenir l'économie du Vieux continent. Car sur le marché obligataire, la demande fait monter les prix des obligations, ce qui provoque une diminution mécanique de leurs rendements. Une telle évolution améliorerait naturellement la marge de manoeuvre budgétaire du gouvernement allemand. Gouvernement qui est déjà au "paradis" au détriment des autres pays et Peuples Européens.

Nathalie Versieux dans "Le Temps" Suisse du 25 février 2015 Article intitulé : La consommation dopera l’économie allemande

" La fédération patronale de la métallurgie, Gesamtmetall, et le syndicat IG Metall se sont mis d’accord mardi matin pour augmenter de 3,4% les salaires du secteur dans le Bade-Wurtemberg. Cet accord régional laisse augurer de généreuses augmentations du pouvoir d’achat des ménages à travers le pays cette année. L’issue des négociations tarifaires dans cette région prospère du sud-ouest de l’Allemagne sert en effet traditionnellement d’étalon au reste du pays. C’est une petite victoire pour le puissant syndicat IG Metall, qui avait lancé plusieurs grèves d’avertissement très suivies pour une revendication initiale de 5,5% d’augmentation des salaires. Le patronat avait fait une contre-proposition à 2,2%. 2000 euros de plus par an  Le salaire moyen de la branche passe ainsi de 57 000 à 59 000 euros bruts annuels. Avec une inflation attendue de 0,3% sur l’année, les salariés vont bénéficier d’une augmentation réelle de plus de 3%. «C’est l’augmentation de salaire réel la plus élevée depuis des décennies», explique le patronat. «Le moteur conjoncturel pour l’heure le plus important – la consommation des ménages – continue à tourner», s’est félicité le principal négociateur régional d’IG Metall, Roman Zitzelsberger.
De fait, l’économie allemande, qui avait terminé l’année 2014 sur un taux de croissance exceptionnellement élevé et inattendu de 0,7% après deux trimestres décevants (–0,1% au second trimestre, + 0,1% au troisième), est désormais tirée par la demande intérieure, passée devant les exportations. Depuis deux ans, la consommation des ménages est le principal moteur de la croissance allemande et le chiffre d’affaires de la grande distribution au moment des fêtes de fin d’année a été particulièrement élevé l’an passé. Selon l’office fédéral des statistiques Destatis, la consommation des ménages a progressé de +0,8% au dernier trimestre 2014.
Pas d’incitations à l’épargne
Les foyers ne sont pas incités à épargner du fait du faible niveau des taux d’intérêt. En outre, les hausses de salaires, la chute des prix du pétrole et l’inflation basse augmentent leur pouvoir d’achat. De fait, en janvier, les prix ont même reculé de 0,5% en Allemagne sur un an et de 0,6% dans la zone euro (jusqu’à –2,8% en Grèce), selon des statistiques publiées hier par Eurostat.
«La baisse des prix du pétrole commence à faire son chemin vers la poche des consommateurs», se félicite Carsten Brzeski, chef économiste chez ING. «Les foyers ont plus d’argent dans la poche et ils le dépensent, constate Johannes Gareis, analyste chez Natixis. Et puis le marché du travail fonctionne. Le cas de la métallurgie montre qu’on peut s’attendre à des hausses de salaires conséquentes qui stabiliseront la demande des ménages», alors que le pays compte un nombre record de salariés: 43 millions fin 2014, soit 410 000 de plus que fin 2013. «On a pu craindre un instant que les syndicats n’anticipent la baisse de l’inflation et ne présentent des revendications modérées cette année, explique Johannes Gareis. A nos yeux, ça aurait été un grand danger, mais ce n’est pas le cas. IG Metall n’a pas adapté ses revendications à l’inflation.» L’Allemagne est redevenue la locomotive de la zone euro. Du coup, les analystes revoient les uns après les autres leurs prévisions pour 2015 à la hausse. Natixis mise désormais sur une croissance de 1,7% pour cette année."

Commentaire : La métallurgie et le syndicat IG Metall ne sont pas l'Allemagne. La réalité allemande est :  

Dans "Le Parisien" du 20 02 15 : Article intitulé : La pauvreté a encore augmenté en Allemagne

" La pauvreté a encore augmenté en Allemagne, pourtant première économie de la zone euro, pour atteindre son plus haut niveau depuis la réunification en 1990, s'alarment des associations d'aide sociale dans un rapport publié hier."

Cela dit si les salaires pouvaient tous "repartir" à la hausse et ainsi mettre fin au dumping négatif salarial allemand pour "manger" les exportations européennes....

Romaric Godin dans "La Tribune" du 24 février 2015 Article intitulé : Projet de réformes en Grèce : un adieu à la logique de la troïka

" Le plan de réformes du gouvernement grec soumis à la Commission est-il un abandon du programme de Syriza proclamé à Thessalonique en septembre 2014 ? La réponse est plus complexe que la question.
Syriza n'a pas le monopole de l'oubli de son programme
Un préalable, d'abord. Aucun parti politique au monde n'a jamais respecté à la lettre son programme électoral. Rappelons que les engagements de campagne de François Hollande ont été largement revus (retour à un déficit de 3 % du PIB en 2013, mise en place d'un vrai pacte de croissance contre la ratification du pacte budgétaire, «mise au pas de la finance », etc.), mais ce n'est pas une spécialité française. Antonis Samaras, chouchou de la troïka et Bruxelles en 2012, n'a guère réussi à remplir sa promesse de réviser le mémorandum ou celle de renégocier la dette. Et même la très admirée Angela Merkel a su, en son temps, abandonner ses promesses de campagne. En mai 2010, après plusieurs mois de palabres et de cacophonie, la chancelière annonçait qu'elle repoussait sine die les baisses d'impôts promises lors de la campagne de 2009. Et malgré le retour des comptes publics allemands à l'équilibre, les contribuables d'outre-Rhin, attendent toujours la grande réforme fiscale qui supprimera la « progression froide » de l'impôt sur le revenu, c'est-à-dire le phénomène qui conduit à transférer au fisc une grande partie des augmentations de salaires. Bref, le propre de la politique est de s'adapter aux circonstances. Pourquoi exiger alors du gouvernement grec ce que l'on ne reproche pas à d'autres ?
La pression européenne et les critères de jugement
Il faut ensuite juger cette liste pour ce qu'elle est : un document exigé par l'Eurogroupe pour obtenir un financement de quatre mois. Dès lors que le gouvernement grec avait refusé de plancher sur une sortie désordonnée de la zone euro et avait accepté un compromis, il devait remettre en cause certaines promesses de campagne. La question est donc désormais savoir si cette liste réduit largement ou non la capacité du nouveau gouvernement à atteindre ses objectifs à long terme : rompre avec l'austérité, relancer l'économie, en finir avec le clientélisme et l'oligarchie économique. Enfin, il faut aussi juger cette liste au regard de ce à quoi la Grèce à échapper : les exigences de la troïka et le plan du précédent gouvernement présenté en novembre. C'est en ayant ces critères en tête qu'il faut examiner la lettre envoyé par Yanis Varoufakis, le ministre hellénique des Finances à Jeroen Dijsselbloem, son homologue néerlandais et président de l'Eurogroupe.
Une lutte contre l'injustice sociale
Premier point de cette liste de réforme : l'amélioration des rentrées fiscales et sa juste répartition. Ce point est parfaitement en accord avec le deuxième pilier du discours de Thessalonique qui prévoyait de « promouvoir la justice fiscale. » Dans sa lettre, Yanis Varoufakis promet de travailler à une « nouvelle culture de conformité fiscale afin de s'assurer que toutes les parties de la société, particulièrement les plus aisés, contribuent justement au financement des politiques publiques. » Plus loin, la lettre précise que le gouvernement entend doter de nouveaux moyens « le Secrétariat général aux Recettes publiques (GSPR), notamment les unités qui concernent les grands débiteurs et les grandes fortunes. » A cela, s'ajoute l'augmentation promise des inspections, des audits et des capacités de collecte. Ces différentes mesures visent clairement à viser les privilèges dont bénéficient les plus riches en Grèce. Privilèges souvent dénoncés à l'étranger, mais qui n'ont jamais été sérieusement été combattus dans le pays. C'est en réalité un défi séculaire. Traditionnellement en Grèce, en effet, la collecte de l'impôt est marquée par une réelle injustice entre salariés, contraints par la retenue à la source, et non-salariés, entre plus riches, bénéficiant de passe-droit et d'une grande tolérance de l'administration, et moins riches, moins épargnés. Cette injustice a entraîné à la fois un sentiment d'impunité de l'oligarchie et un réflexe de « défense » de beaucoup par la fraude fiscale. Syriza l'a emporté aussi sur ce programme de restauration de la justice fiscale qui avait été largement ignoré par les précédents gouvernements et la troïka et que le nouveau gouvernement grec place - pour ne pas dire - impose désormais dans l'agenda des réformes. Les Européens peuvent toujours prétendre qu'ils ont forcé la main d'Athènes, mais le fait est que, sur ce point, Syriza est en parfaite adéquation avec son programme de démantèlement de l'oligarchie.
La lutte contre la fraude et l'évasion fiscale est une lutte contre l'oligarchie
Même constat concernant la lutte contre la fraude et l'évasion fiscale. Les précédents gouvernements avaient brillé par l'absence de vraie politique dans ce domaine. On se souvient même que la fameuse « liste Lagarde », liste de 1.991 évadés fiscaux, transmise par celle qui était encore en octobre 2010 ministre française de l'Economie au gouvernement grec, était restée lettre morte. Il avait fallu deux ans pour qu'un journaliste (par la suite poursuivi pour atteinte à la vie privée) révèle l'affaire. Mais le gouvernement était resté inactif et la troïka n'avait pas jugé bon d'exiger une quelconque action. Cette fois, la lettre de Yanis Varoufakis promet « une plus large définition de la fraude fiscale et de l'évasion fiscale, ainsi qu'une destruction de l'immunité fiscale. » Il promet d'utiliser les « innovations technologiques » et les « innovations électroniques » pour lutter contre la fraude à la TVA, notamment. Ce travail devant permettre d'éviter l'augmentation très discutable sur le plan économique de la TVA sur l'hôtellerie de 6 % à 13 % prévue par le précédent gouvernement.
Dans ce domaine, donc, le nouvel exécutif grec est cohérent : il lutte là encore contre une oligarchie qui refuse de participer à l'effort commun depuis longtemps en Grèce. On peut ainsi se souvenir du rôle des grandes fortunes lors du régime des Colonels, mais aussi de l'accélération de la fuite des capitaux lors de l'austérité, faisant porter le fardeau de cette dernière aux plus pauvres avec la complicité d'une troïka là aussi passive. L'enjeu, comme le rappelle la lettre de Yanis Varoufakis, est donc de mieux répartir l'effort dans le pays. Et ceci est parfaitement en cohérence avec le programme de Syriza. Surtout, le mouvement est bien joué : il rappelle qu'une partie du problème ne réside pas en Grèce, mais aussi dans le reste de la zone euro où l'on tolère, voire encourage, une concurrence fiscale conduisant à « l'optimisation » fiscale des entreprises et des particuliers. La Grèce ne pourra lutter efficacement contre l'évasion fiscale que si l'Union européenne engage une réflexion dans ce domaine. Le succès des réformes grecques ne dépend donc pas toujours que de la Grèce.
Une réforme de l'administration différente des précédentes
Troisième chantier évoqué par Athènes : la réforme de l'administration. Là aussi, le point est en accord complet avec le quatrième pilier du programme de Thessalonique où Syriza défendait une plus grande transparence de l'administration. Durant la campagne, Alexis Tsipras a largement bénéficié d'un soutien populaire grâce à son discours anti-corruption. Et là encore, le bilan des gouvernements qui ont collaboré avec la troïka sont réduits. Les dernières années ont vu le maintien du clientélisme, notamment dans l'arbitraire avec lequel les licenciements ont lieu dans la fonction publique. Cette fois, Yanis Varoufakis entend promouvoir une « administration publique moderne » plus efficace, notamment en améliorant les procédures de recrutement, en encourageant le mérite et établir des « procédés justes pour maximiser la mobilité des ressources humaines ou autres. » Par ailleurs, la transparence des marchés publics sera améliorée, le financement des partis politiques sera mieux encadré, la contrebande combattue. L'ambition est bien de casser le clientélisme qui a trop régné au sein de la fonction publique grecque. Et on ne peut y voir là aucune trahison, bien plutôt la mise en avant des insuffisances des gouvernements précédents.
Pour autant, le gouvernement entend en finir avec les coupes franches dans les salaires et les effectifs de l'administration. Si rien n'est dit quant à la réembauche d'une partie des fonctionnaires licenciés, si la hausse des salaires ne semblent plus d'actualité, du moins l'ambition de la troïka exprimée à l'automne dernier de couper encore dans la fonction publique ne semble plus d'actualité. Le gouvernement grec veut améliorer la grille salariale pour que, sans augmenter la facture budgétaire, les salaires soient « plus justes. » On voit encore le souci de justice sociale au cœur de ces réformes. Là aussi, la logique imprimée par le nouveau gouvernement est fort différente, quoi qu'on en dise et malgré un abandon évident de certaines promesses, des précédents gouvernements et de la logique de la troïka. Cette logique est présente dans d'autres domaines de la liste Varoufakis (notamment sur la santé ou le marché du travail où Athènes réclame le soutien de l'Organisation internationale du travail (OIT) et veut établir un équilibre entre « justice et flexibilité »).
Trahison partielle sur les privatisations
Concernant la question des privatisations, il y a évidemment une forte concession faite aux « institutions » : Athènes s'engage à respecter les privatisations qui ont été complétées et s'engage à achever « conformément à la loi » les appels d'offre lancés. Cette réserve est importante, car elle permet d'envisager des améliorations et de casser les processus qui auraient été marqués par de la corruption ou des procédures trop rapides. Mais surtout, le gouvernement indique qu'il va procéder à une « revue des privatisations qui n'ont pas encore été lancées » afin d'améliorer les bénéfices à long terme pour l'Etat. En validant cette phrase, l'Eurogroupe reconnaît que le programme de privatisation n'était pas forcément pertinent et que les ventes rapides à prix bradés des actifs de l'Etat étaient de mauvaise politique.

Là encore, c'était un point essentiel des promesses de Syriza pendant la campagne : ne pas vendre à tout prix pour simplement « privatiser. » C'est un clair coup d'arrêt là encore à la logique de la troïka.

L'imposition du problème humanitaire à l'Europe
Enfin, Athènes est parvenue à faire accepter et valider par l'Eurogroupe son plan de gestion de la crise « humanitaire », autrement dit le premier pilier du programme de Thessalonique. Ceci est une victoire morale incontestable,

car en ne refusant pas cette partie de la liste envoyée par Yanis Varoufakis, l'Eurogroupe a implicitement accepté de reconnaître les effets désastreux de la politique qu'il a soutenue et encouragée depuis 2010.

C'est d'autant plus remarquable que le gouvernement Tsipras a conservé les ambitions de son programme : accès à l'alimentation, au logement, à la santé et à l'énergie. L'augmentation du salaire minimum est réaffirmée, même si la date de sa mise en place disparaît du programme. Mais ceci signifie-t-il un abandon de cet objectif ou son renvoi au moment où la Grèce n'aura plus besoin du financement européen ? Toujours est-il que, là aussi, l'Eurogroupe a validé le principe du renversement d'une mesure imposée par la troïka.
Déception des électeurs ? Pas si sûr
Evidemment, il est naturel que certains électeurs de Syriza se sentent trahis par cette liste de réformes. Mais il convient de ne pas oublier que beaucoup de ces électeurs ne se faisaient, avant les élections, guère d'illusions sur la mise en place de ce programme. Le vote Syriza a moins été un vote pour son programme de Thessalonique qu'un vote contre la logique de la troïka et contre la persistance du clientélisme organisé par les grands partis Nouvelle Démocratie et Pasok soutenus par cette même troïka. De ce double point de vue, ce qu'a imposé le nouveau gouvernement à l'Europe semble assez notable. La trahison est sans doute moins forte que celle à laquelle s'attendaient bien des électeurs.
Si la position du gouvernement grec, toujours soumis par l'accord du 20 février, à la logique de l'ancien mémorandum et aux échéances de remboursement des dettes détenues par la BCE en juillet et août, n'est guère aisée, Athènes a su imposer plusieurs de ses priorités. Il a confirmé que, désormais, les ordres ne venaient plus des institutions, mais que le gouvernement grec pouvait déterminer une grande partie de son propre agenda, notamment en mettant l'accent sur la justice sociale. Car la politique d'austérité a fortement accentué les déséquilibres sociaux déjà considérables dans la société grecque. Comme il le recommandait avant même l'élection du 25 janvier, le gouvernement grec a remplacé l'action unilatérale de la troïka à une coopération. C'est un changement qui n'est pas anecdotique.

Dans "La Tribune" du 24 février 2015 Article intitulé : Allemagne : l'excédent des comptes publics au-dessus des attentes

" Révision à la hausse. Les comptes publics de l'Allemagne ont enregistré en 2014 un excédent légèrement plus marqué que prévu, à 18 milliards d'euros soit 0,6% du produit intérieur brut (PIB), selon un chiffre définitif publié mardi 24 février par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Lors d'une première estimation mi-janvier, l'office de statistiques attendait en effet un excédent légèrement moins important, de l'ordre de 0,4%. La croissance du PIB en l'Allemagne a quant à elle atteint comme prévu 0,7% au quatrième trimestre et 1,6% pour l'ensemble de l'année 2014. Ces chiffres sont similaires à de premières estimations fournies plus tôt dans le mois. Le commerce extérieur a contribué à hauteur de 0,2 point de pourcentage à la croissance du quatrième trimestre, tout comme les investissements en bien d'équipement, et la demande intérieure à hauteur de 0,5 point. Analyse Commerce extérieur : l'Allemagne est-elle déloyale ? Une première depuis la réunification
Au total, les recettes publiques ont atteint 1.293,8 milliards d'euros en 2014, pour quelque 1.275,8 milliards de dépenses.
"Pour la première fois depuis la réunification, tous les comptes publics ont enregistré un excédent", a souligné Destatis.
Les comptes de l'Etat fédéral sont notamment repassés dans le vert pour la première fois depuis l'année 2000, avec un excédent de 11,4 milliards d'euros l'an passé, contre un déficit de 4,5 milliards en 2013. Le gouvernement allemand a ainsi nettement devancé ses objectifs d'assainissement des finances publiques, un projet cher au ministre des Finances Wolfgang Schäuble."

Michel Santi dans "La Tribune" du 23 02 15 : Article intitulé : Au-delà de l'Allemagne

" Regardons au-delà du moribond allemand car les enjeux véritables sont ailleurs : une guerre sans merci fait rage aujourd'hui au sein même de l'Europe entre groupes et castes économiques, et non entre nationalités européennes. Les excédents allemands sont le symptôme d'un mal profond! Il est donc vital d'identifier et de conscientiser cette maladie qui ronge l'ensemble de l'organisme européen. Résultante mathématique élémentaire d'une épargne qui surpasse très largement les investissements, ces excédents allemands suffisent à poser un diagnostic clair et sans appel sur l'état de santé d'un pays qui subit d'autant plus la stagnation séculaire que sa démographie est en pleine régression. En d'autres termes, l'Allemagne se meurt.
Une analyse basique de l'électro-cardiogramme de son activité économique dévoile en effet des arrêts cardiaques de récession réguliers et, ce, depuis 2002 avec une croissance moyenne d'environ 0,6% ces treize dernières années.
En état de mort cérébrale, ce grand corps à la renverse ne semble en bonne santé qu'en comparaison (apparente) avec ses voisins... Cette japanisation de l'Europe - maintes fois évoquée depuis quelques années -, tout comme cette déflation qui s'installe insidieusement au sein de l'économie de l'Union reflétée par les taux et par les rendements négatifs, nous proviennent en droite ligne de ce mal allemand qui infecte de proche en proche l'ensemble des économies européennes. C'est donc du cœur de l'Europe que nous vient cette déflation, et non de sa périphérie!
A cet égard, ne vous y trompez pas et soyez sans illusion - et sans espoir: la stagnation allemande n'est pas provisoire. Ce pays sombre effectivement depuis une petite quinzaine d'années et ne réagira hélas pas aux stimuli fraîchement prescrits par la Banque centrale européenne. Il ne répondra pas plus - et ne reprendra pas non plus des couleurs - suite à des réformes structurelles... pour la simple et unique raison que l'Allemagne les a déjà mises en place il y a plus de dix ans! Ce qui ne l'empêche pas aujourd'hui d'agoniser, non sans que son râle ne fasse encore illusion et passe - aux yeux de l'observateur non averti ou partial- pour le vrombissement d'un moteur en marche...Voilà pourquoi il convient aujourd'hui de regarder au-delà du moribond allemand, comme il est impératif de dépasser cette querelle entre partisans d'une austérité et d'une rigueur budgétaires, d'une part -dont on voit qu'elle tue l'Allemagne à petit feu-, et, d'autre part, défenseurs de stimuli keynésiens.
En effet, pendant que le petit monde académique se déchire, et tandis que l'Allemagne parvient encore à imposer ses règles à la Grèce, à la France, à l'Italie et à bien d'autres nations européennes -toujours sous l'impression fallacieuse que ses excédents sont le reflet d'une bonne santé économique...-, les enjeux véritables sont ailleurs, car le conflit n'est pas entre Allemands et Espagnols, ni même entre Allemands et Grecs.
Il est entre le groupe ayant le plus bénéficié de la crise et celui qui doit aujourd'hui assumer à lui seul les coûts et le fardeau des indispensables réajustements et ré-équilibrages.

La vraie ligne de fracture  - la seule qui compte et qui doit être clairement identifiée afin d'être mieux combattue - est celle qui sépare et qui oppose le monde des affaires et l'élite de la finance (ayant largement profité avant, pendant et après la crise) à la masse des salariés et des travailleurs de la classe moyenne allemande, française, grecque et autres. C'est, en d'autres termes, une guerre sans merci qui fait rage aujourd'hui au sein même de l'Europe entre groupes et castes économiques, et non entre nationalités européennes. En prendre conscience, c'est déjà entrevoir des solutions et c'est barrer la route à l'extrême droite.

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Michel Santi est directeur financier et directeur des marchés financiers chez Cristal Capital S.A. à Genève. Il a conseillé plusieurs banques centrales, après avoir été trader sur les marchés financiers. Il est l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience" et "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique".
Vient de publier "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.

Dans "Le Parisien" du 20 02 15 : Article intitulé : La pauvreté a encore augmenté en Allemagne

" La pauvreté a encore augmenté en Allemagne, pourtant première économie de la zone euro, pour atteindre son plus haut niveau depuis la réunification en 1990, s'alarment des associations d'aide sociale dans un rapport publié hier."

Souvenez-vous :

Henrik Uterwedde dans "Economie matin" du 13 novembre 2014 Article intitulé : Le modèle économique et social allemand

" En France, on s'arc-boute souvent sur le « modèle allemand », soit pour en vanter les mérites, soit pour en dénoncer ses dérives « libérales », surtout après les réformes que le gouvernement Schröder y a apportées. Cette véritable fixation sur le voisin, fruit de l'étroite interdépendance entre nos pays, mais aussi du décalage économique actuel, a le désavantage que les jugements portés sur le modèle allemand se font souvent en fonction du positionnement dans le débat français, sur les « réformes » notamment. Or cette instrumentalisation de l'expérience du voisin à des fins de politique intérieure risque de déformer la réalité. Pas plus que les autres, le modèle allemand n'a vocation d'être le modèle à suivre pour l'Europe, comme il ne peut pas non plus servir de repoussoir. C'est un modèle qui a ses caractéristiques propres, qui sont le résultat de son histoire longue et complexe, d'expériences collectives et de choix fondamentaux faits après 1945.
Nous utilisons le terme « modèle économique et social » pour rappeler que tout modèle social a des fondements, et des répercussions, économiques. Au-delà, on verra que le modèle allemand se caractérise par une multitude de dimensions tant économiques que sociales et politiques avec des répercussions financières. Nous retrouvons ici la logique ECOSOPOFI qui est la logique allemande. C'est l'économie en fonction du return financier recherché qui va décider du traitement sociologique et non la recherche d'une sociologie heureuse qui va créer l'économie. L'Etre Humain reste un outils.
Côté normatif, le référentiel de l'économie sociale de marché datant de l'immédiat après- guerre, et qui tente de combiner la logique marchande et entrepreneuriale avec la cohésion sociale et le partenariat social, continue à imprégner la vie économique et sociale[1]. Cette doctrine entend combiner la liberté d'entreprendre avec la justice sociale et la responsabilité entrepreneuriale. La liberté d'entreprendre au-dessus de la cohésion sociale et de la responsabilité entrepreneuriale. Tout est dit. Si elle postule la primauté des marchés, elle les soumet aussi à un cadre réglementaire et à des mécanismes correcteurs (politiques sociales, partenariat social entre patronat et syndicats ne sont que des mécanismes....). Côté social, ce partenariat fonctionne à travers la codétermination dans les entreprises (conseils d'entreprise, représentation salariale dans les conseils de surveillance des grandes entreprises), mais s'exprime aussi dans un système de négociations sociales autonome et efficace. Ce capitalisme coopératif, avec sa force de négociation et de coopération qui favorise l'émergence de réponses collectives aux problèmes, a toujours été un atout pour l'économie allemande et explique sa capacité d'adaptation dans des périodes difficiles.
Côté politique, malgré la formule minimaliste de la doctrine de l'économie sociale de marché autant de marché possible, autant d'État que nécessaire »), l'État est bien présent dans la vie économique et sociale. Suivant une philosophie et une organisation de l'État fondée sur la subsidiarité, son intervention se veut modeste et respectueux de l'autonomie des partenaires sociaux, des groupes d'intérêts organisés (verbände) comme celle des entreprises. Les verbände sont souvent associés à l'élaboration des lois et peuvent (les groupes d'intérêts organisés = lobbies = groupes de pression) participer activement aux politiques et régulations publiques (comme c'est le cas dans le système dual de la formation professionnelle initiale). Quant aux marchés, ils sont, selon la formule de W. Streeck, « institués politiquement sous controle des lobbies , régulés socialement paupérisation généralisée et considérés comme le résultat de politiques gouvernementales destinées à servir des intérêts publics[2]  les intérêts publics étant ceux des verbände (lobbies)».
''Le modèle allemand peut se résumer en une forme négociée avec les verbände (lobbies) du capitalisme, qui est facilitée par une culture du consensus non, la culture est de travailler et de ne pas se plaindre au nom de la réussite de l'Empire Germanique et de la force allemande. Ceux qui en doute, relisez les propos allemands depuis plusieurs années sur les autres Peuples''
Enfin, les fondements économiques : d'abord, il ne faut pas oublier que le modèle allemand est essentiellement un modèle industriel. C'est aux besoins industriels qu'il répond le mieux, c'est dans l'industrie qu'il fonctionne au mieux, alors qu'il apparaît moins adapté aux services. Une bonne spécialisation « haut de gamme », reposant sur une innovation permanente et une main-d'oeuvre très qualifiée, produit une excellente compétitivité qualitative des entreprises, justifiant des salaires élevés et les coûts d'une protection sociale généreuse. Exact, pour ceux qui sont "utiles" pour les autres c'est la misère et la précarité la plus totale. Attention, un jour "utile" un autre "inutile". Et nos enfants....Le revers de la médaille : l'industrie, très spécialisée, produit pour les marchés mondiaux et dépend d'une manière significative des exportations. C'est pour cela que l'allemagne a imposé l'austérité à l'Europe, a baissé ses coûts de production (jusqu'à devenir compétitive avec la Chine) pour concentrer sur elle les exportations européennes. L'allemagne a planté volontairement l'Europe de la Paix....avec la parfaite collabos des politicards européens lobbyisés c'est-à-dire achetés d'une façon ou d'une autre. Très ouverte, l'industrie, et à travers elle l'économie allemande, a dû s'adapter en permanence aux défis de la mondialisation. Le souci permanent de la compétitivité des entreprises et du site de production allemand (Standort Deutschland) contribue à une préférence générale des pouvoirs publics pour une politique de l'offre (visant à renforcer l'appareil productif via un cadre de développement favorable aux entreprises) au détriment d'une politique de la demande.
Le modèle allemand peut se résumer en une forme négociée du capitalisme, qui est facilitée par une culture du consensus (non, culture du doigt sur le pantalon et le garde à vous) et par des institutions qui construisent (non, elles encadrent) du consensus. Qu'il s'agisse de la vie politique, du monde de l'entreprise ou des relations sociales, une dialectique entre la concurrence et la coopération est toujours à l'œuvre, animée par une philosophie du partage du pouvoir et de l'articulation entre les pouvoirs publics et les forces de la société civile. Rapport de force. Il n'y que la force .....dans ce cas , il faut utiliser la force.

 

 

Romaric Godin dans "La Tribune" du 16 février 2015 Article intitulé : Allemagne : un coup de semonce pour la "grande coalition"

" C'est une bien sévère défaite qu'a dû encaisser ce dimanche la CDU, le parti de la chancelière allemande Angela Merkel dans la première des deux élections régionales au programme en 2015, celle de Hambourg (l'autre scrutin est prévu en mai à Brème). Les Chrétiens-démocrates ont ainsi encaissé un recul de six points au regard de la précédente élection de 2011, n'enregistrant que 15,9 % des suffrages exprimés. C'est le plus faible score enregistré par ce parti dans une élection hambourgeoise depuis le premier scrutin, en 1946 ! La figure d'Olaf Scholz L'écart avec les Sociaux-démocrates de la SPD est considérable. Le parti du ministre président sortant Olaf Scholz a obtenu 45,7 %, soit près de 30 points de plus, même s'il encaisse aussi un recul de 2,7 points par rapport à 2011. Certes, depuis la démission voici quatre ans de l'ancien bourgmestre (maire) CDU de Hambourg, le charismatique Ole von Beust, la ville hanséatique a retrouvé sa couleur politique habituelle, très à gauche. Il faut également rappeler que les Hambourgeois sont traditionnellement très attachés à leur maire et Olaf Scholz est très populaire dans une ville portuaire qui profite beaucoup de la force exportatrice du pays et qui est considérée comme la plus dynamique d'Allemagne. Il n'empêche, l'ampleur de la chute est clairement un avertissement sévère pour la CDU. Le spectre AfD se précise D'autant que, pour la première fois, il semble qu'il y ait eu un transfert direct de voix entre la CDU et le parti eurosceptique Alternative für Deutschland (AfD). Malgré de fortes dissensions internes, ce parti a en effet réussi à entrer, pour la première fois, dans un parlement régional à l'ouest du pays. En 2013, il avait échoué en Hesse, le Land de Francfort. Son score, 6,1 %, est plutôt supérieur à ce que lui prédisaient les sondages et correspond en grande partie aux pertes de la CDU. C'est donc un vrai succès pour le chef d'AfD, Bernd Lücke, dans la ville où il est professeur à l'université. Pour Angela Merkel, même si l'élément local joue évidemment fortement, c'est un avertissement sans frais : une partie de son électorat est prête à rejoindre AfD. Ce résultat pourrait donc l'amener à ne pas prêter le flanc aux critiques d'AfD en cédant du terrain dans les négociations avec la Grèce. Il pourrait amener la chancelière a laissé carte blanche à son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, partisan de la méthode dure avec Athènes. Défaite pour la grande coalition Mais ce scrutin hambourgeois est en réalité un coup de semonce pour la « grande coalition » entre SPD et CDU qui règne à Berlin. Le score important de la SPD ne doit pas dissimuler deux faits. D'abord, les deux partis au pouvoir à Berlin sont les seuls à reculer. Tous les autres progressent. Même le parti libéral FDP, moribond ailleurs, est parvenu à progresser légèrement et à se maintenir au parlement régional. Ensuite, le succès d'Olaf Scholz est aussi un coup de semonce pour le vice-chancelier et ministre de l'Economie Sigmar Gabriel. Ce dernier a montré, depuis quelques mois, une tendance à s'aligner sur les positions économiques de la chancelière. Or, le maire de Hambourg est son rival à peine dissimulé pour la tête du parti et la candidature à la chancellerie en 2016. Comme le souligne le directeur de la rédaction du Handelsblatt ce lundi matin dans son Morning Briefing, « les heures de Sigmar Gabriel sont désormais comptées. » Cette élection hambourgeoise est donc aussi un désaveu de la SPD fédérale et de son alliance avec la CDU/CSU à Berlin. La progression de Die Linke, le parti de gauche, de 2,1 points à 8,5 %, fait rare dans un Land de l'ouest, est donc aussi un désaveu pour les Sociaux-démocrates, tout comme la hausse d'un point enregistré par les Verts (+ 1 point à 12,2 %). La SPD a certes obtenu quelques réformes depuis 2013, principalement la possibilité pour certains de prendre la retraite à 63 ans et le salaire minimum. Mais le prix à payer par ailleurs - et notamment en termes de politique européenne - semble avoir déplu à une partie de l'électorat. Si SIgmar Gabriel prend cet avertissement au sérieux, l'équation grecque pour Angela Merkel sera encore plus délicate : si elle durcit sa position pour satisfaire son aile droite, elle risque de s'aliéner son allié SPD. Mais il n'est pas sûr que le vice-chancelier, très proche de sa chancelière, s'essaie à la résistance sur la question européenne. Stabilité des lignes au niveau fédéral Reste que Hambourg n'est pas l'Allemagne. Les derniers sondages au niveau fédéral montrent une relative stabilité des positions politiques : CDU et CSU sont aux alentours de 41 % (contre 42 % aux élections de 2013), SPD à 25 % comme en 2013. Les Verts progressent à 12 % (8,4 % en 2013), Die Linke étant donnée entre 8 et 9 % (8,6 % en 2013). Le seul fait nouveau réside dans l'ancrage d'AfD dans le paysage politique et sa très probable entrée au Bundestag. Malgré cette stabilité, la situation est complexe pour Angela Merkel. Si AfD entre au Bundestag, la CDU ne peut plus espérer obtenir la majorité absolue qu'elle a ratée de peu en 2013. Elle est donc condamnée à s'allier avec la gauche, Verts ou SPD, ce qui risque de déplaire aux conservateurs de son camp qui seront donc tentés de rejoindre AfD. Au reste, quoi qu'il arrive, elle reste sous la menace d'une « alliance des gauches » comme on l'a vu se former en Thuringe récemment. Même si cette alliance n'est pas certaine d'être majoritaire en 2017 lors des prochaines élections fédérales, ce sera un débat inévitable au sein de la SPD. Angela Merkel, seule Enfin, dernière leçon de ce scrutin : Angela Merkel semble irremplaçable pour la droite allemande. Depuis des années, la CDU encaisse des défaites dans les Länder. Sur 15 Länder où elle concourt (le seizième est le fief de la CSU, la Bavière), la CDU n'en gouverne plus que quatre et tous en alliance avec la SPD (Saxe, Saxe-Anhalt et Sarre) ou avec les Verts (Hesse). La CDU a perdu toutes les grandes villes du pays. Son succès au niveau fédéral tient donc plus que jamais à la figure de « Mutti » (« maman »). Aucune figure ne semble en mesure de venir prendre le relais. Voici pourquoi la chancelière devrait - malgré sa promesse de 2013 de raccrocher - être en 2017 candidate à sa propre succession. Autrement, ceux qui votent SPD dans les élections régionales et CDU au niveau fédéral pourraient décider d'accorder leurs violons, surtout si un Olaf Scholz décide d'entrer en piste...

Fabien Piliu  dans "La Tribune" du 11 février 2015 Article intitulé : Commerce extérieur : l'Allemagne est-elle déloyale ?
  
" On n'a pas fini de comparer les modèles économiques allemands et français. Symbole de la toute-puissance industrielle allemande et sa capacité à se projeter aux quatre coins du monde, l'excédent commercial de l'Allemagne a atteint un niveau record en 2014. Selon Destatis, l'office fédéral allemand des statistiques, il a progressé de 11% l'année dernière pour s'élever à 217 milliards d'euros, contre 195 milliards d'euros l'année dernière.
Établi en 2007, avant la crise dont la France et la plupart des pays européens n'arrivent pas à sortir, le précédent excédent record s'élevait à 195,3 milliards d'euros.
A titre de comparaison, la France a affiché un déficit commercial de 53,8 milliards d'euros l'année dernière, en léger recul par rapport à 2013. Un recul qui s'explique en majeure partie par la baisse de 10 milliards d'euros de la facture énergétique liée au repli des cours du brut depuis le début de second semestre 2014. En effet, les exportations françaises n'ont augmenté que de 0,1%. Quant au nombre d'entreprises exportatrices, il est quasi stable, en dépit de la multiplicité des acteurs et des dispositifs publics de soutien à l'export. Dernier exemple en date de ce volontarisme de l'Etat, François Hollande a annoncé vendredi la création prochaine d'une banque de l'exportation dédiée aux grands contrats.
Une stratégie déloyale ?
Comment expliquer le succès allemand, sachant que la compétitivité de notre voisin, comme celle des entreprises françaises, peut souffrir d'une variation défavorable de l'euro face aux autres monnaies et en particulier face au dollar, mais aussi d'une flambée des cours du brut et des matières premières ?
Le débat sur le coût du travail en Allemagne est connu et a été longtemps débattu. Dénoncée par certains économistes, notamment par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la politique de désinflation compétitive menée dans les années 2000 explique en partie le succès du made in Germany à l'export. En mettant en place une politique de modération salariale très sévère, l'Allemagne a permis à ses entreprises de renforcer leur compétitivité-prix, notamment au détriment de leurs principales rivales, les entreprises européennes et en particulier françaises. Sachant que la compétitivité hors prix des premières était déjà supérieure - ou jugée comme telle - à celles des secondes, l'Allemagne n'a pas eu de peine à creuser l'écart. Au contraire. Fruit de cette stratégie, la part de marché de l'Allemagne dans le commerce mondial s'est stabilisée aux alentours de 10% quand celle de la France n'a cessé de reculer pour passer sous les 3% !
Les économistes ne sont pas les seuls à s'interroger sur le succès allemand à l'export. En novembre, la Commission européenne a lancé une enquête approfondie sur l'Allemagne et ses excédents commerciaux, jugés déséquilibrés. Mais ce succès ne repose pas seulement sur une stratégie que d'aucun jugerait déloyale. La puissance allemande repose également sur la structure de son appareil exportateur. En 2014, la valeur des exportations allemandes s'est élevée à 1.133,6 milliards d'euros, dont 60% ont pris la direction de l'Union européenne. C'est également le cas des exportations françaises qui se sont élevées à seulement... 437 milliards d'euros.
Cette différence trouve son origine dans de nombreux éléments. Citons en deux. Le premier : la France compte 121.000 entreprises et l'Allemagne 310.000. En France, sur 3 millions d'entreprises environ, seules 4% ont exporté l'année dernière. Sur ce nombre, une sur deux exporte régulièrement. En Allemagne, 80% des entreprises exportatrices sont des PME, des ETI et des grands groupes. En France, 95% des exportations sont réalisées par des microentreprises et des PME, comme l'ont précisé les Douanes vendredi.
La puissance industrielle est la seconde explication du succès allemand. Notre voisin est l'un des rares pays à avoir réussi à augmenter la part de la valeur ajoutée de son industrie par rapport au PIB. Selon la Banque mondiale, elle s'élevait à 30,7% en 2013, contre 30% en 2001.

A titre de comparaison, elle atteignait 22,9% en 2001 en France et 19,8% en 2013. Certes, l'Allemagne n'a pas été épargnée par la baisse de l'emploi industriel ces dernières années. Outre-Rhin, l'emploi manufacturier est passé en Allemagne de 24 % en pourcentage de la population totale à 19 % contre respectivement 17 % et 12 % en France.

Dans "La Tribune" du 3 février 2015 Article intitulé : Varoufakis va rencontrer Schäuble, dégel en vue entre Athènes et Berlin

" La Grèce et l'Allemagne vont se parler! Après le froid jeté par l'élection à la tête de la Grèce d'Alexis Tsipras, grand pourfendeur de l'austérité en Europe, l'Allemagne, auto-proclamée gardienne de l'orthodoxie budgétaire, va finalement recevoir son ministre des Finances. Depuis dix jours donc, les deux pays s'invectivaient par médias interposés: les premiers réclamant une restructuration de la colossale dette d'Athènes (175% du PIB), tandis que les seconds jouaient la carte du refus et de la fermeté. L'Allemagne n'était pas au programme Avec son premier gouvernement, Alexis Tsipras, le leader du parti de la gauche radicale Syriza devenu Premier ministre, a organisé une série de rencontres avec les dirigeants européens. Il a ainsi annoncé qu'il rencontrerait François Hollande mercredi, après avoir fait une étape à Rome. De son côté, son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, était en déplacement à Paris pour rencontrer Michel Sapin, ministre des Finances. Le programme ne comportait aucune escale en Allemagne, signe d'une méfiance réciproque. Samedi, Yanis Varoufakis a même tenté la surenchère en menaçant de refuser l'enveloppe de 7 milliards d'euros qui doit être prochainement versée par la Troïka à la Grèce, faisant ainsi courir un risque financier potentiellement explosif pour le pays, et donc pour la zone euro. Les marchés applaudissent déjà
Mais il était impossible de ne pas envisager une rencontre au plus haut niveau pour les deux partenaires. Mardi après-midi, une rencontre a donc été annoncée entre les ministres des Finances des deux pays fâchés. Yanis Varoufakis rencontrera Wolfgang Schäuble jeudi à Berlin. Il a également annoncé qu'il rencontrerait à Francfort Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne. Il semblerait que les discussions entre le nouveau gouvernement hellène et ses partenaires de l'Eurogroupe aient avancé au point que les marchés ont enflammé la Bourse d'Athènes qui s'est envolée de 11% ce mardi dans la perspective d'un accord."

Dans "Trends Tendances" Belgique du 3 février 2015 Article intitulé : Grèce: "Ce qui nous importe c'est de rendre la dette viable, de redonner de l'air au peuple grec"

" Il existe "plusieurs moyens techniques" d'"effacer" la dette grecque, dont font partie les nouvelles propositions du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis, réfutant en creux tout recul sur ce point de la majorité. La notion d'"effacement" de la dette a été mise en avant par le parti de gauche Syriza durant toute la campagne pour les législatives qu'il a remportées le 25 janvier. Si le terme sous-entend une annulation pure et simple d'une partie des sommes dues, Syriza n'avait pas précisé les moyens pour y arriver. "Le gouvernement a une position constante qui consiste à dire que la dette grecque n'est pas viable et que pour cette raison, son annulation est nécessaire. Quand nous disons annulation, cela peut se faire à travers plusieurs moyens techniques", a déclaré la porte-parole du gouvernement. "L'une de ces solutions techniques est celle qu'a présentée M. Varoufakis hier aux investisseurs britanniques", a-t-il ajouté. La formule évoquée lundi par le ministre des Finances, et rapportée par le Financial Times, consisterait en un montage sophistiqué d'échanges de titres, et non pas en un effacement pur et simple d'une partie de la dette. "Ce qui nous importe en ce moment c'est de rendre cette dette viable, de redonner de l'air au peuple grec", a insisté Gabriel Sakellaridis pour prévenir d'éventuelles critiques reprochant au gouvernement de changer son fusil d'épaule sur la dette. Par ailleurs, l'indice général de la Bourse d'Athènes (Athex) s'est envolé de 11,33% à 13H15 GMT, continuant la hausse enregistrée depuis l'ouverture de la séance alors que les dirigeants grecs poursuivent leur tournée en Europe pour trouver des soutiens à une renégociation de la dette grecque. Dès l'ouverture de la séance à 08H30 GMT, l'Athex avait ouvert avec une hausse de plus de 4% avant de poursuivre sa montée deux heures plus tard en gagnant plus de 7%.
Lundi, l'Athex avait clôturé dans le vert, à +4,64%, affichant son optimisme sur un possible compromis entre le gouvernement grec et les créanciers internationaux."

Dans "La Tribune" du 2 février 2015 Article intitulé : Allemagne : l'excédent courant bat un nouveau record en 2014

" Les critiques risquent de se raviver contre la première économie d'Europe. En cause : l'excédent courant allemand, c'est-à-dire le gain net entre les exportations et les importations, devrait en effet atteindre un nouveau record en 2014 de 285 milliards de dollars (soit 252,30 milliards d'euros), selon un rapport de l'institut Ifo publié lundi 2 février. En 2013, l'économie allemande avait déjà enregistré un excédent de 200 milliards d'euros. Ce nouveau record dépasse encore une fois l'excédent chinois. Pour rappel : la Chine est arrivée en deuxième position en 2014, avec un excédent de 150 milliards de dollars, suivie de l'Arabie saoudite, avec environ 100 milliards.
Au delà de la limite fixée par la Commission européenne Selon l'institut de recherche économique, l'excédent allemand représente 7,5% du produit intérieur brut (PIB), ce qui signifie qu'il dépasserait encore une fois le plafond des 6% recommandé par la Commission européenne. Pour expliquer cet excédent record, Steffen Henzel, économiste de l'institut de recherche économique allemand, a précisé à Reuters : "Une des raisons de cet excédent de la balance courante est la forte croissance sur des marchés importants comme les États-Unis et le Royaume-Uni. À cela s'ajoute le fait que l'Allemagne a dû payer beaucoup moins pour ses importations de pétrole vers la fin de l'année en raison de la baisse des prix."
Les exportations, qui sont favorisées par la faiblesse de l'euro, sont le moteur traditionnel de l'économie allemande.
Vers une relance des importations allemandes
Les solutions envisagées ? Bruxelles et Washington ont appelé Berlin à relancer la demande intérieure du pays et de ses importations pour contribuer à réduire les déséquilibres de l'économie allemande. Pour sa défense, l'Allemagne souligne néanmoins qu'elle a réduit de plus de moitié son excédent courant avec la zone euro depuis 2007, en termes de part du PIB. Résultat : elle compte davantage sur la demande intérieure que sur ses exportations pour soutenir sa croissance.

Romaric Godin dans "La Tribune" du 1 février 2015 Article intitulé : L'Allemagne doit-elle vraiment des réparations de guerre à la Grèce ?

" Dans les discussions très serrées qui vont s'ouvrir entre le nouveau gouvernement grec et les Européens, toutes les cartes seront importantes. Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre hellénique, n'a pas manqué, dès son premier jour aux commandes du pays, de rappeler qu'il en avait une dans la manche qui pourrait s'avérer délicate pour l'Allemagne.
Le premier acte officiel du nouveau Premier ministre a en effet été de se recueillir sur le site de Kaisariani. C'est là que, le 1er mai 1944, 200 résistants grecs avaient été fusillés par l'occupant allemand en représailles à l'assassinat d'un général de la Wehrmacht quelques jours plus tôt. Cette visite est d'emblée une pierre dans le jardin de Berlin. Car, en rappelant les malheurs de la Grèce pendant l'Occupation - qui y fut une des plus sévères d'Europe -, Alexis Tsipras rappelle indirectement l'existence d'un dossier toujours ouvert : celui des réparations de guerre promises à la Grèce par l'Allemagne après sa défaite, et jamais payées. Quelles sont les revendications grecques ? La Grèce a été occupée d'avril 1941 à octobre 1944. Certaines régions de Crète ont été tenues par les Allemands jusqu'à l'armistice du 8 mai 1945. La particularité de cette occupation est sa violence. Très tôt, la résistance grecque, notamment celle de l'EAM, émanation du parti communiste, a libéré des régions entières et les Allemands ont dû mener une guerre quasi ininterrompue afin de reprendre ces poches de résistances. La répression a été particulièrement sanglante. Les massacres de villages entiers ont été monnaie courante en Grèce: près de 900 ont été dénombrés. Les noms des "Oradour-sur-Glane" grecs sont innombrables : à Kalavyrta, 700 victimes; à Komeno, 317; à Distomo, 218; à Klissoura, 246... En tout, 70.000 personnes ont été tuées par les Allemands. Par ailleurs, la Grèce a été mise en coupe réglée pour participer à l'effort de guerre nazi. La population a été soumise aux pires privations. L'inflation et la famine ont suivi. La faim aurait fait 300.000 morts. Le bilan de la guerre est de 600.000 morts, soit 8 % de la population de 1940*. Le traumatisme restera longtemps dans les esprits helléniques.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une conférence se tient à Paris pour évaluer les réparations qui seront demandées à l'Allemagne. Lors des accords de Paris du 14 janvier 1946, la Grèce reçoit 4,35 % du total des réparations en matériel et 2,70 % en numéraire. En tout, ces réparations s'élevaient à 7 milliards de dollars.
La Grèce va recevoir un peu de matériel dans les années qui viennent, mais rien de comparable avec ce montant. Le pays est alors en proie à la guerre civile. Le régime monarchiste a besoin, pour combattre les communistes, du soutien anglo-américain. L'Etat grec ne réclame donc rien à l'Allemagne. D'autant que le plan Marshall est très généreux avec elle, politique d'endiguement communiste oblige.
L'Allemagne débarrassée de son fardeau 
en 1953 Or, en janvier 1946, l'Allemagne n'existe plus en tant qu'Etat. C'est un simple territoire géré par les puissances alliées. La République fédérale ne sera fondée qu'en 1949. Et elle ne reconnaît les dettes passées du pays que dans le cadre de l'accord de Londres de 1953. Or, cet accord - qui suit une grande conférence sur la dette allemande qui sert aujourd'hui de modèle à Syriza pour demander une réflexion d'ensemble sur la dette européenne -, annule une grande partie des dettes allemandes et repousse le paiement des réparations à la signature du traité de paix. A cette époque, les Etats-Unis, dans l'optique de la Guerre froide, ont besoin d'une Allemagne fédérale forte et débarrassée du fardeau de la dette. La Grèce, on l'aura compris, se range alors aux arguments américains. Interprétations divergentes Or, c'est ici que les interprétations divergent. L'Allemagne rappelle que le traité "2+4", signé en 1990, entre les deux Allemagnes, l'URSS, le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis pour reconnaître la réunification allemande, avait valeur de traité de paix. Or, cet accord - qui a été accepté par la Grèce - ne faisait aucune allusion aux réparations. Berlin juge donc que l'Allemagne est quitte et n'a pas à payer les sommes décidées unilatéralement en janvier 1946. En Grèce, si on n'a jamais fait de demandes officielles, les partisans des réparations considèrent que le silence de l'accord "2+4" sur les réparations ne donne pas quitus des sommes prévues en 1946 qui, au contraire, devenaient exigibles du fait de la signature d'un traité de paix. Ils soulignent que la Grèce n'a pas participé aux négociations de ce "traité de paix". Reste enfin la délicate question du prêt forcé de la Banque de Grèce à l'Allemagne "accordé" en mars 1942. Ce prêt à taux zéro de 476 millions de Reichsmark (3,5 milliards de dollars) avait permis de "siphonner" les réserves d'or de la banque centrale hellénique. Et il n'a jamais été remboursé. L'accord de Londres ne prévoit rien le concernant.
1.000 milliards d'euros ?
De combien, alors, l'Allemagne serait-elle redevable ? Les avis divergent. Durant la campagne électorale de juin 2012, Syriza avait estimé la dette allemande envers la Grèce à 1.000 milliards d'euros. Le calcul avait alors, très symboliquement été porté par Manolis Glezos, alors âgé de 88 ans, devenu depuis député européen de Syriza, et surtout, héros de la Résistance grecque. C'est lui qui, à 25 ans, avec son ami Lakis Sandas, a, le 30 mai 1941, décroché le drapeau nazi qui flottait sur l'Acropole. Son calcul est le suivant : les 7 milliards de dollars de 1946 représentent en valeur actualisée de l'inflation 108 milliards d'euros de 2012. A cela s'ajoute le prêt forcé (54 milliards d'euros de 2012) et un taux d'intérêt de 3%, soit 1.000 milliards d'euros. Certains avocats estiment que la facture pourrait s'élever à 600 milliards d'euros. Début mars 2013, une véritable bombe explose. Le quotidien To Vima publie un rapport secret du ministère des Finances. Ce rapport de 80 pages conclurait que la Grèce a légitimement le droit de réclamer des réparations. A ce moment, le montant de 162 milliards d'euros de Manolis Glezos aurait été confirmé. Mais, depuis, les choses ont changé. Le rapport n'a été remis qu'en fin d'année 2014 au ministre. Et, selon les rumeurs, il renoncerait aux réparations de 1946 et ne reconnaîtrait que le crédit de mars 1942, soit 11 milliards d'euros.
Le président de la commission, Panayiotis Karakousis a confirmé au quotidien autrichien Der Standard que le remboursement de ce prêt forcé est parfaitement exigible :
"Nous avons votre signature, vous nous avez payé même deux traites avant la fin de la guerre : ceci prouve qu'il s'agissait bien d'un crédit", et non du paiement des frais d'occupation qui avaient été acceptés par le gouvernement grec pro-allemand d'alors. Ce crédit n'a pas, quant à lui, été annulé en 1953. La question est désormais de savoir si le gouvernement d'Alexis Tsipras rouvrira le dossier. Puis, s'il reconnaîtra les conclusions du rapport commandé par le précédent gouvernement, ou s'il s'en tiendra à son premier chiffre. Si ce montant de 162 milliards d'euros est confirmé et avancé, il peut peser lourd. Ce n'est pas moins de la moitié de la dette publique grecque. Pour autant, cette question des réparations doit plutôt être comprise comme une arme morale que financière. L'Allemagne n'acceptera jamais de payer, ne fût-ce que 10 milliards d'euros. Le président allemand, Joachim Gauck, avait d'emblée fermé la discussion au printemps 2014 lorsque, en visite à Athènes, il avait répondu au président grec Karolos Papoulias, qui avait évoqué cette question : "Vous savez ce que je dois répondre : la question juridique est épuisée."
Tout ce que peut espérer le gouvernement Tsipras, c'est la crainte de l'Allemagne de voir rouvrir une question délicate qui la ramène à son passé, renforce l'unité nationale grecque contre elle, et rappelle que l'Allemagne est un des plus mauvais payeurs de dette du 20e siècle. L'idée serait d'affaiblir Berlin dans les discussions.
Mais cette arme doit être utilisée avec modération, de peur qu'elle se retourne contre un gouvernement grec qui serait accusé de faire le jeu de la xénophobie et de jeter de l'huile sur le feu. Autrement dit, cette question est, pour Athènes, à manier avec précaution...*Lire notamment le Tome 2 de l'ouvrage d'Olivier Delorme, Histoire de la Grèce et des Balkans, 2014, Folio Gallimard, pages 1246-1247.

  Dans "La Tribune" du 27 janvier 2015 Article intitulé : Allemagne : le salaire minimum n'affecte pas la baisse du chômage pour le moment

"On peut s'attendre à ce que le chômage continue à baisser dans les trois mois à venir" selon l'institut de recherche sur l'emploi IAB, rattaché à l'Agence fédérale pour l'emploi.  L'introduction en Allemagne d'un salaire minimum généralisé le 1er janvier 2015 suscitait des préoccupations. Mais, tous comptes faits, dans les mois à venir, la réforme ne devrait pas avoir d'effets négatifs sur le marché du travail, a indiqué mardi 27 janvier l'institut de recherche sur l'emploi IAB. Le sondage mensuel de l'IAB, qui est rattaché à l'Agence fédérale pour l'emploi, sert d'indicateur avancé sur le chômage. "On peut s'attendre à ce que le chômage continue à baisser"
Se fondant sur un sondage mené auprès des agences pour l'emploi sur tout le territoire, interrogées quant à leurs attentes à trois mois, l'institut a indiqué: "Pour le moment il n'est pas à prévoir que le salaire minimum remette en question l'évolution positive sur le marché du travail." "On peut s'attendre à ce que le chômage continue à baisser dans les trois mois à venir", a précisé dans un communiqué l'un des membres de l'IAB, le professeur Enzo Weber .
Le chômage à 6,7% en 2014 En 2014, le chômage pointait à 6,7% dans la première économie européenne, moins que les 6,9% de 2013 et nettement moins que chez beaucoup de partenaires européens du pays. Les chiffres du chômage de janvier seront publiés jeudi 29 janvier.
Le salaire minimum, introduit au 1er janvier par le gouvernement d'Angela Merkel sous la pression de ses partenaires de coalition sociaux-démocrates, fixe le salaire horaire brut plancher à 8,50 euros. Dans certaines régions et certains secteurs, notamment à l'Est ou dans les services, les salaires étaient jusqu'ici inférieurs.

 Nathalie Versieux dans "Le Temps" Suisse du 23 janvier 2015 Article intitulé : L’Allemagne réticente au remède

"Berlin ne partage pas le diagnostic alarmiste de la BCE sur la situation dans la zone euro. La BCE ne doit pas «nous faire dévier du chemin des réformes», a estimé Angela Merkel à Davos, au moment où Mario Draghi présentait son plan de rachat de titres d’Etat de 60 milliards d’euros par mois. Auparavant, la chancelière avait rappelé le principe d’indépendance de la Banque centrale européenne… De fait, ni la chancelière ni son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ne sont ouvertement intervenus dans le virulent débat qui a secoué les milieux d’affaires et la presse allemands en amont de la décision. Selon les estimations du Tagesspiegel, les deux représentants de l’Allemagne au conseil de la BCE, Jens Weidmann et Sabine Lautenschläger, faisaient partie des 7 «faucons» ayant voté contre le plan Draghi face à 6 votes «neutres» et 12 votes pour, venant des «colombes». Les Allemands doutent en effet et du timing et de l’efficacité des mesures adoptées.
La question du timing préoccupait les observateurs ces derniers jours. «La BCE soutient le candidat de la gauche radicale Alexis Tsipras», titrait ainsi la Frankfurter Allgemeine Zeitung mercredi, estimant que cette décision, annoncée trois jours avant les élections grecques, encourageait les «mauvais élèves» de la zone euro. A Berlin, tous camps politiques confondus, on craint en effet que le rachat de titres d’Etat par la BCE ne lève la pression sur les Etats du sud de la zone euro, notamment la France et l’Italie, pour qu’ils se réforment afin de relancer leur compétitivité.
Au-delà, les Allemands ne croient pas au scénario de déflation décrit par la BCE. Certes, les prix ont diminué de 0,2% dans la zone euro en moyenne en 2014. Mais cette baisse, tirée par la seule diminution du prix du pétrole, n’a rien à voir avec une inflation négative, argumente-t-on à Berlin. Pondérés de l’effet pétrole, les prix auraient même augmenté de 0,8% l’an passé dans la zone. L’analyste Sylvain Broyer, de Natixis, estime qu’«au final, les Allemands sont gagnants dans l’affaire. Ce qui a été annoncé est à mon avis une victoire de Jens Weidmann parce qu’on a très peu de partage du risque. La plus grosse surprise de la décision de jeudi est que le partage du risque portera sur seulement 20% du programme réalisé.»

Dans "La Tribune"  du 23 janvier 2015 Article intitulé : Merkel, la forteresse allemande assiégée entre BCE, Ukraine et... Internet

" Pauvre Angela. Habituée du Forum économique mondial où sa parole d'une orthodoxie raisonnable séduit une audience acquise à la culture de stabilité allemande, la chancelière a subi le supplice du pal de jeudi à Davos, intervenant exactement un quart d'heure avant Mario Draghi, invité habituel lui-aussi, mais retenu à Francfort pour la réunion de la BCE. Et, évidemment, pendant toute l'intervention d'Angela Merkel, la nombreuse assistance venue en masse dans la grande salle du Congress Hall n'avaient d'yeux que pour leurs smartphone, attendant avec impatience la décision de l'oracle de Francfort sur le montant des rachats de dettes de la BCE.

La banque centrale avait bien préparé le terrain et ménagé le suspense en faisant "fuiter" la veille auprès du Wall Street Journal et de l'agence Bloomberg un chiffre de 50 milliards d'euros par mois sur 2015. Du coup, en plein discours de la chancelière, vêtue de jaune, le montant réel de 60 milliards par mois de mars à septembre 2016 a fait frissonner le public qui a sans doute passé plus de temps à regarder s'envoler le dollar et le cours de leurs actions qu'à entendre les avertissements d'Angela Merkel à l'égard de ce ralliement de la banque centrale européenne à la politique de la "planche à billets" destinée à faire remonter l'inflation... Certes, dans le détail, les annonces de Mario Draghi sont bien encadrées : les achats de dettes publiques et privées ne concernent que des titres "investment grade", ce qui exclu d'emblée la Grèce, du moins à ce stade, et ne pourront dépasser certains seuils par émission et par émetteurs. En outre, les Bunds allemands en seront en volume, les principaux bénéficiaires. Touchée dans ses principes, Angela ne s'est pas laissée émouvoir pour autant et elle a resservi au public l'antienne traditionnelle de l'ordo-libéralisme allemand : les décisions de la Banque centrale européenne (BCE) ne doivent pas "faire dévier du chemin des réformes" les pays européens, a-t-elle prévenu. Et rappelant à l'ordre les gouvernements qui, comme Matteo Renzi la veille avait appelé la BCE à un geste fort (et au passage la France qui a aussi poussé en ce sens allant jusqu'à annoncer le QE européen avant l'heure), Merkel a souligné, surtout à l'intention de l'opinion publique allemande, que la décision prise par la BCE "sera une décision prise en toute indépendance".

Une précaution qui ne trompe personne, la plupart des experts estimant que la BCE n'a jamais que deux ans de retard sur la Fed dans ce type d'action trop longtemps reportée. Dans une autre session, Christine Lagarde, la directrice générale française du FMI a tenté de réconcilier tout le monde en soulignant que l'assouplissement quantitatif ("QE") de la Banque centrale européenne (BCE "fonctionne déjà, dans la mesure où les anticipations de son annonce ont commencé à agir sur le niveau de l'euro", tombé même sous les 1,15 face au dollar quelques minutes après le discours de Mario Draghi.

L'ancien secrétaire américain au Trésor Lawrence Summers a pour sa part mis en garde contre "l'erreur de croire que le QE est une panacée ou sera suffisant" pour relancer l'économie européenne. Selon lui, il y a "toutes les raisons de croire" que l'assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne "aura moins d'impact" que celui mené par les Etats-Unis ces dernières années.

Avec ces 1.000 milliards d'euros mis sur la table par la BCE, les taux d'intérêt en Europe pour les États et, c'est toute la question, pour les entreprises, devraient quand même continuer à chuter, ce qui est propice à un redémarrage de l'investissement privé. Dans ce contexte, Angela Merkel a défendu la position de l'Allemagne qui "assume ses responsabilités" comme ancre de stabilité pour toute l'eurozone et tout en acquiesçant à la solidarité pour protéger l'euro, à aussi ses intérêts propres. Ainsi, si en 2014, "pour la première fois depuis 40 ans, l'Allemagne n'a pas créé de nouvelle dette", c'est parce que son pays doit se préparer à une transition démographique qui va lui faire perdre 6 millions de travailleurs dans les prochaines années. Angela Merkel a donc appelé chaque pays à ses propres responsabilités pour préparer l'avenir en investissant dans la R&D (l'Allemagne a porté son effort à 3% du PIB) et en protégeant sa compétitivité. Elle a décerné un satisfecit aux pays qui ont mené des réformes structurelles comme l'Irlande, l'Espagne, le Portugal "et même la Grèce" et encouragé la France et l'Italie à ne pas différer leurs efforts au prétexte du soutien apporté par la BCE qui n'aura qu'un temps. "Il faut agir maintenant pour ne pas être pris au d'époux quand les taux d'intérêt remonteront à leur niveau normal de 4 à 5%", car alors ce sera beaucoup plus coûteux et "désagréable" de porter des endettements publics de près de 100% de sa richesse nationale. 

A propos de la Grèce, qui vote ce dimanche, Angela Merkel a adressé un message de soutien, sans rééditer les menaces d'abandon de son ministre des finances Wolfgang Schauble : " la majorité de la population en Grèce est contente de se trouver dans l'Union européenne et dans l'euro. "L'Allemagne est prête à continuer de faire preuve de solidarité", à condition bien sûr que le gouvernement grec issu du scrutin se montre de son côté "responsable". Un message d'apaisement en direction de la gauche radicale qui pourrait emporter les élections avec Qlexis Tsipras (Syrisa) Mais pour un discours sur le nouveau contexte global, Angela Merkel ne pouvait passer sous silence la question de l'Ukraine. Elle a appelé à une solution pacifique négociée avec la Russie dans laquelle l'Europe ne précipiterait pas la négociation sur l'entrée de l'Ukraine dans l'UE, mais maintiendrait les sanctions contre la politique de Poutine tant que les causes n'auront pas disparu. Pour sortir de cette crise, "il faut deux parties autour de la table", il faut "que les armes se taisent" et "que l'intégrité territoriale de l Ukraine garantie par le traité de désarmement nucléaire du pays soit respectée". Pour retrouver la stabilité dans la région, il faut aussi definir une "coopération de Vladivostok à Lisbonne comme dit Poutine", a-t-elle défendu, sans pour autant considérer comme acquise l'annexion de la Crimée.
Numerique : l'Europe doit se réveiller Enfin, sur le thème principal de son intervention, l'économie numérique, Angela Merkel a exhorté l'Europe a prendre en main son destin face aux géants américains du net. "La numérisation va prendre toute son importance dans la nouvelle commission", a-t-elle avancé, se félicitant du fait que le Commissaire au numerique soit allemand. C'est la confirmation que l'Allemagne, grande puissance industrielle, veut aussi s'affirmer comme une des grandes puissances technologiques du monde futur. Alors que l'Allemagne est parmi les pays les plus virulents contre la position de plus en plus dominante des GAFA (Google, Facebook, Apple, Amazon), Angela Merkel a réclamé que l'Europe fixe les conditions-cadre de l'économie digitale en promouvant "un bon mix entre la protection des données individuelles et la liberté du net". "Le monde est de plus en plus petit, on le mesure à Davos. À nous de trouver des solutions en Europe sinon nous serons marginalisés car notre environnement actuel n'est pas suffisamment attractif pour devenir des champions du numerique", a-t-elle conclu. "L'Europe doit avancer plus vite, réduire la bureaucratie et se fixer un agenda stratégique pour ressortir de cette crise plus compétitive"."

Mickaël Bazoge dans "Economie matin" du 16 janvier 2015 Article intitulé : Allemagne, l'homme fort de l'Europe

"Si l'Allemagne avait donné quelques signes de fatigue durant l'été dernier, le pays a rapidement retrouvé de sa superbe. La croissance est au rendez-vous et les perspectives économiques sont bonnes. Une croissance à faire pâlir la France Après deux années de quasi-stagnation, la croissance allemande a connu une hausse de 1,5% en 2014, alors que le gouvernement n'en attendait que 1,2% et que l'écart avec la moyenne en zone euro est de 0,8%. Le petit coup de mou enregistré l'été dernier est de l'histoire ancienne : la conjoncture a permis au pays de redémarrer la machine économique. Chute du cours du pétrole, dollar qui remonte face à l'euro (ce qui favorise les pays exportateurs comme l'Allemagne), un marché du travail solideÂ… Toutes ces raisons font que l'économie allemande s'en est bien tiré l'an dernier et qu'il devrait en être de même en 2015. Mais c'est surtout la consommation qui sera particulièrement soutenue cette année. Les dépenses des entreprises vont augmenter : les investissements d'équipement ont gagné 3,7% en 2014. L'optimisme, valeur en hausse outre Rhin Le gouvernement se veut de son côté prudent etÂ… optimiste à la fois. Il a fixé le cap sur 1,3% de croissance en 2015, un chiffre qui pourrait être revu à la hausse dès la fin du mois : la Banque Centrale Européenne pourrait alors mettre en branle son programme d'assouplissement monétaire, ce qui permettra à l'euro de baisser encore face au dollar. L'Allemagne, en tant que pays exportateur, va en profiter à plein. Enfin, la bonne tenue des comptes publics participe aussi de cet optimisme. L'excédent a été de 0,4% du PIB en 2014, avec 11,9 milliards d'euros dégagés — un plus haut depuis l'an 2000.
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Dans "La Tribune" du 13 janvier 2015 Article intitulé : L'Allemagne renoue avec l'équilibre budgétaire pour la première fois depuis 45 ans
Finances publiques


" Une première depuis 1969. L'Allemagne a atteint l'équilibre budgétaire en 2014 avec un an d'avance sur le calendrier prévu, en raison notamment de la bonne tenue des rentrées fiscales et de la faiblesse des taux d'intérêt, a annoncé mardi 13 janvier le ministère des Finances. Ce résultat est essentiellement la conséquence de la faiblesse des taux d'intérêt pratiqués par la Banque centrale européenne (BCE), ce qui a permis à l'Allemagne de réduire le fardeau du service de sa dette. Le projet de budget fédéral prévoyait en effet un petit déficit de 6,5 milliards d'euros l'an dernier. Mais à la faveur des rentrées fiscales de 2,6 milliards plus importantes que prévu, de 2,9 milliards de recettes administratives supplémentaires et d'un milliard d'euros de charge d'intérêt en moins, conséquence directe des taux en baisse de ses obligations, Berlin a réussi à terminer l'année sans contracter de nouvelles dettes. Ce retour à l'équilibre budgétaire devrait fournir des arguments supplémentaires aux partenaires européens de l'Allemagne qui l'exhortent à investir davantage pour soutenir l'activité sur le continent."

Romaric Godin dans "La Tribune" du 6 janvier 2015 : Grexit : l'échec de la stratégie de Wolfgang Schäuble

" Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est raté. Ceux qui sont à l'origine des « indiscrétions » publiées par Der Spiegel, samedi, avaient sans doute cru que la menace de voir le gouvernement allemand « accepter la sortie de la Grèce de la zone euro » aurait fait trembler les électeurs grecs. Mais la menace s'est retournée contre leurs auteurs. D'abord parce que les marchés financiers ont démenti dans les faits l'argumentation des sources du Spiegel. La dégringolade des marchés actions, la baisse des taux du « cœur de la zone euro » (les 10 ans allemand et français ont atteint ce mardi matin leur plus-bas historique à 0,772 % et 0,484 %) sont autant de signes que le risque grec n'est pas isolé. En cas de « Grexit », il y aura bel et bien un effet sur le reste de la zone euro. Le pari tenté par le gouvernement allemand de « banaliser » une exclusion (puisque, rappelons-le, Syriza n'entend pas sortir de la zone euro) de la Grèce de l'UEM a échoué.
Réactions négatives en Europe
Deuxième échec : les réactions ont été très négatives.
En Grèce, évidemment, où Alexis Tsipras, le leader de Syriza, a dénoncé les manœuvres du gouvernement allemand et où il n'est pas certain que la menace pousse les électeurs à choisir le camp du premier ministre sortant. Les derniers sondages ne permettaient pas d'évaluer cet impact. Mais le rejet de la menace a également touché d'autres pays. Werner Faymann, chancelier autrichien, peu connu pourtant pour ses critiques à l'égard de Berlin, a vertement tancé la manœuvre allemande : « La population grecque a le droit de choisir son parlement et son gouvernement, comme elle le juge bon. La Grèce a tenu ses engagements dans le passé, pour moi il n'y a aucun doute qu'elle le fera aussi dans le futur. » En Allemagne même, la réaction a été très négative. La presse de gauche a évidemment été très critique. La Une de la Taz de Berlin a ainsi titré lundi : « L'Oberkommando décrète: la Grèce doit économiser ; la Grèce doit encore économiser ; on doit pouvoir se payer la démocratie ; le vote pour les partis non autorisés est strictement interdit... » sur fond de photo du ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Mais même la presse conservatrice, traditionnellement proche du gouvernement, est très critique. A l'image de la Frankfurter Allgemeine Zeitung : « Il n'est pas sûr que cela aide les conservateurs et affaiblisse la gauche », estime ainsi son éditorialiste. Enfin, la SPD allemande, partenaire de coalition d'Angela Merkel, s'est nettement désolidarisée de l'information parue dans Der Spiegel. Le représentant de l'aile droite du parti, Johannes Kahrs, lui aussi peu susceptible d'être jugé proche de Syriza, a mis en garde Angela Merkel et Wolfgang Schäuble qu'ils « n'auront pas de partenaires pour mener une telle politique européenne. » Bref, on comprend le rétropédalage rapide du gouvernement fédéral qui s'est retrouvé pris à son propre piège. Lundi, dans la conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a dû répéter, un peu agacé que la position de l'Allemagne face à la Grèce « restait la même », sans plus de détail. Cet agacement montre que, en réalité, la droite allemande est très divisée sur ce sujet. L'obsession de Wolfgang Schäuble pour le "Grexit"
Pour comprendre l'envers du décor, il faut revenir un peu en arrière. Depuis 2010, Wolfgang Schäuble souhaite, en excluant la Grèce de la zone euro, « faire un exemple ». Par deux fois, déjà, il l'a démontré. Lundi, dans la version numérique de Die Zeit, le vice-premier ministre grec Evangelos Venizelos a dévoilé que Wolfgang Schäuble aurait proposé aux Grecs le retour au drachme en novembre 2011, alors que George Papandréou, Premier ministre à l'époque, venait de proposer un référendum sur l'austérité. La Grèce a alors décliné l'offre.
Huit mois plus tard, alors que la Grèce votait pour la deuxième fois en un mois, le débat a été vif entre Angela Merkel et Wolfgang Schäuble autour du Grexit. C'est ce qu'expliquent deux journalistes allemands, Cerstin Gammelin et Raimund Löw, dans un livre paru début 2014, Europas Strippenzieher, (« Les marionnettistes de l'Europe », édition Ullstein). Angela Merkel, en juin 2012, a dû lutter contre son ministre des Finances pour le convaincre de ne pas contraindre la Grèce à sortir de l'euro. « Le point de vue de Schäuble est celui d'un juriste : il y a des règles claires, ceux qui les respectent sont dedans. Et pour défendre « son » Europe, il est prêt à se séparer de ceux qui ne respectent pas les règles », expliquent les deux auteurs. Déjà, à cette époque, Wolfgang Schäuble minimisait le risque de contagion grec pour mieux justifier le Grexit.
L'Europe, selon Wolfgang Schäuble Il semble donc clair que l'information du Spiegel vient du ministère fédéral des Finances. Mais Wolfgang Schäuble joue à l'apprenti sorcier. Sa volonté de faire de la zone euro un club de « bons élèves » la fragilise en la rendant invivable pour la plupart des Etats membres. Il créé également un risque politique majeur dans la zone euro en obligeant à des ajustements dramatiques qui réduit à néant les systèmes politiques traditionnels. Du reste, la méthode Schäuble donne la priorité non au choix démocratique, mais au « respect des règles », autrement dit à une politique économique donnée. C'est donc à l'absence de choix économique au sein de la zone euro que tend la pensée de Wolfgang Schäuble. D'où ce « chantage » lancé ce week-end et qui a relancé des discussions sur le "Grexit". La vraie question est le comportement d'Angela Merkel qui semble hésiter, calmant les ardeurs de son ministre, comme en 2012, ou, au contraire, le laissant menacer, comme ce week-end. Avant de le désavouer devant l'échec de la manœuvre... En réalité, si la situation grecque est confuse, la politique européenne de l'Allemagne est également très peu lisible. Le problème, c'est que c'est à Berlin que se dessine l'avenir de l'Europe...

Micher Santi dans "La Tribune" du 5 janvier 2015 : Europe : l'implosion qui vient

" Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble sont donc prêts à bouter la Grèce hors de la monnaie unique en cas de victoire de Syrizia aux législatives anticipées du 25 janvier prochain. En effet, de l'aveu même de Michael Fuchs, vice-président du groupe parlementaire CDU au Bundestag, «il n'y a plus de potentiel de chantage car la Grèce ne représente pas un risque systémique pour l'euro». Voilà donc le continent européen qui se retrouve, en ce début 2015, dans une situation familière qu'il a déjà connu et subi dans le passé: en 1870, en 1914 et en 1939. Si ce n'est que cette nouvelle guerre sera menée, non avec des armes, mais par la force du diktat économique et financier de l'Allemagne et de ses transfuges néo-libéraux mercantilistes disséminés à travers le continent, et qui ont tout de même tiré profit de la déliquescence européenne et de la dérive des nations périphériques. La monnaie unique européenne n'est-elle pas en effet l'addition des fondamentaux économiques de ses dix-huit membres? La valorisation de l'euro n'est-elle pas, en définitive, une synthèse des taux d'intérêt réels, de la croissance, de l'inflation et de la balance commerciale de chacun de ses pays constitutifs? C'est bien les déboires grecs, espagnols, portugais et italiens, qui pèsent désormais sur l'euro sur le point de crever le seuil psychologique de 1,20 vis-à-vis du dollar. Tandis que 1 euro allemand (et autrichien et luxembourgeois et hollandais) devrait, pour sa part, dépasser la barre des 1,50, selon des calculs menés par Morgan Stanley.
Cette attitude allemande consistant à montrer aujourd'hui la porte de l'Union à la Grèce porte donc la marque d'une arrogance sciemment provocatrice que ne renieraient pas Bismarck ou le Kaiser. En effet, non contente d'exporter sa déflation vers ces pays sinistrés, l'Allemagne feint d'ignorer qu'elle leur est largement redevable de ses propres excédents: pour leur avoir vendu force marchandises avant la crise, puis par la grâce d'un euro ayant perdu toute crédibilité du fait de l'absence de cohésion et de solidarité européennes. Ce n'est donc pas tant à sa prétendue exemplarité, ni tant à ses citoyens économes et industrieux que l'Allemagne doit ses excédents qu'à une monnaie unique sous évaluée qui dope ses exportations. Pendant que l'austérité achève d'étouffer une Grèce pour qui ce même euro est largement sur évalué. Aujourd'hui comme hier, les taux de change ne parviennent à jouer  - au sein de l'Union- leur rôle indispensable de régulateurs puisque tous ses membres ont en commun une même devise...et aucune solidarité. Préalablement à la crise, les masses de liquidités n'avaient-elles pas quitté les nations riches du "cœur" de l'Europe pour coloniser les nations « émergentes » de l'Union sans que la parité de l'euro n'en soit affectée: pas plus à la baisse pour les pays qui investissaient qu'à la hausse pour ceux qui bénéficiaient de ces flux de capitaux ? Distorsions qui induisirent une inflation notoire au sein des nations en plein boom du Sud, royalement ignorée par l'Allemagne fort aise de pouvoir investir et exporter en direction de ces pays à haut potentiel. Ces disparités malsaines du taux d'inflation au sein de la même zone ne furent néanmoins pas combattues puisque le taux d'intérêt (comme la monnaie) unique dans l'ensemble de cette zone fut maintenu à un niveau artificiellement bas pendant plusieurs années afin de soutenir une économie allemande peu dynamique en ce début des années 2000 avec, pour conséquence immédiate et inévitable, une surchauffe des économies périphériques. Des taux d'intérêt laxistes imposés par une Allemagne qui en avait besoin En effet, ces nations en pleine expansion - qui auraient dû être contenues par des taux d'intérêt plus élevés et modérées par une devise plus forte- ont donc été lâchées en pâture aux spéculateurs ayant contribué à y gonfler toutes sortes de bulles qui auraient pu être évitées par une politique monétaire adaptée. Les fameux excès des PIIGS sont donc largement dus aux taux d'intérêt européens laxistes autorisés par la BCE et imposés par une Allemagne qui en avait alors bien besoin !
La fable de l'intégration et de la convergence
Pourquoi feindre l'étonnement aujourd'hui et être choqué par une polarisation politique (en Grèce et au sein d'autres nations européennes) qui ne va pas sans rappeler les heures sombres de Weimar alors même que l'austérité imposée par des allemands tout aussi égoïstes que bornés conduit le projet européen à la faillite. L'Espagne, l'Italie, la Grèce et le Portugal cumulent en effet (selon Standard & Poor's) une dette extérieure de 1.85 trillions d'euros aujourd'hui, par rapport à 875 milliards en 2004! La vérité est que l'Allemagne et le reste des pays européens n'ont jamais parlé la même langue, et n'ont jamais partagé une vision commune et harmonieuse de la construction européenne.
Les fameuses "intégration" et "convergence" européennes n'étaient en réalité qu'une fable ou un anesthésiant, en tout cas une escroquerie intellectuelle destinée à fondre toutes les nations membres de l'euro dans un seul et unique moule, celui de l'Allemagne. En présence d'une telle intransigeance et d'une telle insensibilité, que l'intelligentsia tétanisée aujourd'hui par la perspective d'un vote radical grec comprenne que, pour récupérer son âme, l'Europe devra préalablement passer par la case "désintégration".

Michel Santi est directeur financier et directeur des marchés financiers chez Cristal Capital S.A. à Genève. Il a conseillé plusieurs banques centrales, après avoir été trader sur les marchés financiers. Il est l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience" et "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique".